le monde que nous voulons voir perspectives apres

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le monde que nous voulons voir perspectives apres
LE MONDE QUE NOUS
VOULONS VOIR
PERSPECTIVES
APRES 2015
Un rapport de Christian Aid
Septembre 2013
b
La pauvreté est un crime contre l’humanité.
Il prive les gens de dignité, de liberté,
d’espoir et de pouvoir sur leur propre vie.
Christian Aid a une vision – mettre un
terme à la pauvreté – et nous croyons
que cette vision peut devenir une réalité.
Nous vous invitons à nous rejoindre.
christianaid.org.uk
Auteur: Helen Dennis
Christian Aid tient à remercier ses partenaires et tous les auteurs
qui ont contribué à ce rapport. Sans eux, cela n’aurait pas
été possible.
Les collaborateurs du personnel de Christian Aid: Maeve
Bateman, Chiara Capraro, Alexander Carnwath, Vitumbiko
Chinoko, Celia Cordova, Alison Doig, Gaby Drinkwater,
Aisseta KABRE, Priya Lukka, Mara Luz, Ana Claudia Menezes,
Sophie Powell, Alex Prats, Nadia Saracini, Joseph Stead,
Katharine Teague.
Les points de vue exprimés par les partenaires de Christian
Aid dans ce rapport ne reflètent pas nécessairement la
politique de Christian Aid et ne devraient pas lui être attribués
systématiquement, mais nous nous appuyons fortement sur
la pensée de nos partenaires dans notre politique et notre travail
de plaidoyer.
Couverture: les communautés sans terre de l’Inde se sont unies
pour faire campagne pour les droits fonciers lors de la marche
pour la Justice de Jan Satyagraha en 2012. Le mouvement s’est
enraciné dans les expériences des communautés indiennes
pauvres et a été organisé par le partenaire de Christian Aid Ekta
Parishad, qui a souligné l’importance suprême de la solidarité
mondiale à cette campagne.
Crédit: Christian Aid / Simon Williams
1
SOMMAIRE
Avant Propos: Dr Rowan Williams
2
Introduction3
Voix des partenaires : Afrique
6
Centre pour la Politique Environnementale et le Plaidoyer, Malawi Réseau MARP, Burkina Faso
Institut d’études sur la pauvreté et les inégalités, Afrique du Sud Réseau sur la Justice Fiscales – Afrique
UCF-Angola INERELA+
7
8
10
12
14
16
Voix des partenaires: Asie et Moyen-Orient 18
Social Watch Philippines 19
Campagne nationale sur les Droits Humain des Dalit /National Dalit Watch, Inde 20
Centre Bangladesh des Etudes Avancées 22
Réseau des femmes Afghanes 24
Le Réseau des ONG arabes pour le développement 25
Voix des partenaires: Amérique latine et Caraïbes 26
Centro Humboldt, Nicaragua KOINONIA, Brésil Corambiente, Colombie UNITAS, Bolivie INESC, Brésil Plate-forme Bolivienne sur le changement climatique 27
28
30
32
34
35
Programme pour le développement équitable et durable 36
Recommandations 40
Notes de fin 41
2
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Avant-propos
AVANT-PROPOS
Dr Rowan Williams, Président de Christian Aid et ancien archevêque de Canterbury
Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont
été, depuis quelques années, non seulement une référence
pour penser à ce qui est essentiel pour un monde plus juste
et plus sûr, mais ils ont aussi été un rappel pour nous tous qu’il
est possible pour les gouvernements du monde de reconnaître
un impératif moral commun et d’identifier la nécessité d’une
action commune. Comme nous nous tournons vers 2015,
date à laquelle les OMD devraient être atteints selon le plan
initial, nous sommes tenus d’avoir des sentiments mitigés.
Pourtant, aussi difficile que cela soit, nous avons échoué à
atteindre un certain nombre d’objectifs, dont il est essentiel
de rappeler l’importance et le fait qu’ils existent en premier lieu.
Le travail auquel font face la société civile et les groupes de
plaidoyer n’est pas de créer des aspirations à partir de rien,
mais de tenir les gouvernements, les organismes et le grand
public responsables de la vision la plus généreuse et meilleure
qu’ils aient eue – et de continuer à travailler à définir davantage
là où se trouvent les besoins les plus pressants, au fur et à
mesure que nous apprenons de l’expérience de terrain des
personnes confrontées à la pauvreté, la maladie, la faim et
l’injustice. Telle est la signification d’un rapport comme celui-ci.
Comme nous reconnaissons les progrès réel dans certains
domaines, nous avons besoin de la plus grande clarté possible
pour identifier là où les objectifs n’ont pas encore eu un impact
réel. Dans la dernière décennie, la plupart des personnes
impliquées dans la recherche d’un développement juste et
durable ont souligné l’importance clé des femmes dans le
processus et l’impératif conséquent d’aborder toutes sortes
de discrimination et le désavantage subi par les filles et les
femmes dans le monde. Mais il nous est rappelé dans ces
pages la distance qu’il nous reste encore à parcourir. La santé
maternelle et périnatale sont toujours un défi majeur, et les
questions de l’égalité entre les genres – pas la moindre dans
l’éducation – ne parviennent toujours pas à se placer en tête
de liste dans de nombreuses stratégies nationales. Le pire de
tout, l’incidence de la violence et des abus sexuels se tiennent
toujours à des niveaux choquants et inacceptables dans de
nombreux pays. Notre espoir à Christian Aid est que ces
questions soient prises avec un nouveau degré d’urgence.
Et bien sûr, il y a d’autres questions qui aujourd’hui semblent
plus urgentes qu’il y a une décennie. Par exemple, nous
sommes plus conscients que jamais de la façon dont les
questions autour de la justice mondiale sont entrelacées avec
les effets du changement climatique, que cela se manifeste par
l’augmentation des niveaux d’eau dans le Pacifique ou par la
désertification en Afrique sub-saharienne. En plus de cela, ce
qui pourrait ne pas avoir été prévu au début du millénaire est
la crise économique qui a précipité à la fois de nouveaux types
de difficultés dans des endroits inattendus et a aussi stimulé
des niveaux élevés d’anxiété a propos des dépenses publiques.
Dans ce contexte, il est louable que le Royaume-Uni ait décidé
de protéger son budget d’aide, mais nous avons maintenant
besoin de voir plus de pays renforcer leur engagement
envers les OMD et les objectifs post-2015. Non seulement
nous assistons à une question morale réelle et profonde – à
savoir, «pouvons-nous rester là et laisser les plus vulnérables
porter les coûts les plus importants, à l’échelle nationale et
internationale? » – mais nous imaginons aussi les défis de ce
type de monde dans un délai de 10 ou 20 ans. Voulons-nous
activement élargir le fossé entre riches et pauvres, avec toute
l’instabilité que cela entraîne, toute l’insécurité mondiale, les
déplacements, la violence et la misère que cela signifie – en fin
de compte, pour tout le monde sur la planète?
Dans tout cela, il est essentiel que nous écoutions non
seulement la voix des experts, mais aussi les mots de ceux
sur la ligne de front. C’est un élément central de la philosophie
de Christian Aid que nous aidions à rendre de telles paroles
audibles aussi largement que possible et que nous-mêmes
écoutions avec sérieux l’expérience de ceux qui font face au
défi et à la crise, à cause de notre engagement fondamental à
la dignité donnée par Dieu à chaque personne. Ce rapport n’est
pas seulement destiné à être un document dans lequel les
organismes et les militants parlent les uns aux autres, mais une
plate-forme pour les voix qui comptent le plus, dont les intérêts
et le bien-être sont ceux que avons tous besoin de servir et de
garantir par tous les moyens possibles.
J’espère que tous les lecteurs de ce rapport y trouveron une
énergie nouvelle, et renouvèleront leur enthousiasme à faire
de la prochaine phase de notre travail pour les Objectifs du
Millénaire pour le développement, et la conversation vers les
Objectifs de développement durable post-2015, un exercice
digne et inspirant vers la guérison de notre monde endommagé
ainsi que des relations endommagées et injustes qui le
caractérisent encore.
Rowan Williams
Photo: Magdalene College
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Introduction
3
INTRODUCTION
A Christian Aid, nous croyons que la pauvreté n’est pas une
fatalité et qu’elle peut être éradiquée. C’est ce qui motive notre
travail et c’est pourquoi le programme de développement
post- 2015 est une discussion d’une telle importance.
Cependant, l’éradication de la pauvreté et la réduction des
inégalités ne se feront pas sans une volonté politique, et cela
n’arrivera pas non plus si nos visées sont trop basses ou notre
analyse erronée.
Cela siège aux côtés de nombreuses autres contributions
constructives de la société civile et des organisations
confessionnelles ; il siège également aux côtés des résultats
des consultations thématiques, de la recherche participative
et de l’enquête « My World », qui à ce moment même de
cette rédaction, a eu les votes (Nations Unies) de plus de
800 000 personnes dans 194 pays au sujet de leurs priorités
principales pour un monde meilleur.
L’éradication de la pauvreté ne sera pas quelque chose que
certains «font pour les autres», mais nous pensons plutôt
qu’il ne sera possible que grâce à un partenariat et à travers
l’autonomisation des communautés, notamment les
femmes et ceux qui sont actuellement privés de leurs droits.
En conséquence, notre approche dans ce rapport a été de
nous appuyer sur l’expérience et l’expertise des partenaires
de Christian Aid à travers le monde, d’entendre et de réfléchir
à leurs priorités pour les objectifs post-2015 avant de faire
des recommandations à ceux qui sont maintenant au devant
des négociations.
Nous croyons qu’un nouveau cadre devrait répondre
pleinement aux thèmes de l’inégalité et de la résilience de
l’environnement, si l’éradication de la pauvreté doit être à la fois
une réalité et de façon durable. Les contributions qui suivent
soutiennent ce point de vue et offrent un aperçu de la façon
dont un programme mondial pourrait avoir un impact au niveau
national et local.
Le monde en 2013
Sur 100 personnes:
• 12 vivent dans un bidonville
• 15 souffrent de malnutrition
• 17 vivent dans la pauvreté monétaire
extrême avec moins de 1,25 dollars
par jour
• 35 n’ont pas accès à des
toilettes décentes
• 37 vivent avec moins de 2 dollars
par jour.
Au-delà de cela, la situation
des femmes et des enfants continue
d’être intolérable:
• 1 enfant sur 4 dans le monde souffre
d’un retard
• en Afrique sub-saharienne, 1 enfant
sur 9 meure avant l’âge de cinq ans
• 57 millions d’enfants en âge de
scolarisation ne sont pas scolarisés
• à l’échelle mondiale, jusqu’à 70%
des femmes sont susceptibles de subir
de la violence dans leur vie
• 140 millions de femmes qui aimeraient
avoir accès à la contraception ne l’ont
pas actuellement
•
seulement 20% des parlementaires
dans le monde sont des femmes.
Ceci est particulièrement injuste
compte tenu de la concentration
des richesses et des revenus dans le
monde. Bien que la richesse mondiale
soit en hausse, elle est contrôlée par
un petit nombre de personnes aidées
par des aspects du système financier
mondial actuel:
• Les 20% des plus riches contrôlent
et consomment 80% des ressources
de la planète 2
• Chaque année, les pays en
développement perdent 1tn de dollars
provenant des flux financiers illicites.5
Nous sommes également confrontés
à une crise environnementale et
climatique qui va accroître la fréquence
et la gravité des catastrophes
naturelles et avoir un impact sur nous
tous, en particulier les plus pauvres
et les plus vulnérables. Si nous
continuons à faire comme d’habitude
sur une trajectoire à quatre degrés,
nous seront susceptibles de voir:
• Les 1% des plus riche contrôlent 39%
de la richesse mondiale: 52,8 tn3$ US
• Une augmentation de 15,5%
à 44% des terres cultivées
affectées par la sécheresse 6
• Les personnes qui possèdent une
richesse de 5 millions de dollars ou
plus, contrôlent près d’un quart de la
richesse du monde
• Une baisse de la disponibilité
en eau allant jusqu’à
50% dans certaines régions7
• Malgré la crise économique, 2012 a vu
un accroissement de 10% dans le
nombre de millionnaires
• On estime que près de 21tn $ US
est actuellement caché dans des
paradis fiscaux 4
• 3 milliards de personnes
précipitées dans la pauvreté.8
4
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Introduction
Le monde dans lequel nous sommes
Le monde en 2013 est un lieu de plus en plus inégal et pas
durable. Même s’il y a eu des progrès importants depuis 2000
en termes de réduction de la pauvreté, il convient de réfléchir
sur certains des défis les plus urgents devant nous et combien
choquant la situation actuelle continue d’être.
Le tableau de la page précédente met en exergue certains
de ces défis de notre monde d’aujourd’hui. Il s’agit notamment
de l’extrême pauvreté, des taux de mortalité des moins
de cinq ans, des niveaux de malnutrition des enfants,
du manque d’accès à l’éducation, du manque d’accès à l’eau
et à l’assainissement, de la violence contre les femmes,
de la participation inégale des femmes dans la société;
de l’échelle de l’évasion fiscale; de la division riche-pauvres,
de la lutte pour un environnement durable, enfin et surtout,
du changement climatique et de toutes ses conséquences.
Non seulement les plus pauvres sont les plus à risque, mais
ils sont aussi les moins à blâmer. Il existe un lien direct entre
l’inégalité et le changement climatique, étant donnée que les
revenus élevés ont tendance à corréler avec des empreintes
de carbone élevées, pendant que les plus pauvres sont les
plus exposés aux risques qui en découlent. Le Malawi produit
0,1 tonnes de dioxyde de carbone par habitant par rapport aux
États-Unis, qui produit 17,3 tonnes par habitant, et le Qatar,
qui produit 44 tonnes par habitant. 9
Pourquoi des objectifs mondiaux?
Ces statistiques devraient nous choquer, nous provoquer
et nous inciter à l’action. Ils ont besoin d’une attention renouvelée
sur la pauvreté mondiale, mais aussi une remise en cause
fondamentale de certaines structures financières mondiales
et le transfert immédiat vers de faibles émissions de carbone,
des modes durables de production et de consommation,
et une croissance plus inclusive.
Christian Aid estime qu’un nouveau cadre global de
développement pourrait être un outil important dans cette lutte
pour un monde plus juste. Il devra être soutenue par d’autres
processus multilatéraux tels que le progrès vers la justice fiscale
et la transparence financière, des mesures pour réduire la menace
auxquelles les communautés font face au regard des catastrophes
et un accord juridiquement contraignant sur le climat.
Nous croyons que de nouveaux objectifs justes et ambitieux
pourraient aider à l’éradication de la pauvreté, à réduire les
inégalités et à promouvoir le développement durable – mais il
est important de tester des hypothèses sur la valeur et le but
d’une nouvelle série d’objectifs10 et de réfléchir sur la réussite
des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)
en cours.
Ces dernières années ont vu des progrès significatifs en matière
de réduction de la pauvreté. Par exemple:
• Depuis 1990, plus de 2,1 milliard de personnes ont
eu accès à des sources améliorées d’eau potable11
• L’objectif des OMD qui est l’accès universel au
traitement anti-rétroviral pour les personnes touchées
par le VIH est maintenant à portée de main
• Entre 2000 et 2011, le nombre d’enfants non scolarisés
a diminué de 102 millions à 57 millions
• Entre 1990 et 2011, le taux de mortalité des enfants
de moins de cinq ans a chuté de 41%.
Ce sont des résultats positifs, mais ils ne sont pas facilement
attribuables uniquement aux OMD. Les objectifs ont
certainement fait leur chemin dans notre vocabulaire et dans
les cadres stratégiques,12 mais leur impact direct sur la
réduction de la pauvreté est encore plus difficile à déterminer.
Il semble y avoir des preuves que le financement international
s’est accru jusqu’aux secteurs sociaux après l’accord des
OMD,13 mais il y a moins de clarté sur leur impact quant
à la mobilisation des ressources intérieures.
Le récent rapport du “Government Spending Watch” a montré
que, malgré un certain nombre d’engagements importants des
gouvernements à augmenter les dépenses dans des domaines
tels que la santé, l’éducation et l’agriculture, la mise en œuvre
est en déclin et des domaines importants tels que l’égalité des
sexes, la protection de l’environnement et la protection sociale,
qui eux sont négligés.14
Les OMD sont en train d’être digérés, les priorités des OMD
font leur chemin dans les Documents de stratégie de réduction
de la pauvreté,15 quoique de façon sélective et parfois avec
quelques modifications,16 et les objectifs de dépenses sont
en train d’être fixés. Cependant, d’autres facteurs tels que le
financement des bailleurs de fonds, les revenus affectés et un
manque de responsabilité entravent les progrès sur le terrain
et limitent l’impact que les objectifs pourrait avoir.
Ces facteurs ne doivent pas nous conduire à renoncer aux
objectifs mondiaux, mais ils devraient plutôt encourager
toutes les personnes impliquées dans le processus à réfléchir
très sérieusement à convertir les objectifs mondiaux en des
contextes nationaux, comment ils envisagent les objectifs
utilisés et qui par, et les mécanismes de responsabilisation qui
devront sous-tendre la livraison contre le nouveau cadre. Notre
espoir est que le programme de développement post-2015,
conçu avec soin et avec la participation de la société civile et
des communautés pauvres dans le monde, soit en mesure
de remplir les fonctions suivantes:
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Introduction
5
« Est ce que le développement est essentiellement
la croissance économique ou devons-nous avoir
une vision plus complète du bien-être et de
l’épanouissement humain? »
Photo: Christian Aid/Kevin Leighton
1 Générer un sens de solidarité et de responsabilité
mondiale pour l’éradication de la pauvreté, lutter contre
les inégalités et atteindre un développement durable.
et de l’épanouissement humain? S’agit-il principalement
sur la satisfaction des besoins matériels ou y a-t-il d’autres
dimensions qui doivent également être pris en compte?
2. Encourager une réponse coordonnée dans les
domaines clés où cela est nécessaire, comme le VIH
ou, pour prendre des exemples différents, l’atténuation
du changement climatique ou la réforme du système
fiscal international.
Le Panel de Haut niveau sur le programme post-2015 a
déjà défini sa vision, ainsi qu’un certain nombre d’objectifs
d’illustration et des objectifs visant à “éradiquer la pauvreté et à
transformer les économies par le développement durable”.17
3. Etablir des normes mondiales, relever les normes
et stimuler l’investissement au niveau national dans
des domaines tels que l’égalité des sexes.
4. Garder la pauvreté, l’inégalité et le développement
durable au plus haut niveau du programme politique.
Une vision post-2015
Quel est le monde que nous voulons voir? C’est, bien sûr,
une question vitale – et la réponse déterminera les types
d’objectifs, de cibles et d’indicateurs qui forment le nouveau
cadre post-2015. Est-ce simplement un monde sans
pauvreté marqué par les personnes vivant avec 1.25 $ US par
jour, ou peut-on être un peu plus ambitieux? Est ce que le
développement est essentiellement la croissance économique
ou devons-nous avoir une vision plus complète du bien-être
Les membres du Groupe de travail sur les objectifs
de développement durable (Open Working Group on
Sustainable Development Goals), mis en place en 2012 par
la Conférence de Rio+20, envisagent également leurs priorités.
L’espoir de Christian Aid est que ces processus vont bientôt
commencer à se réunir pour définir un ensemble clair
d’objectifs ambitieux.
Dans les pages qui suivent, 17 partenaires de
Christian Aid du monde entier donnent leur récit du
monde qu’ils veulent voir.
Photo: Des femmes dans le village de Keleguem, au nord-est du Burkina
Faso, portant des roches pour construire des diguettes anti-érosion –
murets qui aident à protéger le sol de l’érosion de la pluie et du vent.
Construit avec l’appui de partenaires de Christian Aid, Réseau MARP,
les diguettes aident les cultures à mieux se développer et à donner
plus de nourriture.
6 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Afrique
Christian Aid/Kevin Leighton
VOIX DES PARTENAIRES
AFRIQUE
Aminata Sawadogo et son petit-fils de 11 ans Souley (au centre) avec ses animaux dans le village de Keleguem, au nord-est du Burkina
Faso. Aminata faisait partie d’un projet d’élevage géré par un partenaire de Christian Aid, Réseau MARP, dans lequel les personnes les plus
vulnérables du village ont reçu chacun un couple d’animaux à la suite d’une crise alimentaire provoquée par la sécheresse. On a demandé
aux bénéficiaires de passer un animal à une autre personne vulnérable dans le village.
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Afrique
7
L’ADAPTATION ET LE
RENFORCEMENT DE LA RESILIENCE
DES COMMUNAUTES SONT
ESSENTIELLES
Herbert Mwalukomo, directeur de programme, Centre de politique et de défense
de l’environnement, Malawi
Comme les gens dans la plupart des pays africains,
les Malawites sont sur la ligne de front des impacts du
changement climatique en raison de leur forte dépendance de
l’agriculture pluviale. Les recherches menées par le Centre de
politique et de défense de l’environnement (CEPA) a montré
que le régime pluviométrique peu fiable met de plus en plus à
risque la viabilité de la culture de montagne, avec la plupart des
activités agricoles entreprises au sein d’écosystèmes fragiles.
