Going, Going, Gone,Never say goodbye,Maggie`s farm,The

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Going, Going, Gone,Never say goodbye,Maggie`s farm,The
Going, Going, Gone
I’m closin’ the book
On the pages and the text
And I don’t really care
What happens next.
I’m just going,
I’m going,
I’m gone.
I been walkin’ the road,
I been livin’ on the edge,
Now, I’ve just got to go
Before I get to the ledge.
So I’m going,
I’m just going,
I’m gone.
Going, Going, Gone (Planet waves)
Arrivé à la maison, Aurore me demande comment c’était….
C’est une question tellement difficile….
Le premier mot qui me vient à l’esprit est démesure.
Des lacs qui sont des mers
Des routes qui n’en finissent pas,
Des pizzas de 50cm de diamètre….
Des building toujours plus haut, pour je ne sais quelle compétition
La police qui patrouille en hélicoptère
Des voiture énormes
Les liquides (jus, lait…) conditionnés par 4 litres
…
Et aussi contradiction du point de vue du petit français que je suis.
Des moyens financiers qui semblent sans limite alors que le pays,
rapporté au nombre d’habitants, est le plus endetté au monde après le
Japon (Source Commission Européenne- Banque de France).
Un contrôle sévère de l’alcool et presque une absence de contrôle des
armes
La vie ancestrale des Amish, à coté de l’hypertechnicité
Le junk food en ville pour gagner du temps, que l’on compense par des
heures quotidiennes de footing ou de sport en salle.
L’omniprésence de la religion là ou l’individualisme est roi
….
Ce pays a presque conditionné la musique mondiale. Notre culture musicale,
si on fait abstraction de la musique classique, vient de là. Pourtant, hormis
quelques rares exceptions, les américains de la rue n’arrivent pas vraiment à
préciser quelle type de musique ou quel artiste ils écoutent….
Mise à part Bruce Springsteen, qui semble bien populaire (Born in the USA
n’y est pas pour rien), en ville, ils écoutent un melting-pot de choses qui
passent à la radio. Parfois, je sens ce phénomène arriver en France.
En campagne, la musique country, grâce à des festivals très populaires, est
encore bien implantée, mais aucun artiste ne se dégage vraiment d’un autre.
Calvin Russel, un rocker Texan, disait un jour que les américains n’avaient
aucune fidélité sur le plan musical contrairement aux européens, ce qui
rendait les carrières des artistes tellement difficiles et éphémères.
Je n’arrive pas à oublier une discussion que j’ai eu au sujet de l’intégration des
noirs aux USA et en France. Mon interlocuteur, d’origine africaine me disait
que la France avait raté l’intégration et qu’elle le payerait chèrement car tous
les jeunes africains s’en détourne pour aller vivre aux USA, où ils sont
reconnu pour ce qu’ils sont et pas par la couleur de leur peau. Il a sûrement
raison. L’histoire de l’Amérique peut expliquer cela, mais ne doit-on pas
justement tirer des leçons de l’histoire pour aller de l’avant ?
Je l’avoue, j’ai pris l’avion avec un pincement…. Bien sûr, le fait de laisser
Daniel, mais il y a aussi un quelque chose que je n’arrive pas à identifier
mais que j’ai beaucoup aimé lors de ce séjour.
Waynesboro (PN) : Main street
Plein d’images et d’idées me trottent dans la tête 3 heures après mon
retour…. et le jetlag qui me rappelle que je suis bien revenu en France
Je sais que Bob DYLAN sera bien présent encore les prochains jours.
Never say goodbye
Je suis à nouveau à Pittsburgh et cela annonce la fin de ce voyage.
J’aurai parcouru 8000 km en voiture et en bus, fait plus de 300 km à pied, les
semelles de mes Stan Smith sont trouées ce qui n’était jamais arrivé je crois . Je
voulais que ce soit un voyage de rencontres et de musique, et je n’ai pas été déçu.
Retrouver ceux que je connaissais déjà, faire de nouvelles rencontres durables ou
juste ponctuelles. Aller dans ces coins perdus…
Et quand la musique n’était pas sur la route, elle était dans ma tête.
Et puis surtout je voulais voir dans quel cadre évoluait Daniel et comment étaient
les universités américaines.
Université de Pittsburgh : Cathedral of
learning
A ce sujet, 3 chiffres pour se faire une idée :
Le département informatique de Carnegie Mellon vient de se voir
attribuer la modique somme de 1,7 milliards de dollars par le
département d’état à la défense.
Une année universitaire ici coûte 58000 $ à chaque étudiant
Une ex-étudiante, qui travaille maintenant, m’a avoué avoir 130 000$ de
dettes suite à ses études
Ca fait réfléchir.
Revenons à la musique :
Un artiste qui a 55 ans de carrière, 700 chansons à son actif et qui s’est renouvelé
en permanence ne me laisse pas indifférent. J’avais envie, par ce blog, de
partager ça aussi.
Une dernière petite réflexion sur Dylan :
Dans son enfance, Robert Zimmerman
avait été marqué par les saltimbanques
qui passaient dans la rue principale de
Hibbing, la Howard Street.
Plus tard, jeune artiste à New York,
Bob Dylan s’inventait une histoire (un
peu à la manière de Robert Johnson)
qu’il a raconté aux journalistes, et dans
laquelle, adolescent, il aurait fugué du
Minnesota et appris la musique en allant de ville en ville.
En 1975, il met sur pied le Rolling Thunder Revue, une tournée avec des amis
(Joan Baez, Roger Mc Guinn…) à la manière des saltimbanques, où ils
improvisent des concerts dans les villes traversées, presque en amateurs.
Plus tard encore, en 1988, il démarre son Never Ending Tour qu’il n’a toujours
pas arrêté : plus de 100 concerts par an (176 concerts en 2015 et il a 74
ans!!!) depuis cette date.
Il ne serait sûrement pas ce qu’il est, s’il avait grandi à New York, s’il n’avait
pas vu ces cirques ambulants.
Notre manière d’être est conditionnée par nos rencontres. Et pour moi Dylan
en est une parmi de nombreuses autres.
Twilight on the frozen lake
North wind about to break
On footprints in the snow
Silence down below.
…
My dreams are made of iron and steel
With a big bouquet
Of roses hanging down
From the heavens to the ground.
The crashing waves roll over me
As I stand upon the sand
Wait for you to come
And grab hold of my hand.
Never say Goodby (Planet waves)
Je reviens sur Pittsburgh en bus et retrouve, lors de mon voyage, quelques images
que de jours en jours j »avais croisé.
Chauffeur de taxi
Calèche Amish devant la banque
Je termine ce
blog avec des bisous particuliers à celle qui est loin là-bas et aussi à ceux qui sont
en vacances en Charente Maritime.
Maggie's farm
Une chanson pour expliquer que nous travaillons tous dans la ferme de
quelqu’un…
I ain’t gonna work for Maggie’s ma no more.
No, I ain’t gonna work for Maggie’s ma no more.
Well, she talks to all the servants
About man and God and law.
Everybody says
She’s the brains behind pa.
She’s sixty-eight, but she says she’s twenty-four.
I ain’t gonna work for Maggie’s ma no more.
I ain’t gonna work on Maggie’s farm no more.
No, I ain’t gonna work on Maggie’s farm no more.
Well, I try my best
To be just like I am,
But everybody wants you
To be just like them.
They sing while you slave and I just get bored.
I ain’t gonna work on Maggie’s farm no more.
Maggie’s farm (Bringing it all back home)
Les Amish n’aiment pas être pris en
photo. La photo n’est donc pas de
moi.
Il y a beaucoup de Amish en Pennsylvanie. Cette communauté, fondée en Alsace
au XVII° siècle dont les règles de vie sont dérivées de celles des mennonites,
pratique essentiellement l’agriculture. Ils essayent de vivre avec un minimum
d’équipements techniques : pas d’électricité (si possible), pas de téléphone, pas
d’habits sophistiqués, etc… On les reconnait assez facilement par leurs habits qui
semblent provenir d’un autre age : bonnets et robes longues pour les femmes,
chapeaux noirs et longue barbe pour les hommes. Beaucoup se déplacent en
calèche ou à cheval. Ils pratiquent encore la culture
attelée, ou, dans le cas contraire, ils
utilisent de très vieux tracteurs, mais
cultivent selon des techniques ancestrales,
sans engrais chimiques ni pesticides.
