26 dieuleveut - Centre Généalogique et Historique du Poher

Transcription

26 dieuleveut - Centre Généalogique et Historique du Poher
Jacques-François DIEULEVEUT
Chirurgien - juré à Carhaix - commis aux rapports
Marie GUEZENNEC
avons appercus l’os coronal fracturé en quatre
dans sa partie supérieure et enfoncé sur la
dure mère, avons vu empemchement de sang
assez considérable sur la dite membranne, les
yeux très livides, le tout néantmoins sans
playe (...) du péricranne, ayant levé les emplastres qui estoit sur l’épaule droite et sur
les vertèbres servicale et dorsale, nous avons
remarqué plusieurs contusions d’une étandue
très considérable, de plus avons appercus à
la partie inférieure externe et un peu postérieure du bras droite une aultre contusion
large d’environ cinq travers de doigts, une
autre contusion à la partie moyenne etexterne
de l’avant-bras gauche d’une étendue d’environ
trois à quatre travers de doigts, une autre
contusion à la 4e et 5e des vrayes cottes du
costé gauche aussi large d’environ quatre
travers de doigts, ayant levé l’ emplatre de la
jambe droite nous avons appercus le tibia rompeu dans la partie moyenne, la dite jambe très
livide dans toutte la partie exterrieure, toutes
lesquelles fractures et contusions nous parraissent avoir esté faits par quelques instruments
lourd et contendant ce qui a causé la mort
dudit Pierre SALOMON, ce que nous certiffions
véritable... »
ADF Brest 2B 783
Loisir dominical : une partie de
billard qui tourne mal.
Médecin et chirurgien au 18e siècle
Procès verbal du 7 juin 1759 :
Jacques-François DIEULEVEUT et Joseph RICHARD, tous deux maîtres en l’art et science de
chirurgie, demeurant à Carhaix, certifient s’être
rendus le 4 juin au village de Sinibic en Mezle,
distant de plus de 3 lieues de Carhaix, à la
requête de Messieurs les juges royaux.
Vincent et Yves LOYER sont accusés d’avoir
assassiné Pierre SALOMON, âgé d’environ 45
ans, dont la mort remonte à environ 3 jours. Ils
font transporter le corps hors de la maison et
procèdent à une “visitte extérieure” du cadavre.
« le coronal et la partie extérieure des pariétaux couverts d’emplatres de térébantine étendue sur du papier - l’omoplate de l’épaule
droite, les vertèbres servical et dorsalle
couvert idem, ayant levé les emplastres de
la teste et fait l’ouverture de la teste, nous
122■ KAIER AR POHER HORS SERIE N° 1
23 octobre 1746 - Me DIEULEVEUT et Me
FLOCH, procureur, disputent une partie de
billard à la Perruque Dauphine. Sur les 4 heures de l'après-midi, arrivent trois autres procureurs du siège qui ne se contentent pas de regarder le jeu en spectateurs impartiaux. Me
DIEULEVEUT vient à l'instant d'annoncer et de
marquer un coup, nullement contesté par son
adversaire ; le sieur LE BOUÉDEC soutient au
contraire que le coup est à l'avantage de son
confrère. Pour mettre un terme au différend, les
joueurs décident de recommencer la partie.
Nouvelle contestation. Encouragé par ses
confrères : - "Est-ce que vous ne pouvez point",
lui disent-ils, "lui f : sur le visage ?" - Me LE
BOUÉDEC passe à l'acte et donne un soufflet à
Me DIEULEVEUT en le traitant de "f : gueux".
Après avoir reçu des coups redoublés sur toutes
les parties du corps, il est appréhendé à brasle-corps par le dit Floch, tandis que les sieurs LE
BOUÉDEC et KERRÈS, armés des instruments
propres à un billard, lui déchargent plusieurs
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coups sur la tête et le visage. Dans la requête
qu'il adresse au Sénéchal, le plaignant ajoute
qu'il a eu son habit tout déchiré et qu'il a essuyé
la perte d'une tabatière en argent couverte de
nacre de perle. De plus, il a l'oeil droit très
offensé, des contusions très considérables, surtout sur la joue droite, des plaies sur le nez, la
tête, la jambe et plusieurs autres parties du
corps.
