Etude de la composition et de la qualité des huiles acides
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Etude de la composition et de la qualité des huiles acides
ETUDE DE LA COMPOSITION ET DE LA QUALITE DES HUILES ACIDES INDUSTRIELLES EN VUE D’UNE MEILLEURE CONNAISSANCE DE LEUR VALEUR NUTRITIONNELLE Rossignol-Castera Anne1, Coustille Jean-Louis 1, Mazette Stéphane1, Bouvarel Isabelle2 1 ITERG, rue Monge, Parc Industriel, 33600 PESSAC 2 ITAVI, BP 1, 37380 NOUZILLY Etude de la composition et de la qualité des huiles acides industrielles en vue d’une meilleure connaissance de leur valeur nutritionnelle L’utilisation d’huiles végétales non raffinées telles que les huiles brutes ou les huiles acides a connu un essor important depuis la suspension d’autorisation des produits animaux en novembre 2000. Ce travail se propose de réaliser un échantillonnage représentatif des huiles acides industrielles disponibles sur le marché afin d’en établir une cartographie analytique au niveau composition et qualité physico-chimique, en particulier au niveau des acides gras oxydés ou polymérisés, et de définir des valeurs seuils pour les composés indésirables et les polluants chimiques potentiels. Vingttrois échantillons provenant de sept fournisseurs industriels différents ont été collectés. Ces huiles sont principalement des mélanges obtenus à partir des pâtes de neutralisation du raffinage chimique des huiles brutes ou des acides gras issus de la distillation neutralisante. Deux grands types d’huiles acides se dégagent au niveau de la composition : celles à base de palme ou contenant du palme avec 15 à 30 % d’acides gras poly insaturés (AGPI), celles à base d’huiles acides de soja, colza, tournesol et/ou maïs avec 40 à 60 % d’AGPI oméga 6 et oméga 3. L’acidité oléique permet de différencier les produits en terme de procédé d’obtention plus qu’en terme de qualité. La teneur en acides gras chromatographiables, qui représentent les acides gras non oxydés et non polymérisés totaux, est un critère mieux adapté à l’évaluation de la qualité des huiles acides que l’indice de peroxyde classiquement utilisé pour d’autres matières grasses. Ainsi, la majorité des produits, soit 20/23 échantillons et 6/7 fournisseurs, a une qualité voisine, avec 80 à 95 % d’acides gras chromatographiables. Parmi les composés indésirables sur la plan de la qualité nutritionnelle, on retiendra également le taux d’acides gras trans (3 % max) et le taux de polymères de triglycérides (1 % max), alors que sur le plan de la qualité marchande, les teneurs en eau et en impuretés sont variables mais généralement inférieures à 1 % en poids de l’huile. En terme de polluants chimiques, des cibles maximales sont données et commentées pour les pesticides, les dioxines, les éléments toxiques et les traces de solvants techniques. Study of the composition and the quality of industrial acid vegetal oils for nutritional applications. The incorporation of non refining vegetal oils such as crude oils or acid oils in food increased significantly since the prohibition of the use of animal fats and products in November 2000. We have proposed an analytical study on a sampling panel of industrial acid oils in order to determine specifications about the composition and physico-chemical quality of these products. We especially determine the oxidized and polymerized fatty acids, the undesirable compounds and the chemical toxic pollutants contents. Twenty three samples were collected from seven European producers. Acid oils analysed come from mixtures of fatty acids obtained from soapstocks produced during the chemical refining or from deodistillates produced during a physical refining of a crude oil. Considering the fatty acids composition, two groups of acid oils can