Business et science foncent vers l`immortalité

Transcription

Business et science foncent vers l`immortalité
Forfaits fiscaux revus
à la hausse: notre enquête P12
Le CEO de Swisscom raconte
sa marche vers l’innovation P24
LA RÉFÉRENCE SUISSE DE L’ÉCONOMIE
VIVRE
EN FORME
JUSQU’A
120 ANS
Business
et science
foncent vers
l’immortalité
Mobbing en temps de crise:
ne pas se laisser faire P32
DOSSIER
LE BUSINESS
LES PROGRÈS DE LA TECHNOSCIENCE
FONT AUGMENTER LES PERSPECTIVES
D’ESPÉRANCE DE VIE EN BONNE SANTÉ
À 120 ANS, VOIRE AU-DELÀ. POUR CERTAINES
ENTREPRISES, C’EST LE MARCHÉ DU SIÈCLE.
PAR FABRICE DELAYE, CHANTAL MATHEZ
DE SENGER ET MARY VAKARIDIS
38
BILAN
PHOTO: FOTOLIA
DE L’IMMO
O
19 AOÛT 2015
O
ORTALITÉ
W W W. B I L A N .C H
BILAN
39
DOSSIER
LE BUSINESS DE L’IMMORTALITÉ
UNE JEUNESSE
ÉTERNELLE
Ou comment l’individu, déjà né
peut-être, vaincra Darwin.
C
’ - votre petite fille?
Votre fille? Vous? Par convention, nous l’appellerons Margaux
et on dira qu’elle est née en
2000. Margaux sera, au siècle prochain, la
doyenne de l’humanité. Une doyenne en
pleine forme et presque sans une ride avec
une vue d’aigle et une ouïe de musicienne.
Avec le décryptage de son génome complet parmi les premières de sa génération
dès 2020, Margaux a su dès l’époque de
ses études en médecine quel complément
alimentaire privilégier et quel comportement adopter grâce aux conseils de son
smartphone pour optimiser ses chances
de vivre longtemps, très longtemps, et en
bonne santé. La prise régulière d’un extrait de la grenade, commercialisé par un
spin-off de l’EPFL, a évité aux cellules de
ses muscles de décrépir. Quelques années
plus tard une vaccination contre Alzheimer
mise au point par Novartis empêchera que
ses neurones ne se dégradent en plaques.
Vers 2030, sa première thérapie génique
lui a permis de corriger les risques associés à Parkinson. Une autre a diminué aussi le risque de cancer du sein plutôt que
de recourir aux ablations comme celles de
l’actrice Angelina Jolie. Si Margaux n’a jamais vraiment été tentée par la singularité
informatique – cette idée que vers 2045 il
soit possible de fondre son esprit dans un
ordinateur, comme l’affirme Ray Kurzweil,
chercheur vedette chez Google – elle a bien
constaté la quasi-disparition des accidents
de la route avec les véhicules pilotés par
intelligence artificielle.
La suite du prolongement de sa vie est
le produit d’une exponentielle. Les progrès technoscientifiques se nourrissant
d’eux-mêmes, Margaux a assisté au recul
des grandes causes de mortalité, comme
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BILAN
cela avait été le cas de la variole au XXe
siècle. Quasi-disparition des maladies cardio-vasculaires grâce aux progrès fulgurants de la médecine régénérative: celle-là
est capable non seulement de réparer ou de
remplacer le cœur mais aussi les organes
associés au système cardiaque, comme des
poumons imprimés en 3D à partir de cellules souches. Basée sur le diagnostic génétique puis épigénétique et la recherche de
biomarqueurs, la médecine personnalisée
a transformé les cancers en maladies chroniques, d’autant plus vite que les avancées
de l’immunothérapie et de la nanomédecine ont été importantes. Margaux a même
succombé à la bionique pour ses 89 ans.
Avertie d’une dégénérescence maculaire,
elle a préféré une vision augmentée héritée
des premiers implants oculaires à des lunettes depuis longtemps passées de mode.
Médecin devenue chercheuse en biologie, Margaux a cependant conservé
l’ombre d’un doute sur la longévité exceptionnelle de sa génération. Non qu’elle rejoint le mythe de la quête d’immortalité
décrit dans le premier récit connu, le livre
de Gilgamesh, mais à cause de Darwin.
Son hyperlongévité a driblé les processus
de l’évolution et de la sélection naturelle.
Mais si un virus ou une bactérie profitait
en parallèle de son séjour prolongé dans
son microbiote (flore intestinale, etc.) pour
muter au fil des générations et devenir létal
non seulement pour elle mais par épidémie
pour tous?
Pour une masse croissante de chercheurs en sciences de la vie mais aussi
en nutrition ou en sciences de l’information, le destin de Margaux ne relève plus
de la science-fiction. Certes, l’immortalité
n’est pas pour demain. Mais en attendant,
son marché, accompagné de ses mythes
marketing comme de ses prouesses techniques, est déjà là. Il fond les secteurs de
la médecine, des technologies médicales,
des médicaments, du numérique et de la
nutrition en une gigantesque industrie de
la santé plus préventive que curative.
