Guide abrégé Français
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Guide abrégé Français 4 e étage Meubles en bois courbé Vers 1830, le maître-menuisier Michael Thonet (17961871) de Boppard-sur-le-Rhin commença à expérimenter de nouvelles techniques de cintrage du bois. Il utilisa des bandes de placage collées qu‘il cintra à la vapeur pour construire des chaises. Il fit breveter son procédé en 1841 à Paris. En 1842, Thonet déménagea à Vienne sur l‘invitation du chancelier d‘État autrichien, Clément prince de Metternich. Il participa à la rénovation du Palais Liechtenstein dans la Bankgasse. Thonet construisit des chaises, appelées « Laufsessel » à Vienne, pour lesquelles il avait mis au point un nouveau procédé de cintrage, la technique du lamellé-collé qui consistait à plier dans le sens voulu des faisceaux de lames de bois imbibées de colle. Thonet fournit également des chaises légères pour le château de Prague, où l‘empereur Ferdinand Ier s‘était retiré après son abdication. Ces « Laufsessel » allaient constituer les prototypes des futures productions en série. En 1853, Michael Thonet créa avec ses cinq fils l‘entreprise « frères Thonet » et installa un assez vaste atelier. Dans les années 1850, les frères Thonet se concentrèrent sur le développement de nouveaux modèles de série auxquels ils donnèrent des numéros. On trouvait ces chaises tout aussi bien dans les bistrots que dans les palais aristocratiques. Tous les meubles en bois courbé des frères Thonet furent en outre marqués au fer et plus tard pourvus d‘une étiquette autocollante. Le nom Thonet devint une marque de fabrique. Plus tard, Michael Thonet parvint encore à améliorer sa technique de cintrage en courbant du bois massif. Pour empêcher que les bâtons ronds ne s‘étirent ou se fendent lors du cintrage, procédé qui consistait à les « cuire » dans de la vapeur d‘eau, Thonet les plaçait dans des moules métalliques cintrés, comme vous en voyez un au mur. Cette technique de cintrage de bois massif ne fut toutefois plus appliquée à Vienne. Pour pouvoir se développer davantage, Michael Thonet déplaça la production là où se trouvait sa matière première, le hêtre. Au printemps 1856, il démarra la construction d‘une usine à Koritschan, dans le pays richement boisé de Moravie. Dès 1860, 300 ouvriers y confectionnaient 50 000 meubles par an, qui étaient envoyés en tant que semi-produit à Vienne où ils recevaient leur finition. En plus des usines, l‘entreprise créa aussi un système de distribution dont Vienne était le centre ainsi que des filiales dans de nombreuses villes européennes et américaines. 1 « CHAISE DE BOPPARD » Noyer plaqué sur bois lamellé cintré, poli, assise cannée Vers 1840 La chaise crée par Michael Thonet s‘inspirant des formes du Biedermeier mais se distingue des meubles traditionnels de l‘époque par sa construction. Ce siège a été réalisé avec des lamelles de bois collées et cintrées sous la vapeur ce qui le rend plus léger et moins cher que les meubles en bois massif plaqués usuels à l’époque. 2 « LAUFSESSEL » PROVENANT DU PALAIS DE LIECHTENSTEIN Palissandre, lamellé-collé, poli ; assise cannée Vers 18433/48 Cette chaise avec son dossier à boucles caractéristiques est le modèle le plus simple et le plus léger des chaises fabriquées par Thonet pour le palais Liechtenstein. Elle existe également dans une version dorée avec assise rembourrée. Cette chaise constitue le modèle de la chaise n° 1 produite en série ultérieurement. 3 CHAISE POUR LE CHATEAU DE PRAGUE Hêtre partiellement lamellé-collé, peint en blanc et or Vers 1849/1850 La maison impériale passa elle aussi commande auprès de Thonet. Après son abdication en 1814, année de la révolution, l‘empereur Ferdinand Ier se retira au château de Prague. Pour l‘aménagement du château, Thonet fabriqua un nouveau modèle de chaise. Celle-ci devint le prototype de la future chaise n° 6 fabriquée en série. 