be found : palm oil origin group with less than 30 % of polyunsaturated fatty acids, and sunflower oil, rapeseed oil, soya oil or cornseed oil origins with 40 to 60 % of omega 6 and omega 3 polyunsaturated fatty acids. Oleic acidity is a classification parameter depending on the process. A very interesting analytical parameter for the acid oils is the total chromatographic fatty acids content that account for the total non oxidized and non polymerized fatty acids. This parameter is more significant than peroxide value for the characterisation of these particular lipid products. So, the majority of acid oils, 20/23 samples and 6/7 producers, have a total chromatographic fatty acids content between 80 and 95 g per 100 g of oil. Undesirable compounds for the nutritional quality of the oil are trans isomers (3 % max of total fatty acids) and triglycerid polymers (1 % max of oil). Undesirable compounds for the commercial quality of the oil are water and impurities (respectively 1 % max of oil). A chemical pollutants survey is proposed for pesticides, dioxines, toxic elements and technical solvents traces. 154 Sixièmes Journées de la Recherche Avicole, St Malo, 30 et 31 mars 2005 INTRODUCTION L’utilisation de corps gras d’origine végétale en substitution aux graisses animales, suifs de boeuf et de mouton en particulier, a connu un essor important depuis la suspension d’autorisation des produits animaux en novembre 2000. Il existe deux grands types de corps gras végétaux, les huiles fluides riches en acides gras insaturés du type huile de colza, soja ou tournesol, et les graisses solides riches en acides gras saturés, largement représentées par le palme. Dans les deux cas, il existe sur le marché des huiles raffinées destinées à l’alimentation humaine et des huiles non raffinées, telles que les huiles brutes obtenues par pression ou extraction des graines ou des fruits oléagineux, ou bien les huiles dites acides, obtenues à partir de sous-produits du raffinage. En 2002, il était estimé que les quantités globales d’huile brute de palme et d’huiles acides utilisées pour l’alimentation des volailles représentaient le même volume que les huiles végétales raffinées de soja et de colza (Bouvarel et Mjoun, 2002). Les huiles acides commercialisées sur le marché français sont obtenues par hydrolyse acide des pâtes de neutralisation issues du raffinage chimique ou des condensats de désodorisation issues du raffinage physique des huiles brutes. Les informations disponibles concernant la composition, la qualité et la valeur nutritionnelle de ces huiles sont extrêmement limitées (Aubret et Huard, 2003a, b). Compte tenu de leur origine, les huiles acides peuvent donc être des mélanges d’huiles de nature différente et de qualité variable, et peuvent contenir des produits d’oxydation, des impuretés, voire des polluants. En absence de traçabilité systématique et de cahiers des charges adaptés à une utilisation en alimentation animale, il était donc nécessaire de réaliser une étude analytique sur un échantillonnage représentatif des huiles acides industrielles. L’objectif était d’établir une cartographie des spécifications au niveau composition et qualité physico-chimique - en particulier au niveau des acides gras oxydés ou polymérisés pouvant interférer sur la valeur nutritionnelle -, et de définir des valeurs seuils pour les composés indésirables et les polluants chimiques potentiels. 