Prospections sur les plateaux désertiques du désert libyque égyptien

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Prospections sur les plateaux désertiques du désert libyque égyptien
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
L’anthropologie 113 (2009) 341–355
www.em-consulte.com
Article original
Prospections sur les plateaux désertiques du désert
libyque égyptien (Abydos, Moyenne Égypte).
Quelques exemples de technologies lithiques
Survey in the western high desert of Egypt near Abydos, Middle Egypt.
The lithic technologies
Laurent Chiotti a,*, Harold L. Dibble b, Shannon P. McPherron c,
Deborah I. Olszewski d, Utsav A. Schurmans b
a
Muséum national d’histoire naturelle Abri-Pataud, 20, rue du Moyen-âge,
24620 Les Eyzies-de-Tayac, France
b
Department of Anthropology, University of Pennsylvania, 3260 South Street,
Philadelphia 19104, États-Unis
c
Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology, Department of Human Evolution,
Deutscher Platz 6, 04103 Leipzig, Allemagne
d
University of Pennsylvania, Museum of Archaeology and Anthropology,
3260 South Street, Philadelphia 19104, États-Unis
Disponible sur Internet le 9 juin 2009
Résumé
Un récent travail dans le haut désert libyque, à proximité du site historique d’Abydos a révélé la présence
de différentes technologies allant du Paléolithique moyen jusqu’à des périodes récentes. Parmi elles, les plus
anciennes comprennent deux techniques Levallois : le Levallois classique et le Levallois de type nubien, qui
sont abondantes et présentent pratiquement toutes les étapes de la production. Les technologies présumées
plus récentes comprennent à la fois des productions de grandes lames et des débitages expédients. Bien que
les résultats soient encore préliminaires, l’absence de perturbations taphonomiques significatives, l’abondance des remontages (en particulier dans de nombreuses stations de débitage isolées), et une grande
visibilité du matériel archéologique font de cette région un endroit idéal pour la reconstitution des
techniques de production lithiques qui y sont présentes.
# 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Égypte ; Paléolithique moyen ; Paléolithique supérieur ; Technique Levallois ; Nubien ; Remontages
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (L. Chiotti).
0003-5521/$ – see front matter # 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.anthro.2009.04.007
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L. Chiotti et al. / L’anthropologie 113 (2009) 341–355
Abstract
Recent work in the high desert west of the historic site of Abydos has revealed a number of technologies
that date from the Middle Paleolithic through later periods. The earliest of these include both Nubian and
classical Levallois technologies, which are abundant and demonstrate virtually all stages of production.
Presumed later technologies include both large blade production technologies as well as more expedient
reduction methods. Although results are still preliminary, the lack of significant taphonomic disturbance, the
abundance of refits (including many discrete flintknapping episodes), and the high visibility of the
archaeological remains make this an ideal area to reconstruct the techniques of lithic reduction in use.
# 2009 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Keywords: Egypt; Middle paleolithic; Upper paleolithic; Levallois technique; Nubian; Refits
1. Historique du projet
Le village d’Abydos, en moyenne Égypte, est situé à proximité immédiate des escarpements
rocheux qui marquent la limite ouest de la vallée du Nil, et qui conduisent directement sur les
plateaux du désert libyque. Bien qu’elle ait été concentrée essentiellement sur le bas désert, une
prospection effectuée par une équipe belge dans les années 1970 (Vermeersch et al., 1977) avait
mise en évidence la présence de matériel archéologique paléolithique en bordure des plateaux,
mais ils pensaient qu’il n’y avait rien d’autre dans le haut désert.
En 2000, H.L. Dibble, S.P. McPherron, D.I. Olszewski et M. Soressi ont débuté, à proximité de
la localité d’Abydos, un premier travail de reconnaissance systématique sur les plateaux
désertiques et le long des bords de la vallée du Nil, sans prélèvement de matériel archéologique
(Olszewski et al., 2001). Cette première reconnaissance révéla une densité de matériel
archéologique variable, mais localement très élevée. Durant cinq jours, 20 sites paléolithiques
montrant une forte densité d’objets furent identifiés. Sur cette base fut développé un projet de
prospection systématique destiné à mieux comprendre l’occupation de ce territoire durant le
Paléolithique, intitulé « Abydos Survey for Paleolithic Sites ».
La première campagne, durant l’hiver 2002/2003, d’une durée de quatre semaines passées
dans le désert, fut menée selon deux axes majeurs : une prospection et une collecte d’échantillons
systématiques, dans un secteur d’approximativement 9 km2, autour du Wadi Umm al-Qaab
(Fig. 1) ; et une collecte intensive de deux sites à forte densité de matériel archéologique.
