L`évaluation de l`enseignement-apprentissage de l`allemand
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L`évaluation de l`enseignement-apprentissage de l`allemand
L’ENSEIGNEMENT DE L’ALLEMAND DANS L’ACADEMIE évaluation (D. Huck) 2 L’évaluation de l’enseignement-apprentissage de l’allemand, langue régionale, dans les sites bilingues à parité horaire de l’académie de Strasbourg Elements critiques pour un bilan qualitatif et quantitatif Dominique HUCK Université Marc Bloch, Strasbourg Concevoir une évaluation dans le champ éducatif institutionnel, et singulièrement dans le domaine de la langue régionale à parité horaire, ne relève pas d’un geste technique. Elle ressortit à la volonté institutionnelle qui impulse la demande d’évaluation, mais qui peut, elle-même, être conditionnée par les débats qui entourent la mise en place, puis la construction progressive d’un dispositif éducatif où la langue régionale est dotée d’un statut horaire identique à celui de la langue française. Aussi une telle évaluation doit-elle tenter d’inventorier les questions explicites et implicites qu’elle pourrait étudier, puis sélectionner son propre objet et enfin définir l’angle d’examen qui semble le plus apte à éclairer les champs retenus. Cette contribution voudrait faire un bilan quantitatif et qualitatif critique de la genèse des travaux d’évaluation qui ont été menés à l’initiative des Recteurs de l’Académie de Strasbourg, des conditions de la conception des évaluations, de leur exploitation et de leurs prolongements et conséquences, en restant essentiellement dans le champ de l’empirie (1991/1992-1995/1996 ; 1997/1998 ; 2001/2002). I. LES CONDITIONS EXTERNES La question de l’enseignement de la langue régionale à l’école primaire dans l’Académie de Strasbourg, quelles qu’en soient les modalités, reste une constante historique depuis 1919. C’est dire qu’elle n’a jamais cessé d’être dans l’actualité immédiate des débats sur l’école, sur la pertinence et l’utilité de cet enseignement, sur sa justification et son rôle social. Au fur et à mesure que s’opèrent des mutations parfois très profondes au sein de la texture de la société, la place de cet enseignement est sans cesse réévaluée par le corps social et ses représentants politiques. Dans ce sens, l’Académie de Strasbourg a pu accumuler une longue expérience d’enseignement, mais aussi une longue expérience des questions que soulève un tel enseignement. La mise en place de l’enseignement de l’allemand à 2/3 heures au CM (1972/1974) ; la mise en place de l’enseignement bilingue à parité horaire (1992) évaluation (D. Huck) 3 1.1. 1972 : La mise en place de l’enseignement de l’allemand à 2/3 heures au CM L’enseignement, tel qu’il est prodigué aujourd’hui dans la plupart des classes de CM, se fonde essentiellement sur la réintroduction de l’enseignement de l’allemand aux CM1 et CM2, à titre expérimental en 1972, à raison de 2 heures hebdomadaires, avec vocation d’être généralisé à tous les CM à partir de 1974. Le taux de couverture a atteint et dépassé assez rapidement 90 % des CM de l’Académie de Strasbourg. Cette réintroduction s’est heurtée à toutes sortes d’oppositions, dès l’intention connue. En effet, jusqu’en 19761 au moins, le souci principal des responsables du système éducatif reste clairement l’acquisition du français. Cet objectif prioritaire laisse à penser que l’usage des dialectes est encore largement répandu au point qu’il pourrait entraver une pratique courante du français. A cette époque, l’enseignement de l’allemand inspire toujours la crainte qu’une partie au moins des enfants ou des jeunes dialectophones pourrait préférer l’allemand au français et qu’il puisse générer une discrimination parmi les enfants. Dès mars 1972, une lettre signée par un certain nombre d’universitaires illustre cette inquiétude : « (…) L’enseignement de l’allemand devra conserver un caractère facultatif : il y a dans les écoles d’Alsace des élèves de l’« intérieur » et des étrangers ; en tout état de cause la liberté de choix des parents doit être, ici encore, respectée. »2 Ce ne sera que le début d’une période plus ou moins conflictuelle jusqu’en 1982. 1.2. 