Nina Childress Enna Chaton Sylvie Fanchon MAGENTA

Transcription

Nina Childress Enna Chaton Sylvie Fanchon MAGENTA
CHAIR
Sylvie Fanchon
MAGENTA
Nina Childress
LE BLEU DU CIEL
Enna Chaton
du 6 février au 31 mai 2015
CHAIR
Sylvie Fanchon
LE BLEU DU CIEL
Enna Chaton
MAGENTA
Nina Childress
Du 6 février au 31 mai 2015
CHAIR
Sylvie Fanchon
Sylvie Fanchon est peintre. Elle qualifie son travail
d’«entreprise de vérification de la véracité des perceptions
que nous avons du monde». Chair est le titre de son
exposition. L’artiste joue sur la polysémie du mot et propose
une multiplication des points de vue, à travers quinze
peintures à l’acrylique sur toile aux formats variés et une
peinture murale in situ. Le nouvel ensemble de peintures
renvoie à la couleur chair, au fond de teint, comme une
métaphore du corps humain. La sensualité de la couleur et
la matérialité du tableau contrebalancent l'abstraction
géométrique du motif. La radicalité de la peinture semble
ne pouvoir être dissociée de sa dimension décorative. Chair
c’est aussi l’essence (de nature sensible) du corps. La
technique de l’empreinte, qui implique d’arracher les bandes
de scotch pour faire apparaître le motif, contribue à une
mise à nu de la surface du tableau. Sylvie Fanchon souhaite
« dégraisser » la peinture, enlever le superflu pour ne garder
que l’essentiel.
Deux tableaux Moustaches sur fond vert introduisent
l’exposition de Nina Childress délimitée par l’ouverture
magenta. L’association vibrante des deux couleurs
complémentaires crée une sensation électrique.
3
« Dans une société où le système visuel est construit à partir
de l’image, qu’elle soit analogique ou numérique, la peinture
n’est pas une technique de reproduction du visible de plus,
mais une pratique qui interroge les différents modes de
visibilité du réel.
Bien que le regard porté sur l’histoire soit en perpétuel
mouvement, je considère que les investigations des peintres
sont acquises. L’histoire du tableau est tellement vieille qu’il
en devient un lieu disponible, un espace de pensées
stratifiées, à la fois spécifique et générique.
Je le prends tel qu’il est, une convention, une surface.
Pour cette exposition, je montre un nouvel ensemble de
tableaux qui engage un rapport au travail plus concret,
puisque le sujet de cet ensemble est la peinture elle-même
dans sa pratique. La question de la représentation est posée
avec le quoi peindre, ici résolue en travaillant ses outils
même.
Sont également montrés des tableaux plus anciens,
l’exposition étant orchestrée par l’évocation du corps au
travers de la couleur, ici la couleur “chair”, dans toutes ses
nuances allant du rose chair au beige fond de teint.
Quelques tableaux s’inscriront par contraste coloré avec cet
ensemble et joueront des rapports de complémentarité des
couleurs. » Sylvie Fanchon
5
Sylvie Fanchon is a painter. She describes her undertaken
work as verification of the veracity of the perceptions that
we have of the world.
Chair (Flesh) is the title of her exhibition. The artist plays
on the polysemy of the word and proposes a multiplication
of points of view, by means of fifteen paintings in acrylic
on canvas in various formats and an in situ mural painting.
The new collection of paintings returns to the colour of
flesh, to the colour of foundation, as a metaphor for the
human body. The sensuality of the colour and the
materiality of the painting counterbalance the geometric
abstraction of the motif. The radicalism of the painting
seems incapable of being disassociated from its decorative
dimension. Chair is also the essence (in a sensitive nature)
of the body. The imprint technique, which involves tearing
off strips of adhesive tape to reveal the motif, contributes
to the denudation of the surface of the painting. Sylvie
Fanchon wishes to «degrease» the painting, to remove
whatever is superfluous and keep only the essential.
The two Moustaches paintings on green background
introduce Nina Childress’ exhibition, demarcated by the
magenta opening. The vibrant association of the two
complementary colours creates an electric sensation.