Les mots de M. Nkhuleme Ntambalika du District de Balaka
capturent le cri de la plupart des agriculteurs du Malawi:
«Nous avions l’habitude d’avoir des précipitations très
stables qui étaient convenables et non érosives. Ces jours-ci
personne ne sait quand semer. Lorsque les pluies arrivent,
ils sont soit trop peu pour les semis ou trop fortes, si bien
que les champs deviennent engorgés ou érodés. Puis s’en
suit ne longue période de sécheresse qui brûle les graines
germées. Les graines sont perdues dans le processus et nous
sommes obligés de ressemer. Et si nous sommes chanceux,
nous pouvons faire une bonne récolte. Cependant, dans la
plupart des cas, ces jours-ci, les pluies disparaissent lorsque
les cultures comme le maïs sont à des stades critiques de
formation des épis et des panicules. » (2010)
Les effets du changement climatique ont été associés à
la plupart des récentes catastrophes au Malawi qui ont
entraîné des pertes de vie, de cultures et d’infrastructures.
Le ministère chargé de la gestion des catastrophes a profilé
plus de 12 500 ménages affectés de diverses manières par
les inondations, les pluies orageuses et les vents violents au
cours de la saison des pluies 2012-2013. Pendant ces périodes
d’événements extrêmes, l’éducation est souvent perturbée: les
inondations balaient les établissements d’enseignement ou les
transforment en des centres de refuge pour les communautés
touchées. Les femmes sont touchées de manière
disproportionnée par le changement climatique car elles
portent le fardeau des activités où les climats défavorables ont
le plus d’impact, notamment la collecte de l’eau et du bois de
chauffe, et assurer l’accès quotidien à la nourriture.
Dans ce contexte, la nécessité de l’adaptation et du
renforcement de la résilience des communautés ne peut
pas être surestimée. Pour ce faire, un partenariat et un cadre
d’action mondial plus fort est nécessaire au-delà du statu quo.
Le nouveau cadre devrait définir des objectifs distincts pour
le changement climatique et la durabilité environnementale.
Il s’agit notamment de financement, de renforcement des
capacités et de transfert de technologie vers les segments les
plus vulnérables de la société (les groupes socialement exclus
comme les femmes, les enfants, les personnes âgées et les
personnes handicapées).
Les objectifs devraient être livrables assortis de délais pour
accroître la capacité des communautés à faire face et à
s’adapter aux impacts du changement climatique. En outre,
des mécanismes de responsabilisation clairs doivent être
définis pour assurer la réalisation des objectifs globaux
de réduction de la pauvreté, en tandem avec la durabilité
environnementale post-2015.
En conséquence, la reconnaissance du défi climatique et de la
durabilité de l’environnement dans le cadre du développement
post-2015 ne suffira pas, peu importe comment il peut être
articulé, si les mécanismes clairs pour l’action ne sont pas
définis. Le nouveau cadre devrait se renforcer et se construire
sur tous les principes du développement durable, notamment
l’équité inter- et intra-génération, ainsi que le principe
de participation.
Le mécanisme mondial devrait également être construit autour
du principe de «Responsabilités communes mais différenciées
avec des capacités respectives» comme réaffirmé lors de la
récente Conférence des Nations Unies sur le développement
durable (Rio+20). Ces principes devraient constituer la base
d’un mécanisme de financement claire pour permettre la mise
en œuvre d’objectifs communs en vue d’un avenir durable et
prospère pour tous.
Outre la dépendance excessive de l’agriculture pluviale,
la vulnérabilité du Malawi face au changement climatique
est exacerbée par sa faible capacité d’adaptation (résultant de
sa base économique fine), sa capacité agro-industrielle limitée
et sa forte dépendance sur l’énergie de la biomasse. Avec le
bois de chauffe qui représente 88,5 pour cent de la demande
totale d’énergie, la demande nationale de bois de chauffe et de
charbon de bois – estimée à 7,5 millions de tonnes par an – est
bien au-delà de l’offre durable qui est de seulement 3,7 millions
de tonnes par an. La déforestation qui en résulte conduit à la
dégradation des bassins versants et l’envasement, rendant
les champs de culture plus sujets aux inondations et limitant
l’approvisionnement d’énergie à base d’hydro.
Créée en 2002, la CEPA a une vision d’une société juste et
équitable qui favorise le développement durable. Son objectif
est de mener une analyse des politiques et un plaidoyer pour
un environnement et une gestion durable des ressources
naturelles. La CEPA vise à construire des ponts entre la
politique et la pratique, entre les décideurs politiques et les
communautés locales affectées par la mise en œuvre des
politiques, et entre les actions locales et les débats politiques
nationaux ou mondiaux. Entre autres, la CEPA facilite l’accès à
l’information environnementale et à la justice; contribue à la
biodiversité et à l’élaboration des politiques de la
biotechnologie; entreprend des recherches sur les politiques
foncières et de réforme agraire; mène des activités de
renforcement des capacités et de défense de l’environnement;
coordonne les voix de la société civile sur les questions de
politique de changement climatique, et participe aux débats
sur les politiques internationales de changement climatique et
la biodiversité.
cepa.org.mw
8
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Afrique
DÉVELOPPEMENT DURABLE
ET BONNE GOUVERNANCE
M Mathieu Ouédraogo, Président du Réseau MARP, Burkina Faso
Lorsque le gouvernement du Burkina Faso a mesuré le
progrès des OMD en début 2013, il était clair qu’il reste encore
beaucoup à faire, surtout quand on considère que la pauvreté
est encore profondément enracinée.
convenues. La mise en œuvre des OMD peut aider à résoudre
les problèmes liés à l’éducation, à l’accès à l’eau potable et
à l’assainissement, à la sécurité alimentaire et nutritionnelle,
et à la réduction de l’extrême pauvreté.
Des efforts pour atteindre les OMD ont été entravés par
l’émergence des défis nouveaux ou en croissance tels que
les effets du changement climatique et les crises énergétiques
et alimentaires qui ont aggravé les inégalités.
Deux grands principes
L’expérience de Réseau MARP sur le terrain confirme
que, même si des progrès ont été accomplis dans certains
domaines, tels que l’éducation et l’accès à l’eau potable,
la pauvreté reste très répandue, les femmes sont encore
particulièrement touchées et les taux de mortalité infantile
restent élevés. Et il est clair que les communautés – en
particulier les communautés rurales – sont extrêmement
vulnérables aux nombreuses catastrophes et crises qui ont
réapparu au cours des dernières années.
Le but de notre travail sur la réduction des risques de
catastrophe (inspiré par des partenaires tels que Christian Aid
et le Réseau mondial pour la prévention des catastrophes) est
d’offrir des programmes de résilience qui mettent l’accent sur
les communautés elles-mêmes. Il s’agit de développer des
outils pour identifier les pressions sur les communautés au
niveau local.
Par exemple, notre approche de PVCA (évaluations de la
vulnérabilité et de capacité participative) permet à tous les
membres de la communauté – notamment les femmes et
les groupes marginalisés – de se réunir pour comprendre les
risques auxquels ils sont confrontés. Après avoir identifié et
analysé ces risques ensemble, la population locale peut créer
un plan d’action décrivant la meilleure façon d’y répondre.
Le lobbying au niveau national est également essentielle pour
influencer les décisions en faveur du développement durable
et inclusif.
Nous croyons que les efforts visant à créer un nouveau cadre
de développement doivent être soutenus par une volonté
à réduire cette vulnérabilité, en améliorant la résilience des
communautés face aux catastrophes et en renforçant la
résilience économique des personnes les plus vulnérables de
la société, tels que les femmes. Il est essentiel de protéger les
moyens d’existence des populations pauvres et d’améliorer leur
sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Un des principaux avantages de l’atteinte des OMD est qu’ils
constituent un outil et un cadre de référence que les autorités
du Burkina Faso se sont engagées à les mettre en œuvre.
Un plan d’action national est en place pour évaluer les progrès
des OMD et un financement (quoique insuffisant) a été alloué
par l’Etat pour la réalisation des différents OMD. Les OMD sont
un moyen de canaliser les actions de développement (par l’Etat
et les ONG) vers des objectifs précis en fonction des priorités
À notre avis, le futur programme de développement doit
reposer sur deux grands principes: la durabilité et la bonne
gouvernance. Tous les aspects du nouveau cadre doivent être
mis en évidence par un engagement vis-à-vis de la durabilité.
Cela comprendrait la mise en œuvre d’un système économique
durable, équitable et inclusif, la réduction des inégalités et
déséquilibres sociaux, et la gestion durable des ressources
naturelles. En ce qui concerne la bonne gouvernance,
cela peut être réalisé en s’assurant que les activités de
développement sont gérées de manière transparente
et conforme à la justice sociale.
Plus précisément, un nouveau cadre de développement devrait
être basé sur les quatre priorités suivantes:
1 Renforcer la résilience des communautés face
aux catastrophes.
2 Autonomisation des femmes en renforçant leur
résilience économique et en les aidant à acquérir
une voix politique forte.
3 Réduire la mortalité infantile en réduisant
la malnutrition et améliorer l’accès aux services
de santé et d’assainissement.
4 Soutenir la gestion durable des ressources naturelles
et des écosystèmes par l’échange de bonnes pratiques.
Au-delà de cela, nous proposons les objectifs et les indicateurs
suivants:
Objectif 1: Soutenir l’autonomisation économique
des femmes – en particulier dans les zones rurales.
• L’accès des femmes aux moyens de production.
• L’accès des femmes aux sources de financement
pour soutenir les activités génératrices de revenus.
• La participation des femmes dans la prise de décision.
Objectif 2: Renforcer la résilience des communautés face
aux catastrophes.
• Existence d’un système d’alerte précoce qui
fonctionne bien.
• Renforcement des capacités locales pour la prévention
et la gestion des catastrophes.
• Existence d’infrastructure pour la réduction
et l’atténuation des risques de catastrophe.
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Afrique
« Le futur programme de développement
doit être basé sur la durabilité et la
bonne gouvernance »
Objectif 3: Renforcer la capacité des communautés
à s’adapter au changement climatique.
• Mise en œuvre d’activités efficaces d’adaptation
au changement climatique.
Objectif 4: Réduire la mortalité infantile.
• Réduire le taux de malnutrition.
• Augmenter le taux d’accès aux soins de santé.
• Améliorer le niveau de l’assainissement.
Objectif 5: Assurer la gestion durable des ressources
naturelles.
• Existence de mécanismes locaux pour la gestion
des ressources naturelles.
• La croissance du taux d’adoption de pratiques
de gestion durable des ressources naturelles.
• Accès équitable aux ressources naturelles.
• Législation favorable à l’utilisation rationnelle
des ressources naturelles.
Le Réseau MARP a été créé en 1992. En 2007,
en reconnaissance de ses succès dans le domaine du
développement, il a été officiellement reconnu par l’Etat
burkinabé comme une ONG qui sert auprès du public.
Le principe de base de tout le travail du Réseau MARP est
qu’une communauté construit son bien-être grâce à la
participation active de ses membres. Certains domaines clés
sur lesquels il travaille sont: la sécurité alimentaire, la gestion
des ressources naturelles; l’épargne et le microcrédit;
l’intervention d’urgence, la réduction des risques de
catastrophe, et le plaidoyer en faveur des communautés
à risque de catastrophe.
reseaumarpbf.org
9
10 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Afrique
«MIEUX VAUT MOINS, MAIS MIEUX»
Isobel Frye, Directrice, Institut d’Études sur la Pauvreté et les Inégalités,
Afrique du Sud
La société civile en Afrique du Sud a toujours été étroitement
liée à des questions de droits civils et politiques. Bien sûr,
cela a ses racines dans le mouvement de libération
anti- apartheid et le soutien international connexe de solidarité.
Avec l’introduction de la règle démocratique en 1994, la vision
d’une Afrique du Sud transformée et égalitaire était avant tout
dans les discours de transition. Ceci est démontré par les
principes et droits énoncés dans la Constitution de l’Afrique du
Sud, notamment les droits socio-économiques inclus dans le
Bill of Rights. Sur son adoption, notre Constitution finale a été
saluée comme l’une des constitutions les plus progressistes
à l’échelle internationale.
Depuis l’adoption de la Constitution en 1996, toutefois,
l’Afrique du Sud a eu du mal à faire des percées importantes
dans les défis très élevés et interconnectés que son la
pauvreté, le chômage et les inégalités. Diverses causes
structurelles ont été explorées à cet égard – à la fois ceux
enracinée dans les politiques d’exclusion de l’apartheid,
puis des raisons qui en ont suivies, et des choix de politique
macro- économique qui ont été faits.
Un état de développement
Ce à quoi nous sommes actuellement confrontés est une
intersection difficile entre le cadre fondé sur les droits
traditionnels et un cadre plus récent, plus orthodoxe de
«développement». Le premier, comme indiqué, est avancé par
la Constitution, tandis que le second se fonde sur la politique
qui met l’accent sur la réorientation de l’Afrique du Sud dans
un «État développementiste». De nombreux commentateurs
ont questionné le sens de cette expression, et des exemples
ont été pris sur les états de développement est-asiatiques
et les divers enseignements qui priorisent le développement
économique par rapport au développement humain et les droits
de l’homme.
D’après nos recherches à SPII, il est clair que pour beaucoup,
l’espoir d’être en mesure de développer une stratégie de
subsistance durable pour eux-mêmes et leurs familles reste
insaisissable face au chômage qui officiellement est très élevé.
Il semble y avoir un décalage important entre les politiques
interventionnistes conçues et mises en œuvre à tous les trois
niveaux de gouvernement, et les défis et obstacles réels
auxquels les gens sont confrontés. L’économie informelle
croissante semble aussi échapper aux décideurs. Les pauvres
Photo: Christian Aid/Sarah Filbey
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Afrique 11
« Nous croyons qu’une des leçons importantes
à retenir est de nous limiter aux objectifs les plus
cruciaux, les plus visibles et les plus inclusifs. »
et les marginalisés continuent à se trouver à la merci des
politiques qui ne sont pas conçues en fonction de leurs réalités.
En vérité, ces politiques seront toujours difficiles: c’est parce
qu’elles seront toujours situées dans des cadres flous et qui
existent au-delà de l’approche dominante actuelle par rapport
à la relation entre un état politique et une citoyenneté informée,
formalisée, autonome et active.
L’application des droits
Un nouveau cadre de développement doit casser la dissonance
perçue entre les droits et le développement. Les politiques
devraient être audités contre un système d’évaluation centré
sur l’humain qui comprend une vaste recherche qualitative et
qui capture les expériences réelles des gens tentant d’établir
et de maintenir des stratégies de subsistance sûrs. Cela doit
se situé dans une stratégie continue visant à informer les gens
sur leurs droits, et comment les mettre en vigueur face à une
présence de l’Etat qui est souvent, au mieux, chaotique, et au
pire, corrompu et dysfonctionnel.
Ce qu’il faut ce sont des centres de conseil qui font progresser
la connaissance de l’homme, ainsi que des compétences
pratiques en affaires et des informations sur l’accès aux
marchés, au crédit et à d’autres formes d’assistance. Les
politiques doivent aborder les questions difficiles sur la façon
de s’étendre jusqu’au secteur informel, qui, par définition, n’est
pas dans le registre et est invisible. Ceci est illustré dans la
question fondée sur les droits à savoir comment élargir l’accès
à la protection sociale en tant que pays: nous devons donner
la priorité à la façon dont nous nous adressons aux modèles,
rythmes et besoins des personnes opérant sous des formes
atypiques d’emploi et dans les périphéries du secteur formel.
Apprendre des expériences internationales est important,
mais il en est de même pour une prise de conscience de la
nécessité de l’appliquer à des réalités locales, et c’est là que les
gens ordinaires doivent être inclus dans l’audit des politiques,
la conception des programmes et des systèmes de suivi et
d’évaluation.
Malheureusement, les OMD ont eu peu d’impact pratique
sur notre travail en Afrique du Sud. Malgré le fait que le parti
au pouvoir se soit engagé à réaliser les principaux OMD en
2014, un an avant la date butoir des OMD (en raison de la fin
Photo: Des enfants jouant dans l’un des quartiers informels du Cap Town
dans la région de Kayelitcha.
du mandat de l’actuelle administration), il n’y a pas de traction
importante de l’Etat ou de la société civile, de quelque manière
soutenue ou programmatique. C’est une chose qui doit être
abordée dans tout programme post-2015 – à savoir, un accord
concerté sur des cibles et des indicateurs réalistes que les
organismes multi-acteurs peuvent superviser.
Peut-être l’un des défis que nous avons rencontrés en Afrique
du Sud est le nombre apparemment écrasant des plans et des
priorités avec trop peu de foi dans la réalisation d’aucun des
principes fondamentaux. «Mieux vaut moins, mais mieux»
est un appel lancé par un ancien président en Afrique du Sud,
et nous croyons qu’une leçon importante à apprendre est de
se limiter à des objectifs plus importants, plus visibles et plus
inclusifs. Une fois que ceux-ci sont clairement réalisés, il sera
plus facile de choisir et d’appliquer la même énergie et le
même engagement à ceux à venir.
L’Institut d’Études de la pauvreté et de l’inégalité (SPII)
est une fiducie à but non lucratif basée à Johannesburg. Il a été
créé il y a sept ans, principalement pour répondre à une
absence perçue dans la société civile de recherche empirique
sur la pauvreté et les inégalités – recherche nécessaire pour
faire avancer une série de campagnes de la société civile en
Afrique du Sud et de la Communauté de développement
d’Afrique Australe de la sous-région (SADC).
La méthodologie de SPII combine la recherche fondamentale
au niveau de la communauté, avec l’analyse de la politique et
de l’engagement avec le gouvernement, les entreprises et les
syndicats organisés. Parmi les domaines de recherche actuels
se trouve le programme des droits socio-économiques, qui
comprend une campagne d’introduction d’un revenu minimum
de base à l’échelle de la SADC, financé par une taxe sur les
activités d’extraction, et un panier des besoins de base, qui
comprend un revenu primaire des ménages et de projet
de dépenses.
www.spii.org.za
12 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Afrique
LA JUSTICE FISCALE
AU CENTRE
Alvin Mosioma, directeur, Tax Justice Network – Afrique
Beaucoup considèrent l’impôt comme un sujet complexe qui
doit être laissée aux experts, mais l’histoire des économies
développées montre que la fiscalité est au cœur de tout
développement significatif et de construction de l’État.
Cependant, jusqu’à très récemment, le discours international
sur le développement économique dans les pays pauvres a été
dépourvu de toute discussion sur la fiscalité ou de recettes
fiscales comme une source essentielle de financement.
Les OMD ne prête absolument aucune attention à l’impôt, pas
plus que la tant-vanté Déclaration du Millénaire.
La question de savoir comment les gouvernements du monde
financent les écoles, les hôpitaux, les routes et autres services
essentiels n’est pas sorcier. L’impôt est la seule source stable,
fiable et durable de revenus qui peut permettre aux
gouvernements de s’acquitter de leurs obligations face aux
citoyens en garantissant l’accès aux services essentiels
de base.
Il est donc essentiel qu’un nouveau «partenariat mondial pour
le développement» ou objectif sur le financement – comme
celui proposé récemment par le groupe High-Level Panel –
donne la priorité à la fiscalité comme source de financement
du développement. S’adressant à tous les défis et aux
malversations qui nient les pays en développement, leurs
recettes fiscales dûment dû doit être au cœur du tout nouveau
cadre global de développement. Ces efforts devraient inclure
des mesures visant à encourager la production de ressources
fiscales et à restreindre les pertes de revenus des pays pauvres
à cause des systèmes financiers mondiaux erronées.
Avec plus de 1,3 milliards de dollars, soit près d’un cinquième
de la population mondiale vivant avec moins de 1,25 dollars par
jour, c’est un scandale et il est moralement inacceptable que
plus d’argent quitte les pays pauvres pour les pays riches du
nord, et non dans l’autre sens. On estime que pour 10$ US
quittant les pays pauvres il y a dollar qui entre des pays riches.
Des études récentes indiquent que le continent africain perd
plus de 50 milliards de dollars par an en raison de flux illicites.
Il est intéressant de noter que tandis que beaucoup d’accent a
été mis sur la lutte contre la corruption, la plus grande partie
des ressources perdues au détriment du continent est dû aux
fautes professionnelles des entreprises ou par des sociétés
multinationales qui profitent de la faiblesse de la régulation
mondiale pour esquiver le payement de leur part d’impôt.
On estime que 21tn dollars US sont planqués dans des
comptes offshore dans des paradis fiscaux par des personnes
et entreprises fortunées qui contournent ou évitent les impôts.