1992 : La mise en place de l’enseignement bilingue à parité horaire A partir de 1990, les demandes d'enseignement bilingue se font de plus en plus pressantes. Les représentations qu'en ont et les demandeurs et l'administration scolaire sont à la fois largement divergentes et très imprécises, quant aux objectifs, aux contenus et à l'organisation. Il s'agit très nettement d'un conflit à propos d'un principe qui reste fortement lié à des lectures du monde radicalement divergentes. Une association de parents d'élèves militant en faveur du bilinguisme, soutenue progressivement par les élus locaux de différentes sensibilités politiques, puis relayée par les collectivités territoriales, accentue la pression sur l'administration scolaire pour obtenir satisfaction. 1 Cf. encore l’entretien accordé par Georges Holderith à la revue rectorale en janvier 1976 : « J’ai donc voulu trouver une solution qui assure d’abord et avant tout la primauté de l’enseignement du français, qui est la langue nationale. (…) Le problème a donc été pour moi de trouver, sur le plan pédagogique et sur celui de l’enseignement de l’allemand à l’école élémentaire, une solution qui permette d’avoir une connaissance large, sûre et riche de la langue allemande, sans que cet enseignement porte atteinte à l’enseignement prioritaire du français. » (Georges Holderith et Gérard Hoffbeck : « La réforme Holderith par G. Holderith » in Revue de l’Académie de Strasbourg n°2 (janvier 1976) [pp.6-13], p.6) 2 lettre de J.M. BISCHOFF, F. ISCH, R. MEHL et M. SIMON, doyens ou anciens doyens d’une faculté, reproduite dans le Nouvel Alsacien du 10.03.72 ; c’est nous qui soulignons. évaluation (D. Huck) 4 Durant l'automne 1990, à plusieurs reprises, les représentants de l'Education Nationale refusent, de façon définitive3, d'envisager un enseignement bilingue. Il s’agit d’une position de principe : ni débat, ni dialogue ne sont de mise. Ce sera donc un pur rapport de force de nature politique que le ministre de l'Education Nationale sera amené à trancher au mois de décembre de la même année (1990). Dans un communiqué de portée générale sur le développement de l'enseignement de l'allemand en Alsace, apparaît pour la première fois le terme de «bilingue» : «Des expériences bilingues comportant l'enseignement en allemand d'une matière du programme de l'école élémentaire pourront être engagées dans chacun des départements concernés. La localisation devra être choisie, ses modalités de déroulement, de suivi, d'évaluation déterminés en concertation instituée avec les enseignants, les parents d'élèves et les élus.»4 Puis la situation évoluera à une vitesse surprenante et présentera, 9 mois après, des contours totalement nouveaux : des modules d’enseignement disciplinaires en allemand (3 heures) sont offerts dans 61 classes, de la Moyenne Section maternelle au CM2, en plus de l’enseignement de langue (3 heures). L'ampleur quantitative (61 classes) et l'empan des niveaux (de la MS au CM 2) surprennent, pour ce qui est annoncé comme une «expérimentation». Et dès la rentrée de septembre 1992, suivra l'ouverture de 10 classes bilingues à parité horaire, uniquement implantées à l'école maternelle. A nouveau, l'ampleur et la rapidité de l'évolution auront pris de cours l'ensemble des partenaires concernés, pour l’application des mesures prises. Ainsi, entre l’automne 1990 et septembre 1992, en moins de deux ans, l’autorité scolaire a passé d’un refus catégorique d’envisager un quelconque enseignement disciplinaire en allemand à une mise en place d’un enseignement bilingue à parité horaire, en affichant son intention de l’installer dans la durée. Si ce changement spectaculaire reste sans doute également l’effet d’un changement de personne à la tête du rectorat de l’Académie, il n’en reste pas moins qu’un tel revirement amènera un état d’impréparation structurelle, didactique et pédagogique. La trace de ce virage impromptu reste perceptible dans les premières évaluations qui seront entreprises dès 1991/1992. En effet, c’est durant cette année scolaire qu’est mis en place un enseignement disciplinaire en allemand (3 h), en sus de l’enseignement de la langue (3 h). Des recommandations que formulera la Commission académique d’évaluation de l’enseignement des langues (1er degré) émane une inquiétude masquée qui fait sans doute écho à ce changement radical et non préparé. 