4 CHAISE N° 14 Hêtre laminé collé, assise cannée Vers 1855 La Thonet n° 14 devint la chaise populaire par excellence et fut produite pour tout un chacun. Aucune autre chaise en bois courbé n‘a été produite et vendue à autant d‘exemplaires. Elle se composait uniquement de 6 pièces faciles à assembler par vis (y compris le collier ajouté par la suite aux pieds pour renforcer la construction), peu encombrantes qui se laissaient transporter dans une simple caisse – avantage de taille pour l‘exportation. Le Modernisme viennois mêmes formes de base simples et les mêmes ornements floraux que l‘architecture. Du reste, le terme « Jugendstil » caractérisant ce nouveau langage des formes fait référence à la revue d‘art « Jugend » de Munich. Le précurseur du « Modernisme viennois » vers 1900 fut l‘architecte Otto Wagner (1841-1918), qui devint en 1894 professeur d‘architecture à l‘Académie des Beaux-arts et rédigea en 1895 pour ses étudiants l‘œuvre théorique « Architecture moderne ». Son idée directrice était que « sans aucun doute, il est possible et il faut arriver au point que tout ce que l’œil peut voir soit consacré en tant qu‘art.» Josef Hoffmann (1870-1956) fut un élève d‘Otto Wagner. En 1899, il devint lui aussi professeur d‘architecture à l‘école des arts et métiers de Vienne. En 1903, il crée avec le peintre Koloman Moser et le commerçant Fritz Waerndorfer la « Wiener Werkstätte » (Atelier viennois) avec pour objectif de réunir l‘art et l‘artisanat dans une conception moderne et qualitative. L‘architecte, journaliste et critique culturel Adolf Loos (1870-1933) prit le contre-pied de cette idée d‘œuvre d‘art globale. Il avait reçu d‘importantes impulsions aux États-Unis et en Angleterre et défendit l‘idée qu‘une maison d‘habitation ou un logement ne sont pas des œuvres d‘art, mais des espaces de vie personnalisables. Il écrit : « Une chambre c’est comme un violon. On l‘accorde comme on accorde un instrument de musique. » Peu avant 1900, Vienne connut un renouveau total dans l‘art et l‘architecture. Plutôt que de copier les styles historiques, comme il était d‘usage à l‘époque de la construction de la Ringstrasse, les artistes brûlaient de voir poindre un nouveau style moderne. Le signe extérieur de ce réveil fut la fondation de la « Sécession » en 1897 sous la devise : « À CHAQUE ÉPOQUE SON ART, À L‘ART SA LIBERTÉ » Avec la construction d‘un bâtiment d‘exposition sur la Karlsplatz, l‘architecte Josef Maria Olbrich, un collaborateur d‘Otto Wagner, offrit un foyer à la société d‘artistes qui venait d‘être créée. La « Sécession » qu‘Olbrich couronna d‘une coupole en feuilles métalliques dorées, illustre le nouveau style de manière expressive. Le nouveau style englobait l‘architecture, la peinture, les arts graphiques ainsi que tous les domaines des arts décoratifs. C‘est ainsi que les meubles présentent les 6 OTTO WAGNER : FAUTEUIL A ACCOUDOIRS DE LA CAISSE D‘EPARGNE DE LA POSTE Hêtre massif cintré, teinté et poli ; ferrures en aluminium Vers 1906 La chaise en bois courbé provient des bureaux de direction de la Caisse d‘épargne de la poste de Vienne conçue par Otto Wagner. Ce bâtiment, construit en 1904/06 sur le Stubenring est aujourd‘hui considéré comme l‘ « icône » de l‘architecture moderne. Otto Wagner réalisa l‘architecture intérieure et l‘aménagement dans une conception esthétique globale. Pour les différents bureaux et la salle des caisses, il dessina des meubles spéciaux en bois courbé avec des éléments en aluminium, dont la plus grande partie fut réalisée par la société de meubles en bois courbé des frères Thonet. Cette chaise se caractérise par les ferrures en aluminium 5 FAUTEUIL A BASCULE Hêtre massif cintré, assise et dossier cannés Vers 1865 La gamme de produits de l‘industrie des meubles courbés se limitait dans un premier temps à des sièges et des tables. Lors de la deuxième Exposition universelle à Londres en 1862, les frères Thonet présentèrent le premier fauteuil à bascule. Après avoir conquis les bistrots et les salons aristocratiques, Thonet fit avec ce modèle son entrée dans l‘intérieur bourgeois. qui servent à la fois d‘ornement et de protection. L‘aluminium utilisé par Wagner était à l‘époque un matériau nouveau et faisait très moderne. 