Jonglez avec le numérique en 2012

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Jonglez avec le numérique en 2012
8
dossier
10 PAGES POUR COMPRENDRE, À TRAVERS 5 TENDANCES MONDIALES,
LES TRANSFORMATIONS À VENIR EN AQUITAINE.
Jonglez
avec le numérique
en 2012 !
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L’informatique
dématérialisée :
les usages
dans les nuages
La prolifération des usages et applications accessibles en ligne sur de multiples
supports pousse à la dématérialisation du
stockage mais aussi à celle des applicatifs
DANS CE DOSSIER
) Présentation des Signaux
numériques 2012 le 5 mars
à Talence
p. 10
)Fidélisation client sur mobile :
le leader français est
bordelais
p. 12
)Il transforme un simple
bureau en surface tactile
p. 14
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fois plus de données transitées, le chiffre
d’affaires de Microsoft est désormais lié
au jeu vidéo et à ses services web à plus
de 50%. Apple et Google suivent le mouvement avec leur offre d’hébergement de
contenus culturels. Selon Atos, acteur des
web services, le Cloud représenterait 10
% du marché informatique, une proportion
qui devrait être multipliée par 4 en moins de
10 ans. Cependant, ces chiffres fournis par
les prescripteurs du cloud sont à nuancer :
la capacité des réseaux de télécommunications ne croit pas aussi rapidement que celle des capacités de stockage et des performances des processeurs, ce qui représente
un frein à la généralisation des architectures
informatiques basées sur le cloud à moyen
terme.
Consciente du retard des usages numériques de ses entreprises, la France s’est
engagée dans la course au Cloud via le Programme d’Investissements d’Avenir et son
soutien au projet Andromède. Mais le jeu
finalement dispersé des acteurs (Dassault,
SFR / Orange Thalès) sur ce projet remet en
cause une stratégie commune qui permettrait à la France de devenir un des acteurs
internationaux de l’informatique et des services dématérialisés.
Photo : © Anaelb
À LIRE AUSSI
(notamment via le HTML5) et des logiciels.
Jeux vidéo dématérialisés (Cloud gaming),
vidéos et musique en streaming sont en
train de devenir les nouveaux standards de
consommation sur les Box d’accès à internet, les appareils mobiles, les consoles de
jeu connectées. Des contenus, des produits
culturels et des logiciels sont achetés ou
consommés par abonnement. On ne détient
plus forcément le fichier, conservé bien au
chaud dans les serveurs des géants du net.
Nous voici détenteurs d’un accès mais plus
propriétaires de logiciels ! La TV connectée, qui se cherche un marché, est aussi en
train de tirer les leçons de ses petits frères
et sœurs et se connecte au Cloud pour dispenser du service web.
Les plus grands services deviennent ainsi
multicanaux et suffisamment puissants pour
redéfinir les modèles d’affaires et les formes
de narration sur les supports traditionnels
comme la TV. Même si la production télévisuelle résiste et évolue, le duo ”un appareil,
un usage” prend du plomb dans les deux
ailes avec le succès des services du cloud
et cette croissance de l’accès “n’importe
où, n’importe quand”.
En 2011, Amazon a franchi le milliard de
dollars en vente de services Cloud avec 3
En 2011, Amazon a franchi le
milliard de dollars en vente
de services Cloud avec 3 fois
plus de données transitées,
le chiffre d’affaires de
Microsoft est désormais lié
au jeu vidéo et à ses services
web à plus de 50%.
