Thème : MANGA - Lycée Louis Lachenal

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Thème : MANGA - Lycée Louis Lachenal
Thème : MANGA
Rencontre avec Benoît Vuillemet libraire à BD Fugue
Jeudi 15 novembre 2012 au CDI
1- Qu’est-ce que le Manga ?
Le terme « manga »en japonais désigne « la bande dessinée ». Ce n’est donc pas un genre. On
dit « le » ou « la » manga (ce dernier serait plus logique à utiliser contrairement à l’usage).
Au départ, c’est de l’illustration, de la BD à proprement parlé qui peut être animée : visage
carré, grands yeux…
Le manga est de format plus petit et compte un nombre plus important de pages que la bande
dessinée franco-belge.
Au départ, au Japon, le manga propose un enchaînement d’images, style dessin de presse,
reprise d’évènements d’actualité.
99% des mangas sont en noir et blanc ; lié au coût et rythme de parution.
2- Histoire du manga
*
Cette technique d’illustration apparaît en Chine avec les
rouleaux
d’ emakimono (rouleaux de dessins) qui abordent tous les sujets (vie quotidienne, aventures,
religieux…). Il s’agit de grands récits guerriers, fantastiques, empreints de philosophie zen,
bouddhiste.
Au VIIIème siècle : extension au Japon.
 Le terme « manga » est créé au 19ème siècle. Il est attribué à Hokusaï (1760-1849)
dit « le fou du dessin ». C’est le dessinateur du célèbre dessin de « la vague » où la
perspective (du décor ou du personnage) est transformée (ex : derrière la vague, on
voit le mont Fuji, or c’est une vision impossible). Il a également fait du dessin
érotique, des estampes pour les palais, de la gravure, des estampes… des mangas. A
chaque type de dessin, il associe un nom d’auteur différent.
 Après la seconde guerre mondiale, s’opère une véritable révolution du manga qui est
liée à la censure et prohibition du dessin par le pouvoir (lors de la 2de guerre
mondiale)qui voulait imposer sa façon de penser. D’où un formatage des idées, un
appauvrissement des dessins caricaturaux.
L’auteur qui va révolutionner le manga sera Osamo Tezuka (1928-1989), « le père du
manga moderne » qui se représente toujours avec un béret et une paire de lunettes.
C’est l’auteur de Asro Boy, de L’histoire des 3 Adolf (au CDI). Il va imposer un style
très dynamique car lui-même vient du dessin animé. Il va donner une impression de
mouvement ; il propose une action qui se déroule du début à la fin sur environ 60
pages (au lieu de 10) et une lecture plus rapide (clés graphiques, nouveau type de
narration)
* Quelques noms à retenir :
* Ishinomori Shotaro « Cyborg 009 ». Premier récit SF adultes, très sérieux, très
sombre. Dessin un peu simpliste (comme Tintin de Hergé, pseudo tiré des initiales de
son vrai nom RG, REMI Georges, dessin nommé « la ligne claire » ou comme Black
et Mortimer)
* Leiji Matsumoto et son manga Dai-Kaizoku Harlock connu par son personnage
l’Albator en 1969. En France et au Canada francophone, il est surtout connu comme
héros des séries Albator, le corsaire de l'espace (Albator 78) et Albator 84 diffusées
sur Antenne 2 dans les années 1980 (club Dorothée).
* Hojo Tsukasa et son manga City Hunter (personnage Nicky Larson).
En France, la censure a donné une image stéréotypée de violence au manga. D’où le
quota imposé à la TV française de dessins animés japonais.
Au Japon, on retient davantage le travail de l’auteur –le nom des mangas- que le nom
de l’auteur lui-même. On cherche à ne jamais mettre l’autre dans l’embarras, à le
gêner. Formule très polie. L’auteur (= mangaka) propose son travail au public mais va
s’effacer pour laisser apprécier le travail.
Très peu d’auteurs français ont réalisé des mangas or la France est le 2ème pays
consommateur de mangas. Cela s’explique notamment par le format qui pose
problème aux dessinateurs européens. Les Japonais admirent la BD européenne
essentiellement pour le dessin. Deux noms français à retenir : Frédéric Boilet
(français parti vivre au Japon) et Renaud Lemaire qui a adopté le code du manga.
(ex : Dream Land)
3- Les différents genres du manga
Au Japon, on ne vise pas un univers mais un public et un âge.
Chaque semaine, on publie un chapitre de 20 à 30 pages de dessin. Un chapitre de
chaque histoire est regroupé dans un recueil qui s’apparente au magazine « A suivre »
pour la BD franco-belge. Il existe une réelle volonté de diffuser au grand public. Cela
sert à tester la popularité de l’histoire et faire le choix pour la publication. Au
Japon, il existe des librairies qui prêtent le manga à la semaine ou pour 2 ou 3 jours.
L’impression est de médiocre qualité mais les éditeurs cherchent à favoriser l’accès au
plus grand nombre.
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shonen = Jeune homme en japonais
shojo = jeune fille
gekiga = roman graphique (sombre, récits sociétaires)
seinen = public masculin de lycéen, étudiant, adulte.
