Etude de la composition et de la qualité des huiles acides

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Etude de la composition et de la qualité des huiles acides
ETUDE DE LA COMPOSITION ET DE LA QUALITE DES HUILES ACIDES
INDUSTRIELLES EN VUE D’UNE MEILLEURE CONNAISSANCE
DE LEUR VALEUR NUTRITIONNELLE
Rossignol-Castera Anne1, Coustille Jean-Louis 1, Mazette Stéphane1, Bouvarel Isabelle2
1
ITERG, rue Monge, Parc Industriel, 33600 PESSAC
2
ITAVI, BP 1, 37380 NOUZILLY
Etude de la composition et de la qualité des huiles acides industrielles en vue d’une meilleure connaissance de
leur valeur nutritionnelle
L’utilisation d’huiles végétales non raffinées telles que les huiles brutes ou les huiles acides a connu un essor important
depuis la suspension d’autorisation des produits animaux en novembre 2000. Ce travail se propose de réaliser un
échantillonnage représentatif des huiles acides industrielles disponibles sur le marché afin d’en établir une cartographie
analytique au niveau composition et qualité physico-chimique, en particulier au niveau des acides gras oxydés ou
polymérisés, et de définir des valeurs seuils pour les composés indésirables et les polluants chimiques potentiels. Vingttrois échantillons provenant de sept fournisseurs industriels différents ont été collectés. Ces huiles sont principalement
des mélanges obtenus à partir des pâtes de neutralisation du raffinage chimique des huiles brutes ou des acides gras
issus de la distillation neutralisante. Deux grands types d’huiles acides se dégagent au niveau de la composition : celles
à base de palme ou contenant du palme avec 15 à 30 % d’acides gras poly insaturés (AGPI), celles à base d’huiles
acides de soja, colza, tournesol et/ou maïs avec 40 à 60 % d’AGPI oméga 6 et oméga 3. L’acidité oléique permet de
différencier les produits en terme de procédé d’obtention plus qu’en terme de qualité. La teneur en acides gras
chromatographiables, qui représentent les acides gras non oxydés et non polymérisés totaux, est un critère mieux adapté
à l’évaluation de la qualité des huiles acides que l’indice de peroxyde classiquement utilisé pour d’autres matières
grasses. Ainsi, la majorité des produits, soit 20/23 échantillons et 6/7 fournisseurs, a une qualité voisine, avec 80 à 95 %
d’acides gras chromatographiables. Parmi les composés indésirables sur la plan de la qualité nutritionnelle, on retiendra
également le taux d’acides gras trans (3 % max) et le taux de polymères de triglycérides (1 % max), alors que sur le
plan de la qualité marchande, les teneurs en eau et en impuretés sont variables mais généralement inférieures à 1 % en
poids de l’huile. En terme de polluants chimiques, des cibles maximales sont données et commentées pour les
pesticides, les dioxines, les éléments toxiques et les traces de solvants techniques.
Study of the composition and the quality of industrial acid vegetal oils for nutritional applications.
The incorporation of non refining vegetal oils such as crude oils or acid oils in food increased significantly since the
prohibition of the use of animal fats and products in November 2000. We have proposed an analytical study on a
sampling panel of industrial acid oils in order to determine specifications about the composition and physico-chemical
quality of these products. We especially determine the oxidized and polymerized fatty acids, the undesirable compounds
and the chemical toxic pollutants contents. Twenty three samples were collected from seven European producers. Acid
oils analysed come from mixtures of fatty acids obtained from soapstocks produced during the chemical refining or
from deodistillates produced during a physical refining of a crude oil. Considering the fatty acids composition, two
groups of acid oils can be found : palm oil origin group with less than 30 % of polyunsaturated fatty acids, and
sunflower oil, rapeseed oil, soya oil or cornseed oil origins with 40 to 60 % of omega 6 and omega 3 polyunsaturated
fatty acids. Oleic acidity is a classification parameter depending on the process. A very interesting analytical parameter
for the acid oils is the total chromatographic fatty acids content that account for the total non oxidized and non
polymerized fatty acids. This parameter is more significant than peroxide value for the characterisation of these
particular lipid products. So, the majority of acid oils, 20/23 samples and 6/7 producers, have a total chromatographic
fatty acids content between 80 and 95 g per 100 g of oil. Undesirable compounds for the nutritional quality of the oil
are trans isomers (3 % max of total fatty acids) and triglycerid polymers (1 % max of oil). Undesirable compounds for
the commercial quality of the oil are water and impurities (respectively 1 % max of oil). A chemical pollutants survey is
proposed for pesticides, dioxines, toxic elements and technical solvents traces.
