La séquence Lire une nouvelle réaliste
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La séquence Lire une nouvelle réaliste
Lire une nouvelle Le genre de la nouvelle comme forme du récit réaliste Marc Fesneau, Lycée Gustave Eiffel, Armentières Niveau : 2nde Objet d'étude, thème du programme : Réalisme et naturalisme Objectifs généraux du projet : • repérer ce qui caractérise le genre de la nouvelle, à partir de la confrontation de nouveaux textes avec le récit étudié dans la toute première séance de l’année, Aux champs ( On peut lire utilement dans Le projet pédagogique en français , de Descotes, Jean Jordy et G. Langlade in Bertrand Lacoste, le chapitre intitulé « Pour un contrat de lecture », consacré à l’étude de la nouvelle « Aux Champs ».) • les caractéristiques de l’écriture réaliste. • les registres pathétique, comique LECTURE CULTURE HUMANISTE / HISTOIRE Prolongement en histoire des arts : le réalisme dans l'art DES ARTS TYPES D'ÉCRITS TRAVAILLÉS ORAL Écriture fonctionnelle : noter ses impressions de lecture ; identifier des caractéristiques génériques Écriture de commentaire Ecriture d'invention : imaginer la chute d'une nouvelle Soutenir oralement sa proposition de lecture Débattre sur la meilleure chute Supports : Guy de Maupassant : Pierrot, Boitelle, La mère Sauvage, La Rempailleuse, Villiers l’Isle Adam : A s’y méprendre Zoom sur la démarche pour : Diagnostiquer les compétences de lecture en Seconde (en bleu dans le déroulement) Déroulement et évaluations : Séance 1. Lecture de la nouvelle « Pierrot » de Guy de Maupassant http://fr.wikisource.org/wiki/Pierrot_(Contes_de_la_bécasse) DIAGNOSTIC 1 . objectifs : Objectifs de l’évaluation diagnostic : •faire une évaluation-diagnostic à partir de la lecture de cette nouvelle afin de mesurer en fin de séquence, sur un texte de difficulté équivalente, les capacités de lecture de l’élève, ses difficultés •vérifier ainsi si des transferts ont été opérés, si les outils donnés lors de la lecture de cette nouvelle, afin d’en dégager la signification et initier à la méthode du commentaire, ont bien été réutilisés Première lecture : Étape 1. lecture magistrale de la nouvelle de Maupassant, Pierrot. Étape 2. Sur papier libre répondre à ces deux questions : •a. Que pensez-vous de cette histoire ? quelles remarques de tout ordre vous viennent à l’esprit après l’avoir lue ? •b. Toute histoire parle de nous et du monde... Que nous apprend celle-ci selon vous ? Le recueil des impressions de lecture, à partir de deux questions ouvertes : « quelles remarques... ? Que vous apprend cette histoire ? » est une étape essentielle puisqu’elle prend en compte le ressenti de l’élève, ses affects, voire ses réactions de rejet. Le professeur exploite les réponses des élèves (cf Annexe 1, A) pour poser le diagnostic (cf Annexe 1, B) qui fait apparaître ce que les élèves trouvent par eux-mêmes lors d’une première approche. Classement des compétences présentes dans les réponses des élèves On remarque que les hypothèses de lecture ont mobilisé chez les élèves des savoirs narratologiques et des compétences à comprendre le monde et ses valeurs et à les contextualiser , compétences « encyclopédiques », sans lesquelles, selon Eco, le texte ne saurait être compris. Ils ont été orientés sans le savoir par la lecture précédente de Aux champs où le professeur les a guidés par des entrées dans le texte et des « outils » qui leur ont permis de vérifier ces hypothèses afin de construire progressivement le sens de la nouvelle. Capacités qui permettent de classer les réponses des élèves, de dégager leur degré d’expertise de lecture et de repérer les bons et les moins bons lecteurs, ceux qui d’emblée proposent une interprétation, ceux qui se contentent de raconter et ceux qui ne comprennent pas le texte. • des compétences de compréhension et de reformulation : certains élèves ont résumé la nouvelle • des compétences à comprendre le monde et ses valeurs, à les contextualiser, sont requises pour lire : • psychologiques : l’élève a identifié l’avarice de Mme Lefèvre : « Maupassant fait le portrait d’une avare » • historiques et sociales : « L’argent joue un grand rôle à cette