dossier pédagogique en arts visuels CM1 et CM2
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dossier pédagogique en arts visuels CM1 et CM2
Ram Dam « Parlez-moi d’amour » Sélection de livres 2013 CM1 et CM2 Jean-Jacques Freyburger Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels 1 Documentaire, C’est quoi être amoureux ? Bayard Un album qui fait un peu le tour de la question, en posant de manière très pertinente des situations qui ne peuvent que nous rendre attentifs à la fragilité du sentiment amoureux. Il pourrait ainsi nous permettre à chacun de nous exprimer à ce propos ; bien évidemment, nous avons chacun (une) une vision toute singulière de l’amour. Cette vision évolué avec l’âge, et peut être protéiforme. Pratiques artistiques Ce serait l’occasion de nous dévoiler quelque peu ; Pourquoi ne pas créer un arbre à lettres, qui répondrait à cette question fondamentale : « C’est quoi l’amour ? C’est quoi être amoureux ? » ; Réaliser une installation, des branches d’arbres, auxquelles seraient suspendues des lettres, offertes à la lecture des spectateurs, qui se prendraient la peine, de les ouvrir, de les lire, et de les remettre dans leur enveloppe. Cette installation pourrait également être l’occasion d’afficher nos « définitions » toutes personnelles et privées de cette idée. Les écritures affichée, comme le magasin de Ben rempliraient l’espace, jusqu’à la saturation. Histoire des Arts Ben Vautier Benjamin Vautier n’est plus Benjamin Vautier depuis qu’il a décidé et préféré devenir Ben, parce que c’est affectueux et que cela évite de devenir grand. Car c’est bien connu, on passe tout aux enfants, leurs bêtises, leurs caprices. Né le 18 juillet 1935 à Naples, de mère occinato irlandaise et de père suisse français, Ben a vécu en Turquie, Egypte, Grèce et Italie. Arrivé à Nice en 1949, il y vit et travaille actuellement. De l’école au collège, en passant par un petit boulot dans une librairie, c’est en 1955 qu’il va rencontrer le peintre Robert Malaval avec lequel il ouvre une boite de nuit, « l’ethniste » occitan François Fontan, Yves Klein et Arman. En 1958 il ouvre un magasin de disques d’occasion qui devient vite un lieu d’exposition et de rencontres. Cet endroit, qu’il décorera d’écriture et d’objets au fil des années, prendra le nom de Laboratoire 32, puis de Galerie Ben doute de tout. Ce lieu de débats et d’idées existera jusqu’en 1972. Le musée National d’Art Moderne en fera l’acquisition en 1975. Le magasin de Ben Dans les années 60, cherchant à dessiner des formes nouvelles, à faire du nouveau, à choquer, et à dépasser les limites reconnues de l’art, Ben va s’adonner aux écritures dans les rues et sur son magasin. Il commence à signer tout ce qu’il a sous la main. Sa rencontre avec le courant Jean-Jacques Freyburger Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels 2 néodada Fluxus se fait au travers de son représentant Georges Maciunas. Pour Ben tout devient art, même les gestes les plus ordinaires. Son ego devient moteur de la création. Les années 70 sont des années de doute. A Nice, dans sa maison, les débats vont bon train, notamment autour du Support-Surface. Il expose à Paris (Galerie de Daniel Templon) et il est en bonne place dans l’exposition inaugurale au Centre Pompidou A Propos de Nice (1977). Dans les années 80, l’inventeur de l’expression Figuration libre, s’engage à défendre Combas et la jeune peinture. Ben pratique le forfait, commence à consigner ses fantasmes sexuels, publie La Première Internationale ethniste. Dans les années 90, Ben peint, entre autre, deux grandes toiles : Le Titanic (1992), sur l’écoulement du marché de l’art, et La tour de Babel (1994), dans laquelle il remercie Dieu d’avoir envoyé la diversité des langues. Ben une rétrospective, pour ou contre est présentée au Musée d’Art Contemporain de Marseille du 14 juillet au 1er octobre 1996. Agitateur public, héritier de Duchamp, Ben est le dernier artiste d’avant-garde. Son ego se porte bien