La coiffure, une profession en crise : entre recomposition et `` retour

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La coiffure, une profession en crise : entre recomposition et `` retour
La coiffure, une profession en crise : entre
recomposition et ” retour aux sources ”
Diane Desprat∗1
1
Institutions et dynamiques historiques de l’Économie et de la Société (IDHES) – CNRS : UMR8533,
Université Paris X - Paris Ouest Nanterre La Défense : EA8533 – Université Paris Ouest Nanterre La
Défense bât T., bureau 218 200 avenue de la République 92000 Nanterre, France
Résumé
Avec plus de 70 000 entreprises en France et un chiffre d’affaire de 5,6 milliards d’euros,
la coiffure est le deuxième secteur de l’artisanat. Pourtant, depuis plusieurs années la coiffure
semble être durement touchée par la crise. En 10 ans, le nombre de faillite a triplé dans ce
secteur et son chiffre d’affaire a chuté de 21 % en 2013.
Face à cela les différents représentants de la coiffure se mobilisent pour alerter la profession
et les décideurs politiques. Au cœur des critiques : le développement depuis une trentaine
d’années des chaı̂nes de coiffure ” low cost ” et plus récemment, celui de la coiffure à domicile
; enfin, la création en 2008 du nouveau statut d’auto-entrepreneur. Ces transformations que
connaı̂t le secteur de la coiffure sont perçues par la profession comme une menace pour
l’artisanat de la coiffure. Nous verrons que, face à cela, celle-ci cherche à réglementer les
conditions d’entrée et d’exercice du métier en imposant une certaine idée de la ” coiffure à
la française ” basée sur un savoir-faire traditionnel et une recherche de ” l’excellence ” ; la ”
coiffure de luxe ” devant incarner cet idéal professionnel. Pour cette communication, il s’agira
de s’interroger sur les dynamiques de recomposition du métier que connaı̂t actuellement le
métier de coiffeur et la manière dont ce discours du ” retours aux sources ” participe à
délégitimer une frange de la profession.
Ce travail s’inscrit dans le cadre d’une thèse débutée en 2013 et est basé sur soixantequinze entretiens semi-directifs avec des patrons, des coiffeurs et différents représentants de
la profession ainsi que sur des observations participantes en tant que stagiaire dans sept
salons de coiffure (franchisés ou indépendants). A cela s’ajoute des observations menées
dans quatre salons professionnels dédiés aux coiffeurs.
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Intervenant
sciencesconf.org:jist2016:80729