époque » • des compétences narratologiques . Les élèves voient que l’argent est la force agissante principale de l’histoire. Le schéma actanciel permet de faire apparaître la force de l’argent dans la nouvelle. Quant à l’étude de la structure , elle souligne aussi ce rôle. A trois reprises, Mme Lefèvre ne peut agir à cause de son avarice. • des compétences linguistiques et stylistiques : quelle est la sensibilité de l’élève aux effets recherchés par l’auteur ? : une sensibilité au pathétique de la nouvelle ou à certains aspects comiques. (L’effet produit par le texte sur l’élève lui permet de repérer le registre qu’il déploie). Si le pathétique est perçu, les élèves n’ont pas repéré spontanément le comique, seul le retour sur l’incipit (cf document joint : incipit.ppt) rend possible ce repérage, à travers l’ironie de Maupassant. Dès lors, le professeur amène ses élèves à relire le texte en recourant à sa connaissance de la grammaire de phrase et du lexique . • la capacité à donner un sens de la nouvelle, à percevoir la leçon qu’elle donne (sa fonction d’apologue) . La nouvelle est « une histoire dont on peut tirer une leçon. Daniel Grojnowski in Lire la nouvelle, Editions Dunod Les leçons que les élèves tirent de la nouvelle à travers leurs réponses : •- il faut réfléchir avant d’agir, •- les plus forts triomphent des plus faibles, •- l’argent fait le malheur des hommes etc. •- Il faut donner des droits à l’animal. (rappelons que cette nouvelle est à l’origine de la SPA). C'est Guy de Maupassant qui, le 2 juin 1881 dans le journal Le Gaulois, (Histoire d’un chien, http://fr.wikisource.org/wiki/Histoire_d'un_chien) publiait l'appel de la SPA pour créer un «asile pour les bêtes» : «Ce serait là une espèce d'hospice où les pauvres chiens sans maître trouveraient la nourriture et l'abri.» Séance 2. Réalisée en module dans un groupe à effectifs réduits - Étape 3 La synthèse proposée dégage des recoupements qui permettent d’amener les élèves au constat que toutes ces entrées débouchent sur les mêmes conclusions et prépare ainsi à l’exercice codifié du commentaire. Les élèves répartis en groupes valident ou non les réponses faites et choisissent celles qui leur semblent pertinentes en en retenant quatre à six. Ils éliminent celles qui leur semblent témoigner d’une mauvaise compréhension du texte : voir Annexe 2 Seconde lecture. Séance 3 - Étape 4 : Parmi les entrées retenues, en choisir une et la justifier par un plan ramifié. Les élèves justifient en groupe leurs remarques et construisent sur transparent un plan ramifié, en arborescence, selon le schéma, idée, argument et/procédé, citation, analyse de l’effet produit. Ils s’aident des outils dévoilés par l’étude de Aux champs Idées à justifier Une histoire réaliste l’argent joue un grand rôle une histoire émouvante Maupassant fait le portrait d’une avare Outils Observation du style Forces agissantes structure sociologie Les registres syntaxe structure Psychologie structure Séance 4 - Étape 5 : Soutenir oralement sa proposition de lecture Entraînement à L’ORAL : Prises de paroles des secrétaires des groupes qui justifient leurs remarques Séance 5 A partir de ces remarques, on tente une première définition de la nouvelle : un récit court, des personnages typés, l’exemplum d’une thèse, une structure efficace. Un autre élève évoque la chute. Où est la chute dans « Pierrot » ? Retour sur l’incipit : la clé du texte ? Lecture analytique la première phrase. Séance 6 - Lecture de la nouvelle « Boitelle » http://fr.wikisource.org/wiki/Boitelle objectif : •développer les capacités de lecture autonome •transférer / préciser l’identification du genre narratif particulier de la nouvelle : la nouvelle, un récit efficace dans ses types, sa structure, sa leçon Lecture de la nouvelle, hypothèses de lecture seconde heure: travail en groupe ; chaque élève choisit une hypothèse de lecture parmi celles énoncées et la vérifie : les hypothèses suivantes sont vérifiées : Boitelle est une nouvelle comique, Boitelle est une nouvelle pathétique, Boitelle est une nouvelle réaliste, Boitelle est une nouvelle à la fois comique et pathétique. mutualisation des travaux par