sujets ecrit annees precedentes - Ecole Santé Social Sud-Est
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SELECTION 2014 POUR ENTRER EN FORMATION EDUCATEUR DE JEUNES ENFANTS EN VOIE DIRECTE Epreuve : ECRIT Vendredi 7 février 2014 de 14h à 17h 2 sujets notés chacun sur 20 – Total sur 40 (note <20 éliminatoire) Le candidat dispose d'une seule copie pour traiter les 2 sujets de cette épreuve. Le candidat doit traiter obligatoirement les 2 sujets : le sujet 1 et le sujet 2. Sujet 1/ Dégagez les idées principales du texte « Facebook, accusé emblématique des réseaux sociaux » (page 2). Puis en vous référant à vos expériences, vos connaissances et vos lectures, développez votre réflexion personnelle à partir de celui-ci. Note / 20 Sujet 2/ Commentez l’extrait du texte (ci-dessous) «L’extérieur, un espace de jeu, un lieu pour grandir » en vous appuyant sur vos expériences sociales, professionnelles, ou personnelles dans le champ de l’éducation des jeunes enfants pour illustrer votre réflexion. Dans la perspective de la profession d’Educateur de Jeunes Enfants, argumentez votre position de manière personnelle. Note / 20 « La véritable éducation ne produit pas, elle révèle ; elle fait découvrir à l’enfant qu’il est le seul moteur de ses apprentissages. Malgré toutes nos bonnes intentions, l’enfant apprend, parce qu’apprendre est dans la nature même de l’enfant. Dans tout ce qu’il fait, il recherche activement les interactions qui seront les plus propices à sa réalisation. » Extrait de « L’extérieur, un espace de jeu, un lieu pour grandir », Le Furet n°63 Sujet 1 Facebook, accusé emblématique des réseaux sociaux Critiqué, comme Wikipédia ou les Anonymous, le réseau social le plus partagé au monde, offre des « amis », comme les « vrais ». Les « amis » de Facebook ne sont pas de vrais amis, aime-t-on penser. (…) N’est-il pas paradoxal de chérir une conception exclusive et élective de l’amitié alors que nous constatons que nos existences sont aujourd’hui construites par la multiplicité de nos rencontres ? Nous faisons payer à nos « amis » Facebook la quête insatisfaite de relations sociales « pures ». Ce culte de l’ami authentique est la solution que nous avons trouvée pour soustraire quelques rares élus du flux des relations sociales ordinaires de plus en plus soumises aux logiques du calcul, de l’accélération et de l’efficacité. Pour interpréter ce paradoxe, il faut rompre le partage si rassurant entre vie numérique et vie réelle. Car l’inquiétude sur l’authenticité de nos relations sépare beaucoup moins le réel et le si mal nommé « virtuel », qu’elle ne traverse l’ensemble des pratiques contemporaines de sociabilité. Les amitiés digitales et celles de la vie « réelle » sont étroitement enlacées. La conversation numérique ne fait, bien souvent, que prolonger des discussions ou des bavardages commencés avec la famille, les amis, les collègues. Cependant, si les « amis » en ligne sont à peu de choses près les mêmes que les amis hors ligne, les enquêtes montrent que ce ne sont pas les liens amoureux et familiaux, ceux qu’on dit « forts », qui sont au cœur des échanges sur internet. Et les réseaux sociaux signent moins la fin de la vie privée qu’ils ne sont le théâtre de nouvelles formes expressives dans lesquelles le personnel fait l’objet d’une mise en scène calculée. Ce que les réseaux sociaux transforment le plus dans la sociabilité des individus n’est ni le contact aventureux avec des inconnus ni l’échange intime avec les proches. C’est entre les deux, au sein du répertoire des « liens faibles », ces indispensables intermédiaires de la vie sociale : copains, collègues, partenaires d’activité, amis d’amis, personnes qui comptent, qui ont compté ou dont on voudrait qu’elles comptent plus… Les réseaux sociaux ouvrent un espace désinhibé qui donne à ces relations une nouvelle chance. (…) Facebook ne fait que reproduire l’espace social des relations quotidiennes où le calcul, la frime, et l’intérêt n’ont jamais cessé de côtoyer l’entraide, le don, et le partage. Mais il permet aussi d’étendre cette sociabilité de proximité vers la périphérie des relations plus « faibles », celles qui s’évaporent dans la vie hors ligne. Les classes supérieures, et c’est ce qui les caractérise, ont toujours eu un carnet d’adresses plus riche, plus diversifié, plus cosmopolite que celui des classes populaires. (…) or c’est justement ceux qui ont toujours su adroitement entretenir leur capital social sur l’air du plus grand désintéressement qui