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Sixièmes Journées de la Recherche Avicole, St Malo, 30 et 31 mars 2005
INTRODUCTION
L’utilisation de corps gras d’origine végétale en
substitution aux graisses animales, suifs de boeuf et de
mouton en particulier, a connu un essor important
depuis la suspension d’autorisation des produits
animaux en novembre 2000. Il existe deux grands types
de corps gras végétaux, les huiles fluides riches en
acides gras insaturés du type huile de colza, soja ou
tournesol, et les graisses solides riches en acides gras
saturés, largement représentées par le palme. Dans les
deux cas, il existe sur le marché des huiles raffinées
destinées à l’alimentation humaine et des huiles non
raffinées, telles que les huiles brutes obtenues par
pression ou extraction des graines ou des fruits
oléagineux, ou bien les huiles dites acides, obtenues à
partir de sous-produits du raffinage. En 2002, il était
estimé que les quantités globales d’huile brute de
palme et d’huiles acides utilisées pour l’alimentation
des volailles représentaient le même volume que les
huiles végétales raffinées de soja et de colza (Bouvarel
et Mjoun, 2002). Les huiles acides commercialisées sur
le marché français sont obtenues par hydrolyse acide
des pâtes de neutralisation issues du raffinage chimique
ou des condensats de désodorisation issues du raffinage
physique des huiles brutes. Les informations
disponibles concernant la composition, la qualité et la
valeur nutritionnelle de ces huiles sont extrêmement
limitées (Aubret et Huard, 2003a, b). Compte tenu de
leur origine, les huiles acides peuvent donc être des
mélanges d’huiles de nature différente et de qualité
variable, et peuvent contenir des produits d’oxydation,
des impuretés, voire des polluants. En absence de
traçabilité systématique et de cahiers des charges
adaptés à une utilisation en alimentation animale, il
était donc nécessaire de réaliser une étude analytique
sur un échantillonnage représentatif des huiles acides
industrielles. L’objectif était d’établir une cartographie
des spécifications au niveau composition et qualité
physico-chimique - en particulier au niveau des acides
gras oxydés ou polymérisés pouvant interférer sur la
valeur nutritionnelle -, et de définir des valeurs seuils
pour les composés indésirables et les polluants
chimiques potentiels.
1. MATERIELS ET METHODES
détermination de la teneur en acides gras
chromatographiables totaux par chromatographie en
phase gazeuse avec étalonnage interne selon les normes
NF EN ISO 5509 & 5508 ; dosage des polymères de
triglycérides par CLHP d’exclusion selon la norme NF
EN ISO 16931. Parmi les 23 huiles acides analysées,
ont été sélectionnés 10 échantillons représentatifs des
différents types d’huile acide en terme de composition
et de qualité. Sur ce sous-groupe de produits ont été
recherchés par chromatographie en phase gazeuse selon
les méthodes ITERG, les traces de pesticides
organochlorés et organophosphorés, de dioxines et de
solvants (hexane, méthanol). Les éléments toxiques
suivants ont été dosés par absorption atomique : plomb,
arsenic, mercure.
2. RESULTATS ET DISCUSSION
Les 23 échantillons collectés provenant de 7
fournisseurs industriels différents, sont décrits dans le
tableau 1 et correspondent :
• Soit à des mélanges d’huiles acides fluides
(tournesol, colza, soja, maïs) obtenues à partir des
pâtes de neutralisation de raffinage chimique, avec
ou sans acides gras de palme (16 échantillons / 23)
• Soit à des acides gras issus de la distillation
neutralisante, majoritairement à partir d’huile de
palme (6 échantillons / 23), et dans un cas, à partir
d’huile de tournesol.