merci. Il a une règle : douter de tout et même de lui-même. Il a aussi des certitudes : pas d’art vivant sans nouveauté, pas de richesses sans multiculturalisme. Ben expose sa quête permanente de modernité. Provocateur, paranoïaque extra lucide, touche à tout, Ben parle beaucoup et écrit énormément sur l’art et la vie, la culture et la peinture, les avant-gardes et les ethnies. Il peint, fabrique des objets bizarres, appose sur bien des tee-shirts d’été de sa belle écriture ronde sa signature et ses phrases-réflexions sur l’art. Ben a avoué que ce qui l’obsède, c’est de savoir à quoi sert la peinture, où elle va, pourquoi l’art, où va l’art, à quoi il sert…, qui fait le jugement, qui écrit l’histoire de l’art, qui fait son tri… Donc en résumé, il passe son temps à douter. Virginie Hanna, Nina de San, 15 Rue des Capucins, Editions Mic Mac Un album qui évoque en creux la condition sociale des canuts à Lyon, leur révolte, le travail des enfants, l’accès à l’école pour les enfants des canuts. En feuilletant d’anciennes photographies avec sa grand-mère, Louise égrène le passé familial. Cette histoire d’amour, presque impossible, sur un fond de lutte de classes, triomphera et nous permettra d’aborder d’une part, l’accès des enfants à l’école maternelle en perspective avec la vie de Pauline Kergomard, et d’autre part, des artistes qui ont marqué cette époque : Honoré Daumier, Théophile Steinlen, et Henri Toulouse-Lautrec : trois grands artistes du XIXe siècle qui ont alors en commun le souci de leur société. Chacun se fait ainsi le chroniqueur de son quotidien, soucieux de dépeindre à sa manière, ses contemporains et la vie qui l’entoure, à travers la presse de son époque. Leurs oeuvres dépeignent les contours d’une époque : le jour (l’agitation de la rue, la multitude de petits métiers, l’univers des cafés, la révolution des transports) et la nuit (la rue à la nuit tombée, les rencontres, le monde du spectacle : opéra, théâtres et cabarets, l’univers feutré des maisons closes). Jean-Jacques Freyburger Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels 3 Ces trois artistes, Daumier, Steinlen et ToulouseLautrec ont œuvré autour de la représentation de la vie parisienne du XIXe siècle à travers les quotidiens. La presse connaît dans cette période un développement considérable sur le territoire français. La diffusion des journaux s'accélère avec le développement des transports et les prix s'abaissent jusqu'au Journal à un sou. Tous peuvent s'y retrouver ou découvrir ce qui fait l'attrait ou le rejet de la capitale. Chacun de ces dessinateurs est dans son époque un témoin de ses concitoyens. Les planches que doivent produire chaque jour Daumier, Steinlen et Toulouse-Lautrec se nourrissent de ce siècle en mouvement et de ces modernisations. Tout à la fois acteurs et spectateurs, ils côtoient cette agitation et traduisent en images les mutations d’une société dont ils sont les témoins vivants. Fidèles observateurs de leurs contemporains, ils saisissent sur le vif une situation, un geste, une expression, dans la rue ou au spectacle. En décrivant le rythme de la vie, des moeurs du Paris de cette fin de siècle, ils en donnent une transcription directe et réelle, emprunte d’humanisme et de tendresse. Henri Daumier L'Absinthe. Le premier verre-Le sixième verre parue dans Le Charivari du 22 décembre 1863 Lithographie, Saint-Denis, musée d'art et d'histoire - Fonds Louis Provost - Irène Andréani Pratiques artistiques Cet album nous invite à revisiter le passé. Demandons à nos élèves de rapporter à l’école de « vieilles » photographies de famille, d’amis, de collègues, de paysages, d’objets, qui bien évidemment seront traitées avec le plus grand soin. Procédons à des classements par catégories choisies : - photos en studio, - photo en intérieur, - photos en extérieur (paysagé), - photo en extérieur animé (fête foraine…), - photo souvenir (voyage…), - photos au travail, - photos liées à un évènement (sportif, culturel…) - photos