Leurs clients sont nombreux du fait de la
qualité des produits.
Par ailleurs, l’absence de contraception contribue à ce que leur nombre
augmente.
A 3 km de Waynesboro se trouve un magasin de vente Amish, et je décide de m’y
rendre à pied pour faire quelques achats. Malheureusement les routes
américaines ne sont pas prévues du tout pour les piétons, et on m’a déconseillé
d’y aller en raison des risques et des accidents fréquents. Mais je suis têtu…
Finalement, 500 m avant d’arriver, Jack, un automobiliste me trouvant
probablement imprudent, s’arrête et me conduit jusqu’à Paul’s Country Market, le
magasin.
Très sympathique, il me parle de son travail, des risques de la route et me dépose
après une ferme poignée de sa main tatouée.
Le magasin regorge de confitures, conserves, miels, purée de cacahuètes,
légumes et fruits en tous genres. Certains équipements, produits ailleurs, comme
des rocking-chair sont également en vente, mais aussi… des pots ou tasses Made
in China.
Les commerçantes, d’une élégance sobre, sont généreuses en explications et
sourires, mais mal à l’aise quand il s’agit de gérer le payement par carte bancaire.
Mon retour à la maison, bien chargé, n’a pas été facilité pour le coup, par un
« Jack ».
The answer is blowin' in the wind.
Le mémorial Lincoln à Washington
En 2009, la visite du mémorial Lincoln m’avait fortement impressionné. J’avais
envie d’y revenir… Peut-être parce qu’à coté de ce géant qu’est Lincoln, l’histoire
en a placé un deuxième.
Le mémorial Luther King datant de
2013
En août 1963 (le 28 exactement), une marche sur Washington revendiquait les
droits à la liberté, au travail, et aux droits civiques. La marche aboutissait au
mémorial Lincoln justement.
Martin Luther King y prononça son fameux discours I have a Dream et 300 000
manifestants y ont participé dont 80% d’afro-américains.
Bob Dylan et d’autres y ont chanté plusieurs chansons, dont celle-ci qui mérite
bien d’être citée aujourd’hui :
How many years can a mountain exist
Before it’s washed to the sea?
Yes, ‘n’ how many years can some people exist
Before they’re allowed to be free?
Yes, ‘n’ how many times can a man turn his head,
Pretending he just doesn’t see?
The answer, my friend, is blowin’ in the wind,
The answer is blowin’ in the wind.
Blowin’ in the wind (The Freewheelin’)
Plein de bisous à Anne-Marie pour son anniversaire
L’album Freewheelin‘ et surtout Blowin’ in the wind, ont réellement propulsé
Dylan sur la scène internationale et ont fait connaitre au monde entier son
habileté à manipuler les mots. D’ailleurs, il a volontairement retiré la lettre G au
titre du disque (freewheeling = roue libre) pour laisser le doute sur le sens du
mot (free willing = libre choix).
L’enfant du Minnesota avait fait un grand chemin.
I have a Dream résonne en moi de manière très particulières pour les raisons que
certains comprendront, Blowin’ in the wind, même si ce n’est pas mon titre
préféré, est une chanson aux paroles exceptionnelles et les statuts de Lincoln et
de Luther King sont impressionnantes et imposent le silence par leur simple
présence. Tellement de raisons qui expliquent ma chair de poule ici.
La maison blanche
Washington est une belle ville dont beaucoup de bâtiments (musées, monuments,
ministères, etc…) s’inspirent de l’architecture romane. De nombreux parcs et
espaces verts permettent de s’y promener en oubliant qu’on est dans une
capitale; il n’y a pas de buildings immenses qui oppressent .
J’ai un peu l’impression de me promener dans un livre d’histoire : Luther King,
Lincoln, la première guerre, la deuxième, la guerre de Corée, l’obélisque
(monument Washington), la maison blanche, Apollo 11 (musée de l’espace), etc…
Avec des chansons de Dylan dans ma tête :
Well, I’m walkin’ down the highway
With my suitcase in my hand.
Yes, I’m walkin’ down the highway
With my suitcase in my hand.
Lord, I really miss my baby,
She’s in some far-off land.
Down the highway (Freewheelin’)
Precious memories
Je traverse la ligne Mason and Dixon qui délimite le Maryland de la Pennsylvanie.
Cette même ligne qui marquait le ligne de front entre le Sud et le Nord lors de la
guerre de sécession. Waynesboro jouxte cette ligne… Des batailles sanglantes s’y
sont déroulées, non loin de Gettysburg.
Des batailles pour le droit à l’humanité, pour une certain vision du monde. Ce
n’est pas tellement loin de nous.
The world is old, the world is gray
Lessons of life can’t be learned in a day
I watch and I wait and I listen while I stand
To the music that comes from a far better land.
Close the eyes of our captain, peace may he know
His long night is done, the great leader is laid low
He was ready to fall, he was quick to defend
Killed outright he was by his own men.
Across the green mountain
C’est une journée de rencontres et de retrouvailles. L’occasion de se rappeler les
moments communs, de refaire le monde… de juste passer de bons moments
Precious memories, how they linger
How they ever flood my soul.
In the stillness of the midnight,
Precious sacred scenes unfold.
Precious memories (KNOCKED OUT LOADED)
Tout le monde reconnaîtra des visages connus
Harlem incident
Avant de prendre le bus pour Washington DC, je décide de me promener encore
un peu à Harlem. C’est dans cette partie de la ville que se sont concentrés les
population afro-américaines mais aussi
tous les immigrés africains. Un guinéen
me disait hier qu’il avait beaucoup de
compatriotes ici, mais que les Sénégalais,
Maliens et Ivoiriens sont nombreux
également. Ce sont eux qui tiennent bon
nombre de commerces dans le quartier.
C’est ici qu’est né le mouvement de
promotion des droits civiques des
minorités. Marcus Garvey (à l’origine du mouvement Rasta) et surtout Malcolm X
ont développé leurs actions ici.
Gypsy gal, the hands of Harlem
Cannot hold you to its heat.
Your temperature’s too hot for taming,
Your flaming feet burn up the street.
I am homeless, come and take me
Into reach of your rattling drums.
Let me know, babe, about my fortune
Down along my restless palms.
I been wond’rin’ all about me
Ever since I seen you there.
On the cliffs of your wildcat charms I’m riding,
I know I’m ’round you but I don’t know where.
You have slayed me, you have made me,
I got to laugh halfways off my heels.
I got to know, babe, will I be touching you
So I can tell if I’m really real.
Spanish Harlen Incident(Another side…)
Les boutiques portent des noms connus : TOUBA, DIOP, NGAYE…
Au hasard d’une rue, je tombe sur ‘le marché artisanal d’Harlem« . Un air de
ressemblance avec le marché du plateau de Brazzaville : en vente, des toiles de
Korhogo, des bijoux de pierres et d’argent, des batiks, des tuniques aux toiles
colorées, des paniers…. Comme en Afrique en somme, et la négociation se fait en
français pour les non américains. Trop drôle.
Il y a de nombreuses églises et salles de Gospel dans le quartier. Généralement
des temples baptistes.
La religion et le sacré sont une composante incontournable de l’amérique : sur
leurs monnaies est écrit « In God we Trust » et « God bless America » est
sûrement la plus populaire des chansons patriotiques.
Pour aller à Washington ou plus exactement Harrisburg, j’emprunte la compagnie
Greyhound originaire de…. Hibbing.
La plus grande compagnie du pays me semble-t-il.
Le départ est un peu chaotique. Tout semble bien organisé : double contrôle des
billets, enregistrement des bagages, accès au bus par des portes
d’embarquement. Mais au final nous partons avec 30mn de retard, et des
passagers hispanos n’auraient pas dû être dans le bus. Le temps de discuter, de
les faire sortir augmente encore notre retard….
Au final, nous aurons un retard d’une heure sur le timing annoncé.