Et Me DIEULEVEUT de conclure après l'exposé
des faits : "De pareils maltraitements et voies
de fait sont sans doutte condemnables et répréhensibles, nul ne pouvant se faire justice par
soy même estant encorre très odieux et punissables de voir quatres personnes contre un seul
qui ne cherche qu'à toujour estre sur la déffensive pour parer plus grands malheurs. Ce considéré vous plaize Messieurs recevoir la présente
plainte y ayant esgard et permettre au suppliant de fait d'informer d'office des faits y
contenus circonstances et dépandances pour
passé de la ditte et informations estre pronnoncées contre les dits sieurs LE BOUÉDEC, KERRÈS,
KERINGANT et LE FLOCH tels décrets qu'il sera
veu de droit appartenir et sauff au suppliant à
présanter sa requête pour se faire adjuger des
réparations proportionnés aux insultes, et attendu les menaces et le nombre des délinquants
mettre le suppliant sous la sauvegarde du Roy
et de la justice avec deffenses de luy mal faire
ny médire sous les peines qui échéent par despens et tous autres droits actions et prétentions
en général expressément réservés et ferez
justice". - 26 octobre 1746. ADF Brest 2B 776
24 octobre - Jacques-François DIEULEVEUT a
prié deux de ses confrères de le "visitter et
médicamenter". Il gît au lit, malade, non pas
dans sa demeure de la rue des Augustins, mais
chez le sieur Kerhuellan JÉGOU, huissier de la
ville de Carhaix, en raison des menaces proférées par les procureurs.
PROCÈS-VERBAL de Mes LE RÉGUER de la ville
de GOURIN et GOT, docteur-médecin de la
ville de CARHAIX :
"Avons remarqué l'oeil droite exactement fermée avec une équimose et une contution très
considérable non seulement sur touttes la circonférance de l'oeil mais surtout le cotté de la
joue dextre avec une playe sur le née et une
excorriasion au grand angle de l'oeil, luy avons
remarqué une playe avec contution sur les pariétate gauche. De plus luy avons remarqué une
contusion sur la partie moyenne et antérieure
de la jambe gauche avec plusieurs autres
contusions sur la région lombère, pour lesquels
raisons luy avons ordonnée la saingné avec le
repos et le régime convenable, l'oeil étant une
organe étroitement liée avec le serveau qui ne
peut être blessée sans que l'inflamation et la
doulleur ne se communique au serveau ce qui
occasione de longue suitte et de très fâcheux
accidants lesquels ne se peuvent médicamenter
que par un long et annigeu (ennuyeux) traitteADF Brest 2B 776
ment...".
26 octobre - Dépositions des témoins Magdelaine LE GUERNIC 30 ans épouse de
Liber GENS, débitant de vin et cidre
Yves-Liber GENS
12 ans son fils
François LE CERFF
40 ans garçon chapelier.
Magdelaine LE GUERNIC porte une cape, elle
est coiffée en bourgeoise. S'exprimant en français, elle commence par se déclarer créancière
des procureurs, depuis environ cinq mois, pour
leur écot et dépenses. Mes Honnorat LE BOUÉDEC et Pierre-Armand FLOCH lui doivent l'un et
l'autre six francs, Louis LE CLERC 12 francs,
Pierre KERINGANT 6 francs 18 sols ; seul ce
dernier lui a remis un billet.
Ce dimanche-là elle se trouvait dans sa cuisine,
environ les 6 heures du soir, quand son fils vint
lui dire de monter dans la chambre du billard.
Avec l'aide de la déposante, le sieur DIEULEVEUT se débarrassa des procureurs en train de
le battre puis il se saisit d'une masse de billard
pour les frapper. Comme elle voulait l'en empêcher, il la repoussa si rudement qu'elle tomba
par terre. Elle le vit se dépouiller de ses habits,
les reprendre à l'instant, et tous sortirent du
billard et de la maison.