de mariages, naissance, baptêmes…. Ensuite certains supports et formats peuvent varier, papier baryté, papier plus épais, daguerréotype… Et constatons certains vieillissements des supports, photos jaunies, photos trop exposées à la lumière, photos dont le support se dégrade. Avec cet éventail de « mise en scène », de supports, de vieillissements de photographies, à nous d’instruire des scénarios pour réaliser notre album de photo de classe. La communauté éducative peut ainsi devenir une famille, un groupe, et se mettre en scène. Jean-Jacques Freyburger Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels 4 Nous pouvons créer des accessoires matériels (carton, papier…), emprunter des vêtements « d’époque », et se grimer un peu (fausses moustaches…) pour agrémenter la mise en scène de ces souvenirs inventés. Vieillir les supports, pour les inscrire dans le temps peut se faire de manière très aisées, il suffit de baigner les photos (noir et blanc) tirées (imprimées) sur un papier un peu épais dans du café ou du thé ; en ensuite de les frotter à l’envie (à l’aide de son doigt) sur les surfaces mouillées pour les abîmer un peu et créer les usures du temps. Une fois séchées, les encadrer et les légender. Ainsi nous pourrons proposer des tranches de vies saisies dans des autofictions inventées. Ces procédés de vieillissement peuvent également être mis à l’épreuve sur des simulacres de lettres d’amour (pensons à du courrier découvert dans une boite à chaussures) écrites à la plume. Histoire des Arts Le monde du travail : les enfants Pauline Kergomard Issue d'une famille de souche protestante, élevée dans la famille d'un oncle pasteur, Pauline Kergomard ne conserve de son éducation emprunte de religiosité que le sens des responsabilités, du travail et de la franchise. Lorsqu'à 18 ans elle obtient son brevet de capacité lui permettant d'enseigner, elle s'applique à développer les bases de pédagogie retenues de ses années dans les classes de sa tante, sans programme et sans emploi du temps. Montée à la capitale pour ses 23 ans, côtoyant à la fois la haute bourgeoisie municipale et la mouvance anarcho-républicaine au sein de laquelle elle rencontre son futur mari Jules, Pauline multiplie les activités, entre enseignement, littérature et écriture journalistique. Proche du milieu de l'édition, elle se voit alors confiée la direction de « L'Ami de l'enfance », revue pour les salles d'asile. Profitant de sa situation privilégiée, elle milite alors pour tout ce en quoi elle croit, de l'activisme féministe à la protection de l'enfance, en restant toutefois dans l'axe constant de la question de l'éducation. A force d'abnégation, d'années d'observation et surtout de harcèlement continu des services publics, Pauline Kergomard devient la principale instigatrice de la création des écoles maternelles, moins rigoristes et surtout plus respectueuses de l'enfant. En 1881, Jules Ferry fait d'elle l'inspectrice générale des écoles maternelles, poste qu'elle occupe jusqu'en 1917. Troisième femme seulement à être décorée de la Légion d'honneur, Pauline Kergomard aura grandement oeuvré pour l'humanisation et la modernisation de l'éducation. Les combats des canuts (Lyon) La révolte des Canuts, à Lyon, en Novembre 1831, fut la première insurrection sociale caractérisée, au début de l'ère de la grande industrie. Elle a pour origine la baisse des salaires depuis les meilleures années de l'Empire. Les Canuts (ouvriers de la soie) veulent profiter de la reprise de la vente des soieries, après 1830, pour obtenir la fixation d'un tarif minimal pour le prix des façons. Une intervention du Jean-Jacques Freyburger Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels 5 préfet a été mal vue par un certain nombre de fabricants, qui refusent d'appliquer le tarif, qu'ils dénoncent comme entrave à la liberté des marchés. De là, découlent les colères ouvrières et l'insurrection du 21 au 24 Novembre. Plusieurs centaines de tisseurs parcourent la