«In a society where the visual system is constructed from
an image, whether this be analog or digital, painting is no
longer a technique for reproduction of the visible, but a
practice that questions the different modes of visibility of
the real.
Although the view of history is in perpetual movement, I
believe that the investigations of painters are acquired. The
history of painting is so old that it has become an available
place, a space for stratified reflections, at once specific and
generic.
I take it for what it is, a convention, a surface.
For this exhibition, I show a new collection of paintings
that commits to a more concrete link to the work, as the
subject of this collection is the practice of painting in itself.
The question of representation is posed with a “what to
paint?”, here resolved by working with the tools themselves.
Older paintings will also be exhibited, the exhibition being
orchestrated by the evocation of the body through the
means of colour, here «flesh» colour, in all its nuances
going from flesh pink to foundation beige. Some paintings
will be included as stark colour contrasts with this collection
and will play on the connections of the complementarity
of colours.»
Sylvie Fanchon
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Sylvie FANCHON
Née à Nairobi, Kenya. Vit et travaille à Paris.
EXPOSITIONS INDIVIDUELLES (Sélection récente)
2015
2013
2012
2011
2009
Chair, Centre Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon, Sète
SF à Dole, Musée des Beaux-Arts, Dole, édition d’un catalogue coproduction Centre
Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon, Sète
SF, Centre Régional d'Art Contemporain Languedoc-Roussillon, Sète
Les Caractères, Galerie Bernard Jordan, Paris
Galerie Bernard Jordan Zurich
Donation Prassinos, Saint-Rémy de Provence
Eric Linard Editions, La Garde Adhémar
EXPOSITIONS COLLECTIVES (Sélection récente)
2014
2013
2012
2011
2010
Partition des passions commissaire JLBlanc, Espace Gred, Nice
Black coffee, commissaire Camila Olivera Fairclough, Musée du MacVal
Avec et sans peinture, exposition de la collection, Collège des Bernardins
Des hommes des mondes, commissaire Alain Berland, Réalisation d’un mural
avance rapide, Frac Franche Comté
Solution de continuité,15 mars 18 Mai
Pièces montrées, Commissaire R. Zarka, Musée d’Art Moderne et Contemporain
Strasbourg
Dessins, Commissaire JL Blanc, espace Gred Nice
A plat Frac basse normandie
Aragon aujourd’hui, L’espace O Niemeyer accueille le Mac Val
Ecce homo Ludens, commissaire Hélène Audiffren et Cyril Jarton, Musée Suisse du
Jeu
Choses incorporelles, commissaire Alain Coulange, Chapelle du Carmel, Libourne
Never More, MacVal, Vitry-sur-Seine
Ecce homo Ludens, commissaire Cyril Jarton, Musée de Sérignan
Le Carillon de Big Ben, Crédac, Ivry/Seine
Sommerausstellung, Galerie Bernard Jordan, Zurich
NeoGeo, Frac Limousin, Limoges
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LE BLEU DU CIEL
Enna Chaton
Dans le cadre de l’exposition monographique Le
bleu du ciel, Enna Chaton présente plusieurs dispositifs
photographiques réalisés in situ. Le titre de l’exposition
évoque la lumière et la clarté du paysage auxquelles l’artiste
a progressivement ouvert sa pratique. Le bleu du ciel est cet
espace de projection vers lequel tend l'exposition, depuis
les photographies d’atelier jusqu’à celles prises dans le
paysage.
La pratique artistique d’Enna Chaton interroge la nudité et
la présence des corps. La rencontre avec des personnes, qui
acceptent de participer à l’expérience, est au cœur du travail.
La question du modèle a fait évoluer sa pratique
photographique et vidéo vers la performance. Le cadre du
travail s’est également élargi, des intérieurs de maisons, à
l’atelier, en passant par la confrontation avec le paysage.
« Dès lors que l’on enlève ses vêtements, on se dévoile, on
se montre tel qu’on est. C’est peut-être le moment où l’on
est tous égaux. C’est un début pour faire autre chose. Je me
mets nue aussi lors des prises de vues et des performances.