se mêlent de mépriser les pratiques calculées et insincères des nouveaux entrants dans l’ère du social networking. Comment ne pas voir que les réseaux sociaux numériques offrent à ceux qui n’ont pas les mêmes ressources de mobilité la possibilité de rendre leur vue plus excitante ? La conversation numérique avec les liens faibles décloisonne l’espace relationnel des individus. Elle leur permet d’échapper, même dans des marges très limitées, aux assignations identitaires et à la tyrannie des liens forts. Elle ouvre la fenêtre sur certaines opportunités sociales et culturelles en périphérie de leur cercle d’affinité. Comme toute conversation détendue entre proches, la plupart des échanges sur Facebook paraissent souvent futiles, conformistes ou narcissiques. Mais, comme l’a montré le « printemps arabe », il suffit de porter dans la conversation ordinaire des aspirations, des curiosités ou des désirs nouveaux, pour que de liens faibles émergent un mouvement collectif. (…) Page 2 Dominique CARDON, sociologue/10 Novembre 2011 Extrait des « dossiers et documents » N°419 Le Monde mai 2012 SELECTION 2013 POUR ENTRER EN FORMATION EDUCATEUR DE JEUNES ENFANTS EN VOIE DIRECTE Epreuve : ECRIT Mardi 19 Février de 14h à 17h 2 sujets notés chacun sur 20 – Total sur 40 (note <20 éliminatoire) Le candidat dispose d'une seule copie pour traiter les 2 sujets de cette épreuve. Le candidat doit traiter obligatoirement les 2 sujets : le sujet 1 et le sujet 2. Sujet 1/ Dégagez les idées principales du texte «La tyrannie de la vitesse » (page suivante). Puis en vous référant à vos expériences, vos connaissances et vos lectures, développez votre réflexion personnelle à partir de celui-ci. Note / 20 Sujet 2/ Commentez le texte ci-dessous« Repousser les limites ? Qui s’y frotte, s’y pique ! », en vous appuyant obligatoirement sur vos expériences sociales, professionnelles, familiales ou personnelles dans le champ de l’éducation des jeunes enfants et dans la perspective de la profession d’Educateur de Jeunes Enfants. Argumentez votre position de manière personnelle. Note / 20 Repousser les limites ? Qui s’y frotte, s’y pique ! «Une petite bête qui pique et pourtant si attirante, vers laquelle le jeune enfant a envie d’aller irrémédiablement. Derrière cela se cache le besoin de découverte, de faire ses propres expériences, et parfois malgré l’avertissement bienveillant de l’adulte, le petit doigt aventurier et fragile s’y pique. Il en va de même pour les limites, ces petites phrases lourdes en règles et en interdits que l’adulte sème quotidiennement dans un souci de sécurité physique et affective. Les règles, au-delà de poser des limites, sont une forme de transmission du patrimoine et de la culture familiale. En effet, pour évoluer et vivre dans la société parmi des pairs, des patrons et des collaborateurs, il est important d’intégrer et de pratiquer certaines règles implicites véhiculées par la société, telles que la politesse, l’hygiène et les règles civiques. C’est par l’éducation que l’enfant intègre ces règles et les pratique au quotidien par imitation des adultes». Marie FLORES Directrice d’un jardin d’enfants, Formatrice, Clamart (92) In « Métiers de la petite enfance – Avril 2008 – n°138 » Sujet 1 : La tyrannie de la vitesse Nos sociétés ont accéléré la cadence. Accélération technique, accélération des rythmes de vie, accélération des changements sociaux. Comment en sommes-nous arrivés là? Et si on prenait le temps de penser nos vies... Des journées trop chargées, à se dépêcher, à courir, pour tenter d'effectuer ce qui, en se couchant, restera à faire. À terminer demain. «Il faudrait allonger les journées !», dit une collègue. «Le temps passe trop vite!», se plaint l'autre. « On vit comme des dingues», renchérit la troisième. «Vous les Occidentaux, vous courez vers la mort ou quoi ?», m'a un jour demandé un Sénégalais. Avant de me conseiller, en wolof: «Danke,danke» (« doucement, doucement »). «Être affamé de temps ne provoque pas la mort, rassurent John Robinson et Geoffrey Godbey, mais, comme l'avaient observé les philosophes antiques, empêche de commencer à vivre.» L'existence pleine a besoin de temps pour se déployer. Depuis quelques années , des ouvrages de sciences sociales aux titres évocateurs ont envahi les tables des libraires : […] Le phénomène est pourtant ancien: le sentiment d'une accélération est exprimé dès le XIXe siècle avec l'apparition du chemin de fer et se concrétise, dans une multitude d'expériences, au cours de la