Nina Childress Enna Chaton Sylvie Fanchon MAGENTA
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Nina Childress Enna Chaton Sylvie Fanchon MAGENTA
CHAIR Sylvie Fanchon MAGENTA Nina Childress LE BLEU DU CIEL Enna Chaton du 6 février au 31 mai 2015 CHAIR Sylvie Fanchon LE BLEU DU CIEL Enna Chaton MAGENTA Nina Childress Du 6 février au 31 mai 2015 CHAIR Sylvie Fanchon Sylvie Fanchon est peintre. Elle qualifie son travail d’«entreprise de vérification de la véracité des perceptions que nous avons du monde». Chair est le titre de son exposition. L’artiste joue sur la polysémie du mot et propose une multiplication des points de vue, à travers quinze peintures à l’acrylique sur toile aux formats variés et une peinture murale in situ. Le nouvel ensemble de peintures renvoie à la couleur chair, au fond de teint, comme une métaphore du corps humain. La sensualité de la couleur et la matérialité du tableau contrebalancent l'abstraction géométrique du motif. La radicalité de la peinture semble ne pouvoir être dissociée de sa dimension décorative. Chair c’est aussi l’essence (de nature sensible) du corps. La technique de l’empreinte, qui implique d’arracher les bandes de scotch pour faire apparaître le motif, contribue à une mise à nu de la surface du tableau. Sylvie Fanchon souhaite « dégraisser » la peinture, enlever le superflu pour ne garder que l’essentiel. Deux tableaux Moustaches sur fond vert introduisent l’exposition de Nina Childress délimitée par l’ouverture magenta. L’association vibrante des deux couleurs complémentaires crée une sensation électrique. 3 « Dans une société où le système visuel est construit à partir de l’image, qu’elle soit analogique ou numérique, la peinture n’est pas une technique de reproduction du visible de plus, mais une pratique qui interroge les différents modes de visibilité du réel. Bien que le regard porté sur l’histoire soit en perpétuel mouvement, je considère que les investigations des peintres sont acquises. L’histoire du tableau est tellement vieille qu’il en devient un lieu disponible, un espace de pensées stratifiées, à la fois spécifique et générique. Je le prends tel qu’il est, une convention, une surface. Pour cette exposition, je montre un nouvel ensemble de tableaux qui engage un rapport au travail plus concret, puisque le sujet de cet ensemble est la peinture elle-même dans sa pratique. La question de la représentation est posée avec le quoi peindre, ici résolue en travaillant ses outils même. Sont également montrés des tableaux plus anciens, l’exposition étant orchestrée par l’évocation du corps au travers de la couleur, ici la couleur “chair”, dans toutes ses nuances allant du rose chair au beige fond de teint. Quelques tableaux s’inscriront par contraste coloré avec cet ensemble et joueront des rapports de complémentarité des couleurs. » Sylvie Fanchon 5 Sylvie Fanchon is a painter. She describes her undertaken work as verification of the veracity of the perceptions that we have of the world. Chair (Flesh) is the title of her exhibition. The artist plays on the polysemy of the word and proposes a multiplication of points of view, by means of fifteen paintings in acrylic on canvas in various formats and an in situ mural painting. The new collection of paintings returns to the colour of flesh, to the colour of foundation, as a metaphor for the human body. The sensuality of the colour and the materiality of the painting counterbalance the geometric abstraction of the motif. The radicalism of the painting seems incapable of being disassociated from its decorative dimension. Chair is also the essence (in a sensitive nature) of the body. The imprint technique, which involves tearing off strips of adhesive tape to reveal the motif, contributes to the denudation of the surface of the painting. Sylvie Fanchon wishes to «degrease» the painting, to remove whatever is superfluous and keep only the essential. The two Moustaches paintings on green background introduce Nina Childress’ exhibition, demarcated by the magenta opening. The vibrant association of the two complementary colours creates an electric sensation. «In a society where the visual system is constructed from an image, whether this be analog or digital, painting is no longer a technique for reproduction of the visible, but a practice that questions the different modes of visibility of the real. Although the view of history is in perpetual movement, I believe that the investigations of painters are acquired. The history of painting is so old that it has become an available place, a space for stratified reflections, at once specific and generic. I take it for what it is, a convention, a surface. For this exhibition, I show a new collection of paintings that commits to a more concrete link to the work, as the subject of this collection is the practice of painting in itself. The question of representation is posed with a “what to paint?”, here resolved by working with the tools themselves. Older paintings will also be exhibited, the exhibition being orchestrated by the evocation of the body through the means of colour, here «flesh» colour, in all its nuances going from flesh pink to foundation beige. Some paintings will be included as stark colour contrasts with this collection and will play on the connections of the complementarity of colours.» Sylvie Fanchon 7 Sylvie FANCHON Née à Nairobi, Kenya. Vit et travaille à Paris. EXPOSITIONS INDIVIDUELLES (Sélection récente) 2015 2013 2012 2011 2009 Chair, Centre Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon, Sète SF à Dole, Musée des Beaux-Arts, Dole, édition d’un catalogue coproduction Centre Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon, Sète SF, Centre Régional d'Art Contemporain Languedoc-Roussillon, Sète Les Caractères, Galerie Bernard Jordan, Paris Galerie Bernard Jordan Zurich Donation Prassinos, Saint-Rémy de Provence Eric Linard Editions, La Garde Adhémar EXPOSITIONS COLLECTIVES (Sélection récente) 2014 2013 2012 2011 2010 Partition des passions commissaire JLBlanc, Espace Gred, Nice Black coffee, commissaire Camila Olivera Fairclough, Musée du MacVal Avec et sans peinture, exposition de la collection, Collège des Bernardins Des hommes des mondes, commissaire Alain Berland, Réalisation d’un mural avance rapide, Frac Franche Comté Solution de continuité,15 mars 18 Mai Pièces montrées, Commissaire R. Zarka, Musée d’Art Moderne et Contemporain Strasbourg Dessins, Commissaire JL Blanc, espace Gred Nice A plat Frac basse normandie Aragon aujourd’hui, L’espace O Niemeyer accueille le Mac Val Ecce homo Ludens, commissaire Hélène Audiffren et Cyril Jarton, Musée Suisse du Jeu Choses incorporelles, commissaire Alain Coulange, Chapelle du Carmel, Libourne Never More, MacVal, Vitry-sur-Seine Ecce homo Ludens, commissaire Cyril Jarton, Musée de Sérignan Le Carillon de Big Ben, Crédac, Ivry/Seine Sommerausstellung, Galerie Bernard Jordan, Zurich NeoGeo, Frac Limousin, Limoges 9 LE BLEU DU CIEL Enna Chaton Dans le cadre de l’exposition monographique Le bleu du ciel, Enna Chaton présente plusieurs dispositifs photographiques réalisés in situ. Le titre de l’exposition évoque la lumière et la clarté du paysage auxquelles l’artiste a progressivement ouvert sa pratique. Le bleu du ciel est cet espace de projection vers lequel tend l'exposition, depuis les photographies d’atelier jusqu’à celles prises dans le paysage. La pratique artistique d’Enna Chaton interroge la nudité et la présence des corps. La rencontre avec des personnes, qui acceptent de participer à l’expérience, est au cœur du travail. La question du modèle a fait évoluer sa pratique photographique et vidéo vers la performance. Le cadre du travail s’est également élargi, des intérieurs de maisons, à l’atelier, en passant par la confrontation avec le paysage. « Dès lors que l’on enlève ses vêtements, on se dévoile, on se montre tel qu’on est. C’est peut-être le moment où l’on est tous égaux. C’est un début pour faire autre chose. Je