"La guerre 14-18 dans la littérature dialectale"
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"La guerre 14-18 dans la littérature dialectale"
La Guerre 14 18 dans la littérature dialectale INTRODUCTION À l’aube du centenaire de la Guerre 14-18, la Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon s’associe aux nombreuses actions de commémoration organisées en Fédération Wallonie-Bruxelles. « Commémorer, c’est se souvenir ensemble d’événements passés en tant qu’ils fondent notre identité, notre être ensemble et notre rapport au monde... Au coeur de la tourmente générale, la Belgique apparaît comme un cas un peu particulier. Petit pays entraîné malgré lui dans la guerre, pays dont la neutralité a été violée, pays envahi qui ne connaît que le front et les territoires occupés, la Belgique a vécu la guerre différemment des autres belligérants. Car elle connut, non seulement l’horreur des tranchées, mais aussi les boucliers humains et les massacres de quelque 6000 civils en août 1914, la destruction de plusieurs villes et les déportations de main-d’oeuvre en 1916, la misère, la faim et le pillage systématique en pays occupé, mais aussi la première aide internationale alimentaire de toute l’histoire de l’humanité. Seul pays sur le front occidental à être quasi totalement occupé, la Belgique apparaît à posteriori comme un véritable laboratoire, conscient ou non, des pratiques de violences extrêmes, y compris contre les civils, qui caractériseront l’ensemble du 20 e siècle ». (Laurence van Ypersele, Présidente du groupe « Commémorer 14-18 », Professeur à l’Université catholique de Louvain). 3 Avec l’édition de « La Guerre 14-18 dans la littérature dialectale », la Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon a décidé d’honorer des écrivains wallons qui ont vécu, il y a un siècle, l’épreuve d’une guerre qui ravagea l’Europe entière. L’histoire et son lot de destructions, de misères, d’occupations peuvent être aussi romancés, mis en scène, versifiés, chantés dans les oeuvres souvent oubliées de nombreux auteurs wallons de l’époque. Certains textes sont très émouvants, d’autres touchent au burlesque. On y découvre des expressions wallonnes de différents terroirs qui apportent une saveur particulière ; les illustrations sont parfois de véritables bijoux. Ce livret met en lumière trois auteurs wallons : - Henri Cabay, poète mort pour la patrie ; - Édouard Parmentier et son journal de guerre ; - Joseph Scherens et ses « Mémwères de Djan d’Nivelles » ; Et présente : - Un dossier bibliographique illustré et documenté qui complète cette évocation des auteurs wallons face à la première guerre mondiale. Couverture de la gerbe sanglante d’Oscar Lacroix 4 Un poète mort pour la patrie HENRY CABAY Né à Ensival, le 20 janvier 1886 ; décédé à Mellery (Brabant), le 8 janvier 1926, des suites d’une affection contractée au front. Volontaire de guerre. (La Gerbe sanglante p. 9) Extrait des archives de la Fédération culturelle wallonne de Brabant et de Bruxelles. HENRY CABAY, Volontaire de Guerre Le 8 janvier 1926, mourait à Mellery (Brabant), des suites d’une douloureuse affection contractée au front, le poète wallon Henry Cabay, né à Ensival (Verviers) le 20 janvier 1886. Ainsi, pour ceux qui en ont rapporté dans leur chair ou dans leurs poumons le stigmate, glorieux et sanglant, la guerre n’est pas encore, la guerre n’est jamais finie. Et le miracle de la Paix n’a pas guéri les mutilés... Un autre invalide, M. Oscar Lacroix, Président de l’Association des Écrivains Wallons anciens Combattants, a réuni les oeuvres de ses camarades morts pour la Belgique en une touchante anthologie, « la Gerbe Sanglante », luxueusement éditée et ornée de leurs portraits : « Henry Cabay, dît M. Oscar Lacroix, dont la conduite au feu fut exemplaire, rentra dans ses foyers gravement atteint. » II était sergent au 18 e de ligne et grand invalide de guerre. Il fut, quelque temps, Président de la Fédération Nationale des Combattants (section d’Ensival) et conseiller communal. Le populaire abbé René Ancien, fondateur de la feuiIle des tranchées « Vervi vola » eut en Henry Cabay un collaborateur assidu et dévoué. C’est dans ce journal du front — la belle anthologie qu’on ferait de ces feuilles éparses ! — que ses amis ont pu trouver une vingtaine de pièces ; ses autres morceaux, poèmes ou chansons, ont été édités en feuilles volantes et l’on n’a pu, en dépit des recherches, en découvrir des exemplaires ; peu s’en est donc fallu qu’Henry Cabay ne pérît tout entier... La plupart de ses œuvres de guerre décrivent des coins de la région verviétoise ; faut-il dire le succès qu’elles obtinrent auprès des soldats du pays de Verviers, si souvent privés de nouvelles des leurs, leur ville, proche de la frontière, ayant été occupée dès les premiers jours d’août 1914 ? Fleuris de mélancolie, relevés d’un brin d’observation narquoise, voici deux poèmes wallons de Henry Cabay, volontaire de guerre, sous-officier d’infanterie — Mort pour la Patrie... J F. 6 LES CLOKES DU VERVI Mu mame m’a conté bin dès fèyes Qu’à Pâques, les clokes du nosse payîs Ënnè vont po ,d’ zeû lès noulêyes Djusqu’ à Rome, po z’aller priyî Sovint m’a sonlé Lès vèyî, passer. Et l’dîmin qwand ‘il èstît rintrèyes Pol’ djama, èssonle ile sonnît. ; Ile annoncit à tote volèye Lu fièsse du Pâques à lès djins d’Vervî. Vîlès clokes du totes nos parwèsses Ciste annêye, qwand v’s avez nn allé V’s’ avez st’èpwèrté lès carèsse Du tos les cis qu’nos ont