Hurricane
DYLAN et Suze Rotolo dans la 4ème
rue de Greenwich Village en 1963
J’avais 12 ans quand j’ai entendu I want you à la radio. Je ne connaissais pas Bob
DYLAN. J’étais dans la phase Beatles et un peu Stones, comme tous mes copains.
Je me rappelle avoir aimé sa manière de tirer les mots comme un violon tire les
notes. Je ne suivais pas de cours d’anglais encore et la compréhension des textes
n’était pas ma priorité. C’est l’harmonie et la cohérence de l’association des sons.
Une écriture très différente du « Love me do » des Beatles ou de ce qu’on pouvait
entendre en France.
Mais ma vraie claque a été Hurricane, un peu plus tard. Un titre de plus de 7mn,
la voix soutenue par le violon et la guitare, et ces mots lancés comme des coups
d’épées.
Je n’avais jamais entendu ça avant.
Ce fut une vraie révélation musicale pour moi.
Et bien sûr aussi le fait de mettre en poésie des problématiques sociales. Pour
Hurricane, il est question d’un boxeur noir condamné à tort dans le New Jersey
alors que toutes les preuves désignaient un petit malfrat blanc. Un film (The
Hurricane) a été fait de cette histoire dans lequel Denzel Washington joue le rôle
de Rubin Carter.
Pistol shots ring out in the barroom night
Enter Patty Valentine from the upper hall.
She sees the bartender in a pool of blood,
Cries out, « My God, they killed them all! »
Here comes the story of the Hurricane,
The man the authorities came to blame
For somethin’ that he never done.
Put in a prison cell, but one time he could-a been
The champion of the world
Meanwhile, far away in another part of town
Rubin Carter and a couple of friends are drivin’ around.
Number one contender for the middleweight crown
Had no idea what kinda shit was about to go down
When a cop pulled him over to the side of the road
Just like the time before and the time before that.
In Paterson that’s just the way things go.
If you’re black you might as well not show up on the street
‘Less you wanna draw the heat.
Hurricane (Desire)
A partir de là, j’ai commencé à éplucher ses titres, ses disques : Désiré, Street
legal, Slow train coming…
Non pas que Dylan me soit très sympathique… Je pense qu’il ne l’est pas… Mais
c’est un génie sur le plan de la composition. C’est un personnage de roman,
anticonformiste, et musicalement indépendant. Libre…
Sa manière d’écrire les textes, les doubles sens, les associations improbables qui
prennent du sens… Bref, tout ça m’impressionne.
A New York aujourd’hui, il a fait mauvais
toute la journée. Avec la chaleur des derniers
jours, il fallait bien que ça tombe. Du pont de
Brooklin, Miss Liberty était à peine visible.
Une humidité dans l’air qui m’obligeait à
nettoyer régulièrement mes lunettes.
Et des pluies quasi tropicales : courtes mais
intenses. Difficile dans ces conditions de
faire de longues marches, je me suis donc
rabattu sur le métro.
Le métro parisien n’a rien à envier à son homologue américain. Au contraire, les
stations New-Yorkaises sont vétustes, il y fait très chaud et la signalétique est à
revoir.
Mais à part cela, on retrouve les mêmes
bousculades aux ouvertures de portes, les
mêmes têtes endormies, les mêmes
balancements au rythme des sons émis par
les écouteurs. Les enfants y jouent au
janken aussi, les hommes d’affaires
cravatés lisent le New York Times et les
femmes enceintes rentrent angoissées
dans la wagon espérant trouver une place
assise pour pouvoir protéger leur ventre.
Si on fait abstraction des publicités placardées, on pourrait penser être dans une
vieille rame du métro Parisien.
Pont de Manhattan
Talkin' New York
Robert Zimmerman changera de nom à Chicago pour Bob Dylan, plus facile à
prononcer et moins connoté. Dans ses mémoires, il expliquera que Dylan est une
déformation de Dillon, le nom de son oncle.
Il quitte Chicago pour New York en janvier 1961, où il rencontre son maître à
penser et à chanter : Woody Guthrie mourant.
L’hiver 61 était rude et enneigé. Dylan est arrivé à Greenwich Village, le quartier
beat, où résident les poètes, musiciens, écrivains et artistes divers, sans savoir où
loger, et sans emploi. Pour seule adresse le Cafe Wha, qui permettait aux artistes
débutants de se produire et de faire passer une corbeille aux auditeurs.
Ramblin’ outa the wild West,
Leavin’ the towns I love the best.
Thought I’d seen some ups and down,
« Til I come into New York town.
People goin’ down to the ground,
Buildings goin’ up to the sky.
Wintertime in New York town,
The wind blowin’ snow around.
Walk around with nowhere to go,
Somebody could freeze right to the bone.
I froze right to the bone.
New York Times said
it was the coldest winter in seventeen years;
I didn’t feel so cold then.
I swung on to my old guitar,
Grabbed hold of a subway car,
And after a rocking, reeling, rolling ride,
I landed up on the downtown side;
Greenwich Village.
Talkin’ New York (Bob Dylan)
Je me rends à New York, par un voyage de nuit, avec la compagnie de bus
Megabus.
Avant la présentation du billet, le contrôleur me fait un habituel « Hi, how are you
today » (« Comment allez vous aujourd’hui ?« ). C’est une expression curieuse
lorsque l’on rencontre quelqu’un pour la première fois, mais c’est vraiment
habituel dans cette partie des Etats Unis.
Dans le même ordre d’idées, ici, on ne se fait pas la bise entre amis, mais on se
prend dans les bras en tapant amicalement le dos. Si on se connait moins c’est la
poignée de main classique.
Ça allait beaucoup moins bien quand il m’a annoncé que mon billet était périmé,
valable pour la veille.
En effet, préoccupé par autre chose et sûrement fatigué, je n’ai plus vérifié la
date que j’avais programmé mi juin. J’étais resté sur une ancienne version de mon
voyage.
Je demande timidement : « Oh sorry, but could I travel anyway? »
Réponse laconique « 40 bucks ».
En clair, je repaye mon billet, et je ne suis pas en position de discuter.
Je lui tends les 40$ en lui lançant « Could I have a receipt? »
« No receipt !!! » d’une voix agacée.
En voila un qui vient probablement de s’octroyer une pourboire confortable.
Le bus possède deux étages, est spacieux,
climatisé, équipé de WIFI et de toilettes. Il
vaut mieux… Pittsburgh – New York se
fera en 8 heures, de 22h à 6h.
Difficile néanmoins de dormir, car la climatisation est, comme à l’habitude, réglée
à une température très froide et les voisins de « chambre », nombreux, ronflent
pour certains. Je ne m’y habitue pas
A New York, je loge chez Melody, à Harlem, au Nord de Central Park, en plein
quartier Ouest Africain. On y parle wolof, bambara, français et un peu américain.
Idéal pour me sentir chez moi.
Masters of war
Come you Masters of war
….
You fasten the triggers
For the others to fire
Then you set back and watch
When the death count gets higher
You hide in your mansion
As young people’s blood
Flows out of their bodies
And is buried in the mud
Masters of war
Pendant que je faisais mon voyage de retour vers Pittsburgh, un nouveau
drame a frappé les USA. Un individu a ouvert le feu dans un cinéma à
Lafayette en Louisiane. Bilan : 3 morts et 7 blessés graves.
La majorité des américains considèrent que c’est un droit inaliénable de
posséder une arme pour se défendre. Les armureries sont nombreuses, et on
peut acheter une arme sur simple présentation de la carte d’identité et en
payant comptant.
Barack Obama, a essayer de modifier la loi quant à la vente d’armes, mais il
n’a pas réussi à avoir l’accord du sénat.
J’ai eu l’occasion de rentrer dans une
armurerie à Coldwater dans le
Michigan. Le spectacle est
impressionnant, car j’y ai vu exposé
des armes de guerre. Plusieurs clients
examinaient très sérieusement les
fusils.
Ce magasin faisait aussi du prêt sur
gage, et en particulier il y avait une
magnifique guitare Gibson perdue au milieu de ces armes.
Cela me paraissait tellement incompatible.
