Guide abrégé Français

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Guide abrégé
Français
4
e
étage
Meubles en bois courbé
Vers 1830, le maître-menuisier Michael Thonet (17961871) de Boppard-sur-le-Rhin commença à expérimenter de nouvelles techniques de cintrage du bois. Il utilisa
des bandes de placage collées qu‘il cintra à la vapeur
pour construire des chaises. Il fit breveter son procédé
en 1841 à Paris. En 1842, Thonet déménagea à Vienne
sur l‘invitation du chancelier d‘État autrichien, Clément
prince de Metternich. Il participa à la rénovation du
Palais Liechtenstein dans la Bankgasse. Thonet construisit des chaises, appelées « Laufsessel » à Vienne, pour
lesquelles il avait mis au point un nouveau procédé de
cintrage, la technique du lamellé-collé qui consistait à
plier dans le sens voulu des faisceaux de lames de bois
imbibées de colle. Thonet fournit également des chaises
légères pour le château de Prague, où l‘empereur Ferdinand
Ier s‘était retiré après son abdication. Ces « Laufsessel
» allaient constituer les prototypes des futures productions en série. En 1853, Michael Thonet créa avec ses
cinq fils l‘entreprise « frères Thonet » et installa un assez
vaste atelier. Dans les années 1850, les frères Thonet
se concentrèrent sur le développement de nouveaux
modèles de série auxquels ils donnèrent des numéros.
On trouvait ces chaises tout aussi bien dans les bistrots
que dans les palais aristocratiques. Tous les meubles en
bois courbé des frères Thonet furent en outre marqués
au fer et plus tard pourvus d‘une étiquette autocollante.
Le nom Thonet devint une marque de fabrique. Plus tard,
Michael Thonet parvint encore à améliorer sa technique
de cintrage en courbant du bois massif. Pour empêcher
que les bâtons ronds ne s‘étirent ou se fendent lors du
cintrage, procédé qui consistait à les « cuire » dans de
la vapeur d‘eau, Thonet les plaçait dans des moules métalliques cintrés, comme vous en voyez un au mur. Cette
technique de cintrage de bois massif ne fut toutefois
plus appliquée à Vienne. Pour pouvoir se développer
davantage, Michael Thonet déplaça la production là où
se trouvait sa matière première, le hêtre. Au printemps
1856, il démarra la construction d‘une usine à Koritschan,
dans le pays richement boisé de Moravie. Dès 1860, 300
ouvriers y confectionnaient 50 000 meubles par an, qui
étaient envoyés en tant que semi-produit à Vienne où ils
recevaient leur finition. En plus des usines, l‘entreprise
créa aussi un système de distribution dont Vienne était
le centre ainsi que des filiales dans de nombreuses villes
européennes et américaines.
1 « CHAISE DE BOPPARD »
Noyer plaqué sur bois lamellé cintré, poli, assise cannée
Vers 1840
La chaise crée par Michael Thonet s‘inspirant des
formes du Biedermeier mais se distingue des meubles
traditionnels de l‘époque par sa construction. Ce siège
a été réalisé avec des lamelles de bois collées et
cintrées sous la vapeur ce qui le rend plus léger et
moins cher que les meubles en bois massif plaqués
usuels à l’époque.
2 « LAUFSESSEL » PROVENANT DU PALAIS DE LIECHTENSTEIN
Palissandre, lamellé-collé, poli ; assise cannée
Vers 18433/48
Cette chaise avec son dossier à boucles caractéristiques
est le modèle le plus simple et le plus léger des chaises
fabriquées par Thonet pour le palais Liechtenstein. Elle
existe également dans une version dorée avec assise
rembourrée. Cette chaise constitue le modèle de la
chaise n° 1 produite en série ultérieurement.
3 CHAISE POUR LE CHATEAU DE PRAGUE
Hêtre partiellement lamellé-collé, peint en blanc et or
Vers 1849/1850
La maison impériale passa elle aussi commande auprès
de Thonet. Après son abdication en 1814, année de la
révolution, l‘empereur Ferdinand Ier se retira au château
de Prague. Pour l‘aménagement du château, Thonet
fabriqua un nouveau modèle de chaise. Celle-ci devint
le prototype de la future chaise n° 6 fabriquée en série.