Quelque part, l’individu qui atteindra
150 ans – 200 ans? plus? – est réputé être
né. Et, qui plus est, cette espérance de vie
hors norme n’est plus envisagée comme
une longue décrépitude. Même s’il est
évident que ce prolongement de la vie posera des défis économiques et sociaux fondamentaux dont on n’a pas fini de parler.
RALENTIR LE
VIEILLISSEMENT
Le marché anti-âge atteindrait
plus de 346 milliards en 2018.
R
    cette demande de nos sociétés pour ralentir la vieillesse que l’explosion des produits anti-âge. Ils
représentent déjà près de 20% du marché
mondial de la cosmétique. Entre les produits antirides, de repousse ou de coloration
des cheveux et autres absorbeurs d’UV, ce
marché était estimé à 122 milliards de dollars en 2013, en croissance annuelle de 8%
selon le consultant BCC. Elargi à l’ensemble
des services et produits anti-âge incluant
la chirurgie esthétique, l’estimation monte
à 261 milliards avec des taux de croissance
parfois phénoménaux, comme les 680% du
botox entre 2000 et 2012. Et d’ici 2018, ce
marché anti-âge pèsera 346 milliards.
Avec ses nombreuses cliniques privées,
la Suisse développe un savoir-faire de plus
en plus pointu pour répondre à cette demande. Plusieurs cliniques misent ainsi
sur la médecine anti-âge en s’appuyant sur
des technologies scientifiques et médicales
pour le dépistage précoce, la prévention, le
traitement et la régression des maladies et
dysfonctionnements liés à l’âge. «La médecine est aujourd’hui en mesure de venir
au secours du vieillissement grâce à une
approche qui tient compte des aspects génomiques, moléculaires, métaboliques,
psychologiques et comportementaux du
patient. Il est ainsi possible de prévenir,
découvrir et traiter, par la prescription de
molécules efficaces, les pathologies liées au
passage du temps afin d’en ralentir les manifestations tant mentales que physiques»,
affirme le Dr Filippo Ongaro, médecin-chef
19 AOÛT 2015
PHOTO: DR
du tout nouveau centre anti-âge inauguré en mai dernier par la Clinique Générale
Beaulieu et l’institut L.Raphael.
Situé à Champel, ce Beaulieu Geneva
Age Management Center propose une approche reposant sur des technologies scientifiques et médicales avancées. Après une
visite médicale approfondie, les journées
des patients sont organisées autour d’un
plan comprenant des exercices physiques,
des soins esthétiques et une alimentation
saine. «Denombreusesétudesscientifiques
démontrent clairement que des modifications, même minimes, dans le régime alimentaire, l’exercice physique et le niveau
destressaméliorentlasantéetlalongévité»,
souligne le Dr Ongaro.
Al’originedecestraitementsanti-âgequi
ontfaitdelaSuisseunpôled’excellenceenla
matière, on trouve la Clinique La Prairie. En
1931 déjà, le chirurgien suisse Paul Niehans
fut pionnier en proposant des traitements
cellulaires à ses patients. Aujourd’hui, l’établissementspécialisédanslamédecinepréventive offre également toute une gamme
de soins esthétiques.
Autreacteurromand,legroupeMatignon
est réputé pour ses traitements non invasifs
qui visent à ralentir le vieillissement de la
peau. Son offre betteraging englobe la mésothérapie qui associe l’hydratation et l’effet
antioxydant, le thermage, qui «réveille» les
cellules du derme par l’application de radiofréquence (comme le sport le fait pour
les cellules musculaires), en passant par la
photoréjuvénation ou rajeunissement par
la lumière et le nappage du visage par des
facteurs de croissance contenus dans nos
propres plaquettes sanguines.
Depuis le mois de juin dernier, une clinique va plus loin en misant sur la médecine régénérative et la thérapie cellulaire.
Nescens, filiale d’Aevis Holding, est la première à entrer dans l’univers des cellules
souches grâce à un partenariat exclusif avec
la Swiss Stem Cell Bank, la banque suisse
des cellules souches à Lugano. Ses activités,
issues du centre de prévention du vieillissement créé par le professeur Jacques Proust,
s’articulentautourdecinqdomaines:lamédecine préventive, le mieux-vivre, la cosméceutique (à cheval entre la pharmacie
W W W. B I L A N .C H
Dr Filippo Ongaro, médecin-chef du tout nouveau centre anti-âge de la Clinique Générale Beaulieu.
et la cosmétique), la médecine et chirurgie
esthétique et les cellules souches.
L’établissement, rattaché à la Clinique de
Genolier, offre aux adultes entre 40 et 65
ans la possibilité de conserver leurs cellules souches extraites de leur tissu adipeux.