révolution industrielle. Pourtant, de nombreux penseurs tiennent le phénomène comme caractéristique de notre époque récente, qu'ils appellent la «postmodernité», la «seconde modernité» ou la «modernité tardive». Mais que recouvre cette expression d'« accélération du temps», si répandue? La formule est à prendre avec précaution, laissant entendre que le temps lui-même s'accélère. Or personne ne dira voir les aiguilles de sa montre tourner plus vite. Donc, le temps que l'on appelle objectif, c'est-à-dire mesuré par des instruments - tels que les chronomètres, montres, horloges -, est stable et ne s'accélère pas. En revanche, l'accélération des rythmes de vie provoque «un sentiment que le temps passe plus vite», selon les mots d'H. Rosa. Où est passé le temps libre? Cette modification perceptive du temps est fondée. Les faits témoignent indéniablement d'une «accélération technique» - la plus visible et documentée: l'augmentation de la vitesse de déplacement, de transmission de l'information et de production. Dans ces domaines, la technique nous permet d'effectuer, par rapport à nos grands-parents, les mêmes actions dans un temps beaucoup plus court. L'histoire de la vitesse de transport de la marche à pied, au navire à vapeur, au vélo, à l'automobile, au train à grande vitesse (TGV), à la fusée spatiale - montre que l'on effectue la même distance en beaucoup moins de temps. Pareil pour le transport des informations : alors qu'il fallait des semaines aux messagers à cheval et aux pigeons voyageurs pour transmettre des informations, le temps requis avec Internet est celui d'un simple clic. Pourquoi sommes-nous alors débordés, en manque de temps, alors que la technique est censée nous en avoir libéré? Voici l'un des plus grands paradoxes: plus nous gagnons du temps, moins nous en avons. Le calcul, illogique, interpelle. Où sont alors tous ces gains de temps, ce nouveau «temps libre» généré par la technique? Remis en circuit. Comme le souligne H. Rosa, «nous produisons plus vite mais aussi davantage», les gains de temps étant ainsi absorbés par l'augmentation de la croissance. Voilà le problème: l'homme moderne est si gourmand qu'il veut parcourir, transmettre, produire trois fois plus (de distance, d'informations, de choses). Alors même que la technique lui permet d'aller seulement deux fois plus vite. Si bien qu'il en vient à avoir moins de temps que son congénère en avait au siècle dernier. Nos vies sont en perpétuel changement, bousculées par le déchaînement événementiel du monde. Par conséquent, un sentiment d'urgence, anxiogène, pousse à accélérer la cadence. Ce qui entraîne, selon H. Rosa, une «accélération du rythme de vie», qualifiée de «densification» ou «intensification du temps quotidien», dans le but d'effectuer plus d'actions dans une même unité de temps. Selon l'auteur, l'homme use de deux stratégies pour y arriver. La première consiste à augmenter immédiatement la vitesse d'action, consacrant ainsi moins de temps qu'auparavant à une même activité. À cet égard, les enquêtes de l'Institut national du sommeil et de la vigilance révèlent en effet que les Français dorment une heure et demie de moins que dans les années 1950 et deux de moins qu'au début du XXe siècle. On passerait également moins de temps à cuisiner. Selon l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), la part des dépenses de repas en conserves et en produits surgelés a presque été quadruplée depuis 1960. Un ménage sur deux pratique le plateau repas au moins une fois par semaine, sans compter l'essor du fast-food. La seconde stratégie consiste à effectuer plusieurs activités en même temps, de façon à optimiser le temps présent. Ce que les Américains appellent le multitasking (le multitâches), comme travailler durant le temps d'un transport en train, plutôt que de discuter avec son voisin ou contempler le paysage. Ou bien faire réciter les devoirs de son enfant pendant que l'on lave la vaisselle. Ces tâches que nous effectuions auparavant moins vite et l'une après l'autre, c'est-à-dire successivement, s'effectuent aujourd'hui plus vite et en même temps, c'est-à-dire simultanément. Une vie sociale en renouvellement perpétuel H. Rosa observe également une «accélération du changement social», c'est-à-dire un changement plus rapide des rythmes de transformation eux-mêmes. Si la vie de nos grands-parents était plus ou moins stable tout au long de leur existence, les nôtres sont en perpétuel changement, bousculées par le déchaînement événementiel