3 Par exemple: prise de position du Recteur Deyon dans le quotidien «L'Alsace» du 5.10.1990, p. R2: «Le recteur et l'allemand à l'école, évidence et limites» 4 « Communiqué du 18 décembre 1990 », in : DEYON Pierre (19901) Le programme Langue et culture régionales en Alsace (1982-1990), Strasbourg, C.R.D.P, pp. 59-60 évaluation (D. Huck) 5 2. Les conditions politiques et sociétales 2.1. Les changements dans les pratiques linguistiques et les représentations A partir des années soixante-dix, les acteurs du corps social ont très profondément transformé leurs pratiques linguistiques dans les interactions au quotidien : les parlers alsaciens, dialectes de l’allemand, ont commencé à perdre la place centrale qui leur était dévolue et sont remplacés, à la charnière des XXe et du XXIe siècles, par le français dans de très nombreux domaines de la vie ; la présence de l’allemand standard écrit endogène, très importante encore à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix, n’occupe plus qu’une place marginale aujourd’hui : il est, lui aussi, remplacé par le français. Le français est associé à la modernité, aux changements dans l’évolution des comportements sociaux, à des formes d’émancipations ; l’allemand et les dialectes alsaciens restent plutôt ancrés, dans les représentations des locuteurs, dans la tradition, dans une société immobile, reproductrice de schémas sociaux anciens, renvoyant à un passé ressenti parfois comme suspect. Aussi, la valeur sociale et culturelle des dialectes et de l’allemand standard s’est-elle considérablement affaiblie. Si la demande du corps social pour un enseignement de l’allemand est restée probablement majoritaire jusque vers la fin du XXe siècle, ce n’est pas tant par conformité sociale ou par nostalgie que par absence d’alternative. En effet, l’allemand reste pratiquement la seule langue enseignée à l’école élémentaire. Par ailleurs, le statut de l’allemand a également évolué, dans les représentations des locuteurs alsaciens, de la langue traditionnelle de l’écrit de l’espace alsacien vers une langue étrangère de proximité qu’il était économiquement intéressant d’investir. 2.2. Le débat autour de l’allemand et de son enseignement Cela n’a pas empêché les adversaires de l’enseignement de l’allemand à l’école élémentaire de créer, autour de cette question, un débat politique, social et éducatif permanent ; les positions de tel ou tel parti ou de telle ou telle fraction du corps social ont pu changer au fil du temps, dans un sens comme dans l’autre. Les enjeux portaient certes sur les pratiques linguistiques futures des enfants, mais avant tout sur la valeur emblématique de l’allemand ou des dialectes face au français, langue de la communauté nationale. Aussi le retournement de position spectaculaire de l’autorité éducative au sujet de l’enseignement bilingue va-t-il raviver les passions idéologiques politico-éducatives et ranimer un débat qui menaçait de s’éteindre, faute d’intérêt, compte tenu de l’évolution des pratiques linguistiques. La mise en place de l’enseignement bilingue à parité horaire a contribué à ouvrir un second type de débat sur la question de savoir quelle était « la » langue régionale en Alsace : uniquement l’« alsacien », l’allemand (parce qu’il est l’unique forme standardisée proche des dialectes alsaciens) ou, selon une définition d’un ancien recteur de l’Académie, les dialectes à l’oral, l’allemand à évaluation (D. Huck) 6 l’écrit5 ? Le fait que concomitamment la discussion autour de l’« identité » régionale ait pris partiellement le relais de la question de la place de l’allemand dans le paysage linguistique alsacien a largement contribué à remettre au centre du débat public les positions des uns et des autres face à la mise en place de l’enseignement bilingue. Si la vie de la démocratie en sort certainement gagnante, le système éducatif, quant à lui, ne peut que perdre en sérénité. 