Yves-Liber GENS parle et entend le français. LE
FLOCH et DIEULEVEUT lui firent monter de chez
sa mère du vin qu'ils jouèrent au billard. Quand
il entendit les vêpres sonner, il les avertit et ne
revint qu'après l'office religieux. Il fut témoin de
la dispute qui s'éleva entre les joueurs et les
procureurs, une heure plus tard. Il appela sa
mère lorsqu'il vit le chirurgien blessé au nez ;
avant de reprendre son habit, ce dernier fit fuir
trois des procureurs, réussit à saisir au collet LE
FLOCH qu'il jeta par terre, sans cependant le
frapper ni lui faire mal.
François LE CERFF dépose en langue bretonne,
assisté d'un interprète. Le garçon chapelier était
venu chez l'aubergiste voir jouer au billard. Il
confirme que les joueurs se mirent d'accord
pour annuler un coup au sujet duquel il y avait
désaccord ; nouvelle contestation à propos du
coup remis en jeu. Les procureurs ayant décidé
en faveur de leur confrère, "sur cela noise se
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Activité annexe : entrepreneur de
travaux publics.
EN HAUT
Cahier des charges pour
l’aménagement de la place du
Champ de Bataille en 1760.
CI-DESSUS
L’entrée du Champ de Bataille
dans la première moitié du 20e
siècle.
leva entre eux tous". La suite des faits est
connue, si ce n'est que le témoin assure avoir
dégagé LE FLOCH, maintenu à terre par le
sieur DIEULEVEUT, pourtant sérieusement blessé.
Tout en confirmant pour l'essentiel le récit de la
victime, chacun de ces témoins oculaires apporte des précisions qui ne sont pas dénuées
d'intérêt.
124■ KAIER AR POHER HORS SERIE N° 1
En 1760, la Communauté de Carhaix a décidé
de doter la ville de plusieurs ouvrages utiles qui
doivent contribuer en même temps à son agrément et embellissement : maçonnerie, terrasse,
barrières de bois, plantations d'arbres, banc de
pierre de taille et pavé. Le projet le plus ambitieux consiste à former au centre de la cité une
très grande et belle place, un Champ de bataille ou Place d'Armes, qui servira également
de promenade publique.
En second lieu, la Communauté envisage de
faire creuser un puits au milieu de la place
nommée la Place aux Charbons et qui sert
journellement de marché au blé. Enfin il est
urgent et nécessaire de paver le chemin ou
montagne conduisant à une fontaine nommée
de la Magdelaine, la seule qui fournit de l'eau
bonne à boire dans toute la ville. Les chemins
d'accès en sont impraticables et très dangereux. Le sieur Jacques DIEULEVEUT emporte
l'adjudication des travaux. Il habite rue des
Augustins une maison à étage ; le cabinet du
rez-de-chaussée s'ouvre sur une cour qui donne
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précisément sur l'entrée du futur Champ de
bataille. Cette place à peu près carrée - 48
toises de longueur sur 47 de largeur - sera
fermée par une barrière de bois sur tout son
pourtour. Pilastres et portes à claire-voie de 4
pieds 1/2 de hauteur sont à prévoir pour l'entrée.
L'adjudication faite à Carhaix le 16 février
1761 est approuvée et confirmée par ordonnance de Monseigneur LE BRET, intendant de la
Province de Bretagne le 2 mars. A mesure de
l'avancement des ouvrages et sur délibérations
de la Communauté, il paiera le prix de l'adjudication, sauf la retenue du sixième jusqu'à la
réception définitive, et à la charge de fournir
par le dit entrepreneur "bonne et suffisante
caution pour la sûreté et l'indemnité de la
Communauté et l'entière exécution des clauses
et conditions de l'adjudication".
Le cautionnement est signé au greffe de Carhaix le 7 mars 1761. Le sieur Jacques DIEULEVEUT a proposé "la personne et biens de Maî-
tre Claude-Jean-Marie SAUVAGE, avocat au
Parlement, dont la solvabilité a été reconnue
par Monsieur de la ROBINIÈRE, conseiller du
Roi, maire de la ville et Communauté de Carhaix". Sur la minute signent J. Dieuleveut et
Sauvage avocat pour leurs respects, le maire
pour la Communauté, Tréveret et Pourcelet,
commissaire et adjoint, et Desjars greffier.