me mets nue aussi lors des prises de vues et des performances. Je me mets à l’égale des autres, je suis dans un même état de fragilité. Ce qui est formidable quand on est nu dans un espace, c’est qu’on est très réceptif à la qualité de l’air, aux sons, aux matériaux qui nous entourent… » Enna Chaton 11 Enrichies par la pratique de la performance, les propositions photographiques mises en espace au Centre d’Art se présentent sous forme de « tableaux », au sens de tableau d’une pièce de théâtre, comme une division du temps et de l’espace, un tableau par salle, mais aussi comme des plans séquences d’hypothétiques performances, ou encore comme une composition « d’arrêts sur image ». Le développement du travail d’Enna Chaton convoque aussi bien la peinture, la sculpture, la mise en scène et entremêle différents champs de références et d’expressions. À l’image d’une chute d’eau, les photographies de l’œuvre Like a Waterfall prennent corps dans le lieu. Des volumes assimilés à des roches, placés au sol et aux murs accentuent l’environnement minéral. Des éléments de paysage, végétaux et minéraux, sont mis en relation avec des corps de femmes. La chute d’eau est une chute de reins. Des visions picturales d’odalisques, de nymphes, de baigneuses, émergent de notre inconscient collectif. L’image, qui se détache sur un fond noir velouté, est sensuelle. Les peaux semblent douces. L’ensemble de volumes et de photographies met en perspective différents statuts de l’image et de la représentation des corps. La série Polygones et couleurs joue avec la couleur, les formes et les rapports d’échelle. Le prolongement en volume des surfaces colorées et des objets représentés dans l’image photographique renforce le sentiment trouble d’une présence physique incontestable. 13 Les dispositifs photographiques semblent composés d’« images arrêtées » des performances que l’artiste réalise depuis 2010, au cours desquelles les participants nus sont invités à s’approprier un espace, une mise en scène et des accessoires, en relation avec le public. Dans la série Chantal et Enna, commencée en 2012, s’est progressivement affirmé le plaisir pour les formes plastiques et leur manipulation, la mise en espace, l’éclairage. L’artiste, également nue, tente d’ouvrir un espace permissif expérimental, créatif où l’être se révèle différent de son quotidien, où la nudité crée un univers décalé du monde actuel, où cette nudité démocratique balaie les normes et les stéréotypes. Enna, Studio N°60, autoportrait de dos avec reflet dans le miroir, dialogue avec la série Selfportrait, Parcs nationaux Californie et l’œuvre Le bleu du ciel. L’image projetée évoque cet aller-retour entre le paysage réel et celui fabriqué dans l’atelier. Ces œuvres proches de l’image cinématographique ont été réalisées lors d’une résidence au Montalvo Arts Center en Californie durant l’été 2013. La relation ludique du corps de l’artiste aux paysages mythiques de l’Ouest américain est contrebalancée, dans la série Maisons grises, par le surgissement des modèles au milieu des ruines du paysage contemporain. Enna Chaton remercie toutes les personnes présentes dans ses images et souhaite dédier l’exposition Le bleu du ciel à Alexandra. 15 As part of the monographic exhibition Le bleu du ciel, Enna Chaton presents several photographic devices realised in situ. The title of the exhibition evokes the light and clarity of the landscape to which the artist has progressively opened up her practice. Le bleu du ciel is this projection space towards which the exhibition is tending, from studio photographs up to those taken in the landscape. Enna Chaton's artistic practice questions nudity and the presence of bodies. Meeting people who agree to participate in the experience is at the heart of her work. The question of the model has made her photographic and video practice evolve towards performance. The context of work has been expanded also, house interiors, in the studio, on to passing through the confrontation