La seconde campagne s’est déroulée durant l’hiver 2005/2006 également pour une durée de
quatre semaines. Elle consistait principalement en une prospection systématique, avec
prélèvement d’échantillons, d’un secteur d’environ 34 km2, situé essentiellement dans les
environs du Wadi Samhud, au sud du secteur prospecté précédemment, en amont d’Abydos
(Fig. 1). Des prospections ont également été tentées, en s’éloignant de la vallée du Nil, vers
l’ouest, jusqu’à une distance maximale d’une quinzaine de kilomètres. Trois sites,
potentiellement intéressants pour la réalisation de remontages ont été prélevés dans leur
totalité, avec tamisage des sédiments, et deux grottes présentant du matériel archéologique en
surface ont été sondées.
2. Méthodologie
Initialement, les secteurs choisis pour la prospection systématique ont été parcourus par des
équipes de trois à quatre personnes, espacées de 5 à 10 m. Nos premiers travaux ayant rapidement
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Fig. 1. Localisation du site historique d’Abydos et du secteur prospecté par la mission ASPS.
Location of historic Abydos and the ASPS survey area.
établi que le matériel archéologique ne se situait que sur le somment des plateaux et sur les
terrasses intermédiaires, nous avons concentré nos lignes de prospection sur ces secteurs
topographiques. Une collecte systématique d’échantillons, consistant en un prélèvement de
l’ensemble du matériel archéologique présent dans un cercle de 1 m de rayon autour d’un point
dont les coordonnées ont été enregistrées avec un GPS non différentiel, a été effectuée tous les
100 m. Ces collections dénommées « samples » sont identifiées par la lettre S, suivie du numéro
de l’échantillon.
Au cours de notre prospection, nous avons rencontré des sites à forte densité de matériel
archéologique. Ces derniers ont été localisés par leurs coordonnées mesurées avec un GPS non
différentiel et une station totale en 2002/2003, puis uniquement au GPS non différentiel en 2005/
2006. Un certain nombre de renseignements généraux ont été notés, tels que le type de matériel
présent ou encore l’étendue du site. Un échantillon de matériel archéologique compris dans un
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cercle de 1 m de rayon a été prélevé sur chacun d’eux. Les collections de ces sites sont identifiées
par la lettre A, suivie du numéro de site.
3. Le Paléolithique moyen
3.1. État de la question
Il y a une disjonction entre ce que nous connaissons sur le Paléolithique moyen ou Middle
Stone Age dans la vallée du Nil et en Afrique du nord à l’ouest du Nil.
À l’ouest de la vallée du Nil, l’industrie par excellence est l’Atérien, une industrie
notablement absente de la vallée du Nil et des zones à l’est de celle-ci, l’Atérien le plus oriental se
situant dans les oasis égyptiens du désert libyque (Hawkins, 2004 ; Kleindienst, 2001). F.
Wendorf et R. Schild avaient classé certaines industries de Bir Tarfawi et Bir Sahara dans
l’Atérien, cependant lors d’une révision de ces industries, les auteurs attribuent ces sites à du
Paléolithique moyen à pièces foliacées (Wendorf et Schild, 1992 : 49 ; Wendorf et al., 1993). Les
industries atériennes sont extrêmement variables et l’on peut dire que tous ces assemblages ont
seulement en commun la présence de pièces pédonculées et de la technologie Levallois. Selon
certains auteurs (Debénath et al., 1986 ; Wengler, 1997), le Moustérien précède les industries
atériennes en Afrique du nord. Cependant, les industries dites moustériennes ne semblent différer
des industries atériennes que par l’absence de pièces pédonculées.
Le Paléolithique moyen est relativement bien connu dans la vallée du Nil. Plusieurs traditions
industrielles ont été définies et groupées en deux complexes majeurs (Van Peer, 1991, 1998) : le
« Lower Nile Valley Complex » (LNVC) et le « Nubian Complex » (NC). Ces deux complexes
ont été interprétés par P. Van Peer (1998) comme représentant deux adaptations culturelles
distinctes, identifiées sur la base de préférences écologiques ainsi que sur la typologie et la
technologie des assemblages.
Le LNVC, décrit comme une adaptation au fleuve, est limité au corridor de la vallée du Nil.
Technologiquement, les phases les plus anciennes comprennent essentiellement des nucléus
Levallois centripètes. Les outils peuvent inclure de nombreux denticulés. P. Van Peer (1998)
pense également que ces industries de la phase ancienne du LNVC montrent une continuité avec
l’Acheuléen, par exemple sur des sites tels que Taramsa I (concentration 17).