Dénombrement de 1678.
"La confection du papier terrier et la réformation des domaines de BRETAGNE sont ordonnées par arrêt du Conseil d'Etat et lettres patentes du 19è mars 1678, données au camp
devant Ypres". Le Sénéchal de Carhaix porte
très rapidement les décisions royales à la
connaissance des habitants de la ville ; il fait
lire ses ordonnances aux prônes des grandmesses, et dès le 24 août, Me Pierre DIEULEVEUT, demeurant au village de Querdrenhouarn en la paroisse de GOURIN, et sa soeur
Marie, veuve de Me Allain GLOAGUEN, en la
ville de CARHAIX, rendent aveu au Roi. Les
Archives départementales du Finistère possède
une copie de ces déclarations réalisée au 18e
siècle et d'une lecture aisée. (Série A. Domaine
royal).
La maison qu'ils ont en partie héritée de leurs
père et mère, autre Me Pierre DIEULEVEUT et
Perrine BRIDIEN, est située sur le martray (Place
du marché), en face du bout de la halle proche
la chapelle St-Pierre, au coin et à l'entrée de la
rue de la Moutarde ; elle est longue intérieurement de 25 pieds et large, murs compris, de 23
pieds, compris également ses boutiques ; une
petite cour, une écurie et une forme d'appentis
la prolongent du côté nord.
Ils en ont acquis une autre partie de Guillaume
DIEULEVEUT, frère de Pierre (lien attesté au
décès de Renée du BOTHON, près de la place
aux Charbons). Quant à Louise, épouse de Me
JEAN, elle est vraisemblablement leur soeur.
Marie GUEZENNEC
Ascendance de
Jacques-François DIEULEVEUT
baptisé à Gourin le 10 mars 1718
Pierre DIEULEVEUT
x Perrine BRIDIEN
Louise
Guillaume
Pierre
Marie
x Maître JEAN
x Renée du BOTHON
x Marie DANIEL
x Allain GLOAGUEN
Thomas
x Marguerite BANNIER
Noël
x Françoise Marie Anne DU PONT
Jacques François
x Marie Anne LE FORT
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Descendance de
Jacques-François DIEULEVEUT
De son fils François-Marie né à Carhaix en
1749 descend en ligne directe Hugues de
DIEULEVEULT qui raconte le parcours aventureux de son frère dans :
Philippe de DIEULEVEULT
et le POHER
"J'appartiens à une ancienne famille bretonne,
catholique, attachée aux traditions et respectueuse des valeurs morales qui aujourd'hui peuvent paraître démodées : la courtoisie, le respect, la franchise, la loyauté, l'amour-propre,
l'effort, le travail, l'économie (l'horreur du gaspillage), l'obéissance". C'est ainsi que s'exprime
Philippe de Dieuleveult dans le livre qu'il écrivit
en 1984 J'ai du ciel bleu dans mon passeport,
paru chez Grasset.
Très attaché à son ascendance bretonne et à la
terre de Bretagne, Philippe naquit à Versailles
le 4 juillet 1951, de Marc de Dieuleveult et de
Jeanne Thomé : il arrivait au monde après 7
autres garçons, dont le cinquième n'avait vécu
que six semaines. Ce détail n'est pas tout à fait
sans importance : en effet dans ma famille était
répandue l'idée que lorsque 7 garçons ou plus
naissent successivement, le septième, dit "le
Marcou", possède un don particulier. Mais qui
était le septième ? Eric, venu après Yves, Jacques, Guy, Jean, Patrick et Hugues, ou Philippe,
puisque Patrick n'était plus en vie... ? La question ne fut jamais tranchée à moins que le goût
de l'aventure et la notoriété ne soient considérés comme un don...
Toujours est-il que Philippe entama un cursus
scolaire qui fut honnête sans être remarquable.