7 OTTO WAGNER : TABOURET DE LA CAISSE D‘EPARGNE DE LA POSTE Hêtre massif cintré, contre-plaqué teinté et poli Vers 1906 C‘est Wagner qui dessina ce tabouret pour la salle des caisses de la caisse d‘épargne. La construction est d‘une simplicité fascinante : quatre cadres en bois courbé auxquels vient s‘ajouter un cinquième pourvu d‘un panneau de contre-plaqué troué servant d‘assise. La forme cubique qui en résulte est encore soulignée par l‘utilisation de bois carré. Des caches en aluminium, dissimulant les vis sur le cadre en bois créent un décor discret. La réalisation fut confiée à Thonet ainsi qu‘à Kohn. 8 JOSEF HOFFMANN : « SITZMASCHINE » (MACHINE POUR S‘ASSEOIR) Hêtre massif courbé et bois contre-plaqué Vers 1905 L‘architecte Josef Hoffmann comptait, aux environs de 1900, parmi les plus grands dessinateurs de meubles du « Modernisme viennois ». En 1897 il se rallia au cercle de la « Sécession » et devint bien vite le dessinateur vedette du nouveau mouvement. Son œuvre s’étend des villas de Döbling et Hietzing à l‘organisation d‘expositions et à l‘aménagement de maisons, de magasins et de bistrots jusqu‘à la conception de verres, de bijoux et de tissus. Hoffmann travailla en étroite collaboration avec la fabrique de meubles courbés Jacob et Josef Kohn. Ce siège « Sitzmaschine » en bois courbé et dossier réglable, conçu aux environs de 1905 est un bel exemple de cette collaboration. Ce type de siège est aussi appelé « chaise canadienne ». D‘autres fleurons de la collaboration de l‘architecte Hoffmann avec la société Kohn sont les chaises et les tables pour le cabaret « Fledermaus » ou encore les chaises pour le réfectoire de la maison de convalescence « Westend » de Purkersdorf. 9 JOSEF HOFFMANN : CHAISE EN BOIS COURBE DU CABARET « FLEDERMAUS » Hêtre massif cintré et poli ; revêtement textile d‘origine Vers 1907 Hoffmann fut chargé en 1907 de la décoration intérieure du cabaret « Fledermaus » au centre de Vienne et dessina à cette occasion une nouvelle chaise en bois courbé, exécutée par la société Kohn. Cette fois encore, Hoffmann inventa une construction inhabituelle pour les chaises en bois courbé en plaçant les pieds sur un arc en bois en forme de fer à cheval, correspondant visuellement à l‘arc formé par le dossier. Aux jointures des accoudoirs et du dossier, importantes pour la statique, Hoffmann plaça comme renforcement des billes en bois qui créent d‘intéressants accents de couleur. 10 JOSEF HOFFMANN : MEUBLES POUR L‘IMPRIMERIE ROYALE ET IMPERIALE DE LA COUR ET DE L‘ETAT Chêne, teint en noir et ciré Vers 1907 Josef Hoffmann réalisa en 1907 le local commercial de l‘imprimerie royale et impériale de la cour et de l‘État au coin Seilerstätte/Johannesgasse et conçut également tout l‘aménagement. Il confia l‘exécution à l‘Atelier viennois. Les meubles en chêne teinté noir et notamment les chaises aux dossiers géométriques sont des exemples typiques des formes « fonctionnelles » du Jugendstil viennois. 11 ADOLF LOOS : CHAISE DU CAFE MUSEUM Bois courbé teinté rouge, cannage Vers 1899 Lorsqu‘en 1899, Adolf Loos fut chargé en tant qu‘architecte intérieur de l‘aménagement du Café Museum, il put enfin présenter de facto à un public assez large son opposition à l‘opulence de l‘historicisme tardif qu‘il n‘avait jusque là pu exprimer qu‘en tant que journaliste. Loos choisit des meubles en bois courbé, devenus de véritables classiques depuis que la chaise Thonet n° 4 avait été choisie pour équiper le Café Daum. La chaise réalisée par la société J. & J. Kohn est en fait une variante de la chaise Thonet n° 14 et fut développée à partir des modèles de chaises des série n° 30 et 248 de Kohn ; elle ne fut cependant jamais produite en série. La couleur de la chaise est un détail important pour l‘impression d‘ensemble ; le bois de hêtre peint en rouge créait un accent de couleur accordé à l‘aménagement du café avec ses meubles sombres en acajou et les papiers peints vert clair. 