Jonglez avec le numérique en 2012
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Jonglez avec le numérique en 2012
8 dossier 10 PAGES POUR COMPRENDRE, À TRAVERS 5 TENDANCES MONDIALES, LES TRANSFORMATIONS À VENIR EN AQUITAINE. Jonglez avec le numérique en 2012 ! 1 L’informatique dématérialisée : les usages dans les nuages La prolifération des usages et applications accessibles en ligne sur de multiples supports pousse à la dématérialisation du stockage mais aussi à celle des applicatifs DANS CE DOSSIER ) Présentation des Signaux numériques 2012 le 5 mars à Talence p. 10 )Fidélisation client sur mobile : le leader français est bordelais p. 12 )Il transforme un simple bureau en surface tactile p. 14 mars-avril 2012 - n° 40 fois plus de données transitées, le chiffre d’affaires de Microsoft est désormais lié au jeu vidéo et à ses services web à plus de 50%. Apple et Google suivent le mouvement avec leur offre d’hébergement de contenus culturels. Selon Atos, acteur des web services, le Cloud représenterait 10 % du marché informatique, une proportion qui devrait être multipliée par 4 en moins de 10 ans. Cependant, ces chiffres fournis par les prescripteurs du cloud sont à nuancer : la capacité des réseaux de télécommunications ne croit pas aussi rapidement que celle des capacités de stockage et des performances des processeurs, ce qui représente un frein à la généralisation des architectures informatiques basées sur le cloud à moyen terme. Consciente du retard des usages numériques de ses entreprises, la France s’est engagée dans la course au Cloud via le Programme d’Investissements d’Avenir et son soutien au projet Andromède. Mais le jeu finalement dispersé des acteurs (Dassault, SFR / Orange Thalès) sur ce projet remet en cause une stratégie commune qui permettrait à la France de devenir un des acteurs internationaux de l’informatique et des services dématérialisés. Photo : © Anaelb À LIRE AUSSI (notamment via le HTML5) et des logiciels. Jeux vidéo dématérialisés (Cloud gaming), vidéos et musique en streaming sont en train de devenir les nouveaux standards de consommation sur les Box d’accès à internet, les appareils mobiles, les consoles de jeu connectées. Des contenus, des produits culturels et des logiciels sont achetés ou consommés par abonnement. On ne détient plus forcément le fichier, conservé bien au chaud dans les serveurs des géants du net. Nous voici détenteurs d’un accès mais plus propriétaires de logiciels ! La TV connectée, qui se cherche un marché, est aussi en train de tirer les leçons de ses petits frères et sœurs et se connecte au Cloud pour dispenser du service web. Les plus grands services deviennent ainsi multicanaux et suffisamment puissants pour redéfinir les modèles d’affaires et les formes de narration sur les supports traditionnels comme la TV. Même si la production télévisuelle résiste et évolue, le duo ”un appareil, un usage” prend du plomb dans les deux ailes avec le succès des services du cloud et cette croissance de l’accès “n’importe où, n’importe quand”. En 2011, Amazon a franchi le milliard de dollars en vente de services Cloud avec 3 En 2011, Amazon a franchi le milliard de dollars en vente de services Cloud avec 3 fois plus de données transitées, le chiffre d’affaires de Microsoft est désormais lié au jeu vidéo et à ses services web à plus de 50%. Dossier réalisé par antoine chotard ([email protected]), avec suzanne galy mars-avril 2012 - n° 40 9 10 dossier 2 Commerce connecté : l’abolition des frontières entre offline et online A l’instar de l’économie globale qui se numérise de plus en plus et floute les frontières de la stricte économie numérique, l’irrigation de toutes les formes de vente par le numérique conduit à ne plus autant dissocier commerce électronique et commerce traditionnel augmenté par le web. L’association des acteurs girondins du commerce électronique, eCom33, ne s’y est pas trompée en jonglez avec le numérique en 2012 organisant