Dossier réalisé par antoine chotard ([email protected]),
avec suzanne galy
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Commerce
connecté :
l’abolition des
frontières entre
offline et online
A l’instar de l’économie globale qui se numérise de plus en plus et floute les frontières
de la stricte économie numérique, l’irrigation
de toutes les formes de vente par le numérique conduit à ne plus autant dissocier commerce électronique et commerce traditionnel augmenté par le web. L’association des
acteurs girondins du commerce électronique, eCom33, ne s’y est pas trompée en
jonglez avec le numérique en 2012
organisant récemment une rencontre autour
des nouvelles formes de paiement alternatifs comme le paiement sur mobile ou la récompense de la fidélité (lire l’encadré page
suivante sur Snapp’, champion français de
la dématérialisation des cartes de fidélité et
du couponing sur mobile). Pour penser les
services commerciaux de demain, plaçonsnous du côté de la simplicité recherchée par
l’utilisateur et regardons la multiplicité de
points d’accès à l’achat qui se présenteront
à lui : paiement via mobile, paiement sanscontact (NFC), portefeuilles électroniques,
couponing, placement produit dans les jeux
vidéo, f-commerce (intra Facebook), offre
push sms, carte cadeau, achats groupés…
L’hybridation du online et du offline devient
désormais indispensable dans une stratégie
de vente. Selon l’association eCom33, 25%
des transactions électroniques devraient
être engendrées d’ici 2015 par ces modes
d’achat alternatifs hautement numériques.
Le mobile est encore une fois au cœur
des préoccupations du commerce online et
offline. Si le secteur hôtelier fait partie des
premiers secteurs ayant démontré le potentiel de l’achat sur mobile, les applications
mobiles et les jeux vidéo sur smartphones-tablettes confirment la propension des
usagers à payer sur ces supports au sein
des applications notamment. N’oublions
pas que, pendant longtemps, l’iPhone vous
obligeait à rentrer des coordonnées bancaires, ce qui a fait grogner mais a aussi accru
les habitudes de micro-achats compulsifs.
Le m-commerce pourrait représenter 13
milliards d’euros de CA d’ici à 2016 d’après
Xerfi soit le quart du CA du e-commerce.
Selon le magazine L’Entreprise, 3 à 4 millions de Français ont déjà acheté (hors applications) via leur smartphone. Plus précisément, selon TGI / Kantar Média, près
d’1 jeune sur 10 de 15 à 24 ans a déjà effectué un achat sur mobile. Fin 2011, eBay
Les Signaux Numériques 2012, le 5 mars à Talence
Photo © AEC
Évolutions technologiques, usages innovants, modèles économiques émergents,
etc. Venez découvrir le 5 mars prochain les
tendances numériques mondiales repérées
par Antoine Chotard, responsable Veille et
prospective à AEC. Il sera notamment question des nouvelles interfaces hommes machines, des technologies de reconnaissance
des mouvements, des sons et des images,
du commerce connecté via les applications
de service mobiles ou le NFC, du web social, du Big Data et des enjeux du Cloud
Computing, etc.
Ces Signaux vous permettent d’anticiper
à court et moyen termes les enjeux technologiques, sociétaux et territoriaux impulsés
par le numérique, pour mieux appréhender
l’environnement de vos projets et de vos actions.
La conférence sera suivie d’un temps
d’échanges et de démonstrations, par leurs
créateurs, d’applications et technologies
aquitaines innovantes :
“RoqsTree» de la société 2Roqs, installation tactile et vidéo-projection. Sur le lieu de
la conférence est plantée la jeune pousse
d’un arbre virtuel. Les convives sont invités
à y accrocher leur photographie. Au fur et
à mesure des participations, l’arbre grandit,
devenant un lieu d’interactions, d’échange
de messages et d’idées.
La société Simbals crée des algorythmes
permettant la reconnaissance de sons :
chants des oiseaux, apprentissage des instruments de musique, etc.
La société Dijiwan s’est spécialisée dans
la cartographie sociale comme outil d’aide
à la décision. Elle collecte, analyse et qualifie l’information afin d’apporter à ses clients
des préconisations stratégiques pertinentes
pour leur communication et leur marketing
digital.
L’équipe POTIOC de l’INRIA en partenariat avec le Labri présentera notamment l’interface du projet PAPArt (lire
aussi p. 13).
Tout en garantissant une approche environnementale d’excellence et de durabilité, META IT propose une offre globale
(logiciels, matériels et services), incluant
le conseil, l’installation, le suivi et la fin
de vie.
Avec sa version 3 de Fid Me, solution
de dématérialisation des cartes de fidélité (lire aussi p11), la société bordelaise
SNAPP’ se tourne aujourd’hui vers les
enseignes de proximité et s’appuie sur
d’ores et déjà sur des solutions sans
contact (NFC).