Dans ses phases tardives, le LNVC montre des changements technologiques avec une
accentuation du débitage de nucléus à lames bidirectionnels (Van Peer, 1998 ; Vermeersch et al.,
2000c). Des sites de carrière tels que Nazlet Khater 2 ont été attribués aux phases tardives du
LNVC (Van Peer, 1998). Ce complexe inclus des industries telles que le Paléolithique moyen non
nubien, le groupe K (similaire au Moustérien à denticulés) et l’assemblage transitionnel de
Nazlet Safaha.
Le complexe nubien se trouve sur les deux rives et dans le désert adjacent. P. Van Peer propose
qu’il puisse correspondre à une extension vers le nord des Hommes anatomiquement modernes
(Van Peer, 2001). Il se caractérise par la présence de deux techniques Levallois : le Levallois
centripète et la technique nubienne (Guichard et Guichard, 1965). Une attention particulière est
portée à la fabrication de « pointes » Levallois. Les nucléus nubiens incluent les deux types
définis par J. et G. Guichard (id.) : type 1, à préparation distale et de type 2 à préparation latérale.
En moyenne Égypte, les pointes brutes résultantes sont parfois modifiées en pointes de Nazlet
Khater, interprétées comme l’indice d’une activité tournée vers la chasse (Van Peer, 1991, 1998).
Un lien technologique entre les industries atériennes et les industries Levallois de type nubien
a été suggéré (Van Peer, 1986). Le complexe nubien comprend les industries du Paléolithique
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moyen nubiennes, le groupe N (similaire au Moustérien nubien), les industries du dernier
interglaciaire de Bir Tarfawi/Bir Sahara, l’Atérien de l’est saharien, et le Khormusien. Les sites
les plus connus du NC en moyenne Égypte sont des sites de carrière de matières premières dans
les zones de désert bas, tels que Beit Khallaf 1 et 3, Nazlet Khater 1 et 3, et Makhadma 6 (Van
Peer, 1991, 2000 ; Vermeersch et al., 1977).
Les avis diffèrent quand à la contribution du complexe nubien à la transition vers le
Paléolithique supérieur. Certaines recherches (Van Peer, 1998) suggèrent une disparition de ce
complexe du corridor de la vallée du Nil, dans la dernière partie du Paléolithique moyen, alors
que d’autres (Van Peer, 2001 ; Vermeersch et al., 1998) suggèrent que des assemblages lithiques
du début du Paléolithique supérieur (Nazlet Khater 4 et 7) puissent montrer une connexion avec
le complexe nubien.
Il est intéressant de noter l’observation de similarités typologiques entre le complexe nubien et
le Paléolithique moyen du Moyen Orient, bien qu’il soit reconnu que la recherche de traditions
régionales (qui utilise des systématiques et des terminologies différentes) obscurcisse la
comparaison entre les données archéologiques entre l’Égypte et le Moyen-Orient (Vermeersch,
2001). Il est possible que ces deux complexes, définis essentiellement sur des critères
technologiques et typologiques, soient moins distincts que cela est couramment admis.
Actuellement, nous n’avons qu’une compréhension partielle des comportements au
Paléolithique moyen dans la vallée du Nil. De récents travaux dans les oasis du désert libyque,
de Dakhleh et Kharga (Hawkins et Kleindienst, 2002 ; Kleindienst, 2001 ; Smith et al., 2004 ;
Wiseman, 2001) élargissent cependant nos perspectives sur le Paléolithique moyen en apportant
des informations de grande valeur sur l’utilisation des matières premières, les paléoenvironnements, et les signatures comportementales sur des ensembles de grande densité, tels que l’Atérien
(Hawkins, 2004). De plus, des sites stratifiés, avec des niveaux du Paléolithique moyen, dans les
montagnes de la mer Rouge et les plaines d’inondation du Nil du nord Soudan (Moeyersons et al.,
1999 ; Van Peer et al., 1996, 2003 ; Van Peer et Vermeersch, 1990) ont augmenté notre
connaissance de la chronologie, de la subsistance et de la technologie lithique.
En moyenne Égypte, les sites connus dans le désert bas ou sur les terrasses de la vallée du Nil
reflètent des activités de carrière et peut-être des camps de base (Van Peer, 2001). En revanche,
les zones de haut désert n’ont jamais subies d’études approfondies. Dans ce cadre, le projet ASPS
est un moyen pour obtenir des données sur la variété du Paléolithique moyen de cette région et ses
adaptations.