A l’inverse, le contrôle de l’alcool est très strict. On ne peut pas acheter une
bière dans un supermarché.
Il y a des magasins spécialisés pour cela, dans lesquels on ne rentre que si on
a plus de 21 ans.
Dans les bars, Daniel est tenu de présenter sa carte d’identité pour avoir le
droit de rentrer ou de consommer. Et puis c’est vexant, car on ne me demande
pas la mienne .
C’est culturel, mais les deux mesures semblent tellement disproportionnées.
Hall of fame
Tout le monde aura compris que le fil directeur de ce voyage était la musique.
Et quand la musique n’est pas prévue au programme, elle s’invite. Daniel avait
souhaité que nous visitions Cleveland qui est juste à 2h de route de Pittsburgh.
Nous voila donc partis pour deux jours dans cette ville au bord du lac Erie… Le 3°
lac le plus grand des USA après le lac supérieur et la lac Michigan. Le Lac Erie
alimente, par les chutes du Niagara (que nous avions vu en 2009), le lac Ontario.
Le bâtiment du Rock n »Roll Hall of
Fame
Le hasard a voulu que le premier bar sur lequel nous sommes tombés est le Hard
Rock Café, et en cherchant un restaurant, c’est le House of Blues qui est apparu.
Pour couronner le tout, nous découvrons que Cleveland abrite le Rock and Roll
Hall of Fame. Le lieu aux USA, où l’on récompense les musiciens qui ont rajouté
une brique à l’édifice de la musique que j’écoute.
L’expression « Rock and Roll » est d’ailleurs née dans cette ville en 1951, mais je
ne le savais pas avant.
On retrouve dans le musée du RRHF, tous ceux que j’évoquais dans ce blog :
Robert Johnson, Bob DYLAN, Buddy Guy, les Rolling Stones et d’autres.
Le lieu est impressionnant par la richesse des documents et des informations. On
y a passé 4 heures.
De réécouter de vieux titres oubliés, de voir des vieilles guitares (waouw… la
version expérimentale de la Gibson Les Paul… la Tiger de Jerry Garcia du Grateful
dead
), de découvrir ce lieu avec Daniel a été un moment mémorable.
And what did you hear, my blue-eyed son?
And what did you hear, my darling young one?
I heard the sound of a thunder, it roared out a warnin’,
Heard the roar of a wave that could drown the whole world,
Heard one hundred drummers whose hands were a-blazin’,
Heard ten thousand whisperin’ and nobody listenin’,
Heard one person starve, I heard many people laughin’,
Heard the song of a poet who died in the gutter,
Heard the sound of a clown who cried in the alley,
And it’s a hard, and it’s a hard, it’s a hard, it’s a hard,
And it’s a hard rain’s a-gonna fall.
A Hard rain is gonna fall (Freewheelin’)
Une des deux seule photo de Robert
Johnson
Revenons à Robert Johnson :
Nous sommes au début des années 30. Robert Johnson s’est rendu populaire avec
sa guitare en deux ans seulement.
Pour justifier ce succès fulgurant, il a expliqué qu’un jour il s’est perdu à un coin
d’une rue de Clarcksdale entre les Highway 61 et 49. Il y a rencontré le diable
avec lequel il a scellé un pacte : son âme contre la virtuosité.
Cette histoire est devenue la légende de Robert Johnson. Il n’a profité que deux
ans de son succès, avant d’avoir été assassiné par un mari jaloux. L’histoire ne
raconte pas ce qu’est devenue son âme, mais dans la région de Greenwood trois
tombes sont à son nom, sans que l’on sache où il est réellement enterré.
Le croisement de rue est maintenant appelé CROSSROAD et deux énormes
guitares y ont été placées pour que l’on se souvienne de l’histoire.
Cleveland est une grande ville mais qui semble avoir perdu son attrait. Rockfeller
y avait installé et développé ses raffineries. Située au bord du Lac Erie et
traversée par la rivière Cuyahoga, elle profite d’une situation idéale pour un
développement industriel. Aujourd’hui la ville essaye de se diversifier dans la
biotechnologie pour compenser les pertes d’emplois dans l’industrie.
Cleveland : Downtown
Gros bisous à Laurent pour son anniversaire. J‘espère qu’il me lira du fin
fond du Cameroun.
Abraham Lincoln said that....
Springfield est la capitale de l’Illinois; curieusement ce n’est pas Chicago. La
ville ne compte que 100 000 habitants mais c’est une ville que je qualifierai de
« sympa ». Il y a des zones piétonnes, des bâtiments à l’échelle humaine et qui
sont mis en valeur.
La musique, que beaucoup d’entre nous écoutons, trouve ses origines dans le
delta du Mississipi chez les esclaves noirs travaillant dans les champs de coton.
Mais cette musique a pu évoluer parce que ces esclaves ont été libérés, ont pu se
déplacer, et enrichir leur style avec d’autres influences; cela à créé entre autre le
Chicago Blues, le rock, mais aussi le rap, la soul, etc…
Cela a été possible grâce à un homme : Abraham
LINCOLN, premier président républicain, des
Etats Unis d’Amérique, sénateur de Springfield.
En abolissant l’esclavage (13° amendement en
1865), il a déclenché la guerre de sécession, mais
a réussi à réunifier ce pays au prix de sa vie.
Pour l’anecdote, Barack OBAMA a également
obtenu son investiture à Springfield.
Lincoln est un des géants de l’histoire. Le détour par Springfield s’imposait.
Well, now time passed and now it seems
Everybody’s having them dreams.
Everybody sees themselves walkin’ around with no one else.
Half of the people can be part right all of the time,
Some of the people can be all right part of the time.
But all the people can’t be all right all the time
I think Abraham Lincoln said that.
« I’ll let you be in my dreams if I can be in yours, »
I said that.
Talkin’ World War III Blues (THE FREEWHEELIN’ )
Un texte un peu ironique, mais je ne sais pas si la citation évoquée est réellement
de Lincoln, mais celle-là l’est :
In the end, it’s not the years in your life that count. It’s the life in your
years.
Au final, ce n’est pas tant combien vous avez vécu, mais comment vous
avez vécu.
Le musée qui lui est consacré est absolument incroyable. Par des animations
holographiques, des reconstitutions de lieux, des outils interactifs, des objets lui
ayant appartenu, on arrive à suivre pas à pas le cheminement de cet homme.
J’avoue y avoir ressenti une émotion assez forte.
Il y a quelques temps, je m’étais endormi en regardant le film récent qui lui est
consacré, ce qui ne m’arrive presque jamais… là, tout éveille.
Reconstitution d’une réunion d’Etat Major
Hasard du calendrier, tandis que je suis à Springfield, l’auteur de la fusillade de
Charlestone vient d’être inculpé. Ce jeune sudiste de Caroline du Sud a tué 8
personnes noires tandis qu’elles sortaient du temple méthodiste. Horrible crime
raciste.
Le président Obama, a souhaité, suite à ce drame, que le drapeau des confédérés
soit enfin retiré définitivement devant le parlement de la Caroline. Cette demande
a déclenché des manifestations des membres du KuKlux clan vêtus de TShirt
portant la croix gammée…
If you can’t speak out against this kind of thing, a crime that’s so unjust
Your eyes are filled with dead men’s dirt, your mind is filled with dust
Your arms and legs they must be in shackles and chains, and your blood it
must refuse to flow
For you let this human race fall down so God-awful low!
This song is just a reminder to remind your fellow man
That this kind of thing still lives today in that ghost-robed Ku Klux Klan
But if all of us folks that thinks alike, if we gave all we could give
We could make this great land of ours a greater place to live
The dead of Emmet Till (THE WITMARK DEMOS)
Cette chanson de Bob DYLAN écrite en 1963 à propos de l’assassinat d’un enfant
noir en 1955 reste malheureusement d’actualité.
Ce n’est pas encore tout à fait la fin d’une histoire.
Ce qui est extraordinaire à Springfield, c’est la richesse de l’architecture des
maisons voire des perrons. Globalement ce sont des maisons modestes, mais
chacun y va de sa touche personnelle : le fanion, le
drapeau, les fleurs, les fauteuils, etc…. On pourrait
faire un album photo rien qu’avec ces photos là.