Photo: Christian Aid/Charlotte Marshall
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Afrique 13
« La réalisation de la justice fiscale doit être
placée au cœur du nouveau programme
post-2015. »
Bien que le lien peut ne pas être immédiatement apparent,
la perte de recettes fiscales dans les pays pauvres est de
l’argent qui pourrait, par exemple, sauver la vie de 150.000
enfants au Kenya qui meurent chaque année parce qu’ils ne
peuvent pas se rendre à l’hôpital à temps en raison du mauvais
état des routes, parce que l’hôpital n’avait pas de médicament
adéquat, parce que le médecin n’était pas disponible, ou tout
simplement parce que l’enfant n’a pas eu assez à manger.
Ambitieux mais pratique
Il est évident – bien que ce ne soit pas le seul facteur – que la
capacité de l’État à fournir des services est directement liée à
sa capacité à générer des ressources suffisantes pour répondre
à ces services. Comme le programme post-2015 prend forme,
nous devrions apprendre des pièges de la réalisation des OMD
et mettre en place des mesures pour nous assurer que le
nouveau cadre n’est pas seulement ambitieux, mais qu’il est
aussi pratique.
À cet égard, je voudrais proposer les recommandations
suivantes, qui, je crois, pourraient contribuer à combler les
vannes qui permettent la fuite des ressources et pourraient
modifier sensiblement le sort des pays en développement.
Considérant que l’évasion fiscale des entreprises représente la
plus importante source de flux financiers illicites, nous devons
obtenir le droit de la gouvernance mondiale et nous assurer que
les sociétés paient leur juste part d’impôt. Cela devrait inclure
des mesures qui rendraient difficile à ces entreprises de se
cachent sous des sociétés écrans anonymes en légiférant pour
la propriété effective – nous devrions savoir à qui appartient
finalement quoi et où. En outre, il est nécessaire d’encourager
un cadre international sur les rapports et échanges
d’informations que font des sociétés sur l’impôt.
les gouvernements dans la bonne direction. Il est important
de noter que tandis que l’évasion fiscale n’est pas maîtrisée,
les gouvernements sont sérieusement compromis dans la
mise en place de systèmes fiscaux progressifs – alors que les
systèmes fiscaux nationaux plus équitables dépendent des
mesures globales de transparence.
Troisièmement, nous devons reconnaître que lorsqu’elle est
appliquée de façon équitable, la fiscalité peut aussi être un
outil qui tient un gouvernement responsable vis-à-vis de ses
citoyens. Un gouvernement du peuple, par le peuple, et pour
le peuple, ne peut être réalisé que lorsque les ressources qui
financent le développement sont générées localement et
lorsque le développement ne dépend pas de l’aide extérieure.
En fin de compte, la réalisation de la justice fiscale doit être
placé au cœur du nouveau programme post-2015. Il faut donc
s’assurer que la bonne part des recettes fiscales est maintenue
dans les pays où les activités économiques significatives
ont eu lieu, permettant ainsi aux États de financer leur
propre développement.
Tax Justice Network (Réseau sur la Justice Fiscale) – Afrique
(TJN-A) est une initiative panafricaine et membre de l’Alliance
mondiale pour la justice fiscale. Il vise à promouvoir
des systèmes de taxation socialement juste, démocratiques
et progressistes en Afrique. TJN-A plaide pour les systèmes
fiscaux qui sont favorables aux pauvres et finance les biens
publics. Il remet en question les politiques et les pratiques
fiscales dommageables qui favorisent les riches et qui
encouragent une inégalité inacceptable.
taxjusticeafrica.net
La transparence doit s’appliquer au niveau mondial, ainsi
qu’au niveau national. Peut-être que ceci n’est pas un «but»
très facile, mais un cadre de développement universel
devra s’attaquer à des problèmes complexes pour être pris
au sérieux.
Deuxièmement, nous devons penser à la façon dont les
nouveaux objectifs de développement durable (ODD) peuvent
promouvoir des systèmes fiscaux nationaux équitables. Dans
de nombreux pays, ce sont les pauvres qui finissent par
payer plus d’impôts en proportion de leur revenu et ce n’est
tout simplement pas juste. Quand les riches sont capables
d’éviter de payer leur juste part d’impôts, le gouvernement
doit compter sur le reste de ses citoyens pour remplir ses
coffres. En Afrique, nous voyons une évolution vers le recours
à la taxe sur la valeur ajoutée, qui se traduit par des hausses
de prix sur les denrées de premières nécessités que les
pauvres peuvent à peine se permettre, comme la nourriture,
les soins de santé et l’éducation. Un but ou objectif sur les
inégalités de revenu, ou un indicateur qui exige la publication
du rapport de la fiscalité directe-indirecte, pourrait encourager
Photo: Mine Mopani Copper en Zambie, qui est en grande partie détenue
par une filiale du géant Glencore FTSE100. La multinationale a été
accusée d’esquiver les impôts en Zambie – une allégation qu’elle nie.
La mine provoque d’importants dommages environnementaux locaux.
Un partenaire de Christian Aid a soutenu un groupe de campagne locale
pour exiger des améliorations pour l’environnement.
14 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Afrique
L’AUTONOMISATION
ECONOMIQUE DES FEMMES
EST VITALE
Écrit par les jeunes femmes de UCF-Angola
Il y a encore de nombreux défis de développement auxquels
l’Angola fait face. Ici, nous décrivons certaines des choses
qui devraient être incluses dans un programme post-2015.
Tout d’abord, l’autonomisation économique des femmes est
essentielle pour éradiquer la pauvreté et les inégalités, afin
d’atteindre le plein développement de la société. Les femmes
et les filles doivent avoir accès à des possibilités de formation
pour développer leurs compétences d’entrepreneurs, à travers
des stages, des bourses et des échanges éducatifs au niveau
national, régional et mondial.
Il est essentiel que l’accès des femmes aux possibilités
d’emploi soit garanti, ainsi que l’adoption de politiques qui
protègent les travailleuses domestiques de l’exploitation.
Des politiques équitables devraient également être mises en
place pour s’assurer que les femmes, jeunes comme vieilles,
aient droit à la terre et à la propriété.
Les barrières sociales et culturelles qui empêchent les femmes
de posséder des biens et des terres doivent être contestées
et enlevées (par exemple, lorsque le partenaire mâle meurt,
l’héritage passe au fils aîné ou, en son absence, à la famille
du mari). Pendant ce temps, l’Angola a ratifié un grand nombre
de conventions et traités internationaux, mais le grand défi est
leur mise en œuvre. Un exemple est la loi contre la violence
domestique, approuvée par le Parlement angolais en 2011.
Il s’agit d’une étape très importante pour la protection des
personnes les plus vulnérables et de punir les auteurs de
violences, mais beaucoup reste encore à faire pour la mettre
en pratique.
Priorité à l’éducation
Les gouvernements devraient également prioriser l’éducation
primaire universelle en tant que première étape pour
aider à construire une société plus critique, éduqués et
responsabilisés. Dans son rapport de suivi des OMD, l’ONU
dit que c’est un objectif où l’Angola a connu plus de progrès.
Pourtant, il y a plus d’écoles privées que publiques dans nos
communautés. De plus, la pauvreté pousse les enfants à
ne pas être scolarisés parce que leurs familles ne peuvent
pas payer les frais scolaires. Nous croyons également que
l’éducation doit être garantie et adaptée à l’âge de l’élève.
Photo: Christian Aid/Lily Peel
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Afrique 15
« Les gouvernements devraient prioriser
l’éducation primaire universelle en tant que
première étape pour aider à construire une société
plus critique, instruite et autonome. »
Les services et les informations sur la santé sexuelle et
reproductrice doivent être disponibles et facilement accessibles
pour les jeunes dans le cadre de la politique de santé du
gouvernement, qui est presque inexistantes dans ce domaine.
Il y a encore un grand obstacle culturel quand il s’agit de parler
de sexe, et les jeunes n’ont pas accès à la contraception. Selon
la Banque mondiale, le taux de fécondité des adolescentes en
Angola était le quatrième plus élevé dans le monde en 2010,
avec 157 naissances pour 1000 filles de 15-19 ans.
Enfin, il est utile de rappeler que le VIH est toujours un défi
pour beaucoup en Angola. Il y a peu d’accès au traitement
antirétroviral pour les pauvres, et très souvent des centres de
santé communautaires n’ont pas de réactifs nécessaires pour
faire des tests VIH. D’autre part, la discrimination contre les
personnes vivant avec le VIH est en baisse parce qu’il y a plus
d’informations diffusées à la radio et à la télévision, par les
campagnes gouvernementales et les militants dans les églises
et les écoles.
Dans les zones rurales, les centres de ressources et les
bibliothèques doivent être encouragés pour que chacun ait
accès à l’information. Le sport et les activités physiques
doivent être encouragés, en particulier chez la jeune femme,
dans le cadre de son développement intégral physique, mental
et intellectuel.
En conclusion, nous pensons qu’il y a suffisamment de
ressources en Angola pour le bénéfice des personnes les plus
exclues de la société, et nous espérons que leurs besoins
seront prioritaires dans les objectifs post-OMD.
Les possibilités de développer des compétences de leadership
chez les jeunes devraient être encouragées. Le leadership
favorise des vertus telles que la connaissance, l’engagement, la
responsabilité et le développement de la confiance: qualités qui
génèrent une société plus juste et d’éthique.
Les femmes leaders sont des modèles d’inspiration pour
les jeunes femmes et peuvent entraîner des changements
positifs dans les communautés. Un exemple est le ministre,
modèle d’inspiration, la Rev. Deolinda Teca, qui est la première
femme secrétaire générale dans l’histoire du Conseil des
Eglises chrétiennes de l’Angola. Les filles et les jeunes femmes
qui participent à nos programmes font la différence dans
leurs communautés et familles. Certaines sont maintenant à
l’université, d’autres ont des emplois. Ce sont les futurs leaders
de l’Angola.
L’éducation a un impact sur la santé de la communauté, et
améliorer la santé des femmes contribue à réduire les taux
de mortalité infantile. Les gouvernements devraient créer et
mettre en œuvre des politiques visant à prévenir les maladies
qui touchent les enfants et assurer leur accès au traitement et
aux médicaments. Par exemple, le paludisme est une grande
menace pour le développement en Angola, alors investir dans
l’éducation et l’assainissement de base permettrait de réduire
les taux élevés de personnes touchées et tués par la maladie.
La majorité des professionnels de la santé de l’Angola sont
des femmes, au service des communautés pauvres dans
les zones rurales et urbaines. Cependant, ils n’ont pas les
ressources adéquates pour mener à bien leur travail. Le pays
a besoin de bien plus que cela : des travailleurs de la santé les
mieux rémunérés. Pendant ce temps, les femmes handicapées
ou avec des problèmes de santé mentale, en particulier les
jeunes femmes et les jeunes filles, sont souvent victimes
de discriminations et d’abus. Des programmes spéciaux
sur la santé sexuelle et reproductive doivent être mis à leur
disposition, en fonction de leurs besoins et des circonstances.
L’UCF-Angola (Union chrétienne des femmes/União Cristã
Feminina) fait partie du réseau mondial, Association
chrétienne des jeunes femmes (YWCA). Il développe un travail
stratégique dans l’éducation, le genre et le VIH, et encourage
les jeunes femmes angolaises à développer leurs capacités,
leur permettant d’intervenir dans les questions d’intérêt public
et de construire une société avec des conditions plus
favorables pour les femmes. L’UCF fonctionne dans les
banlieues déshéritées de la capitale, Luanda, où les taux
de VIH, de discrimination et de violence contre la femme sont
élevés. Il offre des possibilités de travail et des programmes
de formation professionnelle pour les jeunes femmes, des cours
d’alphabétisation, et des campagnes d’éducation par les pairs
sur la santé, les questions sociales et de citoyenneté. L’UCF
s’est également engagé à améliorer la sensibilisation au VIH
chez les jeunes femmes. En de nombreuses occasions,
il a influencé les structures traditionnelles de prise de décision
des hommes, en apportant des questions qui touchent
les jeunes femmes de l’Angola à leur ordre du jour.
worldywca.org
Photo de Profil: écrivains UCF-Angola, de gauche à droite –
Tuiku Kiakayama Elisa, Apolonia Manuel Gabriel, Juliana Feliciano,
Maria Mendes, Eloina Teresa dos Santos, Sofia Ambrosi
Photo principale: les jeunes du projet Girls Building Bridges en Angola
prennent part à un match d’échauffement avant leur classe,
chantant et applaudissant. Girls Building Bridges est un programme
de compétences dans la vie géré par UCF-Angola dans une banlieue
pauvre de la capitale, Luanda.
16 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Afrique
LA SANTÉ MATERNELLE
NE DOIT PAS ETRE OUBLIER
Le Rev Phumzile Mabizela, directeur exécutif, INERELA+
Les femmes ont le droit de décider où et quand avoir
des enfants, indépendamment de leur classe, de leur race et de
leur statut VIH ; pourtant, le droit des femmes vivant avec le
VIH (WLWH) n’est pas encore une réalité.
Il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la santé
maternelle, lutter contre les causes profondes de l’inégalité
entre les sexes et assurer l’accès universel à la prévention,
au traitement, aux soins et au soutien. INERELA+ a un
programme de santé des droits sexuelles et de la reproduction
(SDSR) qui vise à autonomiser les jeunes femmes, notamment
WLWH, et nous aimerions voir leurs besoins satisfaits dans
les objectifs post-2015.
Les politiques et les services de prévention de la transmission
mère-enfant (PTME) ont besoin d’attention particulière. Ils sont
présents dans de nombreux pays, mais leur accès est limité.
Les services ne sont pas encore intégrés: ils sont fournis dans
différents centres et à différents niveaux. Une préoccupation
grave est la pratique faisant pression sur les WLHIV de signer
des formulaires de consentement donnant aux praticiens de la
santé le droit de les stériliser. La signature de ces formulaires,
dans de nombreux cas, a lieu au moment où la femme est en
travail et les conséquences de la procédure ne lui sont pas
clairement expliquées. Cela montre un manque considérable de
connaissances de la PTME et d’autres méthodes de prévention
de la part de ces praticiens.
Ceci est un exemple d’une région qui a un impact profond sur
les droits des femmes et de la santé maternelle. Comme nous
nous tournons vers les objectifs post-2015, il y a clairement
encore beaucoup à faire dans le cadre des OMD existants. Au
Mozambique, en Zambie et en Afrique du Sud, les avortements
dangereux, le paludisme et le VIH représentent directement
et indirectement les causes de décès maternels et autres
complications liées à l’accouchement. Le paludisme reste une
des principales causes de décès maternels. Indirectement, elle
exacerbe les effets physiologiques de la grossesse, avec le
VIH qui frappe dans le système immunitaire de la plupart des
femmes enceintes en Afrique subsaharienne. Dans ces pays,
la transformation des normes socio-culturelles pour faire face
aux mariages précoces, l’infidélité et les causes de dystocie,
reste un défi majeur.
Photo: Christian Aid/Rachel Stevens
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Afrique
17
« Il reste beaucoup à faire pour améliorer la santé
maternelle, lutter contre les causes profondes
de l’inégalité entre les sexes et assurer l’accès
universel à la prévention, au traitement
et au soutien. »
Au Mozambique, le taux élevé de grossesse chez les
adolescentes est un problème. La riposte au VIH a été
faite de différentes manières, par exemple en favorisant un
changement de comportement vers une augmentation de
pratiques plus sûres, notamment l’utilisation du préservatif.
Notre réseau a ainsi vu qu’il est assez crucial de cibler les
chefs religieux et leurs fidèles (principalement les jeunes)
et les former sur la prévention du VIH avec une approche
connue sous le nom SAVE (Pratiques plus sûres, Accès au
traitement, Dépistage et conseil volontaire, et Autonomisation).
L’intégration de l’éducation sexuelle dans les programmes
scolaires est une autre question importante – et l’intégration
de tous les services de SDSR, pour s’assurer qu’ils sont tous
au même lieu, pourrait également encourager les femmes
à rechercher et à utiliser ces services qui pourraient leur sauver
la vie.
Les domaines prioritaires
Nous avons tous besoin d’augmenter notre plaidoyer dans
ces domaines, en particulier sur la SDSR, et une plus grande
implication des acteurs confessionnels serait particulièrement
positif. Entre autres, les domaines suivants devraient être
des priorités, à la fois maintenant et après 2015:
• Augmentation de la protection socio-économique
des femmes
• Changement de politique et législation pour fournir
des méthodes modernes de contraception, impliquant
les femmes dans les stratégies de prévention
pour leur donner plus de contrôle sur leur santé
de la reproduction
• Autonomisation économique des femmes
• Elimination de la violence genre, en particulier veiller
à ce que les minorités sexuelles soient protégées.
Nous, en tant que communauté de foi, nous avons
la responsabilité d’applaudir nos gouvernements pour
les développements positifs, mais aussi les pousser à renforcer
leurs programmes visant à atteindre les OMD 3, 4 et 5.
Les femmes en Afrique sont l’épine dorsale des communautés
et de la société. Les gouvernements doivent investir davantage
dans les programmes qui prolongent leur vie..
INERELA+ est un réseau international de chefs religieux –
laïcs et ordonnés, femmes et hommes – qui vivent avec ou sont
personnellement affectés par le VIH. INERELA+ reconnaît
que les chefs religieux ont une autorité unique qui joue un rôle
central dans l’orientation morale et éthique au sein de leurs
communautés ; en effet, leurs opinions publiques peuvent
influencer des nations entières. INERELA+ cherche à habiliter
ses membres à utiliser leurs positions de respect au sein
de leurs communautés de foi d’une manière qui rompt
le silence, conteste la stigmatisation et fournit la prestation
de services de prévention, de soins et de traitement fondées
sur des données probantes. INERELA+ a son siège à
Johannesburg, Afrique du Sud, et il comprend le réseau
africain, ANERELA+.
inerela.org
• Réduction du taux de grossesse précoce
chez adolescent
• Multiplier la sensibilisation du public sur les questions
de SDSR
• Réduction des taux de décès maternels
• Réduction des taux de transmission mère-enfant
• Programme des droits humains et de l’enfant
• Promotion de stratégies pro-SAVE autour de la SDSR
• Plus de travail avec les hommes, leur permettant
d’adopter des comportements favorables à la santé
Photo: Les enfants chantent, dansent et jouent à un club d’enfants
pour les familles touchées par le VIH, à l’école Eziama Uli dans le sud
du Nigeria. Le club hebdomadaire enseigne aux enfants ce c’est que
le VIH, la santé et les questions morales, en les aidant à faire face
à leur situation.
18
18 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Asie et Moyen-Orient
VOIX DES PARTENAIRES
ASIE ET MOYEN-ORIENT
Christian Aid/Johanna Rogers
Le partenaire de Christian Aid WASSA (Association des activités et des services sociaux des femmes) conduit un projet de traitement
des tomates en Afghanistan, pour l’autonomisation des femmes dans les communautés locales afin de développer des compétences
en affaires et leur permettre de gagner leur vie. Les tomates sont cuites, préparées, conservées dans des bocaux et ensuite vendues
sur le marché local.
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Asie et Moyen-Orient 19
L’EQUITE DOIT ETRE AU CŒUR
DU DEVELOPPEMENT
Jessica Reyes Cantos, co-animateur, Social Watch Philippines
Social Watch Philippines a dirigé le processus de consultation
post-2015 dans mon pays. Alors que nous continuons à
préconiser la réalisation des OMD, nous sommes confrontés
à la triste réalité que dans les Philippines, les OMD en matière
de réduction de la pauvreté, l’accès universel à l’éducation,
le taux faible de mortalité maternelle et de propagation du VIH
ne seront pas atteints en 2015.
Bien sûr, nous avons essayé, et de notre point de vue les
OMD ne représentent vraiment qu’un niveau minimum de
développement – on devrait s’attendre à plus. Nous avons fait
pression sur les législateurs au Congrès pour la réalisation des
objectifs, et plus récemment, sur le gouvernement lui-même,
et nous avons eu quelques victoires.
Il s’agit notamment de gros budgets pour l’éducation des
jeunes déscolarisés, l’agriculture biologique, la formation des
agriculteurs sur les changements climatiques et de l’argent
pour la bonne stérilisation du matériel médical dans les
hôpitaux publics. Mais pendant le gouvernement de Gloria
Macapagal Arroyo, c’était la plupart du temps des victoires
“sur papier”. Les plus gros budgets promis étaient là noir sur
blanc dans le cadre de la Loi de finances générale, mais le
président n’a jamais autorisé son décaissement.
A partir de 2010, le nouveau gouvernement Aquino était
plus réceptif à nos demandes. Nous avons eu des victoires
législatives avec la signature de la Loi sur les soins de santé
universels et de Fonds de la survie du peuple (People’s Survival
Fund and the Universal Health Care Act). Le premier est un
amendement à la Loi sur le changement climatique, ce qui
rendra disponible et mettra a disposition davantage de fonds
pour l’adaptation au changement climatique ; ce dernier est
un amendement à la charte Philheath, qui dépolitise l’accès
aux cartes de santé qui étaient auparavant distribués par les
politiciens. Bien sûr, le passage dans la loi de la proposition
de loi sur la santé de la reproduction est une mesure
très attendue.