Croix-Rousse (qui est indépendante et ne fera partie de Lyon qu'en 1852), obligent ceux qui travaillent encore à arrêter leurs métiers à tisser, bousculent la garde nationale, dressent des barricades et marchent sur Lyon, drapeau noir en tête. L'insurrection a eu un retentissement international, et est à l'origine de toutes les révoltes ouvrières du XIXème siècle. Le 20 novembre 1831 l’association mutuelle des chefs d’atelier de soierie décide la grève générale pour obliger les fabricants à respecter le tarif de façon réclamé pacifiquement par les tisseurs et fixé en commun sous l’égide du maire et du préfet trois semaines plus tôt. Ils se heurtent à la garde nationale bourgeoise et à l’armée. Après deux jours de combats ils occupent l’hôtel de ville, mais leurs divisions permettent au préfet de rétablir son autorité dès le 24. Le bilan est lourd ; près de 200 morts, deux fois plus de blessés, civils et militaires ; abolition du tarif et interdiction des associations au nom du libéralisme. Toutefois la plupart des inculpés seront acquittés, eu égard aux difficultés économiques. Le 9 avril 1834, pendant le procès de tisseurs accusés de coalition et de grève, des coups de feu tirés sur la foule déclenchent une semaine de combats encore plus meurtriers : plus de 300 morts, près de 600 blessés. On se bat pour la république autant que pour la liberté d’association (D’autres villes se soulèvent). La répression est brutale : condamnations à la prison, à la déportation ; rétablissement de la censure. Sans association ni journaux, la contestation semble écrasée. Une amnistie sera accordée en 1837. Trois artistes : Daumier, Steinlen et Toulouse Lautrec Ces trois artistes, Daumier, Steinlen et Toulouse-Lautrec sont pour la première fois réunis ici dans une confrontation autour de la représentation de la vie parisienne du XIXe siècle à travers les quotidiens. La presse connaît dans cette période un développement considérable sur le territoire français. La diffusion des journaux s'accélère avec le développement des transports et les prix s'abaissent jusqu'au Journal à un sou. Tous peuvent s'y retrouver ou découvrir ce qui fait l'attrait ou le rejet de la capitale. Chacun de ces dessinateurs est dans son époque un témoin de ses concitoyens. Les planches que doivent produire chaque jour Daumier, Steinlen et Toulouse-Lautrec se nourrissent de ce siècle en mouvement et de ces modernisations. Tout à la fois acteurs et spectateurs, ils côtoient cette agitation et traduisent en images les mutations d’une société dont ils sont les témoins vivants. Fidèles observateurs de leurs contemporains, ils saisissent sur le vif une situation, un geste, une expression, dans la rue ou au spectacle. En décrivant le rythme de la vie, des moeurs du Paris de cette fin de siècle, ils en donnent une transcription directe et réelle, emprunte d’humanisme et de tendresse. Daumier Artiste populaire, Honoré Daumier (Marseille 1808 - Valmondois 1879) est, en ce début de XIXe siècle, des plus fervents républicain, à l'instar de Millet ou Courbet ses contemporains. Si dans sa production lithographique, l’artiste est révolutionnaire, c'est plus par sa manière propre, ses recherches plastiques que par les thèmes abordés. Sa générosité et l’intérêt qu’il porte à ses contemporains l’amènent à les dépeindre avec un graphisme contrasté d’une puissance qui lui n’appartient qu’à lui. « Il faut être de son temps ! » disait-il, et c’est donc tout naturellement que son oeuvre magnifie cette rue qui lui est si familière. Alors que nombre de ses contemporains artistes trouvent encore dans le « grand genre », la peinture d’histoire, Jean-Jacques Freyburger Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels 6 épanouissement et reconnaissance, Daumier confirme « l’inauguration décisive de la caricature de moeurs » (Charles Baudelaire) et devient un Maître précurseur qui influencera grandement les générations suivantes, Steinlen et Lautrec notamment. C’est en effet