Je me mets à l’égale des autres, je suis dans un même état
de fragilité. Ce qui est formidable quand on est nu dans un
espace, c’est qu’on est très réceptif à la qualité de l’air, aux
sons, aux matériaux qui nous entourent… » Enna Chaton
11
Enrichies par la pratique de la performance, les propositions
photographiques mises en espace au Centre d’Art se
présentent sous forme de « tableaux », au sens de tableau
d’une pièce de théâtre, comme une division du temps et de
l’espace, un tableau par salle, mais aussi comme des plans
séquences d’hypothétiques performances, ou encore
comme une composition « d’arrêts sur image ». Le
développement du travail d’Enna Chaton convoque aussi
bien la peinture, la sculpture, la mise en scène et entremêle
différents champs de références et d’expressions.
À l’image d’une chute d’eau, les photographies de l’œuvre
Like a Waterfall prennent corps dans le lieu. Des volumes
assimilés à des roches, placés au sol et aux murs accentuent
l’environnement minéral. Des éléments de paysage,
végétaux et minéraux, sont mis en relation avec des corps
de femmes. La chute d’eau est une chute de reins. Des
visions picturales d’odalisques, de nymphes, de baigneuses,
émergent de notre inconscient collectif. L’image, qui se
détache sur un fond noir velouté, est sensuelle. Les peaux
semblent douces.
L’ensemble de volumes et de photographies met en
perspective différents statuts de l’image et de la
représentation des corps. La série Polygones et couleurs joue
avec la couleur, les formes et les rapports d’échelle. Le
prolongement en volume des surfaces colorées et des objets
représentés dans l’image photographique renforce le
sentiment trouble d’une présence physique incontestable.
13
Les dispositifs photographiques semblent composés
d’« images arrêtées » des performances que l’artiste réalise
depuis 2010, au cours desquelles les participants nus sont
invités à s’approprier un espace, une mise en scène et des
accessoires, en relation avec le public. Dans la série Chantal
et Enna, commencée en 2012, s’est progressivement affirmé
le plaisir pour les formes plastiques et leur manipulation, la
mise en espace, l’éclairage. L’artiste, également nue, tente
d’ouvrir un espace permissif expérimental, créatif où l’être
se révèle différent de son quotidien, où la nudité crée un
univers décalé du monde actuel, où cette nudité
démocratique balaie les normes et les stéréotypes.
Enna, Studio N°60, autoportrait de dos avec reflet dans le
miroir, dialogue avec la série Selfportrait, Parcs nationaux
Californie et l’œuvre Le bleu du ciel. L’image projetée évoque
cet aller-retour entre le paysage réel et celui fabriqué dans
l’atelier. Ces œuvres proches de l’image cinématographique
ont été réalisées lors d’une résidence au Montalvo Arts
Center en Californie durant l’été 2013. La relation ludique
du corps de l’artiste aux paysages mythiques de l’Ouest
américain est contrebalancée, dans la série Maisons grises, par
le surgissement des modèles au milieu des ruines du paysage
contemporain.
Enna Chaton remercie toutes les personnes présentes dans
ses images et souhaite dédier l’exposition Le bleu du ciel à
Alexandra.
15
As part of the monographic exhibition Le bleu du ciel, Enna
Chaton presents several photographic devices realised in
situ. The title of the exhibition evokes the light and clarity
of the landscape to which the artist has progressively
opened up her practice. Le bleu du ciel is this projection space
towards which the exhibition is tending, from studio
photographs up to those taken in the landscape.
Enna Chaton's artistic practice questions nudity and the
presence of bodies. Meeting people who agree to
participate in the experience is at the heart of her work. The
question of the model has made her photographic and
video practice evolve towards performance. The context of
work has been expanded also, house interiors, in the studio,
on to passing through the confrontation with the landscape.
«From the moment someone removes their clothing, they
are unveiled and revealing themselves as they are. This is,
perhaps, the moment where we are all equal. It's a new
beginning for us to do something else. I am also nude when
taking shots and during performances. I put myself in an
equal position to the others, I am in the same state of
fragility. What is wonderful when one is nude in a space is
that one is very receptive to the quality of the air, to sounds,
to the materials that surround us...» Enna Chaton
Enhanced with practical performance, the photographic
propositions given centre stage at the art centre are
presented under the form of a "tableau" in the sense of a
piece of theatre, like a division of time and space, one
tableau per room, but also like hypothetical plans of
sequences of performances or even like a composition of
«freeze frames». The development in Enna Chaton's work
also convenes painting, sculpture, staging, and interweaves
various fields of reference and expression.