Après ses classes primaires à Viroflay, où nos
parents s'étaient installés en Décembre 1955, il
fit ses études secondaires au lycée Hoche de
Versailles, comme la plupart d'entre nous, mais
les années passant il ne manifestait pas une
passion effrénée pour les exercices de l'esprit !
Dès son plus jeune âge en effet Philippe avait
fait preuve d'une vitalité et d'un tempérament
sportif très développés qui le poussaient à
préférer le physique à l'intellect. Vers l'âge de
10 ans il évoquait l'idée d'être missionnaire en
Afrique... déjà l'Afrique ! Scout après avoir été
louveteau, il avait trouvé dans ce mouvement un
début d'accomplissement à son besoin d'aventure. En 1971, après avoir passé son bac, sans
même attendre les résultats, il partit pour 3
mois avec un ami accomplir un raid au travers
du Sahara et en Afrique de l'Ouest, par les
pistes du Tanezrouft et de Mauritanie et réaliser ainsi enfin son rêve. L'intérêt très relatif qu'il
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avait porté à ses études au cours des 3 années
précédentes, pendant lesquelles il avait surtout
préparé son raid africain, se traduisit par un
échec au bac !
Nos parents qui souhaitaient le voir effectuer un
minimum d'études supérieures et posséder un
"vrai métier" en main, l'inscrivirent à l'Ecole des
Travaux Publics de Paris pour y préparer un
diplôme de conducteur de travaux, qu'il obtint
après s'être auparavant présenté en candidat
libre au bac section C avec succès et avoir
effectué son service militaire au 1er R.C.P. à Pau
d'où il sortit officier de réserve et instructeur
parachutiste.
En 1973, puis en 1974, il était à nouveau parti
pour le Sahara, plongeant un peu plus à chaque fois au coeur de cette aventure qui l'attirait
tant et qui lui permit de traverser le Ténéré,
hors piste, avec un véhicule expérimental à 3
roues conçu pour la circonstance. Au troisième
raid parmi ses 3 coéquipiers figurait une amie,
Diane de Torquat, qu'il allait épouser le 28 mai
1977 et avec laquelle il eut 3 enfants dont les
prénoms traduisent son attachement à la terre
bretonne : Erwann, Tugdual et Anaïd (née quelques jours après sa disparition).
Entre-temps, n'ayant aucune attirance pour la
vie professionnelle classique, Philippe avait,
pour subvenir à ses besoins, occupé mille et un
emplois, ou presque... : livreur de paquetscadeau, vendeur sur les marchés versaillais,
agent de trains voyageurs, valet de chambre,
peintre en bâtiment, surveillant d'études dans
un lycée, colleur d'affiches, Père Noël, etc.. A la
même période, attiré par l'idée d'une carrière
de comédien, il suivit le cours d'art dramatique
de René Simon.
En 1976, après 6 mois de bénévolat à la
Guilde Européenne du Raid et divers reportages photographiques, il participa à la mission
Mercure, dont le but était de collecter des médicaments et de les transporter par voie routière jusqu'à Beyrouth, où sévissait une douloureuse guerre fratricide. Plus tard, à maintes
occasions, Philippe partira dans des régions
meurtries par les combats pour en rapporter un
témoignage filmé, afin d'attirer l'attention du
monde et d'aider à la prise de conscience des
responsables politiques.
La chance de sa vie, celle où il put enfin rejoindre l'idéal d'aventure conçu et contenu depuis
l'enfance, fut sa participation en 1977-1978 à
la Course autour du monde organisée par Antenne 2. En s'inscrivant à ce concours il expliquait ainsi ses motivations : "La Course autour
du monde est un jeu ? Je veux bien jouer ! Et si
je joue, je jouerai à fond ! Pour moi la vie c'est
l'action, et pour cela il faut être prêt avant
même que le soleil se lève et foncer vers lui, en
cueillant tout ce qu'il vous offre. Mais il se lève
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sur tous les points du globe. Alors je veux y être
pour voir ce qui s'y passe... Je crois en mon
caractère, celui d'un garçon qui veut vibrer et
en vibrant faire vibrer les autres. Pour cela il
me faut partir pour mieux sentir la vie. J'ai 26
ans et je reste persuadé que la chance après
laquelle je cours (sans m'essouffler) me sourira
pour me lancer dans la voie qui est réellement
la mienne : Partir et revenir pour raconter.".