(Lundi 5 mars, de 17h30 à 20h30, à l’Espace Agora du
Haut-Carré, sur le domaine universitaire de Talence.
Inscriptions sur www.aecom.org
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Cette photo montre un supermarché virtuel installé par Tesco dans le métro de Séoul. Les usagers flashent des produits qui
sont ensuite livrés à domicile.
France appuyait sa stratégie mobile en affirmant qu’un bien était vendu toutes les 3 minutes via son application mobile. A l’échelle
mondiale, les transactions eBay via terminaux mobiles ont généré près de 2 milliards
de dollars, chiffre qui pourrait doubler pour
atteindre 3,5 milliards de dollars sur 2011.
Ces résultats d’eBay confortent un phénomène : les applications mobiles permettant l’achat au sein même de l’application
engendrent des revenus plus de deux fois
supérieurs à ceux des applications ne proposant pas cette fonctionnalité sous l’iOS
d’Apple (source App Annie).
Quant aux tablettes, elles phagocytent
près de la moitié des revenus du m-commerce pour un parc bien moins important.
1 possesseur sur 2 de tablette numérique
a au moins fait un achat depuis ce terminal
contre 1 sur 4 sur smartphone (CSA - Observatoire Orange - Terra Femina de juillet
2011) : leur taille permet une mise en valeur
et une navigation plus adéquate, le panier
moyen d’achat est également plus élevé
que sur mobile.
Le commerce électronique s’appuyant sur
le mobile passe aussi par des innovations
comme celle de Tesco qui avait installé un
supermarché virtuel dans le métro de Séoul.
Ce catalogue imprimé, tel un rayonnage de
supermarché, sur les vitres de la station et
agrémenté de QRcodes permettait aux usa-
gers, lors de leurs trajets domicile-travail de
flasher des produits qui étaient par la suite
livrés à domicile. La complémentarité print
et web est ici très innovante.
Cet exemple se reproduira certainement
prochainement mais sans QRcode et en
s’appuyant sur la technologie NFC permettant la reconnaissance en champ proche
d’une puce RFID, par exemple. Cette technologie devrait être intégrée en masse sur
les téléphones (plus d’un mobile sur deux
d’ici à 3 ans) et les potentiels sont énormes
si les commerçants locaux réussissent à
s’équiper dans le bon timing.
Mais le NFC peut également servir sans
transaction bancaire pour du couponing, de
l’information produit, du décompte d’abonnement sur un billet de tram (une des multiples fonctionnalités que la ville de Bordeaux
et la CUB expérimentent), une carte de
bibliothèque. Ce sont les mêmes possibilités que le QRcode mais sans contrainte
d’ouverture d’une application si la technologie est nativement embarquée dans l’appareil. Une technique que Snapp’ avec son
application FidMe v.3 propose gratuitement
aux petits commerçants pour remplacer les
cartes de fidélité à tampons sans qu’ils aient
à s’équiper d’un terminal.
En terme d’usage, nous retrouvons avec
le NFC le même paradoxe qu’avec la géolocalisation : deux tiers des Français se
disent méfiants sur le respect de leur vie
privée et de leurs données personnelles et
bancaires (ils ont d’autant moins tort que
le NFC contrairement au Bluetooth ne présente pas de chiffrement intégré), mais si
le service dispensé est utile et innovant, ils
outrepasseront leur méfiance ! La force du
NFC, c’est aussi l’appui sur les cartes SIM
des téléphones mobiles permettant ainsi
l’authentification de son utilisateur.
En termes de transactions bancaires sans
contact, Taztag a choisi de privilégier non
pas le mobile mais la biométrie : la reconnaissance des doigts, associée à une carte
de paiement sans contact, valide l’identité de l’utilisateur sans qu’il ait à sortir la
carte de sa poche. Cette société française
remarquée au dernier CES de Las Vegas
supprime ainsi l’utilité du code PIN des cartes bancaires. La société prévoit de lever
plusieurs dizaines de millions d’euros en
2012. Comme l’indique Maxime Amiot dans
les Echos Taztag a été « choisie par la société Natural Security, dont les actionnaires
sont Auchan, BNP Paribas, Crédit Agricole,
Crédit Mutuel et Ingenico, pour déployer la
solution de manière industrielle d’ici à la fin
juin ». Et oui, entrer son code de carte bancaire, ça fait perdre du temps en caisse et
donc de l’argent !