du monde. D'abord, la rapidité des rythmes de transformation du monde social est en partie liée à la diffusion plus rapide des nouveautés technologiques. Chiffres à l'appui, le chercheur bruxellois Francis Heyligen démontre en effet qu'il s'écoula 175 ans entre l'invention de la machine à écrire en 1714 et sa diffusion mondiale, contre environ trente ou quarante ans pour des inventions comme le réfrigérateur et l'aspirateur au début du XXe siècle, et seulement une décennie pour que des nouvelles technologies comme les lecteurs de CD ou les magnétoscopes connaissent une diffusion de masse. Ce qui est significatif, c'est que leur pénétration dans le tissu social modifie la vie pratique et les orientations de l'action, et ceci plus rapidement qu'auparavant. […]. La dislocation de la vie quotidienne […]. La vie professionnelle est également affectée par ce que P.A Taguieff nomme le «bougisme». P. Virilio rappelle en effet que «l'emploi à vie» est en passe de disparaître, d'un temps presque révolu. L'augmentation des contrats à durée déterminée (CDD), le développement du travail intérimaire et de la formation continue attestent qu'aujourd’hui une personne est amenée à occuper plusieurs emplois dans une même vie, voire à apprendre plusieurs métiers. Par ailleurs, la forte mobilité professionnelle des jeunes amène à déménager plus souvent et à se réhabituer à une nouvelle ville, voire à une autre culture. Sans parler des conséquences sur la création du lien social, amical comme amoureux. Dans le monde d'aujourd'hui, ce n'est pas le gros qui mange le petit, c'est le rapide qui mange le lent. John Chambers […]. Cependant, ces critiques à l'égard de l'accélération, et des effets qu'elle génère, sont assez récentes. Longtemps, l'accélération du progrès technique fut même très valorisée, promettant une plus grande maîtrise du monde. C'est pourquoi la société s'est investie avec autant d'énergie en faveur de la révolution industrielle. Progressivement, l'idéologie d'une modernité fondée sur l'éloge de la vitesse, la rapidité des échanges, le mouvement d'une vie animée et dynamique s'est répandue jusqu'à l'émergence du Culte de la performance, selon le titre de l'ouvrage du sociologue Alain Ehrenberg. Au début des années 1980, l'éloge de la vitesse s'imposa jusqu'au corps physique avec le développement de pratiques sportives agressives destinées, comme le rappelle le sociologue Yves Travaillot, à «conquérir la forme», pour «être actifs, libres et dynamiques». « Surtout, ne vous reposez pas trop», conseillait le magazine Vital. Cependant, la vitesse semble aujourd'hui un impératif plus subi que véritablement recherché, à écouter ceux qui aimeraient bien un peu se reposer sans se sentir pour autant moins performants, peut-être même plus. […]. Travailler plus, courir plus, alors pour quoi faire? La question éthique posée par Jürgen Habermas, «Comment je veux vivre ?», prend un nouveau sens. H. Rosa l'entend comme un questionnement sur «la manière dont nous voulons passer notre temps». Sans doute, le temps est ainsi venu d'y penser, non pas le temps d'un instant fugitif, mais d'y réfléchir pendant une durée suffisamment déployée jusqu'à ce que se profile, à l'horizon, la consistance d'un futur. Déborah CORREGES Hartmut Rosa, auteur de : Accélération. Une critique sociale du temps, La Découverte, 2010 Juillet 2012 SCIENCES HUMAINES 35 N° 239 SELECTION 2012 POUR ENTRER EN FORMATION EDUCATEUR DE JEUNES ENFANTS EN VOIE DIRECTE Epreuve : ECRIT Jeudi 9 Février de 14h à 17h 2 sujets notés chacun sur 20 – Total sur 40 (note <20 éliminatoire) Le candidat dispose d'une seule copie pour traiter les 2 sujets de cette épreuve. Le candidat doit traiter obligatoirement les 2 sujets : le sujet 1 et le sujet 2. Sujet 1/ Dégagez les idées principales du texte Entretien avec Michel Serres (page suivante). Puis en vous référant à vos expériences, vos connaissances et vos lectures, développez votre réflexion personnelle à partir de celui-ci. Note / 20 Sujet 2/ Commentez le texte « L’estime de soi chez les jeunes enfants » (ci-dessous) en vous appuyant sur vos expériences sociales, professionnelles, ou personnelles dans le champ de l’éducation des jeunes enfants pour illustrer votre réflexion. Dans la perspective de la profession d’Educateur de Jeunes Enfants, argumentez votre position de manière personnelle. Note / 20 L’estime de soi chez les jeunes enfants : une notion simple et complexe à la fois. Pour faire court, estime de soi rime avec juste connaissance