Durant 4 mois, il parcourut le globe terrestre et
envoyait chaque semaine à Paris, comme les 5
autres candidats, un sujet filmé et commenté : il
fut classé troisième et obtint la coupe de la
meilleure interview. A l'issue de ce périple, au
cours duquel il manifesta sa vocation de messager des pulsions, des beautés, des tragédies et
des tristesses du monde, il avait trouvé sa profession : "journaliste d'images" et devint pigiste
aux actualités télévisées d'Antenne 2. Dès lors,
pour la télévision d'une part, et pour des organismes tels que Médecins du Monde d'autre
part, il réalisa plusieurs reportages qui le
conduisirent au Tchad, en Thaïlande, au Cambodge, au Kurdistan, etc.
En octobre 1980, Philippe de Dieuleveult occupa un nouveau rôle qui allait le faire connaître à travers la France et les pays francophones. Choisi par Jacques Antoine pour être le
reporter-animateur de sa nouvelle émission
télévisée La Chasse au Trésor, Philippe avait
rendez-vous chaque semaine avec les téléspectateurs et pendant 4 années il allait leur faire
partager son goût de l'aventure et les faire
voyager à travers les cinq continents.
Parallèlement à La Chasse au Trésor, il poursuivit son activité indépendante avec des grands
reportages, des conférences et même un disque!
En 1984 il publia J'ai du ciel bleu dans mon
passeport, livre de souvenirs. Le besoin d'aller
toujours plus loin le poussa à organiser avec
quelques amis et autres aventuriers une descente du fleuve Zaïre, un des cours d'eau les
plus longs d'Afrique... toujours l'Afrique... L'Africa raft fut sa dernière aventure : avec les 7
compagnons qui participaient encore à l'expédition, il disparut le 6 août 1985, après avoir
franchi le barrage d'Inga, non loin de l'embouchure, alors qu'ils atteignaient pratiquement le
terme de leur périple.
Et le Poher dans tout cela ? Quel rapport ?
Aucun avec l'Afrique, mais un lien lointain avec
Philippe puisque ses ancêtres paternels aux 17e
et 18e siècles étaient établis entre Carhaix et
Gourin. En effet, c'est dans le Poher qu'apparaissent pour la première fois des Dieuleveu(l)t
en Bretagne : ce nom "aurait" figuré sur des
arrière-bans convoqués à Carhaix vers 1586
(ceci reste à prouver...), quelques années plus
tard, vers 1620, on rencontre un FrançoisJacques Dieuleveult moine à l'abbaye de Langonnet (cité par le père Albert David dans son
ouvrage Notre-Dame de Langonnet paru en
1936), Marin Dieuleveut, sieur de Kermenez,
sénéchal de la même abbaye, décédé à Tréogan en 1677, âgé d'"environ octante à nonante" et Thomas Dieuleveut "avocat à la cour".
Il semble qu'ils soient arrivés de Normandie, de
la région de Couterne plus précisément, du fait
des guerres de religion, mais ceci est une autre
aventure que le Centre Généalogique du Poher, et Mademoiselle Guézennec en particulier,
nous aidera peut-être à reconstituer.
Hugues de DIEULEVEULT
Adhérent CGHP n° 18.
Malgré les recherches, rien ne permit d'éclaircir
les faits et il fut officiellement conclu à la
disparition des membres de l'Africa raft par
noyade... Etrange tout de même qu'aucun des
corps n'ait été retrouvé et que les autorités
officielles aient tenté de faire reconnaître par
la famille de Philippe un corps qui n'était pas le
sien... Cette disparition sur laquelle plane un
mystère est digne d'un aventurier, et n'était-ce
pas l'aventure à laquelle Philippe avait toujours
aspiré !
KAIER AR POHER HORS SERIE N° 1
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Philippe de Dieuleveut lors d’un
tournage de l’émission télévisée
La chasse au trésor.