récemment une rencontre autour des nouvelles formes de paiement alternatifs comme le paiement sur mobile ou la récompense de la fidélité (lire l’encadré page suivante sur Snapp’, champion français de la dématérialisation des cartes de fidélité et du couponing sur mobile). Pour penser les services commerciaux de demain, plaçonsnous du côté de la simplicité recherchée par l’utilisateur et regardons la multiplicité de points d’accès à l’achat qui se présenteront à lui : paiement via mobile, paiement sanscontact (NFC), portefeuilles électroniques, couponing, placement produit dans les jeux vidéo, f-commerce (intra Facebook), offre push sms, carte cadeau, achats groupés… L’hybridation du online et du offline devient désormais indispensable dans une stratégie de vente. Selon l’association eCom33, 25% des transactions électroniques devraient être engendrées d’ici 2015 par ces modes d’achat alternatifs hautement numériques. Le mobile est encore une fois au cœur des préoccupations du commerce online et offline. Si le secteur hôtelier fait partie des premiers secteurs ayant démontré le potentiel de l’achat sur mobile, les applications mobiles et les jeux vidéo sur smartphones-tablettes confirment la propension des usagers à payer sur ces supports au sein des applications notamment. N’oublions pas que, pendant longtemps, l’iPhone vous obligeait à rentrer des coordonnées bancaires, ce qui a fait grogner mais a aussi accru les habitudes de micro-achats compulsifs. Le m-commerce pourrait représenter 13 milliards d’euros de CA d’ici à 2016 d’après Xerfi soit le quart du CA du e-commerce. Selon le magazine L’Entreprise, 3 à 4 millions de Français ont déjà acheté (hors applications) via leur smartphone. Plus précisément, selon TGI / Kantar Média, près d’1 jeune sur 10 de 15 à 24 ans a déjà effectué un achat sur mobile. Fin 2011, eBay Les Signaux Numériques 2012, le 5 mars à Talence Photo © AEC Évolutions technologiques, usages innovants, modèles économiques émergents, etc. Venez découvrir le 5 mars prochain les tendances numériques mondiales repérées par Antoine Chotard, responsable Veille et prospective à AEC. Il sera notamment question des nouvelles interfaces hommes machines, des technologies de reconnaissance des mouvements, des sons et des images, du commerce connecté via les applications de service mobiles ou le NFC, du web social, du Big Data et des enjeux du Cloud Computing, etc. Ces Signaux vous permettent d’anticiper à court et moyen termes les enjeux technologiques, sociétaux et territoriaux impulsés par le numérique, pour mieux appréhender l’environnement de vos projets et de vos actions. La conférence sera suivie d’un temps d’échanges et de démonstrations, par leurs créateurs, d’applications et technologies aquitaines innovantes : “RoqsTree» de la société 2Roqs, installation tactile et vidéo-projection. Sur le lieu de la conférence est plantée la jeune pousse d’un arbre virtuel. Les convives sont invités à y accrocher leur photographie. Au fur et à mesure des participations, l’arbre grandit, devenant un lieu d’interactions, d’échange de messages et d’idées. La société Simbals crée des algorythmes permettant la reconnaissance de sons : chants des oiseaux, apprentissage des instruments de musique, etc. La société Dijiwan s’est spécialisée dans la cartographie sociale comme outil d’aide à la décision. Elle collecte, analyse et qualifie l’information afin d’apporter à ses clients des préconisations stratégiques pertinentes pour leur communication et leur marketing digital. L’équipe POTIOC de l’INRIA en partenariat avec le Labri présentera notamment l’interface du projet PAPArt (lire aussi p. 13). Tout en garantissant une approche environnementale d’excellence et de durabilité, META IT propose une offre globale (logiciels, matériels et services), incluant le conseil, l’installation, le suivi et la fin de vie. Avec sa version 3 de Fid Me, solution de dématérialisation des cartes de fidélité (lire