Going, Going, Gone,Never say goodbye,Maggie`s farm,The
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Going, Going, Gone,Never say goodbye,Maggie`s farm,The
Going, Going, Gone I’m closin’ the book On the pages and the text And I don’t really care What happens next. I’m just going, I’m going, I’m gone. I been walkin’ the road, I been livin’ on the edge, Now, I’ve just got to go Before I get to the ledge. So I’m going, I’m just going, I’m gone. Going, Going, Gone (Planet waves) Arrivé à la maison, Aurore me demande comment c’était…. C’est une question tellement difficile…. Le premier mot qui me vient à l’esprit est démesure. Des lacs qui sont des mers Des routes qui n’en finissent pas, Des pizzas de 50cm de diamètre…. Des building toujours plus haut, pour je ne sais quelle compétition La police qui patrouille en hélicoptère Des voiture énormes Les liquides (jus, lait…) conditionnés par 4 litres … Et aussi contradiction du point de vue du petit français que je suis. Des moyens financiers qui semblent sans limite alors que le pays, rapporté au nombre d’habitants, est le plus endetté au monde après le Japon (Source Commission Européenne- Banque de France). Un contrôle sévère de l’alcool et presque une absence de contrôle des armes La vie ancestrale des Amish, à coté de l’hypertechnicité Le junk food en ville pour gagner du temps, que l’on compense par des heures quotidiennes de footing ou de sport en salle. L’omniprésence de la religion là ou l’individualisme est roi …. Ce pays a presque conditionné la musique mondiale. Notre culture musicale, si on fait abstraction de la musique classique, vient de là. Pourtant, hormis quelques rares exceptions, les américains de la rue n’arrivent pas vraiment à préciser quelle type de musique ou quel artiste ils écoutent…. Mise à part Bruce Springsteen, qui semble bien populaire (Born in the USA n’y est pas pour rien), en ville, ils écoutent un melting-pot de choses qui passent à la radio. Parfois, je sens ce phénomène arriver en France. En campagne, la musique country, grâce à des festivals très populaires, est encore bien implantée, mais aucun artiste ne se dégage vraiment d’un autre. Calvin Russel, un rocker Texan, disait un jour que les américains n’avaient aucune fidélité sur le plan musical contrairement aux européens, ce qui rendait les carrières des artistes tellement difficiles et éphémères. Je n’arrive pas à oublier une discussion que j’ai eu au sujet de l’intégration des noirs aux USA et en France. Mon interlocuteur, d’origine africaine me disait que la France avait raté l’intégration et qu’elle le payerait chèrement car tous les jeunes africains s’en détourne pour aller vivre aux USA, où ils sont reconnu pour ce qu’ils sont et pas par la couleur de leur peau. Il a sûrement raison. L’histoire de l’Amérique peut expliquer cela, mais ne doit-on pas justement tirer des leçons de l’histoire pour aller de l’avant ? Je l’avoue, j’ai pris l’avion avec un pincement…. Bien sûr, le fait de laisser Daniel, mais il y a aussi un quelque chose que je n’arrive pas à identifier mais que j’ai beaucoup aimé lors de ce séjour. Waynesboro (PN) : Main street Plein d’images et d’idées me trottent dans la tête 3 heures après mon retour…. et le jetlag qui me rappelle que je suis bien revenu en France Je sais que Bob DYLAN sera bien présent encore les prochains jours. Never say goodbye Je suis à nouveau à Pittsburgh et cela annonce la fin de ce voyage. J’aurai parcouru 8000 km en voiture et en bus, fait plus de 300 km à pied, les semelles de mes Stan Smith sont trouées ce qui n’était jamais arrivé je crois . Je voulais que ce soit un voyage de rencontres et de musique, et je n’ai pas été déçu. Retrouver ceux que je connaissais déjà, faire de nouvelles rencontres durables ou juste ponctuelles. Aller dans ces coins perdus… Et quand la musique n’était pas sur la route, elle était dans ma tête. Et puis surtout je voulais voir dans quel cadre évoluait Daniel et comment étaient les universités américaines. Université de Pittsburgh : Cathedral of learning A ce sujet, 3 chiffres pour se faire une idée : Le département informatique de Carnegie Mellon vient de se voir attribuer la modique somme de 1,7 milliards de dollars par le département d’état à la défense. Une année universitaire ici coûte 58000 $ à chaque étudiant Une ex-étudiante, qui travaille maintenant, m’a avoué avoir 130 000$ de dettes suite à ses études Ca fait réfléchir. Revenons à la musique : Un artiste qui a 55 ans de carrière, 700 chansons à son actif et qui s’est renouvelé en permanence ne me laisse pas indifférent. J’avais envie, par ce blog, de partager ça aussi. Une dernière petite réflexion sur Dylan : Dans son enfance, Robert Zimmerman avait été marqué par les saltimbanques qui passaient dans la rue principale de Hibbing, la Howard Street. Plus tard, jeune artiste à New York, Bob Dylan s’inventait une histoire (un peu à la manière de Robert Johnson) qu’il a raconté aux journalistes, et dans laquelle, adolescent, il aurait fugué du Minnesota et appris la musique en allant de ville en ville. En 1975, il met sur pied le Rolling Thunder Revue, une tournée avec des amis (Joan Baez, Roger Mc Guinn…) à la manière des saltimbanques, où ils improvisent des concerts dans les villes traversées, presque en amateurs. Plus tard encore, en 1988, il démarre son Never Ending Tour qu’il n’a toujours pas arrêté : plus de 100 concerts par an (176 concerts en 2015 et il a 74 ans!!!) depuis cette date. Il ne serait sûrement pas ce qu’il est, s’il avait grandi à New York, s’il n’avait pas vu ces cirques ambulants. Notre manière d’être est conditionnée par nos rencontres. Et pour moi Dylan en est une parmi de nombreuses autres. Twilight on the frozen lake North wind about to break On footprints in the snow Silence down below. … My dreams are made of iron and steel With a big bouquet Of roses hanging down From the heavens to the ground. The crashing waves roll over me As I stand upon the sand Wait for you to come And grab hold of my hand. Never say Goodby (Planet waves) Je reviens sur Pittsburgh en bus et retrouve, lors de mon voyage, quelques images que de jours en jours j »avais croisé. Chauffeur de taxi Calèche Amish devant la banque Je termine ce blog avec des bisous particuliers à celle qui est loin là-bas et aussi à ceux qui sont en vacances en Charente Maritime. Maggie's farm Une chanson pour expliquer que nous travaillons tous dans la ferme de quelqu’un… I ain’t gonna work for Maggie’s ma no more. No, I ain’t gonna work for Maggie’s ma no more. Well, she talks to all the servants About man and God and law. Everybody says She’s the brains behind pa. She’s sixty-eight, but she says she’s twenty-four. I ain’t gonna work for Maggie’s ma no more. I ain’t gonna work on Maggie’s farm no more. No, I ain’t gonna work on Maggie’s farm no more. Well, I try my best To be just like I am, But everybody wants you To be just like them. They sing while you slave and I just get bored. I ain’t gonna work on Maggie’s farm no more. Maggie’s farm (Bringing it all back home) Les Amish n’aiment pas être pris en photo. La photo n’est donc pas de moi. Il y a beaucoup de Amish en Pennsylvanie. Cette communauté, fondée en Alsace au XVII° siècle dont les règles de vie sont dérivées de celles des mennonites, pratique essentiellement l’agriculture. Ils essayent de vivre avec un minimum d’équipements techniques : pas d’électricité (si possible), pas de téléphone, pas d’habits sophistiqués, etc… On les reconnait assez facilement par leurs habits qui semblent provenir d’un autre age : bonnets et robes longues pour les femmes, chapeaux noirs et longue barbe pour les hommes. Beaucoup se déplacent en calèche ou à cheval. Ils pratiquent encore la