Ulcéré de ne pas être reconnu, Daouda Sow est un homme en colère

Ulcéré de ne pas être reconnu,
Daouda Sow est un homme en colère
dimanche 11.09.2011, 05:31 - La Voix des Sports
| BOXE |
Champion de France professionnel après huit combats sans
aucune défaite, vice-champion olympique, Daouda Sow est
pourtant mal dans sa peau.
Lorsque les trompettes de la renommée se sont essoufflées à
l'issue du rendez-vous de Pékin, le boxeur de Hem s'attendait un
peu naïvement à ce que le milieu lui déroule le tapis rouge. Or,
force est de reconnaître que ce ne fut pas le cas. Non que son
talent soit discuté, mais simplement parce que le marché de la
boxe professionnelle est pire que la cote actuelle des actions
boursières.
« J'ai ma dignité d'homme et de sportif »
Lors de son passage chez les pros, le Nordiste s'était engagé avec Monshipour. Ce fut un
fiasco, qui a coûté à l'ancien champion du monde une bonne partie de sa fortune, mais qui n'a
pas enrichi Sow pour autant. Puis il est allé se mettre sous l'aile protectrice de Mormeck. Cela
ne s'est pas mieux passé sur le plan financier. Et, alors qu'il s'attendait à disputer un combat de
rentrée le 6 octobre à Wasquehal, dans le cadre du championnat d'Europe de Chakim à qui il
sert de sparring partner, on lui propose des miettes au regard de son prestige indiscutable.
« J'ai ma dignité d'homme et de sportif. Je veux bien faire quelques sacrifices sur ce que
j'estime valoir. Mais je ne suis pas un mendiant et surtout plus un naïf. J'ai mûri. À vingt-huit
ans, je ne suis plus un gamin. Alors si Gérard Teysseron ne peut vraiment pas m'offrir plus
que ce qui m'a été proposé, je préfère m'abstenir. Je ne serai donc pas à l'affiche ce jour-là.
Toutefois, à l'inverse, je boxerai le 19 novembre à Hem. Comprenez-moi. Je suis éducateur
dans ma ville. Comment voulez-vous que je vende la boxe avec conviction aux jeunes alors
qu'elle n'offre aucun avenir ? C'est, pour moi, une question d'honnêteté. »
« Un vieux couple »
Et, comme pour marquer sa volonté d'aller voir ailleurs si l'herbe y est plus verte, il a aussi
décidé de changer d'entraîneur. Après quatorze ans passés au côté d'Abdel Halim Zehrir, il
s'est désormais engagé sous le pavillon de Franck Mezaache à Clichy. Pour son ancien coach,
pourtant, ce n'est peut-être pas définitif. « Ce n'est pas la première fois que Daouda et moi
avons des différends. Nous sommes comme un vieux couple qui connaît quelques
turbulences. » Sow, pour sa part, est beaucoup plus catégorique. Il n'y aura pas de marche
arrière. •
ROGER DEMEURE
PHOTO ARCHIVES STÉPHANE MORTAGNE