aussi p11), la société bordelaise SNAPP’ se tourne aujourd’hui vers les enseignes de proximité et s’appuie sur d’ores et déjà sur des solutions sans contact (NFC). (Lundi 5 mars, de 17h30 à 20h30, à l’Espace Agora du Haut-Carré, sur le domaine universitaire de Talence. Inscriptions sur www.aecom.org mars-avril 2012 - n° 40 Cette photo montre un supermarché virtuel installé par Tesco dans le métro de Séoul. Les usagers flashent des produits qui sont ensuite livrés à domicile. France appuyait sa stratégie mobile en affirmant qu’un bien était vendu toutes les 3 minutes via son application mobile. A l’échelle mondiale, les transactions eBay via terminaux mobiles ont généré près de 2 milliards de dollars, chiffre qui pourrait doubler pour atteindre 3,5 milliards de dollars sur 2011. Ces résultats d’eBay confortent un phénomène : les applications mobiles permettant l’achat au sein même de l’application engendrent des revenus plus de deux fois supérieurs à ceux des applications ne proposant pas cette fonctionnalité sous l’iOS d’Apple (source App Annie). Quant aux tablettes, elles phagocytent près de la moitié des revenus du m-commerce pour un parc bien moins important. 1 possesseur sur 2 de tablette numérique a au moins fait un achat depuis ce terminal contre 1 sur 4 sur smartphone (CSA - Observatoire Orange - Terra Femina de juillet 2011) : leur taille permet une mise en valeur et une navigation plus adéquate, le panier moyen d’achat est également plus élevé que sur mobile. Le commerce électronique s’appuyant sur le mobile passe aussi par des innovations comme celle de Tesco qui avait installé un supermarché virtuel dans le métro de Séoul. Ce catalogue imprimé, tel un rayonnage de supermarché, sur les vitres de la station et agrémenté de QRcodes permettait aux usa- gers, lors de leurs trajets domicile-travail de flasher des produits qui étaient par la suite livrés à domicile. La complémentarité print et web est ici très innovante. Cet exemple se reproduira certainement prochainement mais sans QRcode et en s’appuyant sur la technologie NFC permettant la reconnaissance en champ proche d’une puce RFID, par exemple. Cette technologie devrait être intégrée en masse sur les téléphones (plus d’un mobile sur deux d’ici à 3 ans) et les potentiels sont énormes si les commerçants locaux réussissent à s’équiper dans le bon timing. Mais le NFC peut également servir sans transaction bancaire pour du couponing, de l’information produit, du décompte d’abonnement sur un billet de tram (une des multiples fonctionnalités que la ville de Bordeaux et la CUB expérimentent), une carte de bibliothèque. Ce sont les mêmes possibilités que le QRcode mais sans contrainte d’ouverture d’une application si la technologie est nativement embarquée dans l’appareil. Une technique que Snapp’ avec son application FidMe v.3 propose gratuitement aux petits commerçants pour remplacer les cartes de fidélité à tampons sans qu’ils aient à s’équiper d’un terminal. En terme d’usage, nous retrouvons avec le NFC le même paradoxe qu’avec la géolocalisation : deux tiers des Français se disent méfiants sur le respect de leur vie privée et de leurs données personnelles et bancaires (ils ont d’autant moins tort que le NFC contrairement au Bluetooth ne présente pas de chiffrement intégré), mais si le service dispensé est utile et innovant, ils outrepasseront leur méfiance ! La force du NFC, c’est aussi l’appui sur les cartes SIM des téléphones mobiles permettant ainsi l’authentification de son utilisateur. En termes de transactions bancaires sans contact, Taztag a choisi de privilégier non pas le mobile mais la biométrie : la reconnaissance des doigts, associée à une carte de paiement sans contact, valide l’identité de l’utilisateur sans qu’il ait à sortir la carte de sa poche. Cette société française remarquée au dernier CES de Las Vegas supprime ainsi l’utilité du code PIN des cartes bancaires. La société prévoit de lever plusieurs dizaines de