Le peuple avant les profits
Nous avons également travaillé au niveau du gouvernement
local, dans le but de rendre les budgets des collectivités locales
plus intéressant pour la population et sensible à la réalisation
des OMD. Nous avons ciblé les agriculteurs, les pêcheurs,
les peuples autochtones, les vendeurs du marché, les jeunes
et les groupes de femmes, les personnes âgées et les
conducteurs de tricycle. Nous les avons éduqués sur la façon
dont les dépenses de l’administration locale sont décidées
et leur avons appris à lire et à analyser les rapports budgétaires
et d’audit.
A notre grande surprise, nous avons constaté que les gens ne
sont pas seulement intéressés à la façon dont leurs impôts
sont dépensés – ils ont aussi réalisé à quel point certains des
services sociaux de base étaient mal financés, et ils étaient
prêts à aider à stimuler les recettes locales. Par exemple,
ils ont encouragé les parents dans la capitale Manille et d’autres
villes à payer leurs impôts communautaires dans leurs villes
natales, plutôt que dans les zones urbaines, en sachant
que ces zones urbaines ont déjà de gros revenus locaux
pour commencer.
Cela a permis d’atteinte certains résultats. Par exemple,
dans une petite ville dans les Visayas, une nouvelle salle
de classe a été construite avec les taxes supplémentaires
que les gens ont contribué à collecter pour leur gouvernement
local. Ce genre de sensibilisation, de participation du public
et de disponibilité de l’information sera essentielle si les
gouvernements veulent atteindre les objectifs post-2015,
qui nous l’espérons, seront encore plus ambitieux que
les OMD.
Mais nous avons besoin de bien plus que de l’argent et de
l’information. Nous avons besoin d’une remise en cause
fondamentale de notre modèle économique. Oui, il y a
croissance économique dans les Philippines, mais elle
est accompagnée par une grande inégalité, de chômage,
de sous- emploi et de dégradation de l’environnement.
Donc, notre message central est le suivant: le post-2015 ne doit
pas être comme d’habitude. Le peuple doit passer avant les
profits, la responsabilité sociale des entreprises ne devrait pas
être une réflexion après coup, et les partenariats mondiaux
sont la voie à suivre. Nous avons besoin d’un commerce plus
équitable, d’aide, d’investissements réels plutôt que les flux
de capitaux à court terme, et d’un financement pour parer
au changement climatique plutôt que de remboursements
de dettes.
Ces principes devraient être au centre des OMD eux-mêmes.
A présent, planifier pour 2015 et au-delà nous donne enfin
la chance d’en faire une réalité.
Social Watch Philippines est une alliance de plus de 100
organisations de la société civile (OSC) et de réseaux. Il fait
partie d’un réseau mondial, Social Watch, qui regroupe les
§coalitions nationales des OSC qui luttent pour éradiquer la
pauvreté et les causes de la pauvreté, pour mettre fin à toutes
les formes de discrimination et de racisme, et pour assurer une
répartition équitable de la richesse et la réalisation des droits
humains. Il est attaché à la paix et à la justice sociale,
économique, environnementale et l’égalité. Social Watch tient
les gouvernements, le système des Nations Unies et les
organisations internationales responsables de la réalisation
des engagements nationaux, régionaux et internationaux
pour éradiquer la pauvreté.
socialwatchphilippines.org
20 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Asie et Moyen-Orient
PAS DE DEVELOPPEMENT
SANS L’ELIMINATION
DE LA DISCRIMINATION
BASEE SUR LES CASTES
N Paul Divakar, secrétaire général et fondateur de la Campagne
nationale de droits humains de Dalit (à gauche), et Lee Macqueen
Paul, officier de recherche et de plaidoyer, National Dalit Watch, Inde
Le programme post-2015 doit concilier réduction de la pauvreté
et durabilité environnementale. Les débats ont jusqu’ici
reconnu la nécessité de promouvoir l’inclusion sociale par
des changements structurels. 18Cependant, le manque de
concentration sur les droits de l’homme – notamment les droits
d’accès aux terres et aux ressources naturelles – est décevant.
Cela reflète peut-être la nature verticale de la fixation de
l’objectif mondial, avec son parti pris en faveur des bailleurs de
fonds et des avis d’experts, qui surplombe souvent les intérêts
des plus marginalisés.
La situation des groupes les plus vulnérables de l’Asie du Sud,
notamment les dalits (anciennement dénommés « intouchables
») et adivasis (populations autochtones), reste déplorable
et est soutenue par la discrimination fondée sur l’emploi et
l’ascendance (DWD), 19 – un problème qui touche environ 260
millions de personnes à travers le monde.
Les personnes touchées par la DWD souffrent d’un manque
de reconnaissance de leurs droits, notamment l’accès aux
ressources naturelles dont dépendent leurs moyens de
subsistance ou qui leur appartenaient à l’origine sont de plus
en plus restreint et limité.20 Un exemple est le barrage dans
le district de Bijapur Almatti du Karnataka, où la submersion
de vastes zones de terres fertiles a donné lieu à la plus grande
réhabilitation et de processus de réinstallation du monde.
Dans de nombreux endroits à travers l’Asie du Sud,
l’épuisement des nappes d’eau souterraines et l’utilisation
inappropriée de produits chimiques agricoles pour les
cultures commerciales causent des dommages écologiques
et l’augmentation des coûts de production ; avec les dalits
et adivasis qui dépendent de l’aquaculture et de l’agriculture
comme ceux qui le plus souvent sont les plus durement
touchés.21 Certains supportent les impacts de la destruction
des écosystèmes plus fortement que d’autres, avec les
coûts retombant sur des groupes vulnérables et exclus
peu reconnues.
Les notions de la «propriété» de l’environnement et des
ressources naturelles posent des problèmes particuliers
pour ces groupes. Les dalits traditionnellement, et
institutionnellement, ont été gardé à l’écart de la propriété
des ressources naturelles, en dépit du fait qu’ils dépendent
fortement de ceux-ci pour leur subsistance. Pendant ce temps,
les communautés adivasis fréquemment ne reconnaissent
pas la propriété individuelle de la terre et des ressources,
pour lesquelles ils ont traditionnellement eu une gestion
Photo: Christian Aid/Sarah Filbey
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Asie et Moyen-Orient
21
« Le programme post-2015 devrait être
fondée sur les principes de justice sociale
et économique, l’égalité et l’inclusion
des communautés les plus vulnérables
dans toutes les actions et initiatives nationales. »
commune. Les implications juridiques et économiques des
modèles de conservation de la biodiversité qui attribuent une
valeur économique à la conservation des ressources naturelles
influent donc sur ces groupes de façon très spécifique.
La privatisation et la politique néo-libérale ont fait beaucoup
de mal aux communautés indiennes dépendantes de la
biodiversité/ressources naturelles pour leur survie et leur
subsistance. Les changements de saisons – étés, moussons
et hivers – ont perdu leur équilibre et périodicité: la culture a
été durement touchée, provoquant une migration de détresse
sans sécurité sociale. Le changement climatique et les projets
de développement mal conçus dans la plupart des régions de
l’Inde ont augmenté la vulnérabilité face aux inondations et
aux sécheresses, et l’appauvrissement de la biodiversité nuit
aux modèles agricoles. Les communautés dalits et adivasis,
et autres minorités socialement marginalisées, ont du mal à
composer avec ces changements.
Freins et contrepoids strictes
Le programme mondial post-2015 se révélera fructueux
dans le contexte indien s’il s’agit d’assurer l’inclusion des
communautés qui dépendent de la biodiversité (dalits et
adivasis) selon toutes les mesures de préparation, d’adaptation
et d’atténuation, vis-à-vis des modèles de changement
climatique et de la fréquence de croissante et ainsi que de
l’intensité des catastrophes naturelles. Elle devrait également
soutenir la redistribution des terres et reconnaître les droits
collectifs sur les ressources.
S’accrochant à une vision globale d’un monde sans pauvreté,
le gouvernement Indien a besoin de mettre en place de strictes
freins et contrepoids pour assurer la responsabilisation des
sections les plus pauvres et des exclus de la société, et de faire
respecter les droits humains des communautés marginalisées.
Pour assurer l’inclusion sociale de ces communautés, les droits
sur les ressources naturelles doivent être reconnus, protégés
et garantis. Cela permettrait également de contribuer à la
conservation, étant donné que les groupes traditionnellement
dépendants des ressources naturelles comme leurs moyens
de subsistance ont aussi souvent protégé et conservé
ces habitats.
Le plan d’action national du gouvernement sur le changement
climatique (PNACC) comprend des mesures visant à
promouvoir et à étendre la sensibilisation de ses programmes
d’adaptation et de préparation au changement climatique
dans ces communautés. Il comprend également des mesures
visant à reconnaître et à cartographier les vulnérabilités des
communautés qui dépendent des ressources naturelles
et de la biodiversité, et à créer des possibilités d’emploi
pour arrêter les décès dû a la pauvreté et de la migration
de détresse.22 Sur le plan mondial, les trois conventions
de Rio sur la biodiversité, les changements climatiques
et la désertification abordent également des questions
interdépendantes qui doivent concorder avec le programme
post-2015, avec un accent sur les communautés non
reconnues et les groupes socialement exclus dans la région.
Alors que certaines propositions actuelles focalisent
leur attention à juste titre sur « l’appauvrissement
de l’environnement » à travers les activités des
entreprises/ industries, et sur les« économies vertes »,
il est grand temps que les pays vérifient l’impact des activités
de développement sur les groupes les plus pauvres.
Le programme post-2015 devrait être fondée sur les principes
de justice sociale et économique, l’égalité et l’inclusion des
communautés les plus vulnérables dans toutes les actions et
initiatives nationales, notamment sur les questions de durabilité
de l’environnement.
L’ordre du jour devrait être un appel clair à l’action et doit
contenir des objectifs mesurables très spécifiques et bien sûr,
le principe de consultation de la communauté impliquant les
organisations de la société civile locales et nationales doit être
non négociable.
La Campagne nationale droits humains des dalits (NCDHR)
est un forum commis à l’élimination de la discrimination
fondée sur la caste. Créé en 1998, elle réalise plusieurs
émissions de campagne plaidant pour différents droits pour
les dalits et les adivasis, en utilisant des mouvements
thématiques distincts. Il s’agit notamment de: All India Dalit
Mahila Adhikar Manch (AIDMAM); Mouvement Dalit
nationale pour la justice (NDMJ); Dalit Arthik Adhikar
Andolan (DAAC) et National Dalit Watch (NDW);
ainsi que les travaux de plaidoyer national et international.
ncdhr.org.in
L’Observatoire National Dalit est une initiative de NCDHRDAAC. Il a développé des outils et méthodes pour identifier,
dénoncer et documenter la discrimination au sein de l’aide
humanitaire. Grâce à un suivi régulier des initiatives
de réduction des risques de catastrophe, il a engagé
des processus de sensibilisation et de mobilisation pour faire
pression sur l’Etat et les principaux acteurs humanitaires afin
qu’ils prennent des mesures correctives et instituent
un environnement politique qui reconnaît et contre
de telles discriminations..
http://nationaldalitwatch-ncdhr.blogspot.co.uk
Photo: Une équipe de collecteurs de miel adivasis au District
d’Udaipur, Rajasthan. Un partenaire de Christian Aid en Inde a appuyé
les producteurs forestiers en fournissant des vêtements de protection,
ainsi que les cartes d’identité pour les protéger des harcèlements
par des agents forestiers.
22 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Asie et Moyen-Orient
UNE REPONSE GLOBALE,
NATIONALE ET LOCALE
AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
Dr Dwijen Mallick, camarade, Bangladesh Centre for Advanced Studies (BCAS)
Le Bangladesh est l’un des pays les plus vulnérables aux
impacts du changement climatique. Il a une forte densité
de population (plus de 160 millions sur 147 500 km2), une
pauvreté généralisée et une multitude de problèmes de
développement. Ce sont les pauvres qui sont le plus durement
touchés par la variabilité et les extrêmes climatiques dans
différentes régions du pays (cyclones et les zones côtières
affectées par la salinité, les hautes terres sujettes à la
sécheresse, les îles riveraines touchées par les inondations
et les zones humides du bassin de Hoar).
Cela a conduit à la migration des ruraux vers les villes en quête
d’emploi et de meilleures conditions de vie, où ils finissent
par vivre dans des bidonvilles sans infrastructures de base et
souffrant de difficultés économiques, d’insécurité alimentaire,
de manque d’eau potable, de problèmes d’assainissement,
de risques de santé et d’insécurité sociale. Plus de 40% de la
population de la ville de Dhaka vivent dans des bidonvilles et à
la périphérie dans des logements insalubres. Les gens dans les
milieux ruraux et urbains détruisent la capacité de charge de
l’environnement pour leur intérêt économique. Le renforcement
des capacités d’adaptation et la résilience au changement
climatique sont essentiels pour relever les défis sociaux
et environnementaux.
Progrès limité et obstacles
à la réalisation des OMD au Bangladesh
Dans la dernière décennie, le Bangladesh a fait des progrès
louables vers certains OMD, notamment dans les domaines
de la réduction de la pauvreté, la scolarisation au primaire,
la santé maternelle, la mortalité infantile, la réduction des
disparités entre les sexes et l’autonomisation des femmes.
Cependant, il y a eu peu de progrès pour assurer la durabilité
de l’environnement – et les réalisations des OMD ont
été gênés par l’impact du changement climatique et des
catastrophes naturelles, tels que les cyclones, les tempêtes
et les inondations fréquents et dévastateurs.
Le gouvernement du Bangladesh a élaboré une stratégie
de changement climatique et un plan d’action (BCCSAP),
mais il y a un manque d’action sur le terrain pour lutter contre
les impacts. Et les effets des changements climatiques ont
un impact négatif sur la réduction de la pauvreté, la sécurité
alimentaire, l’approvisionnement en eau, la santé, la sécurité
sociale et la durabilité environnementale. En outre, l’orientation
inadéquate de la politique, la faiblesse institutionnelle,
la mauvaise mise en œuvre, et un manque de ressources
et de technologies sont tous les obstacles aux progrès futurs.
L’impact économique du changement climatique ne peut
pas être sous-estimé. Les derniers super cyclones au
Bangladesh ont affecté l’agriculture, la pêche et les moyens
de subsistance en milieu rural, ce qui aggrave la pauvreté
dans les districts côtiers. L’augmentation de la salinité,
l’engorgement par l’eau, les hautes marées et des niveaux
élevés de la mer dans les régions côtières, ainsi que les
inondations dévastatrices et la sécheresse dans d’autres
régions, ont endommagé les ressources et les biens causant
d’énormes pertes économiques pour les communautés
vulnérables. Des études récentes par le BCAS et l’Institut
international pour l’environnement et le développement (IIED)
ont suggéré que la perte et les dommages dus à la variabilité
climatique et les phénomènes extrêmes pourraient même
s’amplifier dans un proche avenir. Ce sont les communautés
pauvres et marginalisées (populations autochtones, pêcheurs,
agriculteurs, femmes, enfants et personnes âgées) qui sont
les plus vulnérables aux conséquences locales du changement
climatique, et pourtant ils ne sont pas responsables – c’est une
grande injustice.
Plus de 60% de la population dans le monde en
développement, notamment au Bangladesh, dépendent des
ressources naturelles (terre, eau, forêts, pêche, biodiversité)
et des écosystèmes pour leur subsistance. Les facteurs
climatiques ont une incidence sur ces ressources et
compromettent les moyens de subsistance et les potentialités
des communautés pauvres, menaçant leur sécurité alimentaire
et nutritionnelle et l’emploi, puis contribuent à l’augmentation
de l’exode rural au Bangladesh. Beaucoup de migrants
climatiques sont contraints de vivre dans les bidonvilles et,
par conséquent, il y a des pressions énormes sur l’écologie
urbaine et sur les services de base tels que le logement,
l’approvisionnement en eau, l’énergie et l’assainissement.
Le processus a déjà intensifié la concurrence pour des
ressources limitées conduisant à des conflits sociaux,
la violence et la violation des droits de l’homme.
Le changement climatique a accru l’inégalité et l’injustice entre
et à travers les régions et les pays, et au sein des sociétés.
Les pays riches ont créé les problèmes et ce sont les pays
pauvres et les couches les plus pauvres de la société qui en
souffrent le plus. Cela va générer davantage des inégalités
inter et intra-générationnelle et de l’injustice, à moins
que des mesures d’atténuation appropriées, d’adaptation
et de réduction des risques de catastrophe (RRC) soient
prises d’urgence. Le long bras des impacts du changement
climatique est susceptible de porter atteinte aux divers droits
fondamentaux de l’homme et de la sécurité de base, et affecter
les réalisations de l’ère post-2015. Les réponses locales,
nationales et globales pour faire face au changement climatique
devraient être fondées sur les principes d’équité, d’impartialité
et de justice pour les pauvres.
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Asie et Moyen-Orient 23
« Le défi devant nous est de savoir comment
rendre le processus de développement
et les résultats plus résilients au
changement climatique. »
Photo: Christian Aid/Steven Buckley
Les défis du développement résilient
au changement climatique
Les problèmes du changement climatique et de la destruction
des ressources naturelles, de l’environnement et des
écosystèmes ont été créés par le développement inégal,
ainsi que la production et la consommation non durable,
le commerce et les affaires. Le défi devant nous est de
savoir comment rendre le processus de développement et
les résultats plus résilients au changement climatique. Si
le progrès doit être durable, il faut donc assurer la sécurité
alimentaire à long terme, l’eau, les moyens de subsistance,
la santé et la sécurité sociale (face aux millions de migrants
climatiques) pour les communautés pauvres et vulnérables.
Cela nécessitera une énorme quantité de ressources,
de nouveaux savoirs, de technologies, de compétences et de
renforcement des capacités. Lors de la dernière Conférence
des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), il a
été fortement ressenti qu’une nouvelle voie de développement
fondé sur la croissance verte à faible émission de carbone
et la résilience au changement climatique qui doit maintenir,
assurer et reconstruire le capital naturel, ainsi que les atouts
économiques critiques et les ressources pour l’intérêt public.
Maintenant, nous nous dirigeons vers les ODD, et de
nombreux pays pauvres n’ont pas encore atteint les objectifs
des OMD. En outre, pendant que les OMD étaient pour les
pays pauvres, les ODD devrait être pour tous les pays: il existe
un risque que les perspectives et les priorités des pays pauvres
– comme la réduction de la pauvreté, les questions de sécurité
alimentaire, d’eau et de santé – pourrait être compromise
dans l’ère post-2015. Toutefois, les organisations de la société
civile et la communauté de recherche au Bangladesh aident le
gouvernement à identifier des objectifs et des cibles appropriés
pour un cadre post-2015, mettant l’accent sur la durabilité
environnementale, notamment la protection sociale pour les
personnes touchées par le changement climatique, la gestion
des risques de catastrophes et la sécurité de l’énergie
pour tous.
Le cadre post-2015 doit tenir sérieusement compte de la
justice climatique et des questions de droits de l’homme.
Il doit également fournir des réponses globales, nationales et
locales sur la base de l’équité et de la justice pour les pauvres.
La durabilité de l’environnement au niveau mondiale, national
et local, la résilience au changement climatique et la protection
des droits de l’homme sont tous interconnectés. Nous devons
atteindre ces objectifs simultanément et collectivement.
Le Bangladesh Centre for Advanced Studies (BCAS) est un
institut de politique non-gouvernementale, de recherche et de
mise en œuvre qui travaille sur le développement durable aux
niveaux local, national, régional et mondial. Cet organisme
indépendant à but non lucratif a été créé en 1986, et en plus de
25 ans, il a grandi pour devenir un institut de recherche de
pointe dans le secteur non gouvernemental au Bangladesh et,
plus largement, en Asie du Sud.
www.bcas.net
Photo: Les membres du projet Pani Parishad (Conseil de l’eau) dans
le village de Banagram, Bangladesh, ont installé trois puits tubulaires
profonds avec le soutien du BCAS. Grâce au travail de la Pani Parishad,
les villageois ont appris que l’accès à l’eau potable est un droit, et non
un luxe.
24 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Asie et Moyen-Orient
L’INCLUSION DES FEMMES
EST UNE NECESSITE ABSOLUE
Leeda Yaqoobi, directrice adjointe, Afghan Women’s Network
De notre point de vue, tout nouveau cadre de développement
ou objectifs post-2015 devraient se concentrer, sans doute,
sur l’inclusion concrète des femmes dans tous les aspects
de la vie sociale, économique et politique. Il faudra aller au- delà
de l’OMD 3 et d’une focalisation étroite sur l’éducation.
L’application de la législation existante et la mise en œuvre
des mesures déjà convenues sont essentiels.