Nescens propose également aux futurs parents de conserver des cellules souches extraites du sang du cordon ombilical de leur
enfant lors de sa naissance. La démarche,
au départ thérapeutique (régénérer ou reconstruire des tissus ou organes endommagés), sera également utilisée à des fins
esthétiques, comme lutter contre le vieillissement de la peau. «La réintroduction
dans des organismes âgés de cellules reprogramméesencellulessouchespluripotentes
constituera, dans un avenir proche, une
nouvelle stratégie thérapeutique pour réparer les diverses altérations organiques liées
à l’avancée en âge», prédit Jérôme Puginier,
directeur de la société fribourgeoise Swiss
Stem Cell Science.
LES CLÉS
DE LA LONGÉVITÉ
L’essor des alicaments,
initié par les antioxydants.
C
   
d’affaires des cliniques privées
suisses reproduit en petit une
vaste tendance des industries qui
se disputent les 7000 milliards de dollars
du marché mondial de la santé. «On as-
siste aujourd’hui à un changement de paradigme où la vieillesse n’est plus vue comme
une évolution inéluctable mais comme une
maladie à soigner», commente Johann
Roduit, directeur du Centre d’humanités
médicales à l’Université de Zurich et cofondateur du think tank NeoHumanitas. Dans
ce domaine, de grandes entreprises suisses,
comme Nestlé ou Novartis, ainsi qu’une
nuée de start-up font œuvre de pionnières.
Le moment clé du changement de perception des industriels à propos du marché
de la longévité peut être daté précisément.
Le 1er septembre 2000, le magazine américain Science publie un article rédigé par
des chercheurs d’Eukarion, une biotech
du Massachusetts. Il montre qu’un nouvel
antioxydant étend radicalement la durée
de vie de petits vers connus sous le nom
de C. elegans: le composé anti-âge d’Eukarion augmente leur espérance de vie
de 50%. L’un des scientifiques du Buck
Institute qui a collaboré à cette recherche
y voit alors «la première preuve que l’âge
est une condition qui peut être traitée avec
un médicament».
Mais il y a loin du ver à l’homme.
L’antioxydant d’Eukarion ne donnera guère
plusderésultatqu’uneapplicationparEstée
Lauder pour une crème. Cette découverte
a cependant remis en selle l’une des nombreuses (200 environ) théories du vieillissement. Dans les années 1950, Denham
Harman, un chercheur de l’Université du
Nebraska, a découvert comment les radicaux libres produits par l’oxydation des
cellules volent un électron aux molécules
voisines et déstabilisent les cellules. Parce
que nous créons certains de ces radicaux
libres chaque fois que nous respirons, ces
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DOSSIER
LE BUSINESS DE L’IMMORTALITÉ
recherches vont faire des antioxydants les
héros de la lutte contre les radicaux libres et
le vieillissement. Aux Etats-Unis, les ventes
annuelles d’antioxydants comme la vitamine C et autres extraits de myrtilles dépassent les 3 milliards de dollars.
L’absence de base scientifique sur les
effets réels de ces produits a longtemps
retenu les scientifiques de donner leur imprimatur à ces alicaments. D’autant qu’il y
a des faits troublants. En centrant ses études
sur les centenaires, Nir Barzilai, directeur
de l’Institut de recherche sur le vieillissement du College Albert Einstein, découvre
que ceux qu’il étudie n’ont jamais pratiqué
de sport régulièrement, et qu’en outre 30%
étaient en surpoids.
Qui plus est, nombre de ces centenaires
sont souvent frères et sœurs, suggérant qu’il
pourrait y avoir des facteurs génétiques
de longévité. En 1993, l’identification du
premier gérontogène (Daf 2) par Cynthia
Kenyon à l’Université de Californie à San
Francisco met la génétique au centre de la
recherche sur le vieillissement. Les gérontologues ne sont plus seuls à s’intéresser
au vieillissement, les biotechnologies découvrent ce marché.
Les progrès de la génétique vont alors
s’appliquer à un autre domaine de la médecine anti-âge, celui des substances imitant
la restriction calorique. Au XVIe siècle, à
Venise, Luigi Cornaro, un noble local, avait
décrit dans son livre Discours sur la vie sobre
– le premier best-seller d’une longue série
consacré à la longévité – comment un régime diminuant drastiquement sa prise de
calories à partir de 35 ans l’amène à bien
vieillir en dépit d’une santé fragile pour
finalement décéder à 102 ans.
En 1934, les recherches sur la restriction calorique sont reprises à l’Université
Cornell,oùilapparaîtqu’elledoublelaviede
rats de laboratoire, puis étendues progressivement à d’autres animaux, y compris le
singe. En théorie, si la restriction calorique
s’appliquait à l’homme comme au rongeur,
notre espérance de vie en bonne santé est
de 120 ans. Le hic, c’est que la restriction
calorique demande non seulement une ascèse invivable mais que ses effets semblent
limités chez l’homme.
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BILAN
MÉDICAMENTS
PROMETTEURS
Les recherches sur des
molécules se multiplient.