Modelled on a waterfall, the photographs of the work Like
a waterfall acquire substance in the space. Volumes
assimilated into the rocks placed on the floor and on the
walls accentuate the mineral environment. Elements of
vegetal and mineral landscape are put into relation with
women's bodies. The waterfall is the small of the back.
Pictorial visions of odalisques, of nymphs, of bathers,
emerge from our collective unconscious. The image, which
is placed on a velvety-black background, is sensual; the skin
seems soft.
17
This collection of volumes and photographs puts different
statuses of the image and the representation of the body
into perspective. The series Polygones et couleurs plays with
colour, forms,
and relationships with scale. The
prolongation in volume of coloured areas and of objects
represented in the photographic image reinforce the
disturbing feeling of an undeniable physical presence.
These photographic devices seem to be composed of
«freeze frames» of the performances that the artist has
completed since 2010, over the course of which the nude
participants were invited to choose a space, staging and
accessories, in relation with the public. In the series Chantal
et Enna which began in 2012, a delight in the sculptural
forms and their manipulation, their placement in space, and
lighting has been progressively confirmed. The artist,
equally naked with them, is tending towards opening a
permissive, experimental and creative space, where human
beings are revealed as different from humdrum daily life,
where nudity creates a world which is out of sync with the
real world, where this democratic nudity sweeps away
norms and stereotypes.
19
Enna, Studio No 60 is a self-portrait from the back with
reflection in the mirror and is in dialogue with the series
Selfportrait, Parcs nationaux américains and the work Le bleu du
ciel. This showing evokes a coming and going between the
real landscape and that which is fabricated in the studio.
These works which are close to cinematographic images
were completed during a residence at the Montalvo Arts
Center in California during the summer of 2013. The
playful relationship of the artist's body to the mythical
landscapes of the American West is counterbalanced in the
series Maisons grises, by the appearance of the models in the
middle of the ruins of a contemporary landscape.
Enna Chaton thanks all those people present in her images
and would like to dedicate the Le bleu du ciel exhibition to
Alexandra.
23
Enna CHATON
Née en 1969 à Grenoble, vit et travaille à Poussan et à Sète.
http://ennachaton.fr
EXPOSITIONS/PERFORMANCES (Sélection récente)
2015
2014
2013
2012
2011
2010
Le bleu du ciel, Centre régional d’art contemporain Languedoc-Roussillon, Sète
Performance En avant… invitation Karine Vonna, Espace des Arts, Carcassonne
Performance dans le spectacle La bohémia électronica … Nuca duerme, Compagnie
Kristoff K.roll, Festival Musique Action Vandoeuvre les Nancy 2
http://kristoffk.roll.free.fr/bohemia.htm
Action filmée Errances dans l’exposition Perturbations de Céleste Boursier-Mougenot,
Les Abattoirs,Toulouse
Performance I feel Awkward/je me sens maladroit(e), Festival ZOA, commissariat
Sabrina Weldman, Paris
Performance Dégrafer l’espace #1, Festival FRASQ, Générateur Gentilly, collaboration
avec Carole Rieussec, commissariat Anne Dreyfus
Performance avec EL Bostezo Magasin, San Francisco
Performance Son nombres est rose#2, Lyon, Nîmes, Nancy, collaboration avec Carole
Rieussec
Exposition collective L’âne musicien, dans le cadre des 10 ans du FRAC, École des
Beaux-Arts, Montpellier
Exposition collective, Drawing Room, Galerie Aperto, Carré St Anne, Montpellier
Performance Black violet, Cartoon, en collaboration avec Carole Rieussec, installation
vidéo, Piscine du Frais Vallon, Marseille, commissariat Mireille Batby, Les Grands
Terrains
Exposition Lieux d’attente photographique, commissariat Laurent Joyeux, La Mostra,
Mende
Exposition collective Quand les nymphes parlent aux nymphes, commissariat de PaulArmand Gette, Lieu d’Art Contemporain Moulin du Rabois, Argenton sur Creuse
Performance Réjouissons-nous, commissariat Patrick Tarres, Fiac
Performance Figure sonore, nu féminin, Festival Sonorités,collaboration avec Carole
Rieussec, Montpellier
Performance Autour, dedans, avec#2, Bâtiment d’Art Contemporain, Genève Throw his
body in battle/Jeter son corps dans la bataille, commissariat Joerg Bader et Maya Bosch.