12 ADOLF LOOS : AMEUBLEMENT DE LA SALLE A MANGER DE L‘APPARTEMENT D‘EUGEN STÖSSLER Noyer poli, ferrures en laiton Vienne, 1899 Un des premiers travaux d‘Adolf Loos en tant que dessinateur de meubles fut l‘aménagement en 1898/99 de l‘appartement d‘Eugen Stössler sur la Landesgerichtsstrasse à Vienne. Les meubles du salon et de la chambre à coucher furent publiés en 1900 dans un numéro de la revue « Das Interieur » avec la mention qu‘ils « rappellent certains intérieurs viennois du début de l‘époque Biedermeier ». De fait, les meubles de Loos se distinguent nettement des formes décoratives du Modernisme viennois d‘avant 1900. Le mobilier de la salle à manger, conservé et exposé ici, laisse deviner la prédilection d‘Adolf Loos pour les meubles anglais tout comme son admiration pour l‘artisanat traditionnel viennois. Près de vingt ans après leur confection, ces meubles de salle à manger revinrent à Dr. Karl Matter et à la baronne von Wartenberg, tous deux professeurs à l‘école Schwarzwald, en guise de « dot », par l‘entremise du Dr. Genia Schwarzwald qui tenait une école pour jeunes filles à Vienne et où Loos donnait des conférences. La famille Matter a vécu durant plusieurs générations dans cette œuvre majeure du design de meubles de Loos. Tout cet ensemble, qui est le seul à porter la signature « AL » de son concepteur, fut racheté directement du patrimoine familial et est maintenant accessible aux visiteurs du musée. 13 ADOLF LOOS : « TABLE DE TROMPES D‘ELEPHANT » Hêtre poli, pavés en céramique, ferrures en laiton 1900 Loos dessina cette table d‘après des modèles anglais en collaboration avec la société d‘aménagement intérieur viennoise, Otto Schmidt. Cette table qui doit son nom à la forme des pieds (six à huit) fut présentée pour la première lors de l‘exposition d‘hiver du Musée de l‘art et de l‘industrie. On la retrouve dans de nombreuses chambres d‘habitation et bureaux-fumoirs en tant que table de thé ou table d‘appoint. 14 ADOLF LOOS: FAUTEUIL « KNIESCHWIMMER » Hêtre, revêtement velours d‘origine Vers 1930 Pour la création de ces fauteuils, Adolf Loos s‘est inspiré de ces sièges confortables qu‘on trouve dans les clubs anglais et américains. L‘exemple le plus connu est le « Knieschwimmer », un fauteuil à deux roulettes, que Loos fit exécuter par la traditionnelle entreprise viennoise d‘aménagement intérieur Friedrich Otto Schmidt selon le modèle d‘une « New Shaped Easy Chair » de la société londonienne Hampton & Sons. L‘entre-deux-guerres Dans l‘entre-deux-guerres les impulsions créatives émanèrent des architectes. Les écoles d‘architecture étaient les lieux de formation des futurs architectes d’intérieur et dessinateurs de meubles. À Vienne, dans les années 1920 et 1930, plusieurs générations d‘architectes œuvraient côte à côte. À côté de la génération de Josef Hoffmann (1870-1956) et d‘Adolf Loos (1870-1933), il y eut aussi la génération d‘Oskar Strnad (1879-1935) et de Josef Frank (1885-1967) ainsi que de leurs élèves. Josef Hoffmann transmit l‘idée de la pièce d‘habitation comme œuvre d‘art totale à ses élèves de la classe d‘architecture de l‘école des arts et métiers de Vienne. Parmi ses élèves, il y avait des architectes comme Otto Prutscher et Wilhelm Foltin. Josef Frank fut le représentant le plus influent du mouvement « Neues Bauen » en Autriche et s‘intéressa également de près aux théories de décoration intérieure, notamment au design de meubles. En 1925, il créa l‘entreprise d‘équipement « Haus & Garten » qui vendait ses concepts de meubles, lampes et tissus à des clients bourgeois. Ernst Plischke (1903-1992) fut un des plus remarquables élèves de Strnad et Frank de la seconde classe d‘architecture de l‘école des arts et métiers de Vienne. Vienne développa une forme typique d‘aménagement intérieur que l‘on appela « Neues Wiener Wohnen » et qui se démarquait nettement du modernisme international et du « Bauhaus ». Après l‘annexion de l‘Autriche au « Troisième Reich » en mars 1938, de nombreux représentants de ce mouvement furent contraints de prendre le chemin de l‘émigration, parmi eux Ernst Plischke, tandis que son professeur Josef Frank avait déjà émigré en Suède en 1933. 