Et puis Springfield est placé directement sur la mythique Route 66.
Je l’emprunte demain matin pour revenir en Pennsylvanie… 11 heures de route….
Bon vol à ceux qui prennent l’avion dans les jours qui viennent. Et bonnes
vacances.
The country I come from, is called
the Midwest
Je quitte Duluth à 5h30 du matin pour Springfield en Illinois.
Le quartier dort encore, mais au bas de la
colline, les lumières du port éclairent le
lac. Elles sont allumées toute la nuit, car le
chargement des bateaux avec des pellets
de fer ne s’arrête pas. Ils iront vers les
hauts fourneaux à Detroit, Pittsburgh ou
ailleurs.
J’observe encore le soleil se lever sur le
lac, tandis que Bob et Marley, les deux
chats de la maison, se frottent contre mes
jambes.
Et puis c’est parti pour une journée de route….
L’autoroute passe à nouveau au milieu
des champs et forêts ondulés du
Wisconsin. Les fermes sont grandes et
éloignées les unes des autres, colorées,
parfois défraîchies mais toujours
pleines de charme.
La région est sauvage… Sur un chemin longeant l’autoroute, j’aperçois deux
biches, et un peu plus loin, une autre écrasée sur le bas-coté. Il y a des écureuils
partout également.
1000km séparent Duluth de ma destination. Cela parait énorme, mais la conduite
n’est pas trop fatigante, si on fait abstraction des « bulldogs », des travaux
d’entretien de la route, et des lambeaux de pneus sur les bas cotés ou sur la
chaussée elle-même.
Je ferai finalement le trajet d’une traite pour arriver à Springfield à 16h.
Le jeune Robert Zimmerman avait quitté l’ « Iron Range » en 1959 pour aller à
l’Université de Mineapolis pendant un an, puis après quelques jours à Chicago, il
s’est installé à New-York. Dans ses mémoires, il écrit que durant toute son
adolescence, il a rêvé de quitter cette région dès que possible.
Oh my name it is nothin’
My age it means less
The country I come from
Is called the Midwest
I’s taught and brought up there
The laws to abide
And that land that I live in
Has God on its side.
With god on our side (THE TIMES THEY ARE A-CHANGIN)
Springfield est une autre histoire…
La fin d’une autre histoire….
Pleins de bisous aujourd’hui pour Joanne.
Joyeux anniversaire.
Watching the river flow
Lorsque les émigrants européens se sont installés à Duluth, les indiens Ojibwe
(eux-même s’appellent Chippewa) ont été repoussés plus à l’ouest. A 30 miles du
Lac supérieur dans une région où coulent de nombreuses rivières et où il y des
étangs peu profonds, entre Cloquet et Carlton. Les indiens ont appelé cette zone
Nah Gah Chi Wa Nong, ce qui veut dire « Là où l’eau est bloquée« . Les
européens, quant à eux, l’ont appelé le fond du lac à cause de la faible profondeur
des zones inondées.
Oh the history books tell it
They tell it so well
The cavalries charged
The Indians fell
The cavalries charged
The Indians died
Oh the country was young
With God on its side.
So now as I’m leavin’
I’m weary as Hell
The confusion I’m feelin’
Ain’t no tongue can tell
The words fill my head
And fall to the floor
If God’s on our side
He’ll stop the next war.
With god on our side (THE TIMES THEY ARE A-CHANGIN)
Il reste aujourd’hui environ 4000 indiens dans cette réserve. Ils ont une
administration propre qui gère les affaires de la réserve tout en respectant les lois
américaines bien sûr . Ils ont leur propre police, leurs services de santé, leur
tribunal local, etc… Leur agriculture est centrée autour de la culture d’un riz noir
très fin et ils gèrent en outre deux casinos à Duluth et Carlton.
Le casino de Carlton (MN) tenu par les indiens du fond du lac
Mais rien ne permet de penser qu’on est dans une réserve. Pas de wigmam, pas
de plumes sur la tête, pas non plus de flèches qui ont volés au-dessus de ma tête.
Les maisons, dans la réserve, sont identiques aux autres.
Est-ce un signe de bonne intégration ?
Ma petite discussion avec un « ancien » de la réserve laissait émerger une
certaine amertume. Il m’a parlé de ces indiens qui sont morts à la 2° guerre, au
vietnam et ailleurs, nombreux, et dont on ne parle pas. Il m’a avoué aussi qu’ils se
mariaient davantage entre tribus. Un bon sujet d’ethnologie….
Très loin, on devine les collines du Michigan
Split rock Lighthouse
Et puis avant de partir, j’avais envie de remonter un peu le Lac, vers le Canada…
Voir une dernière fois l’eau claire et bleue de ce géant. Ceux qui me connaissent
savent que je ne suis pas particulièrement ému par l’eau . Mais l’immensité
pure, c’est autre chose.
Hibbing
Paul a annoncé la couleur ce matin : « Hibbing is a boring city. What would you
do there ?« . Mais j’ai décidé d’aller à Hibbing, ennuyeuse ou pas, on me l’a déjà
faite.
I went back to see the gypsy,
It was nearly early dawn.
The gypsy’s door was open wide
But the gypsy was gone,
And that pretty dancing girl,
She could not be found.
So I watched that sun come rising
From that little Minnesota town.
Went to see the gipsy (New morning)
Hibbing est avant tout une blessure
ouverte et rouge dans le sol du Minnesota.
Une mine de fer à ciel ouvert, je n’en avais
jamais vu, qui produit les 3/5° du fer
américain. La ville s’appelait Alice (tiens,
tiens…) à la fin du XIX° siècle puis a été
déplacée (du fait de l’extraction du fer) et
renommée Hibbing en l’honneur de celui
qui a découvert le métal.
Toute l’économie tourne autour de ce métal, ou presque. Les enfants de Hibbing
ont une voie professionnelle toute tracée.
Maison de la famille Zimmerman à
Hibbing
Le jeune Robert Zimmerman y est arrivé à l’âge de 6 ans. Dans ses mémoires
(Chroniques vol1), il parle d’Hibbing comme d’une ville centrée autour du fer et
dont la vie était ponctuée par certains événements exceptionnels : les feux
d’artifice le 4 juillet, les jeux dans la neige et la venue de cirques ambulants. Il y a
appris un peu de piano, la guitare et l’harmonica et surtout il y a découvert la
musique (coutry, rock et folk).
La salle de spectacle de la High
School d’Hibbing
Au lycée, il a commencé à monter des groupes. Son premier concert a été donné
dans la salle de spectacle du lycée. Une grande chance pour moi, et énormément
d’émotion, de pouvoir rentrer dans cette salle magnifique.
Le jeune Robert n’était pas très assidu en classe et sa seule ambition marquée
dans le yearbook de 1959 est de rejoindre Little Richard dont il avait entendu un
disque chez le disquaire.
Il ne voyait pas d’avenir pour lui à Hibbing…. Dans un interview donné en 65, il
déclarait : « je savais une chose, je devais partir de là-bas et ne pas y revenir… ».
Certains habitants de Hibbing ne lui ont pas pardonné ces mots, et l’absence de
musée s’explique sûrement par ce rejet.
Paul avait raison, la ville ne bouge pas beaucoup. Il m’avait conseillé d’aller boire
une bière au Zimmy’s, un bar consacré à celui qui allait devenir Bob DYLAN, mais
le Zimmy’s a fermé définitivement en février pour cessation de payement. Je me
suis donc rabattu sur le bar des sportifs… L’ambiance y était sûrement moins
solennelle que ce qu’elle aurait été au Zimmy’s.
Gros bisous à Lucienne pour son anniversaire. Il est 1h du matin en
France, mais dans le Minnesota nous sommes encore le 20 et il est 19h
Duluth
Ma première pensée quand je suis arrivé à Duluth (prononcer doulouce et pas
dülütte comme un klaxon de voiture) a été « Qu’est-ce que je fais là ?« . Il s’agit
d’une ville (80 000hab) portuaire par laquelle transite les céréales, le charbon et
l’acier vers le monde entier. Pas d’architecture prestigieuse comme Chicago, pas
de passé historique glorieux, pas d’Université avec des travaux passionnants
comme Pittsburgh… « Qu’est ce que je suis faire là ? » D’ailleurs certains me l’ont
demandé avant même que j’y arrive « Qu’est-ce qu’il y a à voir à Duluth?« .