Exposition dans le cadre du 24ème Festival des Instants Vidéo, commissariat Marc
Mercier, Friche Belle de mai, Marseille
Exposition Trajectoire, projet Acteurs Autonomes, collectif Glassbox, Week end
au théâtre de la Cité Universitaire de Paris
Installation Vidéos, Maisons grises, Marseille.
Installation Vidéos et performance Autour, dedans, avec #1, commissaire Marc
Mercier, 23ème Instants Vidéo Numériques et Poétiques, Friche de la Belle de Mai
et aux Grands Terrains, Labelm, Marseille
Installation Vidéos Téléscopages, collaboration avec Céleste Boursier- Mougenot,
Festival «Sonorités», Montpellier
Exposition «Fantômes Domestiques» Video K, Pau, commissariat Magali Gentet,
Parvis, Centre d’Art
Exposition Paysages in private flat, Land Reclamation, Paris, France, commissariat
25
MAGENTA
Nina Childress
Les œuvres de Nina Childress présentées dans
l’exposition Magenta témoignent d’ensembles récents (20112014) de sa pratique picturale. Plus d’une vingtaine de
peintures accompagnées de grands tirages numériques,
nourris par la culture populaire des années 1950-70,
convoquent la figure humaine, le nu, la théâtralisation du
corps.
Dans l’exposition, la couleur magenta dialogue par contraste
et rapport de complémentarité avec la couleur verte.
Fluorescente, elle est présente dans les tableaux et s’en
extrait pour mieux jouer avec l’espace architectural.
Nina Childress, pour qui l'exposition est une mise en scène
d’œuvres, a délimité l'espace par l’élément scénique du
rideau. Elle interroge, dans ses dernières œuvres, la
représentation du corps et croise différents champs de
références. Le « poster géant » d’une peinture de rideau de
théâtre vert aux stridences roses sert de décor à un ensemble
de peintures à dominante verte, dont certaines ont pour
images-sources le travail du mime Etienne Decroux,
inventeur du « mime corporel dramatique » qui interroge la
statuaire, la poésie et la musique. Dans la salle suivante, les
« nudistes » sont inspirés des « nudies », films à petit budget
souvent tournés dans des camps nudistes de la fin des
années 1950 au milieu des années 1960. « Les nudistes
montrent des corps qui commencent à peine à se libérer.
27
On a laissé tomber la jupe et le pantalon mais on garde une
certaine tenue, comme si on buvait le thé dans le salon de
sa grande tante. C’est l’époque charnière entre le square de
l’époque Eisenhower qui vient de se terminer et le cool de
la période hippie qui va suivre dans quelques années. »1 Dans
la dernière salle, un rideau magenta fluo en papier découpé
sert d’écrin à une vidéo projetée sur une toile vierge. Des
créatures affublées de parures grandiloquentes défilent au
son de la voix du ténor Alain Vanzo qui chante le
« charmant souvenir » de la Romance de Nadir.
Les œuvres de l'exposition opèrent un va-et-vient entre
medium photographique et peinture. Les images peintes se
construisent à partir de la photographie, ou de la
photographie de films. Depuis les années 1980, Nina
Childress collecte et classe les images de romans-photos et
les clichés des magazines populaires qui lui servent de
source au même titre que certains tirages photographiques.
Le grain de la toile rappelle le grain photographique. Les
reproductions numériques de peintures mettent une
nouvelle fois en abyme le processus. L’œuvre Crying est
présentée sur deux supports différents : le premier est une
peinture sur papier kraft, l'autre est un tirage numérique. Le
tirage, qui ne peut reproduire les teintes fluo d’origine,
devient plus terne et quatre fois plus grand. La reproduction
présente aussi une légère variation du motif.