millions d’euros en 2012. Comme l’indique Maxime Amiot dans les Echos Taztag a été « choisie par la société Natural Security, dont les actionnaires sont Auchan, BNP Paribas, Crédit Agricole, Crédit Mutuel et Ingenico, pour déployer la solution de manière industrielle d’ici à la fin juin ». Et oui, entrer son code de carte bancaire, ça fait perdre du temps en caisse et donc de l’argent ! mars-avril 2012 - n° 40 11 12 dossier 3 L’internet devient ApSoLuMo Depuis la fin 2011, le SoLoMo (pour social, local, mobile) est un qualificatif devenu très à la mode. Il cherche à qualifier un internet et des services toujours plus ancrés dans le réel et le quotidien des internautes grâce à la connexion communautaire, l’information géolocalisée sur son environne- jonglez avec le numérique en 2012 ment et la possibilité d’y recourir à tout moment, en n’importe quel endroit. Les chiffres de l’internet mobile et d’accès aux réseaux sociaux ne démentent pas ce succès : - Le trafic mondial du web mobile a été multiplié par 2,3 ; - Le volume moyen de données consommées sur smartphones a triplé en une année ; - Plus du tiers des Français a désormais accès à l’internet mobile ; - La France est au second rang européen, et au 5e rang mondial, du renouvellement en smartphones. Le qualificatif SoLoMo ne doit pas faire oublier qu’un service ne rencontre le succès que si les contenus et l’ergonomie qu’ils proposent sont à forte valeur ajoutée. En revanche, l’essor du concept contribue clairement à façonner les nouvelles interfaces web, y compris sur PC. Les services de partage de photos géolocalisées comme Instagram, Path ou Pinterest en sont les parfaits exemples. Une bulle spéculative est née sur ce qui n’est plus un épiphénomène. Elle se caractérise par des levées de fonds mirobolantes pour des startups qui enflent mais qui n’engrangent pas encore réellement de chiffre d’affaires. L’Aquitaine est riche de plus de 50 entreprises du mobile qui connaissent des succès nationaux, voire internationaux, mais cette filière est encore insuffisamment structurée pour être vraiment visible. Pourtant, l’innovation SoLoMo est de mise. Le projet MobiGliss nous en livre un parfait exemple. L’application a été créée par un résident de l’Auberge numérique d’AEC et développée par la société bordelaise Wopata. Elle a reçu le soutien du Réseau Régional de l’Innovation (RRI). Cette application communautaire orientée sur les sports de glisse se fonde sur les déclarations de la communauté pour indiquer des lieux de pratiques mais propose également d’anticiper des phénomènes météo ultra locaux grâce à des algorithmes inédits. Innovation de service mais également innovation du modèle d’entreprise puisque ces données à très forte valeur ajoutée ouvrent les portes de secteurs moins “fun” mais importants comme l’aéronautique, l’hydrolien ou l’éolien. Derrière ce déferlement de services mobiles, une autre tendance d’ampleur se renforce, “l’Appstorisation du web”. Le succès des applications comme point d’accès à internet fait vaciller l’internet des sites web, plus libres et ouverts que ces places de marchés. Comme le souligne le conseiller en stratégie d’innovation Olivier Ezratty sur son blog, « les utilisateurs passent de moins en moins de temps sur des sites web et de plus en plus dans des applications natives ». Ceci peut s’expliquer par le fait que, même si « on apprécie bien les notions d’ouverture et de liberté, on privilégie rapidement ce qu’il est plus facile d’utiliser ». Ce canal se développe d’autant mieux qu’il s’avère plus rémunérateur pour les créateurs d’applications. On peut percevoir ici une remise en cause d’un internet ouvert et peu contrôlé. D’un autre côté, c’est aussi la naissance de procédés de référencement collant aux usages majoritaires des mobi- Fidélisation client sur mobile : le leader en France est bordelais ! Le commerce connecté, c’est être présent en ligne au travers d’une e-boutique. C’est aussi proposer