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L’internet
devient
ApSoLuMo
Depuis la fin 2011, le SoLoMo (pour social, local, mobile) est un qualificatif devenu
très à la mode. Il cherche à qualifier un internet et des services toujours plus ancrés
dans le réel et le quotidien des internautes
grâce à la connexion communautaire, l’information géolocalisée sur son environne-
jonglez avec le numérique en 2012
ment et la possibilité d’y recourir à tout moment, en n’importe quel endroit. Les chiffres
de l’internet mobile et d’accès aux réseaux
sociaux ne démentent pas ce succès :
- Le trafic mondial du web mobile a été
multiplié par 2,3 ;
- Le volume moyen de données consommées sur smartphones a triplé en une année ;
- Plus du tiers des Français a désormais
accès à l’internet mobile ;
- La France est au second rang européen,
et au 5e rang mondial, du renouvellement
en smartphones.
Le qualificatif SoLoMo ne doit pas faire
oublier qu’un service ne rencontre le succès que si les contenus et l’ergonomie qu’ils
proposent sont à forte valeur ajoutée. En
revanche, l’essor du concept contribue clairement à façonner les nouvelles interfaces
web, y compris sur PC. Les services de partage de photos géolocalisées comme Instagram, Path ou Pinterest en sont les parfaits
exemples. Une bulle spéculative est née sur
ce qui n’est plus un épiphénomène. Elle se
caractérise par des levées de fonds mirobolantes pour des startups qui enflent mais
qui n’engrangent pas encore réellement de
chiffre d’affaires.
L’Aquitaine est riche de plus de 50 entreprises du mobile qui connaissent des succès nationaux, voire internationaux, mais
cette filière est encore insuffisamment structurée pour être vraiment visible. Pourtant,
l’innovation SoLoMo est de mise. Le projet
MobiGliss nous en livre un parfait exemple.
L’application a été créée par un résident de
l’Auberge numérique d’AEC et développée
par la société bordelaise Wopata. Elle a reçu
le soutien du Réseau Régional de l’Innovation (RRI). Cette application communautaire
orientée sur les sports de glisse se fonde
sur les déclarations de la communauté
pour indiquer des lieux de pratiques mais
propose également d’anticiper des phénomènes météo ultra locaux grâce à des algorithmes inédits. Innovation de service mais
également innovation du modèle d’entreprise puisque ces données à très forte valeur ajoutée ouvrent les portes de secteurs
moins “fun” mais importants comme l’aéronautique, l’hydrolien ou l’éolien.
Derrière ce déferlement de services mobiles, une autre tendance d’ampleur se renforce, “l’Appstorisation du web”. Le succès
des applications comme point d’accès à
internet fait vaciller l’internet des sites web,
plus libres et ouverts que ces places de
marchés. Comme le souligne le conseiller
en stratégie d’innovation Olivier Ezratty sur
son blog, « les utilisateurs passent de moins
en moins de temps sur des sites web et de
plus en plus dans des applications natives ».
Ceci peut s’expliquer par le fait que, même
si « on apprécie bien les notions d’ouverture
et de liberté, on privilégie rapidement ce
qu’il est plus facile d’utiliser ».
Ce canal se développe d’autant mieux
qu’il s’avère plus rémunérateur pour les
créateurs d’applications. On peut percevoir
ici une remise en cause d’un internet ouvert
et peu contrôlé. D’un autre côté, c’est aussi
la naissance de procédés de référencement collant aux usages
majoritaires des mobi-
Fidélisation client sur mobile :
le leader en France est bordelais !