1
Fabienne RADI Peindre des colonnes vertébrales (ou comment j'ai focalisé sur un détail anatomique dans Les
nudistes de Nina Childress) (extrait) (texte complet sur le site du Mamco) © Fabienne Radi et Mamco
29
La vibration des couleurs aux tonalités fluorescentes évoque
les décalages de teintes des films projetés en Technicolor
trichrome ou le procédé anaglyphe de la vision 3D. L’intérêt
que Nina Childress porte à la qualité de couleur des imagessources, liée au vieillissement de l'encre d’impression, donne
une esthétique spécifique aux peintures.
« Ma manière de peindre dépend du format, du sujet, de
l’approche… Elle va d’un photoréalisme relâché à un
expressionnisme de circonstance. Le questionnement sur le
style en peinture rejoint pour moi l’énigme biographique.
Quelle est la juste représentation? Quelles sont les limites
du réalisme? Où se niche une forme de vérité? »
Nina Childress, mai 2010.
(texte en version anglaise)
The works of Nina Childress presented in the exhibition
Magenta are testament to her recent work (2011-2014) in
pictorial practice.
In the exhibition, the colour magenta dialogues with both
contrast and a complementary relationship with the colour
green. Fluorescent, it is presented in the paintings and
extracted or detached to better play with the architectural
space.
31
Nina Childress, for whom the exhibition is a staging of
works, has demarcated the space using the theatrical
element of a curtain. In her recent works she questions the
representation of the body and combines various fields of
reference. The «poster géant» of a painting of a green
theatre curtain with strident pinks serves as the décor for a
collection of paintings which are predominantly green,
where some have as their source images the work of the
mime artist Etienne Decroux, inventor of the dramatic
corporeal mime technique which questions statuary, poetry
and music. In the following room, the «nudistes» are
inspired by the «nudies», low-budget films often filmed in
nudist camps at the end of the 1950s up to the middle of
the 1960s. «Les nudistes» shows bodies that have scarcely
begun to become liberated. Skirts and trousers have been
allowed to fall, but a certain reserved manner is maintained
as if one were drinking tea in the living room of a greataunt. It is the pivotal era between the «square» of the
recently ended Eisenhower era and the «cool» of the hippie
period which would follow a few years after.1
In the last room, a fluorescent magenta curtain in cutout
paper serves as a background for a video projected onto a
blank canvas. Creatures decked out in grandiloquent
adornments march by to the sound of the voice of the
tenor Alain Vanzo who is singing the «charmant souvenir»
from the Romance de Nadir.
1
Fabienne RADI (complete text on the Mamco website) © Fabienne Radi and Mamco
33
The exhibition works operate a back-and-forth between the
photographic medium and painting. The painted images are
made based on photography or from the photography of
films. Since the 1980s, Nina Childress has been collecting
and classing images from photo-books and pictures from
popular magazines which serve her as a source in the same
way as some photographic prints. The grain of the canvas
is reminiscent of film grain. Digital reproductions of
paintings once again put the process into a recursive mise
en abyme. The work Crying is presented on two different
media: the first is a painting on Kraft paper, the other is a
digital print. The print, which cannot reproduce the original
fluorescent tints, becomes drabber and four times bigger.
The reproduction also presents a light variation of the
motif.
The vibration of colours in fluorescent tones calls to mind
the discrepancies in shades in films projected in three-strip
Technicolor or the anaglyphic process of 3D. The interest
that Nina Childress brings to the quality of colour of her
source images, linked to the ageing of the printing inks, give
a specific aesthetic to the paintings.
«My way of painting depends on the format, subject, and
the approach… It goes from relaxed photorealism to a
circumstantial expressionism. The questioning of style in
painting for me echoes the biographical enigma. What is
the real representation? What are the limits of realism?