st-inmé. Et i m’a sonlé Tot v’ véyant passer Quu qwand Vos èstez d’ zeû l’tranchêye Wice qu’à tant dès fis dè payîs, V’ savez sonné à leûs orèyes : Dju v’ s apwète on bondjoû d’Vervi Mins qwand vos ârez r’pris vosse plèce, Dju vos è prèye, alez raconter Quu Vos avez vèyou nosse fwèce Et qu’nos lès lairans nin passer. Come dju v’l’a soflé Qwand v’s avez r’passé, Sonez po quu tot l’ monde l’ètinde Et quu nolu n’èl pôye rouvi : 7 Quu nos èstans prète à l’ ès strinde Et à les hover foû d’Vervi ! L’an qui vint, diu v’ l’acèrtinêye Qwand po Pâques essonne vos son’rez, Cisse mâdite guére sèrè finèye, Come d’avance nos pôrans viquer. A Rome qwand v’s’irez, Sayîz dè r’passer Wice quu tant dès bons câmârâdes Sont d’morés po tofér coukîs Sonez. l’ zi vosse pus bèle aubâde Qu’ètindèh les clokes du Vervi … Ma mère m’a conté bien des fois qu’à Pâques, les cloches de notre pays s’en vont, par dessus les nuées, jusqu’à Rome, pour aller prier. Souvent il m’a semblé les voir passer. Et le dimanche, quand elles étaient rentrées, pour la grande fête ensemble elles sonnaient ; elles annonçaient, à toute volée, la fête de Pâques aux gens de Verviers. Vieilles cloches de toutes nos paroisses, cette année, quand vous êtes parties, vous avez emporté les caresses de tous ceux qui nous ont aimés. Et il m’a semblé, vous voyant passer, que quand vous étiez au dessus de la tranchée où il y a tant de fils du pays, vous avez sonné à leurs oreilles : « Je vous apporte un bonjour de Verviers » ! 8 Mais quand vous aurez repris votre place, je vous en prie, a llez raconter que vous avez v u notre force, et que nous ne « les » laisserons pas passer. Comme je vous l’ai soufflé en vous voyant repasser, sonnez pour que tout le monde l’entende, et que personne ne puisse l’oublier ; que nous sommes prêts à « les » étreindre et à les balayer hors de Verviers. L’an qui vient, je vous l’assure, quand pour Pâques vous sonnerez ensemble, cette maudite guerre sera finie ; comme avant, nous pourrons vivre. A Rome, quand vous irez, essayez de passer là où tant de bons camarades sont demeurés pour toujours couchés. Sonnez-leur votre plus belle aubade qu’ils entendent les cloches de Verviers ! 21 JUILLET ! Hoûtez ! come li vint grûzinêye ; C’èst l’ ving-onk di djulèt ! Hoûtez ! l nos apwète, du nosse patrèye, Dès mots plins d’èspwèr èt d’firté. Dè tchestè come dèl mohinète, ‘l nos dit : diu sos l’ messèdjî ; A tos nos p’ tits sôdars, dj’apwète On bokèt du l’âme dè payîs ! * ** 9 I dit qu’nosse mèrê, nos fames, nos soûrs Ont, à nez d’lès Boches èwarés, Ci djoû-là, pwerté so leû coûr, Lès treûs coleûrs quu v’dusfindez. I dit qu’nos parints, èl Belgique, Sins s’discorèdji, rawârdèt ; I savèt qu’nos batrans leû clique Et inte zèls, tot bas, s’èl dihèt. * ** Turtos, i pinsèt qu’ciste annêye Nu s’passrèt nin sins nos r’ vèyi Et mi, po m’ pârt, dj’a bonne idêye Du sîzer matènes à Vervi, Por zèls dj’a fait on p’tit mèssèdje ; A vint dj’a d’mandé dèl pwèrter : « Espwér, confiyance èt corèdje » C’èst tot çou qu’dj’a polou trover... * ** Ecoutez, comme le vent fredonne ; c’est le 21 juillet, écoutez : il nous apporte, de notre Patrie, des mots pleins d’espoir et de fierté. Du château comme de la maisonnette, il nous dit : « Je suis le messager : à tous nos petits soldats, j’apporte un morceau de l’ âme du pays... . » Il dit que nos mères, nos femmes, nos soeurs ont au nez des Boches surpris, ce jour-là, porté sur leur cœur, les trois couleurs que vous défendez. II dit que nos parents, en Belgique, sans se décourager, attendent : ils savent que nous battrons leur clique et, entre eux, tout bas, se le disent. .. Tous, ils pensent que cette année ne se passera pas sans nous revoir ; Et pour ma part, j’ai bon espoir de passer la soirée de Noël à Verviers. Pour eux, j’ai fait un petit message ; au vent, j’ai demandé de le porter : « Espoir, confiance et courage c’est tout ce que j’ai pu trouver.... » Henry CABAY, V. d. G, Mort pour la Patrie. 10 11 Journal de guerre d’ÉDOUARD PARMENTIER Édouard Parmentier est né à Nivelles le 24 février 1866 et y est décédé le 23 septembre 1949. Il est Docteur en droit et membre correspondant du dictionnaire général de la langue wallonne. Auteur de contes folkloriques, de pamphlets politiques wallons, il collabore aux journaux l’Aclot, l’Trinchet, l’Union libérale, le Courrier de Nivelles. Son pseudonyme principal est Vas-y-vîr. Dictionnaire Aclot. Il rédige un journal de guerre dont quelques pages manuscrites sont encore conservées. Ill. Joseph Gillain Extrait du journal de guerre manuscrit en wallon d’Édouard Parmentier, avec une traduction en Aclot actuel par Monsieur Chapelle. 13 2 D’JUN 1915 On n’sét pus yu s’date. Les Allemands soutnont mordicus qu’is rfoulont les Russes, qu’avè l’assistance dè leûs coumarâdes autrichiens, is cèrnont Przemysl is s’vantont dè fé des mile èyè des mile prijonîs èyè vlà qu’les gazètes qui s’imprimont in Hollande, qui arivont doûcî au nez èy’al bârbe dzont tout ’l contrére. D’après mes omes, les Russes sârine in train d’foute ène boune doguète à les saudârds du gènèral von Mackensen, èy’is ramassrine télmint d’prijonîs què cè sâroût pour yeûss toute ène afêre què d’les invoyî djuwer avè leûs zartias au fin fond d’la Russie. Leûs trains qui n’savont daler qu’djusk’al frontière, n’povont nin pou ’l moumint, prinde ène kèrtchéye parèye, vu qu’i strape èyè qui dvont au prome sièrvi à bèzacî des troupes, des canons èyè des municions. 