À ce jour, la plupart des objectifs qui ont été fixés pour
promouvoir la participation des femmes n’ont pas pu se traduire
en actions. Par exemple, le Programme Paix et Réconciliation
en Afghanistan soutient que les femmes et les minorités
doivent être consultées. Cependant, les efforts pour mettre
en œuvre cela et pour engager les femmes ont été minimes
et doivent être améliorés. Les pays donateurs et les partenaires
de mise en œuvre sont laissés hors du crochet trop facilement
et les excuses sont trop fréquentes. «Nous avons appelé les
femmes à venir, mais aucune ne s’est présentée pour participer
au processus», est un refrain régulier.
Des excuses similaires sont données pour justifier l’échec
de l’atteinte de l’objectif que le gouvernement afghan s’était
fixé sur les recrutements dans la fonction publique : 30 pour
cent de femmes dans la fonction publique. Pourtant, il existe
des exemples de ministères et sociétés où les femmes ont
été protégées avec succès en raison de l’engagement et de la
volonté des dirigeants.
Par exemple, le Ministère du Développement Urbain a 30 pour
cent de postes d’ingénieurs de génie civil occupés par des
femmes, y compris une femme ingénieur nommée Directrice
du Département du Développement Urbain dans une province
du Nord. Cela n’a été possible que grâce à l’engagement de
la haute et moyenne hiérarchie du ministère. Pourtant, le
Ministère de la Réhabilitation Rurale et du Développement
- le chouchou des bailleurs de fonds – n’a pas embauché
d’ingénieurs de génie civil de sexe féminin parce que les
femmes, prétendument, ne pouvaient pas être des ingénieurs
de génie civil.
Reconnaitre la réalité de la vie des gens
Il ya plusieurs raisons sous-jacentes pour la sous-performance
existante qu’un cadre post-OMD pourrait aborder.
L’éducation est l’une des raisons mais des centaines de filles
obtiennent leur diplôme des universités publiques et privées
de l’Afghanistan chaque année, de sorte qu’elle ne peut pas
tout expliquer.
Nous devons étendre l’éducation, mais nous avons besoin
aussi d’explorer les obstacles qui empêchent les filles et les
femmes d’avoir des opportunités d’emploi rémunéré et de
participer à la vie publique. Souvent, les filles et les femmes
ne se présenteront pas lorsque des candidats potentiels sont
recherchés. C’est parce qu’elles n’ont pas de services de
garderie pour leurs enfants, elles n’ont pas accès à un transport
sûr et sécuritaire pour aller au travail, et les heures de travail
sont tellement rigides qu’elles les empêchent de maintenir
un équilibre entre leur vie professionnelle et privée. La même
chose vaut pour les réunions de consultation, lorsqu’on appelle
souvent les femmes sans leur donner un préavis suffisant pour
organiser le transport et la garde de leurs enfants.
Telle est la réalité de la vie des gens et cela doit alors être
reconnu dans un nouveau cadre de développement. L’inclusion
des femmes est une nécessité absolue, mais ne peut pas être
acquise à moindre coût. Le programme de développement
post-2015 doit donc inclure des objectifs précis pour s’assurer
que les fonds sont alloués par les budgets publics et les
bailleurs de fonds afin de permettre la pleine participation
des femmes aux activités.
Nous aurons besoin de penser à la façon dont les objectifs sont
mis en œuvre au niveau national. Il faudra mettre en place un
moyen de surveiller et de faire respecter la mise en œuvre de
la législation et d’autres accords internationaux. Par exemple,
un conseil de gestion pourrait être mis en place pour identifier,
enquêter et faire le suivi de toute violation, avec des rapports
publics des résultats sur une base trimestrielle.
De nouveaux objectifs devraient également aboutir à des
lignes budgétaires spécifiques qui permettent aux femmes
de participer à l’emploi et la vie publique. Il s’agira notamment
de financer la prestation de services de garderie, de transport
adéquat et sécuritaire, la mise à disposition de toilettes au
travail et des heures de travail flexibles.
Fondé en 1995, le Afghan Women’s Network (AWN)
« Réseau des femmes afghanes », est la pierre angulaire
du mouvement des femmes de l’Afghanistan. Il sert de réseau
bien établi pour le nombre croissant d’organisations
et d’individus travaillant pour l’autonomisation des femmes
afghanes et pour assurer leur participation égale dans la
société afghane. L’AWN représente les intérêts de plus de 110
organisations membres et près de 5 000 personnes. Ce réseau
à but non lucratif, non partisan, a une forte présence dans
plusieurs provinces afghanes. Son bureau principal est situé
à Kaboul, tandis que ses bureaux régionaux sont basés à Herat
et Jalalabad. Il agit pour la paix et la sécurité des femmes,
la participation et le leadership politique des femmes
et les droits juridiques et sociaux des femmes.
afghanwomennetwork.af
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Asie et Moyen-Orient 25
UN CADRE BASÉ SUR LES DROITS
POUR LE CHANGEMENT DURABLE
Bihter Moschini, chargé de programme et de recherche,
Réseau des ONG arabes pour le développement
À une époque où la communauté de développement mondiale
est concentrée sur l’achèvement des OMD et la planification
de l’agenda post-2015, la région arabe est en pleine transition
politique dramatique avec l’escalade des tensions sectaires
et civiles. Tous ces facteurs ont des répercussions énormes
et dévastatrices sur la paix, la stabilité et le développement
dans la région. Les soulèvements qui ont commencé à la fin
2010 reflètent bien cela. Les gens qui demandent la liberté, la
dignité, la participation et la justice sociale ont appelé à mettre
fin à toutes les formes d’exclusion : que ce soit économique,
politique, sociale ou culturelle. Ces exigences rappellent
l’objectif mis en avant par la Déclaration du Millénaire en 2000 :
à savoir, « la responsabilité collective de faire respecter les
principes de la dignité humaine, l’égalité et l’équité au niveau
mondial ». Elles reflètent également la volonté du peuple à voir
une véritable action pour assurer un développement équitable.
À cet égard, un nouveau cadre qui pourrait contribuer aux
besoins de la région doit adopter une approche globale du
développement : celle qui prend en compte les droits politiques,
sociaux, économiques, environnementaux et culturels. Elle doit
placer les citoyens et l’universalité, l’indivisibilité,
l’interdépendance et l’interconnexion de leurs droits humains au
centre. Étant donné que les défis du développement dans la
région arabe reflètent également la gouvernance mondiale
problématique elle-même, le nouveau cadre doit démocratiser
la gouvernance mondiale en renforçant la participation des pays
en développement au processus décisionnel et en s’appuyant
sur un système basé sur l’égalité de la participation et sur des
responsabilités communes mais différenciées.
Ce que nous avons appris du cadre des OMD, en particulier
dans la région arabe, est très significatif. Les soulèvements ont
clairement démontré l’absence de liens directs entre la
croissance économique et le développement. Les économies
rentiers des pays arabes ont adopté des modèles de croissance
qui ont négligé les objectifs de développement humains et les
droits économiques et sociaux. Les décideurs ont donné la
priorité à l’intégration dans l’économie mondiale à travers le
commerce et la libéralisation des investissements, les
emprunts, l’expansion des opérations de privatisation et les
partenariats public-privé, ainsi que la déréglementation
économique globale. Même si la plupart des pays ont
enregistré une croissance économique, la pauvreté, le chômage
et les inégalités ont augmenté de façon spectaculaire.
La croissance induite par le marché dérégulé a contribué à léser
les pauvres, et les systèmes politiques ont été incapables de
mettre en œuvre des contrôles et des équilibres. Bien que ce
soit numériquement, les pays ont fait des progrès sur les
objectifs spécifiques des OMD sur la santé et l’éducation, ce
qui ne signifie pas que le progrès correspondant a été fait sur
les problèmes sous-jacents causant la pauvreté. Le fait que ces
marqueurs de réussite ne reflètent pas de manière adéquate la
situation sur le terrain démontre de la courte vision du cadre et
des objectifs. En effet, suite à une consultation régionale sur
l’agenda post-2015 organisé par l’ANND, les groupes de la
société civile dans la région arabe ont appelé à l’objet principal
du débat qui consiste à passer de la simple définition de
nouveaux objectifs et cibles pour l’après-2015, vers l’analyse
des causes profondes de la pauvreté et comment les aborder.
Le 30 mai 2013, le Panel de Haut Niveau a publié son rapport
sur un cadre post-2015, en introduisant 12 nouveaux objectifs
dans une autre période de 15 ans. Bien que les questions et les
défis énumérés soient louables, les propositions tiennent une
fois de plus une approche étroite, plutôt que de chercher des
changements de transformation. Nous ne pouvons pas nier que
le rapport comporte des aspects positifs - par exemple,
‘l’universalité’, ‘un objectif autonome pour l’autonomisation des
femmes et l’égalité des genres, une reconnaissance du ‘lien
entre l’environnement et le développement’, ‘la reconnaissance
de la paix comme pierre angulaire du développement durable’
- mais il ne forge pas une nouvelle voie. Il met l’accent sur la
croissance induite par le marché mais ne se concentre pas sur
le développement du secteur productif ; l’accent est mis sur la
création de bons emplois, mais aucun objectif n’est dédié à
assurer un travail décent. L’obligation de rendre compte est
mentionnée mais dépend fortement des mécanismes
d’autorégulation qui n’existent tout simplement pas dans la
région arabe. Les droits humains sont abordés mais les droits
économiques et sociaux sont relégués en second plan en se
faisant appelés besoins de base.
Enfin mais pas des moindres, pour la région arabe et bien
d’autres, le lien entre la paix et le développement est essentiel
- et en mentionnant simplement le conflit interne, le rapport ne
tient pas compte de l’impact réel des conflits externes sur la
limitation du développement. Dans la région arabe cela est clair:
le conflit en cours et non résolu entre Israël et la Palestine,
et l’impact de la crise syrienne sur la région, tous les deux
démontrent comment le conflit fait reculer et entrave le
développement. À cet égard, le programme post 2015 doit
reconnaître l’importance d’assurer une paix juste et durable.
Quinze années se sont écoulées en un clin d’œil, et autres
15 années en feront de même. L’adoption d’un nouveau cadre
et de développement durable, répondre aux besoins de toutes
les personnes avec une approche holistique qui prend en
compte les droits politiques, sociaux, économiques,
environnementaux et culturels, sera la seule façon d’apporter
des changements durables.
Le Réseau d’ONG arabes pour le Développement (ANND)
travaille dans 12 pays arabes, avec sept réseaux nationaux
et une adhésion élargie de 200 OSC. Il vise à renforcer le rôle
de la société civile, rehausser les valeurs de la démocratie,
le respect des droits de l’homme et le développement durable
dans la région. L’ANND prône pour des réformes socioéconomiques plus saines et plus efficaces dans la région,
et qui intègrent les concepts de développement durable,
la justice de genre et l’approche fondée sur les droits.
annd.org/english
26 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Amerique Latine et Caraïbes
VOIX DE PARTENAIRES
AMERIQUE LATINE
ET CARAÏBES
Christian Aid/Hannah Richards
Alivio Aruquipa dans son champ de maïs sous le glacier Illimani à La Paz, en Bolivie. Sa communauté est l’une des nombreuses
qui dépendent de la fonte de neige du glacier pour avoir de l’eau pour irriguer leurs cultures. Comme la masse de glace sur le glacier
rétrécit, cette précieuse source d’eau est en baisse. «Nous sommes ceux qui sentent l’impact du changement climatique, nous sommes
ceux qui souffrent, dit Alivio. Le partenaire de Christian Aid Agua Sustentable a travaillé avec sa communauté à construire un réservoir.
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Amerique Latine et Caraïbes 27
UNE APPROCHE HOLISTIQUE VERS
UN PROGRAMME DE DURABILITE
ENVIRONNEMENTAL
Mónica López Baltodano, chargé de changement climatique, Centro Humboldt,
Nicaragua
Nous croyons que nous devons accorder la priorité au
processus intergouvernemental post-2015, car il représente un
réel moment de la politique mondiale et de la prise de décision.
Nous devons veiller à ce que les représentants des
gouvernements de notre région assument leurs responsabilités
en tant que délégués officiels, qu’ils analysent les approches
de politique courantes dans notre région, et qu’ils identifient les
regroupements de pays qui soutiennent les questions. Toutes
ces questions doivent être discutées au sein des différents
groupes de la société civile qui travaillent sur le climat, la
gestion des risques et la durabilité environnementale.
Nous avons identifié la nécessité d’élaborer un ordre du
jour sur la durabilité environnementale en mettant l’accent
sur des questions clés telles que le changement climatique,
la biodiversité, l’eau potable, la sécurité alimentaire et la
souveraineté, la nutrition, l’impact des industries extractives
et l’énergie.
C’est pourquoi dans les différents réseaux dans lesquels nous
travaillons, nous encourageons une approche holistique qui
traitera de tous les domaines qui sont affectés par l’impact
du réchauffement climatique. Cependant, il n’est pas très
clair comment “intégrer” les défis posés par le changement
climatique dans les discussions sur le développement
durable, par conséquent, cela doit être une priorité dans les
négociations futures.
Nous devons penser de façon plus créative, et ce raisonnement
s’applique également à des questions telles que la biodiversité,
la gestion intégrée des risques et l’équité entre les genres
- des questions qui ont également du mal à être intégrées
dans les négociations sur le développement durable
d’une manière transversale.
Écoute des points de vue locaux
Dans le cadre d’une poussée par la Table Ronde Nationale
pour la Gestion des Risques (Mesa Nacional para la Gestión
de Riesgo - MNGR) et la Coordination Régionale de Gestion
des Risques (Concertación para la Gestión régional de Riesgo
- CRGR), le Nicaragua et la région travaillent sur un rapport
qui donnera des ‘‘Points de vue de la Ligne de front’’ (VFL).
Les réseaux climatiques au Nicaragua ont également décidé
d’élargir la portée de leur travail du changement climatique à la
durabilité environnementale.
2015 est une année importante. Par conséquent,
nous espérons que le processus post-2015 contribuera
à l’adoption effective d’un instrument climatique mondial
équitable et contraignant à convenir d’ici 2015 et qui entrera
en vigueur d’ici 2020.
Nous reconnaissons également que malgré l’importance
de l’ordre du jour mondial, les réseaux nationaux et régionaux
doivent faire le lien avec les processus et les actions locaux.
Ainsi, l’adoption de l’ordre du jour mondial ne doit pas se faire
au détriment de la communauté, des programmes nationaux
et régionaux. Atteindre la participation active de la société civile
dans l’agenda post-2015 nécessitera un renforcement plus
profond des capacités. Dans le même temps, l’ampleur et la
complexité du processus visant à définir l’agenda post-2015
a dépassé la capacité actuelle de la société civile à coordonner
et à agir dans le consensus.
À ce jour, nous pensons que la consultation a vraiment été
insuffisante, tant en termes de thème que de lieu. Beaucoup
de consultations ont été menées à travers les ‘‘réseaux
mondiaux existants’’, qui ne sont pas nécessairement
représentatifs des enjeux nationaux. Il reste encore beaucoup
à faire pour donner de l’espace aux contributions des
organisations locales et de base.
Nous envisageons de procéder à une analyse de l’impact
des OMD au Nicaragua, mais nous pensons que certains
des principes clés qui devraient sous-tendre un nouveau
programme mondial de développement sont : la justice
climatique, l’égalité des genres, la redistribution de la richesse
et la durabilité de l’environnement.
Centro Humboldt a été créé en 1990. Il s’engage dans le
plaidoyer du changement climatique au niveau local, national,
régional et international, et au sein d’alliances au Nicaragua.
Ses objectifs sont de travailler sur les politiques publiques
de l’environnement et de promouvoir une gestion efficace
de l’environnement. Centro Humboldt vise à renfoncer les
différents secteurs de la société civile afin qu’ils puissent
fournir des informations, aider à renforcer les capacités et faire
le suivi et la recherche sur l’impact environnemental.
L’organisation est membre de plusieurs réseaux, tels que
Climate Action Network Latin America (CANLA), the Building
Bridges Initiative (Building Bridges), Accra Caucus on Forests
and Climate Change, the Nicaraguan Alliance for Climate
Change (ANACC) et the Central America Forum on
Climate Change.
humboldt.org.ni
28 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Amerique Latine et Caraïbes
L’EGALITE, LA PARTICIPATION
ET LA RECIPROCITE DOIVENT
ETRE GARANTIES
Rafael Soares de Oliveira, Directeur exécutif, KOINONIA, Brésil
La réalité de l’environnement au Brésil présente de nombreux
défis. Voici quelques exemples flagrants de ces défis : nous
sommes confrontés à la destruction de la biodiversité de
l’Amazone à travers des projets agro-industriels, principalement
les fèves de soja ; nous souffrons des plans du gouvernement
sur la production d’énergie dans l’Amazone et la Forêt
atlantique, avec les projets hydroélectriques qui font déplacer
des milliers d’agriculteurs et de communautés traditionnelles ;
nous sommes menacés par l’utilisation croissante de cultures
génétiquement modifiées dans l’agro-industrie (presque tout le
maïs dans le pays est déjà génétiquement modifié) et la hausse
de l’utilisation des pesticides (cinq litres par personne et par
an) ; le changement climatique a engendré des catastrophes
de précipitations et de glissement de terrain - il ya eu cinq
catastrophes en autant d’années, avec un bilan officiel de plus
de 2.000 morts.
Aujourd’hui, par rapport à ces défis et bien d’autres,
nous vivons sous un modèle de développement fondé sur une
cible de croissance du PIB de quatre pour cent par an, et sous
des gouvernements qui sont insensibles aux campagnes
populaires où les contrastes entre le développement,
la socio- diversité et la biodiversité sont rendus clairs.
Tout futur plan de développement post-2015 devrait envisager
la biodiversité, la socio-diversité (veiller à ce que les différentes
communautés de différentes traditions soient capables de vivre
côte à côte dans l’environnement naturel, étant soutenu par cet
environnement, se protégeant et garantissant sa continuité),
et la gestion des risques causés par le changement climatique
et d’autres changements environnementaux systémiques
produits par l’activité humaine.
Cette planification doit veiller à ce que les minorités (sans
distinction de race, d’origine ethnique, de sexe et de groupe
social) et tous les peuples qui vivent dans notre système
environnemental partagé soient entendus dans leur intégralité.
L’égalité, la participation et la réciprocité doivent être garanties.
Cela signifie que ceux qui sont souvent considérés comme
inégaux ont une voix, que tout le monde a les conditions
(temps et ressources matérielles) pour participer, et que tous
les coûts d’un système participatif sont supportés par ceux qui
ont plus de pouvoir et de ressources.
La participation de tous est bien sûr essentielle et devrait être
une priorité de nos décideurs. Par exemple : là où il y a inégalité
des niveaux d’éducation, nous ne devrions pas attendre que
Photo: Christian Aid/Tabitha Ross
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Amerique Latine et Caraïbes 29
‘Nous aurons besoin d’institutions locales,
nationales et internationales, y compris
d’organisations interreligieuses et œcuméniques,
pour tenir nos dirigeants responsables de leurs
promesses en matière de développement durable.’
tout le monde soit pleinement alphabétisé avant de les laisser
exprimer leurs points de vue sur la meilleure éducation qu’ils
veulent pour l’avenir : les communications orales, l’utilisation
d’interprètes et autres moyens doivent s’assurer que tous sont
entendus maintenant. Les processus de planification devraient
se produire dans des espaces ouverts ou égalitaires, là où
même l’inégalité économique ne conduit pas à un déséquilibre
entre les parties.
• le plaidoyer public, national et international:
conférences parallèles, campagnes pour des relations
justes (taxes, commerce et autres), les forums sociaux
et les campagnes de groupes de foi pour la paix dans
les situations de conflit.
Nous pensons aussi qu’il devrait y avoir un plan d’action
global pour le développement durable, compte tenu de notre
dépendance sur l’écosystème.
• Les accords internationaux développés au niveau
de la base (par exemple, lors des Sommets du Peuple).
Mécanismes de conformité
Ce sont de bons points de départ qui doivent être
sérieusement pris en considération par tous les gouvernements
qui négocient des objectifs post-2015, et nous pourrions
nous attendre à ce que des indicateurs appropriés émergent
naturellement de ce genre de participation. Par exemple, les
indicateurs qui peuvent assurer le juste équilibre entre le profit
financier et la viabilité socio / culturelle / environnementale
; les indicateurs permettant de mesurer la façon dont les
gens sont satisfaits des plans ; et les indicateurs qui peuvent
répondre aux préoccupations des minorités et des
populations vulnérables.
Un point de départ pour un agenda post-2015 devrait être les
accords internationaux existants comme le DHESCA (droits
humains, économiques, sociaux, culturels et environnementaux)
et les conventions de l’OIT. Par conséquent, si de nouveaux
accords doivent être signés, ils doivent prévoir des mécanismes
de conformité et des sanctions sur les pays signataires.
Les OMD et bien d’autres accords n’ont pas été satisfaits et les
Etats ne subissent aucune pénalité.