de sa valeur personnelle. Cela étant, il y a là une notion plus complexe qu’elle n’y parait…surtout lorsque l’on veut la mettre en pratique. L’estime de soi n’existe pas en elle-même (comme une boite noire que l’on aurait une fois pour toutes). Elle dépend en fait des relations qu’un enfant tisse avec d’autres personnes, et notamment avec les adultes qui lui sont proches. Cela signifie que la perception et l’attention que les adultes ont à son égard ont une incidence sur l’estime de soi du jeune enfant. Cette considération passe bien sûr d’abord et avant tout par l’écoute authentique de l’enfant. Extrait du livret pour les parents « Renforcer l’estime de soi chez les jeunes enfants » édité par Aides Alcool mai 2011 (pages 4 et 5) Sujet 1 : Entretien avec Michel SERRES Je le (le nouvel humain) baptise Petite Poucette, pour sa capacité à envoyer des SMS avec son pouce. C’est l’écolier, l’étudiante d’aujourd’hui, qui vivent un tsunami tant le monde change autour d’eux. Nous connaissons actuellement une période d’immense basculement, comparable à la fin de l’Empire romain ou de la Renaissance. Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux grandes révolutions : le passage de l’oral à l’écrit, puis de l’écrit à l’imprimé. La troisième est le passage de l’imprimé aux nouvelles technologies, tout aussi majeure. Chacune de ces révolutions s’est accompagnée de mutations politiques et sociales : lors du passage de l’oral à l’écrit s’est inventée la pédagogie, par exemple. Ce sont des périodes de crise aussi, comme celle que nous vivons aujourd’hui. La finance, la politique, l’école, l’Eglise… Citez-moi un domaine qui ne soit pas en crise ! Il n’y en a pas. Et tout repose sur la tête de Petite Poucette, car les institutions, complètement dépassées, ne suivent plus. Elle doit s’adapter à toute allure, beaucoup plus vite que ses parents et ses grands-parents. C’est une métamorphose ! (…) Déjà, Petit Poucet et Petite Poucette ne parlent plus ma langue. La leur est plus riche, je le constate à l’Académie française où, depuis Richelieu, on publie à peu près tous les quarante ans le dictionnaire de la langue française. Au siècle précédent, la différence entre deux éditions s’établissait à 4 000 ou 5 000 mots. Entre la plus récente et la prochaine, elle sera d’environ 30 000 mots. A ce rythme, nos successeurs seront très vite aussi loin de nous que nous le sommes du vieux français ! Cela vaut pour tous les domaines. A la génération précédente, un professeur de sciences à la Sorbonne transmettait presque 70% de ce qu’il avait appris sur les mêmes bancs vingt ou trente ans plus tôt. Elèves et enseignants vivaient dans le même monde. Aujourd’hui, 80% de ce qu’a appris ce professeur est obsolète. Et même pour les 20% qui restent, le professeur n’est plus indispensable, car on peut tout savoir sans sortir de chez soi ! Pour ma part, je trouve cela miraculeux. Quand j’ai un vers latin dans la tête, je tape quelques mots et tout arrive : le poème, l’Enéide, le livre IV… Imaginez le temps qu’il faudrait pour retrouver tout cela dans les livres ! Je ne mets plus les pieds en bibliothèque. L’université vit une crise terrible, car le savoir, accessible partout et immédiatement, n’a plus le même statut. Et donc les relations entre élèves et enseignants ont changé. Mais personnellement, cela ne m’inquiète pas. Car j’ai compris avec le temps, en quarante ans d’enseignement, qu’on ne transmet pas quelque chose, mais soi. C’est le seul conseil que je suis en mesure de donner à mes successeurs et même aux parents : soyez vous-mêmes ! Mais ce n’est pas facile d’être soi-même. (…) Sur ce plan (l’univers virtuel), Petite Poucette n’a rien à inventer, le virtuel est vieux comme le monde ! Ulysse et Don Quichotte étaient virtuels. Madame Bovary faisait l’amour virtuellement, et beaucoup mieux peut-être que la majorité de ses contemporains. Les nouvelles technologies ont accéléré le virtuel mais ne l’ont en aucun cas créé. La vraie nouveauté, c’est l’accès universel aux personnes avec Facebook, aux lieux avec le GPS et Google Earth, aux savoirs avec Wikipédia. Rendez-vous compte que la planète, l’humanité, la culture sont à la portée de chacun, quel progrès immense ! Nous habitons un nouvel espace… La Nouvelle-Zélande est ici, dans mon iPhone ! J’en suis encore tout ébloui ! Ce que l’on sait avec certitude, c’est que les nouvelles technologies n’activent pas les mêmes régions du cerveau que les livres. Il évolue, de la même façon qu’il avait révélé