14 Mins dè d’là, co bi n ène aute : dèspû in pti temps, on n’intind pus pârler – c’n’est fut qu’au djeú d’cârtes – dè l’Alsace èyè d’la Lorraine. On n’savoût pus ’ne mîye çu qui rtoûrnoût d’ès costé-là. Vlà qu’ène gazète qui s’imprime à Mastrike anonce què doûlà tout va bi n èyè qu’les Francais ont prins sèt´ forts à Metz. On a d´djà raconté télmint des prautes qu’on s’dèmande s’i n’faut nin mète ès nouvèle-là avè les autes dins ’l minme satch. ’L Pâpe, maugré tous les palais – au pus bias yun qu’l’aute – qu’on li z-a ofri in Espagne n’prétind nin baguî d’Rome, maugré qu’èl nouvia strin qu’on a mètu dins ’s cachot quand il a cî dèrnièrmint prins ’l place dè Pie X – qu’èl bon Dieú mète ès n-âme à ’s poche – couminche dèdjà à tchamousser èy’ à sinte èl mutri ’l coup d’in démon. 15 Ill. Paul Collet LES MÉMWÈRES DÈ DJAN D’NIVELLES Joseph Scherens EXTRAIT DU « RIF TOUT DJU » LA REVUE DE LA VIE NIVELLOISE, N° 496, NOVEMBRE DÉCEMBRE 2011. LES MÉMWÈRES DÈ DJAN D’NIVELLES(1) Version extraite du « Numéro spécial, hiver 1920-1921 de la revue régionale Roman Pays de Brabant Air : La Faridondaine... I L’djou du Nowé, qu’nos stinn’s à scrène In train d’croquî des gayes, Què nos d’visinn’s tèrtous inchène In racontant d’s ablayes, I m’ vît l’idéye dè fé n’tchanson, La faridondaine, la faridondon, Su l’dalâdje qu’il a ieu pâr ci, Biribi, A la façon de Barbari, mes amis. II Dèspus l’temps qu’o m’a cî stitchî, Djè d-ai d’dja vu dea grîjes ; Mais djè n’ârous jamais sondjî Dè vir asto d’églîje Ene nîtéye d’canaris saxons Avè leus plumes passéyes au gris. 17 III D’j’ai vu passer deux djous t-au long Des saudards à berlikes, A pîd, à tch’vau, d’sus des canons, In tchantant des cantiques. Fuchîr tranquîyes : quand i r’pass’ront, I n’tchant’ront pus, dj’vos l’garantis ! IV Dj’ârous voltî r’layî m’ mârtia Au bia mitan dè l’mintche. Mi, à l’tachète ou au rwé bras,(2) D’sus adwét come in sindje ! Mais,... fait boun d’prinde leus précautions ; Iesse trop franc, ça n’vaut rî néri ! V C’est boun què d’ sus d’dja n’miyète vî Pou leu livrer bataye. Dj’arous ieu kèrtchî « l’inradjî » ; « Rif-tout-dju », « Brok-à-l’haye »(3) Avè des clôs d’ chîx pouces dè long.(4) _ N’a co rî d’ tel pou l’z-ès r’cachî ! VI Dj’ârous stampé d’ sus les remparts « Largayon yèt s’ famîye« (5) Il ârinn’t dit : « Qué grands saudards ! 18 » Léyonn’s l-zès bî tranquîyes. » Passonn’s putoût n’ miyète pus lon » Nos f’rons in gros chènance dè rî ! » VII Cor in bia coup qu’ les gârdes-civiques Stinn’t là pou les ratinde ! (Pou l’ franchise, dins tout la Belgique, I n’ d-a nu à l’z-ès r’prinde !) Bî damâdje què Napoléyon N’a nî ieu des saudards d-insi ! VIII N’ miyète pus haut què l’ « Trape-à-rats »,(6) Il avinn’t fé n’ tranchéye. Les ciens qui n’ont nî sté vîr ça Ont pièrdu leu djoûrnéye ! Vos âriz dit n’ roye dè fouyon... El’ pieuve a ieu râde tout r’bouchî ! IX O l’s a r’clamés à Braine-lè-Comte Peu qu’o n’ boudje au tunel... Volout bî l’ peine, à l’ fî du compte, Dè s’è d-aler d’ Nivelles ! S’il ârinn’t compris l’ boune raison, Il l’ârinn’t pus râde dèsbrîjî ! 19 X Là qu’i d’zont qu’i vont cî d’mèrer ; L’idéye n’est nî monvaîje. Djè vwés d’dja l’ bia groupe qu’i vont fé Au « Grand feu », dins l’cortéje ! Ça f’ra bisquî les « Folichons » ! (7) Il astont seûr su l’promî prix ! XI Pou nèf heûres, i faut iesse rintré, Sans ça, o vos ramasse. Quand l’ trompète va, à tout skèter, N’a pus nu tchat d’sus l’ place : Les faussès notes dè leu clairon Foûrçont les djins à s’incourî ! XII Dins les cinses, il ont tout r’lètchî : Les biesses, èl blé, l’aveine ; Il ont tout ach’té... à crédit : I pay’ront... à l’ quinjaîne ! En’ vos faites nî quite dè leus bons : El papî put toudis sièrvî. XIII N’ont-i nî réquisitionné Tous les tch’vaux qu’ nos avinn’s ? ’Squ’aux vîs carcans qu’on a r’fusés 20 A l’ bouch’rîye chèvaline ! S’i n’ârout nî sté in cârton, L’ Tchévau-Godet (8) stout imbarquî ! XIV Dèspus qu’ nos astons rantionnés, Dj’ai d-dja ieu skô mes brokes. Faura bî râde què d’ voye briber D’ n’ai pus n’ fayeuse mastoke ! Dj’ai bî des bons d’ ville pa vagons, Mais l’ boulindjî n’ d-a nî dandjî. XV Largayon est tél’mint au stwét Dins l’ guèrnî des incwètes,(9) Què s’i li faut cûre in soret, El queuye passe pa l’ bowète ! Qu’o d-euche èn’ miyète compassion, ‘L a bî lonmint qu’il a soûrti ! XVI ’T-à l’heûre ès’ feume va tchér malâde Ele brait come ène Mad’leine. S’èle n’arète nî, èle va bî râde Fé dèsboûrder l’ Dodaine (10) ‘C’ què l’ Lolô – qui n’est nî couyon – En pâle nî aler s’ingadjî ? 21 XVII C’ n-èfant-là sârout s’ continter Avè ses quate cints grames. In saya d’ pape pour li r’ciner, Sondjîz qu’ ça n’ fait qu’ène flame ! O pinsout d’ l’al’ver au bib’ron. Les vatches ont sté scranses dèvant li ! XVIII Hasard qu’i n’âra co poun d’ fièsse Yèt poun d’ feu d’artifice ; Dire què Mayane n’est nî co prèsse A vinde ès’ pain d’èpice ! Mais Sosman (11) véra d’ toute façon : A preuve... est derrière Tony (12) est d’dja cî ! XIX L’heûre d’audjoûrd’hu, tout va d’ trévié, O n’ sait pus come o vike : N’ faut pus poun d’liards pou ièsse rentier, O n’ pâle pus politique, Les brâvès djins sont-st-au prîjon, Mais o léye couri les bandits ! XX Les Boches èn’ sont nî si r’culés Qu’o l’ cwéyout djusqu’à c’te heure : A preuve, c’est qu’il ont avancé... 