culture attelée, ou, dans le cas contraire, ils utilisent de très vieux tracteurs, mais cultivent selon des techniques ancestrales, sans engrais chimiques ni pesticides. Leurs clients sont nombreux du fait de la qualité des produits. Par ailleurs, l’absence de contraception contribue à ce que leur nombre augmente. A 3 km de Waynesboro se trouve un magasin de vente Amish, et je décide de m’y rendre à pied pour faire quelques achats. Malheureusement les routes américaines ne sont pas prévues du tout pour les piétons, et on m’a déconseillé d’y aller en raison des risques et des accidents fréquents. Mais je suis têtu… Finalement, 500 m avant d’arriver, Jack, un automobiliste me trouvant probablement imprudent, s’arrête et me conduit jusqu’à Paul’s Country Market, le magasin. Très sympathique, il me parle de son travail, des risques de la route et me dépose après une ferme poignée de sa main tatouée. Le magasin regorge de confitures, conserves, miels, purée de cacahuètes, légumes et fruits en tous genres. Certains équipements, produits ailleurs, comme des rocking-chair sont également en vente, mais aussi… des pots ou tasses Made in China. Les commerçantes, d’une élégance sobre, sont généreuses en explications et sourires, mais mal à l’aise quand il s’agit de gérer le payement par carte bancaire. Mon retour à la maison, bien chargé, n’a pas été facilité pour le coup, par un « Jack ». The answer is blowin' in the wind. Le mémorial Lincoln à Washington En 2009, la visite du mémorial Lincoln m’avait fortement impressionné. J’avais envie d’y revenir… Peut-être parce qu’à coté de ce géant qu’est Lincoln, l’histoire en a placé un deuxième. Le mémorial Luther King datant de 2013 En août 1963 (le 28 exactement), une marche sur Washington revendiquait les droits à la liberté, au travail, et aux droits civiques. La marche aboutissait au mémorial Lincoln justement. Martin Luther King y prononça son fameux discours I have a Dream et 300 000 manifestants y ont participé dont 80% d’afro-américains. Bob Dylan et d’autres y ont chanté plusieurs chansons, dont celle-ci qui mérite bien d’être citée aujourd’hui : How many years can a mountain exist Before it’s washed to the sea? Yes, ‘n’ how many years can some people exist Before they’re allowed to be free? Yes, ‘n’ how many times can a man turn his head, Pretending he just doesn’t see? The answer, my friend, is blowin’ in the wind, The answer is blowin’ in the wind. Blowin’ in the wind (The Freewheelin’) Plein de bisous à Anne-Marie pour son anniversaire L’album Freewheelin‘ et surtout Blowin’ in the wind, ont réellement propulsé Dylan sur la scène internationale et ont fait connaitre au monde entier son habileté à manipuler les mots. D’ailleurs, il a volontairement retiré la lettre G au titre du disque (freewheeling = roue libre) pour laisser le doute sur le sens du mot (free willing = libre choix). L’enfant du Minnesota avait fait un grand chemin. I have a Dream résonne en moi de manière très particulières pour les raisons que certains comprendront, Blowin’ in the wind, même si ce n’est pas mon titre préféré, est une chanson aux paroles exceptionnelles et les statuts de Lincoln et de Luther King sont impressionnantes et imposent le silence par leur simple présence. Tellement de raisons qui expliquent ma chair de poule ici. La maison blanche Washington est une belle ville dont beaucoup de bâtiments (musées, monuments, ministères, etc…) s’inspirent de l’architecture romane. De nombreux parcs et espaces verts permettent de s’y promener en oubliant qu’on est dans une capitale; il n’y a pas de buildings immenses qui oppressent . J’ai un peu l’impression de me promener dans un livre d’histoire : Luther King, Lincoln, la première guerre, la deuxième, la guerre de Corée, l’obélisque (monument Washington), la maison blanche, Apollo 11 (musée de l’espace), etc… Avec des chansons de Dylan dans ma tête : Well, I’m walkin’ down the highway With my suitcase in my hand. Yes, I’m walkin’ down the highway With my suitcase in my hand. Lord, I really miss my baby, She’s in some far-off land. Down the highway (Freewheelin’) Precious memories Je traverse la ligne Mason and Dixon qui délimite le Maryland de la Pennsylvanie. Cette même ligne qui marquait le ligne de front entre le Sud et le Nord lors de la guerre de sécession. Waynesboro jouxte cette ligne… Des batailles sanglantes s’y sont déroulées, non loin de Gettysburg. Des batailles pour le droit à l’humanité, pour une certain vision du monde. Ce n’est pas tellement loin de nous. The world is old, the world is gray Lessons of life can’t be learned in a day I watch and I wait and I listen while I stand To the music that comes from a far better land. Close the eyes of our captain, peace may he know His long night is done, the great leader is laid low He was ready to fall, he was quick to defend Killed outright he was by his own men. Across the green mountain C’est une journée de rencontres et de retrouvailles. L’occasion de se rappeler les moments communs, de refaire le monde… de juste passer de bons moments Precious memories, how they linger How they ever flood my soul. In the stillness of the midnight, Precious sacred scenes unfold. Precious memories (KNOCKED OUT LOADED) Tout le monde reconnaîtra des visages connus Harlem incident Avant de prendre le bus pour Washington DC, je décide de me promener encore un peu à Harlem. C’est dans cette partie de la ville que se sont concentrés les population afro-américaines mais aussi tous les immigrés africains. Un guinéen me disait hier qu’il avait beaucoup de compatriotes ici, mais que les Sénégalais, Maliens et Ivoiriens sont nombreux également. Ce sont eux qui tiennent bon nombre de commerces dans le quartier. C’est ici qu’est né le mouvement de promotion des droits civiques des minorités. Marcus Garvey (à l’origine du mouvement Rasta) et surtout Malcolm X ont développé leurs actions ici. Gypsy gal, the hands of Harlem Cannot hold you to its heat. Your temperature’s too hot for taming, Your flaming feet burn up the street. I am homeless, come and take me Into reach of your rattling drums. Let me know, babe, about my fortune Down along my restless palms. I been wond’rin’ all about me Ever since I seen you there. On the cliffs of your wildcat charms I’m riding, I know I’m ’round you but I don’t know where. You have slayed me, you have made me, I got to laugh halfways off my heels. I got to know, babe, will I be touching you So I can tell if I’m really real. Spanish Harlen Incident(Another side…) Les boutiques portent des noms connus : TOUBA, DIOP, NGAYE… Au hasard d’une rue, je tombe sur ‘le marché artisanal d’Harlem« . Un air de ressemblance avec le marché du plateau de Brazzaville : en vente, des toiles de Korhogo, des bijoux de pierres et d’argent, des batiks, des tuniques aux toiles colorées, des paniers…. Comme en Afrique en somme, et la négociation se fait en français pour les non américains. Trop drôle. Il y a de nombreuses églises et salles de Gospel dans le quartier. Généralement des temples baptistes. La religion et le sacré sont une composante incontournable de l’amérique : sur leurs monnaies est écrit « In God we Trust » et « God bless America » est sûrement la plus populaire des chansons patriotiques. Pour aller à Washington ou plus exactement Harrisburg, j’emprunte la compagnie Greyhound originaire de…. Hibbing. La plus grande compagnie du pays me semble-t-il. Le départ est un peu chaotique. Tout semble bien organisé : double contrôle des billets, enregistrement des bagages, accès au bus par des portes d’embarquement. Mais au final nous partons avec 30mn de retard, et des passagers hispanos n’auraient pas dû être dans le bus. Le temps de discuter, de les faire