Le commerce connecté, c’est être présent
en ligne au travers d’une e-boutique. C’est
aussi proposer des services numériques à
ses clients, comme par exemple intégrer
leurs cartes de fidélité dans le téléphone
mobile. Ces nouveaux usages renforcent
le lien entre les clients et les marques. On
nomme cette tendance la “m-fidélité”. La
société bordelaise Snapp’ en a fait sa spécialité. Fondée en 2005 et forte de 22 collaborateurs, elle est dirigée par Jean-Benoît
Charreton et Laurent Bourgitteau-Guiard
(fondateur et directeur général). Grâce à son
application FidMe, elle est devenue courant
2011 le leader français de la dématérialisation des cartes de fidélité sur mobile et
du couponing. Un million d’utilisateurs ont
adopté l’application depuis son lancement
il y a un an, dont 80 000 en Aquitaine. Une
véritable success story. La version 3, présentée en ce début d’année 2012, s’ouvre
au commerce de proximité. 150 points de
vente à Bordeaux accepteront les cartes
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de fidélité dématérialisées dans FidMe et
2500 au total en France. Elle intègre des
fonctions de couponing par l’attribution de
points FidMe, de paiement par la technologie NFC (sans contact), d’informations géolocalisées et de partage des contenus dans
Facebook et Tweeter.
Ce service gratuit a su rencontrer les usages et besoins de son temps. FidMe permet d’enregistrer ses cartes de fidélité en
plastique en quelques secondes dans son
téléphone mobile en passant le code barre
de la carte devant l’objectif du téléphone
(ou en saisissant son numéro client). Simple, innovant, utile. 3,5 millions de cartes
ont été dématérialisées depuis le lancement
de l’application. 54,4 % des utilisateurs de
FidMe sont des hommes et 45,60% sont
des femmes. Même si les hommes sont
globalement plus équipés que les femmes
en smartphone, ces chiffres montrent que
la dématérialisation permet de conquérir
ou d’accentuer sa communication auprès
d’une nouvelle cible : les hommes ! Le mobile incite à la fidélisation du côté du client.
t.
7,28 cartes sont dématérialisées en moyenne par chaque utilisateur. Les secteurs quii
marchent : la grande distribution se retrouve massivement dans le top 15. Puis viennent les secteurs habillement, sport, jeux,,
beauté, techno/culture. C’est le reflet exact
ct
du monde réel.
En Aquitaine, les chiffres d’usages de
FidMe suivent des courbes similaires..
55,7% des utilisateurs sont des hommes,
44,3% sont des femmes. Ces clients cumulent 8,82 cartes en moyenne par utilisateur,
plus que la moyenne française. Ils habitentt
plutôt dans les départements fortement urbanisés d’Aquitaine.
s.g.
Retrouvez Snapp’ et son application FidMe dans l’espace
“démonstration” de la conférence Les Signaux numériques
2012.
Crée en 2005
et forte de 22
collaborateurs,
Snapp’ est dirigée
par Jean-Benoît
Charreton et Laurent BourgitteauGuiard, fondateur
et directeur général (photo).
L’Aquitaine est
riche de plus de
50 entreprises du
mobile développant
des services comme
MobiGliss. Cette
application SoLoMo
par excellence permet
aux amateurs de glisse
de partager leurs lieux
de pratiques mais
aussi les phénomènes
météo ultra locaux
Elle sera bientôt
disponible.
© Nikada
nautes. Le modèle fait des petits, à l’instar
des portails d’applications proposés par
les groupes bancaires et les grands comptes du luxe notamment, mais il est encore
peu développé sur les territoires alors que
les applications localo-touristiques sont
souvent mal référencées sur les stores. Le
web SoLoMo est un des accélérateurs de
ce phénomène. Cependant, cette tendance
pourrait être freinée par le déploiement des
applications web en HTML5 (des applications directement accessibles par le navigateur web) mais ce langage de développement ne sera pas formellement standardisé
avant 2015.