3.2. Le Paléolithique moyen du haut désert de la région d’Abydos
Le matériel paléolithique moyen (Olszewski et al., 2005 ; Olszewski et al., sous presse)
découvert dans le haut désert de la région d’Abydos, fait clairement partie de ce que P. Van Peer a
défini comme le complexe nubien (Van Peer, 1991, 1998), avec la présence des trois de types
majeurs de nucléus définis pour ce complexe : des nucléus Nubien 1, à enlèvements de
préparation distaux ; des nucléus Nubien 2 à préparation latérale ; des nucléus Levallois, à
préparation centripète.
Tous ces types de nucléus et leurs produits sont considérés comme Levallois. Cependant, le
nombre total de produits Levallois ne représente qu’environ 12 % de la totalité de l’assemblage
lithique (le reste des nucléus et des éclats étant non diagnostic en termes de technologie). Les
outils retouchés sont extrêmement rares (moins de 1 % de la totalité des assemblages collectés).
Jusqu’ici, il a été impossible de déterminer une quelconque organisation spatiale dans la
distribution de ces différentes techniques de préparation des nucléus, dont les distributions
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semblent arbitraires. Mise à part les différences morphologiques des nucléus, qui sont la base de
leurs définitions, aucune autre différence mesurable n’est apparente dans les assemblages. Les
différents types de nucléus se présentent soit séparément, soit tous ensemble dans nos
échantillons. De plus, beaucoup de nucléus nubiens montrent à la fois des préparations distales et
latérales.
En nous basant sur notre analyse préliminaire, il semble que dans la plupart des cas,
l’ensemble de la chaîne opératoire ait pris place dans les environs immédiats des sites. En
général, il y a à la fois un grand nombre de nucléus (plus de 10 % du total des assemblages) et
beaucoup d’éclats corticaux.
3.3. Les remontages
Plusieurs sites du Paléolithique moyen nous ont permis de faire des remontages, bien que
ceux-ci soient beaucoup moins nombreux et beaucoup plus difficiles à réaliser que dans le
Paléolithique supérieur1, comme nous le verrons plus loin.
Deux sites en particulier nous ont permis d’effectuer des remontages : le site ASPS-46A et le
site ASPS-40112. Dans les deux cas, les remontages concernent des nucléus Levallois, le plus
souvent de type nubien.
Le site ASPS-46A nous a permis de remonter plusieurs nucléus Levallois avec leurs éclats
principaux, qui dans la plupart des cas sont outrepassés. Dans de rares cas, il a également été
possible de remonter des éclats de préparation. Dans la plupart des cas, le remontage permet de
préciser la technique de préparation qui n’est pas toujours claire à la lecture du nucléus, en
particulier, dans le cas, très fréquent, de nucléus outrepassés.
Les remontages les plus nombreux concernent des nucléus qui dans leur état final peuvent être
attribués à une technique Levallois classique, mais dont l’éclat principal est outrepassé. Le
remontage de cet éclat permet alors de modifier la lecture des pièces puisqu’il s’agit en fait, le
plus souvent, de nucléus de type nubien.
Par exemple, le nucléus A46A-862 (Fig. 2) est, dans sont état final, un nucléus Levallois dont
l’éclat principal couvre la quasi-totalité de la surface principale de débitage. Cet éclat a atteint
l’extrémité du nucléus sur presque toute sa largeur, cependant, la table ne présente pas vraiment
les caractéristiques d’un éclat ayant fortement outrepassé. L’éclat principal remonté (A46A1428) est en fait fortement outrepassé et a emporté toute l’extrémité du nucléus. Une fois cet éclat
remonté, la lecture de la pièce montre qu’il s’agit d’un nucléus à préparation de type nubien, avec
deux grands enlèvements distaux, axiaux pour la mise en forme de la pointe. Cependant, sa
préparation est atypique pour un nucléus nubien puisque l’éclat de préparation du bord gauche est
proximal et non distal3. Le second éclat remonté est l’éclat de préparation nubien distal, de la
droite du nucléus (A46A-1496). Il montre que les aménagements antérieurs étaient également
proximaux.
Le nucléus A46A-1508 est un autre exemple de précision technologique apportée par le
remontage. Il s’agit d’un nucléus de très petites dimensions fortement outrepassé (Fig. 2), qu’une
1
Une étude sur les différences de potentiel de remontage entre les sites du Paléolithique moyen et les sites de type
paléolithique supérieur est actuellement en cours.