4 CHAISE N° 14
Hêtre laminé collé, assise cannée
Vers 1855
La Thonet n° 14 devint la chaise populaire par excellence
et fut produite pour tout un chacun. Aucune autre chaise
en bois courbé n‘a été produite et vendue à autant
d‘exemplaires. Elle se composait uniquement de 6 pièces
faciles à assembler par vis (y compris le collier ajouté
par la suite aux pieds pour renforcer la construction),
peu encombrantes qui se laissaient transporter dans
une simple caisse – avantage de taille pour l‘exportation.
Le Modernisme viennois
mêmes formes de base simples et les mêmes ornements
floraux que l‘architecture. Du reste, le terme « Jugendstil » caractérisant ce nouveau langage des formes fait
référence à la revue d‘art « Jugend » de Munich.
Le précurseur du « Modernisme viennois » vers 1900 fut
l‘architecte Otto Wagner (1841-1918), qui devint en 1894
professeur d‘architecture à l‘Académie des Beaux-arts
et rédigea en 1895 pour ses étudiants l‘œuvre théorique
« Architecture moderne ». Son idée directrice était que
« sans aucun doute, il est possible et il faut arriver au
point que tout ce que l’œil peut voir soit consacré en
tant qu‘art.»
Josef Hoffmann (1870-1956) fut un élève d‘Otto Wagner.
En 1899, il devint lui aussi professeur d‘architecture à
l‘école des arts et métiers de Vienne. En 1903, il crée
avec le peintre Koloman Moser et le commerçant Fritz
Waerndorfer la « Wiener Werkstätte » (Atelier viennois)
avec pour objectif de réunir l‘art et l‘artisanat dans une
conception moderne et qualitative.
L‘architecte, journaliste et critique culturel Adolf Loos
(1870-1933) prit le contre-pied de cette idée d‘œuvre
d‘art globale. Il avait reçu d‘importantes impulsions aux
États-Unis et en Angleterre et défendit l‘idée qu‘une
maison d‘habitation ou un logement ne sont pas des
œuvres d‘art, mais des espaces de vie personnalisables.
Il écrit : « Une chambre c’est comme un violon. On l‘accorde comme on accorde un instrument de musique. »
Peu avant 1900, Vienne connut un renouveau total dans
l‘art et l‘architecture. Plutôt que de copier les styles
historiques, comme il était d‘usage à l‘époque de la
construction de la Ringstrasse, les artistes brûlaient de
voir poindre un nouveau style moderne.
Le signe extérieur de ce réveil fut la fondation de la
« Sécession » en 1897 sous la devise :
« À CHAQUE ÉPOQUE SON ART, À L‘ART SA LIBERTÉ »
Avec la construction d‘un bâtiment d‘exposition sur la
Karlsplatz, l‘architecte Josef Maria Olbrich, un collaborateur d‘Otto Wagner, offrit un foyer à la société d‘artistes qui venait d‘être créée. La « Sécession » qu‘Olbrich
couronna d‘une coupole en feuilles métalliques dorées,
illustre le nouveau style de manière expressive.
Le nouveau style englobait l‘architecture, la peinture, les
arts graphiques ainsi que tous les domaines des arts
décoratifs. C‘est ainsi que les meubles présentent les
6 OTTO WAGNER : FAUTEUIL A ACCOUDOIRS
DE LA CAISSE D‘EPARGNE DE LA POSTE
Hêtre massif cintré, teinté et poli ; ferrures en aluminium
Vers 1906
La chaise en bois courbé provient des bureaux de
direction de la Caisse d‘épargne de la poste de Vienne
conçue par Otto Wagner. Ce bâtiment, construit en
1904/06 sur le Stubenring est aujourd‘hui considéré
comme l‘ « icône » de l‘architecture moderne. Otto
Wagner réalisa l‘architecture intérieure et l‘aménagement dans une conception esthétique globale. Pour les
différents bureaux et la salle des caisses, il dessina des
meubles spéciaux en bois courbé avec des éléments en
aluminium, dont la plus grande partie fut réalisée par la
société de meubles en bois courbé des frères Thonet.
Cette chaise se caractérise par les ferrures en aluminium
5 FAUTEUIL A BASCULE
Hêtre massif cintré, assise et dossier cannés
Vers 1865
La gamme de produits de l‘industrie des meubles courbés se limitait dans un premier temps à des sièges et
des tables. Lors de la deuxième Exposition universelle à
Londres en 1862, les frères Thonet présentèrent le premier fauteuil à bascule. Après avoir conquis les bistrots
et les salons aristocratiques, Thonet fit avec ce modèle
son entrée dans l‘intérieur bourgeois.
qui servent à la fois d‘ornement et de protection. L‘aluminium utilisé par Wagner était à l‘époque un matériau
nouveau et faisait très moderne.