2.3. Les enseignants du primaire Ceux qui enseignent l’allemand (les instituteurs, les professeurs des écoles) n’échappent ni aux mutations structurelles de la société et aux changements des pratiques linguistiques, ni au débat autour de l’allemand, dans leurs convictions de citoyens, ni à leur propre biographie, ni à l’opinion prédominant dans leur école ou dans leur hiérarchie. Au-delà de leurs propres convictions à l’égard de l’enseignement bilingue à parité horaire, se posera à eux la question de leur propre compétence linguistique en allemand : elle est, pour une majorité de maîtres qui enseignent l’allemand, sans doute suffisante pour un enseignement de langue, limité dans le temps, soutenu par un manuel et un appareillage d’accompagnement pédagogique, mais souvent largement insuffisante pour que l’allemand puisse devenir la langue de travail, fonctionnelle dans toutes les situations de la vie en classe et pour toutes les activités scolaires. Les maîtres redoutent également, non sans raison, un surcroît de travail dans la mesure où une didactique de l’enseignement disciplinaire en allemand n’a pas encore vu le jour, au début des années quatre-vingt-dix. Enfin, ils expriment des craintes quant aux moyens mis en œuvre : si des moyens supplémentaires, notamment en personnel d’enseignement, ne sont pas alloués, ils craignent que les classes nonbilingues pâtissent de l’établissement de ce nouveau cursus. La palette d’inquiétudes diffuses ou explicites est large et reflète, dans le désordre, toutes celles –contradictoires parfois- qui s’expriment dans le débat polémique qui s’engage dans le corps social. En première ligne dans cette mise en place, les maîtres manifesteront leur agacement, parfois leur colère ou leur dépit, face à une question qui ne leur semble pas nécessairement prioritaire à l’école et à laquelle ils ont été peu préparés. Les premières évaluations se feront l’écho, en quelque sorte en creux, d’un certain nombre de ces inquiétudes. 3. Les conditions de mise en place de l’enseignement bilingue à parité horaire La didactique et la pédagogie de l’enseignement de l’allemand n’ont jamais réellement été pensées en termes autres que politiques. L’aspect quantitatif a 5 « Il n’existe en effet qu’une seule définition scientifiquement correcte de la langue régionale en Alsace, ce sont les dialectes alsaciens dont l’expression écrite est l’allemand. » (DEYON Pierre Le programme Langue et culture régionales en Alsace. Bilan et perspectives, s.l.n.d. [Strasbourg 1985], s. éd., pp.9-10) évaluation (D. Huck) 7 toujours largement primé l’aspect qualitatif. Par ailleurs, la pression exercée sur le système éducatif par le contexte sociétal, en positif comme en négatif, selon les points de vue, devait nécessairement affecter qualitativement l’enseignement de l’allemand. Aussi, déjà pour l’enseignement de l’allemand à deux/trois heures hebdomadaires, des voix s’élèvent, au sein même du système éducatif, -en particulier celle des formateurs, confrontés aux réalités des classes,- pour souhaiter une évaluation de l’enseignement et du dispositif d’enseignement. Le constat premier qui fonde ce souhait, ce sont les inadéquations multiples auxquelles ils sont confrontés : vieillissement des outils utilisés, formation ancienne ou inexistante des maîtres, enseignement frontal ou formel de la langue et désintérêt des enfants, enseignement de l’allemand à l’école élémentaire et choix de l’anglais comme langue vivante en 6e de la part des parents, … L’intention réside, en quelque sorte, dans le fait de confronter la réalité de l’enseignement avec le discours politique volontariste local pour essayer de mesurer l’écart entre les deux et, si l’écart devait être important, de formuler des propositions pour essayer de le combler. L’impréparation du système éducatif Au vu de l’ensemble des conditions externes, il n’est guère étonnant que, face à la mise en place de l’enseignement bilingue à parité horaire, l’impréparation du système éducatif soit plutôt mal vécue par la plupart des acteurs qui doivent la rendre opérationnelle. En effet, le laps de temps entre le moment où a été prise la décision de principe de faire enseigner des disciplines en allemand, puis de mettre en place un système d’enseignement bilingue à parité horaire et le moment de réalisation a été tellement bref que l’ensemble des questions didactiques et pédagogiques que soulevaient ces nouvelles formes d’enseignement n’ont pas pu être réfléchies, encore moins expérimentées. Cela