1. MATERIELS ET METHODES détermination de la teneur en acides gras chromatographiables totaux par chromatographie en phase gazeuse avec étalonnage interne selon les normes NF EN ISO 5509 & 5508 ; dosage des polymères de triglycérides par CLHP d’exclusion selon la norme NF EN ISO 16931. Parmi les 23 huiles acides analysées, ont été sélectionnés 10 échantillons représentatifs des différents types d’huile acide en terme de composition et de qualité. Sur ce sous-groupe de produits ont été recherchés par chromatographie en phase gazeuse selon les méthodes ITERG, les traces de pesticides organochlorés et organophosphorés, de dioxines et de solvants (hexane, méthanol). Les éléments toxiques suivants ont été dosés par absorption atomique : plomb, arsenic, mercure. 2. RESULTATS ET DISCUSSION Les 23 échantillons collectés provenant de 7 fournisseurs industriels différents, sont décrits dans le tableau 1 et correspondent : • Soit à des mélanges d’huiles acides fluides (tournesol, colza, soja, maïs) obtenues à partir des pâtes de neutralisation de raffinage chimique, avec ou sans acides gras de palme (16 échantillons / 23) • Soit à des acides gras issus de la distillation neutralisante, majoritairement à partir d’huile de palme (6 échantillons / 23), et dans un cas, à partir d’huile de tournesol. Les huiles acides passent d’un état liquide à température ambiante à un état pâteux ou solide dès lors qu’elles contiennent du palme, ce qui est le cas le plus fréquent (15 échantillons / 23). Elles sont généralement colorées en marron plus ou moins foncé, les acides gras de tournesol étant les moins colorés (orangé clair). Les deux principaux critères de qualité marchande des huiles alimentaires sont les teneurs en eau et en impuretés insolubles dans l’hexane. Les teneurs en eau mesurées pour les 23 huiles acides, varient de 0,1 à 1,25 %, avec une moyenne de 0,55 %, et celles en impuretés varient de moins de 0,1 % à 1,5 %, avec une moyenne de 0,3 %. Les recommandations du Codex Alimentarius pour les huiles alimentaires raffinées sont de 0,2 % max pour l’eau et 0,05 % max pour les impuretés. Cependant compte tenu d’une part, des procédés d’obtention des huiles acides, et d’autre part, du fait que la présence d’eau et d’impuretés au sens de l’insoluble à l’hexane, intervient sur la valeur marchande mais pas sur la sécurité alimentaire de ces produits, nous proposons aux acheteurs d’huiles acides de fixer une cible à 1 % max d’eau et 1 % max d’impuretés insolubles dans l’hexane. Des valeurs faibles garantissent un traitement correct de clarification par décantation et filtration, et de séchage de l’huile acide. Dans notre étude, seul un échantillon présente des niveaux anormalement élevés (5,6 % d’eau et 13,6 % d’impuretés) qui indiquent soit une pollution au transport ou au stockage, soit l’absence de filtration et de séchage. La mesure de l’acidité minérale résiduelle dans cet échantillon, par lecture du pH de l’eau de lavage, donne une valeur de 4 au lieu de 5 ou 6 pour les 22 autres huiles acides, ce qui peut montrer l’absence de lavages puis séchage de cette huile. Vingt trois échantillons d’huiles acides ont été collectés par plusieurs fabricants d’aliments volaille, et sont issus de sept fournisseurs industriels européens. Les prélèvements ont été contrôlés en terme de représentativité et de qualité de l’échantillon. Chaque huile a été identifiée en terme d’origine, date et lieu de livraison, descriptif du fournisseur, et numéro de lot. Sur chaque échantillon, ont été réalisées les déterminations suivantes : descriptif de l’aspect : limpidité, couleur, odeur, fluidité , par observation à température ambiante; dosage de l’eau par Karl Fischer selon la norme NF ISO 8534 ; dosage des impuretés insolubles à l’hexane selon la norme NF EN ISO 663 ; détermination de l’acidité oléique selon la norme NF EN ISO 660 ; détermination de la composition en acides gras saturés, mono-insaturés et poly-insaturés dont isomères cis et trans et Sixièmes Journées de la Recherche Avicole, St Malo, 30 et 31 mars 2005 155 En ce qui concerne la teneur en acides gras libres