22 Toutes les hoûrlodjes d’ène heure ! C’est pus aîjèle – djè n’ dis nî qu’ non – Què d’avancî djusqu’à Paris ! XXI ça n’ m’étonne nî qu’i sont pus cras Qu’ des lapins d’ sus leu plantche : « Trop d’aveine, et trop pau d’goria ! » In’ vourinn’t pus qu’ ça candje. A Nivelles, èl pus d’ mau qu’il ont, C’est d’ léver l’ cousse pou bwére leu d’mi. XXII Quand i s’agit d’ bwére et d’ mindjî, Djè cwés qu’i s’ léy’rinn’t pinde. D’aboûrd, c’est pou ça qu’on a scrit « Gott mit uns »... su leu vinte ! O leu-z-a mis n’ gamèle dè plomb Peu qu’i n’ l’aval’rinn’t sans sondjî ! XXIII I dè straunont, djè n’ vos dis qu’ ça : Ça rinte come dins du bûre ! Des cèrvèlas gros come èm’ bras, Dè l’ viande hatchéye sans cûre, Du pain d’èpice sus du djambon, Des sorèts dins leu pape au riz... 23 XXIV Est-ce qu’i n’avinn’t nî indvinté Dè stitchî n’ pointe à m’ casse ? D’ leu-z-ai dit : « Vos vos abusez ! » Cî, c’ n’est nî co les masses. » Djè n’ mè masqu’rai qu’à n’ condition : C’est d’iesse Habiyî à pèlèrin Pou fé rirè tous les djins ! » (AIR : Vive Djan-Djan.) Vive Djan-Djan (bis) C’est l’ pus vî home dè Nivelles, Vive Djan-Djan (bis) C’est l’ pus vî d’ nos habitants ! JOSEPH SCHERENS. 24 (NOTES DE LA RÉDACTION ) (1)La première version de cette chanson, où « l’ pus vî d’nos habitants » nous conte sa vie pendant les années de guerre, fut composée en janvier 1915. Elle fut chantée clandestinement, pour la première fois, en février de la même année, par M. Joseph Leherte, devant plusieurs centaines de Nivellois réunis dans la grande salle du patronage St-Louis. Complétée dans la suite, elle continua de circuler sous le manteau et de se trouver au programme de toutes les soirées intimes ; elle contribua, plus d’une fois, à chasser pour quelques heures le « cafard » qui rongea, pendant l’occupation, le cœur de nos concitoyens. Que son auteur reçoive ici les remerciements que nous nous permettons de lui adresser au nom des Aclots et les félicitations que cette œuvre mérite. LE ROMAN PAYS DE BRABANT. (2)Termes usités au jeu de balle. (3)Noms des trois petits canons nivellois qui tiraient des salves, jadis, la veille des fêtes communales. Un quatrième, appelé « L’Espontôle », se trouve, paraît-il, à Marbais. (4)Allusion à la légende d’après laquelle nos aïeux, constatant un jour, à l’approche d’une troupe ennemie, que les portes de la ville étaient en mauvais état, parcoururent les rues en criant : A clôs ! A clôs ! (« A » clous !). D’où, le sobriquet populaire de « Aclot » donné aux Nivellois. (5)Largayon, Largayone, Lolô, les trois géants Nivellois, qui ne sortent plus guère que dans des circonstances très rares, et qui, avant Joseph II, marchaient en tête du cortège, lors de la grande procession de Ste-Gertrude, le premier dimanche de la « Ducace ». (6)Petite ferme, chaussée de Namur. (7)Nom d’une société carnavalesque de Nivelles qui, avant la guerre, prit part avec succès à de nombreux cortèges. (8)Personnage travesti dont la partie inférieure du corps disparaît à l’intérieur d’un petit cheval de carton. Il accompagne les géants lors de leurs sorties, et gratifie les spectateurs de ruades désordonnées et, du reste, inoffensives. Le Cheval-godet de Nivelles rappelle les « Chinschins » de Mons et le « Sot des Canonniers » qui escorte, à Douai, la famille de Gayant. (9)Le cloître de la collégiale romane de Ste- Gertrude. (10)Allusion au dicton populaire par lequel le Nivellois aime à se gausser de son esprit quelque peu... méridional : « Si jamais l’ Dodaine dèsboûrdrout, Tout Nivelles périrout ! » La Dodaine, parc français et pièce d’eau alimentée par le ruisseau du même nom, établis en 1818 par le bourgmestre Dangonau. (11)Nom d’un cirque qui s’intallait chaque année, à Nivelles, lors de la foire d’octobre. (12)Tony, clown célèbre, personnage principal de la troupe du cirque Sosman. Ce nom – et c’est dans ce sens qu’il faut ici l’entendre – fut, pendant la guerre, et dès la première réunion du « Meldeant » où défunte garde-civique, donné, par suite de sa ressemblance avec le clown en question et la similitude de leur accent... nordique, à l’interprête de la « Kommandantur ». Ce soudard « honora » la ville de sa désagréable présence jusqu’aux derniers jours de l’occupation allemande. 25 LA GRANDE GUERRE J. Gillain À travers les chansons, pièces de théâtre, poèmes, récits d’auteurs wallons. Photo privée Une sélection de titres, d’extraits d’ouvrages et de documents évocateurs. 27 AUTEURS WALLONS ANDRÉ, JOSEPH Dizos leu fèrome piéce-rivuwe dè l’Grande Guère di 1914 è treus akes avou tchants et figurâcion. Liège : [S.n.], 1919. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve et Espace 81) : 8-2=401. Né le 21 juin 1878, cet auteur dramatique d’une verve débordante, débute en 1898. Il a publié divers recueils d’œuvres poétiques, chansonnettes et duos et a collaboré à de nombreux journaux wallons. Il meurt le 10 juin 1949. Chansons… Chansons de guerre, d’armistice et de paix : 1914-1919. Schaerbeek : Imprimerie lithographie « la modérée », 1914. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve et Espace 81) : 784.4(493)=40=401. 28 CLASKIN, JULES Airs di flûte et autres poèmes wallons Édition critique d’après les manuscrits de l’auteur... Liège : Société de langue et de littérature wallonnes, 1956. (Collection littéraire wallonne ; 1) Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve et Espace 81) : 8-1=401. Bibliobus de Libramont : (RES/8-9). Réserve centrale de Lobbes : (R2/8-1(493)]. Poèmes de Jules Claskin Liège : Éditions de la revue La vie wallonne, 1936. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve) : 8-1=401. Né à Grivegnée, le 8 octobre 1886, il vient à la poésie en 1909 et se signale aussitôt comme un des meilleurs chansonniers de cabaret. Il s’engage comme volontaire en 1914. Chevalier de l’ordre de Léopold II, avec palme (titre militaire). Il est décoré de la croix de guerre, de la médaille de la Victoire, de la médaille commémorative 1914-1918 et de la médaille militaire anglaise. Il décède à Liège le 8 octobre 1926 des suites d’une maladie contractée au front de l’Yser. 29 Poème de JULES CLASKIN avec sa traduction DIXMUDE (Vûsion d’avri 1916) Tot moussant foû dèl wêde li pazè s’arèstêye : « On n’ passe pus ! » Lès téres sont totès vètes... Lès s’ minces ont djômi Nole trace di l’aute såhon... Siya ! dès mwètès foyes Å pîd dèl håye d’årdispène tote florèye... Cès fleûrs-là sont bin bèles èt leûs frizès hinêyes Fèt qu’on r’tûse bin lon... Å mitan dès bouteûres qui l’solo sonle wêtî Ine neûre creûs halcote, Et l’neûr casse qui lî chève di corone A co l’air dè man’ cî... Lès s’minces ont djômi so l’fosse qu’è-st-aband’nêye L’osté monte tot doûc’ mint... On djou lès pôtes d’ôr sèront grandes, Ele sèront tél’mint grandes qu’on n’veûre pus l’neûre creû, Lès-oûhês pass’ront là sins qui l’pawe lès fêsse taire ; Et tot sèrè roûvî... Mutwèt... DIXMUDE En sortant du pré, le sentier s’arrête – « On ne passe plus ! ». Les terres sont toutes vertes... – Les semences ont germé... – Nulle trace de l’autre saison... Si ! des feuilles mortes – au pied de la haie d’aubépine en fleurs... – Ces fleurs sont bien belles et leur frais arome – fait qu’on repense bien loin... – Au milieu des jets que le soleil semble regarder, – une croix noire vacille – et le casque noir qui lui sert de couronne – a l’air encore de menacer... – Les semences ont germé sur la fosse qui est délaissée – l’été monte tout doucement... – Un jour, les épis dorés seront grands, – ils seront si grands qu’on ne verra plus la croix noire – les oiseaux passeront là sans que la crainte les fasse taire ; – et tout sera oublié... – Peut-être... extrait p.14 30 CRAHAY, ADRIEN Tiesse di hoye pièce patriotique di 4 akes et 7 tâvlès : 1914-1918. Trooz : A. Pirard impr., 1920. Premier prix au concours littéraire anti-boche de la société Li Steule wallonne de Verviers. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve) : 8-2=401. Né en 1886, c’est le théâtre qui fit sa renommée. Ses pièces obtinrent le plus éclatant succès et il se fit distinguer dans plusieurs concours littéraires. Il disparaît le 24 septembre 1961. DAUSIAS, CHARLES LEBAS, ÉMILE Déportés pièce patriotique in tois acques. Mons : Presses réunies, 1922. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve) : 8-2=401. Né à Mons en 1860, Charles Dausias figure parmi les fondateurs du journal L’Ropieur dans lequel il publie avec grand succès des contes, nouvelles, histoires, scènes populaires, poésies, études folkloriques. Il excelle dans la chanson. Il décède à Mons en 1943. Né à Mons en 1871, Émile Lebas est également fondateur et collaborateur du Ropieur. Ses œuvres y sont publiées et révèlent un esprit d’observation intéressant. Il nous quitte en 1952. 31 DEBRAZ, GÉRARD Vorchal li guère comédie en 1 acte. Liège : P. Gillet-Jacques impr., 1930. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve) : 8-2=401. Né à Liège en 1878, il se fait une véritable spécialité des scènes dialoguées dans lesquelles on retrouve sa profonde connaissance de la scène. Son œuvre est d’une fécondité déconcertante. Il meurt en 1954. FOURNY, CONSTANT Catchète pièce patriotique èn in’ ake. Jupille : J. Charles Baudoin impr., [19..]. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve et Espace 81) : 2 exemplaires 8-2=401. Né à Liège le 1er juin 1889, il cultive les lettres wallonnes depuis 1906 ; il a accumulé des romances, chansons, chansonnettes, poésies et monologues que l’on peut trouver dans tous les journaux wallons. Il décède en 1971. GILLARD, LUCIEN Lucien Gillard Écrivain wallon combattant / textes choisis et présentés par Oscar Lacroix. [S.l] : [S.n.], 1934. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve) :8-1=401. 32 Tote mi vèye Liège, C. Gillard impr., 1934. Localisation : Réserve centrale de Lobbes : [R3/840.1(493)]. Né en 1886, il écrit sa première oeuvre en 1919 et ne cesse de produire jusqu’à sa mort, des poésies et des chansons. Dans Tote mi vèye, on retrouve toute sa production. Il s’adonne aussi au théâtre et s’impose tout de suite. GILLISSEN, EUGÈNE O Lîdge ! Vi r’vèye Paris, Cavel, 1916. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve) : 784.4(493.6)=401. Il a composé Ô Lîdge ! vi r’vèye en campagne, au mois de juillet 1916. La chanson fut créée au front par René Erkens (mort à Dixmude) et fut dédiée au lieutenant général Jacques, commandant de la 3e division d’armée. Cette chanson connut un immense succès auprès des soldats jusqu’à la libération et encore après en 1919. Gillissen écrit, par ailleurs, en avril 1917, toujours sur le front, Li Mâgriète di l’Yser, une chanson vécue. Après la guerre, le compositeur se fait plus discret, mais met tout de même en musique plusieurs textes de Nicolas Maréchal, ainsi que diverses chansons. (*) 33 HARDY, BENJAMIN On rédjimint d’ligne al guêre 1914-1918 on sôdard raconte... [S.l] : Hardy B., 1968. Publié à l’occasion du 50e anniversaire de l’armistice. Localisation : Réserve centrale de Lobbes : [R2/8-1(493)]. Auteur prolifique des années 1960 à 1978 : Il écrit en 1968, pour le 50e anniversaire de l’armistice On rédjimint d’ligne al Guêre 1914-1918, recueil de poèmes wallons. Ce recueil reprend des souvenirs personnels de la guerre. Il avertit le lecteur qu’il n’a pas participé aux combats de Liège, ni à la retraite, ni à la bataille de l’Yser. Il était de la classe 1914. Il est l’auteur, en outre, de D’ine cohe so l’ôte, prix de l’association Li cwèrneû de Huy (1970), des Contes dèl vèsprèye (1966), des Contes èt vîs mèssèdjes (1965), Disseûlé (1965), Sov’nances èt tuz’rèyes d’oûy (1963 + 2ème édition 1964). Il a également écrit de nombreux poèmes et courts textes pour Samedi Presse et pour le Jour-le Courrier. L’auteur résidait rue des muguets 4 à Bressoux. Il serait né vers 1895-1896 et serait mort en 1978. (*) 34 LERUTH, JULES Li combat d’rabosêye èt Li paîre=è=bwès : chansons vécues avec musiques notées, inspirées par des épisodes de la guerre 1914-1918. Liège : Printing Co, 1920. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve) : 784.4(493.6)=401. Né à Herve, le 17 octobre 1871 et décédé à Liège le 19 juin 1925, des suites de maladie contractée au fort d’Embourg, en août 1914, en défendant le sol patrial. 35 MIGNOLET, JOSEPH Bouquet d’brouwîre powésèyes èt tchansons sicrîtes è l’Al’magne 1914-1918. Seraing : Imprimerie-Lithographie Ed. Plénus, 1920. Localisation : Bibliothèque centrale du BW (Réserve et Espace 81) : 8-1=401. Portrait de Joseph Mignolet par Richard Bourdouxhe Il naît en 1893 à Liège. Il est fait prisonnier au début de la guerre et passe quatre années dans les camps du Hanovre. De retour à Liège, il occupe pendant une vingtaine d’années le premier plan des lettres dialectales. Sa poésie est originale et son sens de la composition ample et aérée. Il meurt en 1973. A mes frés Fré, wèstans nosse fusik !... Lo sclat d’nosse bayonète, Come li blame d’ine siteûle qui l’aireûre va sofler, Va s’distinde divins l’ôr qui l’bin-ureûse påye djète Avå nosse pauve Patrèye... Fré, ti vas ‘n’èraler !... Li broûlî dès tranchêyes qui t’sipitév’ di glwére, Va fer plèce ås avônnes èt ås pazais d’l’amoûr ; Li zûnèdje di l’obus, li tchanson dèl victwère Vont fer plèce al fåbite... Fré, n’sins-se nin bate ti coûr ? Dimain, t’årè ‘n’mohone, ine feume èt dès cint-mèyes, T’årè ‘n’tåve po magnî, on bon lét po t’somèye Et ti-åme kinoh’rè l’djôye dè vèyî tot r’flori ! Dèdja li paysan oûveûre divins sès téres, Et l’bé solo dèl Påy’ qui lût so nos misères Lî mèt sol front ‘n’corone di loumîre èt d’law’ris, 23-6-1919 extrait p.86 36 MINET, JOSEPH Rimimbrances d’on franc-tigneûs Liège : M. Hauglustaine impr., 1962. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve) : 8-94=401. Bibliothèque locale de Nivelles : 92 RESA 09397. Né à Chênée le 17 décembre 1895, Joseph Minet signa de nombreuses œuvres, chansons, chansonnettes, monologues et cramignons (danses traditionnelles du pays de Liège). Sa vie prend fin le 28 février 1965. 37 POTIER, ARTHUR Nos les t’nans c’côp-ci : recueil di proses, poésies, tchansons et monologues sicrits do timps d’l’occupation et à l’ârmistice. Namur : Imprimerie de « L’Arsouye », 1920. (Petite collection wallonne de « L’Arsouye » ; 4) Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve) : 784.4(493.9)=401. Né à Ciney en 1870, il collabore notamment à l’Arsouye en publiant des chansons, poésies de tous genres. En 1920, il publie Nos les t’nans, un recueil de poésies, chansons et monologues écrits pendant l’occupation 14-18, qui n’avaient pu circuler alors que sous le manteau. C’est un grand animateur du mouvement wallon. Son répertoire dramatique est aussi très fourni. Il meurt à Saint-Gilles en 1944. 38 QUOIDBACH, THÉOPHILE Chansonnier du soldat belge Bruxelles : Institut cartographique militaire, [s.d.]. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve et Espace 81) : 784.4(493)=40=401. Chansonnier du soldat belge = Liederboek van den belgischen soldaat Bruxelles : Institut cartographique militaire, [s.d.]. Avec une troisième partie comprenant des chants considérés comme des souvenirs folkloriques de la grande épopée 1914-1918.¤ Localisation : Réserve centrale de Lobbes : (R3/78]. RAMET, ALPHONSE Œuvres Verviers : Nicolet, 1921. Textes en wallon et en français. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon : 784.4(493.6)=401 Plusieurs exemplaires. Né à Verviers le 1er juin 1873, mort pour la patrie à Liège le 19 mai 1916. 39 SCAILLET, ALEX Fleûrs di tranchées 1914-1918 : vers et prose. Namur : Imprimerie de « L’Arsouye », 1921. (Petite collection wallonne de « L’Arsouye » ; 13) Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve) : 8-1=401. L’auteur est né à Assesse le 30 juin 1893. Il écrit ses premières œuvres dans les tranchées de l’Yser. Après la guerre, il collabore à la Gazette l’Arsouye. Ses poésies ont de l’allant et beaucoup de sentiment. Il garde le silence depuis 1924. Li Visite Li ci qu’est rogneus n’a qu’à s’ gretter (proverbe wallon) Ci n’est nin sins plaiji qui dji sondje tènawette A c’ qu’esteuve li visite, au front... Figuroz-v’ on’abri d’bèton, On’ abri foirt solide... avou saqwants “ bawettes, „ Dins on parèye fortin, on n’ saureuve awè l’ frousse, Minme si on’ obus tchét tot près ; On z-est tranquille, on z-esst au r’coè !.. Seur’mint dins c’ palais-là, gnaquil’ méd’ cin qu’y mousse extrait p.8 40 TONDEUR, GEORGES (PÛJON) Recueil de poésies wallonnes Bruxelles : C. Lorie, 1937. En couverture : Et mes petits-enfants ne me comprendront plus. Glossaire. Localisation : Bibliothèque centrale du Brabant wallon (Réserve et Espace 81) : 8-1=401. Né à Braine-le-Comte, le 27 octobre 1875. Il représente la tradition dialectale et folklorique de son pays, avec beaucoup d’imagination, de sensibilité et de verve lyrique. Il publiait pendant l’entre-deuxguerres des piécettes gouailleuses sous le pseudonyme de Pûjon. Les 2 extraits présentés ci-dessous font partie de ses textes plus sérieux. Il est décédé en 1946. 