7 OTTO WAGNER : TABOURET DE LA CAISSE D‘EPARGNE DE LA POSTE
Hêtre massif cintré, contre-plaqué teinté et poli
Vers 1906
C‘est Wagner qui dessina ce tabouret pour la salle des
caisses de la caisse d‘épargne. La construction est d‘une
simplicité fascinante : quatre cadres en bois courbé auxquels vient s‘ajouter un cinquième pourvu d‘un panneau
de contre-plaqué troué servant d‘assise. La forme cubique qui en résulte est encore soulignée par l‘utilisation
de bois carré. Des caches en aluminium, dissimulant
les vis sur le cadre en bois créent un décor discret. La
réalisation fut confiée à Thonet ainsi qu‘à Kohn.
8 JOSEF HOFFMANN : « SITZMASCHINE »
(MACHINE POUR S‘ASSEOIR)
Hêtre massif courbé et bois contre-plaqué
Vers 1905
L‘architecte Josef Hoffmann comptait, aux environs de
1900, parmi les plus grands dessinateurs de meubles du
« Modernisme viennois ». En 1897 il se rallia au cercle de
la « Sécession » et devint bien vite le dessinateur vedette
du nouveau mouvement. Son œuvre s’étend des villas
de Döbling et Hietzing à l‘organisation d‘expositions et à
l‘aménagement de maisons, de magasins et de bistrots
jusqu‘à la conception de verres, de bijoux et de tissus.
Hoffmann travailla en étroite collaboration avec la fabrique de meubles courbés Jacob et Josef Kohn. Ce siège
« Sitzmaschine » en bois courbé et dossier réglable,
conçu aux environs de 1905 est un bel exemple de cette
collaboration. Ce type de siège est aussi appelé « chaise
canadienne ». D‘autres fleurons de la collaboration de
l‘architecte Hoffmann avec la société Kohn sont les
chaises et les tables pour le cabaret « Fledermaus » ou
encore les chaises pour le réfectoire de la maison de
convalescence « Westend » de Purkersdorf.
9 JOSEF HOFFMANN : CHAISE EN BOIS COURBE
DU CABARET « FLEDERMAUS »
Hêtre massif cintré et poli ; revêtement textile d‘origine
Vers 1907
Hoffmann fut chargé en 1907 de la décoration intérieure du cabaret « Fledermaus » au centre de Vienne
et dessina à cette occasion une nouvelle chaise en bois
courbé, exécutée par la société Kohn. Cette fois encore,
Hoffmann inventa une construction inhabituelle pour
les chaises en bois courbé en plaçant les pieds sur un
arc en bois en forme de fer à cheval, correspondant visuellement à l‘arc formé par le dossier. Aux jointures des
accoudoirs et du dossier, importantes pour la statique,
Hoffmann plaça comme renforcement des billes en bois
qui créent d‘intéressants accents de couleur.
10 JOSEF HOFFMANN : MEUBLES POUR L‘IMPRIMERIE ROYALE ET IMPERIALE
DE LA COUR ET DE L‘ETAT
Chêne, teint en noir et ciré
Vers 1907
Josef Hoffmann réalisa en 1907 le local commercial de
l‘imprimerie royale et impériale de la cour et de l‘État
au coin Seilerstätte/Johannesgasse et conçut également tout l‘aménagement. Il confia l‘exécution à l‘Atelier
viennois.
Les meubles en chêne teinté noir et notamment les
chaises aux dossiers géométriques sont des exemples
typiques des formes « fonctionnelles » du Jugendstil
viennois.
11 ADOLF LOOS : CHAISE DU CAFE MUSEUM
Bois courbé teinté rouge, cannage
Vers 1899
Lorsqu‘en 1899, Adolf Loos fut chargé en tant qu‘architecte intérieur de l‘aménagement du Café Museum,
il put enfin présenter de facto à un public assez large
son opposition à l‘opulence de l‘historicisme tardif qu‘il
n‘avait jusque là pu exprimer qu‘en tant que journaliste.
Loos choisit des meubles en bois courbé, devenus de
véritables classiques depuis que la chaise Thonet n° 4
avait été choisie pour équiper le Café Daum.
La chaise réalisée par la société J. & J. Kohn est en fait
une variante de la chaise Thonet n° 14 et fut développée
à partir des modèles de chaises des série n° 30 et 248
de Kohn ; elle ne fut cependant jamais produite en série.