L
   aidant,
les chercheurs vont développer, à
partir de 2000, des médicaments
reproduisant les effets les plus
probants de la restriction calorique.
La compréhension des effets de la restriction calorique sur les mitochondries,
les centrales énergétiques de la cellule, ou
sur la production d’insuline vont conduire
à la création de diverses biotechs comme
LifeGen, BioMarker Pharmaceuticals,
GeroTech ou Eukarion. Elles tentent de
développer des molécules comme la 2DG
qui diminue la température et la production d’insuline chez le mammifère (mais
se révélera toxique pour le cœur), la mannoheptulose, un sucre qu’on trouve dans
l’avocat qui réduit l’insuline, ou encore la
metformine, déjà utilisée pour le diabète.
Nir Barzilai vient d’obtenir que la FDA,
l’autorité du médicament aux Etats-Unis,
accepte le premier essai clinique jamais
pratiqué chez l’homme avec cette metformine pour traiter le vieillissement, en
dépit que ce ne soit pas une maladie. L’an
prochain, 3000 personnes âgées de 70 ans
vont tester ce médicament pendant cinq
ans pour voir si, comme dans le cas des
diabétiques, il augmente l’espérance de
vie de 15%. Une première qui en annonce
d’autres.
Professeur à l’Université Tufts à Boston,
Ronenn Roubenoff dirige les recherches
sur les désordres liés à l’âge chez Novartis
depuis 2009. En décembre dernier, une
équipe dirigée par son collègue Joan
Mannick a rendu compte des résultats
d’un essai de la rapamycine pour booster
la réponse de personnes âgées à une vaccination contre la grippe. Ce médicament
pourrait aussi inverser d’autres effets du
vieillissement. «La rapamycine cible une
enzyme appelée mTOR qui est le principal
thermostat de la cellule. En la modulant, on
peut obtenir une réduction de la production
d’énergie, comme dans le cas de la restriction calorique», explique le chercheur.
Découverte sur l’île de Pâques en 1964
par une équipe de l’Université McGill, la
rapamycine est aujourd’hui utilisée pour
bloquer le rejet immunitaire lors de transplantation d’organes. En 2009, trois laboratoires américains rapportent dans Nature
LA RÉVOLUTION SILENCIEUSE
En fait, la révolution silencieuse a déjà
commencé. Dans le monde, l’espérance
de vie moyenne est passée de 46,6 ans
en 1950 à près de 70 ans aujourd’hui.
Naturellement, cela recouvre de grandes
disparités entre la Sierra Leone, où
l’espérance de vie est limitée à 44 ans,
et le Japon, où elle dépasse 82 ans.
Mais la direction est la même pour tous.
En Europe de l’Ouest, l’espérance de vie
est passée de 45 ans en 1900 à plus
de 80 aujourd’hui. Et nous continuons
de gagner environ un an tous les quatre ans.
Jusqu’à quand? Y a-t-il une limite ultime,
quelque part vers les 122 ans atteints par
Jeanne Calment, qui soit indépassable?
Et, question subsidiaire, vivrons-nous
de 80 à 120 ans à force d’acharnement
thérapeutique comme des grabataires,
qui plus est frappés de démence sénile?
La réponse apportée à ces questions par
la recherche en sciences de la vie est de
plus en plus négative. Certes, il n’y a ni pilule
de l’immortalité ni élixir de jouvence.
Mais les recherches sont passées des
marges de la science à son centre au cours
des dernières années. Comme l’observe
Astrid Stuckelberger, chercheuse à l’Institut
de santé globale de la Faculté de médecine
de l’Université de Genève, «la psychologie
comportementale a commencé par changer
notre vision du vieillissement avec la notion
de better aging dans les années 1980.
Puis la décennie suivante a vu l’apparition
de la médecine anti-âge, dont l’objectif
est de ralentir le vieillissement.»
19 AOÛT 2015
ILS AGISSENT POUR FAIRE DE LA VIEILLESSE UNE MALADIE QUI SE SOIGNE
PHOTOS: SOFIE DELAUW/CHIP SOMODEVILLA/GETTY IMAGES,
ALAIN HERZOG/EPFL
- Ci-dessus: Le raisin
contient une molécule,
le resvératrol,
qui a un effet revigorant
sur les muscles.
- A gauche: Calico, créé
par Google et dirigé par
Arthur Levinson
(tout à g.), veut étendre
l’espérance de vie
à plus de 100 ans.
- A droite: A l’EPFL
le professeur
Johan Auwerx
concourt pour
le Longevity Prize
de Palo Alto.
W W W. B I L A N .C H
BILAN
43
DOSSIER
LE BUSINESS DE L’IMMORTALITÉ
que cette molécule a clairement étendu la
vie de souris en agissant sur ces mTOR.
Cette étude fait partie d’un programme du
National Institute on Aging, qui teste discrètement des médicaments anti-âge depuis 2003. Ils ont par exemple montré que
l’aspirine augmente de 12% l’espérance de
vie de souris. Avec la rapamycine, les chercheurs constatent un gain de 28% chez les
souris mâles et de 38% chez les femelles.