sortir augmente encore notre retard…. Au final, nous aurons un retard d’une heure sur le timing annoncé. Hurricane DYLAN et Suze Rotolo dans la 4ème rue de Greenwich Village en 1963 J’avais 12 ans quand j’ai entendu I want you à la radio. Je ne connaissais pas Bob DYLAN. J’étais dans la phase Beatles et un peu Stones, comme tous mes copains. Je me rappelle avoir aimé sa manière de tirer les mots comme un violon tire les notes. Je ne suivais pas de cours d’anglais encore et la compréhension des textes n’était pas ma priorité. C’est l’harmonie et la cohérence de l’association des sons. Une écriture très différente du « Love me do » des Beatles ou de ce qu’on pouvait entendre en France. Mais ma vraie claque a été Hurricane, un peu plus tard. Un titre de plus de 7mn, la voix soutenue par le violon et la guitare, et ces mots lancés comme des coups d’épées. Je n’avais jamais entendu ça avant. Ce fut une vraie révélation musicale pour moi. Et bien sûr aussi le fait de mettre en poésie des problématiques sociales. Pour Hurricane, il est question d’un boxeur noir condamné à tort dans le New Jersey alors que toutes les preuves désignaient un petit malfrat blanc. Un film (The Hurricane) a été fait de cette histoire dans lequel Denzel Washington joue le rôle de Rubin Carter. Pistol shots ring out in the barroom night Enter Patty Valentine from the upper hall. She sees the bartender in a pool of blood, Cries out, « My God, they killed them all! » Here comes the story of the Hurricane, The man the authorities came to blame For somethin’ that he never done. Put in a prison cell, but one time he could-a been The champion of the world Meanwhile, far away in another part of town Rubin Carter and a couple of friends are drivin’ around. Number one contender for the middleweight crown Had no idea what kinda shit was about to go down When a cop pulled him over to the side of the road Just like the time before and the time before that. In Paterson that’s just the way things go. If you’re black you might as well not show up on the street ‘Less you wanna draw the heat. Hurricane (Desire) A partir de là, j’ai commencé à éplucher ses titres, ses disques : Désiré, Street legal, Slow train coming… Non pas que Dylan me soit très sympathique… Je pense qu’il ne l’est pas… Mais c’est un génie sur le plan de la composition. C’est un personnage de roman, anticonformiste, et musicalement indépendant. Libre… Sa manière d’écrire les textes, les doubles sens, les associations improbables qui prennent du sens… Bref, tout ça m’impressionne. A New York aujourd’hui, il a fait mauvais toute la journée. Avec la chaleur des derniers jours, il fallait bien que ça tombe. Du pont de Brooklin, Miss Liberty était à peine visible. Une humidité dans l’air qui m’obligeait à nettoyer régulièrement mes lunettes. Et des pluies quasi tropicales : courtes mais intenses. Difficile dans ces conditions de faire de longues marches, je me suis donc rabattu sur le métro. Le métro parisien n’a rien à envier à son homologue américain. Au contraire, les stations New-Yorkaises sont vétustes, il y fait très chaud et la signalétique est à revoir. Mais à part cela, on retrouve les mêmes bousculades aux ouvertures de portes, les mêmes têtes endormies, les mêmes balancements au rythme des sons émis par les écouteurs. Les enfants y jouent au janken aussi, les hommes d’affaires cravatés lisent le New York Times et les femmes enceintes rentrent angoissées dans la wagon espérant trouver une place assise pour pouvoir protéger leur ventre. Si on fait abstraction des publicités placardées, on pourrait penser être dans une vieille rame du métro Parisien. Pont de Manhattan Talkin' New York Robert Zimmerman changera de nom à Chicago pour Bob Dylan, plus facile à prononcer et moins connoté. Dans ses mémoires, il expliquera que Dylan est une déformation de Dillon, le nom de son oncle. Il quitte Chicago pour New York en janvier 1961, où il rencontre son maître à penser et à chanter : Woody Guthrie mourant. L’hiver 61 était rude et enneigé. Dylan est arrivé à Greenwich Village, le quartier beat, où résident les poètes, musiciens, écrivains et artistes divers, sans savoir où loger, et sans emploi. Pour seule adresse le Cafe Wha, qui permettait aux artistes débutants de se produire et de faire passer une corbeille aux auditeurs. Ramblin’ outa the wild West, Leavin’ the towns I love the best. Thought I’d seen some ups and down, « Til I come into New York town. People goin’ down to the ground, Buildings goin’ up to the sky. Wintertime in New York town, The wind blowin’ snow around. Walk around with nowhere to go, Somebody could freeze right to the bone. I froze right to the bone. New York Times said it was the coldest winter in seventeen years; I didn’t feel so cold then. I swung on to my old guitar, Grabbed hold of a subway car, And after a rocking, reeling, rolling ride, I landed up on the downtown side; Greenwich Village. Talkin’ New York (Bob Dylan) Je me rends à New York, par un voyage de nuit, avec la compagnie de bus Megabus. Avant la présentation du billet, le contrôleur me fait un habituel « Hi, how are you today » (« Comment allez vous aujourd’hui ?« ). C’est une expression curieuse lorsque l’on rencontre quelqu’un pour la première fois, mais c’est vraiment habituel dans cette partie des Etats Unis. Dans le même ordre d’idées, ici, on ne se fait pas la bise entre amis, mais on se prend dans les bras en tapant amicalement le dos. Si on se connait moins c’est la poignée de main classique. Ça allait beaucoup moins bien quand il m’a annoncé que mon billet était périmé, valable pour la veille. En effet, préoccupé par autre chose et sûrement fatigué, je n’ai plus vérifié la date que j’avais programmé mi juin. J’étais resté sur une ancienne version de mon voyage. Je demande timidement : « Oh sorry, but could I travel anyway? » Réponse laconique « 40 bucks ». En clair, je repaye mon billet, et je ne suis pas en position de discuter. Je lui tends les 40$ en lui lançant « Could I have a receipt? » « No receipt !!! » d’une voix agacée. En voila un qui vient probablement de s’octroyer une pourboire confortable. Le bus possède deux étages, est spacieux, climatisé, équipé de WIFI et de toilettes. Il vaut mieux… Pittsburgh – New York se fera en 8 heures, de 22h à 6h. Difficile néanmoins de dormir, car la climatisation est, comme à l’habitude, réglée à une température très froide et les voisins de « chambre », nombreux, ronflent pour certains. Je ne m’y habitue pas A New York, je loge chez Melody, à Harlem, au Nord de Central Park, en plein quartier Ouest Africain. On y parle wolof, bambara, français et un peu américain. Idéal pour me sentir chez moi. Masters of war Come you Masters of war …. You fasten the triggers For the others to fire Then you set back and watch When the death count gets higher You hide in your mansion As young people’s blood Flows out of their bodies And is buried in the mud Masters of war Pendant que je faisais mon voyage de retour vers Pittsburgh, un nouveau drame a frappé les USA. Un individu a ouvert le feu dans un cinéma à Lafayette en Louisiane. Bilan : 3 morts et 7 blessés graves. La majorité des américains considèrent que c’est un droit inaliénable de posséder une arme pour se défendre. Les armureries sont nombreuses, et on peut acheter une arme sur simple présentation de la carte d’identité et en payant comptant. Barack Obama, a essayer de modifier la loi quant à la vente d’armes, mais il n’a pas réussi à avoir l’accord du sénat. J’ai eu l’occasion de rentrer dans une armurerie à Coldwater dans le Michigan. Le spectacle est impressionnant, car j’y ai vu exposé des armes de guerre. Plusieurs clients examinaient très sérieusement les fusils. Ce magasin