Même le nom fait « trou perdu » : on le doit au premier européen qui s’y est
installé: Daniel Greysolon, Sieur du Lhut,.
Et puis une fois le choc passé, j’ai commencé à trouver un certain charme à cette
ville.
Robert Zimmermann est né ici en mai 1941. Il n’y a vécu que 6 ans, mais y a fait
une partie de son école primaire. Il n’en parle pas beaucoup et il y a curieusement
peu de référence à lui dans la ville.
La famille Zimmerman habitait au
premier étage
Sa maison natale est totalement anodine et sans signalétique. Il y a bien un « Bob
Dylan Way » mais elle est vraiment sans intérêt.
Il y a fait un concert, avec Paul Simon en 1999, pour remercier la ville. Dans un
de ses rares commentaires, il montrait la colline en disant que sa première petite
amie habitait là-bas.
Car la ville est perchée sur une colline. Mes Stan Smith s’en souviennent encore.
On ne marche pas, on grimpe ici. On ne transpire pas, on se déshydrate.
Something there is about you that strikes match in me
Is it the way your body moves or is it the way your hair blows free
Or is it because you remind me of something that used to be
Something that’s crossed over from another century ?
Thought I’d shaken the wonder and the phantoms of my youth
Rainy days on the Great Lakes, walking the hills of old Duluth
There was me and Danny Lopez, cold eyes, black night and then there was
Ruth
Something there is about you that brings back a long forgotten truth.
Something there is about you (Planet waves)
Les gens sont très attentionnés et agréables. Ils entament la conversation très
facilement « What are you doing here ? », « Oh you came from France and you
come to Duluth. Why ? »
Something is hapening here, but I don’t know what it is
Ballad for a thin man
J’avais (nous avions) gardé un souvenir mémorable d’un hamburger pris à
Greenville en 2009. Rien à voir avec le big-mac ou cheese-mac. Donc en passant
devant un petit restaurant qui ne payait pas de mine, j’ai voulu renouveler
l’expérience du « Hamburger vrai » .
En rentrant, 3 autochtones au bar me
dévisageaient. Je lisais dans leurs regards
: « Il n’est pas d’ici lui. Qu’est-ce qu’il
vient faire à Duluth ? »
Casquette USA et Mc Cormic sur la tête, le
jeans usé et chemise de travail qui a fait
son temps, ils prenaient leur 1/2 litre de
bière en parlant de leur vie. Les « culsterreux du Minnesota » comme dirait
quelque que je ne nommerai pas.
Le hamburger était excellent. Certes, c’est de la cuisine américaine, mais ça n’a
rien à voir avec ce qu’on connait de hamburger en France.
Après une journée passée avec mes hôtes et dans ce coin perdu, je me dis que si
je restais là une semaine, je ne partirai peut-être plus.
Les gens sont simples, vivent simplement et sont attachés à leur « coin perdu ».
Mon hôte s’est fait tatouer la carte du lac supérieur sur l’avant bras, c’est dire
qu’elle tient à sa région. Elle élève ses poules et lutte contre les OGM, elle
torréfie son café. Ceux qui, comme moi pensaient que les américains couraient
après la montre et abusaient de la malbouffe se trompent. Ils ne sont pas tous
comme ça.
North country
Après la Pennsylvanie, l’Ohio, l’Indiana, le Michigan, l’Illinois et le Wisconsin, me
voila au Minnesota. 1000 miles au compteur. C’est la destination la plus
occidentale de mon voyage. Au bord du lac Supérieur, 10 fois plus grand que la
Corse, et partagé entre les USA et le Canada. 10% des réserves d’eau douce du
monde se trouvent là…..
La région, tout comme le Wisconsin est rurale. Ces sont les immigrants
scandinaves qui se sont installés ici au
XVII° siècle prenant peu à peu les
territoires aux indiens. D’ailleurs le nom
Minnesota vient de la langue indienne du
Dakota voisin, Minisota, qui veut
dire « terre des eaux aux reflets du ciel ».
Les populations du Minnesota ont la réputation d’être joviaux et serviables c’est
pourquoi, aux USA, on leur associe la distinction « Minnesota nice »
Ce qui surprend en regardant la carte est l’omniprésence des noms français dans
la région. Les indiens voisins par exemple sont de la tribu « Du fond du Lac »….
L’explication est à chercher dans l’histoire bien sûr, à l’époque où la France,
établit une colonie qu’elle appela la Nouvelle-France.
La Nouvelle-France était précisément une vice-royauté du Royaume de France, de
1534 à 1763. Le territoire de la Nouvelle-France était constitué des colonies
suivantes : l’Acadie, le Canada, et la Louisiane. À son apogée, il comprenait ainsi
le bassin versant du fleuve Saint-Laurent, des Grands Lacs et du Mississippi, le
nord de La Prairie, et une grande partie de la péninsule du Labrador.(Wikipedia)
Bob DYLAN a vécu dans cette région jusqu’à l’âge de 19 ans.
If you’re traveling to the north country fair
Where the wind hit heavy on the border line
Remember me to one who lives there.
She once was a true love of mine
Well, if you go when the snowflakes storm
When the rivers freeze and summer ends
Please see for me if she’s wearing a coat so warm
To keep her from the howlin’ winds.
Girl of the North Country (The freewheeling)
Et il est vrai que le vent souffle encore plus fort qu’à Chicago.
Say Hello to Chicago
Cette fois ci ce ne sont pas les paroles de Dylan qui me viennent en mémoire mais
celles de son copain : Neil Young
When the blues moved north, to Chicago they came
And I caught some myself in this blind alley and rain
Close to the L with it’s clattering train
Near an old ornate theater where I soon will be playing
I soon will be playing
Je quitte Chicago, mais je garderai en mémoire ce
guitariste de blues de la Daley Plazza. Il jouait en
regardant la « statue sans nom » de Picasso. Voyait-il en
elle, une femme aux cheveux long, ou une créature
zoomorphe à qui il faut plaire ou qu’il faut craindre?
So I said hello for you, when I saw a stylish girl
Walking by on the sidewalk with her hair in a
swirl
From the wind that was growing at the end of
the day
And I wondered what would be coming my
way
What would be coming my way, coming my
way
Durant mon séjour, j’ai logé chez une jeune afro-américaine d’origine nigériane :
Chinelo. Elle vit avec sa mère dans un bloc d’un quartier résidentiel. Elle est
travailleur social auprès d’adultes et de personnes âgées, mais pour arrondir ses
fins de mois, elle loue son canapé à des voyageurs de passage.
Parfaitement intégrées, elles ne parlent plus leur langue entre elles mais
l’anglais. Elles ont été des hôtesses agréables.
You know I been to Chicago, I was here once before
And the rain kept on pounding outside the stage door
I was singing and drinking with love in my heart
I was younger and stronger while life played it’s part
While life played it’s part, life played it’s part
Je me rappellerai aussi de ces pluies battantes, qui m’ont réveillé la nuit ou qui
m’ont obligé à me réfugier dans des coffee shop en attendant que la pluie cesse…
Que le temps joue sa partition…
Le lac Michigan
Let us not be strangers if we come to know
Things about each other that seem to come and go
‘Cause friendship is everything if love is to last
And I have my guard down and love passes fast
Love passes fast, love passes fast
Ce couplet là aussi je le trouve très juste.
Oeuvre d’Anish Kapoor dans le Millenium Park
« The bean » ou « Cloud gate »
Chicago
Oh the winds in Chicago have turn me to shreds
Reality has always had too many heads
Some things last longer than you think they will
Some kind of things you can never kill
It’s you and you only I been thinking about
But you can’t see in and it’s hard looking out
I’m 20 miles out of town in Cold Irons bound
cold iron bound (Time out of mind)
Le blues est né dans le delta du Mississippi chez les travailleurs journaliers des
champs de cotons (les hobos). Basique, il repose sur la voix, la guitare acoustique
(banjo, dobro, 6 cordes, 12 cordes) et l’harmonica.
