ÊTRE VÉGÉTARIEN par Swami CHINMAYANANDA Dans un

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ÊTRE VÉGÉTARIEN par Swami CHINMAYANANDA Dans un
ÊTRE VÉGÉTARIEN par Swami CHINMAYANANDA
Dans un ouvrage intitulé « On wings and wheels », Swami Chinmayananda répond aux questions d'Anjali Singh qui l'a
souvent accompagné dans ses voyages en Inde et à l'étranger. Ces interviews ont d'ailleurs souvent eu lieu dans
l'avion, en voiture ou en train, d'où le titre du livre. (« Dans les airs et sur les routes » - CCMT, 1991 )... Il y aborde de
nombreux aspects de notre vie quotidienne qui touchent de près l'éthique. L'un des thèmes est la nourriture : y-a-t-il
une nourriture à conseiller du point de vue de la santé, et du point de vue moral ou spirituel ?
Q : Quelle nourriture conseillez-vous ? Pourquoi l'alimentation végétarienne est-elle une tradition en Inde ?
R : Nous sommes obligés de manger, et il n'y a que quatre types d'aliments possibles : les pierres, les plantes, les
animaux,...et les humains. Hélas, nous ne pouvons manger de pierres. Nous tuons des humains, mais nous n'avons
pas l'habitude de les manger.....
Il ne nous reste donc que les plantes et les animaux. A l'époque védique, les Indiens mangeaient de la viande, et ce
n'est que plus tard que le végétarisme s'est développé en système.
Si on compare les types d'aliments, il nous faut bien constater que les légumes se dégradent moins vite que la
viande, qu'au bout de 48 heures, ils semblent encore frais, alors que la viande a un aspect répugnant si on ne l'a pas
mise au frigo.
Et la viande se digère beaucoup plus lentement que les fruits et légumes : plus les aliments restent dans le corps,
plus ils dégagent de toxines. C'est pourquoi en général l'homme ne mange que des animaux herbivores. La viande de
carnivores, pleine de toxines, est un poison pour l’homme.
Q : Comment la nourriture agit-elle sur l'esprit ?
R : Il y a un lien direct entre d'une part notre nourriture et d'autre part les pensées et les actions qui émanent de
nous. Les toxines produites par la nourriture sont sources de perturbations mentales, et c'est vrai aussi pour l'alcool.
Ce sont des obstacles à la méditation et c'est pourquoi les Rishis (sages) se nourrissaient de fruits, de feuilles, de
racines et d'eau. Ceux qui ont une alimentation très toxique ont beaucoup de mal à contrôler l'agitation de leurs
pensées.
Q : Pourquoi les occidentaux, pour la plupart non-végétariens, sont en meilleure santé ?
R : Dire que les végétariens sont forcément en moins bonne santé est faux. Chez les animaux, le chameau est plein
d'énergie, l'éléphant est immense et très fort, les chevaux sont vifs et superbes…Il est stupide de dire que de se
nourrir de cadavres soit la meilleure façon de vivre ! Les idées évoluent à ce propos. Des études ont montré la
quantité de terres qu'il faut pour nourrir le bé-tail, autant de terres qui pourraient être utilisées pour produire de la
nourriture, et nourrir plus d'hommes. On sait aussi qu'il n'est pas né-cessaire de manger beaucoup de viande pour
avoir de l'énergie, et que les protéines végétales sont mieux assimilées que les protéines animales. Certains grands
penseurs et scientifiques ont ainsi considéré que la nourriture végétarienne était la meilleure : c'est le cas d'Einstein,
et de Bernard Shaw, tous deux purs végétariens. Jésus se nourrit de pain et d'eau quand il se retira dans le désert. Ce
type de nourriture est propice à la méditation, et bien équilibrée, elle est bonne pour la santé.
Mais n'allez pas croire que manger végétarien change le caractère d'un individu. Il faut raisonner en sens inverse : le
caractère détermine le type de nourriture que l'on aime.
Q : Est-ce que les goûts en matière de nourriture apportent des indications sur le caractère ?