Un autre aspect transversal important du développement
planifié et participatif est la dimension de l’entreprise ou
les intérêts des entreprises. Dans notre écosystème, il est
crucial que les intérêts commerciaux ne soient pas promus
au détriment de la protection de l’environnement, de la
reproduction culturelle et de la lutte contre les inégalités.
Les indicateurs qui démontrent cet équilibre doivent être
construits dans des espaces ouverts et égalitaires.
En mettant en œuvre un programme de développement
post- 2015, nous ne pouvons pas compter uniquement sur
la bonne volonté de l’État. L’Etat n’a pas toujours défendu
les intérêts des personnes les plus vulnérables ou de celles
qui n’ont pas de ressources financières ou de puissance.
Nous aurons donc besoin d’autres institutions locales, nationales
et internationales, y compris les organisations interreligieuses
et œcuméniques, de tenir nos dirigeants responsables de leurs
promesses en matière de développement durable.
Nous sommes optimistes que la participation réelle est possible
; un certain nombre d’exemples du Brésil et du monde entier
offrent quelques lueurs d’espoir. Ceux-ci comprennent :
• les audiences et consultations de planification
communautaire pour les peuples indigènes et tribaux,
garanties par la Convention 169 de l’OIT.
• Les systèmes internationaux pour la protection
et le respect des droits.
• Les accords mondiaux établis par les États nations.
KOINONIA Ecumenical Presence and Service a été créé
en 1994 avec un engagement à poursuivre la tradition
œcuménique de services aux collectivités locales,
aux mouvements sociaux et aux églises. KOINONIA travaille
en étroite collaboration avec les travailleurs ruraux,
les personnes de diverses traditions religieuses et, en
particulier, les jeunes et les femmes. Dans les Etats de Bahia
et Rio de Janeiro, KOINONIA travaille avec les communautés
reliques des peuples quilombolas et Candomblé, en faisant
dans le conseil juridique, le plaidoyer de l’éducation
et le dialogue pour surmonter l’intolérance religieuse. En 2011,
KOINONIA a intégré l’aide humanitaire dans son travail,
en réponse à la catastrophe provoquée par de fortes pluies
à Rio cette année. KOINONIA fait également pression pour
les droits des personnes. Lors du Sommet du Peuple de 2012 l’événement parallèle à la Conférence de Rio+20 des Nations
Unies sur le développement durable - il a effectué un travail
de plaidoyer et a mis en place le réseau ‘‘Religions pour
les Droits’’.
koinonia.org.br
• la réduction des risques de catastrophes et la gestion
des risques en cas d’urgence.
• Le processus Participatif d’Education de Base pour
l’autonomisation des communautés (dans lesquels les
communautés et les dirigeants locaux sont encouragés
à créer leurs propres plans de développement durable.
Photo: Le Rév Arthur Cavalcante, Secrétaire Général de l’Église
anglicane épiscopale du Brésil. Son rôle inclut d’être un prêtre actif
de la congrégation, en dirigeant l’implication de l’Eglise dans les
sommets mondiaux tels que Rio+20, et en défendant l’œcuménisme
entre les Eglises brésiliennes.
30 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Amerique Latine et Caraïbes
RÉDUIRE LES INÉGALITÉS
ET PROMOUVOIR LE
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Clara Esther Martinez, Administrateur d’entreprise, Corambiente, Colombie
Notre priorité numéro un pour le nouveau cadre de
développement en Colombie, tout comme dans les autres pays
d’Amérique latine, est la nécessité de lutter contre l’inégalité
sous toutes ses formes, y compris entre les zones rurales
et urbaines, ainsi que l’inégalité entre les genres. C’est la
principale cause de la pauvreté, du chômage, de l’insécurité
alimentaire et de la malnutrition.
Les zones rurales, et plus particulièrement les zones
d’économie paysanne, ont été et sont encore une source de
ressources, de biens et de services essentiels à la vie et au
développement de l’ensemble du pays, et à la souveraineté
alimentaire. En effet, les zones rurales dépendent d’une
économie paysanne, car elles produisent environ 70 pour
cent de la nourriture consommée à l’échelle nationale, et
environ 80 pour cent de l’eau fournie à plus de 90 pourcent de
notre population. Ce sont ces zones paysannes qui, jusqu’à
récemment, ont généré le principal produit d’exportation :
le café.
Cependant, il n’ya pas d’équité entre le développement urbain
et celui rural en Colombie - une tendance à travers l’Amérique
latine. Au contraire, on a observé un élargissement progressif
de l’écart dans les conditions de développement :
• En Colombie, 12 % des propriétaires terriens détiennent
plus de 67% des terres, tandis que 88% des petits
propriétaires terriens possèdent 33% des terres.
• Les niveaux de pauvreté sont plus élevés dans
les zones rurales :
–Selon le PNUD, la pauvreté mesurée par le niveau de
Besoins de Base non Satisfaits (NBI) dans les centres
urbains était de 33,4%, comparativement à 74,7%
dans les zones rurales.
– Le taux de couverture de l’enseignement secondaire
dans les zones urbaines était de 75 %, tandis que
dans les zones rurales, il était de 27,5 %
– Le taux de mortalité des moins de cinq ans pour
1 000 naissances vivantes (étroitement lié aux
conditions de malnutrition) dans les zones urbaines était
de 17,39 contre 30,09 en milieu rural. 23
– Un tiers des personnes en milieu rural de la Colombie
connaissent l’extrême pauvreté ; 29,1% des habitants
des zones rurales sont au bord de la famine.
• Une étude publiée par l’UNICEF et la Commission
Economique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes
(ECLAC) conclut que, en Amérique Latine et dans les
Caraïbes, un enfant dans une zone rurale est quatre
fois plus susceptible d’être extrêmement pauvre, par
rapport à un enfant dans un environnement urbain. 24
Photo: Christian Aid/Isabel Ortigosa
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Amerique Latine et Caraïbes 31
‘La réduction des inégalités et le bien-être de tout
le monde sur la planète sont deux principes de base
qui devraient sous-tendre le nouveau programme
de développement mondial.’
• La difficulté grave dans l’accès à l’eau, soit à cause
d’une source incertaine, de la distance ou du manque
d’approvisionnement, affecte 17,9 % de la population
d’enfants en campagne et 1,3% dans les villes.
A ce contexte d’inégalité urbaine / rurale, nous pouvons ajouter
la ségrégation par genre :
•Les femmes rurales souffrent de violence sociale
et intrafamiliale, de niveaux élevés de pauvreté
et d’extrême pauvreté, du manque d’accès aux services
de base, de peu de liens avec le marché du travail
et de conditions moins favorables en matière de santé
et d’éducation.
• La profondeur de la pauvreté dans les ménages dirigés
par des femmes en Colombie est plus élevée que chez
ceux dirigés par des hommes. Cela laisse entendre
que les femmes chefs de ménage en Colombie rurale
et leurs familles sont embourbées dans un piège
de pauvreté plus élevé et plus difficile à surmonter,
que les autres ménages ruraux.
Changer cette situation exige une volonté et un leadership
politique profonds, qui devraient être promus et encouragés
à la fois par d’autres pays et par le système des Nations Unies.
Face aux problèmes de la Colombie rurale, un nouveau
cadre de développement devrait inspirer les politiques
gouvernementales qui visent explicitement à renforcer
les pôles de développement régional et à promouvoir
les investissements vers les zones rurales. L’investissement
qui encourage les infrastructures routières et de production
; l’accès au crédit ; la gestion conjointe du territoire entre les
centres urbains et les zones de production d’aliments et de
services ; de meilleurs services de formation et d’éducation
adaptés aux contextes et aux besoins des régions rurales ;
et la promotion et le renforcement de la dynamique des
organisations paysannes, en particulier pour les femmes.
La production paysanne doit être jointe aux marchés et à
l’industrie alimentaire nationale, sur la base d’un traitement
juste et équitable, afin de réduire les frais de courtage et de
recevoir des conseils sur le contrôle qualité et la sécurité dans
les processus de production. Les politiques gouvernementales
doivent encourager les mécanismes de gestion des terres
qui privilégient la production alimentaire et la protection des
écosystèmes stratégiques pour générer de l’eau.
À travers un nouveau cadre de développement, le
gouvernement devrait promouvoir l’inclusion d’une variable
climatique dans la planification à la fois pour l’agriculture et
pour les ressources en eau. Il devrait également promouvoir
des stratégies alternatives pour assurer l’approvisionnement en
eau, avec des approches différenciées entre les villes et / ou les
petites collectivités, et devrait protéger les ressources en eau
au moyen de sanctions et de mesure d’incitation.
Les décideurs doivent aussi faire face à la triple discrimination
dont sont victimes les femmes rurales, en mettant l’accent
sur le genre, les droits et la reconnaissance de leurs
contributions sociales et économiques. La politique genre doit
être transversale et globale, fondée sur la pleine jouissance
des droits, la reconnaissance des différences entre les genres
et la contribution des femmes rurales.
Mesures et suivi
À ce jour, les OMD sont devenus un outil de suivi des politiques
publiques nationales et de création d’alliances dans les secteurs
public et privé. Ils ont également servi comme une incitation
à élaborer des politiques publiques nationales, régionales et
locales. Cependant, le gouvernement national a adapté le
système des indicateurs pour permettre un changement dans
la mesure des variables incluses dans les OMD. Par exemple
: comment mesurer le chômage, le revenu et la malnutrition.
Ces changements font qu’il est difficile d’identifier les causes
des divers problèmes, tels que les effets des politiques mises
en œuvre.
La Colombie a fait des progrès significatifs dans la réduction
de la pauvreté selon les pourcentages indiqués dans la réalisation
des OMD. Pourtant, pour un pays à revenu intermédiaire,
l’objectif pour 2015 est très modeste - nous sommes un pays
de près de 50 millions d’habitants25 et il ya encore 15 232 000
personnes vivant dans la pauvreté, avec 4 844 000 personnes
en dessous du seuil d’extrême pauvreté. Cependant, la question
la plus critique doit être la situation dans les zones rurales
(où les niveaux de pauvreté ont augmenté de quelques 80 000
personnes), et la détérioration de la situation des femmes.
La réduction des inégalités et le bien-être de tout le monde sur la
planète sont deux principes de base qui devraient sous-tendre le
nouveau programme de développement mondial.
Corambiente (Corporación Buen Ambiente) effectue des travaux
à la base sur la sécurité alimentaire, la nutrition et le
changement climatique. Depuis 15 ans, l’ONG travaille avec les
communautés rurales dans les domaines du développement
durable, de la production d’aliments biologiques et du soutien à
des processus organisationnels, en particulier les organisations
de femmes. Elle travaille à améliorer les conditions de la
sécurité alimentaire, en concentrant ses efforts sur les enfants
et les femmes qui souffrent principalement du conflit armé. Elle
a également mis en œuvre la prévention climatique et les projets
d’adaptation, et travaille à améliorer la responsabilité des
autorités locales envers les citoyens, particulièrement dans les
domaines de l’agriculture et de l’environnement.
corambiente.com
Photo: Deux femmes préparent le riz pour un repas communautaire
dans une cuisine improvisée d’un camp de Las Pavas, en Colombie.
32 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Amerique Latine et Caraïbes
RESSOURCES PRODUCTIVES,
EMPLOI ET PARTICIPATION
UNITAS, Bolivie
Depuis 2012, UNITAS est impliqué dans la conduite en Bolivie
de la discussion et de la proposition pour un nouveau cadre
mondial pour le développement. Les principaux résultats
de ce processus ont inclus la recherche participative avec les
habitants des zones urbaines et rurales dans sept municipalités
du pays. 26 Cette recherche participative a été complétée par
des consultations avec les représentants de la société civile
au niveau national.
Ces principaux problèmes peuvent être classés en quatre
groupes, à savoir : l’accès aux ressources productives, l’emploi
et les conditions de travail, la protection sociale et la sécurité
sociale et enfin la participation politique. Les perspectives
d’évolution dans chacun de ces domaines clés, comme indiqué
par les participants à la recherche, sont présentés ci- dessous
comme base pour un nouveau cadre mondial pour le
programme de développement post-2015
En utilisant les points de vue des participants à la recherche
comme principal point de référence, nous avons identifié un
ensemble de problèmes fondamentaux qui causent la pauvreté.
Ceux-ci sont : le manque d’accès aux ressources stratégiques
comme la terre et l’eau, la sensibilité et la vulnérabilité au
climat, le manque d’accès aux capitaux, aux marchés et à la
formation, le manque de possibilités d’emploi, l’insécurité et
l’absence de protection au travail, la vulnérabilité sociale et la
rareté des services publics, l’inégalité des services de l’Etat
dans les centres urbains et les zones rurales, le clientélisme,
la participation politique limitée, le manque d’information et de
formation politique et les limitations de la politique publique.
Accès aux ressources productives
Sur ce thème, les points de vue communs des participants
à la recherche dans les municipalités urbaines et rurales étaient
fondés sur le développement productif, la diversification
économique et l’expansion des services d’appui à la production,
en profitant du potentiel local. Ensemble avec la vision de
communautés productives et les municipalités, une autre
composante stratégique pour apporter des changements a été
identifiée comme le développement de la main-d’œuvre et des
petits agriculteurs à travers l’éducation, la formation technique
et la formation sur le tas.
Photo: Christian Aid/Hannah Richards
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Amerique Latine et Caraïbes 33
‘Il ya des demandes pour une transformation
radicale des conditions actuelles, dans lesquelles
le pouvoir et le contrôle se retrouvent entre
les mains de petits groupes de personnes.’
Les exigences liées aux ressources productives sont
concentrées dans quatre domaines. Tout d’abord,
le renforcement de l’agriculture paysanne et indigène par
la fourniture de différents accompagnements financiers
(capital) et technologiques (machines et équipements)
et la formation technique / la production. Deuxièmement,
le renforcement de l’activité artisanale / traditionnelle par le
crédit accessible, l’ouverture des marchés et la fourniture de
matériels. Troisièmement, la construction des municipalités
sur la base de la production et du tourisme. Enfin, l’installation
ou l’amélioration des infrastructures routières, l’éducation
et les services de santé, ainsi que les espaces de loisirs
et de sport. L’octroi des terres et la protection des forêts et
des écosystèmes dans les communes rurales apparaissent
également comme d’autres domaines clés, mais à un
degré moindre.
Emploi et conditions de travail
La vision commune est que les municipalités bénéficient
d’un potentiel de production qui va générer suffisamment
d’emplois, par la mise en œuvre de politiques ayant un impact
sur l’emploi, la création de nouvelles entreprises industrielles
et la professionnalisation des nouvelles générations. L’attente
commune est que les salaires et les revenus s’amélioreraient
à un niveau assez suffisant pour couvrir les besoins essentiels
de consommation des travailleurs et de leurs familles.
Les exigences liées au travail laissent entendre que le
gouvernement central doit jouer un rôle dans l’amélioration
des conditions de travail (salaires et avantages), la protection
des droits de tous les travailleurs, notamment dans les
campagnes, et doit créer des emplois, en particulier pour les
jeunes des villes.
Protection et sécurité sociale
Les espoirs autour de la protection et de la sécurité sociale sont
fondés sur la possibilité des villes et des villages qui bénéficient
des conditions de vie optimales et d’une amélioration
substantielle des services de base. Les points de vue des
populations rurales et autochtones sont particulièrement en
faveur d’une plus grande quantité et qualité des services de
santé et d’éducation compte tenu des importantes lacunes
dans la prestation de services dans ces communautés.
Les participants ruraux et urbains semblent d’accord sur
la nécessité d’exiger que les administrations municipales,
départementales et nationales apportent des améliorations
importantes aux infrastructures, aux services de santé
(y compris la création d’hôpitaux avec des soins spécialisés)
et à l’éducation du public, avec une garantie de bonne nutrition
aux étudiants. Beaucoup de groupes ont demandé que le
gouvernement central améliore aussi l’accès à la sécurité
sociale et aux prestations de retraite des salariés, et ont
appelé à la création d’un ‘système de santé’ pour les artisans,
avec en prévision l’élaboration d’un système de santé universel
pour les travailleurs du secteur informel.
Participation politique
Les points de vue sur la participation visent principalement
à une évaluation critique de l’action des autorités locales et
de leur nouvel ‘engagement’ à répondre aux besoins de la
population et à mettre en œuvre des plans de développement.
Des points de vue ont également été exprimés sur le rôle des
chefs de quartier et d’autres organisations sociales.
Dans les communes rurales, des points de vue politiques ont
coïncidé - par exemple, la demande que les collectivités locales
ont une ‘vision de développement’, ‘écoutent les demandes
du peuple’, ont ‘une plus grande préoccupation aux soins des
personnes les plus pauvres’, et créent des ‘accords’ avec les
institutions publiques et privées (ONG) pour collecter des fonds
au profit de la population. Aussi, il a été identifié la nécessité
pour une population d’avoir une ‘conscience collective’, d’être
formée et politiquement unie avec ‘un pied dans la campagne
afin de maintenir ses racines traditionnelles’, et la nécessité
pour ‘des jeunes et des femmes émancipées’.
Bien que ces approches puissent sembler générales et
discursives, elles reflètent fidèlement les besoins de plusieurs
secteurs sociaux pour une transformation radicale dans les
conditions actuelles, où le pouvoir et le contrôle sont entre
les mains de petits groupes de personnes qui soutiennent les
partis au pouvoir et qui sont enracinés dans les organismes
étatiques locaux, et qui cherchent à utiliser les organisations
sociales pour leur propre avancement politique.
Le Syndicat National des Institutions pour le Travail d’Action
Sociale (UNITAS) est une ONG fondée en 1976. Sa mission
est de contribuer à des propositions alternatives pour le
développement et le changement social vers une société
démocratique - compatissante, juste et équitable en collaboration avec les mouvements sociaux et les
organisations populaires. UNITAS travaille sur une variété de
sujets dans le cadre conceptuel du développement basé sur les
droits humains. Il gère divers projets comprenant la promotion
et l’application des droits collectifs des peuples indigènes,
des paysans et des communautés urbaines, la formation
et le renforcement du leadership, le plaidoyer et la production
d’un débat public local et national sur les questions de
développement et de droits de l’homme. Il appui également
de petits projets de développement communautaire.
redunitas.org
Photo: Juan de la Cruz Noe Muiba est un passionné de la protection
de la forêt que sa communauté autochtone détient désormais à Beni,
en Bolivie. ‘Ce qui nous donne la vie c’est la terre et c’est ce que nous
avons pour nous protéger’, dit-il.
34 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Amerique Latine et Caraïbes
ABORDANT LA QUESTION DU
‘DEFICIT DE LA JUSTICE SOCIALE’
Iara Pietricovsky de Oliveira, co-directeur, INESC, Bresil
Le gouvernement brésilien précédent a su se concentrer sur
les politiques sociales pour améliorer les conditions de vie des
brésiliens les plus pauvres et les plus vulnérables. En effet,
la pauvreté est au centre de l’agenda politique national.
Toutefois, le Brésil n’a pas réussi à résoudre le problème plus
grave de l’accroissement des inégalités, illustré par sa structure
politique archaïque et la répartition inégale des richesses.
Bien que même les brésiliens les plus pauvres soient devenus
consommateurs, les plus riches sont devenus encore plus
riches et la richesse plus concentrée.
et alimentaires auxquels nous sommes confrontés, et doit se
traduire en contextes nationaux pour générer les politiques et
budgets publics dont nous avons besoin. Nous croyons que
les gouvernements se sont détournés des droits humains,
des droits des femmes en particulier, et nous sommes devenus
des otages des sociétés et du capital financier. Nous l’avons
vu à Rio+20 où l’idée d’une ‘économie verte’ - essentiellement
comprise par la société civile comme la marchandisation
et la commercialisation de la nature - a été promue malgré
la résistance.
Cependant, il ya une différence dans le discours que
nous entendons du Brésil que nous voyons sur la scène
internationale - une batterie de mesures pour lutter contre les
inégalités sociales, la mise en œuvre de politiques de transfert
de fonds à succès tels que le programme Bolsa Família - et la
réalité d’un pays où les inégalités extrêmes persistent, définies
par les conditions de race, d’identité ethnique, de genre,
d’orientation sexuelle et de classe sociale.
Donc, il ya de grandes questions auxquelles les nouveaux
Objectifs de Développement Durable (ODD) doivent répondre.
Tout d’abord, quels sont les objectifs et les cibles qu’il y
aura pour les pays riches? Sans une action significative,
sur la base du principe de RCD (Responsabilités Communes
mais Différenciées), un monde juste et durable ne sera pas
possible. Deuxièmement, comment pouvons-nous approfondir
la participation démocratique dans un monde d’inégalités
croissantes et la discrimination persistante sur la base du
genre, de la race et de l’orientation sexuelle? Le pouvoir et la
richesse, comme nous le savons, vont souvent de pair - si nous
sommes sérieux au sujet de changement, alors les différents
groupes ont besoin d’accéder au pouvoir politique et la richesse
doit être plus équitablement répartie.
Il y a un mur invisible qui empêche la mobilité sociale.
