galápagos - Aggressor Fleet

Transcription

galápagos - Aggressor Fleet
VOYAGE
GALÁPAGOS
Tout plongeur a
forcément, au
moins une fois,
entendu parler
des Galápagos.
Mythe ou réalité?
Certains parlent
de
plongées
difficiles avec du courant et
une visibilité médiocre, d’autres
décrivent des plongées fabuleuses
où requins marteaux cohabitent
avec requins-baleines, dauphins,
orques et raies mantas, d’autres
encore ne jurent que par deux
noms : Darwin et Wolf. Alors, mythe
ou réalité ? Les Galápagos c’est
un peu tout cela mais bien plus
encore ! Un reportage de Ludovic
Savariello.
MYTHE
OU RÉALITÉ ?
L’archipel des Galápagos se situe dans le Pacifique et
GALAPAGOS
appartient à l’Équateur. Il se compose de treize grandes
îles (de 14 à 4 588 km2), de six petites îles (de 1 à 5 km2)
et d’innombrables îlots parmi lesquels seuls quelques-uns
ont un nom. Cet archipel fut découvert par hasard en 1535
par le premier évêque de Panama, lorsque ce dernier perdit son cap alors qu’il naviguait vers le Pérou.
Les îles des Galápagos sont d’origine volcanique et n’ont
jamais été reliées au continent. Ainsi, il est très probable
que les espèces qui les peuplent actuellement ont traversé
l’océan sur 1 000 km. Durant de nombreuses années, les
biologistes de l’évolution se sont demandé comment autant d’espèces uniques avaient pu évoluer aux Galápagos
sur une période « relativement courte » de quatre millions
d’années environ (soit l’âge des îles les plus anciennes).
Une des réponses apportée consiste à penser que les ancêtres de ces espèces vivaient, en fait, sur des îles perdues aujourd’hui au fond de l’océan et eurent donc neuf
millions d’années au moins pour évoluer.
Dans le registre des idées préconçues, certains imaginent
les Galápagos comme un archipel totalement sauvage
où la nature ne côtoie presque jamais l’homme hormis
quelques touristes de passage. En réalité, cinq îles sont
COLOMBIA
habitées et environ 15 000 résidents vivent de façon permanente à Puerto Ayora sur l’île de Santa Cruz, située
au cœur de l’archipel. Concernant le tourisme, jusqu’au
milieu des années soixante, rares étaient les personnes
à visiter l’archipel. En moins de vingt ans, le nombre de
visiteurs a été multiplié par dix. Début des années quatrevingt-dix on estimait ce chiffre à 60 000 par an. En 2011,
le nombre de personnes ayant débarqué sur les îles était
estimé à 140 000.
Pourquoi un tel engouement ? En 2001, la réserve marine des Galápagos a été classée au patrimoine mondial
de l’Unesco. Six ans après, les Nations Unies ont déclaré
l’environnement des Galápagos « menacé ». En 2010, en
raison d’un fort lobbying du gouvernement équatorien,
l’Unesco a pris la décision controversée de retirer l’archipel de la liste des sites menacés. Et pourtant, plus de 50 %
des espèces végétales et animales sont en voie d’extinction. Malgré ces chiffres alarmants, plus de 95 % des espèces qui peuplaient l’archipel avant l’arrivée de l’homme
y vivent encore mais en nombre réduit.
Côté plongée, il y a qu’une alternative : soit un séjour sur
terre avec départ à la journée soit une croisière plongée.
La majorité des plongeurs se dirigent, pour des raisons
économiques, vers des sorties à la journée depuis Puerto
Ayora ou Puerto Baquerizo Moreno. Les croisières plongée
sont, en effet, vite complètes (il faut réserver en général
6 mois à l’avance) et très chères (il faut compter environ
4 000 à 4 500 $ pour une semaine). Néanmoins, si votre
budget vous le permet, n’hésitez pas : testez la croisière
car vous accéderez à des sites de plongées uniques
comme ceux de Wolf et Darwin.
DES CONDITIONS TONIQUES
© XXXXX
Les pélicans côtoient
…les tortues…
…et les otaries sous le regard des iguanes marins.
SUBAQUA Mars - Avril 2016 - N° 265
Actuellement, on compte aux Galápagos 7 bateaux proposant des croisières plongée. De niveau assez équivalent
sur le confort, la différence repose plus sur l’expérience
des guides qui vous accompagneront et de la sécurité
mise en place sur les plongées. Sur le Jesus de Gran
Poder (II) de la flotte Aggressor vous serez accueillis par
Nelson et ses 15 ans de plongées dans cet archipel. À 54
ans, Nelson est un dive master reconnu aux Galapagos.
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GALÁPAGOS MYTHE OU RÉALITÉ ?