ce même souci de traduire des émotions fortes et de témoigner d’une société en mutation que l’on retrouve chez ces successeurs. Dès la fin des années 1820, Daumier collabore à l’hebdomadaire satirique La Silhouette, puis aux quotidiens Le Charivari, « journal publiant chaque jour un nouveau dessin », ou La Caricature dans lesquels il met en lumière les petites et grandes misères des hommes. Avec une pointe d’ironie, voire de cruauté, il reste le Maître incontesté de la caricature au XIXe siècle. Steinlen Avec le progrès, les inégalités sociales se creusent, le quotidien des « petites gens » se fait toujours plus rude. Avec une affection particulière, Théophile Alexandre Steinlen (Lausanne 1859 - Paris 1923) s’attarde sur cet univers social, l’agitation d'un Montmartre rythmé par le va-et-vient des grisettes, des petites blanchisseuses et autres jeunes femmes frivoles et naïves. Il croque la réalité de la population montmartroise où il réside. L’artiste est attaché aux habitants de son quartier, à la diversité des petits métiers et des travailleurs qu'il présente régulièrement dans le Gil Blas ou L'Assiette au beurre. Théophile Alexandre Steinlen Ouvriers sortant de l’usine, lithographie, 1903 Toulouse-Lautrec Henri de Toulouse-Lautrec (Albi 1864 - Malromé 1901), est aujourd'hui un des peintres les plus reconnus, une figure incontournable de la Belle époque, acteur-spectateur d'une fin de siècle nostalgique. Il fallut plusieurs décennies pour qu’on accorde à l’artiste la place qui revient à ce créateur « hors normes » et inclassable, dont les sujets de prédilection sont le cirque, les bals populaires, les caf'conc' et les maisons closes. Henri Toulouse Lautrec Divan japonais, 1892/93 Lithographie au pinceau, au crachis et au crayon Musée de Montmartre, Paris Passionné par la lithographie, qui lui permet de faire descendre l'art dans la rue, il exécute plus de 400 épreuves et affiches, illustre de nombreuses chansons, couvertures de livres et menus. Il devient également l'un des plus grands illustrateurs de presse. Ses dessins dans Le Mirliton, Le Courrier Français, Le Figaro illustré, L'Escarmouche, Le Rire, La Revue blanche n'épargnent personne, ni ses ami(e)s ni lui-même. Ce travail immense Jean-Jacques Freyburger Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels 7 témoigne de l'importance que Toulouse-Lautrec accorde à son oeuvre graphique - qu'il met au même niveau que son oeuvre peinte. (Source : expo : Daumier, Steinlen, Toulouse-Lautrec, Ville Evian) Géraldine Alibeu, Les morceaux d’Amour, Editions Autrement L’amour est plus fort que la mort. Histoire étrange de cet homme qui revient de la guerre, fourbu et meurtri. Elle l’attendait, lui ne l’a pas vue. Pour lui prouver son amour, elle sera son bras, ses cheveux, sa vue. Album tout en retenue, avec ce que l’on peut imaginer, ou pas, en préambule, ce qu’a vécu le jeune homme. Les procédés plastiques employés dans cet album, peuvent paraître évidents, mais ils sont le fruit de choix, d’une organisation spatiale très réfléchie, d’un choix de matières, de couleurs et de supports pointés. Cet album nous parle de la différence. Aimer quelqu’un de différent, c’est peut-être aimer plus, ou aimer autrement. Elle lui offre un bras, ses cheveux, un œil, pour s’en rapprocher. Elle sera son bras, sa vue, ses cheveux. Pratiques artistiques A partir de collections d’images, de dessins, démultipliés par photocopies, mettre en scène des narrations imaginées autour de retrouvailles entre un homme et une femme. Le découpage et le collage permettent d’envisager des combinaisons (assez rapidement) de ce qu’un couple peut ainsi, de manière fusionnelle, faire comme don de soi à l’autre. La problématique du « retour » et des « retrouvailles » peut ainsi prendre corps. Par ailleurs, est posé le rapport au handicap. Aimer ou être aimé par une personne handicapée. L’aide et l’entraide pour affronter la vie en couple. Cet album nous aide à porter un regard autre sur des