Enfin, il manque à ce web SoLoMo une
quatrième syllabe : LU, pour ludique. Facteur d’attention, de différenciation et de fidélisation, l’utilisation de la mécanique du
jeu et de la récompense à des fins plus sérieuses (autrement appelée ”gamification”)
connaît un nouvel essor en s’appuyant sur
les acteurs du jeu vidéo (nombreux et structurés dans notre région au sein de l’association Bordeaux Games). Nous en avions
déjà parlé au cours de l’année 2011 et cette
tendance se confirme. On le voit dans le
champ politique. Le candidat Bayrou a fait
le choix de “gamifier” sa campagne sur le
net. On le voit aussi dans le secteur de la
formation comme le souhaite le président
de Région Alain Rousset en s’appuyant sur
la création de Serious Games au service des
filières d’excellence
Ce web sera finalement ApSoLuMo plutôt
que SoLoMo !
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Venir au
boulot, avec son
thermos… et son
smartphone
Jérémy Laviole,
doctorantchercheur à
l’INRIA.
Le rôle central des smartphones et, dans
une moindre mesure aujourd’hui, des tablettes impacte fortement les attentes de services au sein de l’entreprise, du lieu de travail. Un phénomène important et alarmant
se renforce : le BYOD pour Bring Your Own
Device (apporte ton propre appareil) qui traduit l‘utilisation par les salariés de leurs propres outils privés de télécommunications
pour réaliser leurs tâches professionnelles
au bureau et lorsqu’ils sont en situation de
travail en mobilité ou de télétravail.
La pénétration des tablettes dans les
foyers va accentuer ce mouvement au sein
de l’entreprise. D’autant plus si le marché
des tablettes de milieu de gamme, voire
low-cost, décolle avec le Kindle Fire d’Amazon, une tablette multitâche en couleur à
150 dollars, vendue à 6 millions d’exemplaires aux USA au dernier trimestre 2011, selon le cabinet Stifel Nicolaus.
L’étude Evolving Workforce, commanditée par Intel et Dell, révèle que 60% des
travailleurs dans le monde se sentiraient
plus à l’aise s’ils pouvaient utiliser la technologie de leur choix. Logique, la familiarité
des outils numériques s’est généralisée et
les travailleurs ont de plus en plus leur mot
à dire sur les choix informatiques de leurs
structures, leur matériel personnel étant
souvent plus souple et performant que celui
du travail. Les travailleurs recherchent donc
une interopérabilité plus forte entre outils
de la maison et du milieu professionnel ce
qui plait plutôt aux dirigeants (et sûrement
moins aux DSI) car il est vecteur d’une plus
grande productivité (traçabilité ?) des salariés.
La frontière entre usages privés et professionnels n’a jamais été aussi poreuse.
Ce phénomène pousse les organisations à
réfléchir aux nouvelles architectures cloud
(publiques et privées) et aux investissements qui permettent une meilleure intégration de cette tendance. Selon l’International
Data Corporation, 20% des investissements
informatiques mondiaux devraient être
consacrés à l’acquisition de smartphones,
tablettes, réseaux mobiles et sociaux.
AVEC SON PROJET PAPART, JÉRÉMY LAVIOLE, DOCTORANT-CHERCHEUR À L’INRIA,
REND TACTILE N’IMPORTE QUELLE SURFACE EN COUPLANT DES TECHNOLOGIES DE RÉALITÉ
AUGMENTÉE ET DE RECONNAISSANCE DE MOUVEMENTS.
Il transforme un simple bureau
en surface tactile
Dans la pièce surchauffée par des machines en fonctionnement,
on reçoit peu de lumière mais une intense activité neuronale.
Jérémy Laviole, étudiant en thèse au sein de l’INRIA BordeauxSud Ouest, sur le campus bordelais, travaille dans la pénombre
pour mieux distinguer le fruit de ses recherches. Sur les murs, des
dessins naïfs de fleurs et de lapins, esquissés au crayon. Sur une
table en bois tenant lieu de bureau, Jérémy a créé un dispositif en
suspension à l’allure simple mais aux capacités détonantes : un
vidéoprojecteur qui permet la projection d’images sur une table ;
une caméra collée au vidéoprojecteur qui observe la zone de
projection ; un module Kinect capable de reconnaître des mouvements à distance. Les trois engins, paramétrés pour fonctionner
ensemble, sont capables d’aider la création de dessins ou peintures par le biais d’une interface en réalité augmentée (superposition
d’une image virtuelle sur une image réelle). L’idée est de projeter
une image qui sera comme un calque virtuel pour le dessinateur,
tout en transformant la zone de projection en support tactile. En
l’occurrence, ici, une banale table en bois.