Matt Hendrix au Buddy Guy
Legends
Mais la dépression des années 30, et le climat de peur imposé par le Ku Klux
Clan, a obligé les travailleurs à s’exiler là où il y avait du travail et la sécurité. A
Chicago et dans les zones où la production industrielles manquait de bras. Ils y
ont développé le Chicago Blues en ajoutant à la guitare, de la batterie, de la basse
voire des cuivres. Buddy Guy, Big Bill Bronzy, Muddy Waters, Willie Dixon sont
quelques noms connus du Chicago Blues. Il est bon de revoir le film Blues
Brothers pour se mettre dans l’ambiance.
Les lieux pour écouter cette musique, à toute heure de la journée, sont nombreux
à Chicago .
Je
suis donc arrivé à Chicago par le sud, mais pour me rendre à ma chambre d’hôte
qui se trouve au Nord, il m’a fallu traverser toute la ville. Moi qui ait horreur de
rouler en voiture dans les grandes villes… La circulation à Chicago est juste
impossible; Une autoroute de 6 voies traverse la ville, mais elle est embouteillée
aux heures de pointe. Néanmoins, les arrêts permettent d’admirer les buildings
sur la gauche, et le lac Michigan à droite.
Sa superficie représente presque un
dixième de la superficie de la France; On y
mettrait 25 fois l’île de la Réunion…. Les
indiens Ojibwe ont appelé ce lac Michigan,
ce qui veut dire « Les grandes eaux » .
Véliplanchistes, baigneurs, et autres adaptes de la bronzette ou des châteaux de
sable, y trouvent visiblement leur bonheur.
Chicago une grande ville, mais elle est bien pensée. Un incendie a partiellement
détruit la ville en 1871, ce qui explique qu’elle a été reconstruite avec les
contraintes naissants de la société
industrielle. En particulier, le métro
permet un déplacement aisé vers la
plupart des quartiers. Il fait parti du décor
et les habitants de Chicago y tiennent. A
coté des bâtiments architecturaux
prestigieux, passe la ligne aérienne du L
(nom donné au métro). C’est un peu
curieux.
En observant la ville du 110° étage de la tour Willis (la 2° tour la plus haute au
monde après celle de Dubai) on se fait une idée de l’étendue de la ville et du Lac.
Chicago est connu pour son climat froid et venteux : « Windy City ». Le vent est
glacial, même en été, lorsqu’il fait froid.
Parmi d’autres œuvres d’art
du musée :ce masque
africain bien connu…
Parmi les autres superlatifs, Chicago dispose aussi du plus grand musée d’art du
monde : Art Institut Of Chicago. La collection est impressionnante : Cézanne,
Gaughin, Magritte, Van Gogh, Mondrian, Dali, Picasso, Miro et j’en passe. Une
certaine prof d’art que je connais y aurait passé la semaine je crois
Et puis la rue regorge d’oeuvres : Picasso, Miro, Gerhy, etc…
Mes deux jours sont forcément trop courts. Je n’en verrai qu’un tout petit bout.
Guitar maker and Guitar player
And if we never meet again, baby, remember me,
How my lone guitar played sweet for you that old-time melody.
And the harmonica around my neck, I blew it for you, free,
No one else could play that tune,
You know it was up to me
Up to me (Bootleg serie 1991)
Gibson a quitté Kalamazoo en 1984, et des 1000 employés d’alors, une vingtaine
ont décidé de mettre leurs compétences dans la création de guitare
personnalisées de haute qualité : Heritage.
J’aime les gens passionnés et l’ingénieur rencontré ce matin, est de ceux là. A 73
ans, il a passé sa vie à construire, à jouer de la guitare, et il continue.
Son carnet d’adresse est impressionnant : Chet
Atkins, Steve Howe(Yes), Clapton, Jagger et
Richard (Rolling Stones), BB King, Willie Nelson…..
Il a travaillé avec LesPaul, amélioré la performance des micros de Gibson,
expérimenté de nouvelles cordes, conseillé un grand nombre de roadies en
recherche d’améliorations de sons…
Quand il a su que j’étais français, il a eu un moment de silence. Puis m’a demandé
si je connais Marcel Dadi…. Tous ceux qui ont appris la guitare dans les années
70 ont eu en main la Méthode de Dadi… Il s’est particulièrement fait connaitre en
technique picking.
Dadi était venu voir cet Ingénieur (Appelons le FretFiler) pour réfléchir à la
conception d’une guitare. L’avion qu’il a repris le lendemain de Kalamazoo à New
York s’est écrasé et Dadi était l’une des victimes.
Fretfiler a parlé de son métier, de la fabrication des guitares, de ses rencontres.
Sans s’arrêter, pendant plus d’une heure, avec passion, une étincelle dans les
yeux et un peu de nostalgie, il a raconté ses anecdotes, ses secrets de fabrication
et ses fiertés.
Et assurément ces guitares sont magnifiques; Des 335, des 135, des modèles
standards mais aussi des guitares expérimentales qui n’ont jamais été produites
en série par Gibson. Les guitaristes me comprennent
L’usine a tout d’un lieu très rustique, dans lequel la poussière s’est installée
durablement malgré les extracteurs. Les outils aussi sont rudimentaires. Cela m’a
rappelé l’atelier du menuisier de village où les outils eux-mêmes semblent avoir
été fabriqués par cet artisan : des serres joints en bois marqués par l’usure du
temps, des scies défraîchies voire oxydées, des toupies sans carter de
protection….
C’est de l’artisanat.
On est loin des 400 guitares produites quotidiennement dans les ateliers de
Nashville.
C’est avec regret que j’ai quitté Kalamazoo, car fretfiler donnait, dasn la soirée,
un concert de bluegrass dans un bar de la ville.
Mais le voyage continue, direction Chicago.
Walls of red Wing
From the dirty old mess hall
You march to the brick wall,
Too weary to talk
And too tired to sing.
Oh, it’s all afternoon
You remember your home town,
Inside the walls,
The walls of Red Wing.
(The bootleg serie 1991)
La sirène de police résonne dans la nuit. 22h30 dans cette petite ville du
Michigan, dans ce petit Motel de Kalamazoo. Sa tonalité est angoissante, ça doit
être fait exprès. J’arrête ma respiration. On ne peut pas ne pas entendre cette
sirène, car elle couvre tout à son passage.
Et quand la voiture est loin, le rap du voisin de chambre reprend ses droits. Le
voisin chante, mais on sent bien que les textes sont mal maîtrisés, trop fatigué
peut-être.
De l’autre coté un vieil homme tousse, puis il sort pour cracher. Peu après, un
bruit de verre cassé, sa bouteille de bière vient de tomber . Il avait déjà trop bu
sûrement, mais pas assez pour ne plus être capable vociférer des jurons
américains.
Et puis les murs tremblent. C’est le voisin du dessus…. Motel vite construit et mal
insonorisé.
Ce ne sont pas des clichés, c’est la vrai vie de ce petit Motel de quartier un 14
juillet. Le quotidien sûrement de cette petite ville que Gibson, General Motors et
Pfizer ont laissé tomber au désespoir des habitants..
Down the highway
Well, I’m walkin’ down the highway
With my suitcase in my hand.
Yes, I’m walkin’ down the highway
With my suitcase in my hand.
Lord, I really miss my baby,
She’s in some far-off land.
Down the Highway (THE FREEWHEELIN’ BOB DYLAN)
Des paroles qui se prêtent bien à ce jour.
La majorité des voitures américaines disposent d’une boîte de vitesse
automatique. J’ai du mal à m’y faire, et si mon jumeau était là, il regarderait d’un
air amusé mes tentatives (tentations) de changement de vitesses.
On dit que quand on sait rouler en France, on sait rouler aux USA, mais il y a
quelques nuances .
La vitesse est limitée en ville à environ 40km/h et sur autoroutes 110km/h voire
moins selon les états. Par ailleurs les feux rouges sont placés de l’autre coté de la
chaussée.