2
Un troisième site (ASPS-49), dont les remontages ont été effectués plus récemment ne sera pas abordé ici.
3
Une telle préparation proximale, « atypique » par rapport à la définition classique de la technique nubienne (Guichard
et Guichard, 1965) a été observée sur d’autres nucléus nubiens. On peut donc légitimement se poser la question de la
fréquence de ce type de préparation, et donc de son aspect atypique ou non.
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Fig. 2. Remontages du site ASPS-46A.
Refits from ASPS-46A.
première analyse placerait plutôt dans les nucléus Levallois classiques. Le remontage de l’éclat
outrepassé (A46A-377) montre là encore une préparation typiquement nubienne.
Dans des cas plus rares, le remontage confirme l’attribution première de nucléus Levallois
centripète, comme par exemple pour le nucléus A46A-673 (Fig. 2) pour lequel l’éclat principal
(A46A-875), très légèrement outrepassé, couvre la quasi-totalité de la surface de débitage, et
présente des négatifs de préparation centripètes sur tout son pourtour.
Sur le site ASPS-4011, trois nucléus de type nubien ont pu être remontés avec leur éclat
principal. Deux d’entre eux présentent également des éclats de préparation :
le nucléus A4011-64 (Fig. 3) présente à la fois des aménagements de type nubien 1 et nubien 2.
La préparation est distale sur le bord gauche, la moitié proximale de ce bord restant corticale.
Le bord droit présente une préparation distale, par un éclat court, puis latérale, par un gros éclat
en partie mésiale, la partie proximale restant corticale. L’éclat principal A4011-20, allongé,
couvre presque toute la longueur du nucléus, mais ne présente pas la forme typique des
« pointes nubiennes » ;
le nucléus A4011-122 (Fig. 3) est, dans son état final, un nucléus Levallois, dont le négatif de
l’éclat principal atteint l’extrémité distale de la pièce. Le remontage de l’éclat principal A401194, allongé et outrepassé, révèle une préparation initiale de type nubien 1. Le second éclat
remonté (A4011-162) est l’enlèvement de préparation distal du bord gauche du nucléus. C’est
un éclat laminaire qui ressemble beaucoup à un éclat Levallois laminaire, avec une petite plage
de cortex latéral (dos naturel) en partie proximale de son bord droit ;
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Fig. 3. Remontages du site ASPS-4011.
Refits from ASPS-4011.
le nucléus A4011-1 (Fig. 3) est de type nubien 1. L’éclat principal (A4011-2), de forme
triangulaire, est caractéristique des « pointes nubiennes ». Les deux éclats de préparation
distaux ont également été retrouvés. Le premier (A4011-96), situé sur la droite de la surface de
débitage est un éclat très allongé, détaché avant de façonnage de l’extrémité distale du nucléus,
le point d’impact se situant dans le vide, hors du nucléus. Le second (A4011-178), situé sur la
gauche de la surface de débitage, est détaché obliquement, à partir des 3/4 distaux du bord du
nucléus, mais couvre toute la longueur du bord, comme s’il s’agissait d’un vrai éclat distal.
Deux éclats de préparation du plan de frappe ont également été remontés : un gros éclat latéral
fortement cortical, sur la droite du nucléus (A4011-77) et un éclat allongé au centre du plan de
frappe (A4011-149).
Ces remontages permettent une première approche des activités qui se sont déroulées sur les
deux sites en question.
Pour le site ASPS-4011, il faut tout d’abord noter qu’il n’y a pas de matière première à
proximité immédiate. Les blocs ont donc été apportés sur ce plateau, mais sous quelle forme ? Ce
site a livré un nombre limité de pièces (190) parmi lesquelles celles correspondant aux premières
phases de mise en forme des blocs semblent absentes4. Ces premières phases ont donc pu être
effectuées ailleurs, peut-être directement sur le lieu de récolte de la matière première. D’autre
part, le site a livré des éclats de préparation distaux, dont certains ont pu être remontés, et des
« pointes nubiennes ». Il semble donc que des blocs aient été apportés sur le plateau, déjà en
partie préparés, et que la partie finale du débitage (derniers préparatifs de la surface de débitage et
du plan de frappe et détachement des éclats principaux) ait eu lieu sur place.
4
Les seuls éclats de préparation de plan de frappe remontés (Fig. 3) sont des pièces qui interviennent après les éclats de
préparation nubiens, donc lors des phases finales de la préparation.