exprimée par l’acidité oléique, les huiles acides peuvent se classer en 3 groupes: deux huiles avec une acidité supérieure à 85 % correspondant aux acides gras de distillation, deux huiles avec une acidité faible inférieure à 30 % - ce qui laisse supposer le mélange avec une huile « neutre » glycéridique – et enfin toutes les autres huiles acides dont l’acidité varie entre 45 et 80 %. L’acidité est un critère qui permet de distinguer les huiles en terme de procédé d’obtention plus que de qualité : les huiles acides issues de condensats de distillation sont à acidité très élevée, les huiles acides issues de pâtes de neutralisation ont des acidités plus basses et variables selon la proportion d’huile « neutre » en mélange. Ce critère ne nous permet pas en revanche de conclure s’il s’agit d’acides gras oxydés ou non, sachant que les acides gras libres non oxydés présentent le même intérêt nutritionnel que les acides gras glycéridiques non oxydés (cas des huiles raffinées). En ce qui concerne la composition en acides gras, les huiles acides se différencient par un taux d’acides gras saturés élevé dans le cas de la présence d’huile de palme et à l’inverse par un taux d’acides gras polyinsaturés [AGPI] : l’acide linoléique C18 :2 (n-6) et l’acide α-linolénique C18 :3 (n-3), élevé dans le cas de la présence d’huiles fluides type colza, maïs ou tournesol. De ce fait, nous pouvons distinguer deux grands groupes d’huiles acides : un groupe majoritaire de 16 échantillons avec une teneur en AGPI inférieure à 30 %, en moyenne 15 % des acides gras totaux, contenant du palme ou du palmiste. Ces huiles acides sont d’un point de vue nutritionnel des sources peu concentrées en acides gras essentiels. Le deuxième groupe de 7 échantillons a une teneur en AGPI de 40 à 62 % des acides gras totaux, en moyenne 53 %, ce qui est un atout nutritionnel. Ces huiles sont à base de soja, de tournesol et/ou de maïs et contiennent de plus peu d’acides gras trans (moins de 0,9 % des acides gras totaux). Ces résultats montrent que les formulateurs d’aliments pour animaux peuvent trouver sur le marché, des huiles acides sources d’acides gras essentiels sur le plan nutritionnel, au même titre que des huiles raffinées. Il est cependant nécessaire de vérifier que ces acides gras sont « biodisponibles » c’est à dire non isomérisés, non oxydés et non polymérisés. La teneur en acides gras totaux chromatographiables, constitue un critère particulièrement intéressant pour les huiles acides car il permet de quantifier la quantité d’acides gras non oxydés, non polymérisés et non cyclisés, soit la quantité d’acides gras biodisponibles totaux, critère le plus intéressant sur le plan nutritionnel pour le formulateur. En effet ce sont les acides gras natifs non modifiés qui ont le meilleur coefficient au niveau digestion et métabolisme, que ces acides gras soient apportés dans l’aliment sous forme libre ou sous forme glycéridique. On comprend donc ici que l’acidité d’une huile acide est un critère insuffisant pour en définir l’intérêt nutritionnel et doit à notre avis, être associé à la notion d’acides gras totaux chromatographiables. Les résultats obtenus dans notre enquête et mentionnés dans le tableau 2, permettent de distinguer 3 groupes de produits : • la majorité, soit 20 échantillons, présente une teneur en acides gras chromatographiables comprise entre 80 et 95 g / 100 g d’huile, avec une moyenne à 88 g/100g. • le produit constitué d’acides gras de tournesol, présente un taux très élevé de 99 g /100 g d’acides gras chromatographiables ce qui est équivalent à une huile raffinée, avec de plus, seulement 0,4 % d’acides gras trans et près de 60 % d’AGPI. Ce produit a donc une haute valeur nutritionnelle. • deux échantillons présentent en revanche