41 No Drapeau Belge C’n’est qu’in morcha d’estofe tout au dbout d’in baston, Et, au dzeur, ène posture qui rprésinte in lion : C’n’est fonc qu’in morcha d’loque Afriquî su ‘n longue broque ; In morcha d’calicot à tois aunes pou in franc, Tout djusse bon, pou d’aucuns, à amuser l’z èfants ! Min c’est li qui rprésinte Les djoûs d’mil huit cint trinte. C’est li qui nos rapelle tous nos vîs ratahions Qui sont morts pour nous autes in fzant ‘l révolution. C’est li qui nos rapelle Lauvau ‘l parc dè Bruxelles, Usqué flamins, wallons, sont vnus d’pa tous costés, Pou rprinde à l’z Hollandais nos droits, no liberté. C’est li, quand ‘l clairon sonne Eyet qu’el Brabançonne Apelle tous nos sondarts pou marcher au combat, C’est li, les djoûs d’bataille, Din ‘l fumière et ‘l mitraille, Qui ranime el courâdge des cîs qui vont faibli Et fait parti tout seu les dernîs coûps d’fusi. Extrait p. 35 42 Poème (extrait du même ouvrage) qui évoque les souffrances du camp de concentration de Soltau (en Basse-Saxe) où de nombreux Brabançons et Hennuyers furent déportés. (p. 51) Al mèmoire des dèportés d’ Braine Soltau ! Pa-yi des môrts, pa-yî des condamnés ! Pa-yi qu’on voû dè d’lon comme in grand, grand cimetière ! Pa-yi usqu’on a fait indurer tant d’nos fréres ! Pa-yi d’infier ! Pa-yi qu’on n’oublîra jamais ! C’est oû ‘l neuf dè novembe mil neuf cint seize. Tout ‘l nûte on avoû sté dessu dès cautès braises ; Tout ‘l nûte on avou brai, brai qu’on n’in povoû pu, et on avoû compté les heures. El djoû stoû vnu. El ciel estoû tout gris, tout rimpli d’noirès taques, iet ‘l pleuve queyoû, toute foide, faisant des grandès flaques au mitan dou pavé. On veyoû del lumiére asteur pa tous costés, al ville, din l’z alintours et bî lon s’qu’au vilâdje, pasqu’i daloû iette l’heure usquè, din chaque mein-nâdge, les hommes dali-ntè dîre arvoir, tout in brayant, l’uny à ‘s mére, l’aute à ‘s feme et à ses petits èfants. El pus grand des malheurs, el pîre dè tous les peines daloû s’batte su ‘l pètite ville dè Braine : tous les hommes dali-ntè iette prîs pa les Almands, pauvres comme riches, vieils comme djon-nes, malâdes comme bî portants. 43 TOURNELLE, HENRI Mariage de guerre vaudeville wallon en trois actes avec chants, monologues, poèmes français & wallons. Jemappes : Établissements Rorive-Vannuffelle, 1925. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve) : 784.4(493.5)=401. Henri Tournelle est un dramaturge belge né en 1893 à Quaregnon dans le Borinage. Il publie de nombreuses pièces de théâtre et décède en 1959 à l’âge de 66 ans. 44 WARTIQUE, EDMOND THIRIONET, ÉDOUARD Les crwès dins les bruwères / illustrations de Joseph Gillain Gembloux : Duculot, 1932. En couverture : Et mes petits-enfants ne me comprendront plus. Glossaire. Localisation : Bibliothèque centrale du Brabant wallon (Réserve et Espace 81) 8-3=401. « Li vîye nos a mia séparés qui l’mwârt, pusqui l’mèyeu des Places dins nos sov’nîrs c’est-à Vos qu’nos l’avans d’né, à Vos, les combin d’mile qui ont stî coutchîs lauvau, lauvau, aus pîds des p’titès blankès crwès d’baule, dins l’trisse pli-ne au mitan des bruwères. » (extrait issu de la fin du roman) Né à Vilvorde en 1893, Edmond Wartique débute vers 1913 en écrivant des poèmes retraçant les étapes de sa vie. Il reçoit le prix Centenaire en 1930 pour les Crwès dins les bruwères, œuvre conçue en captivité. Les souffrances des prisonniers y sont décrites avec une forte émotion. Il est mort en 1953. Édouard Thirionet est né à Jambes en juin 1891. Il donne d’excellentes descriptions de types populaires en prose. Il connaît la captivité en 1914-18. Il est emporté prématurément en 1930 à cause d’une maladie contractée dans les camps allemands. C’est son collaborateur Edmond Wartique qui termine le dramatique récit Les Crwès dins les bruwères. 45 WISIMUS, JEAN Dès Rôses èt dès spènes sovenance du djônesse, tåvelês dèl rawes fåves, lawes èt ridant å rahis. Verviers : Nicolet, 1926. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Réserve) : 8-82=401. Réserve centrale : [R2/8-3(493)]. Jean Wisimus est un combattant de la première guerre et il a reçu la Croix civique 1914-1918. Il est né à Verviers en 1868 et est avec Jules Feller l’auteur de l’Anthologie des poètes wallons verviétois. 46 ET POUR TERMINER, TROIS ANTHOLOGIES RÉUNIES PAR OSCAR LACROIX Oscar Lacroix (dont le pseudo est Coq d’awous) est né à SaintGilles le 5 mai 1887. Il collabore à différents journaux wallons et publie plusieurs recueils de poésies et de chansons. Il édite surtout des anthologies qui réunissent de nombreux poètes et littérateurs wallons qui ont combattu ou sont morts pendant la guerre 14-18. Remarque : Certains portraits des auteurs accompagnés de biographies qui figurent dans le texte sont extraits de ces anthologies. LACROIX, OSCAR (ÉD.) La gerbe sanglante essais anthologiques. Liège : C. Gillard impr., 1928. Photographie et biographie de chaque auteur cité. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon : (Réserve et Espace 81) : 8-1(082)=401. Réserve centrale de Lobbes : [R3/8-1(493)]. Nos poètes wallons morts pour la patrie [S.l] : [S.n], 1926. Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon : 8-1(082)=401. 