La couleur de la chaise est un détail important pour
l‘impression d‘ensemble ; le bois de hêtre peint en rouge
créait un accent de couleur accordé à l‘aménagement
du café avec ses meubles sombres en acajou et les
papiers peints vert clair.
12 ADOLF LOOS : AMEUBLEMENT DE LA SALLE A MANGER DE L‘APPARTEMENT D‘EUGEN STÖSSLER
Noyer poli, ferrures en laiton
Vienne, 1899
Un des premiers travaux d‘Adolf Loos en tant que dessinateur de meubles fut l‘aménagement en 1898/99 de
l‘appartement d‘Eugen Stössler sur la Landesgerichtsstrasse à Vienne. Les meubles du salon et de la chambre
à coucher furent publiés en 1900 dans un numéro de la
revue « Das Interieur » avec la mention qu‘ils « rappellent certains intérieurs viennois du début de l‘époque
Biedermeier ».
De fait, les meubles de Loos se distinguent nettement
des formes décoratives du Modernisme viennois d‘avant
1900. Le mobilier de la salle à manger, conservé et exposé ici, laisse deviner la prédilection d‘Adolf Loos pour
les meubles anglais tout comme son admiration pour
l‘artisanat traditionnel viennois.
Près de vingt ans après leur confection, ces meubles
de salle à manger revinrent à Dr. Karl Matter et à la
baronne von Wartenberg, tous deux professeurs à l‘école
Schwarzwald, en guise de « dot », par l‘entremise du
Dr. Genia Schwarzwald qui tenait une école pour jeunes
filles à Vienne et où Loos donnait des conférences. La
famille Matter a vécu durant plusieurs générations dans
cette œuvre majeure du design de meubles de Loos.
Tout cet ensemble, qui est le seul à porter la signature
« AL » de son concepteur, fut racheté directement du
patrimoine familial et est maintenant accessible aux
visiteurs du musée.
13 ADOLF LOOS : « TABLE DE TROMPES D‘ELEPHANT »
Hêtre poli, pavés en céramique, ferrures en laiton
1900
Loos dessina cette table d‘après des modèles anglais en
collaboration avec la société d‘aménagement intérieur
viennoise, Otto Schmidt. Cette table qui doit son nom
à la forme des pieds (six à huit) fut présentée pour la
première lors de l‘exposition d‘hiver du Musée de l‘art
et de l‘industrie. On la retrouve dans de nombreuses
chambres d‘habitation et bureaux-fumoirs en tant que
table de thé ou table d‘appoint.
14 ADOLF LOOS: FAUTEUIL « KNIESCHWIMMER »
Hêtre, revêtement velours d‘origine
Vers 1930
Pour la création de ces fauteuils, Adolf Loos s‘est inspiré
de ces sièges confortables qu‘on trouve dans les clubs
anglais et américains. L‘exemple le plus connu est le «
Knieschwimmer », un fauteuil à deux roulettes, que Loos
fit exécuter par la traditionnelle entreprise viennoise
d‘aménagement intérieur Friedrich Otto Schmidt selon le
modèle d‘une « New Shaped Easy Chair » de la société
londonienne Hampton & Sons.
L‘entre-deux-guerres
Dans l‘entre-deux-guerres les impulsions créatives émanèrent des architectes. Les écoles d‘architecture étaient
les lieux de formation des futurs architectes d’intérieur
et dessinateurs de meubles. À Vienne, dans les années 1920 et 1930, plusieurs générations d‘architectes
œuvraient côte à côte. À côté de la génération de Josef
Hoffmann (1870-1956) et d‘Adolf Loos (1870-1933), il y
eut aussi la génération d‘Oskar Strnad (1879-1935) et de
Josef Frank (1885-1967) ainsi que de leurs élèves.
Josef Hoffmann transmit l‘idée de la pièce d‘habitation
comme œuvre d‘art totale à ses élèves de la classe
d‘architecture de l‘école des arts et métiers de Vienne.
Parmi ses élèves, il y avait des architectes comme Otto
Prutscher et Wilhelm Foltin.
Josef Frank fut le représentant le plus influent du
mouvement « Neues Bauen » en Autriche et s‘intéressa
également de près aux théories de décoration intérieure,
notamment au design de meubles. En 1925, il créa
l‘entreprise d‘équipement « Haus & Garten » qui vendait
ses concepts de meubles, lampes et tissus à des clients
bourgeois. Ernst Plischke (1903-1992) fut un des plus
remarquables élèves de Strnad et Frank de la seconde
classe d‘architecture de l‘école des arts et métiers de
Vienne.