faisait aussi du prêt sur gage, et en particulier il y avait une magnifique guitare Gibson perdue au milieu de ces armes. Cela me paraissait tellement incompatible. A l’inverse, le contrôle de l’alcool est très strict. On ne peut pas acheter une bière dans un supermarché. Il y a des magasins spécialisés pour cela, dans lesquels on ne rentre que si on a plus de 21 ans. Dans les bars, Daniel est tenu de présenter sa carte d’identité pour avoir le droit de rentrer ou de consommer. Et puis c’est vexant, car on ne me demande pas la mienne . C’est culturel, mais les deux mesures semblent tellement disproportionnées. Hall of fame Tout le monde aura compris que le fil directeur de ce voyage était la musique. Et quand la musique n’est pas prévue au programme, elle s’invite. Daniel avait souhaité que nous visitions Cleveland qui est juste à 2h de route de Pittsburgh. Nous voila donc partis pour deux jours dans cette ville au bord du lac Erie… Le 3° lac le plus grand des USA après le lac supérieur et la lac Michigan. Le Lac Erie alimente, par les chutes du Niagara (que nous avions vu en 2009), le lac Ontario. Le bâtiment du Rock n »Roll Hall of Fame Le hasard a voulu que le premier bar sur lequel nous sommes tombés est le Hard Rock Café, et en cherchant un restaurant, c’est le House of Blues qui est apparu. Pour couronner le tout, nous découvrons que Cleveland abrite le Rock and Roll Hall of Fame. Le lieu aux USA, où l’on récompense les musiciens qui ont rajouté une brique à l’édifice de la musique que j’écoute. L’expression « Rock and Roll » est d’ailleurs née dans cette ville en 1951, mais je ne le savais pas avant. On retrouve dans le musée du RRHF, tous ceux que j’évoquais dans ce blog : Robert Johnson, Bob DYLAN, Buddy Guy, les Rolling Stones et d’autres. Le lieu est impressionnant par la richesse des documents et des informations. On y a passé 4 heures. De réécouter de vieux titres oubliés, de voir des vieilles guitares (waouw… la version expérimentale de la Gibson Les Paul… la Tiger de Jerry Garcia du Grateful dead ), de découvrir ce lieu avec Daniel a été un moment mémorable. And what did you hear, my blue-eyed son? And what did you hear, my darling young one? I heard the sound of a thunder, it roared out a warnin’, Heard the roar of a wave that could drown the whole world, Heard one hundred drummers whose hands were a-blazin’, Heard ten thousand whisperin’ and nobody listenin’, Heard one person starve, I heard many people laughin’, Heard the song of a poet who died in the gutter, Heard the sound of a clown who cried in the alley, And it’s a hard, and it’s a hard, it’s a hard, it’s a hard, And it’s a hard rain’s a-gonna fall. A Hard rain is gonna fall (Freewheelin’) Une des deux seule photo de Robert Johnson Revenons à Robert Johnson : Nous sommes au début des années 30. Robert Johnson s’est rendu populaire avec sa guitare en deux ans seulement. Pour justifier ce succès fulgurant, il a expliqué qu’un jour il s’est perdu à un coin d’une rue de Clarcksdale entre les Highway 61 et 49. Il y a rencontré le diable avec lequel il a scellé un pacte : son âme contre la virtuosité. Cette histoire est devenue la légende de Robert Johnson. Il n’a profité que deux ans de son succès, avant d’avoir été assassiné par un mari jaloux. L’histoire ne raconte pas ce qu’est devenue son âme, mais dans la région de Greenwood trois tombes sont à son nom, sans que l’on sache où il est réellement enterré. Le croisement de rue est maintenant appelé CROSSROAD et deux énormes guitares y ont été placées pour que l’on se souvienne de l’histoire. Cleveland est une grande ville mais qui semble avoir perdu son attrait. Rockfeller y avait installé et développé ses raffineries. Située au bord du Lac Erie et traversée par la rivière Cuyahoga, elle profite d’une situation idéale pour un développement industriel. Aujourd’hui la ville essaye de se diversifier dans la biotechnologie pour compenser les pertes d’emplois dans l’industrie. Cleveland : Downtown Gros bisous à Laurent pour son anniversaire. J‘espère qu’il me lira du fin fond du Cameroun. Abraham Lincoln said that.... Springfield est la capitale de l’Illinois; curieusement ce n’est pas Chicago. La ville ne compte que 100 000 habitants mais c’est une ville que je qualifierai de « sympa ». Il y a des zones piétonnes, des bâtiments à l’échelle humaine et qui sont mis en valeur. La musique, que beaucoup d’entre nous écoutons, trouve ses origines dans le delta du Mississipi chez les esclaves noirs travaillant dans les champs de coton. Mais cette musique a pu évoluer parce que ces esclaves ont été libérés, ont pu se déplacer, et enrichir leur style avec d’autres influences; cela à créé entre autre le Chicago Blues, le rock, mais aussi le rap, la soul, etc… Cela a été possible grâce à un homme : Abraham LINCOLN, premier président républicain, des Etats Unis d’Amérique, sénateur de Springfield. En abolissant l’esclavage (13° amendement en 1865), il a déclenché la guerre de sécession, mais a réussi à réunifier ce pays au prix de sa vie. Pour l’anecdote, Barack OBAMA a également obtenu son investiture à Springfield. Lincoln est un des géants de l’histoire. Le détour par Springfield s’imposait. Well, now time passed and now it seems Everybody’s having them dreams. Everybody sees themselves walkin’ around with no one else. Half of the people can be part right all of the time, Some of the people can be all right part of the time. But all the people can’t be all right all the time I think Abraham Lincoln said that. « I’ll let you be in my dreams if I can be in yours, » I said that. Talkin’ World War III Blues (THE FREEWHEELIN’ ) Un texte un peu ironique, mais je ne sais pas si la citation évoquée est réellement de Lincoln, mais celle-là l’est : In the end, it’s not the years in your life that count. It’s the life in your years. Au final, ce n’est pas tant combien vous avez vécu, mais comment vous avez vécu. Le musée qui lui est consacré est absolument incroyable. Par des animations holographiques, des reconstitutions de lieux, des outils interactifs, des objets lui ayant appartenu, on arrive à suivre pas à pas le cheminement de cet homme. J’avoue y avoir ressenti une émotion assez forte. Il y a quelques temps, je m’étais endormi en regardant le film récent qui lui est consacré, ce qui ne m’arrive presque jamais… là, tout éveille. Reconstitution d’une réunion d’Etat Major Hasard du calendrier, tandis que je suis à Springfield, l’auteur de la fusillade de Charlestone vient d’être inculpé. Ce jeune sudiste de Caroline du Sud a tué 8 personnes noires tandis qu’elles sortaient du temple méthodiste. Horrible crime raciste. Le président Obama, a souhaité, suite à ce drame, que le drapeau des confédérés soit enfin retiré définitivement devant le parlement de la Caroline. Cette demande a déclenché des manifestations des membres du KuKlux clan vêtus de TShirt portant la croix gammée… If you can’t speak out against this kind of thing, a crime that’s so unjust Your eyes are filled with dead men’s dirt, your mind is filled with dust Your arms and legs they must be in shackles and chains, and your blood it must refuse to flow For you let this human race fall down so God-awful low! This song is just a reminder to remind your fellow man That this kind of thing still lives today in that ghost-robed Ku Klux Klan But if all of us folks that thinks alike, if we gave all we could give We could make this great land of ours a greater place to live The dead of Emmet Till (THE WITMARK DEMOS) Cette chanson de Bob DYLAN écrite en 1963 à propos de l’assassinat d’un enfant noir en 1955 reste malheureusement d’actualité. Ce n’est pas encore tout à fait la fin d’une histoire. Ce qui est extraordinaire à