l’oral , retour sur l’organisation des plans Travail d’écriture : justifier son point de vue en rédigeant le plan Évaluation formative écrite : En quoi peut-on trouver des caractéristiques communes entre les trois nouvelles étudiées, « Aux champs », « Pierrot », « Boitelle » ? Il s’agit ici de conforter des compétences de lecture chez l’élève par la reconnaissance des lois d’un même genre. (cf. Karl Canvat : Enseigner la littérature par les genres, Editions De Boeck. ) DIAGNOSTIC 2 : cf Annexe 3 Séances 7 et 8 : Écoute de la nouvelle « La mère Sauvage » de Maupassant ; concours d'écriture de la meilleure fin lue par Robin Renucci ; Editions Gallimard , 2004 Objectifs : cohérence et efficacité du récit : la notion de chute dans la nouvelle Démarche : écrire pour lire, confronter l’élève au problème de l’écriture pour le placer dans une démarche réflexive. première heure : Arrêt avant la fin : imaginez la suite par écrit seconde heure : Lecture des fins imaginées par les élèves : Constitution d’un jury de fins de nouvelles Objectif : mettre en débat la fin de la nouvelle, se demander à quoi sert une fin et prendre conscience de son rôle dans une histoire. Étape 1 Chaque groupe reçoit quatre fins et choisit la meilleure et vient la lire à la classe Comment la nouvelle ne peut-elle que finir ? - une issue merveilleuse est-elle possible ? un changement de registre est–il possible ? Étape 2. Chaque groupe vient lire la fin choisie. Étape 3. Election de la meilleure fin. Pourquoi a –t-elle été choisie ? Étape 4 : Évaluation formative par écrit : •Quelle fin de nouvelle préférez-vous et pourquoi ? •Qu’est-ce qui fait que la fin d’une nouvelle est réussie ? Étape 5 - écoute de la fin de la nouvelle Séance 9. la fonction d’apologue de la nouvelle première heure : • retour sur la fonction du récit encadré : la fonction d’apologue ou de fable, relecture d’un passage argumentatif de la nouvelle où Maupassant se montre contre la guerre, • une structure sourde : relecture de trois extraits pour saisir ce qui fait l’unité de la nouvelle : le corps coupé en deux : du fils, du lapin, de la mère Séance 10 - Lecture analytique de « A s’y méprendre » de Villiers l’Isle Adam, in Contes cruels http://fr.wikisource.org/wiki/À s’y méprendre Lecture du professeur : les élèves n’ont pas le texte Hypothèses de lecture formulées par la classe : un texte bizarre, étrange, morbide, un texte qui se répète, qui tourne en rond Seconde heure : Retour sur le texte pour s’interroger sur tout ce qui donne un aspect étrange (décor, contamination du décor sur l’âme etc., interrogation sur les deux lieux, découvrir enfin la leçon humaniste de la nouvelle ) Séance 11 - Évaluation finale des capacités de lecture autonome : DIAGNOSTIC 3 : cf Annexe 4 Audition de la Rempailleuse par Robin Renucci Notez toutes les remarques qui vous semblent utiles Bilan de la réception, après lecture de quelques nouvelles : la lecture est-elle plus fine ? quels outils ont-ils été utilisés par les élèves pour faire leurs remarques ? Une autre nouvelle apologue ? Séance 12 - Au CDI Choix de nouvelles à lire en lectures cursives, aide à la recherche sur BCDI Trois nouvelles sont à lire pour la rentrée. Elles seront exploitées en classe par une évaluation et des prises de parole à l’oral, sous forme de table ronde Évaluation de la séquence Prénom et Nom SECONDE Lire une nouvelle Auteur et titre de la nouvelle lue : 1. Qu’est ce qui vous fait dire que le texte que vous avez lu appartient bien au genre de la nouvelle ? / 6 points Pour répondre à cette question, souvenez-vous des caractéristiques de la nouvelle tels qu’ils ont été dégagés lors de l’étude des nouvelles de Maupassant et des autres nouvelles. 