Vienne développa une forme typique d‘aménagement
intérieur que l‘on appela « Neues Wiener Wohnen » et
qui se démarquait nettement du modernisme international et du « Bauhaus ». Après l‘annexion de l‘Autriche au
« Troisième Reich » en mars 1938, de nombreux représentants de ce mouvement furent contraints de prendre
le chemin de l‘émigration, parmi eux Ernst Plischke,
tandis que son professeur Josef Frank avait déjà émigré
en Suède en 1933.
15 DAGOBERT PECHE : CHAISE
Bois tendre sculpté et peint ; tapisseries renouvelées
Vers 1915/20
La chaise conçue par Dagobert Peche avec son dossier
rehaussé fort maniéré, orné d‘une corne d‘abondance
sculptée en relief et dorée, est un exemple typique des
nouvelles tendances décoratives du meuble viennois
après 1910.
Vers 1910 commença à se dessiner à Vienne dans
l‘architecture et le design d‘objets d‘usage courant une
nouvelle tendance aux détails décoratifs et aux formes
néoclassicistes. Les immeubles d‘habitation réalisés et
aménages par Josef Hoffmann et ses collaborateurs de
l‘Atelier viennois en sont un exemple (Villa Ast 1909/11,
Villa Skywa-Primavesi 1913/15). Cette tendance fut principalement développée par Dagobert Peche (1887-1923)
qui lui donne des impulsions importantes. Ce talent
décoratif s‘exprima particulièrement dans le mobilier et
influença grandement la création de l‘Atelier viennois et
de ses contemporains.
16 ERNST PLISCHKE : L‘APPARTEMENT DE LUCIE RIE
Les amateurs d‘architecture connaissent Ernst A. Plischke principalement pour le bureau de l‘emploi de Liesing
(1930), sa maison dans la cité viennoise « Werkbund »
(1932) et la maison Gamerith sur le lac Atter (1933). La
Collection impériale de meubles anciens présente maintenant la première œuvre de cet architecte : l‘appartement de la céramiste Lucie Rie (1902-1995).
Lucie Gomperz a étudié la céramique de 1922 à 1926
auprès de Michael Powolny à l‘école des arts et métiers
de Vienne et a acquis très tôt une notoriété internationale. Lorsqu‘elle eut terminé ses études, elle épousa
le physicien Hans Rie et chargea Plischke en 1928 de
meubler son appartement de la Wollzeile à Vienne.
Suite à quoi le jeune architecte se fit indépendant et
créa pour sa cliente un intérieur modulable. Plischke
équipa l‘appartement, comprenant un salon et une
chambre à coucher avec des meubles encastrés diversement utilisables, qui correspondaient exactement au
besoin de son habitante. Ces meubles-parois en noyer,
d‘apparence fermée présentent à l‘intérieur une finition
très luxueuse. Les tabourets, la table et les fauteuils se
laissent assembler facilement au gré des besoins.
Lucie Rie quitta Vienne en 1938 et emporta tout l‘ameublement avec elle à Londres. La céramiste de renommée
internationale vécut dans les meubles Plischke jusqu‘à
sa mort en 1995. Sur une proposition de Plischke, après
la mort de Rie, l‘ensemble fut transporté dans ce musée
du meuble de Vienne où vous pouvez le voir entièrement
reconstruit.
17 JOSEF FRANK : CHAISE
Noyer, bâtons de bambou, assise en roti
Vers 1925
Josef Frank conçut cette chaise légère pour l‘entreprise
d‘équipement « Haus & Garten » dont il était le co-fondateur et copropriétaire. Après son émigration en Suède,
ce modèle fut repris dans le programme de la maison
d‘équipement « Svenskt Tenn » où on la produit encore
aujourd‘hui. Le gracieux dossier à croisillons est influencé par les modèles chinois.
Évolution après1945
Après 1945, l‘évolution du design du meuble viennois fut
marquée par plusieurs générations d‘architectes. L‘époque
de la reconstruction après la Deuxième guerre mondiale
fut influencée dans un premier temps par des architectes ayant reçu leur formation à Vienne durant la guerre.
Citons ici notamment Oswald Haerdtl (1899-1959), AnnaLülja Praun (1906-2004), Roland Rainer (1910-2004) et
Margarete Schütte-Lihotzky (1897-2000).