15 DAGOBERT PECHE : CHAISE Bois tendre sculpté et peint ; tapisseries renouvelées Vers 1915/20 La chaise conçue par Dagobert Peche avec son dossier rehaussé fort maniéré, orné d‘une corne d‘abondance sculptée en relief et dorée, est un exemple typique des nouvelles tendances décoratives du meuble viennois après 1910. Vers 1910 commença à se dessiner à Vienne dans l‘architecture et le design d‘objets d‘usage courant une nouvelle tendance aux détails décoratifs et aux formes néoclassicistes. Les immeubles d‘habitation réalisés et aménages par Josef Hoffmann et ses collaborateurs de l‘Atelier viennois en sont un exemple (Villa Ast 1909/11, Villa Skywa-Primavesi 1913/15). Cette tendance fut principalement développée par Dagobert Peche (1887-1923) qui lui donne des impulsions importantes. Ce talent décoratif s‘exprima particulièrement dans le mobilier et influença grandement la création de l‘Atelier viennois et de ses contemporains. 16 ERNST PLISCHKE : L‘APPARTEMENT DE LUCIE RIE Les amateurs d‘architecture connaissent Ernst A. Plischke principalement pour le bureau de l‘emploi de Liesing (1930), sa maison dans la cité viennoise « Werkbund » (1932) et la maison Gamerith sur le lac Atter (1933). La Collection impériale de meubles anciens présente maintenant la première œuvre de cet architecte : l‘appartement de la céramiste Lucie Rie (1902-1995). Lucie Gomperz a étudié la céramique de 1922 à 1926 auprès de Michael Powolny à l‘école des arts et métiers de Vienne et a acquis très tôt une notoriété internationale. Lorsqu‘elle eut terminé ses études, elle épousa le physicien Hans Rie et chargea Plischke en 1928 de meubler son appartement de la Wollzeile à Vienne. Suite à quoi le jeune architecte se fit indépendant et créa pour sa cliente un intérieur modulable. Plischke équipa l‘appartement, comprenant un salon et une chambre à coucher avec des meubles encastrés diversement utilisables, qui correspondaient exactement au besoin de son habitante. Ces meubles-parois en noyer, d‘apparence fermée présentent à l‘intérieur une finition très luxueuse. Les tabourets, la table et les fauteuils se laissent assembler facilement au gré des besoins. Lucie Rie quitta Vienne en 1938 et emporta tout l‘ameublement avec elle à Londres. La céramiste de renommée internationale vécut dans les meubles Plischke jusqu‘à sa mort en 1995. Sur une proposition de Plischke, après la mort de Rie, l‘ensemble fut transporté dans ce musée du meuble de Vienne où vous pouvez le voir entièrement reconstruit. 17 JOSEF FRANK : CHAISE Noyer, bâtons de bambou, assise en roti Vers 1925 Josef Frank conçut cette chaise légère pour l‘entreprise d‘équipement « Haus & Garten » dont il était le co-fondateur et copropriétaire. Après son émigration en Suède, ce modèle fut repris dans le programme de la maison d‘équipement « Svenskt Tenn » où on la produit encore aujourd‘hui. Le gracieux dossier à croisillons est influencé par les modèles chinois. Évolution après1945 Après 1945, l‘évolution du design du meuble viennois fut marquée par plusieurs générations d‘architectes. L‘époque de la reconstruction après la Deuxième guerre mondiale fut influencée dans un premier temps par des architectes ayant reçu leur formation à Vienne durant la guerre. Citons ici notamment Oswald Haerdtl (1899-1959), AnnaLülja Praun (1906-2004), Roland Rainer (1910-2004) et Margarete Schütte-Lihotzky (1897-2000). Le design du meuble viennois reçut en outre dans les années 1950 des impulsions