Petit, tanné et trapu, son regard malicieux et son
sourire jovial accompagnent chaque plongeur dans
des plongées parfois rudes du fait du courant mais
toujours surprenantes. Ainsi, nous sommes partis
tous les deux en fin de journée sur un site proche de
l’île Isabella. Malgré le peu de luminosité, dans cette
ambiance irréelle, Nelson m’a montré en une seule
plongée des requins marteaux, des otaries, des cormorans en train de chasser par 15 m de fond, des
manchots lancés comme des torpilles en surface à
la recherche de petits poissons pour le repas du soir
et des dizaines de tortues en train de dormir dans
chaque anfractuosité de la roche volcanique parsemant le fond de ce site.
Côté sécurité, l’organisation ne laisse pas droit à
l’improvisation. Les courants pouvant être très forts
à certains endroits, les plongées sont dérivantes.
Ainsi, il peut être parfois difficile de localiser les
plongeurs en surface car la houle océanique est
quasiment omniprésente aux Galápagos. De ce
fait, chaque plongeur est équipé à son arrivée d’un
système sonore d’alerte de surface et d’un drapeau
dépliant de 1,5 m de haut visible par les deux pilotes très expérimentés des deux pneumatiques.
Enfin, en ultime moyen, une balise GPS peut être
activée en surface relayant la position du plongeur
perdu au capitaine du bateau. Durant ces huit jours,
nous n’avons utilisé aucun des trois systèmes car
les briefings plongée étaient très clairs et très précis
et l’encadrement de très beau niveau.
La flotte Agressor : un service quatre étoiles.
Le vol des raies aigles se prête bien au noir & blanc.
UN CONTRASTE SAISISSANT
Les deux premières plongées sur les Galápagos
s’effectuent à côté de l’île de San Salvador. Pas de
corail, pas d’éponges, les fonds ressemblent un peu
à la Méditerranée. La température de l’eau oscille
durant l’année entre 21 °C et 27 °C en surface.
Pour ces deux premières plongées le contraste
entre le lieu et les rencontres est saisissant. À peine
immergé, Nelson me montre une dizaine de requins
marteaux vers 30 m de fond. Ils sont très distants.
Ces requins préfèrent une eau plus froide (21° à
23 °C). À cette époque (juillet) les eaux sont normalement à cette température ce qui permet de
voir plus facilement des bancs entiers de requins
marteaux. Depuis quelques semaines, l’eau est
anormalement chaude (27 °C jusqu’à 25 m). Ceci
explique, en partie, pourquoi les requins marteaux
sont plus difficiles à observer. Bien que cela soit très
relatif car à toutes les plongées, nous avons pu en
rencontrer au moins une dizaine ! On s’habitue vite
à ce genre de rencontres ! Passé l’excitation des
premières minutes d’immersion dans un lieu qui
m’est inconnu, je prends petit à petit mes repères
vis-à-vis du courant, de la visibilité (entre 5 m et
15 m) et de la température de l’eau. Le festival peut
donc commencer ! Dans une dizaine de mètres,
nous tombons nez à nez avec une raie manta d’au
moins 4 m d’envergure. Placide, cette élégante
nageuse se laisse très facilement approcher. C’est
d’ailleurs une constante aux Galápagos, les animaux ne sont pas farouches vis-à-vis de l’homme
(sur terre comme sous l’eau). Le parc impose d’ailleurs une distance de sécurité de 2 m.
Je regarde le résultat de la photo prise suite à cette
rencontre quand j’aperçois une silhouette dans le
hublot de mon caisson. Une otarie à fourrure des
Galápagos inspecte mon caisson en pensant rencontrer une de ses congénères à travers le reflet de
son image sur mon hublot. Ces animaux totalement
avachis sur terre changent de rythme sous l’eau. Ils
tournoient, virevoltent autour de nous, et d’un coup,
s’arrêtent brusquement comme pour nous toiser
dans une position peu orthodoxe : la tête vers le bas
et le corps cambré formant un très bel arc de cercle
jonché de deux yeux interrogateurs.
LE FESTIVAL DES OTARIES
Le requin-marteau : une rencontre attendue.
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À Cousins Rock, site de plongée situé à côté de l’île
de San Salvador, toute une population d’otaries a
colonisé ce minuscule îlot. À l’approche du site,
avant d’apercevoir les otaries allongées au soleil,
l’odeur très caractéristique de ces animaux trahit
déjà leur présence. À cet endroit, il est interdit de
plonger avec un quelconque tuba accroché à la
sangle du masque. Les otaries s’amusent, en effet,
SUBAQUA Mars - Avril 2016 - N° 265
C’EST UNE CONSTANTE
AUX GALÁPAGOS :
LES ANIMAUX NE SONT
PAS FAROUCHES
FACE À L’HOMME…
à tirer dessus et il y a, par le fond, une petite collection d’équipements de ce genre laissés par ces
animaux joueurs comme le résultat d’un trophée !