Il condamne les pauvres et leurs enfants, les femmes,
les autochtones et les Brésiliens noirs à une éducation de
basse qualité, un système de santé précaire et un manque
de logement durable et humain. Le système fiscal régressif
du pays nuit aux plus pauvres, car ils paient une plus grande
proportion de leur revenu en impôt que les plus riches.
En outre, les très riches contribuent très peu à la fiscalité car
leurs bénéfices sont généralement canalisés à travers des
exonérations fiscales et d’autres mécanismes. C’est donc les
pauvres et les classes moyennes qui soutiennent les politiques
publiques sociales du Brésil.
Nous avons récemment vu des changements dans le code
forestier brésilien, un exemple de la contradiction de l’État
brésilien de la rhétorique internationale contre celle intérieure.
La législation révisée sur les forêts favorise la croissance
frénétique sous la forme de mégaprojets et d’agro-industrie,
plutôt que le respect des objectifs d’émissions de gaz à effet
de serre.
Le Brésil a la sixième économie la plus grande du monde - mais
nous n’avons pas encore été en mesure de procéder à un
pacte social redistributif face au racisme qui marque et divise
notre société, d’atteindre l’égalité entière et les droits entiers
pour les femmes, ou de garantir le droit de nos indigènes et
des peuples afro-descendants à une vie décente (au contraire,
nous les tuons à travers la violence générée par les grandes
société d’agro-industrie et l’incapacité de l’Etat à garantir leurs
droits) . Quand on pense aux priorités pour un programme de
développement post-2015, nous devons reconnaître que les
OMD étaient une réduction scandaleuse d’un cadre entier de
traités et conventions internationaux qui ont été établis depuis
1992 dans le soi-disant Cycle Social de l’ONU, et qui n’ont pas
fait justice à la Déclaration du Millénaire.
Tout nouvel objectif doit être construit sur une éthique de
droits humains, de justice sociale et de durabilité. Il doit être
pertinent face aux crises financières, économiques, politiques
Troisièmement, comment pouvons-nous assurer un travail
décent et durable à tous les êtres humains dans un monde où
le chômage des jeunes est en augmentation dans de nombreux
pays, y compris en Europe? Et comment pouvons-nous assurer
que les droits du travail des personnes sont protégés devant
tant d’exploitation ? Quatrièmement, comment pouvons-nous
mieux protéger, à travers les nouveaux ODD, nos espaces
publics et biens communs comme l’eau et la terre? Comment
pouvons-nous changer aussi nos modes de production et de
consommation pour préserver plutôt que détruire la nature?
Enfin, il faut une conversation au sujet de qui paie la facture!
Pour le moment, il semble avoir un ‘déficit de justice sociale’
dans le monde : explosion des inégalités devant nos yeux,
corruption et détournement de l’argent public, systèmes
fiscaux régressifs où les pauvres paient plus que les riches
et, sur le pan mondial, un système économique qui permet
aux riches de cacher les profits à l’étranger et d’éviter leurs
responsabilités financières. Un agenda post-2015 doit faire face
à ces problèmes de toute urgence.
L’Instituto de Estudos Socioeconômicos (INESC) travaille
à améliorer la démocratie représentative et participative au
Brésil et à assurer la réalisation des droits humains par le
renforcement de la voix de la société civile et de la
participation sociale dans l’élaboration des politiques
publiques. Il ouvre le dialogue entre la société civile et les
gouvernements, renforce les mouvements indigènes, défend
les droits des femmes, des jeunes et des enfants, et développe
des projets pour lutter contre la pauvreté et la discrimination.
inesc.org.br
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Amerique Latine et Caraïbes 35
UN PROGRAMME D’EQUITE
SOCIALE EN HARMONIE
AVEC LA TERRE
Martin Vilela, co-travailleur, la Platforme Bolivienne
du Changement Climatique
Comme nous approchons de l’échéance de 2015 pour l’atteinte
des Objectifs du Millénaire pour le Développement avec un
succès limité à ce jour et après la déception de Rio+20, le
processus qui conduit le programme de développement post2015 de l’Organisation des Nations Unies insiste encore sur un
modèle de développement conventionnel.
Vingt ans après le Sommet de la Terre de 1992, 13 ans de
la création des OMD, et sur le seuil d’une crise climatique
profonde, le débat autour du programme de développement
post-2015 nous laisse avec un sentiment d’insuffisance. Comme
cela s’est passé dans la course vers Rio+20, il ya un manque
d’analyse détaillée, profonde et systématique de l’impact des
politiques mondiales environnementales et de développement.
Ce qui est clair est que les preuves scientifiques indiquent
de façon croissante et avec éloquence que la dégradation de
l’environnement a déjà franchi plusieurs limites planétaires
telle que l’accélération du taux de disparition des espèces et
la concentration des GES dans l’atmosphère. Nous sommes
donc face à une forte probabilité de déclencher une chaîne
d’événements climatiques qui pourraient directement conduire à
une crise écologique sans retour, ce qui réduit considérablement
la possibilité de maintenir une vie dans la dignité dans un futur
proche. En outre, au cours des dernières années, d’énormes
inégalités économiques et sociales, loin d’être résolues, ont
plutôt été exacerbées. Malgré une plus grande croissance
économique, la richesse est de plus en plus concentrée dans
moins de mains.
La Plate-forme Bolivienne de Changement Climatique croit
que les efforts des Etats et des institutions internationales ont
été détournés par les multinationales qui restent engagés à
renforcer des formules qui perpétuent le modèle de croissance
économique comme si il était synonyme de richesse et de bienêtre universel. Même les pays sud-américains ‘progressistes’
comme la Bolivie, qui utilisent une rhétorique puissante de bien
vivre et de respect de la Terre Mère, appliquent des politiques
basées sur le développement extractif27 et la perpétuation des
modèles axés sur le marché, violant systématiquement les droits
des populations historiquement marginalisées et vulnérables.
Déterminés à stimuler la croissance économique, ils manquent
une occasion historique unique de montrer au monde entier
la possibilité de s’engager à une alternative et à un modèle de
développement véritablement durable.
Les propositions des CSO28 ont tendance à ne pas
prendre pleinement en compte la dimension structurelle
du développement, confinant ainsi leurs suggestions pour
réduire les exigences sur les femmes, la pauvreté, la nourriture,
la santé et ainsi de suite. Ce sont des contributions importantes
au débat, mais dans de nombreux cas, elles ne prennent
pas pleinement en compte la base structurelle du modèle
de développement actuel tel que l’ordre économique et social.
Sur le seuil des multiples crises mondiales pour la planète,
l’impulsion d’un programme de développement pour éliminer
les inégalités sociales et économiques et rétablir l’équilibre avec
la Terre Mère, est soumise à la réalisation d’un changement
profond dans la base structurelle du modèle économique et
social actuel, des systèmes mondiaux de production, de la
matrice d’énergie et des structures politiques - en ligne avec les
défis de l’humanité au cours des prochaines années.
Il est nécessaire de reconsidérer la base conceptuelle pour le
développement, laissant derrière le concept de développement
comme synonyme de croissance économique, et d’adopter
une approche qui génère la durabilité et l’égalité grâce à
des investissements ‘verts’. C’est pourquoi il est important
d’évaluer de manière critique le chemin que nous avons suivi
jusqu’à présent. Les limites de la planète doivent être au centre
du débat. Les stratégies pour atteindre le bien-être humain
doivent être renseignées par la capacité de la Terre à réparer les
dommages causés par les activités humaines : la planification,
la consommation rationnelle et la redistribution avec justice
et équité doivent être les nouvelles lignes directrices pour
l’avenir des sociétés. Dans ce contexte, bien vivre continue
de représenter une opportunité pour les personnes, leurs
organisations et leurs communautés à proposer des alternatives
au développement.
Pour l’Amérique du Sud et un pays comme la Bolivie ainsi
que pour d’autres pays en développement, aborder cet ordre
du jour est un défi encore plus grand - d’une part en raison
de leur état actuel de la pauvreté, mais surtout parce qu’ils
doivent abandonner la course aux ressources irrationnelles
et à la consommation d’énergie, basée sur l’extraction et
l’industrialisation. Ils devraient donc envisager sérieusement
les questions environnementales et faire de grands efforts pour
changer leurs structures internes.
Échapper à la pauvreté ne peut pas être une excuse pour
répéter les façons erronées du développement occidental.
La Plate- forme Bolivienne sur le Changement Climatique, en tant
que réseau national, fait la promotion de ce débat en reliant la
discussion du modèle de développement, la justice climatique
et les droits des peuples autochtones à leurs territoires et
propres modes de vie. Malgré les prévisions scientifiques
décourageantes, les puissants intérêts commerciaux et le
manque d’ouverture politique, aujourd’hui plus que jamais
nous avons besoin d’assurer un programme cohésif de société
civile pour une action réfléchie, afin de parvenir à un véritable
changement structurel.
La Plate-forme Bolivienne sur le Changement Climatique est
un réseau national de mouvements sociaux et d’ONG. Fondée
en 2009, elle vise à élaborer des propositions pour lutter contre
le changement climatique grâce à des politiques nationales
en Bolivie et des propositions pour une action mondiale.
La plate- forme est conduite par les Secrétaires des Ressources
Naturelles de cinq grands mouvements sociaux de Bolivie,
qui représentent collectivement plus de 3 millions
de personnes. Elle reçoit du soutien technique et du
financement des ONG boliviennes et internationales.
cambioclimatico.org.bo 36 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Un programme pour un developpement equitable et durable
UN PROGRAMME POUR
UN DEVELOPPEMENT
EQUITABLE ET DURABLE
Les priorités reflétées dans ces contributions des partenaires
de Christian Aid vont du spécifique - l’inclusion des femmes
dans tous les aspects de la vie sociale, économique et politique
(AWN) et la nécessité pour la justice fiscale d’être centrale et
considérée comme une question de développement de base
(TJN-A ) - à une préoccupation primordiale au regard de la
participation des pauvres, des minorités et des communautés
vulnérables dans le débat post-2015 (KOINONIA),
l’approfondissement de la consultation (Centro Humboldt) et un
cri de ralliement pour un développement équitable et durable
(Social Watch Philippines, INESC, UNITAS, ANND).
Développement durable
Christian Aid et ACT Alliance, le réseau mondial auquel nous
appartenons, ont cherché pendant un certain temps à donner
une voix à ces communautés qui sont vulnérables aux impacts
du changement climatique. La raison est clairement énoncée
par Herbert Mwalukomo de CEPA qui souligne que les
Malawites ‘sont en première ligne’ dans la réponse aux impacts
du changement climatique. Herbert souligne non seulement
l’augmentation des catastrophes liées au climat, vécues par les
communautés au Malawi, mais aussi les implications de grande
envergure qui vont au-delà de la mort, des blessures et des
pertes économiques, et qui perturbent d’autres domaines tels
que l’éducation.
C’est pour cette raison que beaucoup de personnes qui
travaillent sur les questions de résilience et de réduction des
catastrophes (RRC) font appel à ces réseaux afin de mettre en
vedette de façon forte dans et à travers un nouvel ensemble
d’objectifs post-2015, pour assurer une plus grande priorité,
l’investissement et l’intégration aux plans de développement
national. Mathieu Ouedraogo du Réseau MARP, Burkina
Faso, donne plus de détails, suggérant qu’un programme de
développement post-2015 pourrait aider à développer des
systèmes d’alerte précoce, renforcer les capacités locales
pour la prévention et la gestion des catastrophes et stimuler
l’investissement dans les infrastructures pour la réduction et
l’atténuation des risques de catastrophe. Dr Dwijen Mallick de
BCAS au Bangladesh indique que cela est nécessaire à la fois
au niveau urbain et rural – cela ne concerne pas seulement les
villes résilientes.
Des liens clairs sont également établis avec la nécessité
d’adaptation au changement climatique. Un exemple de
législation au niveau national dans ce domaine est donné par
Social Watch Philippines, qui met en avant l’adoption du ‘Fonds
de survie’ des ‘Peuples’, qui permettra de libérer plus de fonds
pour l’adaptation; il faudra alors accorder de la considération
à la manière dont un cadre post-2015 pourrait conduire le
changement législatif similaire ailleurs, et avoir un impact sur
les politiques et les priorités de financement. La législation peut
aider à relever certains défis de mise en œuvre qui sont mis en
évidence par le Dr Mallick : ‘Le gouvernement du Bangladesh
a élaboré une stratégie sur les changements climatiques
et un plan d’action’, écrit-il, ‘mais il ya un manque d’action sur le
terrain pour lutter contre les effets’.
Un certain nombre de contributions font allusion à l’importance
d’intégrer une perspective environnementale à travers
un nouveau cadre post-2015. La sécurité énergétique est
mentionnée par BCAS ainsi que par CEPA au Malawi, qui
font remarquer qu’il existe une dépendance insoutenable sur
l’énergie de la biomasse, ce qui conduit à la déforestation
et donc à une plus grande vulnérabilité aux inondations. Les
propositions sur la table pour l’accès à l’énergie propre seront
très importantes dans la lutte contre ces déséquilibres actuels,
et Christian Aid présente des exemples de développement
d’énergies renouvelables en Afrique dans le rapport, Faible
émission de Carbone en Afrique : Aller à saute-mouton vers
un Avenir Vert.29 Ce rapport examine des moyens durables
de donner l’accès à l’énergie aux 1,4 milliard de personnes qui
n’en ont pas actuellement et s’appuie sur des études de cas
d’Afrique du Sud, du Nigeria , du Kenya, du Rwanda, du Ghana
et de l’Éthiopie.
Une proposition dans le rapport susmentionné de ICEED au
Nigeria est pour un ‘fonds saute-mouton’ qui pourrait, entre
autres choses, ‘combler les coûts élevés d’investissement
dans les petites centrales hydroélectriques, l’énergie solaire
et d’autres sources renouvelables de petite échelle en
fournissant des fonds pour combler les déficits dans les
coûts de ces technologies’. 30 Ce qui semble clair c’est que
la réalisation d’un programme de développement durable à
l’avenir dépendra entièrement de la livraison de la finance
climatique supplémentaire promise. Sans ce financement,
il sera très difficile pour les pays tels que le Nigeria d’adopter
une voie à faible émission de carbone, en particulier en ce qui
concerne l’énergie.
Une approche durable à l’eau est également mentionnée par
Corambiente en Colombie, qui parle de la nécessité de protéger
l’eau au moyen de sanctions et d’incitations. Avec la demande
croissante de l’eau douce, il est estimé que d’ici 2020 de 75
à 250 000 000 de personnes en Afrique seront touchées par le
stress hydrique et que d’ici 2050, une baisse du volume d’eau
douce dans les grands bassins fluviaux d’Asie affectera plus
de 1 milliard personnes. La demande en eau devrait dépasser
l’offre de 40 pour cent dans 20 ans. 31 Par conséquent, une
approche durable de la gestion des ressources est nécessaire
de toute urgence.
La sécurité alimentaire et la nutrition sont un autre domaine qui
doit être sous-tendue par une perspective environnementale
forte, et la contribution de Corambiente fait également le lien
avec la gestion des terres et l’impact de la variabilité climatique
sur l’agriculture. La recommandation du Panel de Haut Niveau
d’inclure une cible sur l’agriculture durable32 et d’augmenter
les rendements des petits agriculteurs aborde certaines
de ces préoccupations et devrait se construire sur toute
proposition future.
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Un programme pour un developpement equitable et durable 37
L’importance de la prise en compte des inégalités
à travers un nouveau programme post-2015
transparaît dans presque toutes les contributions
des partenaires de Christian Aid.
Enfin, la contribution du Centro Humboldt au Nicaragua
souligne l’importance de sécuriser aussi un deal de
changement climatique juste et contraignant en 2015. En effet,
un certain nombre de partenaires expriment leur soutien solide
au principe de Responsabilités Communes mais Différenciées
(RCD) et prônent que ce principe soit reflété dans les objectifs
post-2015 - sous ce principe, les pays riches qui ont la
plus grande responsabilité dans le changement climatique
doivent faire plus pour contrer ses effets. Ceci est mentionné
explicitement par CEPA et par Lara Pietricovsky de INESC au
Brésil, qui note que : ‘sans action significative sur la base des
Responsabilités Communes mais Différenciées, un monde
juste et durable ne sera pas possible’. Fondamentalement,
il s’agit de l’équité et de faire en sorte que tout le monde ait
une part équitable dans le contexte des limites planétaires.
Comme le note BCAS, les communautés les plus vulnérables
au changement climatique - les populations autochtones,
les pêcheurs, les agriculteurs, les femmes, les enfants et les
personnes âgées - ‘ne sont pas responsables du changement
climatique rapide induit par l’homme’.
Un programme juste de développement durable après 2015
nécessitera que tous les pays jouent un rôle pour s’assurer
qu’il ya suffisamment de financement pour atteindre de
nouveaux objectifs, pour partager la technologie nécessaire
et aussi pour prendre des actions à la maison – telles que
la réduction des déchets, l’augmentation de l’efficacité de
l’énergie et l’investissement dans les énergies renouvelables.
Les changements nécessaires pour nous amener vers les
tendances mondiales de production et de consommation
plus durables ne doivent pas être sous-estimés. Martin Vilela
(Platforme Bolivienne sur le Changement Climatique) soutient
que ce n’est qu’à travers un changement structurel radical
et l’adoption d’un nouveau paradigme économique que les
gens seront en mesure de bien vivre ‘en harmonie avec
la Terre Mère’.
exclus qui supportent le coût des écosystèmes dégradés,
ainsi que le coût de la pression et des conflits entourant l’accès
à la terre. Les questions autour des droits fonciers doivent
être considérées, dans la mesure où c’est une question qui
touche de façon disproportionnée les peuples indigènes et
tribaux les plus pauvres et les plus vulnérables, souvent des
indigènes ruraux et peuples tribaux incluant les descendants
africains et d’autres groupes minoritaires dans les pays en
développement. 33 Il existe peu de politiques publiques
conçues spécifiquement pour répondre à ces problèmes,
en particulier la réforme agraire et la redistribution des terres,
ou pour corriger les déséquilibres en faveur des groupes et des
territoires défavorisés.
Les inégalités ne sont pas seulement vécues par les groupes
sociaux, mais elles ont aussi une forte dimension géographique
et les inégalités rurales / urbaines sont mises en évidence par
Corambiente de la Colombie. Un taux de pauvreté, de mortalité
des moins de cinq ans et de pénurie d’eau beaucoup plus
élevé est vécu par les communautés rurales. Pour les auteurs,
la réponse réside dans les politiques gouvernementales qui
‘visent explicitement à renforcer les pôles de développement
régional’ et ‘qui favorisent l’investissement vers les zones
rurales’. Dans une autre perspective, BCAS traie de
l’urbanisation croissante, alimentée en partie par les ‘migrants
climatiques’ qui se déplacent vers les bidonvilles de la ville et
qui exercent une pression considérable sur l’écologie urbaine
et les services de base.
Inégalité
Beaucoup de contributions font des points ou des
recommandations spécifiques sur le genre. Endommager
les normes sociales autour du genre continue à perpétuer
la violence et l’asservissement des femmes, de même que
limite la participation des femmes à la vie publique et aux rôles
de prise de décision au sein du ménage. Tandis que l’OMD
3 sur l’Egalité entre les Genres se focalisent sur un objectif
d’éducation, un domaine qui nécessite encore une attention
(UCF-Angola), les organisations de la société civile ici identifient
un programme beaucoup plus large pour l’après-2015.
L’importance de la prise en compte des inégalités à travers un
nouveau programme post-2015 transparaît dans presque toutes
les contributions de nos partenaires. Certains soulignent les
tendances actuelles de la discrimination et de l’exclusion qui
retiennent des groupes particuliers en arrière et se dressent
sur la voie de l’éradication de la pauvreté. L’exemple de la
discrimination des castes de l’Inde est un rappel percutant
que 260 millions de personnes continuent de subir une
discrimination fondée sur l’emploi et l’origine familiale, et
que leurs droits humains fondamentaux sont compromis en
conséquence. C’est aussi un rappel de l’importance des liens,
non seulement entre les inégalités et les droits humains, mais
aussi entre l’inégalité et la durabilité environnementale.
La pièce venant du Réseau d’ONG arabes pour le
Développement félicite le rapport du Panel de Haut Niveau
pour son inclusion d’un objectif autonome sur l’égalité entre
les genres et l’autonomisation des femmes, qui est peut-être
un bon point de départ pour la discussion de questions plus
spécifiques. 34 Pour l’AWN en Afghanistan, l’objectif premier
devrait être autour de la participation des femmes à la vie
publique, y compris l’adoption de possibilités d’emploi. Leeda
Yaqoobi de AWN souligne l’importance du financement mais
aussi la prise en compte de facteurs externes tels que le
manque de transport sûre et d’installations de garderie qui peut
souvent empêcher les femmes de participer à la vie sociale,
économique et politique.