des services numériques à ses clients, comme par exemple intégrer leurs cartes de fidélité dans le téléphone mobile. Ces nouveaux usages renforcent le lien entre les clients et les marques. On nomme cette tendance la “m-fidélité”. La société bordelaise Snapp’ en a fait sa spécialité. Fondée en 2005 et forte de 22 collaborateurs, elle est dirigée par Jean-Benoît Charreton et Laurent Bourgitteau-Guiard (fondateur et directeur général). Grâce à son application FidMe, elle est devenue courant 2011 le leader français de la dématérialisation des cartes de fidélité sur mobile et du couponing. Un million d’utilisateurs ont adopté l’application depuis son lancement il y a un an, dont 80 000 en Aquitaine. Une véritable success story. La version 3, présentée en ce début d’année 2012, s’ouvre au commerce de proximité. 150 points de vente à Bordeaux accepteront les cartes mars-avril 2012 - n° 40 de fidélité dématérialisées dans FidMe et 2500 au total en France. Elle intègre des fonctions de couponing par l’attribution de points FidMe, de paiement par la technologie NFC (sans contact), d’informations géolocalisées et de partage des contenus dans Facebook et Tweeter. Ce service gratuit a su rencontrer les usages et besoins de son temps. FidMe permet d’enregistrer ses cartes de fidélité en plastique en quelques secondes dans son téléphone mobile en passant le code barre de la carte devant l’objectif du téléphone (ou en saisissant son numéro client). Simple, innovant, utile. 3,5 millions de cartes ont été dématérialisées depuis le lancement de l’application. 54,4 % des utilisateurs de FidMe sont des hommes et 45,60% sont des femmes. Même si les hommes sont globalement plus équipés que les femmes en smartphone, ces chiffres montrent que la dématérialisation permet de conquérir ou d’accentuer sa communication auprès d’une nouvelle cible : les hommes ! Le mobile incite à la fidélisation du côté du client. t. 7,28 cartes sont dématérialisées en moyenne par chaque utilisateur. Les secteurs quii marchent : la grande distribution se retrouve massivement dans le top 15. Puis viennent les secteurs habillement, sport, jeux,, beauté, techno/culture. C’est le reflet exact ct du monde réel. En Aquitaine, les chiffres d’usages de FidMe suivent des courbes similaires.. 55,7% des utilisateurs sont des hommes, 44,3% sont des femmes. Ces clients cumulent 8,82 cartes en moyenne par utilisateur, plus que la moyenne française. Ils habitentt plutôt dans les départements fortement urbanisés d’Aquitaine. s.g. Retrouvez Snapp’ et son application FidMe dans l’espace “démonstration” de la conférence Les Signaux numériques 2012. Crée en 2005 et forte de 22 collaborateurs, Snapp’ est dirigée par Jean-Benoît Charreton et Laurent BourgitteauGuiard, fondateur et directeur général (photo). L’Aquitaine est riche de plus de 50 entreprises du mobile développant des services comme MobiGliss. Cette application SoLoMo par excellence permet aux amateurs de glisse de partager leurs lieux de pratiques mais aussi les phénomènes météo ultra locaux Elle sera bientôt disponible. © Nikada nautes. Le modèle fait des petits, à l’instar des portails d’applications proposés par les groupes bancaires et les grands comptes du luxe notamment, mais il est encore peu développé sur les territoires alors que les applications localo-touristiques sont souvent mal référencées sur les stores. Le web SoLoMo est un des accélérateurs de ce phénomène. Cependant, cette tendance pourrait être freinée par le déploiement des applications web en HTML5 (des applications directement accessibles par le navigateur web) mais ce langage de développement ne sera pas formellement standardisé avant 2015. Enfin, il manque à ce web SoLoMo une quatrième syllabe : LU, pour ludique. Facteur d’attention, de différenciation et de fidélisation, l’utilisation de la mécanique du jeu et de la récompense à des fins plus sérieuses (autrement appelée ”gamification”) connaît un nouvel essor en