R : Quand votre esprit est dominé par rajas (la passion), ou tamas (l'inertie, l'indolence), vos goûts en matière de
nourriture vont le révéler clairement, comme le tableau de bord de votre voiture indique l'état du moteur ! Le
chapitre 17 de la Bhagavad Gîtâ explique en détail les goûts alimentaires des individus dominés par rajas, tamas et
sattva. Ce sont les tendances profondes de notre personnalité qui nous font aimer tels ou tels aliments. Ce n'est
donc pas parce que vous vous mettrez soudain à manger une pure nourriture végétarienne que vous ne commettrez
aucun acte violent de toute votre vie.
Q : Donc, vous ne conseillez pas de devenir végétarien avant d'en avoir vraiment envie ?
R : Non. On peut bien sûr inciter quelqu'un à découvrir la nourriture végétarienne : cette personne va peut-être
découvrir que cette nourriture lui convient et par la suite l'adopter progressivement, par inclinaison personnelle. Et
puis son esprit devenu plus sensible, peut aussi se réjouir du fait qu'un être vivant n'a pas été privé de vie dans le
seul but de satisfaire ce morceau minuscule de chair qu'est la langue.
Q : Mais les plantes ont aussi une vie.
R : Oui, mais les animaux sont plus évolués, il faut donc les épargner. Notre souci doit être de causer le moins de mal
possible autour de nous. Bien sûr, quand nous mangeons des plantes, nous leur nuisons. Mais comment faire
autrement, si nous voulons survivre ? C'est pourquoi avant de manger, nous avons l'habitude de prier : « Seigneur !
J'éprouve de la gratitude envers cette nourriture. Elle résulte d'un sacrifice destiné à assurer ma survie. Puisse ce
sacrifice n’être pas inutile ! » En d'autres termes, il est de ma responsabilité que ce sacrifice soit justifié par les
efforts que je ferai pour devenir un être humain noble. Sinon, quelle perte !
"Les aliments qui accroissent l'énergie vitale, la pureté, la force, la santé, la joie, l'appétit, qui sont savoureux,
oléagineux, nourrissants et agréables, sont appréciés des êtres sattviques (purs)".
Bhagavad Gîta, Chapitre 17, Verset 8
Quelques conseils pour une nourriture végétarienne équilibrée
Les nutritionnistes reconnaissent qu'il est possible d'avoir une alimentation équilibrée en ne consommant que des
végétaux et des produits laitiers. Le soja par exemple est plus riche en protéines que le bifteck (37) par 100 grammes
d'aliments pour le soja et 28 pour le bifteck). Mais il est essentiel de se livrer à des combinaisons alimentaires pour
absorber les acides aminés nécessaires (certains acides aminés essentiels ne se trouvant pas dans tous les végétaux).
Notons aussi que certains fruits secs contiennent des protéines (ex : les amandes).
Il faut ainsi consommer à chaque repas des céréales (en variant ces dernières : blé, riz, millet, sarrasin etc..., et en les
choisissant complètes et de culture biologique), des légumes crus et cuits, des légumineuses (lentilles, petits pois,
flageolets, haricots rouges, pois chiches ...) ou du soja pour l'apport protéinique, du fromage ou des yaourts
(protéines et calcium). Les fruits se consomment entre les repas (manger des aliments sucrés à la fin du repas n'est
pas conseillé, car ce n'est pas favorable à la digestion des aliments).
Il faut aussi veiller à l'apport en vitamines et oligo-éléments. La variété des aliments est à cet égard essentielle.
Le mode de cuisson est également important (attention aux fritures, aux cuissons trop longues), de même que la
matière dont sont faites casseroles et mannites. Il faut de plus être vigilant quant à la qualité des ingrédients utilisés
pour la cuisine : les huiles de première pression à froid sont fortement recommandées, ainsi que le sel non raffiné ;
les légumes et les fruits doivent être frais, de préférence de culture biologique.
Enfin, il faut éviter les excès, mastiquer les aliments, manger calmement, dans une atmosphère sereine.