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16 Patrimoine
Mère Pauline de Pinczon (1752-1821
« Un squelette dans le placard »
Paul Chovelon
Eglise d’Aix et d’Arles
Septembre 2011
Revue n°46
Aix-en-Provence - Tombe de Mère Pauline
Les meilleurs romans policiers anglo-saxons font souvent mention d’un squelette dans le placard (a skeleton in the cupboard). En quoi ce souvenir littéraire
peut-il nous concerner ? C’est qu’il est à l’origine de la présence à Aix des sœurs
hospitalières de Saint-Thomas-de-Villeneuve
Nous sommes sous l’ancien régime à la veille
de la Révolution. L’archevêque d’Aix est Mgr de
Boisgelin, un Breton qui ayant besoin de religieuses s’adresse en 1787 à des Bretonnes, c’est
ainsi que mère Pauline de Pinczon et les sœurs
de Saint-Thomas-de-Villeneuve sont envoyées
en Provence, mais la tourmente révolutionnaire
décimera la congrégation. Les sœurs sont chassées des hôpitaux mais les autorités républicaines
rappelleront bientôt ces « braves citoyennes » qui
soignent si bien - et gratuitement - les pauvres, à
reprendre leur place.
Mme de Pinczon installe à Aix une petite école, en
1802. Et c’est à Aix qu’elle se fixera. Elle devient
à 55 ans supérieure d’une congrégation desservant
l’hôpital d’Aix, le noviciat du Jardin Grassi ainsi
qu’une première fondation à Tarascon.
Les choses ne s’arrangent pas avec le nouvel archevêque. Sa santé décroît et le 22 septembre 1820 elle
meurt laissant sa congrégation vivace et dévouée.
Son corps est alors exposé dans la chapelle de
Lambesc, puis inhumé. Cinq sœurs venues d’Aix,
réussissent, avec la complicité de deux employés,
à exhumer le cadavre et à le cacher pendant vingttrois ans dans une armoire de la lingerie à Lambesc.
Plus tard, le corps sera transporté à Aix pour y être
secrètement enterré dans la salle de la communauté
de la maison-mère, où il se trouve toujours.
Il est exhumé en vue du procès de béatification et
à nouveau inhumé le 27 février 1883. Le corps de
mère Pauline de Pinczon était parfaitement intact
et le 24 décembre 1891 un décret de Léon XIII lui
donnait le titre de vénérable.
Voilà pourquoi la silhouette des soeurs de saint
Thomas est si sympathiquement considérée dans le
diocèse. Quant à la personne de Mère Pauline de
Pinczon, elle est tout particulièrement vénérée en
Provence où elle a apporté la ferveur obstinée des
saints de Bretagne.

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