with the landscape. «From the moment someone removes their clothing, they are unveiled and revealing themselves as they are. This is, perhaps, the moment where we are all equal. It's a new beginning for us to do something else. I am also nude when taking shots and during performances. I put myself in an equal position to the others, I am in the same state of fragility. What is wonderful when one is nude in a space is that one is very receptive to the quality of the air, to sounds, to the materials that surround us...» Enna Chaton Enhanced with practical performance, the photographic propositions given centre stage at the art centre are presented under the form of a "tableau" in the sense of a piece of theatre, like a division of time and space, one tableau per room, but also like hypothetical plans of sequences of performances or even like a composition of «freeze frames». The development in Enna Chaton's work also convenes painting, sculpture, staging, and interweaves various fields of reference and expression. Modelled on a waterfall, the photographs of the work Like a waterfall acquire substance in the space. Volumes assimilated into the rocks placed on the floor and on the walls accentuate the mineral environment. Elements of vegetal and mineral landscape are put into relation with women's bodies. The waterfall is the small of the back. Pictorial visions of odalisques, of nymphs, of bathers, emerge from our collective unconscious. The image, which is placed on a velvety-black background, is sensual; the skin seems soft. 17 This collection of volumes and photographs puts different statuses of the image and the representation of the body into perspective. The series Polygones et couleurs plays with colour, forms, and relationships with scale. The prolongation in volume of coloured areas and of objects represented in the photographic image reinforce the disturbing feeling of an undeniable physical presence. These photographic devices seem to be composed of «freeze frames» of the performances that the artist has completed since 2010, over the course of which the nude participants were invited to choose a space, staging and accessories, in relation with the public. In the series Chantal et Enna which began in 2012, a delight in the sculptural forms and their manipulation, their placement in space, and lighting has been progressively confirmed. The artist, equally naked with them, is tending towards opening a permissive, experimental and creative space, where human beings are revealed as different from humdrum daily life, where nudity creates a world which is out of sync with the real world, where this democratic nudity sweeps away norms and stereotypes. 19 Enna, Studio No 60 is a self-portrait from the back with reflection in the mirror and is in dialogue with the series Selfportrait, Parcs nationaux américains and the work Le bleu du ciel. This showing evokes a coming and going between the real landscape and that which is fabricated in the studio. These works which are close to cinematographic images were completed during a residence at the Montalvo Arts Center in California during the summer of 2013. The playful relationship of the artist's body to the mythical landscapes of the American West is counterbalanced in the series Maisons grises, by the appearance of the models in the middle of the ruins of a contemporary landscape. Enna Chaton thanks all those people present in her images and would like to dedicate the Le bleu du ciel exhibition to Alexandra. 