une faible teneur en acides gras chromatographiables, soit 73 et 68 g / 100 g d’huile, ce qui est un indicateur d’une faible valeur nutritionnelle avec présence de nombreux composés oxydés. L’une de ces huiles a par ailleurs une teneur élevée en polymères (10 %) et l’autre en eau et impuretés (19 %). Ces deux huiles sont très colorées et ont une teneur en acides gras trans voisine de 3 %. Au vu de nos résultats, nous pouvons conseiller aux fabricants d’aliments de choisir une huile acide avec une teneur supérieure à 85 g / 100 g d’acides gras chromatographiables totaux. En ce qui concerne les polymères de triglycérides, les huiles acides n’en contiennent pas à l’exception des deux produits d’un même fournisseur qui en contiennent 6 et 10%, ce qui est l’indicateur de la présence d’une huile chauffée type huile de friture. En absence de ce type d’adultération, il n’apparaît pas de risque de polymérisation des acides gras au cours des procédés d’obtention des huiles acides. La teneur en acides gras trans des huiles acides varie selon le procédé d’obtention de 0,2 à 4,1 % des acides gras totaux, avec moins de 2 % pour plus de la moitié En ce qui concerne la recherche de traces de des huiles analysées. Les acides gras trans peuvent se polluants chimiques dans les huiles acides former au cours de la désodorisation des huiles en industrielles, nous avons recherché les résidus de particulier s’il s’agit d’une désodorisation neutralisante produits phytosanitaires pouvant être présents dans les à haute température comme dans le cas du raffinage huiles brutes via le traitement des graines à la récolte physique du palme. Ils sont indésirables sur le plan ou au stockage. Parmi 20 matières actives nutritionnel et une réglementation danoise a fixé au 1er organochlorées, seules des traces de lindane ont été juin 2003 une teneur maximale en alimentation mises en évidence dans 4 échantillons aux niveaux humaine de 2 % d’acides gras trans dans les matières respectifs de 10 et 55 ppb. La réglementation française grasses alimentaires. Les acides gras trans des huiles indique uniquement une valeur maximale de 50 ppb acides sont très majoritairement représentés par dans les graines de tournesol et le Codex indique 1000 l’isomère trans ∆9 de l’acide oléique C18:1 (n-9). Au ppb max dans le beurre de cacao. Parmi 51 matières vu de nos résultats, les huiles acides n’apparaissent pas actives organophosphorées, ont été retrouvées des comme des matières premières concentrées en acides traces quantifiables de malathion qui est un produit gras trans. autorisé en traitement post récolte pour le stockage des Sixièmes Journées de la Recherche Avicole, St Malo, 30 et 31 mars 2005 156 graines de tournesol. Une teneur de 0,5 ppm max est admise dans les graines. Les autres résidus identifiés, pyrimiphosméthyl, dichlorvos, fenitrothion, et chlorpyriphosméthyl, ont été détectés à des niveaux très bas en dessous des seuils de quantification. En ce qui concerne les dioxines, 25 congénères ont été recherchés dont les polychlorodibenzodioxines (PCDD) et les furanes (PCDF). Le Règlement (CE) n° 2375/2001 donne une valeur maximale admissible de 0,75 pg / g pour les huiles végétales, 2 pg/g pour les huiles de poisson et 3 pg / g pour les graisses de ruminants, exprimés en OMS-PCDD/F-TEQ/g. Parmi les 10 échantillons d’huiles acides analysés, neuf contiennent moins de 0,5 pg /g de dioxines. Les solvants chimiques résiduels que l’on peut trouver dans les huiles acides sont l’hexane utilisé pour l’extraction des graines, et le méthanol utilisé pour la fabrication des esters méthyliques. Les traces d’hexane mesurées dans notre étude sont inférieures à 40 ppm pour les huiles acides issues de pâtes de neutralisation et inférieures à 2 ppm pour les acides