Modification de la relativité générale selon Hermann Weyl
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Modification de la relativité générale selon Hermann Weyl
Modification de la relativité générale selon Hermann Weyl Guy LAVILLE Laboratoire de Mathématiques Nicolas Oresme 30 mars 2014 Plan 1. Points positifs et points négatifs de la théorie d’Hermann Weyl. 2. Rappels de géométrie riemannienne. 3. Géométrie différentielle : notion de connexion. 4. Théorie d’Hermann Weyl. Points positifs de la théorie d’Hermann Weyl 1. historiquement, c’est la première fois que l’on introduit une théorie de jauge 2. tentative d’un théorie unifiée de la gravitation et de l’électromagnétisme 3. le groupe sous-jacent est le groupe des similitudes 4. on peut y voir l’apparition des nombres complexes Points négatifs de la théorie d’Hermann Weyl 1. objection d’Einstein 2. difficultés d’interprétation en Physique de certaines formules 3. pas de ”nouvelle prévision” en Physique 1 Rappels de géométrie riemannienne Changement de base de xα à xβ ∂xα β ∂xβ ξ = ξα = ξ ξβ (1) β α ∂x ∂x Tout tenseur est somme de produits de vecteurs (contravariant ou covariant). Forme quadratique gµν , tenseur (0, 2), il donne les longueur et la dualité contravariant-covariant : α ds2 = gµν dxµdxν ξα = gαβ ξ β k ξ k2 = ξαξ α = gµν ξ µξ ν = gµν dxµ(ξ)dxν (ξ) = ds2(ξ) Matrice inverse g αβ : (2) (3) (4) g αβ gβγ = δγα 2 Symboles de Christoffel (i.e. coefficients de la connexion associée à la métrique) 1ère espèce : 1 ∂gβσ ∂gγσ ∂gβγ [βγ, σ] = + − γ β 2 ∂x ∂x ∂xσ ! symétrie [βγ, σ] = [γβ, σ] 2ème espèce ( α βγ ) = g ασ [βγ, σ] (5) symétrie ( α βγ ) ( = α γβ ) (6) 3 Loi du transport parallèle pour la géométrie métrique (i.e. celle du groupe orthogonal) : ( dξ α = − ) α dxαξ γ βγ Géodésiques α dxβ dxγ =0 + 2 βγ dt dt dt d 2 xα ( ) Principe variationnel des géodésiques : Une courbe étant donnée par t → xα(t) on écrit le 1er invariant du groupe orthogonal, qui est la d xα k. La géodésique allant de xα (0) à norme du vecteur vitesse : k dt xα(T ) doit rendre stationnaire : Z T 0 k Z T d α x (t) k dt = dt 0 gµν !1/2 µ ν dx dx dt dt dt 4 Dérivée covariante d’un vecteur contravariant : ( ) α = ξα + α ξγ ξkβ |β βγ Dérivée covariante d’un vecteur covariant : ( ) α ξαkβ = ξα|β − ξ βγ α Dérivée absolue d’un champ de vecteurs ξ α(s) le long d’une courbe C : Dξ α(s) Ds = dξ α(s) ds α dxβ γ + ξ βγ ds ( ) 5 En géométrie riemannienne, la dérivée covariante de la métrique est nulle : ( ) ( ) α α gµνkβ = gµν|β − gαν − g µβ νβ µα = gµν|β − g ασ gαν [µβ, σ] − g ασ gµα[νβ, σ] = gµν|β − δνσ [µβ, σ] − δµσ [νβ, σ] = gµν|β − [µβ, ν] − [νβ, µ] 1 1 = gµν|β − gµν|β + gβν|µ − gµβ|ν − gνµ|β + gβµ|ν − gνβ|µ 2 2 =0 6 Courbure riemanienne. C’est le défaut au théorème de Schwarz : α α α η ξkβ kγ − ξkγ kβ = Rηβγ ξ Écriture en fonction de la connexion métrique : ( α Rηβγ = α βη ( ) − |γ α ηγ ( ) + |β α τγ )( ) ( τ α − βη τβ )( τ γη ) α α Contractions : Rηγ = Rηαγ R = Rα Équations du champ gravitationnel d’Einstein (en dehors des sources) : 1 β β R δ − gδ R = 0 2 Remplace l’équation de Laplace de la théorie newtonienne : 4φ = 0 7 Géométrie différentielle : notion de connexion Une connexion (classique) sur un variété V (de dimension n) est la donnée de n3 nombres réels attachés à chaque système de coordonnées tels qu’ils satisfassent au changement de coordonnées : ∂xµ ∂xν ∂xα α σ Γβγ = Γµν β γ σ + ∂ 2xµ ∂xα (7) ∂x ∂x ∂x ∂xβ ∂xγ ∂xµ Cette formule est faite pour que, dans le cas d’un tenseur, par exemple (1, 0) la dérivée : α − Γα ξ γ ξ|β βγ α . soit un tenseur. C’est en fait la dérivée covariante ξkβ Pour un vecteur covariant : β ξγ dξ α = Γα dx βγ ξαkβ = ξα|β − Γα βγ ξα (8) (9) 8 Les Γ sont déterminés de façon unique par (8). Les coefficients Γα βγ α ne forment pas un tenseur, c’est fait pour corriger le non-tenseur ξ|β . Tenseur de torsion : α = Γ α − Γα Tβγ βγ γβ Il est nul en géométrie riemannienne. Géodésiques : d2xα dxβ dxγ α + Γβγ =0 2 dt dt dt Tenseur de courbure : α α α η ξkβ kγ − ξkγ kβ = Rηβγ ξ α α α τ α τ Rηβγ = Γα ηγ|β − Γηβ|γ + Γτ β Γηγ − Γτ γ Γηβ 9 b et Γ. Comparaison de deux connexions Γ La forme quadratique à valeurs vectorielle suivante est un tenseur : α α b Γβγ − Γβγ dxβ dxγ (10) Montrons que c’est bien un tenseur. Appliquons cette forme quadratique à un couple de vecteurs (ξ, η). α α b Γβγ − Γβγ dxβ dxγ (ξ, η) ξbα kβ α ξkβ α ξbα − ξkβ kβ {z } | tenseur = = = = α α b Γβγ − Γβγ ξ β η γ α +Γ b α ξγ ξ|β βγ α + Γα ξ γ ξ|β βγ α α γ b Γβγ − Γβγ ξ |{z} tenseur 10 b et Γ ont même géodésiques avec même paLes deux connexions Γ ramétrisation si et seulement si pour tout vecteur ξ α α β ξγ = 0 b Γ − Γ ξ βγ βγ (11) b et Γ ont mêmes géodésiques avec paramétrisations Les deux connexions Γ différentes si et seulement si pour tout vecteur ξ il existe un scalaire λξ tel que α α b Γβγ − Γβγ ξ β ξ γ = λξ ξ α (12) 11 Théorie d’Hermann Weyl Les normes de vecteurs seront variables par transport parallèle. Il n’y a plus de ”mètre étalon” valable pour tout l’univers. Donc les gµν seront aussi variables. L’espace de Weyl peut s’étudier comme s’étudie la géométrie euclidienne. Les deux géométries sont basées sur le groupe de similitudes. On utilise la notion de métrique (norme, produit scalaire), mais on peut faire en plus des homothéties. 12 Changement de jauge. Soit f (xλ) un champ de scalaires : gd αβ = f gαβ Donc, pour une longueur l donnée on a lb2 = f l2. dlb2 = df l2 + f 2ldl par dérivation b2 l puisque dl = 0 2lbdlb = df f 1 dlb = log(f )|λdxλ lb (13) 2 La mesure des angles est un invariant du groupe des similitudes, donc la mesure des angles est un invariant de jauge : gαβ ξ αηβ ξ αηα = 1/2 k ξ kk η k gαβ ξ αξ β gµν η µη ν 13 Variation de la longueur. En analogie avec (13) et en prenant une différentielle pas forcément exacte contrairement à (13), faisons varier par transport parallèle la longueur l : dl = φλdxλl (14) Mais on pourrait étendre ceci non seulement aux longueurs mais aussi à tous les champs de scalaires. L’idée d’Hermann Weyl était d’identifier φλ au potentiel électromagnétique. La donnée de φλ et de gµν permet de calculer la connexion associée, que l’on peut considérer comme la connexion relative au groupe des similitudes : ( Γα βγ = − ) α σα +g gσβ φγ + gσγ φβ − gβγ φσ βγ (15) Montrons cette égalité. 14 Écrivons que dl2 = 2ldl. dl2 = d (gµν ξ µξ ν ) = gµν|γ dxγ ξ µξ ν + gµν dξ µξ ν + gµν ξ µdξ ν µ = gµν|γ dxγ ξ µξ ν + gµν Γσλdxσ ξ λξ ν + gµν ξ µΓνσλdxσ ξ λ σ σ = gµν|γ + gσν Γγµ + gµσ Γγν dxγ ξ µξ ν 2ldl = 2lφγ dxγ l = 2gµν φγ dxγ ξ µξ ν Par identification, puis permutation des indices : 15 σ gµν|γ − 2gµν φγ + gσν Γσ γµ + gµσ Γγν = 0 A | {z } | {z } (1) (2) σ gνγ|µ − 2gνγ φµ + gσγ Γσ µν + gνσ Γµγ = 0 | {z } gγµ|ν − 2gγµφν (1) σ + gσµΓσ νγ +gγσ Γνµ = 0 | {z } (2) B C Faisons B+C −A, remarquons que les g sont symétriques et cherchons des solutions Γ symétriques en leurs indices inférieurs. Si l’on trouve une solution sous cette hypothèse supplémentaire, c’est l’unique solution. D’où les simplifications (1) et (2). 