Toutefois, la puissance de la rapamycine et
sa toxicité laissent nombre de chercheurs
sceptiques sur son emploi chez l’homme.
Ronenn Roubenoff reconnaît lui-même
que si le bon dosage est trouvé, il restera la
question de savoir à quel âge commencer le
traitement pour qu’il soit efficace.
MIEUX
SE NOURRIR
Resvératrol, grenade et
bimagrumab font des prodiges.
L
 , qui ont aussi
envahi le champ de la recherche
anti-âge, pensent que les nutriments d’origine naturelle sont
moins toxiques – on les mange déjà – que
les médicaments. Le plus prometteur de
ces nutriments anti-âge a longtemps été le
resvératrol, que l’on trouve dans la peau du
raisin. En 2003, un professeur de Harvard,
David Sinclair, découvre que cette molécule
est non seulement un antioxydant mais un
moyen de protéger l’ADN de l’instabilité
générée par le vieillissement. Après que son
équipe eût montré que des levures évoluant dans un milieu enrichi de resvératrol
gagnent 70% d’espérance de vie, il fonde
Sirtris Pharmaceuticals pour développer
cette molécule. L’entreprise sera rachetée
en 2008 pour 720 millions de dollars par
GlaxoSmithKline.
A l’EPFL, un chercheur connaît à fond
l’aventure du resvératrol. Professeur titulaire de la chaire Nestlé, Johan Auwerx
publie, en 2006, un article qui étend les
44
BILAN
découvertes de David Sinclair aux mammifères. Il met en avant l’effet revigorant
du resvératrol montrant que les muscles
de ses souris de laboratoire se sont remodelés de la même façon que si elles avaient
fait beaucoup d’exercice. «La prise de resvératrol pousse les mitochondries à brûler des graisses stockées de même qu’à la
formation de nouvelles mitochondries»,
explique-t-il.
Le resvératrol entrera cependant dans
une suite de polémiques scientifiques, si
bien que sa commercialisation sous forme
de médicament anti-âge se fait encore
attendre. Dans le même temps, l’intérêt
du professeur Auwerx s’est déplacé vers
d’autres composés naturels, dont un extrait
de la grenade. Il semble avoir une action
sur la dégénérescence musculaire, comme
devrait le confirmer une publication très
prochaine. Avec un autre ingrédient, Johan
Auwerx vient aussi d’entrer en compétition dans le Longevity Prize de Palo Alto.
Ce prix de 1 million de dollars à la première équipe scientifique qui sera capable
de prolonger de 50% la vie de mammifères.
Trente équipes appartenant à la crème de la
science mondiale se le disputent.Une des
voies envisagées est de traiter la sarcopénie. Dès 30 ans, on observe, en effet, une
dégénérescence musculaire de 3 à 8% par
décennie qui accélère à 10% par décennie
après 60 ans. Or diverses études ont montré que le maintien de la masse musculaire
joue un rôle protecteur contre toutes sortes
de pathologies liées à l’âge. C’est ce que Nir
Barzilai appelle le dividende de la longévité.
Novartis s’intéresse aussi à traiter la sarcopénie. L’entreprise travaille sur un anticorps monoclonal expérimental baptisé bimagrumab qui augmente la masse
musculaire. En l’espèce, cet anticorps empêche l’effet de la myostatine qui limite la
croissance musculaire des mammifères.
La vache de race blanc bleu belge doit son
énorme musculature à la faible production
de cette molécule par son génome. Chez
l’homme, au contraire, notre évolution a
conduit à limiter la croissance musculaire.
«Son effet est actuellement démontré en
phase 3 chez des patients atteints d’une
maladie rare, la myosite à inclusion, mais
LES MICROSPHÈRES DE PB&B
PB&B, une jeune pousse lausannoise
de MedTech, est caractéristique de
l’invasion de la technologie dans le marché
de l’esthétique. Encore en phase de
recherche, la start-up, lauréate du concours
Best Swiss Hightech Startup 2015,
développe des microsphères qui relâchent
de la graisse organique, augmentant ainsi le
volume des tissus adipeux et réduisant par
le même biais les rides. «Nous sommes
constamment sollicités par des médecins
car leur clientèle, à qui l’on propose les
mêmes produits depuis des années, veut de
nouvelles techniques», indique Sergio
Klinke, cofondateur de PB&B. La start-up
vaudoise envisage de se développer à
l’étranger, par exemple en Angleterre, pays
qui rembourse une partie des frais de
chirurgie esthétique car le mal-être physique
y est considéré comme un problème
sociétal.
aussi en phase 2 pour des patients après
une opération de la hanche, ainsi que pour
la sarcopénie», révèle Ronenn Roubenoff.