Springfield, c’est la richesse de l’architecture des maisons voire des perrons. Globalement ce sont des maisons modestes, mais chacun y va de sa touche personnelle : le fanion, le drapeau, les fleurs, les fauteuils, etc…. On pourrait faire un album photo rien qu’avec ces photos là. Et puis Springfield est placé directement sur la mythique Route 66. Je l’emprunte demain matin pour revenir en Pennsylvanie… 11 heures de route…. Bon vol à ceux qui prennent l’avion dans les jours qui viennent. Et bonnes vacances. The country I come from, is called the Midwest Je quitte Duluth à 5h30 du matin pour Springfield en Illinois. Le quartier dort encore, mais au bas de la colline, les lumières du port éclairent le lac. Elles sont allumées toute la nuit, car le chargement des bateaux avec des pellets de fer ne s’arrête pas. Ils iront vers les hauts fourneaux à Detroit, Pittsburgh ou ailleurs. J’observe encore le soleil se lever sur le lac, tandis que Bob et Marley, les deux chats de la maison, se frottent contre mes jambes. Et puis c’est parti pour une journée de route…. L’autoroute passe à nouveau au milieu des champs et forêts ondulés du Wisconsin. Les fermes sont grandes et éloignées les unes des autres, colorées, parfois défraîchies mais toujours pleines de charme. La région est sauvage… Sur un chemin longeant l’autoroute, j’aperçois deux biches, et un peu plus loin, une autre écrasée sur le bas-coté. Il y a des écureuils partout également. 1000km séparent Duluth de ma destination. Cela parait énorme, mais la conduite n’est pas trop fatigante, si on fait abstraction des « bulldogs », des travaux d’entretien de la route, et des lambeaux de pneus sur les bas cotés ou sur la chaussée elle-même. Je ferai finalement le trajet d’une traite pour arriver à Springfield à 16h. Le jeune Robert Zimmerman avait quitté l’ « Iron Range » en 1959 pour aller à l’Université de Mineapolis pendant un an, puis après quelques jours à Chicago, il s’est installé à New-York. Dans ses mémoires, il écrit que durant toute son adolescence, il a rêvé de quitter cette région dès que possible. Oh my name it is nothin’ My age it means less The country I come from Is called the Midwest I’s taught and brought up there The laws to abide And that land that I live in Has God on its side. With god on our side (THE TIMES THEY ARE A-CHANGIN) Springfield est une autre histoire… La fin d’une autre histoire…. Pleins de bisous aujourd’hui pour Joanne. Joyeux anniversaire. Watching the river flow Lorsque les émigrants européens se sont installés à Duluth, les indiens Ojibwe (eux-même s’appellent Chippewa) ont été repoussés plus à l’ouest. A 30 miles du Lac supérieur dans une région où coulent de nombreuses rivières et où il y des étangs peu profonds, entre Cloquet et Carlton. Les indiens ont appelé cette zone Nah Gah Chi Wa Nong, ce qui veut dire « Là où l’eau est bloquée« . Les européens, quant à eux, l’ont appelé le fond du lac à cause de la faible profondeur des zones inondées. Oh the history books tell it They tell it so well The cavalries charged The Indians fell The cavalries charged The Indians died Oh the country was young With God on its side. So now as I’m leavin’ I’m weary as Hell The confusion I’m feelin’ Ain’t no tongue can tell The words fill my head And fall to the floor If God’s on our side He’ll stop the next war. With god on our side (THE TIMES THEY ARE A-CHANGIN) Il reste aujourd’hui environ 4000 indiens dans cette réserve. Ils ont une administration propre qui gère les affaires de la réserve tout en respectant les lois américaines bien sûr . Ils ont leur propre police, leurs services de santé, leur tribunal local, etc… Leur agriculture est centrée autour de la culture d’un riz noir très fin et ils gèrent en outre deux casinos à Duluth et Carlton. Le casino de Carlton (MN) tenu par les indiens du fond du lac Mais rien ne permet de penser qu’on est dans une réserve. Pas de wigmam, pas de plumes sur la tête, pas non plus de flèches qui ont volés au-dessus de ma tête. Les maisons, dans la réserve, sont identiques aux autres. Est-ce un signe de bonne intégration ? Ma petite discussion avec un « ancien » de la réserve laissait émerger une certaine amertume. Il m’a parlé de ces indiens qui sont morts à la 2° guerre, au vietnam et ailleurs, nombreux, et dont on ne parle pas. Il m’a avoué aussi qu’ils se mariaient davantage entre tribus. Un bon sujet d’ethnologie…. Très loin, on devine les collines du Michigan Split rock Lighthouse Et puis avant de partir, j’avais envie de remonter un peu le Lac, vers le Canada… Voir une dernière fois l’eau claire et bleue de ce géant. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas particulièrement ému par l’eau . Mais l’immensité pure, c’est autre chose. Hibbing Paul a annoncé la couleur ce matin : « Hibbing is a boring city. What would you do there ?« . Mais j’ai décidé d’aller à Hibbing, ennuyeuse ou pas, on me l’a déjà faite. I went back to see the gypsy, It was nearly early dawn. The gypsy’s door was open wide But the gypsy was gone, And that pretty dancing girl, She could not be found. So I watched that sun come rising From that little Minnesota town. Went to see the gipsy (New morning) Hibbing est avant tout une blessure ouverte et rouge dans le sol du Minnesota. Une mine de fer à ciel ouvert, je n’en avais jamais vu, qui produit les 3/5° du fer américain. La ville s’appelait Alice (tiens, tiens…) à la fin du XIX° siècle puis a été déplacée (du fait de l’extraction du fer) et renommée Hibbing en l’honneur de celui qui a découvert le métal. Toute l’économie tourne autour de ce métal, ou presque. Les enfants de Hibbing ont une voie professionnelle toute tracée. Maison de la famille Zimmerman à Hibbing Le jeune Robert Zimmerman y est arrivé à l’âge de 6 ans. Dans ses mémoires (Chroniques vol1), il parle d’Hibbing comme d’une ville centrée autour du fer et dont la vie était ponctuée par certains événements exceptionnels : les feux d’artifice le 4 juillet, les jeux dans la neige et la venue de cirques ambulants. Il y a appris un peu de piano, la guitare et l’harmonica et surtout il y a découvert la musique (coutry, rock et folk). La salle de spectacle de la High School d’Hibbing Au lycée, il a commencé à monter des groupes. Son premier concert a été donné dans la salle de spectacle du lycée. Une grande chance pour moi, et énormément d’émotion, de pouvoir rentrer dans cette salle magnifique. Le jeune Robert n’était pas très assidu en classe et sa seule ambition marquée dans le yearbook de 1959 est de rejoindre Little Richard dont il avait entendu un disque chez le disquaire. Il ne voyait pas d’avenir pour lui à Hibbing…. Dans un interview donné en 65, il déclarait : « je savais une chose, je devais partir de là-bas et ne pas y revenir… ». Certains habitants de Hibbing ne lui ont pas pardonné ces mots, et l’absence de musée s’explique sûrement par ce rejet. Paul avait raison, la ville ne bouge pas beaucoup. Il m’avait conseillé d’aller boire une bière au Zimmy’s, un bar consacré à celui qui allait devenir Bob DYLAN, mais le Zimmy’s a fermé définitivement en février pour cessation de payement. Je me suis donc rabattu sur le bar des sportifs… L’ambiance y était sûrement moins solennelle que ce qu’elle aurait été au Zimmy’s. Gros bisous à Lucienne pour son anniversaire. Il est 1h du matin en France, mais dans le Minnesota nous sommes encore le 20 et il est 19h Duluth Ma première pensée quand je suis arrivé à Duluth (prononcer doulouce et pas dülütte comme un klaxon de voiture) a été « Qu’est-ce que je fais là ?