23 Enna CHATON Née en 1969 à Grenoble, vit et travaille à Poussan et à Sète. http://ennachaton.fr EXPOSITIONS/PERFORMANCES (Sélection récente) 2015 2014 2013 2012 2011 2010 Le bleu du ciel, Centre régional d’art contemporain Languedoc-Roussillon, Sète Performance En avant… invitation Karine Vonna, Espace des Arts, Carcassonne Performance dans le spectacle La bohémia électronica … Nuca duerme, Compagnie Kristoff K.roll, Festival Musique Action Vandoeuvre les Nancy 2 http://kristoffk.roll.free.fr/bohemia.htm Action filmée Errances dans l’exposition Perturbations de Céleste Boursier-Mougenot, Les Abattoirs,Toulouse Performance I feel Awkward/je me sens maladroit(e), Festival ZOA, commissariat Sabrina Weldman, Paris Performance Dégrafer l’espace #1, Festival FRASQ, Générateur Gentilly, collaboration avec Carole Rieussec, commissariat Anne Dreyfus Performance avec EL Bostezo Magasin, San Francisco Performance Son nombres est rose#2, Lyon, Nîmes, Nancy, collaboration avec Carole Rieussec Exposition collective L’âne musicien, dans le cadre des 10 ans du FRAC, École des Beaux-Arts, Montpellier Exposition collective, Drawing Room, Galerie Aperto, Carré St Anne, Montpellier Performance Black violet, Cartoon, en collaboration avec Carole Rieussec, installation vidéo, Piscine du Frais Vallon, Marseille, commissariat Mireille Batby, Les Grands Terrains Exposition Lieux d’attente photographique, commissariat Laurent Joyeux, La Mostra, Mende Exposition collective Quand les nymphes parlent aux nymphes, commissariat de PaulArmand Gette, Lieu d’Art Contemporain Moulin du Rabois, Argenton sur Creuse Performance Réjouissons-nous, commissariat Patrick Tarres, Fiac Performance Figure sonore, nu féminin, Festival Sonorités,collaboration avec Carole Rieussec, Montpellier Performance Autour, dedans, avec#2, Bâtiment d’Art Contemporain, Genève Throw his body in battle/Jeter son corps dans la bataille, commissariat Joerg Bader et Maya Bosch. Exposition dans le cadre du 24ème Festival des Instants Vidéo, commissariat Marc Mercier, Friche Belle de mai, Marseille Exposition Trajectoire, projet Acteurs Autonomes, collectif Glassbox, Week end au théâtre de la Cité Universitaire de Paris Installation Vidéos, Maisons grises, Marseille. Installation Vidéos et performance Autour, dedans, avec #1, commissaire Marc Mercier, 23ème Instants Vidéo Numériques et Poétiques, Friche de la Belle de Mai et aux Grands Terrains, Labelm, Marseille Installation Vidéos Téléscopages, collaboration avec Céleste Boursier- Mougenot, Festival «Sonorités», Montpellier Exposition «Fantômes Domestiques» Video K, Pau, commissariat Magali Gentet, Parvis, Centre d’Art Exposition Paysages in private flat, Land Reclamation, Paris, France, commissariat 25 MAGENTA Nina Childress Les œuvres de Nina Childress présentées dans l’exposition Magenta témoignent d’ensembles récents (20112014) de sa pratique picturale. Plus d’une vingtaine de peintures accompagnées de grands tirages numériques, nourris par la culture populaire des années 1950-70, convoquent la figure humaine, le nu, la théâtralisation du corps. Dans l’exposition, la couleur magenta dialogue par contraste et rapport de complémentarité avec la couleur verte. Fluorescente, elle est présente dans les tableaux et s’en extrait pour mieux jouer avec l’espace architectural. Nina Childress, pour qui l'exposition est une mise en scène d’œuvres, a délimité l'espace par l’élément scénique du rideau. Elle interroge, dans ses dernières œuvres, la représentation du corps et croise différents champs de références. Le « poster géant » d’une peinture de rideau de théâtre vert aux stridences roses sert de décor à un ensemble de peintures à dominante verte, dont certaines ont pour images-sources le travail du mime Etienne Decroux, inventeur du « mime corporel dramatique » qui interroge la statuaire, la poésie et la musique. Dans la salle suivante, les « nudistes » sont inspirés des « nudies », films à petit budget souvent tournés dans des camps nudistes de la fin des années 1950 au milieu des années 1960. « Les nudistes montrent des corps qui commencent à peine à se libérer. 