La Brebis Noire d`Ouessant.

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La Brebis Noire d`Ouessant.
La Brebis Noire d’Ouessant.
À partir de 1976, le sauvetage de la race est entrepris par un groupe d'éleveurs
passionnés emmenés par Paul Abbé. Ils s'appuient sur des troupeaux aux
caractéristiques proches des moutons originels.
De 1943 à 1946, existait au Jardin des Plantes de Paris un petit groupe de 10
sujets, tous noirs, apparemment petits, les béliers pourvus d'un beau cornage.
Vers 1969, M. Abbé découvre chez Madame Martin à Orvault, près de Nantes, 4
ou 5 moutons d'Ouessant, c'est le démarrage de son élevage. D'autres sujets,
ont été conservés sur le continent comme animal d'agrément dans de grandes
propriétés comme chez le Comte de Lantivy, au château de Meudon, entre
Vannes et Questembert, la famille de Goulaine à Saint-Étienne de Corcoué en
Loire-Atlantique. Des géniteurs sont récupérés par des éleveurs qui forment le
Groupement des Eleveurs du Mouton d'Ouessant (GEMO). Sous leur impulsion,
les effectifs passent de 486 à plusieurs milliers entre 1977 et 2007. La race n'est
actuellement plus menacée, toutes les teintes uniformes sont admises : noire,
noire brunissante, brune, blanche.
Implantation.
La brebis noire d’Ouessant est originaire des Monts d’Arrée qui sont une zone à
reliefs tourmentés du centre Finistère. A défaut de présenter une altitude
impressionnante, cette zone possède les mêmes dénivelés que les volcans du
Massif-Central par rapport au plateau granitique à travers lequel ils se sont
formés.
La différence d’altitude est dans les deux cas de l’ordre de 200 à 400m.
Par exemple le Mont-Bar culmine à 1168m et Saint-Paulien est à 800m, soit un
dénivelé de 368m. Le Roc’h Trevezel et le Menez-Kador culminent à 384m.
Négliger cette altitude serait oublier le vent salé qui souffle de l’Océan et durcit le
climat en cette zone même si la neige n’y est guère connue...
Le petit mouton noir des Monts d’Arrée est bien une race rustique et sa petite
taille (0,45m en moyenne) est une adaptation courante face à ces conditions.
Des textes de 1750 mentionnent le mouton noir sur le continent et à Ouessant.
Sur le continent cette race s’est éteinte au XXe s par croisements.
A Ouessant la race est maintenant menacée par l’introduction de moutons blancs
plus grands.
Standard.
La race noire d’Ouessant a un dos droit et large des épaules à la croupe. Sa tête
est fine et le chanfrein droit. Les membres sont fins. La laine est dite fermée, de
longueur moyenne, et recouvre le corps, le front et une partie des joues. Le fil
est assez grossier. Les béliers portent des cornes enroulées vers l’arrière autour
des oreilles qui sont petites et dressées. Les onglons sont noirs.
La taille des brebis varie de 40 à 46 cm et 43 à 49 cm pour les béliers. Les brebis
pèsent 11 à 16kgs et les béliers 13 à 20 kgs. C’est le plus petit mouton français.
La couleur de la laine varie du beige au noir, et doit être unie. La peau est noire,
unie.
Le standard n’est pas strictement délimité et il semble que de plus en plus
d’individus s’en éloignent par la taille et la couleur. Depuis l’introduction d’autres
races dans l’île on rencontre des individus plus grands et bicolores. Le mouton
d’Ouessant n’est plus menacé de disparition. Mais le mouton noir pure race...
Aptitudes.
Les habitants de l’île ont trouvé en ce petit mouton la viande et la laine dont ils
avaient besoin. Il est rustique et frugal, très bien adapté à cette île de petite
surface balayée par les vents et où la végétation naturelle n’est pas des plus
abondantes. La noire d’Ouessant est peu productive. Elle n’est pas non plus
prolifique et ne donne que très exceptionnellement des jumeaux. Elle peut être
élevée en extérieur toute l’année.
Les îliens plus récents ont aussi trouvé en elle une « tondeuse écologique » peu
délicate d’entretien, ce qui le légitime et fait son succès actuel.
Un élevage semi-communautaire.
Ce petit mouton résiste car il est très apprécié, bien adapté à la vie en plein air
sous ce rude climat.
Sa petitesse est adaptée à une consommation familiale. La saveur de sa viande
est due au pâturage de petit trèfle blanc salé par les embruns. Il n’est cependant
pas ce qu’on appelle un mouton de prés salés.
Son élevage est semi-communautaire. Chaque habitant possède une ou quelques
brebis encochées spécifiquement à l'oreille. Dès les récoltes d'orge et de pois en
lieu sûr, les animaux sont laissés en liberté totale, parcourent l'île en recherchant
nourriture et abri du vent. En mars, les troupeaux sont rassemblés, rendus à
leurs propriétaires et pâturent à la corde au piquet. Les brebis et agneaux non
réclamés sont vendus aux enchères par la commune. La viande est consommée
dans l'île ou vendue à des bouchers de Brest. La laine est en partie filée sur place
et le reste commercialisé. Il n'y a plus de tisserand à Ouessant depuis 1914.
Ce petit mouton a frôlé l'extinction.
En 1852, on dénombrait 6000 moutons sur les 1562 hectares de l'île. En 1970,
510 marques seulement étaient déposées par des propriétaires à la mairie.
En 1950, Portal et Quittet dans "Les races ovines françaises" décrivent cette race
et son élevage. Jusqu'au début du XXe siècle, tous les moutons de l'île étaient
bruns et très petits. Les habitants filaient et tissaient leurs vêtements. Ces tissus
grossiers sur chaîne de lin, dénommés berlinge en Bretagne et droguet ou
futaine sur le continent, étaient de couleur naturelle brune. Vers 1904-1910, on
importa du continent quelques moutons blancs des Monts d'Arrée pour donner du
format à la race presque nanifiée et avoir de la laine blanche que l'on pourrait
teindre, les habitudes vestimentaires évoluant.
Le cheptel îlien s’est alors stabilisé autour de 3 à 4000 individus dont la plupart
sont blancs.
Les moutons bruns sont restés petits et sont sans doute les descendants de la
race primitive.
Documentation « Le Souffle de La Neira ».
Photos internet.
Textes de Jean-Claude Brunelin
et G. Duflos.
2013