gras distillés. Les traces de méthanol sont inférieures à 15 ppm pour tous les échantillons. Compte tenu d’une part, qu’un tourteau pour alimentation animale peut contenir jusqu’à 500 ppm d’hexane résiduel, et que d’autre part que certains ingrédients autorisés en alimentation humaine peuvent contenir jusqu’à 1% de méthanol, les teneurs résiduelles obtenues sur les huiles acides peuvent être considérées comme correctes. En ce qui concerne les éléments toxiques dont les métaux lourds pouvant être issus de pollutions environnementales ou technologiques, les valeurs mesurées sont inférieures à 25 ppb pour l’arsenic et 80 ppb pour le mercure pour tous les échantillons d’huiles acides, et inférieures à 100 ppb de plomb pour 8 échantillons / 10. Le Codex Alimentarius recommandant une teneur maximale individuelle en plomb et en arsenic de 100 ppb, nous préconisons également ces cibles pour les huiles acides. CONCLUSION L’enquête que nous avons réalisée sur la composition et la qualité de 23 huiles acides industrielles, nous conduit à distinguer trois groupes de produits : Un produit de qualité « standard » correspondant à la majorité des huiles acides du marché, soit 20 échantillons / 23 et 6 fournisseurs / 7, avec 80 à 95 % d’acides gras chromatographiables, de 1 à 3 % d’acides gras trans, moins de 1% d’eau, moins de 1 % d’impuretés, moins de 1 % de polymères. Parmi cette qualité moyenne, on peut souligner la possibilité de trouver une qualité « supérieure » avec des huiles acides qui présentent une teneur en acides gras chromatographiables, c’est à dire biodisponibles, non oxydés et non polymérisés, de 90 à 95 %. Les huiles acides industrielles entrant dans cette catégorie sont majoritairement obtenues à partir des pâtes de neutralisation du raffinage chimique. L’acidité oléique est alors généralement comprise entre 50 et 60 %. Dans une moindre part, on trouve des acides gras de distillation, l’acidité est alors plus élevée en général comprise entre 75 à 85 %. En terme d’origine, on trouve des huiles acides contenant du palme (plus rarement du palmiste), avec un aspect pâteux ou solide et une teneur faible en acides gras poly-insaturés de 15 à 30 % des acides gras totaux, et des huiles acides contenant des huiles végétales fluides, soja, colza, tournesol et maïs, avec une teneur variable en acides gras poly-insaturés pouvant atteindre 60 à 65 % des acides gras totaux. Un produit ayant une qualité et un intérêt nutritionnel significativement supérieurs aux autres huiles acides et équivalents à une huile raffinée : les acides gras distillés de tournesol, avec 99 % d’acides gras chromatographiables dont moins de 0,5 % d’isomères trans et plus de 60 % d’AGPI, exempts d’eau, d’impuretés, de polymères. Un produit rencontré seulement dans 2 cas / 23 qui correspond à une qualité insuffisante pour une utilisation en alimentation animale du fait d’une teneur en acides gras oxydés ou polymérisés élevée, de près de 30 g / 100 g, ou bien d’une quantité trop importante d’eau et d’impuretés. Le risque de mélange avec une huile de friture a également été mis en évidence. Pour ces produits de moindre qualité, il est nécessaire de prendre en compte aussi un risque plus élevé pour la présence de polluants chimiques avec la nécessité d’un plan de contrôle pour les traces de pesticides, de dioxines et d’éléments toxiques tels que le plomb. Notre enquête a permis d’établir une cartographie aussi représentative que possible des différentes huiles acides industrielles disponible à ce jour. Elle met en évidence la nécessité d’un plan de contrôle régulier pour certains critères et d’un plan de surveillance pour les polluants potentiels. Elle souligne la variabilité de composition et de qualité des ces matières premières même pour