Explications. Le support est d’abord rendu tactile grâce au
module Kinect qui fonctionne comme une caméra 3D. Il est ainsi
possible d’interagir avec des images virtuelles projetées sur ou
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le bureau ou au-dessus. « Le module Kinect détecte les doigts
du dessinateur et peut suivre leurs mouvements en profondeur
grâce à un programme informatique », explique Jérémy Laviole.
Deuxième étape : sous le dispositif technique de captation-projection d’images, le chercheur place une feuille de papier bordée de
pictogrammes noirs et blancs. Ce sont des marqueurs qui seront
détectés par la caméra. Le vidéoprojecteur, enfin, est calibré pour
fonctionner avec la caméra et projeter de manière très précise
une image virtuelle sur la feuille de papier. Quand le dessinateur
fait bouger la feuille de papier, l’image virtuelle suit le mouvement.
« Le dessinateur peut ainsi reproduire une image à main levée sans
difficulté, en conservant les proportions et les effets de rendus,
comme les dégradés ou les textures. »
Le système est conçu pour le moment pour assister des dessinateurs. Mais Jérémy voit d’autres applications possibles à sa
nouvelle interface tactile dans les domaines de l’architecture, de la
création vidéo ou du monde éducatif.
s.g.
Retrouvez l’équipe du projet PapArt dans l’espace « démonstration » de la conférence Les
Signaux numériques 2012.
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jonglez avec le numérique en 2012
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Des yeux
et des
oreilles pour
augmenter
votre réalité
Interfaces gestuelles,
reconnaissance audio
et vidéo, écrans tactiles
et services sanscontacts du NFC, les
nouvelles technologies
contribuent à faire
disparaître cette pauvre
souris.
Photo : Lorena Biret, flickr
Ces 4 premières tendances se trouvent
renforcées par des interfaces homme-machine toujours plus fluides et appropriables
grâce à l’apparition des technologies de reconnaissance de mouvements, d’image et
de son. Des technologies qui contribueront,
avec les écrans tactiles à retour de force
(comme ceux de Senseg) et les services
sans-contacts du NFC, à snober de plus en
plus cette pauvre souris.
Microsoft a récemment rendu accessible
le kit de développement pour son module
Kinect de reconnaissance de mouvement,
que des bricoleurs et universitaires détournaient déjà pour proposer des applicatifs
innovants plus utiles que ludiques (lire Aquitaine numérique n°35). Cette ouverture va
accélérer les innovations de services tant
pour les ménages que pour les entreprises. Si le jeu vidéo était le point de départ
pour faire entrer cette technologie dans les
salons, les applications potentielles sont
énormes pour des finalités plus sérieuses :
reconnaissance corporelle en magasin et
essayage en ligne avec Bodymetrics, traduction numérique du langage des signes,
vitrine interactive des banques comme LCL,
mise en mouvement d’œuvre picturale au
musée Henner et “bodyjiing » avec Synaecide, créateur hybride entre le développeur,
le DJ et le danseur.
Elles promettent, par le geste, la redéfinition d’une grammaire de l’ergonomie en
permettant de démocratiser encore plus
les services numériques auprès des publics non geeks. Microsoft va également
intégrer dans les PC une version de Kinect
adaptée. D’autres acteurs empruntent déjà
cette voie de la reconnaissance corporelle,
au premier rang desquels, les constructeurs
de télévision comme Sony, LG et Samsung
qui souhaitent augmenter leur TV connectée
par des interfaces innovantes. On compte
également les constructeurs de tablettes,
comme Apple qui dépose des brevets de
clavier virtuel basé sur la reconnaissance
des doigts et de la surface sur laquelle est
posée la tablette.
En Aquitaine, ce type d’interfaces est déjà
exploré par quelques acteurs comme l’équipe Potioc du Labri-Inria (lire l’encadré page
précédente, consacré au projet PapArt).