Goseï = public féminin plus adulte.(romantique, quotidien moderne, lié à l’évolution
de la femme tant au niveau de sa carrière que de sa vie sentimentale)
 Ecchi = manga érotique mais non pornographique
 Autres : histoires homosexuelles
 Manga d’humour : pas de nom spécifique. Nombreux au Japon mais très peu de
traduction car le rire est très lié à la culture d’un pays, très ancré dans le quotidien. En
France, la BD humoristique regroupe autant des dessins de presse que des personnages
(ex : Les Bidochons)
Ex : Dragon slum (loufoque, même auteur que Dragon Ball)
Les vacances de Jésus et Bouddha (= Saint Young Men)de Hikaru Nakamura(très
drôle, dédramatise les religions). Sortie d’un OAD (Original Animation to DVD) déc.
2012 au Japo à partir du tome 8.
 shonen : une histoire d’aventure avec un héros qui part faire un voyage initiatique ; se
fait des amis. Le héros progresse dans tous les domaines. Valeur : dépassement de soimême. Aventure avec un grand A. Par ex : « Dragon Ball », « Naruto »,« One piece »
record de vente à 270millions d’exemplaires au Japon et 1,5 million en France.
 Shoho : pour les adolescentes. Souvent mièvre. Se développe dans les années 1960.
Avant, il y avait les « stories manga ». Evolution liée à l’accession des femmes au
métier de mangaka : travail sur les sentiments des personnages.L’héroîne prend de
l’ampleur. Histoires romantiques mais amour impossible car lié à un bloccage
personnel ou à une différence de classe sociale. Triangle amoureux. Pas de décor
grandiose, centré sur les personnages. Par ex : La rose de Versailles de Riyoko Ikeda,
CLAMP initiales qui regroupent une équipe de mangakas féminines d’où rapidité
d’exécution et succès… »Nana » de Ai Yazawa. Le shojo se vend aussi bien que le
shonen en France. Ce sont des histoires plus courtes (10 à 15 volumes)
 Seinen : plus sombre, plus violent. Scène de sexe plus ou moins dissimulée. Rarement
fantastique. Série plus réaliste.
« Pluto » robot tueur en série, « Monster » polar par excellence, très sombre
Death Note est entre le shonen et seinen (pas trop réaliste)
4- Le manga au Japon
Il existe environ 300 magazines différents ; 1 milliard d’exemplaires de magazines à l’année.
Ils sont publiés par des librairies, par des distributeurs automatiques ou proposés sur des
supports dématérialisés (tél, tablette..). Les japonais lisent beaucoup (notamment car ils
passent beaucoup de temps dans les transports en commun).
Chaque magazine cible un public spécifique. Il sert de vitrine pour tester la popularité d’un
manga. Un magazine offre 300 à 400 pages en noir et blanc sur du papier de qualité médiocre.
Souvent, l’auteur publie une histoire courte dans le magazine ; on juge de sa cote de
popularité par semaine. Le manga qui fait ses preuves est ensuite publié en relié. Ce système
de pré-publication s’est renforcé depuis les années 2000 : on sort ce que le public veut ! Il
existe beaucoup de maisons d’édition.
En Europe, les BD sortent en album selon la proposition d’un choix des éditeurs.
Manhwa = manga coréen
Manhua = manga chinois
Les dessins sont un peu différents dans ces mangas.
5- Création d’un manga et codes graphiques
 écriture du scénario
 « nemu » crayonnés (sorte de storyboard) qui servent à découper le texte en création
graphique : planche préparatoire pour la mise en page des dialogues et des dessins
dans chaque case.
 Création graphique
 Encrage (au noir). Dessin définitif (fait par des assistants) ; le mangaka réalise le
crayonné, les assistants font le reste.
 La trame (nuance de gris) est la dernière phase du manga ; ils se servent de feuilles
autocollantes pour réaliser les différentes teintes de gris.
Codes graphiques du manga = gris
Ex : gris + traits de vitesse
Gros onomatopées qui décrivent un bruit.
Graphisme polymorphe.
Dans la BD franco-belge, on décrit le personnage par le texte.
Dans le manga, on décrit le personnage par le dessin.
Il y a moins de pages en BD ; on joue avec les ellipses.
Dans le manga, l’action se déroule du début à la fin. Lecture moins littéraire, plus simple. Le
texte est moins important.
En Europe, on a moins de pages mais la qualité est supérieure. On veut faire apprécier le
dessin par le public. Les Japonais ont une vision de « jolis dessins » de la BD franco-belge.
Le sens de lecture : est lié à la langue orientale (qui marche par idéogrammes, par sens) qui se
lit de haut en bas et de droite à gauche. On note souvent des erreurs graphiques dans les
traductions (ex : personnage qui porte sa main au cœur à droite, au lieu de la gauche, signe de
la croix gammée à l’envers…). Certains éditeurs font attention de respecter le travail
d’origine.
Vignettes : dynamisme de lecture pour chaque page.
Quelques chiffres :
En 2011, le manga représente 36% des BD vendues en France. Soit 14 millions d’albums sur
les 39 millions vendus.
1520 parutions de mangas lors de 2011.
500 nouveautés par mois (noyé dans le flux des sorties)
« One Piece » est le manga le plus lu au Japon comme en France.
Bibliographie :
Manga : origines, codes et influences de Daniel Blancou
EAN 978-2350560045
ISBN : 13-978-2-35056-004-5

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