Nous l’avons dit, les Galápagos n’ont jamais été
reliés à un continent. De ce fait, la population d’otaries vivant là-bas est le résultat d’une migration
ancienne de certains individus effectuée à partir de
pays situés plus au sud de cet archipel comme le
Chili. Plonger au milieu d’une colonie d’otaries est
un souvenir mémorable car voir ces animaux jouer
avec une telle aisance dans le ressac de la houle me
rappelle que nous sommes simplement de pauvres
individus palmés ! En effet, nous n’avons pas du
tout cette agilité et cette grâce que ces animaux
ont dans de telles conditions ! Yogun, mon binôme
coréen, a en tiré sévèrement cette conclusion en
oubliant que le ressac pouvait déposer violemment
un plongeur sur des rochers. Il s’en est sorti, par
chance, uniquement avec quelques contusions et
une grosse cicatrice au genou !
Le requin des Galápagos fréquente l’arche de Darwin.
liées aux Galápagos et que les idées qu’il développe
dans « De l’origine des espèces » lui sont venues
lors de son séjour sur ces îles. Malheureusement,
rien de cela n’est vrai. Darwin ne passa que 5 semaines aux Galápagos où il était venu davantage
par intérêt pour la géologie que pour la faune. Ses
observations postérieures de pigeons en Angleterre
nourrirent davantage sa réflexion que les pinsons
devenus emblématiques de la théorie de l’évolution.
Malgré cela, l’arche de Darwin apparaît fièrement
dressée à quelques encablures de l’île portant le
même nom. Cette arche est l’entrée d’un paradis
subaquatique que nul plongeur ne saurait deviner !
À bord du Galápagos Aggressor, 6 plongées sont
effectuées sur ce site mythique. Requins marteaux,
requins des Galápagos, tortues, bancs immenses
de carangues nous font l’honneur de leur présence
avec pour récompense ultime de tant de trajet de
navigation : le requin-baleine. Ici, ceux ne sont pratiquement que des femelles qui séjournent entre juin
et septembre pour donner naissance à leurs petits.
Les requins-baleines rencontrés mesuraient tous
plus de 7 m. Pour les observer, rien de plus facile,
il suffit de se poster à l’aplomb d’un tombant situé
DEUX DESTINATIONS DE COCAGNE
Après 4 plongées réalisées autour de l’île San Salvador, nous voici donc partis pour deux destinations
mythiques Wolf et Darwin. Situées à 100 km au
Nord-Ouest de l’archipel, ces îles jumelles, les plus
au nord, reçoivent uniquement comme visiteurs
les participants à une croisière plongée. Il faut, en
effet, 10 heures de navigation pour les atteindre.
L’île de Darwin a été nommée ainsi en l’honneur
du célèbre biologiste Charles Darwin. Là encore,
derrière ce nom si connu, se cache un mythe bien
loin de la réalité. En effet, beaucoup pensent que la
vie et l’œuvre de Charles Darwin sont intimement
SUBAQUA Mars - Avril 2016 - N° 265
Une murène aussi curieuse que le photographe…
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GALÁPAGOS MYTHE OU RÉALITÉ ?
AUX GALÁPAGOS
L’HOMME TROUVE SA
PLACE DANS LA NATURE
ET COHABITE AVEC SON
ENVIRONNEMENT…
La rencontre avec les requins-baleines : le plus d’une croisière !
à 24 m de fond et attendre. Les mères décrivent
des cercles répétitifs dont un des points est le lieu
d’observation dédié pour les plongeurs. Un bémol
toutefois, deux courants marins dominants balaient
l’archipel des Galápagos dont l’île de Darwin : un
courant chaud venant du Panama et un courant
froid nourricier de Humboldt. Pendant cette période,
le courant de Humboldt reste prédominant mais
si d’aventure le courant chaud du Panama prend
le dessus, les chances d’observer les requins-baleines, même en pleine saison (juin-septembre),
peuvent se réduire.
Comme sur l’île de Wolf, ces deux sites mythiques
rejoignent la réalité en offrant aux chanceux l’image
Les otaries, curieuses et joueuses.
d’une nature préservée mais jusqu’à quand…
Certains pêcheurs venant du Costa Rica commencent à venir braconner dans ces eaux qui ne
sont pratiquement pas surveillées par les agents du
parc car trop éloignées de l’archipel.