27 On a laissé tomber la jupe et le pantalon mais on garde une certaine tenue, comme si on buvait le thé dans le salon de sa grande tante. C’est l’époque charnière entre le square de l’époque Eisenhower qui vient de se terminer et le cool de la période hippie qui va suivre dans quelques années. »1 Dans la dernière salle, un rideau magenta fluo en papier découpé sert d’écrin à une vidéo projetée sur une toile vierge. Des créatures affublées de parures grandiloquentes défilent au son de la voix du ténor Alain Vanzo qui chante le « charmant souvenir » de la Romance de Nadir. Les œuvres de l'exposition opèrent un va-et-vient entre medium photographique et peinture. Les images peintes se construisent à partir de la photographie, ou de la photographie de films. Depuis les années 1980, Nina Childress collecte et classe les images de romans-photos et les clichés des magazines populaires qui lui servent de source au même titre que certains tirages photographiques. Le grain de la toile rappelle le grain photographique. Les reproductions numériques de peintures mettent une nouvelle fois en abyme le processus. L’œuvre Crying est présentée sur deux supports différents : le premier est une peinture sur papier kraft, l'autre est un tirage numérique. Le tirage, qui ne peut reproduire les teintes fluo d’origine, devient plus terne et quatre fois plus grand. La reproduction présente aussi une légère variation du motif. 1 Fabienne RADI Peindre des colonnes vertébrales (ou comment j'ai focalisé sur un détail anatomique dans Les nudistes de Nina Childress) (extrait) (texte complet sur le site du Mamco) © Fabienne Radi et Mamco 29 La vibration des couleurs aux tonalités fluorescentes évoque les décalages de teintes des films projetés en Technicolor trichrome ou le procédé anaglyphe de la vision 3D. L’intérêt que Nina Childress porte à la qualité de couleur des imagessources, liée au vieillissement de l'encre d’impression, donne une esthétique spécifique aux peintures. « Ma manière de peindre dépend du format, du sujet, de l’approche… Elle va d’un photoréalisme relâché à un expressionnisme de circonstance. Le questionnement sur le style en peinture rejoint pour moi l’énigme biographique. Quelle est la juste représentation? Quelles sont les limites du réalisme? Où se niche une forme de vérité? » Nina Childress, mai 2010. (texte en version anglaise) The works of Nina Childress presented in the exhibition Magenta are testament to her recent work (2011-2014) in pictorial practice. In the exhibition, the colour magenta dialogues with both contrast and a complementary relationship with the colour green. Fluorescent, it is presented in the paintings and extracted or detached to better play with the architectural space. 31 Nina Childress, for whom the exhibition is a staging of works, has demarcated the space using the theatrical element of a curtain. In her recent works she questions the representation of the body and combines various fields of reference. The «poster géant» of a painting of a green theatre curtain with strident pinks serves as the décor for a collection of paintings which are predominantly green, where some have as their source images the work of the mime artist Etienne Decroux, inventor of the dramatic corporeal mime technique which questions statuary, poetry and music. In the following room, the «nudistes» are inspired by the «nudies», low-budget films often filmed in nudist camps at the end of the 1950s up to the middle of the 1960s. «Les nudistes» shows bodies that have scarcely begun to become liberated. Skirts and trousers have been allowed to fall, but a certain reserved manner is maintained as if one were drinking tea in the living room of a greataunt. It is the pivotal era between the «square» of the recently ended Eisenhower era and the «cool» of the hippie period which would follow a few years after.1 In the last room, a fluorescent magenta curtain in cutout paper serves as a background for a video projected onto a blank canvas. Creatures decked out in grandiloquent adornments march by to the sound of the voice of the tenor Alain Vanzo who is singing the «charmant souvenir» from the Romance de Nadir. 