Les huiles acides passent d’un état liquide à
température ambiante à un état pâteux ou solide dès
lors qu’elles contiennent du palme, ce qui est le cas le
plus fréquent (15 échantillons / 23). Elles sont
généralement colorées en marron plus ou moins foncé,
les acides gras de tournesol étant les moins colorés
(orangé clair). Les deux principaux critères de qualité
marchande des huiles alimentaires sont les teneurs en
eau et en impuretés insolubles dans l’hexane. Les
teneurs en eau mesurées pour les 23 huiles acides,
varient de 0,1 à 1,25 %, avec une moyenne de 0,55 %,
et celles en impuretés varient de moins de 0,1 % à 1,5
%, avec une moyenne de 0,3 %. Les recommandations
du Codex Alimentarius pour les huiles alimentaires
raffinées sont de 0,2 % max pour l’eau et 0,05 % max
pour les impuretés. Cependant compte tenu d’une part,
des procédés d’obtention des huiles acides, et d’autre
part, du fait que la présence d’eau et d’impuretés au
sens de l’insoluble à l’hexane, intervient sur la valeur
marchande mais pas sur la sécurité alimentaire de ces
produits, nous proposons aux acheteurs d’huiles acides
de fixer une cible à 1 % max d’eau et 1 % max
d’impuretés insolubles dans l’hexane. Des valeurs
faibles garantissent un traitement correct de
clarification par décantation et filtration, et de séchage
de l’huile acide. Dans notre étude, seul un échantillon
présente des niveaux anormalement élevés (5,6 %
d’eau et 13,6 % d’impuretés) qui indiquent soit une
pollution au transport ou au stockage, soit l’absence de
filtration et de séchage. La mesure de l’acidité minérale
résiduelle dans cet échantillon, par lecture du pH de
l’eau de lavage, donne une valeur de 4 au lieu de 5 ou 6
pour les 22 autres huiles acides, ce qui peut montrer
l’absence de lavages puis séchage de cette huile.
Vingt trois échantillons d’huiles acides ont été collectés
par plusieurs fabricants d’aliments volaille, et sont
issus de sept fournisseurs industriels européens. Les
prélèvements ont été contrôlés en terme de
représentativité et de qualité de l’échantillon. Chaque
huile a été identifiée en terme d’origine, date et lieu de
livraison, descriptif du fournisseur, et numéro de lot.
Sur chaque échantillon, ont été réalisées les
déterminations suivantes : descriptif de l’aspect :
limpidité, couleur, odeur, fluidité , par observation à
température ambiante; dosage de l’eau par Karl
Fischer selon la norme NF ISO 8534 ; dosage des
impuretés insolubles à l’hexane selon la norme NF EN
ISO 663 ; détermination de l’acidité oléique selon la
norme NF EN ISO 660 ; détermination de la
composition en acides gras saturés, mono-insaturés et
poly-insaturés dont isomères cis et trans et
Sixièmes Journées de la Recherche Avicole, St Malo, 30 et 31 mars 2005
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En ce qui concerne la teneur en acides gras libres
exprimée par l’acidité oléique, les huiles acides
peuvent se classer en 3 groupes: deux huiles avec une
acidité supérieure à 85 % correspondant aux acides
gras de distillation, deux huiles avec une acidité faible
inférieure à 30 % - ce qui laisse supposer le mélange
avec une huile « neutre » glycéridique – et enfin toutes
les autres huiles acides dont l’acidité varie entre 45 et
80 %. L’acidité est un critère qui permet de distinguer
les huiles en terme de procédé d’obtention plus que de
qualité : les huiles acides issues de condensats de
distillation sont à acidité très élevée, les huiles acides
issues de pâtes de neutralisation ont des acidités plus
basses et variables selon la proportion d’huile
« neutre » en mélange. Ce critère ne nous permet pas
en revanche de conclure s’il s’agit d’acides gras oxydés
ou non, sachant que les acides gras libres non oxydés
présentent le même intérêt nutritionnel que les acides
gras glycéridiques non oxydés (cas des huiles
raffinées).