« . Il s’agit d’une ville (80 000hab) portuaire par laquelle transite les céréales, le charbon et l’acier vers le monde entier. Pas d’architecture prestigieuse comme Chicago, pas de passé historique glorieux, pas d’Université avec des travaux passionnants comme Pittsburgh… « Qu’est ce que je suis faire là ? » D’ailleurs certains me l’ont demandé avant même que j’y arrive « Qu’est-ce qu’il y a à voir à Duluth?« . Même le nom fait « trou perdu » : on le doit au premier européen qui s’y est installé: Daniel Greysolon, Sieur du Lhut,. Et puis une fois le choc passé, j’ai commencé à trouver un certain charme à cette ville. Robert Zimmermann est né ici en mai 1941. Il n’y a vécu que 6 ans, mais y a fait une partie de son école primaire. Il n’en parle pas beaucoup et il y a curieusement peu de référence à lui dans la ville. La famille Zimmerman habitait au premier étage Sa maison natale est totalement anodine et sans signalétique. Il y a bien un « Bob Dylan Way » mais elle est vraiment sans intérêt. Il y a fait un concert, avec Paul Simon en 1999, pour remercier la ville. Dans un de ses rares commentaires, il montrait la colline en disant que sa première petite amie habitait là-bas. Car la ville est perchée sur une colline. Mes Stan Smith s’en souviennent encore. On ne marche pas, on grimpe ici. On ne transpire pas, on se déshydrate. Something there is about you that strikes match in me Is it the way your body moves or is it the way your hair blows free Or is it because you remind me of something that used to be Something that’s crossed over from another century ? Thought I’d shaken the wonder and the phantoms of my youth Rainy days on the Great Lakes, walking the hills of old Duluth There was me and Danny Lopez, cold eyes, black night and then there was Ruth Something there is about you that brings back a long forgotten truth. Something there is about you (Planet waves) Les gens sont très attentionnés et agréables. Ils entament la conversation très facilement « What are you doing here ? », « Oh you came from France and you come to Duluth. Why ? » Something is hapening here, but I don’t know what it is Ballad for a thin man J’avais (nous avions) gardé un souvenir mémorable d’un hamburger pris à Greenville en 2009. Rien à voir avec le big-mac ou cheese-mac. Donc en passant devant un petit restaurant qui ne payait pas de mine, j’ai voulu renouveler l’expérience du « Hamburger vrai » . En rentrant, 3 autochtones au bar me dévisageaient. Je lisais dans leurs regards : « Il n’est pas d’ici lui. Qu’est-ce qu’il vient faire à Duluth ? » Casquette USA et Mc Cormic sur la tête, le jeans usé et chemise de travail qui a fait son temps, ils prenaient leur 1/2 litre de bière en parlant de leur vie. Les « culsterreux du Minnesota » comme dirait quelque que je ne nommerai pas. Le hamburger était excellent. Certes, c’est de la cuisine américaine, mais ça n’a rien à voir avec ce qu’on connait de hamburger en France. Après une journée passée avec mes hôtes et dans ce coin perdu, je me dis que si je restais là une semaine, je ne partirai peut-être plus. Les gens sont simples, vivent simplement et sont attachés à leur « coin perdu ». Mon hôte s’est fait tatouer la carte du lac supérieur sur l’avant bras, c’est dire qu’elle tient à sa région. Elle élève ses poules et lutte contre les OGM, elle torréfie son café. Ceux qui, comme moi pensaient que les américains couraient après la montre et abusaient de la malbouffe se trompent. Ils ne sont pas tous comme ça. North country Après la Pennsylvanie, l’Ohio, l’Indiana, le Michigan, l’Illinois et le Wisconsin, me voila au Minnesota. 1000 miles au compteur. C’est la destination la plus occidentale de mon voyage. Au bord du lac Supérieur, 10 fois plus grand que la Corse, et partagé entre les USA et le Canada. 10% des réserves d’eau douce du monde se trouvent là….. La région, tout comme le Wisconsin est rurale. Ces sont les immigrants scandinaves qui se sont installés ici au XVII° siècle prenant peu à peu les territoires aux indiens. D’ailleurs le nom Minnesota vient de la langue indienne du Dakota voisin, Minisota, qui veut dire « terre des eaux aux reflets du ciel ». Les populations du Minnesota ont la réputation d’être joviaux et serviables c’est pourquoi, aux USA, on leur associe la distinction « Minnesota nice » Ce qui surprend en regardant la carte est l’omniprésence des noms français dans la région. Les indiens voisins par exemple sont de la tribu « Du fond du Lac »…. L’explication est à chercher dans l’histoire bien sûr, à l’époque où la France, établit une colonie qu’elle appela la Nouvelle-France. La Nouvelle-France était précisément une vice-royauté du Royaume de France, de 1534 à 1763. Le territoire de la Nouvelle-France était constitué des colonies suivantes : l’Acadie, le Canada, et la Louisiane. À son apogée, il comprenait ainsi le bassin versant du fleuve Saint-Laurent, des Grands Lacs et du Mississippi, le nord de La Prairie, et une grande partie de la péninsule du Labrador.(Wikipedia) Bob DYLAN a vécu dans cette région jusqu’à l’âge de 19 ans. If you’re traveling to the north country fair Where the wind hit heavy on the border line Remember me to one who lives there. She once was a true love of mine Well, if you go when the snowflakes storm When the rivers freeze and summer ends Please see for me if she’s wearing a coat so warm To keep her from the howlin’ winds. Girl of the North Country (The freewheeling) Et il est vrai que le vent souffle encore plus fort qu’à Chicago. Say Hello to Chicago Cette fois ci ce ne sont pas les paroles de Dylan qui me viennent en mémoire mais celles de son copain : Neil Young When the blues moved north, to Chicago they came And I caught some myself in this blind alley and rain Close to the L with it’s clattering train Near an old ornate theater where I soon will be playing I soon will be playing Je quitte Chicago, mais je garderai en mémoire ce guitariste de blues de la Daley Plazza. Il jouait en regardant la « statue sans nom » de Picasso. Voyait-il en elle, une femme aux cheveux long, ou une créature zoomorphe à qui il faut plaire ou qu’il faut craindre? So I said hello for you, when I saw a stylish girl Walking by on the sidewalk with her hair in a swirl From the wind that was growing at the end of the day And I wondered what would be coming my way What would be coming my way, coming my way Durant mon séjour, j’ai logé chez une jeune afro-américaine d’origine nigériane : Chinelo. Elle vit avec sa mère dans un bloc d’un quartier résidentiel. Elle est travailleur social auprès d’adultes et de personnes âgées, mais pour arrondir ses fins de mois, elle loue son canapé à des voyageurs de passage. Parfaitement intégrées, elles ne parlent plus leur langue entre elles mais l’anglais. Elles ont été des hôtesses agréables. You know I been to Chicago, I was here once before And the rain kept on pounding outside the stage door I was singing and drinking with love in my heart I was younger and stronger while life played it’s part While life played it’s part, life played it’s part Je me rappellerai aussi de ces pluies battantes, qui m’ont réveillé la nuit ou qui m’ont obligé à me réfugier dans des coffee shop en attendant que la pluie cesse… Que le temps joue sa partition… Le lac Michigan Let us not be strangers if we come to know Things about each other that seem to come and go ‘Cause friendship is everything if love is to last And I have my guard down and love passes fast Love passes fast, love passes fast Ce couplet là aussi je le trouve très juste. Oeuvre d’Anish Kapoor dans le Millenium Park « The bean » ou « Cloud gate » Chicago Oh the winds in Chicago have turn me to shreds Reality has always had too many heads Some things last longer than you think they will Some kind of things you can never kill It’s you and you only I been thinking about But you can’t see in and it’s hard looking out I’m 20 miles