1 Fabienne RADI (complete text on the Mamco website) © Fabienne Radi and Mamco 33 The exhibition works operate a back-and-forth between the photographic medium and painting. The painted images are made based on photography or from the photography of films. Since the 1980s, Nina Childress has been collecting and classing images from photo-books and pictures from popular magazines which serve her as a source in the same way as some photographic prints. The grain of the canvas is reminiscent of film grain. Digital reproductions of paintings once again put the process into a recursive mise en abyme. The work Crying is presented on two different media: the first is a painting on Kraft paper, the other is a digital print. The print, which cannot reproduce the original fluorescent tints, becomes drabber and four times bigger. The reproduction also presents a light variation of the motif. The vibration of colours in fluorescent tones calls to mind the discrepancies in shades in films projected in three-strip Technicolor or the anaglyphic process of 3D. The interest that Nina Childress brings to the quality of colour of her source images, linked to the ageing of the printing inks, give a specific aesthetic to the paintings. «My way of painting depends on the format, subject, and the approach… It goes from relaxed photorealism to a circumstantial expressionism. The questioning of style in painting for me echoes the biographical enigma. What is the real representation? What are the limits of realism? Where can a form of truth be nestled?» Nina Childress, May 2010 35 Nina CHILDRESS Né en 1961 à Pasadena (Etats-Unis). Vit et travaille à Paris. http://ninachildress.com EXPOSITIONS INDIVIDUELLES (Sélection récente) 2015 2014 2013 2012 2011 Magenta, Centre régional d’art contemporain Languedoc-Roussillon, Sète La galerie Américaine, Marseille Jazy, hedy et sissi, La halle des Bouchers, Vienne Les nudistes, galerie Bernard Jordan, Paris Der grüne vorhang, Heinz Martin Weigand gallery, Berlin Le triangle des carpathes, Galerie Iconoscope, Montpellier Umriss, Galerie Bernard Jordan, Zürich L’effet Sissi, Mamco, Genève L’enterrement, Galerie Bernard Jordan, Paris EXPOSITIONS COLLECTIVES (Sélection récente) 2015 2014 2013 2012 Janvier : Femina, Pavillon Vendôme, Centre d’art contemporain de Clichy Février : Tableaux, Conversations sur la peinture, Frac Limousin, Limoges Autres narcisses, Galerie du Théâtre de l’Union, Limoges Optical Sound 1,2, Lage Egal, Berlin Partition des passions, Espace Gred, Nice Sinon, le chaos, Appartement, Paris Choices, Galerie de l’ENSBA, Paris Blanc/Childress/Gredzinski, Espace gred, Nice Drapeaux gris, Galerie Backslash, Paris Le syndrome de Bonnard, Villa du Parc, Annemasse Le regard du bègue, Mamco, Genève La maison des artistes, Musée des Beaux-Arts, Limoges Métamorphose(s) 1883-2013, Centre d'art contemporain Walter Benjamin, Perpignan Draw by law 2, Espace Gred, Nice Nouvelles vagues, Palais de Tokyo, Paris A hauteur d'oreille, Galerie MAD, Marseille Le grand tout, Frac Limousin, Limoges Ricochet, skimming stones, Galerie Municipale Jean Collet, Vitry sur Seine Drawing room, Carré Saint Anne, Montpellier Biens communs II, Mamco, Genève Pavillon, Galerie Domi Nostrae, Lyon Peinture surface, L.A.C, Sigean Le spectacle de la nature, Domaine Départemental de la Garenne Lemot, Clisson 37 Couv. : Expositions Magenta de Nina Childress et Chair de Sylvie Fanchon Ext. : Nina Childress Rideau vert* 2015 & Sylvie Fanchon Ensemble Tableaux scotch, 2014 Acrylique sur toile, 120x150cm et 60x80cm. Sylvie Fanchon Moustaches, 2013 Acrylique sur toile, 60x80cm & Nina Childress Contour, 2011 huile et acrylique sur toile, 162x114 cm ; Statue vivante, 2011 huile sur toile, 162x114 cm. Int. : Sylvie Fanchon Ensemble Tableaux scotch, 2014 Acrylique sur toile, 40x60cm & 130x196 cm. Série Polygones et Couleurs* juillet -août 2014 avec : Jeanne, Fred. p.22 : Enna, Studio n°60, Californie, août 2013 Photographie projetée, 270x150cm. p.24 : Enna, Parcs nationaux Californie, août 2013, 7 Photographies, 58x40cm. CHAIR Sylvie Fanchon MAGENTA Nina Childress p.2 : Ensemble Tableaux scotch, 2014 