s’appuyant sur les acteurs du jeu vidéo (nombreux et structurés dans notre région au sein de l’association Bordeaux Games). Nous en avions déjà parlé au cours de l’année 2011 et cette tendance se confirme. On le voit dans le champ politique. Le candidat Bayrou a fait le choix de “gamifier” sa campagne sur le net. On le voit aussi dans le secteur de la formation comme le souhaite le président de Région Alain Rousset en s’appuyant sur la création de Serious Games au service des filières d’excellence Ce web sera finalement ApSoLuMo plutôt que SoLoMo ! mars-avril 2012 - n° 40 13 14 dossier jonglez avec le numérique en 2012 4 Venir au boulot, avec son thermos… et son smartphone Jérémy Laviole, doctorantchercheur à l’INRIA. Le rôle central des smartphones et, dans une moindre mesure aujourd’hui, des tablettes impacte fortement les attentes de services au sein de l’entreprise, du lieu de travail. Un phénomène important et alarmant se renforce : le BYOD pour Bring Your Own Device (apporte ton propre appareil) qui traduit l‘utilisation par les salariés de leurs propres outils privés de télécommunications pour réaliser leurs tâches professionnelles au bureau et lorsqu’ils sont en situation de travail en mobilité ou de télétravail. La pénétration des tablettes dans les foyers va accentuer ce mouvement au sein de l’entreprise. D’autant plus si le marché des tablettes de milieu de gamme, voire low-cost, décolle avec le Kindle Fire d’Amazon, une tablette multitâche en couleur à 150 dollars, vendue à 6 millions d’exemplaires aux USA au dernier trimestre 2011, selon le cabinet Stifel Nicolaus. L’étude Evolving Workforce, commanditée par Intel et Dell, révèle que 60% des travailleurs dans le monde se sentiraient plus à l’aise s’ils pouvaient utiliser la technologie de leur choix. Logique, la familiarité des outils numériques s’est généralisée et les travailleurs ont de plus en plus leur mot à dire sur les choix informatiques de leurs structures, leur matériel personnel étant souvent plus souple et performant que celui du travail. Les travailleurs recherchent donc une interopérabilité plus forte entre outils de la maison et du milieu professionnel ce qui plait plutôt aux dirigeants (et sûrement moins aux DSI) car il est vecteur d’une plus grande productivité (traçabilité ?) des salariés. La frontière entre usages privés et professionnels n’a jamais été aussi poreuse. Ce phénomène pousse les organisations à réfléchir aux nouvelles architectures cloud (publiques et privées) et aux investissements qui permettent une meilleure intégration de cette tendance. Selon l’International Data Corporation, 20% des investissements informatiques mondiaux devraient être consacrés à l’acquisition de smartphones, tablettes, réseaux mobiles et sociaux. AVEC SON PROJET PAPART, JÉRÉMY LAVIOLE, DOCTORANT-CHERCHEUR À L’INRIA, REND TACTILE N’IMPORTE QUELLE SURFACE EN COUPLANT DES TECHNOLOGIES DE RÉALITÉ AUGMENTÉE ET DE RECONNAISSANCE DE MOUVEMENTS. Il transforme un simple bureau en surface tactile Dans la pièce surchauffée par des machines en fonctionnement, on reçoit peu de lumière mais une intense activité neuronale. Jérémy Laviole, étudiant en thèse au sein de l’INRIA BordeauxSud Ouest, sur le campus bordelais, travaille dans la pénombre pour mieux distinguer le fruit de ses recherches. Sur les murs, des dessins naïfs de fleurs et de lapins, esquissés au crayon. Sur une table en bois tenant lieu de bureau, Jérémy a créé un dispositif en suspension à l’allure simple mais aux capacités détonantes : un vidéoprojecteur qui permet la projection d’images sur une table ; une caméra collée au vidéoprojecteur qui observe la zone de projection ; un module Kinect capable de reconnaître des mouvements à distance. Les trois engins, paramétrés pour fonctionner ensemble, sont capables d’aider la création de dessins ou peintures par le biais d’une interface en réalité augmentée (superposition d’une image virtuelle sur une image réelle). L’idée