Le fait que de grandes entreprises
comme Novartis ou Nestlé s’attaquent au
vieillissement de manière systémique fait
beaucoup pour crédibiliser les recherches
dans ce domaine. Reste que, comme l’observe Mark Fishman, le directeur de la recherche de Novartis, à côté de l’approche
holistique du vieillissement, les progrès
les plus rapides devraient avoir lieu dans
ce qu’il appelle les pièces de rechange du
corps humain.
Dans son best-seller La mort de la mort,
le chirurgien et serial entrepreneur français (Doctissimo, DNA Vision) Laurent
Alexandre dresse un état des lieux impressionnant des progrès récents des sciences
de la vie. Il voit le cancer devenir une maladie chronique avec le développement de
la médecine personnalisée associant diagnosticmoléculaireetmédicamentsurmesure. Il faut dire que les progrès s’accélèrent.
Rien qu’au cours d’une semaine de juillet dernier, des chercheurs de l’Université
19 AOÛT 2015
LA LONGÉVITÉ PROMISE À UN BEL AVENIR
L’ESPÉRANCE DE VIE DÉPASSE LES 80 ANS EN SUISSE
MONDE: UNE EXPLOSION
DE CENTENAIRES
ÉVOLUTION DE L’ESPÉRANCE DE VIE MOYENNE À LA NAISSANCE
Femmes
Hommes
84,8
80,5
80
75
400%
300%
70
200%
65
60
100%
55
0
50
0-64
65+
85+
100+
Evolution de la population
mondiale par groupes d’âge
entre 2005 et 2030.
45
40
1900
1920
1940
1960
1980
2000
2013
CE QUI NOUS TUE ENCORE
DEUX FOIS PLUS D’OCTOGÉNAIRES QU’AVANT
PRINCIPALES CAUSES DE MORTALITÉ EN SUISSE, 1980/2012
ÉVOLUTION PRÉVUE DU TAUX DE PERSONNES DE PLUS DE 80 ANS EN SUISSE
Hommes
Femmes
Total
13,4%
12%
11,9%
10,4%
9%
6%
En 1980
+80 ans
5,1%
4,2%
3,4%
3%
0
1980
+90 ans
1990
2000
2010
2020
2030
2040
2050
2060
Maladies cardio-vasculaires
Tumeurs
Appareils respiratoires
Accidents et violences
Appareil digestif
Métabolisme et sang
Suicides
Système nerveux
Infections
Psychisme
Autres
LA SUISSE, PÔLE D’EXCELLENCE DANS LA LUTTE ANTI-ÂGE

Beaulieu Geneva
Age Management Center
Champel
EPFL (Lausanne)
Le professeur Johan Auwerx concourt pour
le Longevity Prize: des ingrédients naturels
retarderaient le vieillissement musculaire.
Clinique La Prairie
Clarens-Montreux
Campus Biotech (Genève)
Le docteur Astrid Stuckelberger fait autorité
en Europe dans la médecine anti-âge.
Novartis (Bâle)
Parmi les travaux du géant pharmaceutique:
un anticorps qui augmenterait la masse
musculaire et un immunosuppresseur
qui ralentirait le vieillissement.
Matignon
Lausanne
Neuchâtel
Nyon
Sion
Vevey
Clinique de Genolier
Nescens
Genolier
Lausanne
33,8%
26,6%
7,3%
6,1%
5,4%
4,1%
4,0%
2,8%
1,6%
1,2%
7,1%
LE CHIFFRE
LES CLINIQUES 
AC Immune (Lausanne)
La biotech teste un médicament qui serait
efficace pour traiter la maladie d’Alzheimer.
Maladies cardio-vasculaires
Tumeurs
Psychisme
Appareils respiratoires
Système nerveux
Accidents et violences
Appareil digestif
Métabolisme et sang
Suicides
Infections
Autres

CES CENTRES QUI ŒUVRENT POUR RALENTIR LE VIEILLISSEMENT
LA RECHERCHE
En 2012
48,3%
24,1%
5,6%
5,6%
3,8%
2,7%
2,7%
1,4%
0,7%
0,4%
4,7%
7000






C’est le coût, en dollars, des
soins aux centenaires lors
de leurs deux dernières années
de vie, pour le système de
santé américain. Soit trois fois
moins que pour les personnes
décédant entre 60 et 70 ans.
Ce phénomène est appellé
le dividende de la longévité.
Sources: OFS, Département des affaires économiques et sociales des Nations-Unies
W W W. B I L A N .C H
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DOSSIER
LE BUSINESS DE L’IMMORTALITÉ
de Washington ont exposé une membrane
imprimable en 3D qui s’enfile comme une
chaussette autour du cœur pour remplacer les pacemakers. La thérapie génique,
consistant à remplacer un gène défectueux,
a rendu la vue à des aveugles lors d’un essai mené à l’Université de Pennsylvanie et
restauré l’ouïe de souris dans le cadre d’une
collaboration entre Harvard et l’EPFL. Last
but not least, AC Immune, une start-up
de l’EPFL partenaire de Roche est entrée
dans la dernière phase d’un essai clinique
particulièrement prometteur pour traiter
la maladie d’Alzheimer. Biogen, Novartis
et Eli Lilly développent aussi des thérapies pour lutter contre cette maladie qui
risque autrement de prendre des proportions épidémiques avec le vieillissement
de la population.