Acrylique sur toile Peinture murale* 2015, 250x400cm et tableau 40x60cm. p.4 : Ensemble Tableaux scotch, 2014 Acrylique sur toile, 120 x 150 cm. p.8 : Ensemble Tableaux scotch, 2014 Acrylique sur toile, 2 tableaux 130 x 196 cm, 7 tableaux 40 x 60 cm. p.26 : Group 3, 2011 huile sur toile, 55 x 46 cm Collection particulière Paris/Sète. p.28 : Stage, 2012 huile sur toile, 250x200 cm. p.30 : Crying*, 2015 Impression numérique. p.32 : Reading on stairs, 2013, huile sur toile, 46 x 55 cm Collection particulière. p.34 : Crying, 2014 Acrylique sur kraft à coller, 300x400 cm. p.36 : Vœux 2014 Installation - projection vidéo. Acrylique sur toile, barres de bois peint, papier découpé. LE BLEU DU CIEL Enna Chaton p.10 : Série Like a Waterfall*, sept à janvier 2014-2015. Avec : Alice, Betty, Chantal, Charlotte, Claude, Clémentine, Garance, Enna, Julia, Florence-s, Lison, Marie, Maeva, Margot, Marie-Laure, Ninon, Paola, Steph. 29 photographies, 110x173cm. p.12 : Série Polygones et Couleurs* juillet -août 2014 avec : Jeanne, Fred. p.14 : Série Polygones et Couleurs* juillet -août 2014 avec Gaël. p.18 : Série Polygones et Couleurs* juillet -août 2014 avec Bruno, Jeanne et Florence p.20-21 : Les filles du haut des Xettes*, juillet 2014. Alice, Berthe, Chantal, Claudine, Enna, Hélène, Julie, Lisa, Odile,Valentine. Photographie, 100x142cm. Série Polygones et Couleurs* juillet -août 2014 avec Gaël. Série Polygones et Couleurs* juillet -août 2014 avec Bruno. Série Like a Waterfall*, sept à janvier 2014-2015. Avec : Alice, Betty, Chantal, Charlotte, Claude, Clémentine, Garance, Enna, Julia, Florence-s, Lison, Marie, Maeva, Margot, Marie-Laure, Ninon, Paola, Steph. 29 photographies, 110x173cm. Pour les photos Californie d’Enna Chaton : Co- production CRAC LR et Montalvo Art Center, Saragota, Californie. Pour les œuvres de Nina Childress : Courtesy de l’artiste et de la Galerie Bernard Jordan, Paris, sauf mention particulière * Production CRAC Languedoc-Roussillon. 39 Du 6 février au 31 mai 2015 CHAIR Sylvie FANCHON LE BLEU DU CIEL Enna CHATON MAGENTA Nina CHILDRESS Commissariat Noëlle Tissier Ouvert tous les jours 12h30 19h Fermé le mardi Le week-end 14h 19h Entrée libre CENTRE REGIONAL D’ART CONTEMPORAIN LANGUEDOC-ROUSSILLON 26 quai Aspirant Herber France-34200 Sète Tél. : +33 (0)4 67 74 94 37 Fax : 33 (0)4 67 74 23 23 http://crac.languedocroussillon.fr - [email protected] Direction et commissariat des expositions Noëlle Tissier Administration Manuelle Comito Chargée des partenariats et des relations publiques Sylvie Caumet Régie Cédric Noël Montage Frédéric Brisset, Luc Castanié, Edouard Lecuyer, Maël Mignot, Damien Pasteur, Karine Secrétant (Entreprise Artfrontline) Secrétariat gestion Martine Carpentier Web Patrice BonjourService des publics Vanessa Rossignol Responsable, Chantal Seriex & Cécile Viguier Enseignantes Service éducatif téléphone : 04 67 74 89 69 (groupes sur rendez-vous) email - [email protected] Service des publics & documentation Karine Redon Accueil et médiation Caroline Chabrand, Fanny Berquière, Elsa Langer, Marine Tanguy-Gassama, Alix Weidner (Entreprise Un goût d’Illusion) Courtesy Galerie Bernard Jordan Paris, remerciements aux prêteurs Monsieur Christian Aubert, Madame Martine de la Codre, Monsieur François Fauchon et Madame Brigitte Ferrari, Monsieur Jean-Paul Jungo, Madame et Monsieur Astrid et Emmanuel Masset. Crédits photographiques Marc Domage Vidéos de l’exposition réalisation Aloïs Aurelle Réalisation du livret Service des publics - Conception maquette JF Imprimeur Atelier 6 Région Languedoc-Roussillon Ministère de la Culture et de la Communication avec le concours de la Préfecture de la Région Languedoc-Roussillon / Direction Régionale des Affaires Culturelles Le CRAC LR est géré par le Conseil Régional Languedoc-Roussillon Le CRAC LR est membre de DCA/Association française de développement des Centres d’Art Centre Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon - Dépôt légal février 2015 - ISBN 2-913094-87-2