des capacités nouvelles lorsqu’on est passé de l’oral à l’écrit. Que foutaient nos neurones avant l’invention de l’écriture ? Les facultés cognitives et imaginatives ne sont pas stables chez l’homme, et c’est très intéressant. C’est en tout cas ma réponse aux vieux grognons qui accusent Petite Poucette de ne plus avoir de mémoire, ni d’esprit de synthèse. Ils jugent avec les facultés cognitives qui sont les leurs, sans admettre que le cerveau évolue physiquement. (…) Petite Poucette n’aura pas faim, pas soif, pas froid, sans doute jamais mal, ni même peur de la guerre sous nos latitudes. Et elle vivra cent ans. Comment peut-elle ressembler à ses ancêtres ? Ma génération a été formée pour la souffrance. La morale judéo-chrétienne, qu’on qualifie à tort de doloriste, nous préparait tout simplement à supporter la douleur, qui était inévitable et quotidienne. C’était ainsi depuis Epicure et les Stoïciens. Savez-vous que Louis XIV, un homme pas ordinaire, a hurlé de douleur tous les jours de sa vie ? Il souffrait d’une fistule anale, qui n’a été opérée qu’au bout de trente ans. Son chirurgien s’est entraîné sur plus de 100 paysans avant… Aujourd’hui, c’est un coup de bistouri et huit jours d’antibiotiques. Je suis le dernier client de mon dentiste qui refuse les anesthésies, il n’en revient pas ! Ne plus souffrir, c’est un changement extraordinaire. Et puis, on est beaucoup plus beau aujourd’hui. Quand j’étais petit, les paysans étaient tous édentés à 50 ans !……Petite Poucette est jolie… Quand on la prend en photo, elle dit «cheese», alors que ses arrière-grands-mères murmuraient «petite pomme d’api» pour cacher leurs dents gâtées. Ce sont des anecdotes révélatrices. Car c’était au nom de la pudeur, et donc de la religion et de la morale, qu’on se cachait. Tout cela n’a plus cours. Je crois aussi que le fait d’être «choisi» lorsqu’on naît, à cause de la contraception, de l’avortement, est capital dans ce nouvel état du corps. Nous naissions à l’aveuglette et dans la douleur, eux sont attendus et entourés de mille soins. Cela ne produit pas les mêmes adultes. (…) Extrait du quotidien « Libération » des 3 et 4 septembre 2011 page 24 (…) Michel Serres, diplômé de l’Ecole navale et de Normale Sup, a visité le monde avant de l’expliquer à des générations d’étudiants. Historien des sciences et agrégé de philosophie, « … ». Ce prof baroudeur, académicien pas tout à fait comme les autres, scrute les transformations du monde et des hommes de son oeil bleu et bienveillant. Son sujet de prédilection : la jeune génération, qui grandit dans un monde bouleversé, en proie à des changements comparables à ceux de la fin de l’Antiquité. La planète change, ils changent aussi, ont tout à réinventer. «Soyons indulgents avec eux, ce sont des mutants», implore Michel Serres, par ailleurs sévère sur sa génération et la suivante, qui laisseront les sociétés occidentales en friche. SELECTION 2011 POUR ENTRER EN FORMATION EDUCATEUR DE JEUNES ENFANTS EN VOIE DIRECTE Epreuve : ECRIT Mardi 22 Février de 14h à 17h 2 sujets notés chacun sur 20 – Total sur 40 (note <20 éliminatoire) Le candidat dispose d'une seule copie pour traiter les 2 sujets de cette épreuve. Le candidat doit traiter obligatoirement les 2 sujets : le sujet 1 et le sujet 2. Sujet 1/ Dégagez les idées principales du texte « l’indifférence : la pire des attitudes » (page 2). Puis en vous référant à vos expériences, vos connaissances et vos lectures, développez votre réflexion personnelle à partir de celui-ci. Note / 20 Sujet 2/ Commentez le texte « Prendre des risques, est-ce se mettre en danger ?» (cidessous) en vous appuyant sur vos expériences sociales, professionnelles, ou personnelles dans le champ de l’éducation des jeunes enfants pour illustrer votre réflexion. Argumentez votre position de manière personnelle. Note / 20 Prendre des risques, est-ce se mettre en danger ? Prendre des risques, c’est oser expérimenter du nouveau, aller vers ce que l’on ne connaît pas pour découvrir, expérimenter du nouveau. C’est ce qui permet à l’enfant de grandir, de faire de nouvelles acquisitions, d’avancer dans son développement. Et c’est ce que fait l’enfant, déjà tout petit (…) Prendre des risques, c’est être actif, être acteur, c’est nécessaire pour grandir et se construire. C’est l’inverse de subir, ou d’être passif. De France Gacoin, pédiatre, JDP (Journal des Professionnels Petite enfance) nov/déc 2010 N°67 page 58 Extrait du Règlement de sélection Formation EJE/ESSSE : « - 2.2.2 critères