modernes de la part des producteurs de meubles métalliques traditionnels Karl Hagenauer, Carl Auböck et « Sonett ». À partir des années 1960, le design du meuble prit une orientation radicalement neuve. Parmi les artistes les plus créatifs, l‘on compte l‘architecte Johannes Spalt (né en 1920) du groupe d‘architectes « ¾ », le sculpteur Walter Pichler (né en 1936) ainsi que les élèves de la classe d‘architecture du professeur Plischke à l‘académie des Beaux-arts de Vienne, Luigi Blau (né en1945), Hermann Czech (né en 1936) et Heinz Frank (né en 1939). Ces dernières décennies, les architectes se sont vus relayés par des concepteurs de meubles et des équipes de design ; signalons particulièrement EOOS (créé en 1995), Walking Chair (créé en 2002) ou BKM (créé en 2004). Alors que jusque là, peu de femmes exerçaient la profession d‘architecte – citons parmi elles Margarete Schütte-Lihotzky ou Anna-Lülja Praun, il existe actuellement de nombreux groupes de design qui se composent uniquement de femmes, comme par exemple DanklHampl, Lucy D. ou Polka. 18 OSWALD HAERDTL : CHAISES ET TABLE PROVENANT DU CAFE « ARABIA » Noyer poli, chaises : rembourrage similicuir, table : matière plastique sur panneau contreplaqué, pied en aluminium, injecté Vers 1950 Dans les années 50, aménager un local de dégustation de café (appelé Espresso à Vienne) était une tâche intéressante pour les architectes. L‘espresso « Arabia » situé sur le Kohlmarkt et conçu en 1950 par Oswald Haerdt fut le premier café design de ce type à Vienne. La salle toute en longueur du café fut aménagée par Haerdtl en une zone d‘entrée où le client pressé pouvait déguster un café en vitesse suivie d‘un espace à l‘arrière pour s‘asseoir. L‘architecte dessina différents types de meubles pour les divers espaces fonctionnels. 19 ROLAND RAINER : « STADTHALLEN-STUHL » CHAISE POUR LA STADTHALLE Hêtre massif courbé, assise et dossier en contreplaqué, en partie peint Vers 1952 Après la Deuxième guerre mondiale, l‘architecte Roland Rainer travailla en étroite collaboration avec la fabrique de sièges Emil & Alfred Pollak de Wien-Meidling, qui ont produit la fameuse chaise « Stadhallen-Stuhl ». Ce modèle a été utilisé par la Ville de Vienne dans la Stadthalle (salle de spectacles) ainsi que dans des universités populaires (Volkshochschulen). Dans la conception de cette chaise à accoudoirs empilable, l‘architecte Rainer s‘orienta sur les projets de l‘architecte finnois Alvar Aalto et sur la chaise en aluminium « Landi » de Hans Coray, qui présente également des trous ronds sur le dossier. 20 CARL AUBÖCK : TABLE-ARBRE Noyer teinté et ciré, tubes en acier, caoutchouc 1950/51 Après la Deuxième guerre mondiale, l‘atelier mécanique traditionnel viennois Carl Auböck produit également des meubles en bois. Les exemples les plus connus sont les tables-arbres, dont le plateau était confectionné à partir du tronc d‘un noyer. 21 WALTER PICHLER : FAUTEUIL « GALAXY 1 » Aluminium, rembourrage d‘orgine 1966 Le sculpteur et artiste des arts graphiques Walter Pichler développa une série de « prototypes » dans les années 1960, dont le fauteuil en aluminium « Galaxy 1 », un représentant typique du design Space Age. En 1968, Pichler conçut également une table basse accordée au fauteuil, la « Galaxy 2 », également réalisée en tôle d‘aluminium. 22 EOOS : « SWEETWOOD » Frêne et bois contre-plaqué laqué 2002 Ce siège fait partie d‘une série de « chaises légères » telles qu‘elles furent conçues par de nombreux architectes dans les années 1950, avant tout inspirées par la « Superleggera » de Gio Ponti. Dans le modèle exposé ici, le groupe de designers EOOS (créé en 1995) étudie les capacités naturelles du matériau « bois » en fendant les longerons pour obtenir un dossier légèrement flexible. Pour la poursuite du tour, veuillez continuer quelques mètres jusqu’au petit escalier à droite. Vous le descendez puis continuez tout droit jusqu’à la salle aux armoiries.