GUIDE DU VISITEUR 10 Bertrand LAVIER

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GUIDE DU VISITEUR 10 Bertrand LAVIER
Bertrand Lavier installe le spectateur face
à des dilemmes, à des questions qui restent
parfois en suspens. Il en est toujours ainsi
chez cet artiste qui se saisit d’ un objet, ici
d’ un équipement sportif et de loisirs, en
modifiant les codes et les repères qui obligent
le spectateur à découvrir de « nouveaux
pouvoirs de vie, de transformation aux choses. »
GUIDE
DU
VISITEUR
10
Jusqu’ au 20 novembre 2011
1. Damien Cabanes
2. Lee Bae
3. Pizzi Cannella
Local Line 8
Bertrand
LAVIER
Du 10 décembre 2011 au 5 février 2012
1. L. & F. Weinberger
2. Laszlo Feher
3. Serse
Jeunes créateurs de Roumanie
14 octobre 2011 – 5 février 2012
Bertrand Lavier (jusqu’ au 5 février 2012)
Collection permanente
Monumental ? (jusqu’ au 19 août 2012)
Hommage à Vicky Rémy (jusqu’ au 31 déc. 2011)
Composition en 4 couleurs, détail, 2011
© ADAGP, Paris, 2011
Musée d’ Art Moderne de Saint-Étienne Métropole
Ouvert tous les jours de 10 h à 18 h, sauf le mardi.
Fermé les 1er novembre, 25 décembre et 1er janvier.
IC&K
La Terrasse – BP 80241 – 42006 Saint-Étienne Cedex 1
Tél. +33 (0)4 77 79 52 52
[email protected]
www.mam-st-etienne.fr
Pour Bertrand Lavier (né en 1949 à
Châtillon-sur-Seine), bâtir une œuvre
contemporaine, c’ est poser un regard
singulier sur la réalité. Puis par des gestes
minimes, banals, c’ est la détourner,
la démontrer par l’ absurde, faire des
rapprochements inattendus et en faire
surgir des instants poétiques. À ses débuts
dans les années 1970, alors que l’ art traverse
quelques turbulences dues à une remise en
question des fondements artistiques, il s’ agit
pour l’ artiste d’ engager une critique de l’ art
conceptuel triomphant à cette époque. Les
conceptuels montrent l’ égalité entre les mots
et les choses, Lavier tente d’ en souligner leur
séparation, leurs différences. Sa principale
préoccupation est de remettre en cause
des identités reconnues et notamment les
identités langagières des choses. Cette
démarche est en partie influencée par le
Nouveau Réaliste Raymond Hains qui
réalise des métaphores et /ou jeux de mots.
Arcadia, 1991
Collection Musée d’ Art Moderne
de Saint-Étienne Métropole,
Photo Yves Bresson
© ADAGP, Paris, 2011
Candy / Fichet Bauche, 1989 Collection Musée d’ Art
Moderne de Saint-Étienne
Métropole, Photo Yves Bresson
© ADAGP, Paris, 2011
Mamba, 2008 Photo D.R. © ADAGP,
Paris 2011
Dans la série des Objets peints, il interroge
la peinture en recouvrant un piano, une radio
ou encore un miroir d’ une épaisse couche de
peinture posée en larges aplats, qu’ il appelle
« touche Van Gogh », tout en reprenant les
couleurs d’ origine des objets peints.
« Son principe est de tout mettre en doute,
il court-circuite les identités alors que l’ histoire
de l’ art a toujours été une question d’ identité.
Un cube est un cube, une peinture est une
peinture ». (Michel Gauthier)
Ces objets sont à la fois l’ objet lui-même (car
ils sont théoriquement utilisables) et l’ image
de l’ objet, en raison de la peinture qui les
recouvre. L’ ambiguïté est de mise, l’ artiste fait
cohabiter l’ objet et sa représentation de façon
à questionner à la fois les catégories de la
sculpture et de la peinture.
Avec les Objets superposés, un réfrigérateur sur un
coffre-fort par exemple, Lavier s’ intéresse à la relation
entre le socle et la sculpture et donc à la présentation
et à la visibilité d’ une œuvre dans le cadre d’ une
exposition dans un musée. Au-delà d’ un simple
ready-made, il cherche la relation possible entre
ces deux objets tout en remettant en question
des données convenues dans le débat sur l’ art.
Dans le même esprit, influencé par sa formation
première en horticulture, Bertrand Lavier fait des
greffes insolites. Mamba (2008) est une sculpture
africaine qu’ il a fait mouler à la cire perdue, puis
tirer en plusieurs exemplaires en bronze qu’ il fait
recouvrir d’ une couche de nickel. Il greffe ainsi une
technique et des matériaux modernes à une sculpture
primitive en bois exotique africaine, deux éléments
étrangers l’ un à l’ autre.
Black Adder II , 2005 tubes néons sur bois, 195,6 × 452 cm,
Courtesy Kewenig Galerie, Cologne, © ADAGP, Paris, 2011
Plus récemment, avec ces Néons, Bertrand Lavier
reprend dans leurs formats et leurs couleurs, les
compositions abstraites de l’ américain minimaliste
Frank Stella. Il part de la célèbre formule de Stella
selon laquelle il n’ y a rien d’ autre à voir dans ses
peintures que le contenu de différents petits tubes
de couleur. Bertrand Lavier affirme que dans ses
œuvres, les néons sont des tubes de couleur devenus
couleur-lumière. Ainsi ce décalage minime introduit
un dysfonctionnement dans notre perception de la
réalité.
Bertrand Lavier se livre à une exploration des
catégories artistiques et des cadres de présentation
et de représentation de l’ art qui met en évidence
la fonction du langage. C’ est une façon aussi pour
lui d’ interroger la frontière entre l’ art et la vie.
La Composition en quatre couleurs, détail, créée
par l’ artiste pour la salle centrale du Musée d’ Art
Moderne, se trouve réalisée dans un contexte familier,
celui du sport. Elle résulte du recadrage des motifs
d’ un terrain de sport. Sur un socle de 40 cm de haut
et d’ une surface de 225 m2, ce fragment de formes
cernées de lignes cadré d’ une certaine manière,
devient une peinture au sol, monumentale et
géométrique, dont la parenté formelle
rappelle l’ esthétique moderniste de la
peinture abstraite. Elle peut aussi évoquer une
sculpture plate. La question d’ échelle se pose
au moment de la présentation de l’ œuvre
et de son exposition. Bertrand Lavier répond :
« Je vais voir l’ espace qu’ on m’ offre. Je ne
travaille pas sur l’ espace, mais il est important.
Je définis un propos bien précis que je veux
mettre en scène. À partir de là, je dessine
mon exposition en maquette ou en croquis
perspectifs. »
Après avoir réfléchi aux problèmes de forme
et de structure, mettant ainsi au premier plan
l’ impact visuel et plastique de l’ œuvre,
sa méthode de préparation consiste à décoder
un terrain de sport, de façon à en opérer
le transfert dans une structure reconstituée.
Que dire d’ une moquette ornée de cercles,
de pointillés énigmatiques, de surfaces
colorées délimitées par des lignes blanches
qui évoquent un court de tennis ou des
superpositions de terrains balisés ?

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