un fournisseur donné en fonction des lots de fabrication et des approvisionnements d’huiles brutes en amont. Les résultats obtenus permettent de proposer des spécifications cibles réalistes et utiles pour définir un cahier des charges sur la qualité de l’huile acide achetée et valables quelque soit l’origine – acides gras de distillation ou huiles acides issues de pâtes de neutralisation – l’acidité ou la composition en acides gras : teneur en acides gras chromatographiables totaux de 85 % minimum, teneurs maximales de 1 % pour l’eau, 1% pour les impuretés, 1% pour les polymères de triglycérides, et 3 % pour les acides gras trans. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES Aubret J.M. et Huard M., 2003a. 5èmes JRA, Tours, 149-152. Aubret J.M. et Huard M., 2003b. 5èmes JRA, Tours, 225-228. Bouvarel I. et Mjoun K., 2002. Rapport OFIVAL, 84 p. Sixièmes Journées de la Recherche Avicole, St Malo, 30 et 31 mars 2005 157 Tableau 1 - Origine et descriptif des huiles acides industrielles analysées 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 Descriptif du fournisseur Etat à température ambiante Couleur Acides gras de palme + mélange soja / tournesol / colza Mélange soja /tournesol / maïs Mélange à 30% d’acide linoléique C18 :2 Mélange à 30% d’acide linoléique C18 :2 Mélange soja / tournesol / maïs Mélange soja / tournesol / maïs Mélange tournesol 20 % / colza 50 % / palme 30 % Mélange tournesol 20 % / colza 50 % / palme 30 % Palme Palme Palme + Palmiste Palme + Palmiste Palme Mélange tournesol 20 % / colza 50 % / palme 30 % Palme Mélange tournesol 20 % / colza 50 % / palme 30 % Mélange tournesol 20 % / colza 50 % / palme 30 % Palme Mélange tournesol 20 % / colza 50 % / palme 30 % Acides gras de tournesol (distillation) Huile acide de tournesol (neutralisation) Mélange soja /tournesol / maïs Palme Solide Pâteux Liquide Liquide Liquide Liquide Solide Solide Solide Solide Solide Solide Solide Pâteux Solide Pâteux Solide Solide Pâteux Pâteux Liquide Liquide Solide Marron foncé Marron foncé Marron noir Marron noir Marron foncé Marron foncé Marron foncé Marron foncé Marron foncé Marron clair Marron clair Marron clair Marron clair Marron foncé Marron clair Marron foncé Marron foncé Marron clair Marron foncé Orangé clair Marron foncé Marron noir Marron clair Tableau 2 - Caractéristiques physico-chimiques des huiles acides industrielles analysées 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 158 Acidité oléique Teneur en acide Teneur en acide Teneur en Teneur en acides Teneur en eau Teneur en Teneur en linoléique acides gras gras impuretés polymères de α-linolénique chromatographiables C18 :2 (n-6) trans triglycérides C18 :3 (n-3) g/100 g d‘huile g/100g d’huile g/100g d’huile g/100g d’huile g/100g d’huile % des acides % des acides % des acides gras totaux gras totaux gras totaux 73,3 22,4 2,9 1,1 1,25 0,04 < 0,1 92,5 49,8 47,6 0,6 0,3 0,57 0,96 < 0,1 80,0 31,3 47,7 0,7 0,9 0,85 0,47 6,3 85,6 23,7 31,1 1,1 3,3 0,75 0,19 9,9 73,0 46,8 61,1 0,4 0,2 0,68 1,48 < 0,1 88,9 48,8 47,8 0,7 0,2 0,63 0,73 < 0,1 86,1 71,4 21,6 2,3 4,1 1,00 0,07 < 0,1 86,8 55,3 22,2 1,9 2,6 5,6 13,64 0,9 68,5 55,4 8,0 0,4 1,3 0,19 0,11 1,4 90,4 51,7 9,2 0,4 0,6 0,37 0,05 1,1 92,4 75,8 8,0 0,3 2,2 <0,1 0,05 < 0,1 94,2 85,1 8,0 0,3 2,2 0,27 0,06 < 0,1 93,0 50,1 8,1 0,4 1,3 < 0,1 92,4 77,9 18,0 3,0 2,0 0,70 0,25 < 0,1 90,0 49,6 8,0 0,4 1,4 0,13 0,15 < 0,1 86,7 61,0 24,2 2,2 3,0 < 0,1 84,2 69,3 19,1 2,2 3,6 0,77 0,05 < 0,1 89,7 50,6 8,0 0,5 1,3 0,17 0,81 < 0,1 90,0 66,0 20,4 1,8 2,3 0,89 0,13 < 0,1 88,8 88,2 58,0 0,7 0,4 0,10 0,05 < 0,1 98,9 47,2 59,7 0,5 0,6 0,65 0,1 < 0,1 89,9 45,1 61,8 0,5 0,5 0,61 0,1 < 0,1 84,6 54,6 8,8 0,4 0,6 0,15 0,1 < 0,1 93,1 Sixièmes Journées de la Recherche Avicole, St Malo, 30 et 31 mars 2005