Comme l’ont écrit N Paul Divakar (Campagne Nationale sur les
Droits Humains des Dalits) et Lee Macqueen Paul (National
Dalit Watch), ce sont les groupes les plus vulnérables et
La contribution de INERELA+ souligne la nécessité de la
poursuite des progrès sur le VIH et la santé maternelle - deux
domaines existants d’OMD - mais fait ressortir des défis
38 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Un programme pour un developpement equitable et durable
importants à savoir sur la santé sexuelle et reproductive et
les droits (SDHR), le mariage précoce et les grossesses,
l’intégration des services et le scandale de la violence contre
les femmes et les filles, que certains ont décrit comme ‘l’OMD
manquant’. Des thèmes similaires viennent à travers UCFAngola, qui expriment également des préoccupations au sujet
du système de santé dans son ensemble et plaident pour plus
travailleurs de la santé mieux rémunérés.
D’autres auteurs se concentrent davantage sur l’autonomisation
économique, y compris l’accès au financement (Réseau MARP,
Burkina Faso), les liens avec le marché du travail (Corambiente,
Colombie) et les droits de succession (UCF-Angola).
Ce qui semble clair à partir de tous ces éléments est que
l’égalité entre les genres est et doit être considérée comme
une priorité fondamentale de développement - non seulement
les femmes constituent la majorité des personnes vivant dans
la pauvreté dans le monde, mais elles tiennent aussi la clé de
l’éradication de la pauvreté.
Toutes ces contributions soulignent la nécessité d’une
‘révolution de données’ comme indiqué dans le récent rapport
du Panel de Haut Niveau ; elles donnent aussi du poids à la
narration et à la proposition du Panel de ne ‘laisser personne
derrière’ par le suivi des progrès vers de nouveaux objectifs à
travers des groupes sociaux ainsi qu’à travers des quintiles de
revenu. Cependant, de nombreuses contributions vont plus
loin et cherchent à contester l’inégalité croissante des revenus,
en mettant trop d’accent sur la croissance et les politiques
telles la faible transparence financière et les systèmes fiscaux
régressifs qui concentrent la richesse et le pouvoir entre les
mains de quelques individus.
Iara Pietrovsky de INESC au Brésil a les mots les plus forts
sur ce sujet et sur la fiscalité, en écrivant que ‘le système
fiscal régressif de l’État nuit aux plus pauvres car ils paient
plus d’impôt que les plus riches’. Il s’agit essentiellement ‘des
pauvres et des classes moyennes qui paient pour les politiques
publiques sociales du Brésil’ tel que le programme Bolsa
Familia tant vanté. Alvin Mosioma de TJN-A fait une remarque
similaire et identifie une tendance à l’augmentation de la Taxe
sur la Valeur Ajoutée (TVA) à travers l’Afrique ‘qui se traduit par
des hausses de prix sur les nécessités de base que les pauvres
peuvent à peine se permettre telles que la nourriture, les soins
de santé et l’éducation’ dit-il.
Alvin et Iara font également des liens avec les systèmes
fiscaux et financiers mondiaux, qui permettent la fraude et
l’évasion fiscale ainsi que la corruption, perpétuant ainsi les
inégalités de richesse et la pauvreté. C’est aussi un domaine
qui a été exploré récemment dans la consultation thématique
sur les inégalités, dont le rapport de synthèse a observé
: ‘Les inégalités qui découlent de systèmes financiers
internationaux, y compris l’évasion et la fraude fiscales, sont de
plus en plus identifiées comme facteurs de disparités au sein et
entre les pays riches et pauvres.’35
Ce rapport a aussi recommandé que la réduction des inégalités
soit incorporée au niveau de l’objectif ‘comme le but explicite
des stratégies économiques nationales et internationales’. 36
Bien que cette proposition n’a pas réussi à faire son chemin
dans le rapport du Panel de Haut Niveau , il suit le mouvement
en mettant l’accent sur l’inclusion sociale et aborde la
pauvreté relative dans le rapport du Réseau de Solutions de
Développement Durable (SDSN) 37 et avec une proposition
visant à réduire le coefficient de Gini mis en avant par la
Compact Mondial. 38
Le consensus qui se dégage des rapports à ce jour, et de la
société civile, est celui des questions d’inégalité économique :
les gens ne veulent pas vivre dans des sociétés avec un écart
grandissant entre les riches et les pauvres.
Plusieurs contributions évoquent d’autres solutions politiques
spécifiques telles que l’emploi et la protection sociale (UNITAS
en Bolivie, SPII en Afrique du Sud). ANND souligne que l’accent
mis sur la création d’emplois dans le rapport du Panel de Haut
Niveau ne parvient pas à faire référence à ‘travail décent’ de
façon explicite. Iara de INESC fait une remarque similaire, en
s’attardant aussi sur la protection des droits des travailleurs,
tandis que UNITAS mentionne à son tour les salaires et les
avantages. La question de l’emploi a été soulevée à plusieurs
reprises dans les débats post-2015 à ce jour, et beaucoup des
plus ardents défenseurs de l’inclusion d’un objectif ou d’une
cible sur l’emploi sont des jeunes.
La contribution écrite par les jeunes femmes de UCF-Angola
mentionne la nécessité pour les stages et les bourses
d’ouvrir des possibilités d’emploi ainsi que des politiques
visant à protéger les travailleurs domestiques féminins contre
l’exploitation. Ce ne sera toutefois pas une tâche facile et la
contribution de SPII en Afrique du Sud fouille dans certaines
questions économiques structurelles profondes qui ont trait
à l’emploi.
Isobel Frye de SPII souligne qu’il ya souvent une tension
entre le développement économique et les droits humains
et que les stratégies économiques sont souvent conçues
et mises en œuvre sans avoir ‘les réalités’ des communautés
pauvres à l’esprit. Elle défend fortement le fait qu’un accent
soit mis sur les moyens d’existence durables centrés
sur les personnes, basés sur les droits et qui donne aux
personnes ‘des compétences pratiques d’affaires et des
informations sur l’accès aux marchés, au crédit et à d’autres
formes d’assistance’.
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Un programme pour un developpement equitable et durable 39
“Les gens ne veulent pas vivre dans des sociétés avec
un écart grandissant entre les riches et les pauvres”.
Paix, bonne gouvernance
et droits humains
Les droits humains sont un thème récurrent tout au long de ces
contributions et il ya une demande claire des organisations pour
un cadre basé sur les droits. KOINONIA (Brésil) propose que
les conventions et accords internationaux existants soient le
‘point de départ’ pour un programme post-2015.
Presque toutes ces contributions font spécifiquement
référence aux ‘droits’ et cela devrait donc envoyer un signal fort
à ceux qui négocient un cadre post-2015 afin qu’ils favorisent
une approche fondée sur les droits. La réalisation des droits
des personnes a bien sûr besoin de ressources financières
et d’une relation renforcée entre les citoyens et l’État, deux
domaines où la taxe peut jouer un rôle clé. L’évasion fiscale
et la fraude compromettent non seulement la capacité du
gouvernement à satisfaire à ses obligations, mais elles peuvent
également affaiblir la gouvernance en biaisant la responsabilité
envers les donateurs et les créanciers.
Le domaine de la gouvernance est en outre touché par un
certain nombre d’auteurs, et Jessica Reyes Cantos de Social
Watch Philippines montre comment une gouvernance plus
participative et l’accès à l’information peuvent conduire à des
résultats solides de développement. Le travail de Social Watch
Philippines qui est d’aider les communautés à analyser les
documents budgétaires au niveau local a un impact évident.
C’est ce genre de processus qui permettra d’améliorer
l’obligation de rendre compte et donc avec un peu de chance,
garantira l’atteinte des objectifs post-2015.
Enfin, il est important de noter qu’un certain nombre de
contributions viennent de pays ou de régions considérés
comme ‘fragiles’ ou ‘affectés par les conflits’. La pièce de
ANND se focalise sur la région arabe et les développements
politiques récents, en faisant valoir que les gouvernements
doivent prendre en compte les droits politiques, sociaux,
économiques et culturels si l’on veut une paix durable.
Comme les OMD l’ont clairement illustré, le conflit peut
entraver et souvent inverser le développement – le nouvel
intérêt porté sur le renforcement de la paix et de renforcement
de l’État dans les discussions post-2015 est donc la bienvenue.
Partenariat mondial
Nous avons choisi de donner plus d’espace dans ce rapport
aux partenaires de Christian Aid à travers le monde car au
bout du compte c’est à travers eux et en partenariat avec
eux que le changement va se produire. Christian Aid travaille
également à l’échelle mondiale avec les membres de ACT
Alliance qui ont donné la priorité à quatre thèmes pour le
programme de développement post-2015 : l’inégalité, la
durabilité de l’environnement, les conflits et la fragilité, et enfin
la gouvernance. 39
Les autres partenaires que sont les acteurs confessionnels et
le secteur privé devront également jouer leur rôle. Christian
Aid travaille activement avec de nombreuses communautés
religieuses et chefs religieux et la contribution de INERELA+
souligne le rôle important qu’ils ont joué dans la lutte contre le
VIH, dans la promotion de la santé sexuelle et reproductive et
des droits.
Les communautés religieuses ont été extrêmement
importantes dans la réalisation des OMD à ce jour - et pas plus
que dans les domaines de la santé et du VIH. À l’avenir, il sera
donc important d’inclure les acteurs confessionnels dans les
conversations sur l’après-2015, d’exploiter les réseaux que les
organisations confessionnelles peuvent offrir et de travailler
avec eux dans les domaines clés liés aux normes sociales et
culturelles - par exemple, sur la question de la violence basée
sur le genre. 40
Un programme de développement post-2015 nécessitera
également l’engagement des acteurs du secteur privé. Le sujet
peut s’avérer très émotif et la destruction et l’exploitation des
communautés par des entreprises privées irresponsables et
souvent de grande taille peuvent provoquer inévitablement et
à juste titre la colère. Que ce soit le déplacement des groupes
autochtones ou d’autres minorités en raison de l’accaparement
des terres, le transfert de bénéfices par les sociétés
transnationales ou le non-respect des droits fondamentaux du
travail, il est évident qu’il reste encore beaucoup à faire pour
assurer un secteur privé responsable, élever le niveau des
normes et améliorer la responsabilité.
Une façon d’accroître l’obligation de rendre compte serait
d’introduire des normes de rapport qui obligent les entreprises
à être plus transparentes et à rendre l’information financière et
non financière (relative à l’impact environnemental et aux droits
humains) disponible pour toutes les parties prenantes. Une plus
grande importance à l’environnement habilitant qui permettrait
aux petites et moyennes entreprises de se développer au
sein de l’économie nationale pourrait également contribuer
à orienter le débat. Pendant ce temps, un programme de
développement durable post-2015 pourrait être enrichi en
s’appuyant sur l’expérience des coopératives et d’autres
modèles économiques alternatifs.
40 Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Recommandations
Recommandations
Une énorme quantité de travail a déjà été fait sur le programme
de développement post-2015: il sera désormais important de
s’appuyer sur ce travail de consultation pour veiller à ce que les
contributions apportées par la société civile à ce jour ne soient
pas perdues et que le processus avance. Les rapports des
deux consultations nationales et thématiques sont importants
à cet égard et doivent être pris très au sérieux par ceux qui
négocient un nouveau cadre.
Comme il est dit dans le rapport de UNDG, La Conversation
Mondiale Commence, 200 000 personnes ont pris part à des
consultations à ce jour, 41 130 000 participants aux dialogues
nationaux. 42 Dans les paroles de Au-delà de 2015, le processus
doit continuer à être « participatif, inclusif, et sensible à la
voix de ceux qui sont directement touchés par la pauvreté
et l’injustice.’43
Certaines de ces voix présentées ici dans ce rapport
et pendant qu’un éventail de points de vue sont exprimés,
il ya plusieurs appels communs à un agenda post-2015
du développement durable:
• une approche claire et cohérente fondée sur les droits
• un programme soutenu par un développement
et une durabilité de l’environnement à faible émission
de carbone
• un accent particulier sur les inégalités sociales,
environnementales et économiques
• un programme audacieux et autonomisant pour
les femmes et les filles
• un engagement à renforcer la résilience, aborder
les risques et les dangers qui menacent les acquis
du développement
• un ensemble universel de buts avec les objectifs
définis en fonction des responsabilités communes
mais différenciées.
Dans la mesure où le processus avance et les priorités sont
prises en compte par les Etats membres de l’ONU impliqués
dans le Groupe de Travail sur les Objectifs de Développement
Durable (ODD), et potentiellement par d’autres au-delà, il y
aura nécessité de faire des choix politiques sur les priorités
de développement et aussi une nécessité pour plus de travail
technique sur les objectifs et indicateurs.
Avoir de bonnes priorités est fondamental - et si nous sommes
sérieux en tant que communauté mondiale sur l’éradication de
la pauvreté, la prise en compte des inégalités et la réalisation
du développement durable, alors il ne faut pas se soustraire à
des questions difficiles telles que les flux financiers illicites, la
justice fiscale ou le changement climatique.
Autres domaines prioritaires potentiels qui ont été proposés
par les contributeurs à ce rapport comprennent : les emplois
décents, la protection sociale, la santé sexuelle, de la
reproduction et les droits, l’autonomisation économique et
sociale des femmes, les systèmes améliorés d’éducation et
de soins de santé, la réduction des risques de catastrophe,
l’agriculture durable, les systèmes fiscaux équitables et
progressifs, la transparence financière, la consolidation de
la paix, lutte contre la discrimination fondée sur les castes
et l’appartenance ethnique, et la lutte contre les inégalités
des revenus.
S’assurer qu’il existe un mécanisme de responsabilisation
solide en place, applicable aux pays en développement et
développés de la même manière, sera aussi important pour
le succès de l’atteinte de tout nouvel objectif. Les idées
avancées par le Panel de Haut Niveau sur l’après 2015 – telles
que la proposition pour tous les pays de soumettre des plans
nationaux de développement durable et de participer à une
structure régionale d’examen par les pairs - doivent être
envisagées et développées d’avantage.
Enfin, il convient de noter qu’un plan ambitieux pour le
financement du développement durable doit être accepté
de commun accord afin de délivrer un programme de
développement post-2015 et un accord climatique mondial
équitable en 2015. La mobilisation coordonnée de la finance
mondiale continuera d’être importante pour l’avenir prévisible,
mais il est aussi nécessaire d’examiner de la façon dont les
pays en développement peuvent optimiser les ressources
domestiques y compris les recettes fiscales, et empêcher les
flux financiers illicites. 44
Les défis qui nous attendent sont énormes mais pas
insurmontables. Ce rapport commence par un examen de la
pauvreté et de la richesse dans le monde, ainsi que des effets
potentiellement dévastateurs du changement climatique.
La tâche morale est claire : la pauvreté est un affront à la
dignité humaine et doit être éradiquée. L’avenir est moins
clair : un monde plus durable et équitable est possible, mais
seulement si nous travaillons ensemble pour faire des choix
audacieux dans les années à venir pour le bien des peuples
et la planète.
Le monde que nous voulons voir perspectives apres 2015 Notes de fin 41
notes de fin
1 United Nations, The Millennium Development Goals Report 2013, New
York, 2013.
24 Unicef, Tacro, Cepal, Pobreza Infantil en América Latina y el Caribe,
2010, unicef.org/lac/Libro-pobreza-infantil-America-Latina-2010(1).pdf
2 Christian Aid, The Rich, the Poor and the Future of the Earth: Equity in a
constrained world, 2012, p2.
25 Colombia Demographics Profile 2013, indexmundi.com/colombia/
demographics_profile.html
3 Boston Consulting Group, Global Wealth 2013, 2013.
26 La recherche participative a été financée par Participate et par
CAFOD et est détaillé dans la publication suivante : Setting the Post-2015
Development Compass: Voices from the ground, CAFOD, 2013.
4 taxjustice.net
5 iff-update.gfintegrity.org
6 World Bank, Turn Down the Heat: Why a 4°C warmer world must be
avoided, 2012.
27 ‘Bolivia and Gas: Where is the revolution?’, Upside Down World, 2013,
upsidedownworld.org/main/bolivia-archives-31/4319-bolivia-amid-gaswhere-is-the-revolution
7 World Bank, Turn Down the Heat: Climate extremes, regional impacts
and the case for resilience, 2013.
28 ‘Agenda Post-2015’, América Latina en Movimiento, 2012, alainet.org/
active/62941&lang=es
8 UNDP, 2013 Human Development Report, 2013.
29 Christian Aid, Low-Carbon Africa: Leapfrogging to a green future, 2011.
9 World Development Indicators: http://data.worldbank.org/indicator/
EN.ATM.CO2E.PC
30 Ibid, p43.
10 Voir aussi Green, Hale and Lockwood, How Can a Post-2015 Agreement
Drive Real Change? Oxfam Discussion Paper, 2012.
11 See note 1, p5.
12 Kenny and Sumner, More Money or More Development: What have the
MDGs achieved?, CGD Working Paper, 2011.
13 Ibid, p4.
14 Oxfam and Development Finance International, Putting Progress at Risk:
MDG spending in developing countries, 2013.
15 www.imf.org/external/np/prsp/prsp.aspx
16 Voir par exemple, the additional goal of ‘de-mining’ within the
Cambodian Millennium Development Goals (CMDGs).
17 High-Level Panel on the Post-2015 Development Agenda, A New
Global Partnership: Eradicate poverty and transform economies through
sustainable development, 2013.
18 United Nations, The Report of the High-Level Panel of Eminent Persons
on the Post-2015 Development Agenda, 2013.
19 DWD est présent au Népal, au Bangladesh, au Pakistan, au Sri Lanka
et au Japon ainsi que dans différentes régions d’Afrique. Elle affecte
également les communautés de la diaspora sud-asiatique - un fait qui a
conduit la House of Commons du Royaume Uni à voter récemment pour
l’introduction de la caste comme un motif de discrimination interdit par la
Loi sur l’Egalité de 2010.
20 NDW/NCDHR, Ensuring Inclusion of Biodiversity-dependent
Communities in all Preparedness, Adaptation and Mitigation Measures,
2012, ncdhr.org.in/latestinterventions/report%20on%2015th%20side%20
event.pdf
21 Ibid.
22 Voir note 20.
23 PNUD Colombia, Informe Rural Colombia, 2011.
31 See note 2, p14.
32 Pour en savoir plus sur l’approche de Christian Aid sur l’agriculture
durable, voir: christianaid.org.uk/images/time-for-climate-justice-10.pdf
33 Christian Aid, The Scandal of Inequality in Latin America and the
Caribbean, 2012, christianaid.org.uk/images/scandal-of-inequality-in-latinamerica-and-the-caribbean.pdf
34 Christian Aid est un membre du UK Gender and Development Network
qui a publié le rapport suivant qui defend un objectif autonome de l’égalité
entre les genres et l’autonomisation des femmes : www.gadnetwork.org.
uk/gadn-post-2015-report
35 Synthesis Report on the Global Thematic Consultation on Addressing
Inequalities, 2013, p55, www.worldwewant2015.org/node/299198
36 Ibid, p79.
37 Sustainable Development Solutions Network, An Action Agenda for
Sustainable Development, 2013, p14.
38 UN Global Compact, Corporate Sustainability and the United Nations
Post-2015 Development Agenda, 2013, p15.
39 actalliance.org/what-we-do/issues/post-mdg
40 Christian Aid est membre de We Will Speak Out : une coalition
mondiale d’organisations chrétiennes qui travaillent ensemble pour
mettre fin à la violence sexuelle : wewillspeakout.org
41 UNDP, The Global Conversation Begins, 2013, p9.
42 Ibid, p10.
43 http://beyond2015.org/what-we-want
44 Pour en savoir plus sur la fiscalité et l’après-2015, voir : christianaid.org.
uk/images/tax-and-the-post-2015-agenda.pdf
Christian Aid est une organisation chrétienne
qui insiste sur le fait que le monde peut et doit
être rapidement changé en un autre monde
où tout le monde peut vivre une vie pleine,
débarrassée de la pauvreté.
Nous travaillons au niveau mondial pour un
changement profond qui élimine les causes
de la pauvreté, en s’efforçant de parvenir à
l’égalité, la dignité et la liberté pour tous,
indépendamment du bord religieux ou de la
nationalité. Nous faisons partie d’un mouvement
plus large pour la justice sociale.
Nous fournissons une aide d’urgence, pratique
et efficace là où le besoin est grand, nous luttons
contre les effets de la pauvreté ainsi que ses
causes profondes.
christianaid.org.uk
christianaid.ie
Numéro de charité enregistré au Royaume-Uni 1105851, Numéro de la société
5171525, Numéro de charité Ecosse SC039150, Numéro de charité Irlande du Nord
XR94639, Numéro de la Société République d’Irlande NI059154, Numéro de charité
CHY6998, Numéro de la Société 426928. Imprimé sur du papier 100 pour cent
recyclé.
Le nom et le logo de Christian Aid sont des marques de Christian Aid, ©
Christian Aid XXX 2013 14-474-J1758
Christian Aid est est un membre de