couples dits « différents ». Histoire des Arts Otto Dix Otto Dix (1891-1969) est un peintre allemand expressionniste, antimilitariste profondément marqué par les deux guerres mondiales auxquelles il a participé. Otto Dix fut une figure centrale du courant artistique de la Nouvelle Objectivité (Neue Sachlichkeit ou Verismus) qui s’attacha à porter un regard réaliste, souvent acerbe, sur la société de l’entre-deux-guerres en proie à un profond malaise et pessimisme : les aspects les plus banals mais aussi les plus crus de la vie urbaine sont traités dans une tradition picturale classique incorporant les innovations formelles des avant-gardes. Otto Dix, Les joueurs de skat ou invalides de guerre jouant aux cartes, 1920. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l'Allemagne connut une ère de créativité artistique inégalée en Europe. Cette période de festivités joyeuses et débridées, celle des Années folles, fut aussi marquée par la violence, la pauvreté et la décadence générées par une situation politique et économique désastreuse dont Otto Dix fut témoin. Les œuvres de l'artiste Jean-Jacques Freyburger Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels 8 illustrent l'horreur des combats, les gueules cassées d'anciens soldats réduits à la mendicité et la misère morale des prostituées, victimes d'un ordre social déboussolé. C’est suite à cette terrible expérience qu’il peint en 1924 le fameux triptyque La Guerre. Quant à ses saisissants portraits d'inconnus, de la bohème et de l'intelligentsia, ils sont d'un réalisme brutal qui dérange autant qu'il fascine (voir notamment " Portrait de Sylvia von Harden "). En 1937, ses œuvres sont dites « dégénérées » par les nazis. 170 d'entre elles sont retirées des musées et une partie est brûlée, d'autres sont exposées lors de l'exposition nazie « art dégénéré » (Entartete Kunst) de Munich en 1937-38. Après-guerre, de 1947 à 1966, Otto Dix se rend régulièrement à Dresde (alors en RDA) pour y travailler. De la fin de la seconde guerre mondiale et jusqu'à sa mort, Dix s'éloigne des nouveaux courants artistiques ouest- et estallemands. Sandra Poirot Cherif, L’Abécédaire des Amoureux, Editions Rue du Monde Très belle invitation à la rêverie, où les collages, les dessins, les écrits, les dessins participent à de petits tableaux, de petites mises en scène délicates et sensibles. Pratiques artistiques Chacun (une) pourrait illustrer dans de petites mises en scène, mises en boites, un épisode amoureux. Ces derniers pourraient être extraits de l’album, ou plus simplement être autobiographiques. Ces théâtralisations, font appel à une construction mentale des espaces, à une collecte de dessins, de croquis, d’objets, mis en scène, et légendés. Ces boites ainsi réalisées, pourraient être exposées comme un mur d’ « images », les unes sur les autres. C’est également l’occasion de créer un musée de classe autour de cet abécédaire. Pourquoi un musée de classe ? Pour : - satisfaire le besoin de conserver, de rassembler - s’entraîner à grouper les images en fonction de thèmes, de dominantes - prendre la mesure de la diversité des formes d’expression et repérer les liens entre elles - présenter plusieurs œuvres sur un même sujet (confronter) - développer la capacité à exercer des choix, des sélections, évaluer - prendre conscience de la nécessité de « présenter » les images - s’interroger sur le rôle des musées - connaître un patrimoine culturel - s’ouvrir aux autres, communiquer - partir d’une ou plusieurs œuvres pour provoquer une démarche de recherche : « donner envie de faire » - présenter des œuvres qui font appel aux mêmes outils, supports, démarches que ceux expérimentés par les élèves - aborder des notions thématiques, plastiques : paysages, personnages, couleur, abstraction… Création du musée Le musée de classe peut être impulsé : Jean-Jacques Freyburger Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels 9 - par un événement : ->une sortie en ville, dans un