J’emprunte donc, avec ma voiture de location (une Kia 5 portes toutes options),
ces « Highways » pour aller à Kalamazoo. Une ville au nom curieux dans laquelle
s’est implantée la première usine des guitares Gibson en 1917. Le nom Kalamazoo
provient de la rivière du même nom dont la signification en langue Potawatomi
est incertaine. Peut-être « là où les eaux bouillonnantes se rencontrent » selon
certains.
Il y a environ 580 km de Pittsburgh à Kalamazzo, mais la route est en travaux sur
de nombreux tronçons ce qui oblige à rouler à 90km/h. La conduite est assez
reposante du fait de la faible vitesse, mais celle-ci n’est pas forcément respectée.
Et le dépassement se fait à droite comme à gauche. En particulier le
dépassement par un camion est impressionnant.
L’avant de ces « trucks » américains ressemble un peu à une tête de bullDog.
Quand, dans le rétroviseur, on les voit s’approcher, on n’hésite pas… on change
de voie. Et quand ils nous dépassent la poussée d’air nous donne la sensation de
recevoir un message du type « écarte toi de là, je veux passer »
Je loge dans un Motel, que des membres
d’un groupe religieux vêtus de TShirts
portant l’inscription « Jesus died for us »
viennent de qualifier de « Not safe »… Un
Motel comme il en existe des milliers aux
USA; vite construit, mal insonorisé, avec
un équipement minimaliste. Mais on y
trouve toujours de la place quand on
cherche à se loger juste une nuit. Et j’ai
connu pire à Paris dans les années 80.
L’usine de Kalamazoo a été fermée en 1984, mais les guitares Gibson fabriquées
dans cette ville sont un gage de qualité et valent une fortune. Demain j’aurai la
chance de la visiter.
Pittsburgh
I come into Pittsburgh
At six-thirty flat
I found myself a vacant seat
An’ I put down my hat
“What’s the matter, Molly, dear
What’s the matter with your mound?”
“What’s it to ya, Moby Dick?
This is chicken town!”
Lo and behold! Lo and behold!
Lookin’ for my lo and behold
Get me out a here, my dear man!
Lo and behold (Basement tapes)
Pittsburgh, en Pennsylvanie, est une ville
située sur la fourche des fleuves
Allegheny, Monongahela, et Ohio.
Cette configuration avantageuse pour le
transport maritime, a permis un
développement rapide de la ville. L’acier
en particulier et la présences d’industriels
philanthropes comme Andrew Carnegie et
Andrew Mellon ont permis un
développement industriel et culturel impressionnant. Tout, fait référence à eux :
Carnegie concert Hall, Carnegie Museum of Art, Carnegie Museum of Naturel
Science, Carnegie Mellon University, etc… Même un diplocodus porte son nom
car il a été découvert par une équipe du musée Carnegie.
L’université Carnegie Mellon où travaille Daniel, où est née notre amie Alice, est
vraiment impressionnante. On a tous entendu parler des Universités Américaines,
mais de les voir est autre chose. Les locaux, les structures sportives, culturelle,
techniques, etc… les moyens semblent sans limites. Carnegie Mellon University
est particulièrement célèbre pour les travaux du département de robotique dont
le budget annuel est de 60 millions de dollars. De nombreux robots humanoïdes
sont en développement ici.
Mais les autres disciplines ne sont pas en restes. Comme le bâtiment des arts
dont la voûte ferait plaisir à ceux et celles qui aiment la musique classique.
Voûte du hall d’entrée du batiment de musique du CM University
Mais Pittsburgh est aussi, la ville du poulet et une ville très verte et très agréable
à vivre. D’immenses parcs pour les promeneurs et joggers, des plans d’eau, des
parcs pour les enfants, etc… Elle est classée première ville américaine pour la
qualité de vie.
A quelques pas du centre ville un parc pour jogger et sur
la droite une autre université : la Cathedral of Learning
(Pittsburgh University)
La France et l’Angleterre ont une histoire commune dans cette partie du monde
où, au XVIII° siècle, chacun espérait coloniser la nouvelle Amérique. Pittsburgh
tient son nom du Fort Pitt construit par un général écossait : John Forbes. Après
avoir mis en déroute les français, le site fut appelé Pittsburgh (le fort de Pitt) en
associant le nom de William Pitt (homme d’état anglais) à Burgh (terme écossais
désignant une entité administrative).
Ma visite de cette ville m’a remémoré mes lectures d’enfant et un héro de bande
dessinée, Blek le Roc qui était un trappeur breton, en lutte contre les « tuniques
rouges » anglais.
Pittsburgh est aussi la ville natale d’Andy Warhol. Il y a fait ses études à
l’université Carnegie Mellon avant de se rendre à New York rejoindre le
mouvement beat et croiser…. Bob DYLAN.
Bob Dylan's Blues
Parfois des envies en entraînent d’autres… En 2009, nous étions aux USA, pour
découvrir le pays, faire des rencontres, faire tomber des barrières. Les miennes,
certaines du moins, car je n’étais pas particulièrement attiré par ce « nouveau
monde ».
Et au final, nous avions adoré certains aspects des Etats Unis. En tout premier
lieu, le coté positif des américains; si tout va mal, ils rebondissent.
Et la musique bien sûr. Le blues du delta du Mississipi; Un croisement entre
l’Afrique et l’Amérique… Leur histoire commune… La musique omniprésente,
celle que j’aime écouter, qui est née des chants d’esclaves cueilleurs de coton et
qui a donné naissance à des BB King, John Lee Hooker, Charly Paton, etc…
Tout ça m’avait donné envie de revenir pour une autre histoire, la suite…. celle de
la musique qui me berce depuis mes 14 ans. Celle de Bob DYLAN, un personnage
de roman, comme l’est Robert JOHNSON dont nous avions vu les 3 tombes
présumées du coté de Clarcksdale.
Et il faut des circonstances pour que les choses se fassent. Les études de Daniel
ont été le déclencheur.
Oh, who did you meet, my blue-eyed son?
Who did you meet, my darling young one?
I met a young child beside a dead pony,
I met a white man who walked a black dog,
I met a young girl, she gave me a rainbow,
I met one man who was wounded in love,
And it’s a hard, it’s a hard, it’s a hard, it’s a hard,
It’s a hard rain’s a-gonna fall.
C’est une des chansons les plus incompréhensible de Dylan qui me trotte dans la
tête depuis quelques jours. Elle a fait couler beaucoup d’encre. Certains voyaient
dans ce Hard Rain la représentation des bombes russes lors de la crise de la baie
des cochons. Dylan en a dit simplement « It’s just a song about a Hard Rain »…..
Nous voila bien avancé…
Avec des associations de mots parfois improbables, elle parle peut-être juste des
événements ou sentiments, bons et/ou mauvais, qui se succèdent dans une vie,
comme les gouttelettes d’une pluie. Comme cette année difficile qui vient de
s’écouler.
Je vais donc retrouver Daniel (qui n’a pas les yeux bleus) pour découvrir qui il a
rencontré,
ce
qu’il
a
fait,
ce
qu’il
a
entendu….
Un vol avec des escales à Paris et New York avant d’atterrir à Pittsburgh après 22
heures de trajets.
Le voyage se passe sans encombre et le spectacle du survol de New York la nuit
ne laisse pas indifférent et donne une idée de l’immensité de cette ville.
A l’arrivée un chauffeur de taxi peu bavard m’emmène jusqu’au quartier
résidentiel où vit Daniel.
Casquette cakie défraîchie, une barbe à la Bill Gibbons du groupe ZZ Top, et des
lunettes noires qui cachent ses yeux et les protègent probablement des maux de
têtes dues à un excès de cigarette ou un manque de sommeil. Pas très bavard,
pendant le trajet, tout en vidant sa tasse de café positionnée à coté du volant, il
marmonnait quelques mots incompréhensibles qui sans doute n’attendaient pas
de réponse. A l’approche de chaque feu au rouges, il faisait un petit geste de ses
doigts comme pour actionner un interrupteur. Seul son téléphone, qui sifflait de
manière un peu naïve à la réception de chaque SMS, permettait de se persuader
qu’on n’était pas dans la voiture d’un acteur de série noire pendant un tournage.

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