Where can a form of truth be nestled?» Nina Childress,
May 2010
35
Nina CHILDRESS
Né en 1961 à Pasadena (Etats-Unis). Vit et travaille à Paris.
http://ninachildress.com
EXPOSITIONS INDIVIDUELLES (Sélection récente)
2015
2014
2013
2012
2011
Magenta, Centre régional d’art contemporain Languedoc-Roussillon, Sète
La galerie Américaine, Marseille
Jazy, hedy et sissi, La halle des Bouchers, Vienne
Les nudistes, galerie Bernard Jordan, Paris
Der grüne vorhang, Heinz Martin Weigand gallery, Berlin
Le triangle des carpathes, Galerie Iconoscope, Montpellier
Umriss, Galerie Bernard Jordan, Zürich
L’effet Sissi, Mamco, Genève
L’enterrement, Galerie Bernard Jordan, Paris
EXPOSITIONS COLLECTIVES (Sélection récente)
2015
2014
2013
2012
Janvier : Femina, Pavillon Vendôme, Centre d’art contemporain de Clichy
Février : Tableaux, Conversations sur la peinture, Frac Limousin, Limoges
Autres narcisses, Galerie du Théâtre de l’Union, Limoges
Optical Sound 1,2, Lage Egal, Berlin
Partition des passions, Espace Gred, Nice
Sinon, le chaos, Appartement, Paris
Choices, Galerie de l’ENSBA, Paris
Blanc/Childress/Gredzinski, Espace gred, Nice
Drapeaux gris, Galerie Backslash, Paris
Le syndrome de Bonnard, Villa du Parc, Annemasse
Le regard du bègue, Mamco, Genève
La maison des artistes, Musée des Beaux-Arts, Limoges
Métamorphose(s) 1883-2013, Centre d'art contemporain Walter Benjamin, Perpignan
Draw by law 2, Espace Gred, Nice
Nouvelles vagues, Palais de Tokyo, Paris
A hauteur d'oreille, Galerie MAD, Marseille
Le grand tout, Frac Limousin, Limoges
Ricochet, skimming stones, Galerie Municipale Jean Collet, Vitry sur Seine
Drawing room, Carré Saint Anne, Montpellier
Biens communs II, Mamco, Genève
Pavillon, Galerie Domi Nostrae, Lyon
Peinture surface, L.A.C, Sigean
Le spectacle de la nature, Domaine Départemental de la Garenne Lemot, Clisson
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Couv. : Expositions Magenta de Nina Childress et Chair de Sylvie Fanchon
Ext. : Nina Childress Rideau vert* 2015 & Sylvie Fanchon Ensemble Tableaux
scotch, 2014 Acrylique sur toile, 120x150cm et 60x80cm.
Sylvie Fanchon Moustaches, 2013 Acrylique sur toile, 60x80cm & Nina
Childress Contour, 2011 huile et acrylique sur toile, 162x114 cm ; Statue
vivante, 2011 huile sur toile, 162x114 cm.
Int. : Sylvie Fanchon Ensemble Tableaux scotch, 2014 Acrylique sur toile,
40x60cm & 130x196 cm.
Série Polygones et Couleurs* juillet -août 2014 avec : Jeanne, Fred.
p.22 : Enna, Studio n°60, Californie, août 2013 Photographie projetée,
270x150cm.
p.24 : Enna, Parcs nationaux Californie, août 2013, 7 Photographies, 58x40cm.
CHAIR Sylvie Fanchon
MAGENTA Nina Childress
p.2 : Ensemble Tableaux scotch, 2014 Acrylique sur toile Peinture murale*
2015, 250x400cm et tableau 40x60cm.
p.4 : Ensemble Tableaux scotch, 2014 Acrylique sur toile, 120 x 150 cm.
p.8 : Ensemble Tableaux scotch, 2014 Acrylique sur toile, 2 tableaux 130 x 196
cm, 7 tableaux 40 x 60 cm.
p.26 : Group 3, 2011 huile sur toile, 55 x 46 cm Collection particulière
Paris/Sète.
p.28 : Stage, 2012 huile sur toile, 250x200 cm.
p.30 : Crying*, 2015 Impression numérique.
p.32 : Reading on stairs, 2013, huile sur toile, 46 x 55 cm Collection
particulière.
p.34 : Crying, 2014 Acrylique sur kraft à coller, 300x400 cm.
p.36 : Vœux 2014 Installation - projection vidéo. Acrylique sur toile, barres
de bois peint, papier découpé.