jardin, un parc, une forêt…au cours de laquelle sont collectés : des éléments naturels, des traces, des photos… ->la création d’un nouvel espace : jardin… ->l’arrivée d’un animal - par les rythmes de la vie de la classe : saisons, fêtes… - par une lecture : histoire, conte, poésie… - par une sortie culturelle : musée d’art, de sciences, d’histoire, théâtre, concert… - par un travail plastique : musée du papier, du précieux, du bleu, de l’écriture, des objets « pour attacher »… - par un apport surprise du maître ou de l’élève qui intrigue, qui interroge : une image ou un objet émouvant, ludique, étonnant, inconnu, magique, mystérieux… Phases d’élaboration Les phases suivantes peuvent alterner : - collecte, recherche, apport spontané ou dirigé tri, classement - discussion, échanges - installation, présentation, exposition - observation, analyse - réalisation plastique. Le musée de classe devient une banque de données interdisciplinaires. Il est nécessaire de le concevoir d’une manière évolutive. Collections Le musée de classe peut rassembler : - les objets les plus divers - des éléments naturels - des échantillons de matière - des images ou affiches publicitaires - des photographies - des maquettes - des cartes postales - des reproductions d’art - des textes littéraires, poétiques… - des livres, des albums - des travaux divers - des réalisations en arts visuels… De idées de démarches à susciter de la part des élèves : - collectionner des objets de même type, quelle que soit leur valeur (principe de l’accumulation) ; mais la quantité va obliger à opérer une sélection, à s’organiser pour répertorier, classer, inventorier Jean-Jacques Freyburger Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels 10 - sélectionner des objets de genre différent choisis pour leur qualité (fondé sur le tri, l’exclusion) - rechercher l’inusité, l’insolite, l’étrange, le choc, l’inattendu, la trouvaille… - réutiliser ces images dans le cadre d’un projet individuel ou d’un projet de classe. Mise en œuvre Le musée de classe est : - un lieu de recherche constante, active - un lieu d’exposition aussi lieu de rencontre entre les élèves de la classe, d’autres classes, entre les élèves et les parents, favorisant les échanges et les discussions. Sont proposés : - un fonds dans lequel on puise selon les besoins - celui-ci nécessite une relative classification - un travail de collecte et d’enrichissement des collections - une fonction de tri, de sélection qui s’affine au fur et à mesure et nécessite l’assentiment de tous - une recherche de présentation pour mettre en valeur une partie de la collection. La boite en musée Marcel Duchamp D’après un document de la circonscription de Luxeuil-les-Bains : http://catice.acbesancon.fr/ienlux... Le musée de classe, une ouverture sur l'imaginaire, Claude Reyt, Bourrelier Ce livre est consultable librement sur le site suivant http://www.calameo.com/books/000067056c72f8f2472e5 Histoire des Arts Joseph Cornell Peintre américain (Nyack 1903 New York 1972). Joseph Cornell est sans conteste le plus grand et le plus original des artistes surréalistes américains. Autodidacte, il fréquente les milieux artistiques new-yorkais au début des années 30. C'est par l'intermédiaire de Julien Levy, dont il visite la galerie dès son ouverture à New York en 1931, qu'il sera influencé par le Surréalisme. Il a sa première exposition dans cette galerie dès 1932 et y présente des collages. Jean-Jacques Freyburger Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels 11 À son origine, l'art de Joseph Cornell est marqué par un certain nombre d'artistes, au premier rang desquels se trouvent Marcel Duchamp avec sa Boîte en valise, Giorgio De Chirico avec ses compositions métaphysiques (Grand Intérieur métaphysique, New York, M. O. M. A.) mais aussi Max Ernst et Salvador Dalí, que Joseph Cornell rencontrera bientôt à l'occasion de son exposition chez Julien Levy. Hôtel Eden Le tableau de Max Ernst Deux enfants sont menacés par un