En ce qui concerne la composition en acides gras,
les huiles acides se différencient par un taux d’acides
gras saturés élevé dans le cas de la présence d’huile de
palme et à l’inverse par un taux d’acides gras
polyinsaturés [AGPI] : l’acide linoléique C18 :2 (n-6)
et l’acide α-linolénique C18 :3 (n-3), élevé dans le cas
de la présence d’huiles fluides type colza, maïs ou
tournesol. De ce fait, nous pouvons distinguer deux
grands groupes d’huiles acides : un groupe majoritaire
de 16 échantillons avec une teneur en AGPI inférieure
à 30 %, en moyenne 15 % des acides gras totaux,
contenant du palme ou du palmiste. Ces huiles acides
sont d’un point de vue nutritionnel des sources peu
concentrées en acides gras essentiels. Le deuxième
groupe de 7 échantillons a une teneur en AGPI de 40 à
62 % des acides gras totaux, en moyenne 53 %, ce qui
est un atout nutritionnel. Ces huiles sont à base de soja,
de tournesol et/ou de maïs et contiennent de plus peu
d’acides gras trans (moins de 0,9 % des acides gras
totaux). Ces résultats montrent que les formulateurs
d’aliments pour animaux peuvent trouver sur le
marché, des huiles acides sources d’acides gras
essentiels sur le plan nutritionnel, au même titre que
des huiles raffinées. Il est cependant nécessaire de
vérifier que ces acides gras sont « biodisponibles »
c’est à dire non isomérisés, non oxydés et non
polymérisés.
La
teneur
en
acides
gras
totaux
chromatographiables,
constitue
un
critère
particulièrement intéressant pour les huiles acides car il
permet de quantifier la quantité d’acides gras non
oxydés, non polymérisés et non cyclisés, soit la
quantité d’acides gras biodisponibles totaux, critère le
plus intéressant sur le plan nutritionnel pour le
formulateur. En effet ce sont les acides gras natifs non
modifiés qui ont le meilleur coefficient au niveau
digestion et métabolisme, que ces acides gras soient
apportés dans l’aliment sous forme libre ou sous forme
glycéridique. On comprend donc ici que l’acidité d’une
huile acide est un critère insuffisant pour en définir
l’intérêt nutritionnel et doit à notre avis, être associé à
la notion d’acides gras totaux chromatographiables.
Les résultats obtenus dans notre enquête et mentionnés
dans le tableau 2, permettent de distinguer 3 groupes de
produits :
• la majorité, soit 20 échantillons, présente une
teneur en acides gras chromatographiables
comprise entre 80 et 95 g / 100 g d’huile, avec une
moyenne à 88 g/100g.
• le produit constitué d’acides gras de tournesol,
présente un taux très élevé de 99 g /100 g d’acides
gras chromatographiables ce qui est équivalent à
une huile raffinée, avec de plus, seulement 0,4 %
d’acides gras trans et près de 60 % d’AGPI. Ce
produit a donc une haute valeur nutritionnelle.
• deux échantillons présentent en revanche une
faible teneur en acides gras chromatographiables,
soit 73 et 68 g / 100 g d’huile, ce qui est un
indicateur d’une faible valeur nutritionnelle avec
présence de nombreux composés oxydés. L’une de
ces huiles a par ailleurs une teneur élevée en
polymères (10 %) et l’autre en eau et impuretés
(19 %). Ces deux huiles sont très colorées et ont
une teneur en acides gras trans voisine de 3 %.
Au vu de nos résultats, nous pouvons conseiller aux
fabricants d’aliments de choisir une huile acide avec
une teneur supérieure à 85 g / 100 g d’acides gras
chromatographiables totaux.