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Pour le site ASPS-46A, il n’y a pas non plus de matière première sur le plateau concerné. Ce
site a livré un nombre de pièces beaucoup plus important (1951), parmi lesquelles tous les stades
de la production semblent être présents. L’un des remontages montre par exemple un gros éclat
cortical de préparation de l’arrière du nucléus. Il semble donc que les blocs aient été apportés
bruts sur le site, et que l’ensemble du débitage ait eu lieu sur place.
D’autre part, les éclats principaux remontés sur les nucléus du site ASPS-46A sont
essentiellement des pièces outrepassées, mais des « pointes » et éclats qui nous semblent être de
« bonne qualité » sont présents dans le matériel récolté. Sur le site A4011, des pièces de « bonne
qualité » ont pu être remontées.
Sur la base des preuves fournies par les remontages et de la caractérisation générale des
assemblages, il est clair que les occupations du Paléolithique moyen dans le haut désert ne
correspondent pas à un comportement simple et monolithique. Comme nous l’avons montré,
certains sites contiennent la preuve d’une production entièrement effectuée sur place, alors que
dans d’autres cas, la préparation a lieu ailleurs, peut-être sur le lieu initial de collecte des blocs de
matière première. En outre, il apparaît, grâce aux remontages, que la différence entre ce que nous
considérons être les produits recherchés et le reste de la production est loin d’être clairement
établi.
4. Le Paléolithique supérieur
4.1. Le Paléolithique supérieur de la vallée du Nil
Les sites du Paléolithique supérieur ancien sont rares dans la vallée du Nil. Ceux qui ont été
datés radiométriquement se situent entre 35 et 30 000 ans B.P. (Phillips, 1994). Le plus connu est
le site de carrière de chert du bas désert de la vallée du Nil à Nazlet Khater 4 et 7 (Vermeersch
et al., 2000a, 2000b, 2002).
Les industries du Paléolithique supérieur récent et tardif (Shuwikhatian, Fakhurian, et
Kubbaniyan), datées d’environ 25 000 ans sont au contraire relativement communes (Hassan,
1974 ; Lubell, 1974 ; Phillips, 1973 ; Van Peer et al., 2003 ; Vermeersch et al., 1984, 2000b,
2000d ; Wendorf et al., 1970, 1984). Les sites de cette période montrent une exploitation des
ressources de la plaine d’inondation, avec des activités de pèche et chasse de la faune de bovins et
de cervidés.
Enfin, les sites du Paléolithique terminal/Épipaléolithique/Néolithique ancien (entre 8 et
10 000 ans, c’est-à-dire durant la période pluviale de l’Holocène ancien), sont présents dans le
corridor de la vallée du Nil et dans le voisinage des plages saisonnières dans le désert haut et dans
les oasis du désert libyque (Caton-Thompson, 1952 ; Close, 1990 ; Hassan, 1986 ; McDonald,
1991 ; Schild, 2001 ; Wendorf et Schild, 1976 ; Wendorf et al., 1984). Ces industries sont
caractérisées par la présence de lamelles, de pièces géométriques, et par la technique du
microburin.
Quatre sites découverts durant les campagnes ASPS de 2000 et de 2002/2003 ont livré des
industries attribuables à l’Épipaléolithique. Il s’agit des sites ASPS-46, ASPS-16A, ASPS-55A
(Olszewski et al., 2005) et ASPS-62.
4.2. Les industries de type Paléolithique supérieur du Haut désert de la région d’Abydos
Lors des prospections de la campagne 2005/2006, plusieurs sites livrant des industries de type
Paléolithique supérieur, à débitage laminaire, ont été découverts.
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Il s’agit d’ateliers de débitage, qui la plupart du temps se composent d’amas de taille très bien
délimités, pouvant être isolés, ou regroupés, jusqu’à plusieurs dizaines, dans certains secteurs. La
plus grosse concentration de ces amas de débitage a été découverte au sud de la zone prospectée
en 2005/2006, sur les pentes situées de part et d’autre du Wadi Samhud. Dans ce secteur de
seulement quelques centaines de mètres carrés, plusieurs dizaines d’amas de débitage, ont pu être
identifiés.
La localisation de ces sites ne semble liée en aucune façon à la topographie des lieux.
L’élément déterminant semble être la présence de matière première. Ainsi, une grande partie des
amas sont situés sur des pentes, parfois relativement abruptes, totalement impropres à une
installation humaine. Ces amas, qui n’ont visiblement pas été perturbés, fournissent un très fort
potentiel de remontages.
Les productions présentes dans ces amas de débitage sont plus ou moins laminaires, et leur
degré d’organisation technologique semble assez variable. Dans tous les cas, elles sont très
difficiles à caler chronologiquement, en particulier du fait de l’absence quasi-totale d’outillage.