d'évaluation : " compréhension, analyse du sujet et du document " formulation d'idées et restitution organisée et synthétique " argumentation de point de vue de manière cohérente en s'appuyant sur l'expérience personnelle de vie sociale, familiale, de travail etc… " clarté et lisibilité de l'expression ». Sujet 1 : L’Indifférence : la pire des attitudes C’est vrai, les raisons de s’indigner peuvent paraître aujourd’hui moins nettes ou le monde trop complexe. Qui commande, qui décide ? Il n’est pas toujours facile de distinguer entre tous les courants qui nous gouvernent. Nous n’avons plus affaire à une petite élite dont nous comprenons clairement les agissements. C’est un vaste monde, dont nous sentons bien qu’il est interdépendant. Nous vivons dans une inter connectivité comme jamais encore il n’en a existé. Mais dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien regarder, chercher. Je dis aux jeunes :cherchez un peu, vous allez trouver. La pire des attitudes est l’indifférence, dire « je n’y peux rien, je me débrouille ». En vous comportant ainsi, vous perdez l’une des composantes essentielles qui fait l’humain. Une des composantes indispensables : la faculté d’indignation et l’engagement qui en est la conséquence. On peut déjà identifier deux grands nouveaux défis : 1. L’immense écart qui existe entre les très pauvres et les très riches et qui ne cesse de s’accroître. C’est une innovation des XX° et XXI° siècle. Les très pauvres dans le monde d’aujourd’hui gagnent à peine deux dollars par jour. On ne peut laisser cet écart se creuser encore. Ce constat seul doit susciter un engagement. 2. Les droits de l’homme et l’état de la planète. J’ai eu la chance après la Libération d’être associé à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Organisation des Nations unies, le 10 décembre 1948, à Paris, au palais de Chaillot (…). Cette déclaration universelle doit beaucoup à la révulsion universelle envers le nazisme, le fascisme, le totalitarisme, et même, par notre présence, à l’esprit de la Résistance. Je sentais qu’il fallait faire vite, ne pas être dupe de l’hypocrisie qu’il y avait dans l’adhésion proclamée par les vainqueurs à ces valeurs que tous n’avaient pas l’intention de promouvoir loyalement, mais que nous tentions de leur imposer. Je ne résiste pas à l’envie de citer l’article 15 de la Déclaration universelle des Droits de l’homme : « tout individu a droit à une nationalité », l’article 22 : « Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la Sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, grâce à l’effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l’organisation et des ressources de chaque pays ». Et si cette déclaration a une portée déclarative, et non pas juridique, elle n’en a pas moins joué un rôle puissant depuis 1948 ; on a vu des peuples colonisés s’en saisir dans leur lutte d’indépendance ; elle a ensemencé les esprits dans leur combat pour la liberté. Je constate avec plaisir qu’au cours des dernières décennies se sont multipliés les organisations non gouvernementales, les mouvements sociaux comme Attac (Association pour la taxation des transactions financières), la FIDH (Fédération internationale des Droits de l’homme), Amnesty…. qui sont agissants et performants. Il est évident que pour être efficace aujourd’hui, il faut agir en réseau, profiter de tous les moyens modernes de communication. Aux jeunes, je dis : regardez autour de vous, vous y trouverez les thèmes qui justifient votre indignation-le traitement fait aux immigrés, aux sans-papiers, aux Roms. Vous trouverez des situations concrètes qui vous amènent à donner cours à une action citoyenne forte. Cherchez et vous trouverez ! Extrait du livre « Indignez-vous » de Stéphane Hessel, éditions Indigènes-décembre 2010, pages 14-15-16. Biographie de Stéphane Hessel : Né le 20 octobre 1917 à Berlin, Stéphane Hessel est un diplomate et militant politique français. Il fut un combattant de la France libre pendant la Seconde Guerre mondiale, puis déporté à Buchenwald. Il est nommé secrétaire de la Commission des Droits de l'Homme en 1948 quand celle-ci est constituée pour entreprendre la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Agé aujourd’hui de 93 ans, il est également écrivain SELECTION 2010 POUR ENTRER EN FORMATION EDUCATEUR DE JEUNES ENFANTS EN VOIE DIRECTE Epreuve : ECRIT Mardi 2 mars 2010 de 14h à 17h 2 sujets notés chacun sur 20 – Total sur 40 (note <20 éliminatoire) Le candidat dispose d'une seule copie