En ce qui concerne les polymères de triglycérides,
les huiles acides n’en contiennent pas à l’exception des
deux produits d’un même fournisseur qui en
contiennent 6 et 10%, ce qui est l’indicateur de la
présence d’une huile chauffée type huile de friture. En
absence de ce type d’adultération, il n’apparaît pas de
risque de polymérisation des acides gras au cours des
procédés d’obtention des huiles acides.
La teneur en acides gras trans des huiles acides varie
selon le procédé d’obtention de 0,2 à 4,1 % des acides
gras totaux, avec moins de 2 % pour plus de la moitié
En ce qui concerne la recherche de traces de
des huiles analysées. Les acides gras trans peuvent se
polluants chimiques dans les huiles acides
former au cours de la désodorisation des huiles en
industrielles, nous avons recherché les résidus de
particulier s’il s’agit d’une désodorisation neutralisante
produits phytosanitaires pouvant être présents dans les
à haute température comme dans le cas du raffinage
huiles brutes via le traitement des graines à la récolte
physique du palme. Ils sont indésirables sur le plan
ou au stockage. Parmi 20 matières actives
nutritionnel et une réglementation danoise a fixé au 1er
organochlorées, seules des traces de lindane ont été
juin 2003 une teneur maximale en alimentation
mises en évidence dans 4 échantillons aux niveaux
humaine de 2 % d’acides gras trans dans les matières
respectifs de 10 et 55 ppb. La réglementation française
grasses alimentaires. Les acides gras trans des huiles
indique uniquement une valeur maximale de 50 ppb
acides sont très majoritairement représentés par
dans les graines de tournesol et le Codex indique 1000
l’isomère trans ∆9 de l’acide oléique C18:1 (n-9). Au
ppb max dans le beurre de cacao. Parmi 51 matières
vu de nos résultats, les huiles acides n’apparaissent pas
actives organophosphorées, ont été retrouvées des
comme des matières premières concentrées en acides
traces quantifiables de malathion qui est un produit
gras trans.
autorisé en traitement post récolte pour le stockage des
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graines de tournesol. Une teneur de 0,5 ppm max est
admise dans les graines. Les autres résidus identifiés,
pyrimiphosméthyl,
dichlorvos,
fenitrothion,
et
chlorpyriphosméthyl, ont été détectés à des niveaux
très bas en dessous des seuils de quantification. En ce
qui concerne les dioxines, 25 congénères ont été
recherchés dont les polychlorodibenzodioxines
(PCDD) et les furanes (PCDF). Le Règlement (CE) n°
2375/2001 donne une valeur maximale admissible de
0,75 pg / g pour les huiles végétales, 2 pg/g pour les
huiles de poisson et 3 pg / g pour les graisses de
ruminants, exprimés en OMS-PCDD/F-TEQ/g. Parmi
les 10 échantillons d’huiles acides analysés, neuf
contiennent moins de 0,5 pg /g de dioxines. Les
solvants chimiques résiduels que l’on peut trouver dans
les huiles acides sont l’hexane utilisé pour l’extraction
des graines, et le méthanol utilisé pour la fabrication
des esters méthyliques. Les traces d’hexane mesurées
dans notre étude sont inférieures à 40 ppm pour les
huiles acides issues de pâtes de neutralisation et
inférieures à 2 ppm pour les acides gras distillés. Les
traces de méthanol sont inférieures à 15 ppm pour tous
les échantillons. Compte tenu d’une part, qu’un
tourteau pour alimentation animale peut contenir
jusqu’à 500 ppm d’hexane résiduel, et que d’autre part
que certains ingrédients autorisés en alimentation
humaine peuvent contenir jusqu’à 1% de méthanol, les
teneurs résiduelles obtenues sur les huiles acides
peuvent être considérées comme correctes. En ce qui
concerne les éléments toxiques dont les métaux lourds
pouvant être issus de pollutions environnementales ou
technologiques, les valeurs mesurées sont inférieures à
25 ppb pour l’arsenic et 80 ppb pour le mercure pour
tous les échantillons d’huiles acides, et inférieures à
100 ppb de plomb pour 8 échantillons / 10. Le Codex
Alimentarius recommandant une teneur maximale
individuelle en plomb et en arsenic de 100 ppb, nous
préconisons également ces cibles pour les huiles
acides.