47 LACROIX, OSCAR (ÉD.) Nous, sous le casque d’acier essais anthologiques. Liège : C. Gillard impr., 1929. Biographie de chaque auteur cité. On y retrouve notamment Lu Tchant des Belges de Jean Mawhin composé dans les tranchées du fort de Wavre Sainte-Catherine (Anvers), en septembre 1914 . Localisation : Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon : 8-1(082)=401. Réserve centrale de Lobbes : [R3/8-82(493)]. 48 LU TCHANT DES BELGES Par Jean Mawhin Composé dans les tranchées du fort de Wavre Sainte-Catherine (Anvers), en septembre 1914. Air : Lu tchant des Walons. I Nosse chére patrêye, après saqwants ans d’påye, Trivièsse asteur on maulureux trèvins. One hideuse guère èl cumoudiche du plåyes Tot l’sutronlant du sès rodjåtès mains. Mins ses èfants sins li mèskeûre leû vèye, Dèl Libèrté su r’ clamant lès tchampions, Ont rassonlé duvins Ine minme pinsêye, Lu Lion d’Plande èt l’Hardi Coq walon. II Tot come d’one fleur qu’on vårin côpe lu tidje : Po l’suprantchî låch’mint duzos s’talon, Lu barbarèye viola l’bè payi d’Lîdje El moudrihant du s’poure èt d’sès canons. Mins lès « p’tits Belges » su moquant d’ sès årmêyes, Tot z’arrètant sès fameùs bataillons On fêt vèyi çou qu’c’ èsteût qu’one pougnêye Du Lions d’Plande et d’Hardis Coqs wallon. 2 premières strophes p. 109 Jean Mawhin est né à Wegnez le 30 avril 1885 et est principalement chansonnier. Il figure en très bonne place parmi les auteurs dialectaux verviétois. 49 La Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon (Fédération Wallonie-Bruxelles) poursuit le développement et la valorisation des collections dialectales qui se composent pour l’essentiel de : - pièces de théâtre, poésies, chansons, textes en wallon. - ouvrages de dialectologie, de philologie ; - ouvrages consacrés à la littérature wallonne et à ses auteurs. La Bibliothèque publique centrale s’est vue confier ce fonds par la Fédération culturelle wallonne du Brabant et de Bruxelles afin de le répertorier et de le rendre accessible à tous les amateurs de langue wallonne. À qui s’adresse le fonds dialectal ? - à vous qui êtes amateurs de wallon ; - aux académies qui enseignent le wallon ; - aux troupes théâtrales, aux organisateurs de revues ; - aux étudiants en philologie et en littérature ; - aux enseignants de tous niveaux qui souhaitent promouvoir une langue endogène Les collections du fonds dialectal sont accessibles en consultation sur place. Une photocopieuse scanner est à disposition des lecteurs. Les ouvrages en double exemplaire peuvent être empruntés. 50 Lieu : Contact : Bibliothèque publique centrale Madame Marie-Paule Paillet du Brabant wallon 067/89 35 88 (organisée par la Fédération [email protected] Wallonie-Bruxelles) Place Albert 1er 1400 Nivelles REMERCIEMENTS : Merci à Monsieur Jean-Jacques Chapelle pour ses suggestions de chapitres concernant le Journal de guerre d’Édouard Parmentier et Les Mémwères dè Djan d’Nivelles. Merci à Monsieur Georges Lecocq pour son autorisation à reproduire quelques pages du Rif Tout Dju. Merci à Sylvie Vandamme de la Réserve Centrale de Lobbes pour sa participation au choix des auteurs et pour ses commentaires éclairés (marqués par le signe ). Merci à Monsieur Baptiste Frankinet de la Bibliothèque des Dialectes de Wallonie pour ses informations sur Eugène Gillissen et Benjamin Hardy (marqués par le signe *) et les précisions biographiques (dates) apportées à plusieurs auteurs. 51 Quelques précisions utiles si ces lectures vous intéressent : Ouvrages de référence : -Dictionnaire bio-bibliographique des littérateurs d’expression wallonne de 1622 à 1950 / Paul Coppe et Léon Pirsoul Gembloux : Duculot, 1951 -Anthologie de la littérature dialectale de wallonie : poètes et prosateurs / Maurice Piron Liège : Mardaga, 1979 Bibliothèques ou centres du réseau possédant un ou plusieurs de ces ouvrages : -Bibliothèque Publique Centrale du Brabant wallon -Bibliothèque locale de Nivelles. -Bibliobus de Libramont. -Réserve centrale de Lobbes. Le catalogue des collections dialectales est consultable sur : www.escapages.cfwb.be (caracol, catalogue collectif) Blog du Fonds dialectal : http ://ferniesse-sul-walon.blogspot.com Remarque : D’autres bibliothèques de la Fédération Wallonie-Bruxelles possèdent aussi certains de ces ouvrages ainsi que d’autres sur le même thème. Leurs catalogues sont également consultables en ligne. 52 54 Cet ouvrage a été imprimé en Belgique par …. à Nivelles (Brabant wallon) en …. Ed. responsable : Silvana Mei Direction artistique : Jean-Marc Vanoevelen / Jean-Bernard Libert / Dom Verrassel, enseignants Communication graphique et visuelle, Arts2. Conception graphique : G autier Aelvoet, 2e Master Communication graphique et visuelle, Arts2. Mise en page : Jean-Marc Vanoevelen / Gautier Aelvoet Dépôt légal : D/2014/4966/2 14 18 La Guerre La Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon a décidé d’honorer des écrivains wallons qui ont vécu, il y a un siècle, l’épreuve d’une guerre qui ravagea l’Europe entière. L’histoire et son lot de destructions, de misères, d’occupations peuvent être aussi romancés, mis en scène, versifiés, chantés dans les œuvres souvent oubliées de nombreux auteurs wallons de l’époque. Certains textes sont très émouvants, d’autres touchent au burlesque. On y découvre des expressions wallonnes de différents terroirs qui apportent une saveur particulière ; les illustrations sont parfois de véritables bijoux. Rédaction : Marie-Paule Paillet dans la littérature dialectale