rossignol (1924, New York, id.), avec ses éléments en relief, et, d'autre part, la technique et les thèmes de la série de collages de Max Ernst intitulée la Femme 100 têtes ont été déterminants pour lui, tout autant que les différentes productions de l'art populaire, telles que reliquaires, boîtes à musique, coffrets à bijoux, bouliers d'enfants et boîtes d'entomologiste. Enfin, le monde du cinéma, avec en particulier ses actrices (Lauren Bacall), a été l'une de ses sources d'inspiration privilégiées. En 1936, Joseph Cornell expose dans la grande manifestation organisée par Alfred Barr au Museum of Modern Art de New York et intitulée " Phantastic Art Dada and Surrealism ". Dès ce moment, son style est formé. Il élabore des collages et des assemblages d'objets, qui s'apparentent aux reliquaires (A Pantry Ballet for Jacques Offenbach, 1942), qui peuvent être aussi des boîtes (Portrait of Ondine, v. 1940), des coffrets avec un couvercle (l'Égypte de Mlle Cléo de Mérode — cours élémentaire d'histoire naturelle, 1940, contient des petits flacons renfermant différents objets et matières). Ses œuvres peuvent aussi s'apparenter à des machines à jouer (Penny Arcade, Portrait of Lauren Bacall, 1945-46) ou rappeler des petites armoires familiales (Pharmacy, 1947). Elles rassemblent images, photos, gravures, reproductions de tableaux et d'objets, pipes, balles, verres à liqueur, anneaux, ressorts, petites poupées, jouets en tout genre. De nombreux thèmes y sont développés, celui des hôtels, des habitats pour perroquets, perruches et autres hiboux, celui des natures mortes avec différents éléments (Space Object Box), qui comporte généralement une carte du ciel, celui de la pipe (Soap Bubble Set) et celui des distributeurs automatiques (Medici Slot Machine). À côté de ses collages et de ses constructions, Joseph Cornell a réalisé de nombreux films à partir de 1936. Son monde est tout à fait original dans l'histoire du collage et de l'assemblage aussi bien que dans celle du Surréalisme. Il se remarque par sa modestie, sa fragilité, très souvent le côté suranné et nostalgique de' ses images. Cornell a surtout voulu montrer des espaces, créer des représentations qui ont beaucoup à voir avec le théâtre. Mais de son propos se dégagent à la fois une rêverie poétique sur le passé et le cours des choses et un sentiment d'étrangeté qui touche très souvent au plus profond la sensibilité. Jean-Jacques Freyburger Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels 12 Son œuvre est conservé dans de nombreuses collections internationales, particulières et publiques, aux États-Unis et en Europe (Paris, M. N. A. M. ; musées de Strasbourg, de Marseille et de Grenoble). Une rétrospective de son œuvre a eu lieu au Museum of Modern Art de New York en 1980-81. Marcel Duchamp La boîte-en-valise, 1936-1941 (Nationalité américaine, française à la naissance, 1887-1968) L’artiste a envisagé l’édition d’une boîte qui rassemble les œuvres qu’il a réalisées depuis le début de sa carrière. Ainsi naît l’idée d’une sorte d’album qui présente des images de ses peintures (le Nu descendant l’escalier, la Broyeuse de chocolat,…) mais aussi des reproductions miniatures en trois dimensions de ses sculptures et de ses ready-made*, parmi lesquels bien sûr, la Fontaine. Grâce à la richesse des objets qu’elle contient, cette édition devient une œuvre à part entière : la boîte-en-valise, achevée en 1941 ; une œuvre dont la particularité consiste à réunir une multiplicité de pièces qui sont en même temps des reproductions et des originaux. Duchamp propose en somme un petit musée portatif. (*ready-made : terme inventé par Marcel Duchamp. Il désigne à la fois l’appropriation d’un objet de l’environnement quotidien détourné par l’artiste de sa fonction et de sa valeur d’usage dans la réalité, et l’œuvre d’art créée par un assemblage d’objets ou de morceaux d’objets de récupération.) Jean-Jacques Freyburger Conseiller Pédagogique Départemental en Arts Visuels 13