CONCLUSION
L’enquête que nous avons réalisée sur la composition
et la qualité de 23 huiles acides industrielles, nous
conduit à distinguer trois groupes de produits :
Un produit de qualité « standard » correspondant à la
majorité des huiles acides du marché, soit 20
échantillons / 23 et 6 fournisseurs / 7, avec 80 à 95 %
d’acides gras chromatographiables, de 1 à 3 % d’acides
gras trans, moins de 1% d’eau, moins de 1 %
d’impuretés, moins de 1 % de polymères. Parmi cette
qualité moyenne, on peut souligner la possibilité de
trouver une qualité « supérieure » avec des huiles
acides qui présentent une teneur en acides gras
chromatographiables, c’est à dire biodisponibles, non
oxydés et non polymérisés, de 90 à 95 %.
Les huiles acides industrielles entrant dans cette
catégorie sont majoritairement obtenues à partir des
pâtes de neutralisation du raffinage chimique. L’acidité
oléique est alors généralement comprise entre 50 et 60
%. Dans une moindre part, on trouve des acides gras de
distillation, l’acidité est alors plus élevée en général
comprise entre 75 à 85 %. En terme d’origine, on
trouve des huiles acides contenant du palme (plus
rarement du palmiste), avec un aspect pâteux ou solide
et une teneur faible en acides gras poly-insaturés de 15
à 30 % des acides gras totaux, et des huiles acides
contenant des huiles végétales fluides, soja, colza,
tournesol et maïs, avec une teneur variable en acides
gras poly-insaturés pouvant atteindre 60 à 65 % des
acides gras totaux.
Un produit ayant une qualité et un intérêt nutritionnel
significativement supérieurs aux autres huiles acides et
équivalents à une huile raffinée : les acides gras
distillés de tournesol, avec 99 % d’acides gras
chromatographiables dont moins de 0,5 % d’isomères
trans et plus de 60 % d’AGPI, exempts d’eau,
d’impuretés, de polymères.
Un produit rencontré seulement dans 2 cas / 23 qui
correspond à une qualité insuffisante pour une
utilisation en alimentation animale du fait d’une teneur
en acides gras oxydés ou polymérisés élevée, de près
de 30 g / 100 g, ou bien d’une quantité trop importante
d’eau et d’impuretés. Le risque de mélange avec une
huile de friture a également été mis en évidence. Pour
ces produits de moindre qualité, il est nécessaire de
prendre en compte aussi un risque plus élevé pour la
présence de polluants chimiques avec la nécessité d’un
plan de contrôle pour les traces de pesticides, de
dioxines et d’éléments toxiques tels que le plomb.
Notre enquête a permis d’établir une cartographie aussi
représentative que possible des différentes huiles
acides industrielles disponible à ce jour. Elle met en
évidence la nécessité d’un plan de contrôle régulier
pour certains critères et d’un plan de surveillance pour
les polluants potentiels. Elle souligne la variabilité de
composition et de qualité des ces matières premières
même pour un fournisseur donné en fonction des lots
de fabrication et des approvisionnements d’huiles
brutes en amont. Les résultats obtenus permettent de
proposer des spécifications cibles réalistes et utiles
pour définir un cahier des charges sur la qualité de
l’huile acide achetée et valables quelque soit l’origine
– acides gras de distillation ou huiles acides issues de
pâtes de neutralisation – l’acidité ou la composition en
acides gras : teneur en acides gras chromatographiables
totaux de 85 % minimum, teneurs maximales
de 1 % pour l’eau, 1% pour les impuretés, 1% pour les
polymères de triglycérides, et 3 % pour les acides gras
trans.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Aubret J.M. et Huard M., 2003a. 5èmes JRA, Tours, 149-152.