Derrière, la thérapie cellulaire commence à livrer ses promesses avec l’impressionen3Ddestructuresbiodégradables
servant de squelette à des cellules souches
susceptibles de se spécialiser en organes de
remplacement.
DOCTEUR
GOOGLE
La Silicon Valley finance le rêve
d’éternité et de transhumanisme.
U
  créée en mars
2014 par J. Craig Venter, le généticien qui le premier avait séquencé son génome en 2000,
encapsule nombre de ces progrès. Baptisée
Human Longevity, elle entend séquencer
40000puis100000génomeshumainsainsi
que leurs microbiomes et leurs phénotypes
(les caractéristiques observables d’une
personne) pour créer une gigantesque base
de données capable de révéler les interactions du vivant qui conduisent au vieillissement et aux maladies associées. Avec son
ordinateur Watson, IBM a aussi cette approche big data dans le domaine du cancer.
Enfin, Google a hissé la lutte anti-âge
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à un degré de priorité encore jamais atteint en fondant Calico en 2013. Pour diriger cette société, les fondateurs de Google,
Larry Page et Sergey Brin, ont recruté une
étoile de la Silicon Valley: Arthur Levinson,
ancien CEO de Genentech, la filiale biotech de Roche, et président d’Apple depuis
2000. Il a emmené chez Calico une autre
star de Genentech, Hal Barron, chef de la
recherche médicale, et Cynthia Kenyon,
la découvreuse des gérontogènes. Calico
veut combattre le vieillissement et étendre
l’espérance de vie à plus de 100 ans.
Depuis sa fondation, la firme a multiplié les partenariats spectaculaires dotés
de centaines de millions de dollars. Mais
Calico se profile aussi comme le centre névralgique de la recherche de pointe dans
le transhumanisme. Ce mouvement prône
un usage radical des technologies afin de
lutter contre la maladie, le vieillissement
et la mort. Tout se passe, en effet, comme si
l’immortalité constituait désormais le nouveau défi de la Silicon Valley. Cela semble
farfelu mais ça ne l’est plus en regard des
personnalités impliquées et des sommes
LE PROJET AVATAR
Aujourd’hui, l’immortalité apparaît comme
l’ultime rêve de ceux à qui l’argent a tout
offert. Le milliardaire russe Dmitri Itskov,
31 ans, a créé en 2011 une organisation
«Initiative 2045» qui a pour but de prolonger
la vie humaine. Cet entrepreneur actif
dans les médias internet s’est adressé
aux quelque 1500 riches de la liste établie
par Forbes afin qu’ils participent
financièrement à ses recherches. Le projet
«Initiative 2045» entend créer un cerveau
artificiel où un esprit humain pourrait être
implanté. A partir de ce système, l’esprit
serait ensuite capable de contrôler
un hologramme humanoïde. A l’horizon 2020,
le projet prévoit de déboucher sur un robot
humanoïde commandé par le cerveau.
En 2045, l’être humain devrait être en
mesure d’éviter la mort en étant transféré
dans cet «avatar» immortel qui accueillerait
son esprit. Dmitri Itskov déclare avoir déjà
embauché une trentaine de scientifiques.
investies. Cette cause magnétise les entrepreneurs qui ont fait la réputation de la
vallée, comme le cofondateur de PayPal,
Peter Thiel, ou le fondateur d’Oracle, Larry
Ellison.
Toutes ces évolutions rendent l’espérance de vie à 120 ans et en bonne santé à
portée de main, selon le pronostic de l’ensemble des chercheurs interviewés. «Mais
pour aller au-delà, il faudra envisager des
transgressions biologiques majeures», insiste Laurent Alexandre. Celles que prône
le mouvement transhumaniste parti de la
Singularity University.
Trois approches se distinguent dans ces
recherches sur l’«immortalité». Le scientifique britannique Aubrey de Grey est le
principal représentant de l’approche biologique.DirecteurderechercheàlaFondation
Methuselah, il propose de développer un
moyen de régénérer les tissus cellulaires
permettant de rajeunir. Directeur de l’ingénierie chez Google et professeur au MIT,
Ray Kurzweil travaille, lui, sur l’idée de
transférer l’esprit humain dans un ordinateur comme dans le film Transcendance.
Enfin, le professeur de cybernétique britannique Kevin Warwick développe le
modèle de l’homme-machine vu dans les
films de la série Terminator (1984). Il a déjà
démontré qu’un ordinateur peut obéir directement au système nerveux humain.
Ces perspectives représentent aussi
d’énormes opportunités d’investissement.