Certains sites comme ASPS-1001 ou ASPS-1009 ont livré des lames généralement pas très
longues, avec une extrémité distale pointue, qui rappellent certaines productions du Paléolithique
supérieur ancien de cette région comme par exemple à Nazlet Khater 4 (Vermeersch et al., 2002).
D’autres, comme ASPS-1006 ont livré des débitages de grosses lames, souvent très larges.
Certains sites, comme ASPS-3004 livrent des débitages sur des petits blocs, relativement peu
organisés, qui donnent des lames de dimensions assez réduites ou des éclats laminaires. Un
certain nombre d’amas contiennent des nucléus de type pyramidal, en général relativement
courts, ayant produit des éclats allongés, plutôt que de vraies lames. Enfin d’autres sites comme
ASPS-4010 ont livré des débitages très peu organisés ayant produit essentiellement des éclats.
Dans tous les cas, de par leur technologie et leur état de patine, ces amas de taille sont, de toute
évidence, postérieurs au Paléolithique moyen. La plupart du temps, il est difficile d’en faire une
attribution plus précise. En effet certaines de ces productions peuvent aussi bien correspondre à
du Paléolithique supérieur qu’à des périodes Dynastiques ou Prédynastiques. Les premières
comparaisons effectuées par D. Olszewski ont permis d’éliminer la possibilité de certaines
cultures Prédynastiques mais d’autres vérifications restent à effectuer pour confirmer
l’attribution au Paléolithique supérieur de ces productions.
Une étude technologique détaillée de ces productions est actuellement en cours. Les données
dont nous disposons actuellement sont essentiellement celles fournies par les remontages.
4.3. Les remontages
Parmi les nombreux amas de débitage rencontrés, seul quelques-uns ont été prélevés. Les
autres ont uniquement été localisés par leurs coordonnées GPS. De nombreux remontages ont pu
être effectués parmi le matériel provenant des quelques amas prélevés. La plupart du temps, ces
remontages sont très complets. Nous ne présenterons ici qu’un exemple afin d’illustrer les
possibilités offertes par ces amas.
Le remontage choisi (Fig. 4) provient du site ASPS-1006 et est le plus important de ce site,
mettant en œuvre 21 pièces, remontées sur le nucléus A1006-1. Dans son état d’abandon, ce
nucléus est un nucléus prismatique unipolaire à un seul plan de frappe, de grandes dimensions
(112 64 36 mm). Le remontage permet de reconstituer un bloc assez gros, cylindrique, dont
le sommet est constitué d’une grande surface plane, fortement patinée, donc préexistante sur le
bloc, qui a été utilisée comme plan de frappe. Ce bloc a été utilisé pour produire de grosses lames,
larges. La plupart des pièces partiellement corticales situées au début du débitage, lors des phases
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Fig. 4. Remontage du site ASPS-1006 (nucléus A1006-1).
Refit from ASPS-1006 (core A1006-1).
d’aménagement du bloc, puis sur les parties latérales, correspondant à des élargissements
successifs de la table de débitage, ont pu être remontées. En revanche, il manque une partie
importante des pièces provenant de la partie centrale du bloc, correspondant aux phases de plein
débitage.
Le site ASPS-1006 étant constitué d’amas de débitage dont l’un d’entre eux était situé en
totalité dans le cercle d’un mètre de rayon qui constituait l’échantillon prélevé, il est peu probable
que les pièces manquantes soient restées sur le site. Étant donné leur position dans la séquence de
débitage, il s’agit certainement des pièces qui constituaient l’objectif de cette production, et qui
ont donc été emportées.
5. Les débitages expédients
De nombreux débitages expédients ont été découverts, comprenant généralement sur place les
nucléus et les éclats correspondants. Les remontages de ces productions sont souvent quasicomplets. Ces débitages expédients sont particulièrement nombreux dans la partie ouest du
secteur prospecté en 2005/2006, constitué de petites collines, relativement abruptes, à crêtes
352
L. Chiotti et al. / L’anthropologie 113 (2009) 341–355
assez étroites. Cette topographie, peu favorable à l’installation humaine, se traduit par une quasiabsence de sites dans ce secteur. Il est fréquent de trouver des débitages expédients, en général en
position isolée, sur ces collines qui sont recouvertes de galets dont la plupart sont en silex. Même
si la plupart du temps, les débitages expédients sont trouvés isolés, comme pour les deux
exemples ci-dessous, quelques localités ont livré des concentrations suffisamment importantes
pour être enregistrées comme sites.