Aubret J.M. et Huard M., 2003b. 5èmes JRA, Tours, 225-228.
Bouvarel I. et Mjoun K., 2002. Rapport OFIVAL, 84 p.
Sixièmes Journées de la Recherche Avicole, St Malo, 30 et 31 mars 2005
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Tableau 1 - Origine et descriptif des huiles acides industrielles analysées
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23
Descriptif du fournisseur
Etat à
température
ambiante
Couleur
Acides gras de palme + mélange soja / tournesol / colza
Mélange soja /tournesol / maïs
Mélange à 30% d’acide linoléique C18 :2
Mélange à 30% d’acide linoléique C18 :2
Mélange soja / tournesol / maïs
Mélange soja / tournesol / maïs
Mélange tournesol 20 % / colza 50 % / palme 30 %
Mélange tournesol 20 % / colza 50 % / palme 30 %
Palme
Palme
Palme + Palmiste
Palme + Palmiste
Palme
Mélange tournesol 20 % / colza 50 % / palme 30 %
Palme
Mélange tournesol 20 % / colza 50 % / palme 30 %
Mélange tournesol 20 % / colza 50 % / palme 30 %
Palme
Mélange tournesol 20 % / colza 50 % / palme 30 %
Acides gras de tournesol (distillation)
Huile acide de tournesol (neutralisation)
Mélange soja /tournesol / maïs
Palme
Solide
Pâteux
Liquide
Liquide
Liquide
Liquide
Solide
Solide
Solide
Solide
Solide
Solide
Solide
Pâteux
Solide
Pâteux
Solide
Solide
Pâteux
Pâteux
Liquide
Liquide
Solide
Marron foncé
Marron foncé
Marron noir
Marron noir
Marron foncé
Marron foncé
Marron foncé
Marron foncé
Marron foncé
Marron clair
Marron clair
Marron clair
Marron clair
Marron foncé
Marron clair
Marron foncé
Marron foncé
Marron clair
Marron foncé
Orangé clair
Marron foncé
Marron noir
Marron clair
Tableau 2 - Caractéristiques physico-chimiques des huiles acides industrielles analysées
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Acidité oléique Teneur en acide Teneur en acide Teneur en
Teneur en acides Teneur en eau
Teneur en
Teneur en
linoléique
acides gras
gras
impuretés
polymères de
α-linolénique
chromatographiables
C18 :2 (n-6)
trans
triglycérides
C18 :3 (n-3)
g/100 g d‘huile g/100g d’huile g/100g d’huile g/100g d’huile
g/100g d’huile % des acides % des acides % des acides
gras totaux
gras totaux
gras totaux
73,3
22,4
2,9
1,1
1,25
0,04
< 0,1
92,5
49,8
47,6
0,6
0,3
0,57
0,96
< 0,1
80,0
31,3
47,7
0,7
0,9
0,85
0,47
6,3
85,6
23,7
31,1
1,1
3,3
0,75
0,19
9,9
73,0
46,8
61,1
0,4
0,2
0,68
1,48
< 0,1
88,9
48,8
47,8
0,7
0,2
0,63
0,73
< 0,1
86,1
71,4
21,6
2,3
4,1
1,00
0,07
< 0,1
86,8
55,3
22,2
1,9
2,6
5,6
13,64
0,9
68,5
55,4
8,0
0,4
1,3
0,19
0,11
1,4
90,4
51,7
9,2
0,4
0,6
0,37
0,05
1,1
92,4
75,8
8,0
0,3
2,2
<0,1
0,05
< 0,1
94,2
85,1
8,0
0,3
2,2
0,27
0,06
< 0,1
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50,1
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0,4
1,3
< 0,1
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18,0
3,0
2,0
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< 0,1
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2,2
3,0
< 0,1
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1,8
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< 0,1
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< 0,1
89,9
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0,5
0,5
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< 0,1
84,6
54,6
8,8
0,4
0,6
0,15
0,1
< 0,1
93,1
Sixièmes Journées de la Recherche Avicole, St Malo, 30 et 31 mars 2005

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