Les marchés des nanotechnologies et de
la biologie de synthèse devraient respectivement représenter 3000 et 10 000 milliards de dollars à l’horizon 2025, selon
McKinsey. Un pactole qui attire aussi une
armée de charlatans, comme le souligne
Laurent Alexandre.
Cela devrait rester provisoire. Converties
à la médecine anti-âge, les grandes institutions mettent un peu d’ordre et surtout
beaucoup de science dans cette ruée vers
l’«immortalité». L’EPFL prépare une chaire
pour évaluer scientifiquement les effets
des compléments alimentaires répandus
dans ce far west. Peut-être l’embryon d’une
bioéthique qui, comme celle de Margaux,
ne se souciera pas seulement de l’hyperlongévité mais de ses conséquences.
19 AOÛT 2015
«NOUS SOMMES
À L’AUBE
DE PROGRÈS
COLOSSAUX»
Frédéric Saldmann, spécialiste
de la médecine préventive
à l’Hôpital européen Georges
Pompidou à Paris, donne
des conseils pour éviter
de nombreuses maladies
et se soigner différemment.
Dans votre best-seller «Prenez votre
santé en main», vous allez à l’encontre
des chercheurs qui prédisent l’immortalité grâce à la science. Pour vous, il
s’agit surtout d’améliorer son hygiène
de vie pour prolonger son existence?
PHOTO: PHILIPPE MATSAS/OPALE/LEEMAGE
Oui, je pense qu’on peut faire beaucoup
de chose pour augmenter son espérance de vie
en bonne santé avec des moyens très simples.
On a au fond de nous-même des moyens
d’autoguérisons extrêmement puissants.
Par exemple, si vous faites 30 minutes
d’exercice physique par jour sans vous arrêter,
vous diminuez de 40% les risques de cancers,
d’Alzheimer et autres maladies cardiovasculaires. Et 30% de calories en moins,
c’est 20% de vie en plus.
Vous préconisez aussi de modifier
notre perception du temps?
Une des choses qui réduit la perception
de la vie, c’est la routine. Si vous faites toujours
la même chose, vous aurez l’impression que
votre vie défile. Si vous vous mettez un peu
en danger, vous allez sécrétez des hormones
du bonheur. Et le bonheur augmente
l’espérance de vie en bonne santé !
Dans votre livre, vous dites que vous
W W W. B I L A N .C H
serez encore témoin d’une révolution
médicale, celle de rendre les cellules
mortelles, immortelles?
Je suis en train de faire des travaux
de recherche sur un petit rongeur qui vit
en Afrique de l’Est, le rat-taupe nu qui
a une longévité exceptionnelle, près de 30 ans,
soit environ cinq fois plus qu’une souris.
En plus, il résiste à tout: aux maladies
cardio-vasculaires, à Alzheimer et même
aux cancers. C’est comme si nous vivions
500 ans en bonne santé.
Puisque l’on partage 99% de gènes en commun
avec le rat-taupe nu, il suffit de percer
son énigme pour faire un bon colossal
dans la longévité en bonne santé.
L’immortalité sera-t-elle réservée
à une élite intellectuelle ou financière?
Je souhaite que l’immortalité soit à la portée
de tous, mais je crains que les progrès
considérables de la médecine ne soient
accessibles qu’aux plus nantis.
C’est déjà le cas avec les nouvelles médecines
régénératives. Elles sont très coûteuses
et ne sont plus prises en charge par les caisses
publiques.
Et la question de la surpopulation?
Est-ce que les êtres humains
devront arrêter de procréer?
Dans combien de temps
pourrons-nous vivre jusqu’à 150 ans?
Mon inquiétude, ce n’est pas la surpopulation,
mais la sous-population mondiale.
Il y a de plus en plus de risques de pandémie
par virus dans les années à venir.
Il suffit qu’un virus mute un petit peu…
Je pense plutôt que nous vivrons bientôt
jusqu’à 120 ans et non pas 150. Nous sommes
à l’aube de faire des progrès colossaux.
En tuant la mort, ne risque-t-on pas de
tuer le rêve, la transmission, le désir?
On trouvera d’autres sources de bonheur.
Les gens auront plusieurs vies, plusieurs
mariages et plusieurs métiers.
Nous avons déjà fait un tel bond en
longévité en un siècle que nous
«30% DE CALORIES
avons déjà changé plusieurs fois
EN MOINS, C’EST
de modèle de société.
Qu’en-sera-il des questions de société,
comme par exemple l’âge de la retraite
si l’on vit jusqu’à 120 ans?
Une étude a démontré que
plus on prend tôt sa retraite,
plus on risque Alzheimer.
Donc la retraite n’est définitivement pas bonne pour la santé.
Si on n’arrive plus à la financer,
on créera de nouveaux modèles
sociétaux et ce n’est pas plus mal.
20% DE VIE EN PLUS.
ET LE BONHEUR
AUGMENTE L’ESPÉRANCE
DE VIE EN BONNE SANTÉ»
Et vous-même,
vous vous souhaitez
une vie jusqu’à quel âge?
Le plus longtemps possible!
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