pour traiter les 2 sujets de cette épreuve. Le candidat doit traiter obligatoirement les 2 sujets : le sujet 1 et le sujet 2. Sujet 1/ Expliquez ce qu’est « l’alphabétisation » et dégagez les idées principales du texte « l’Alphabétisation : bien plus qu’apprendre à lire, écrire et compter » (page 2). Puis en vous référant à vos expériences, vos connaissances et vos lectures, développez votre réflexion personnelle à partir de celui-ci. Note / 20 Sujet 2/ Commentez le texte « Lorsque l’enfant s’expose» (ci-dessous), en vous appuyant sur vos expériences professionnelles, sociales, familiales ou personnelles dans le champ de l’éducation des jeunes enfants et dans la perspective de la profession d’Educateur de Jeunes Enfants. Argumentez votre position de manière personnelle. Note / 20 Lorsque l’enfant s’expose « Ce qui menace le plus l’enfant aujourd’hui dans sa sécurité, dans son développement, c’est que l’on ne respecte pas ses rythmes, ses étapes. Bien sûr, l’enfant a besoin d’être tiré en avant, stimulé dans son développement, mais si l’on fait du forcing pour chaque chose, on l’insécurise terriblement. Il y a de nos jours une culture de la performance, de l’exploit, dangereuse. » Bernard Golse Pédopsychiatre, psychanalyste, Chef du service de pédopsychiatrie Hôpital Necker Enfants malades – Paris IN page 83 « Les enfants d’aujourd’hui, quoi de neuf chez les 0-7 ans ? » Co auteurs : B. Cyrulnik, B. Golse, M. Szejer 2007 Paris – Ed. Bayard, 111 p. Extrait du Règlement de sélection Formation EJE/ESSSE : « - 2.2.2 critères d'évaluation : " compréhension, analyse du sujet et du document " formulation d'idées et restitution organisée et synthétique " argumentation de point de vue de manière cohérente en s'appuyant sur l'expérience personnelle de vie sociale, familiale, de travail etc… " clarté et lisibilité de l'expression ». Sujet 1 : l’Alphabétisation : bien plus qu’apprendre à lire, écrire et compter L’alphabétisation n’est pas seulement un moyen de savoir lire, écrire et compter. C’est aussi donner les capacités à un individu d’élaborer des projets, de développer ses connaissances, etc. C’est lui permettre d’être maître de sa propre vie et d’améliorer celle des autres. « Les cours d’alphabétisation m’ont permis de déchiffrer les factures du marché, d’améliorer mon hygiène et de m’impliquer davantage dans les cours de mes enfants. Avec l’alphabétisation, je me suis rendu compte de l’importance de l’école. » Madame Hodalo Kpezou, auditrice dans le centre d’alphabétisation du village de Tchévenda, situé au nord du Togo, dit avec ses mots que l’alphabétisation est « un droit fondamental de la personne humaine » et une « source de liberté » (Unesco, résolution 11 de la Déclaration de Hambourg – 1997). En effet, l’alphabétisation a longtemps été vue comme un simple processus d’acquisition des compétences de base (écriture, lecture, calcul). Elle est aujourd’hui considérée par les organisations internationales comme un moyen pour les individus d’accéder à un développement socio-économique et à l’apprentissage de nouveaux savoirs. Cette prise de conscience intervient au plus haut niveau puisque les Nations unies ont lancé la Décennie pour l’alphabétisation (2003-2012) dont l’Assemblée générale, en 2002, a déclaré : « L’alphabétisation est cruciale pour l’acquisition, par chaque enfant, jeune et adulte, des compétences de base leur permettant de faire face aux problèmes qu’ils peuvent rencontrer dans la vie. Elle représente une étape essentielle de l’éducation de base qui est un moyen indispensable de participation effective à l’économie et à la vie de la société du XXI siècle. » « Améliorer l’estime de soi » Aucun doute : l’alphabétisme améliore les conditions de vie et notamment l’estime de soi parce qu’elle permet de devenir autonome. Zhou Ji Yan, propriétaire d’une boutique en Chine, témoigne de son expérience passée dans une classe d’alphabétisation : « Grâce à cette classe, je ne dépends plus des autres pour faire mes comptes. Aujourd’hui, c’est moi toute seule qui m’en charge. » Au-delà de l’autonomie, une femme alphabétisée s’impliquera davantage dans sa famille, auprès de ses enfants ou au sein de sa communauté car elle aura pris conscience de ses capacités. Du coup, en gagnant en autonomie et en estime de soi, une personne alphabétisée sera plus à même de s’intéresser au vote, de participer à la vie et au débat démocratique, d’intégrer des syndicats dans son entreprise, etc. Revue « AIDE ET ACTION» p.8– NUMERO 111 p2