est de projeter une image qui sera comme un calque virtuel pour le dessinateur, tout en transformant la zone de projection en support tactile. En l’occurrence, ici, une banale table en bois. Explications. Le support est d’abord rendu tactile grâce au module Kinect qui fonctionne comme une caméra 3D. Il est ainsi possible d’interagir avec des images virtuelles projetées sur ou mars-avril 2012 - n° 40 le bureau ou au-dessus. « Le module Kinect détecte les doigts du dessinateur et peut suivre leurs mouvements en profondeur grâce à un programme informatique », explique Jérémy Laviole. Deuxième étape : sous le dispositif technique de captation-projection d’images, le chercheur place une feuille de papier bordée de pictogrammes noirs et blancs. Ce sont des marqueurs qui seront détectés par la caméra. Le vidéoprojecteur, enfin, est calibré pour fonctionner avec la caméra et projeter de manière très précise une image virtuelle sur la feuille de papier. Quand le dessinateur fait bouger la feuille de papier, l’image virtuelle suit le mouvement. « Le dessinateur peut ainsi reproduire une image à main levée sans difficulté, en conservant les proportions et les effets de rendus, comme les dégradés ou les textures. » Le système est conçu pour le moment pour assister des dessinateurs. Mais Jérémy voit d’autres applications possibles à sa nouvelle interface tactile dans les domaines de l’architecture, de la création vidéo ou du monde éducatif. s.g. Retrouvez l’équipe du projet PapArt dans l’espace « démonstration » de la conférence Les Signaux numériques 2012. mars-avril 2012 - n° 40 15 16 dossier jonglez avec le numérique en 2012 5 Des yeux et des oreilles pour augmenter votre réalité Interfaces gestuelles, reconnaissance audio et vidéo, écrans tactiles et services sanscontacts du NFC, les nouvelles technologies contribuent à faire disparaître cette pauvre souris. Photo : Lorena Biret, flickr Ces 4 premières tendances se trouvent renforcées par des interfaces homme-machine toujours plus fluides et appropriables grâce à l’apparition des technologies de reconnaissance de mouvements, d’image et de son. Des technologies qui contribueront, avec les écrans tactiles à retour de force (comme ceux de Senseg) et les services sans-contacts du NFC, à snober de plus en plus cette pauvre souris. Microsoft a récemment rendu accessible le kit de développement pour son module Kinect de reconnaissance de mouvement, que des bricoleurs et universitaires détournaient déjà pour proposer des applicatifs innovants plus utiles que ludiques (lire Aquitaine numérique n°35). Cette ouverture va accélérer les innovations de services tant pour les ménages que pour les entreprises. Si le jeu vidéo était le point de départ pour faire entrer cette technologie dans les salons, les applications potentielles sont énormes pour des finalités plus sérieuses : reconnaissance corporelle en magasin et essayage en ligne avec Bodymetrics, traduction numérique du langage des signes, vitrine interactive des banques comme LCL, mise en mouvement d’œuvre picturale au musée Henner et “bodyjiing » avec Synaecide, créateur hybride entre le développeur, le DJ et le danseur. Elles promettent, par le geste, la redéfinition d’une grammaire de l’ergonomie en permettant de démocratiser encore plus les services numériques auprès des publics non geeks. Microsoft va également intégrer dans les PC une version de Kinect adaptée. D’autres acteurs empruntent déjà cette voie de la reconnaissance corporelle, au premier rang desquels, les constructeurs de télévision comme Sony, LG et Samsung qui souhaitent augmenter leur TV connectée par des interfaces innovantes. On compte également les constructeurs de tablettes, comme Apple qui dépose des brevets de clavier virtuel basé sur la reconnaissance des doigts et de la surface sur laquelle est posée la tablette. En Aquitaine, ce type d’interfaces est déjà exploré par quelques acteurs comme l’équipe Potioc du Labri-Inria (lire l’encadré page précédente, consacré au projet PapArt). 