16 On trouve (15), que l’on peut écrire sous la forme : ( Γα βγ = − ) α + δβαφγ + δγαφβ − g σαgβγ φσ βγ (16) Cette connexion est sans torsion. La connexion donne les géodésiques, la courbure... 17 Les Γα βγ sont invariants de jauge. 1 ασ α ασ Γβγ = − g gβσ|γ + gγσ|β − gβγ|σ + g gβσ φγ + gγσ φβ − gβγ φσ 2 Le changement de jauge consiste à remplacer gµν par f gµν , g µν par 1/f g µν et φα par φα + 1/2 log(f )|α = φα + 1/2 f|α/f . 1 1 ασ g f|γ gβσ + f gβσ|γ + f|β gγσ + f gγσ|β − f|σ gβγ − f gβγ|σ − 2f ! f f f 1 |γ 1 |β 1 |σ 1 f gβσ + f gγσ φβ + f gγσ − f gβγ φσ − f gβγ + g ασ f gβσ φγ + f 2 f 2 f 2 f = Γα βγ Un tenseur T de poids k est un tenseur qui est transformé par changement de jauge en f k T . Exemples : 1 pour gµν , si j pour ξ α alors ξα est de poids j + 1. 18 Dérivée covariante de la métrique. α g gµνkβ = gµν|β + Γα g + Γ αν µν νβ µν l2 = gµν ξ µξ ν 2ldl = gµν|β ξ µξ ν dxβ + gµν dξ µξ ν + gµν ξ µdξ ν µ 2ldl = gµν|β ξ µξ ν dxβ + gµν ξ ν Γβγ dxβ ξ γ + gµν ξ µΓνβγ dxβ ξ γ = = 2ldl = = α α gµν|β + gαν Γβν + gµαΓβν ξ µξ ν dxβ gµνkβ ξ µξ ν dxβ 2lφβ dxβ l 2gµν φβ ξ µξ ν dxβ Finalement, nous avons : 2gµν φβ = gµνkβ 19 Si, dans un espace de Weyl, les normes des vecteurs sont constants par transport parallèle, alors φβ = 0. Ceci se déduit du calcul précédent puisque : ∀ξ 0 = ldl = gµν φβ dxβ ξ µξ ν ∀(µ, ν) gµ,ν φβ dxβ = 0 et il existe au moins un (µ0, ν0) tel que gµ0,ν0 6= 0. 20 Comparons les géodésiques pour les deux connexions. Pour cela, utilisons (15), (11). ( Γα βγ − (−1) ) α ξβ ξγ βγ = δβαφγ ξ β ξ γ + δγαφβ ξ β ξ γ − g σαgβγ φσ ξ β ξ γ = φγ ξ γ ξ α + φβ ξ β ξ α − g σαφσ ξγ ξ γ = 2φβ ξ β ξ α − φα k ξ k2 Pour φ 6= 0 ceci n’est pas nul pour tout ξ. Par exemple prendre k ξ k6= 0 et ξ ⊥ φ. Si l’on utilise (12) : β ∀ξ ∃? λξ : 2φβ ξ − λξ ξ α =k ξ k φα Ce qui n’est pas vrai. 21 L’idée de Weyl est de considérer que le potentiel électromagnétique est représenté géométriquement par la distorsion de longueur φβ . C’est un idée différente de celle d’Einstein (développée en détails par V.Hlavaty 1957) où il est introduit des gµν qui ne sont pas symétriques pour unifier géométriquement gravitation et électromagnétisme. Remarquons d’abord que si l’on veut que φα soit annulé par un changement de jauge, il faut que φα soit un champ de gradient, donc il faut que : φα|β − φβ|α = 0 22 De façon générale, posons : Fαβ = φα|β − φβ|α = −Fβα On retrouve comme d’habitude la moitié des équations de Maxwell : 2(Fαβ|γ + Fβγ|α + Fγα|β ) = Fαβ|γ − Fβα|γ + Fβγ|α − Fγβ|α + Fγα|β − Fαγ|β = φ|α|β|γ − φ|β|α|γ + φ|β|γ|α − φ|γ|β|α + φ|γ|α|β − φ|α|γ|β =0 5 × E + 1 d H = 0 c dt 5.H = 0 Remarque : nous n’avons pas besoin de prendre les dérivées covariantes car l’antisymétrisé est un tenseur. 23 Objection d’Einstein. Partons de (14) : dl = φαdxα l Z log(l) − log(l0) = φαdxα l = l0 exp Z φαdxα La longueur en l’absence du champ φα étant l0. On peut s’arranger pour que la longueur soit proportionnelle au temps d’une horloge. Le temps va devenir fonction de l’historique. Mais les raies spectrales ne dépendent pas de l’historique. Si l’on veut que l = l0 le long d’une courbe fermée, il faut prendre R φαdxα = n2iπ, avec n ∈ Z, donc prendre φ complexe... 24 Considérons le moment relativiste d’une particule : E i ,p pµ = c k p k2 = gµν pµpν = m2c2 d k p k2 = 2 k p k2 φβ dxβ d(m2c2) = 2m2c2φβ dxβ Quel sens attribuer à cette équation ? On peut penser que l’espace de Weyl n’a pas d’application en Physique. On pourrait essayer de distinguer deux types de vecteurs : ceux dont la norme est constante et ceux dont la norme est variable par transport parallèle. 25