2roqs, un spécialiste bordelais de l’événementiel digital et du “facade mapping” (affichage d’informations sur les murs de la ville)
a déjà déployé à l’Aquarium de la Rochelle
un aquarium virtuel dont les habitants aquatiques interagissent avec le passage des vi-
L’application
Blinkster
reconnaît les
œuvres et
fournit des
informations
complémentaires. Elle
a obtenu le
label Proxima
Mobile.
siteurs.
La reconnaissance d’images déjà présente sur les smartphones (Google Goggles en
tête) connaît un vrai essor qui pourrait potentiellement remettre en cause les QRcodes
et autres flashcodes (que 13% des Français
pratiquent déjà). Exemples : U-Snap de
JC Decaux pour augmenter les panneaux
publicitaires, Blinkster pour explorer le patrimoine culturel français, LeafSnap pour
reconnaître des espèce d’arbres, Kooaba
Shortcut pour tisser des liens monétisables
entre presse papier et web, ou encore l’application locale Smart Bordeaux pour se renseigner sur des bouteilles de vins. Autant de
services, certes plus coûteux aujourd’hui à
développer que les applications de scan de
QRcode mais qui évitent le print et permettent aux créateurs de services d’engranger
des bases de photos d’objets à forte valeur
ajoutée, tout en favorisant l’émergence d’un
web des données.
La reconnaissance de son, démocratisée par l’application Shazam, va passer
aussi à la vitesse supérieure en permettant
le dialogue entre TV et outils nomades. Ces
derniers peuvent, par reconnaissance de la
signature audio d’une émission, ou d’une
publicité, proposer du contenu augmenté et
permettre de signaler (checker) le visionnage d’un programme. C’est le cas d’IntoNow,
une application de Yahoo. Mais ce type de
service existe aussi sur des solutions de
synchronisation par le wifi (Disney Second
Screen), ou sur des solutions appelées “dual
screen” permettant une synchronisation de
flux et de contenus entre deux appareils (la
société française Plinkers le propose). Il y a
là une alternative aux services web des TV
connectées sur lesquelles la navigation web
reste encore peu ergonomique. De quoi
augmenter (si ce n’est saturer) votre expérience télévisuelle !
Autre exemple emblématique de la reconnaissance vocale, les agents intelligents
comme Siri d’Apple qui permet de questionner son téléphone et d’obtenir des réponses calibrées selon vos applications,
vos contacts, votre calendrier, vos comptes
sociaux. Un agent intelligent à améliorer
certes, mais innovant car questionnant et
croisant une partie des données présentes
sur vos appareils numériques (informatique
context-ware). Bref, le futur de l’assistance
numérique et la promesse de requête sémantique de données, pour ne pas dire intelligente ! Il faut également compter sur un
outsider : Xbrain Soft, une société française
qui vient de créer Angie, une plateforme
permettant aux développeurs tiers de créer
des agents intelligents sur de nombreuses
plateformes mobiles et sociales (Facebook,
Google+, Android, Windows phone, iOS…).
Si vous avez l’habitude de parler seul, méfiez-vous, votre téléphone pensera bientôt
que vous vous adressez à lui !
[email protected]
Photo : Mosquito
Photo : Plinkers
Les solutions “dual screen” de la société française
Plinkers permettent la synchronisation de flux et de
contenus entre deux appareils.
Rendezvous le
5 mars
Le musée
Henner
propose
une mise en
mouvement
de tableaux
s’appuyant
sur Kinect.
L’interface est
développée par
Mosquito
Venez découvrir les tendances
numériques mondiales repérées
par Antoine Chotard, responsable
Veille et prospective à AEC : lundi
5 mars, de 17h30 à 20h30, à l’Espace Agora du Haut-Carré, sur le
domaine universitaire de Talence.
Inscriptions sur www.aecom.org.
Flashez ce QR Code pour retrouver, toujours sur www.aecom.org,
les vidéos de cette conférence
sur Les Signaux numériques 2012
et le support de présentation.
© konstantin32
mars-avril 2012 - n°
40
mars-avril 2012 - n°
40
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