Dans tous les cas rencontrés, nous n’avons aucun élément permettant de caler
chronologiquement ces débitages expédients.
Ces débitages sont essentiellement deux types :
des galets sur lesquels ont été détachés seulement deux ou trois éclats, dont les nucléus sont de
type chopper/chopping tool (ou sont de simples blocs testés) ;
des petits blocs qui ont servi à produire quelques éclats, le plus souvent fortement corticaux.
Le galet S3045-1 (Fig. 5) illustre bien le premier cas. Il s’agit d’un gros galet allongé, aplati
sur lequel trois éclats ont été détachés à l’une de ses extrémités, et sur les deux faces du bloc.
Un premier éclat a été détaché sur l’une des faces, puis le négatif a été utilisé comme plan de
frappe pour le détachement d’un petit éclat, puis d’un plus gros, légèrement rebroussé. Dans
son état final, ce galet présente un biseau avec une profonde encoche en son centre. Il est
possible que ce soit cette forme qui ait été recherchée, plutôt que les éclats qui sont tous
corticaux.
Pour le second cas, nous présentons l’exemple d’un petit bloc ovalaire (nucléus S2029-10 ;
Fig. 5) sur lequel un gros éclat cortical a été détaché sur l’une des extrémités, avec un éclat
secondaire détaché en même temps. Les deux pièces ont un éclatement très irrégulier. La surface
obtenue est ensuite utilisée comme plan de frappe pour détacher une série d’éclats, presque tous
corticaux, dont un seul a été retrouvé.
Fig. 5. Remontages provenant des échantillons S3045 et S2029.
Refits from samples S3045 and S2029.
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6. Conclusion
Les premières études menées dans le cadre du projet « Abydos Survey for Paleolithic Sites »
montrent une forte occupation de l’espace désertique situé immédiatement à l’ouest de la vallée
du Nil. Les exemples présentés dans cet article montrent la diversité des sites rencontrés dans ce
secteur au cours de nos prospections. La plupart des technocomplexes paléolithiques connus
dans la région sont présents. De plus, cette diversité technologique est encore accrue par la
présence de nombreux sites post-paléolithiques qui n’ont pas été discutés ici, car hors du cadre
de notre étude.
Pour le Paléolithique moyen, la technologie Levallois de type nubien est très largement
dominante. Dans le Paléolithique récent, notre étude, et en particulier les remontages, montre des
modifications technologiques claires qui semblent correspondre à des changements significatifs
dans l’adaptation humaine à la vie dans le désert. Les données présentées ici sont des résultats
préliminaires mais elles illustrent déjà le fort potentiel des sites de surface dans cette région pour
comprendre l’usage de la technologie lithique dans le haut désert ainsi que les variations
d’occupation de l’espace par les différentes populations humaines paléolithiques.
Remerciements
Nous voulons remercier le comité permanent du Conseil Suprême des Antiquités et son
secrétaire général, le docteur Zahi Hawass pour nous avoir permis d’effectuer ce travail, ainsi que
M. Magdy El Ghandour du Conseil Suprême des Antiquités, qui a grandement facilité nos
différentes saisons de travail. Nous avons également le plaisir de remercier M. Zein el Abdin
Zaki, directeur général des antiquités de Sohag, et Mme Aziza El Sayed Hassan, chef inspecteur
de Balliana.
Nous adressons toute notre reconnaissance à Mme Amira du centre de recherche américain en
Égypte (ARCE) pour toute l’aide qu’elle nous a apporté, rendant possible ce projet. Enfin, nous
voulons remercier les docteurs Matthew Adams et David O’Connor de l’Université de
Pennsylvanie (Expédition Penn-Yale-IFA to Abydos) ainsi que le docteur Janet Richards de
l’Université du Michigan pour avoir facilité notre travail à la maison de terrain et dans le désert.
Finalement merci à l’équipe égyptienne de la maison de fouille et aux équipes de terrain de
2000, 2002/2003, 2005/2006 et 2006/2007 pour tous leurs efforts.
Le projet « Abydos Survey for Paleolithic Sites » a été rendu possible grâce aux subventions
de la National Science Foundation et de la Leakey Foundation, ainsi qu’aux généreuses
contributions de M. Bruce Mainwaring et de l’Université de Pennsylvanie, Museum
d’Archéologie et d’Anthropologie. Ce projet a également été soutenu par le Max Planck
Institute for Evolutionary Anthropology.
Ceci est la publication ASPS N810.
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