2roqs, un spécialiste bordelais de l’événementiel digital et du “facade mapping” (affichage d’informations sur les murs de la ville) a déjà déployé à l’Aquarium de la Rochelle un aquarium virtuel dont les habitants aquatiques interagissent avec le passage des vi- L’application Blinkster reconnaît les œuvres et fournit des informations complémentaires. Elle a obtenu le label Proxima Mobile. siteurs. La reconnaissance d’images déjà présente sur les smartphones (Google Goggles en tête) connaît un vrai essor qui pourrait potentiellement remettre en cause les QRcodes et autres flashcodes (que 13% des Français pratiquent déjà). Exemples : U-Snap de JC Decaux pour augmenter les panneaux publicitaires, Blinkster pour explorer le patrimoine culturel français, LeafSnap pour reconnaître des espèce d’arbres, Kooaba Shortcut pour tisser des liens monétisables entre presse papier et web, ou encore l’application locale Smart Bordeaux pour se renseigner sur des bouteilles de vins. Autant de services, certes plus coûteux aujourd’hui à développer que les applications de scan de QRcode mais qui évitent le print et permettent aux créateurs de services d’engranger des bases de photos d’objets à forte valeur ajoutée, tout en favorisant l’émergence d’un web des données. La reconnaissance de son, démocratisée par l’application Shazam, va passer aussi à la vitesse supérieure en permettant le dialogue entre TV et outils nomades. Ces derniers peuvent, par reconnaissance de la signature audio d’une émission, ou d’une publicité, proposer du contenu augmenté et permettre de signaler (checker) le visionnage d’un programme. C’est le cas d’IntoNow, une application de Yahoo. Mais ce type de service existe aussi sur des solutions de synchronisation par le wifi (Disney Second Screen), ou sur des solutions appelées “dual screen” permettant une synchronisation de flux et de contenus entre deux appareils (la société française Plinkers le propose). Il y a là une alternative aux services web des TV connectées sur lesquelles la navigation web reste encore peu ergonomique. De quoi augmenter (si ce n’est saturer) votre expérience télévisuelle ! Autre exemple emblématique de la reconnaissance vocale, les agents intelligents comme Siri d’Apple qui permet de questionner son téléphone et d’obtenir des réponses calibrées selon vos applications, vos contacts, votre calendrier, vos comptes sociaux. Un agent intelligent à améliorer certes, mais innovant car questionnant et croisant une partie des données présentes sur vos appareils numériques (informatique context-ware). Bref, le futur de l’assistance numérique et la promesse de requête sémantique de données, pour ne pas dire intelligente ! Il faut également compter sur un outsider : Xbrain Soft, une société française qui vient de créer Angie, une plateforme permettant aux développeurs tiers de créer des agents intelligents sur de nombreuses plateformes mobiles et sociales (Facebook, Google+, Android, Windows phone, iOS…). Si vous avez l’habitude de parler seul, méfiez-vous, votre téléphone pensera bientôt que vous vous adressez à lui ! [email protected] Photo : Mosquito Photo : Plinkers Les solutions “dual screen” de la société française Plinkers permettent la synchronisation de flux et de contenus entre deux appareils. Rendezvous le 5 mars Le musée Henner propose une mise en mouvement de tableaux s’appuyant sur Kinect. L’interface est développée par Mosquito Venez découvrir les tendances numériques mondiales repérées par Antoine Chotard, responsable Veille et prospective à AEC : lundi 5 mars, de 17h30 à 20h30, à l’Espace Agora du Haut-Carré, sur le domaine universitaire de Talence. Inscriptions sur www.aecom.org. Flashez ce QR Code pour retrouver, toujours sur www.aecom.org, les vidéos de cette conférence sur Les Signaux numériques 2012 et le support de présentation. © konstantin32 mars-avril 2012 - n° 40 mars-avril 2012 - n° 40 17