out of town in Cold Irons bound cold iron bound (Time out of mind) Le blues est né dans le delta du Mississippi chez les travailleurs journaliers des champs de cotons (les hobos). Basique, il repose sur la voix, la guitare acoustique (banjo, dobro, 6 cordes, 12 cordes) et l’harmonica. Matt Hendrix au Buddy Guy Legends Mais la dépression des années 30, et le climat de peur imposé par le Ku Klux Clan, a obligé les travailleurs à s’exiler là où il y avait du travail et la sécurité. A Chicago et dans les zones où la production industrielles manquait de bras. Ils y ont développé le Chicago Blues en ajoutant à la guitare, de la batterie, de la basse voire des cuivres. Buddy Guy, Big Bill Bronzy, Muddy Waters, Willie Dixon sont quelques noms connus du Chicago Blues. Il est bon de revoir le film Blues Brothers pour se mettre dans l’ambiance. Les lieux pour écouter cette musique, à toute heure de la journée, sont nombreux à Chicago . Je suis donc arrivé à Chicago par le sud, mais pour me rendre à ma chambre d’hôte qui se trouve au Nord, il m’a fallu traverser toute la ville. Moi qui ait horreur de rouler en voiture dans les grandes villes… La circulation à Chicago est juste impossible; Une autoroute de 6 voies traverse la ville, mais elle est embouteillée aux heures de pointe. Néanmoins, les arrêts permettent d’admirer les buildings sur la gauche, et le lac Michigan à droite. Sa superficie représente presque un dixième de la superficie de la France; On y mettrait 25 fois l’île de la Réunion…. Les indiens Ojibwe ont appelé ce lac Michigan, ce qui veut dire « Les grandes eaux » . Véliplanchistes, baigneurs, et autres adaptes de la bronzette ou des châteaux de sable, y trouvent visiblement leur bonheur. Chicago une grande ville, mais elle est bien pensée. Un incendie a partiellement détruit la ville en 1871, ce qui explique qu’elle a été reconstruite avec les contraintes naissants de la société industrielle. En particulier, le métro permet un déplacement aisé vers la plupart des quartiers. Il fait parti du décor et les habitants de Chicago y tiennent. A coté des bâtiments architecturaux prestigieux, passe la ligne aérienne du L (nom donné au métro). C’est un peu curieux. En observant la ville du 110° étage de la tour Willis (la 2° tour la plus haute au monde après celle de Dubai) on se fait une idée de l’étendue de la ville et du Lac. Chicago est connu pour son climat froid et venteux : « Windy City ». Le vent est glacial, même en été, lorsqu’il fait froid. Parmi d’autres œuvres d’art du musée :ce masque africain bien connu… Parmi les autres superlatifs, Chicago dispose aussi du plus grand musée d’art du monde : Art Institut Of Chicago. La collection est impressionnante : Cézanne, Gaughin, Magritte, Van Gogh, Mondrian, Dali, Picasso, Miro et j’en passe. Une certaine prof d’art que je connais y aurait passé la semaine je crois Et puis la rue regorge d’oeuvres : Picasso, Miro, Gerhy, etc… Mes deux jours sont forcément trop courts. Je n’en verrai qu’un tout petit bout. Guitar maker and Guitar player And if we never meet again, baby, remember me, How my lone guitar played sweet for you that old-time melody. And the harmonica around my neck, I blew it for you, free, No one else could play that tune, You know it was up to me Up to me (Bootleg serie 1991) Gibson a quitté Kalamazoo en 1984, et des 1000 employés d’alors, une vingtaine ont décidé de mettre leurs compétences dans la création de guitare personnalisées de haute qualité : Heritage. J’aime les gens passionnés et l’ingénieur rencontré ce matin, est de ceux là. A 73 ans, il a passé sa vie à construire, à jouer de la guitare, et il continue. Son carnet d’adresse est impressionnant : Chet Atkins, Steve Howe(Yes), Clapton, Jagger et Richard (Rolling Stones), BB King, Willie Nelson….. Il a travaillé avec LesPaul, amélioré la performance des micros de Gibson, expérimenté de nouvelles cordes, conseillé un grand nombre de roadies en recherche d’améliorations de sons… Quand il a su que j’étais français, il a eu un moment de silence. Puis m’a demandé si je connais Marcel Dadi…. Tous ceux qui ont appris la guitare dans les années 70 ont eu en main la Méthode de Dadi… Il s’est particulièrement fait connaitre en technique picking. Dadi était venu voir cet Ingénieur (Appelons le FretFiler) pour réfléchir à la conception d’une guitare. L’avion qu’il a repris le lendemain de Kalamazoo à New York s’est écrasé et Dadi était l’une des victimes. Fretfiler a parlé de son métier, de la fabrication des guitares, de ses rencontres. Sans s’arrêter, pendant plus d’une heure, avec passion, une étincelle dans les yeux et un peu de nostalgie, il a raconté ses anecdotes, ses secrets de fabrication et ses fiertés. Et assurément ces guitares sont magnifiques; Des 335, des 135, des modèles standards mais aussi des guitares expérimentales qui n’ont jamais été produites en série par Gibson. Les guitaristes me comprennent L’usine a tout d’un lieu très rustique, dans lequel la poussière s’est installée durablement malgré les extracteurs. Les outils aussi sont rudimentaires. Cela m’a rappelé l’atelier du menuisier de village où les outils eux-mêmes semblent avoir été fabriqués par cet artisan : des serres joints en bois marqués par l’usure du temps, des scies défraîchies voire oxydées, des toupies sans carter de protection…. C’est de l’artisanat. On est loin des 400 guitares produites quotidiennement dans les ateliers de Nashville. C’est avec regret que j’ai quitté Kalamazoo, car fretfiler donnait, dasn la soirée, un concert de bluegrass dans un bar de la ville. Mais le voyage continue, direction Chicago. Walls of red Wing From the dirty old mess hall You march to the brick wall, Too weary to talk And too tired to sing. Oh, it’s all afternoon You remember your home town, Inside the walls, The walls of Red Wing. (The bootleg serie 1991) La sirène de police résonne dans la nuit. 22h30 dans cette petite ville du Michigan, dans ce petit Motel de Kalamazoo. Sa tonalité est angoissante, ça doit être fait exprès. J’arrête ma respiration. On ne peut pas ne pas entendre cette sirène, car elle couvre tout à son passage. Et quand la voiture est loin, le rap du voisin de chambre reprend ses droits. Le voisin chante, mais on sent bien que les textes sont mal maîtrisés, trop fatigué peut-être. De l’autre coté un vieil homme tousse, puis il sort pour cracher. Peu après, un bruit de verre cassé, sa bouteille de bière vient de tomber . Il avait déjà trop bu sûrement, mais pas assez pour ne plus être capable vociférer des jurons américains. Et puis les murs tremblent. C’est le voisin du dessus…. Motel vite construit et mal insonorisé. Ce ne sont pas des clichés, c’est la vrai vie de ce petit Motel de quartier un 14 juillet. Le quotidien sûrement de cette petite ville que Gibson, General Motors et Pfizer ont laissé tomber au désespoir des habitants.. Down the highway Well, I’m walkin’ down the highway With my suitcase in my hand. Yes, I’m walkin’ down the highway With my suitcase in my hand. Lord, I really miss my baby, She’s in some far-off land. Down the Highway (THE FREEWHEELIN’ BOB DYLAN) Des paroles qui se prêtent bien à ce jour. La majorité des voitures américaines disposent d’une boîte de vitesse automatique. J’ai du mal à m’y faire, et si mon jumeau était là, il regarderait d’un air amusé mes tentatives (tentations) de changement de vitesses. On dit que quand on sait rouler en France, on sait rouler aux USA, mais il y a quelques nuances . La vitesse est limitée en ville à environ 40km/h et sur autoroutes 110km/h voire moins selon les états. Par ailleurs les feux rouges sont placés de l’autre coté de la chaussée. J’emprunte donc, avec ma voiture de location (une Kia 5 portes toutes options), ces « Highways » pour aller à Kalamazoo. Une ville au nom curieux dans laquelle s’est implantée la première usine des guitares Gibson en 1917. Le nom Kalamazoo provient de la rivière du même nom dont la signification en langue Potawatomi est incertaine. Peut-être « là où les eaux bouillonnantes se rencontrent » selon certains. Il y a environ 580 km de Pittsburgh à Kalamazzo, mais la route est en travaux sur de nombreux tronçons ce qui oblige à rouler à 90km/h. La conduite est assez reposante du fait de la faible vitesse, mais celle-ci n’est pas forcément respectée. Et le dépassement se fait à droite comme à gauche. En particulier le dépassement par un camion est impressionnant. L’avant de ces « trucks » américains ressemble un peu à une tête de bullDog. Quand, dans le rétroviseur, on les voit s’approcher, on n’hésite pas… on change de voie. Et quand ils nous dépassent la poussée d’air nous donne la sensation de recevoir un message du type « écarte toi de là, je veux passer » Je loge dans un Motel, que des membres d’un groupe religieux vêtus de TShirts portant l’inscription « Jesus died for us » viennent de qualifier de « Not safe »… Un Motel comme il en existe des milliers aux USA; vite construit, mal insonorisé, avec un équipement minimaliste. Mais on y trouve toujours de la place quand on cherche à se loger juste une nuit. Et j’ai connu pire à Paris dans les années 80. L’usine de Kalamazoo a été fermée en 1984, mais les guitares Gibson fabriquées dans cette ville sont un gage de qualité et valent une fortune. Demain j’aurai la chance de la visiter. Pittsburgh I come into Pittsburgh At six-thirty flat I found myself a vacant seat An’ I put down my hat “What’s the matter, Molly, dear What’s the matter with your mound?” “What’s it to ya, Moby Dick? This is chicken town!” Lo and behold! Lo and behold! Lookin’ for my lo and behold Get me out a here, my dear man! Lo and behold (Basement tapes) Pittsburgh, en Pennsylvanie, est une ville située sur la fourche des fleuves Allegheny, Monongahela, et Ohio. Cette configuration avantageuse pour le transport maritime, a permis un développement rapide de la ville. L’acier en particulier et la présences d’industriels philanthropes comme Andrew Carnegie et Andrew Mellon ont permis un développement industriel et culturel impressionnant. Tout, fait référence à eux : Carnegie concert Hall, Carnegie Museum of Art, Carnegie Museum of Naturel Science, Carnegie Mellon University, etc… Même un diplocodus porte son nom car il a été découvert par une équipe du musée Carnegie. L’université Carnegie Mellon où travaille Daniel, où est née notre amie Alice, est vraiment impressionnante. On a tous entendu parler des Universités Américaines, mais de les voir est autre chose. Les locaux, les structures sportives, culturelle, techniques, etc… les moyens semblent sans limites. Carnegie Mellon University est particulièrement célèbre pour les travaux du département de robotique dont le budget annuel est de 60 millions de dollars. De nombreux robots humanoïdes sont en développement ici. Mais les autres disciplines ne sont pas en restes. Comme le bâtiment des arts dont la voûte ferait plaisir à ceux et celles qui aiment la musique classique. Voûte du hall d’entrée du batiment de musique du CM University Mais Pittsburgh est aussi, la ville du poulet et une ville très verte et très agréable à vivre. D’immenses parcs pour les promeneurs et joggers, des plans d’eau, des parcs pour les enfants, etc… Elle est classée première ville américaine pour la qualité de vie. A quelques pas du centre ville un parc pour jogger et sur la droite une autre université : la Cathedral of Learning (Pittsburgh University) La France et l’Angleterre ont une histoire commune dans cette partie du monde où, au XVIII° siècle, chacun espérait coloniser la nouvelle Amérique. Pittsburgh tient son nom du Fort Pitt construit par un général écossait : John Forbes. Après avoir mis en déroute les français, le site fut appelé Pittsburgh (le fort de Pitt) en associant le nom de William Pitt (homme d’état anglais) à Burgh (terme écossais désignant une entité administrative). Ma visite de cette ville m’a remémoré mes lectures d’enfant et un héro de bande dessinée, Blek le Roc qui était un trappeur breton, en lutte contre les « tuniques rouges » anglais. Pittsburgh est aussi la ville natale d’Andy Warhol. Il y a fait ses études à l’université Carnegie Mellon avant de se rendre à New York rejoindre le mouvement beat et croiser…. Bob DYLAN. Bob Dylan's Blues Parfois des envies en entraînent d’autres… En 2009, nous étions aux USA, pour découvrir le pays, faire des rencontres, faire tomber des barrières. Les miennes, certaines du moins, car je n’étais pas particulièrement attiré par ce « nouveau monde ». Et au final, nous avions adoré certains aspects des Etats Unis. En tout premier lieu, le coté positif des américains; si tout va mal, ils rebondissent. Et la musique bien sûr. Le blues du delta du Mississipi; Un croisement entre l’Afrique et l’Amérique… Leur histoire commune… La musique omniprésente, celle que j’aime écouter, qui est née des chants d’esclaves cueilleurs de coton et qui a donné naissance à des BB King, John Lee Hooker, Charly Paton, etc… Tout ça m’avait donné envie de revenir pour une autre histoire, la suite…. celle de la musique qui me berce depuis mes 14 ans. Celle de Bob DYLAN, un personnage de roman, comme l’est Robert JOHNSON dont nous avions vu les 3 tombes présumées du coté de Clarcksdale. Et il faut des circonstances pour que les choses se fassent. Les études de Daniel ont été le déclencheur. Oh, who did you meet, my blue-eyed son? Who did you meet, my darling young one? I met a young child beside a dead pony, I met a white man who walked a black dog, I met a young girl, she gave me a rainbow, I met one man who was wounded in love, And it’s a hard, it’s a hard, it’s a hard, it’s a hard, It’s a hard rain’s a-gonna fall. C’est une des chansons les plus incompréhensible de Dylan qui me trotte dans la tête depuis quelques jours. Elle a fait couler beaucoup d’encre. Certains voyaient dans ce Hard Rain la représentation des bombes russes lors de la crise de la baie des cochons. Dylan en a dit simplement « It’s just a song about a Hard Rain »….. Nous voila bien avancé… Avec des associations de mots parfois improbables, elle parle peut-être juste des événements ou sentiments, bons et/ou mauvais, qui se succèdent dans une vie, comme les gouttelettes d’une pluie. Comme cette année difficile qui vient de s’écouler. Je vais donc retrouver Daniel (qui n’a pas les yeux bleus) pour découvrir qui il a rencontré, ce qu’il a fait, ce qu’il a entendu…. Un vol avec des escales à Paris et New York avant d’atterrir à Pittsburgh après 22 heures de trajets. Le voyage se passe sans encombre et le spectacle du survol de New York la nuit ne laisse pas indifférent et donne une idée de l’immensité de cette ville. A l’arrivée un chauffeur de taxi peu bavard m’emmène jusqu’au quartier résidentiel où vit Daniel. Casquette cakie défraîchie, une barbe à la Bill Gibbons du groupe ZZ Top, et des lunettes noires qui cachent ses yeux et les protègent probablement des maux de têtes dues à un excès de cigarette ou un manque de sommeil. Pas très bavard, pendant le trajet, tout en vidant sa tasse de café positionnée à coté du volant, il marmonnait quelques mots incompréhensibles qui sans doute n’attendaient pas de réponse. A l’approche de chaque feu au rouges, il faisait un petit geste de ses doigts comme pour actionner un interrupteur. Seul son téléphone, qui sifflait de manière un peu naïve à la réception de chaque SMS, permettait de se persuader qu’on n’était pas dans la voiture d’un acteur de série noire pendant un tournage.