2. Quelle est selon vous l’intention de l’auteur lorsqu’il écrit cette nouvelle ? A-t-elle valeur d’apologue comme dans Boitelle ? Si oui, au service de quelle thèse a-t-elle été écrite ? / 4 points 3. Quelle(s) remarque(s) de tout ordre feriez-vous sur cette nouvelle ? Développez-la. 4 points 4. Vous avez aimé cette nouvelle, ou vous l’avez préférée aux autres. Rédiger un paragraphe, disant pourquoi . Vous donnerez au moins deux arguments que vous développerez par des exemples. ( Avant de rédiger, pensez à construire un plan). / 2 points OU vous n’avez pas aimé cette nouvelle, dites pourquoi selon la même méthode. / 6 points Conclusion Transfert et remédiation : Dans la suite de la séquence, après le premier diagnostic, l’étude de plusieurs nouvelles permet aisément de favoriser le transfert des outils de lecture (attention portée à la structure, aux registres, au style...) Évaluation des acquis : L’aptitude à transférer les compétences acquises peut être travaillée d’une nouvelle à l’autre pour être évaluée en fin de séquence à partir de l’étude d’une autre nouvelle sur le même principe. Un nouveau tableau permet de vérifier si les élèves « faibles » ont progressé en trouvant « d’emblée » plus de choses à dire . La dernière évaluation à partir de l’audition la Rempailleuse par Robin Renucci permet de vérifier les progrès de la classe dans ses réactions face aux textes. Bilan de la réception, après lecture de quelques nouvelles : la lecture est-elle plus fine ? quels outils ont-ils été utilisés par les élèves pour faire leurs remarques ? Ce travail permet de regrouper des élèves dans le cadre de l’enseignement personnalisé pour un travail spécifique. Réponses des élèves : cf Annexe 4 Bilan général : cf Annexe 5. Le bilan général fait apparaître les progrès de l’ensemble de la classe. Là où seuls trois élèves se montraient capables en début de séquence de faire plusieurs remarques, de convoquer des outils ou de manifester des compétences, la totalité de la classe s’en montre désormais capable. AUX FONDEMENTS THÉORIQUES D’ UNE DÉMARCHE DE LECTURE La lecture analytique prend en compte la réception de l’élève . Jauss (Pour une esthétique de la réception), Picard (La lecture comme jeu), Eco (Lector in fabula) mettent le lecteur au centre. Pour devenir un bon lecteur, I l s’agit de passer du « liseur » au « lectant » (Picard) , autrement dit d’une lecture participation (illusion référentielle) à une lecture distanciée, sans pour autant imposer une lecture experte à l’élève en lui dictant, par exemple, un cours, mais en élaborant une stratégie lui permettant de construire le sens. Annie Rouxel « Qu’entend-on par lecture littéraire ? sur le site EDUSCOL http://eduscol.education.fr/cid46315/qu-entend-on-par-lecture-litteraire%A0.html « Dans La lecture comme jeu, M. Picard distingue au cœur de l'acte de lire l'existence de trois instances lectrices dans le lecteur, trois identités qui se superposent et interagissent. Ainsi le liseur est la personne physique qui maintient sourdement le contact avec le monde extérieur, le lectant désigne l'instance intellectuelle capable de prendre du recul pour interpréter le texte et le lu renvoie à l'inconscient du lecteur qui réagit au texte et s'abandonne aux émotions si bien que l'on peut dire que la personnalité du lecteur est " lue ", révélée, par le texte. Dans l'activité de lecture, ces trois instances interfèrent en un jeu subtil de participation et de distanciation, le liseur et le lu fondant la participation et l'investissement fantasmatique du sujet lecteur et le lectant instaurant une distance avec le texte. Dans les exemples que fournit Picard, l'oscillation entre participation et distanciation nourrit le plaisir du lecteur. En définitive, c'est néanmoins la posture distanciée qui permet le plaisir esthétique. » Comment construire le sens sinon par une démarche de coopération interprétative du lecteur (Eco : « le roman est une machine à générer de l’interprétation »). En effet , la lecture analytique est celle de l’élève, non du maître, elle rend l’élève acteur en le faisant participer à la construction du sens. - Rappel de la définition de la lecture analytique dans les programmes : il s’agit d’ amener les élèves à formuler des hypothèses de sens que leur lecture va confirmer ou infirmer.( définition des IO de 1987, à propos de la lecture méthodique, reprise dans les programmes du collège de 1996, du lycée de 2001 et les nouveaux programmes de collège de 2008 : « Elle permet de s’appuyer sur une approche intuitive, sur les réactions spontanées de la classe, pour aller vers une interprétation raisonnée. »