LE BLEU DU CIEL Enna Chaton
p.10 : Série Like a Waterfall*, sept à janvier 2014-2015. Avec : Alice, Betty,
Chantal, Charlotte, Claude, Clémentine, Garance, Enna, Julia, Florence-s,
Lison, Marie, Maeva, Margot, Marie-Laure, Ninon, Paola, Steph. 29
photographies, 110x173cm.
p.12 : Série Polygones et Couleurs* juillet -août 2014 avec : Jeanne, Fred.
p.14 : Série Polygones et Couleurs* juillet -août 2014 avec Gaël.
p.18 : Série Polygones et Couleurs* juillet -août 2014 avec Bruno, Jeanne et
Florence
p.20-21 : Les filles du haut des Xettes*, juillet 2014.
Alice, Berthe, Chantal, Claudine, Enna, Hélène, Julie, Lisa, Odile,Valentine.
Photographie, 100x142cm.
Série Polygones et Couleurs* juillet -août 2014 avec Gaël.
Série Polygones et Couleurs* juillet -août 2014 avec Bruno.
Série Like a Waterfall*, sept à janvier 2014-2015. Avec : Alice, Betty, Chantal,
Charlotte, Claude, Clémentine, Garance, Enna, Julia, Florence-s, Lison,
Marie, Maeva, Margot, Marie-Laure, Ninon, Paola, Steph. 29
photographies, 110x173cm.
Pour les photos Californie d’Enna Chaton : Co- production CRAC LR et
Montalvo Art Center, Saragota, Californie.
Pour les œuvres de Nina Childress : Courtesy de l’artiste et de la Galerie
Bernard Jordan, Paris, sauf mention particulière
* Production CRAC Languedoc-Roussillon.
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Du 6 février au 31 mai 2015
CHAIR
Sylvie FANCHON
LE BLEU DU CIEL
Enna CHATON
MAGENTA
Nina CHILDRESS
Commissariat Noëlle Tissier
Ouvert tous les jours 12h30 19h
Fermé le mardi
Le week-end 14h 19h
Entrée libre
CENTRE REGIONAL D’ART CONTEMPORAIN LANGUEDOC-ROUSSILLON
26 quai Aspirant Herber France-34200 Sète
Tél. : +33 (0)4 67 74 94 37 Fax : 33 (0)4 67 74 23 23
http://crac.languedocroussillon.fr - [email protected]
Direction et commissariat des expositions Noëlle Tissier
Administration Manuelle Comito
Chargée des partenariats et des relations publiques Sylvie Caumet
Régie Cédric Noël
Montage Frédéric Brisset, Luc Castanié, Edouard Lecuyer, Maël Mignot, Damien Pasteur, Karine Secrétant
(Entreprise Artfrontline)
Secrétariat gestion Martine Carpentier
Web Patrice BonjourService des publics Vanessa Rossignol Responsable, Chantal Seriex & Cécile Viguier
Enseignantes Service éducatif
téléphone : 04 67 74 89 69 (groupes sur rendez-vous)
email - [email protected]
Service des publics & documentation Karine Redon
Accueil et médiation Caroline Chabrand, Fanny Berquière, Elsa Langer, Marine Tanguy-Gassama, Alix Weidner
(Entreprise Un goût d’Illusion)
Courtesy Galerie Bernard Jordan Paris, remerciements aux prêteurs Monsieur Christian Aubert,
Madame Martine de la Codre, Monsieur François Fauchon et Madame Brigitte Ferrari, Monsieur
Jean-Paul Jungo, Madame et Monsieur Astrid et Emmanuel Masset.
Crédits photographiques Marc Domage
Vidéos de l’exposition réalisation Aloïs Aurelle
Réalisation du livret Service des publics - Conception maquette JF
Imprimeur Atelier 6
Région Languedoc-Roussillon
Ministère de la Culture et de la Communication avec le concours de la Préfecture de la Région Languedoc-Roussillon
/ Direction Régionale des Affaires Culturelles
Le CRAC LR est géré par le Conseil Régional Languedoc-Roussillon
Le CRAC LR est membre de DCA/Association française de développement des Centres d’Art
Centre Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon
- Dépôt légal février 2015 - ISBN 2-913094-87-2

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