RENDEZ-VOUS AVEC LES IGUANES
Passés ces 3 jours et 12 plongées sur Darwin et
Wolf, nous retournons ensuite au sud avec une navigation houleuse de 10 heures pour plonger avec
les iguanes marins des Galápagos. Lors de sa visite, Charles Darwin trouva fort déplaisante l’apparence de ces animaux, écrivant : « Les pierres de
lave noire de la plage sont très fréquentées par de
grands et dégoûtants lézards maladroits. Ils sont
aussi noirs que les roches poreuses sur lesquelles
ils rampent [...]. Je les appelle les « lutins des ténèbres ». Personnellement, je souhaitais à tout prix
plonger au milieu de cet unique reptile marin qui
me rappelle une des séquences du film Atlantis
de Luc Besson dans laquelle on suit les pérégrinations sous-marines d’un mâle, le tout sur une
musique spécialement composée par Éric Serra et
interprétée par Vanessa Paradis ! En tant qu’animal
ectotherme (à sang froid), l’iguane marin ne peut
passer qu’un temps limité dans l’eau. C’est cependant là que se trouvent les algues, sa seule source
de nourriture. Les plongées ne durent cependant
que quelques minutes à des profondeurs de moins
de cinq mètres. Après ces plongées, les animaux
reviennent sur leur territoire de bord de mer pour
se prélasser et se réchauffer au soleil. Avant même
de nous mettre à l’eau, nous sommes accueillis par
une multitude de têtes dressées fièrement vers le
ciel laissant apparaître un corps flottant et se dandinant avec nonchalance mais avec une efficacité
redoutable pour se déplacer en surface ! Me voilà
donc parti à suivre un iguane dans tous ses déplacements : au fond en train de manger des algues, en
surface pour respirer. Tout cela dure plus de 40 minutes. Comme hypnotisé par sa présence, je réalise
qu’à force de le suivre comme son ombre, je suis
arrivé au bord, comme lui, prêt à sortir tout équipé,
histoire de prendre le soleil !
une vingtaine de raies aigles viennent nous saluer dans un ballet majestueux
faisant presque oublier le courant qu’elles défient avec une totale aisance. Nous
avons presque tout vu pendant cette croisière même une baleine à bosse en
surface. Il ne manquait plus que les orques que l’on peut croiser parfois et les
poissons-lunes (mola mola) pour que le tableau soit complet. Le dernier soir,
nous mangeons au marché aux poissons sur la place du Port Ayora. Au milieu de
touristes médusés, les poissons pêchés dans la journée (thon à nageoires jaunes,
barracudas, carangues) sont préparés pour être cuits directement à la cantine
jouxtant l’étal. À côté des pêcheurs affairés à préparer les poissons, une dizaine
de pélicans attendent la becquée. Une otarie tente aussi sa chance près des étals.
Rien n’est gaspillé : les abats sont donnés à ces hôtes improvisés et le reste à la
cantinière pour le plus grand plaisir des clients. C’est sur cette image que je quitte
les Galápagos. Une image d’espoir où l’homme trouve sa place dans la nature et
cohabite avec son environnement en prélevant uniquement ce dont il a besoin.
Ces pélicans, ces otaries et ces pêcheurs représentent ce que la nature peut nous
apporter de mieux : notre équilibre au-delà d’une fin purement alimentaire ! ■
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Comment :
Vol à partir de Paris ou Marseille pour Guayaquil (via Quito) et ensuite vol
pour Baltra (Galápagos).
> Décalage horaire : - 7 heures (par rapport à la France) l’hiver et - 8 heures
l’été.
> Niveau de plongée : une expérience d’une centaine de plongées avec
une connaissance des plongées dérivantes pour apprécier pleinement ces
plongées.
> Combinaison : 7 mm avec cagoule. Pensez à prendre des gants car il faut
s’accrocher au fond !
> Prix d’une croisière : entre 5 000 et 6 300 $ (hors vol !)
> La diversité des rencontres (manchots, requins, iguanes, dauphins, raies).
Les paysages volcaniques à couper le souffle.
Points –
> Le courant et la visibilité moyenne.
> La houle très souvent !
Contact :
La croisière se termine et nous achevons ce périple
par une plongée à côté de l’île de San Salvador où
SUBAQUA Mars - Avril 2016 - N° 265
> De janvier à mai : temps chaud et ensoleillé, avec de courtes averses
occasionnelles. La mer est moins houleuse et le vent souffle moins fort.
> De juin à décembre : c’est la saison froide et sèche. La mer est plus agitée
à cause du courant de Humboldt. Par contre, cette saison constitue le pic
d’activité des mammifères marins et des oiseaux terrestres. La meilleure
saison pour observer les requins-baleines va de juin à septembre.
Points +
UNE IMAGE D’ESPOIR
Des paysages comme au premier jour.
Quand partir :
Rencontre avec les carangues.
SUBAQUA Mars - Avril 2016 - N° 265
> Aggressor Fleet/Dancer Fleet
Tél. 00- 1-800-348-2628
www.aggressor.com
www.dancerfleet.com
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