Le design du meuble viennois reçut en outre dans les
années 1950 des impulsions modernes de la part des
producteurs de meubles métalliques traditionnels Karl
Hagenauer, Carl Auböck et « Sonett ». À partir des
années 1960, le design du meuble prit une orientation
radicalement neuve. Parmi les artistes les plus créatifs,
l‘on compte l‘architecte Johannes Spalt (né en 1920) du
groupe d‘architectes « ¾ », le sculpteur Walter Pichler
(né en 1936) ainsi que les élèves de la classe d‘architecture du professeur Plischke à l‘académie des Beaux-arts
de Vienne, Luigi Blau (né en1945), Hermann Czech
(né en 1936) et Heinz Frank (né en 1939).
Ces dernières décennies, les architectes se sont vus
relayés par des concepteurs de meubles et des équipes
de design ; signalons particulièrement EOOS (créé en
1995), Walking Chair (créé en 2002) ou BKM (créé en
2004). Alors que jusque là, peu de femmes exerçaient la
profession d‘architecte – citons parmi elles Margarete
Schütte-Lihotzky ou Anna-Lülja Praun, il existe actuellement de nombreux groupes de design qui se composent
uniquement de femmes, comme par exemple DanklHampl,
Lucy D. ou Polka.
18 OSWALD HAERDTL : CHAISES ET TABLE
PROVENANT DU CAFE « ARABIA »
Noyer poli, chaises : rembourrage similicuir, table :
matière plastique sur panneau contreplaqué, pied en
aluminium, injecté
Vers 1950
Dans les années 50, aménager un local de dégustation
de café (appelé Espresso à Vienne) était une tâche
intéressante pour les architectes. L‘espresso « Arabia »
situé sur le Kohlmarkt et conçu en 1950 par Oswald
Haerdt fut le premier café design de ce type à Vienne.
La salle toute en longueur du café fut aménagée par
Haerdtl en une zone d‘entrée où le client pressé pouvait
déguster un café en vitesse suivie d‘un espace à l‘arrière
pour s‘asseoir. L‘architecte dessina différents types de
meubles pour les divers espaces fonctionnels.
19 ROLAND RAINER : « STADTHALLEN-STUHL » CHAISE POUR LA STADTHALLE
Hêtre massif courbé, assise et dossier en contreplaqué,
en partie peint
Vers 1952
Après la Deuxième guerre mondiale, l‘architecte Roland
Rainer travailla en étroite collaboration avec la fabrique
de sièges Emil & Alfred Pollak de Wien-Meidling, qui ont
produit la fameuse chaise « Stadhallen-Stuhl ». Ce modèle a été utilisé par la Ville de Vienne dans la Stadthalle
(salle de spectacles) ainsi que dans des universités
populaires (Volkshochschulen).
Dans la conception de cette chaise à accoudoirs empilable, l‘architecte Rainer s‘orienta sur les projets de l‘architecte finnois Alvar Aalto et sur la chaise en aluminium
« Landi » de Hans Coray, qui présente également des
trous ronds sur le dossier.
20 CARL AUBÖCK : TABLE-ARBRE
Noyer teinté et ciré, tubes en acier, caoutchouc
1950/51
Après la Deuxième guerre mondiale, l‘atelier mécanique
traditionnel viennois Carl Auböck produit également des
meubles en bois. Les exemples les plus connus sont les
tables-arbres, dont le plateau était confectionné à partir
du tronc d‘un noyer.
21 WALTER PICHLER : FAUTEUIL « GALAXY 1 »
Aluminium, rembourrage d‘orgine
1966
Le sculpteur et artiste des arts graphiques Walter Pichler
développa une série de « prototypes » dans les années
1960, dont le fauteuil en aluminium « Galaxy 1 », un
représentant typique du design Space Age. En 1968,
Pichler conçut également une table basse accordée
au fauteuil, la « Galaxy 2 », également réalisée en tôle
d‘aluminium.
22 EOOS : « SWEETWOOD »
Frêne et bois contre-plaqué laqué
2002
Ce siège fait partie d‘une série de « chaises légères »
telles qu‘elles furent conçues par de nombreux architectes
dans les années 1950, avant tout inspirées par la
« Superleggera » de Gio Ponti. Dans le modèle exposé ici,
le groupe de designers EOOS (créé en 1995) étudie les
capacités naturelles du matériau « bois » en fendant les
longerons pour obtenir un dossier légèrement flexible.
Pour la poursuite du tour, veuillez continuer quelques mètres jusqu’au petit escalier à droite. Vous le
descendez puis continuez tout droit jusqu’à la salle aux armoiries.