a, peut-être, été une chance pour l’imagination inventive dans de nouvelles formes d’enseignement, mais certainement aussi une source de difficultés dans le système éducatif, d’interrogations et d’inquiétudes dans le corps social qui ont alimenté non tant le débat que la polémique. L’une des fonctions centrales des premières évaluations va résider dans le fait que, par ses recommandations, elles vont alimenter le corps de doctrine de l’autorité scolaire, d’une part, et d’autre part, signaler les champs sur lesquels il s’agit de travailler prioritairement. L’autre de leurs fonctions essentielles consistera à fournir des réponses aux interrogations et aux inquiétudes. En effet, l’enseignement à parité horaire a soulevé, au-delà des postures de principe, des questions qui apparaissent sans doute dans toutes les régions où ce type d’enseignement est dispensé : le « niveau » en français et en mathématiques sera-t-il suffisant pour les enfants engagés dans un cursus bilingue ? Les enfants ne risquent-ils pas de présenter des retards scolaires ? Tous les enfants peuventils suivre cette voie, n’exige-t-elle pas un « bon » profil scolaire ? Etc. évaluation (D. Huck) 8 La vocation des évaluations va donc être multiforme et va évoluer au fur et à mesure des éléments qu’elle fournit, au fur et à mesure que les centres de gravité se déplacent, au fur et à mesure que les cursus se développent. Les angles d’attaque choisis, parfois demandés par l’autorité éducative, reflètent, à des degrés très divers, la nécessité de disposer d’informations parfois nouvelles, d’informations permettant d’infléchir les choix ou des informations permettant d’apaiser les craintes qui se sont exprimées dans l’opinion. Aussi ces évaluations ont-elles toujours une histoire, un contexte, une légitimité de l’instant, avec des résultats dont l’intérêt opératoire ultérieur reste inégal. Les évaluations élaborées en Alsace ont également été prises dans la tourmente de la rapidité avec laquelle les décisions politiques ont été prises. Ce qui signifie que l’élaboration, l’administration, le recueil des données, l’exploitation et la synthèse ont dû, à chaque fois, être réalisés en l’espace de 8 à 9 mois. Une procédure évaluatoire, au sens scientifique du terme, n’était pas possible dans ces conditions, dans le sens que l’ensemble des variables et des paramètres ne pouvaient être ni isolés, ni contrôlés, ni croisés selon les méthodologies habituelles en sciences humaines. Cet inconvénient a pu être contourné par le choix de démarches qui, sans être scientifiques au sens académique, sont restées rigoureuses. Elles ont été décrites assez précisément et présentées ou publiées afin qu’elles ne soient pas entachées de suspicion ou de méfiance. Cette nécessité peut parfois être considérée comme un avantage dans la mesure où les évaluations se sont inscrites d’emblée dans la culture du système éducatif français et dans les procédures qui lui sont, au moins pour partie, familières. Cependant, une évaluation conçue par une équipe de scientifiques étrangers au système éducatif aurait très certainement apporté des éléments d’information auxquels la vision émanant de l’intérieur du système n’a pas donné accès.6 Claudine BROHY, dans un article déjà ancien,7 rappelle qu’il y a plusieurs types d’évaluation (évaluation de l’élève ; évaluation du projet ainsi que de la didactique et de la pédagogie ; évaluation du système pour « légitimer » l’immersion) et que les questions auxquelles elles tentent de répondre ne varient guère. Elle rappelle aussi que le type d’évaluation de l’enseignement bilingue évolue et se diversifie et que le souci de plus en plus présent reste celui d’une évaluation « équitable ». De même, Jean-François DE PIETRO souligne, dans des conditions similaires, le caractère polymorphe des évaluations, mais aussi l’apport que peuvent constituer les évaluations des enseignements bilingues pour 6 Comme par exemple pour l’occitan : VERMES Geneviève et REGNAULT Elisabeth Evaluation des compétences en occitan et en français d’enfants de CE1 et de CM1/CM2 dans l’Académie de Toulouse, Université de Paris VIII mai 1995, Psychologie Anthropologique Interculturelle, Etude des bilinguismes 7 BROHY Claudine « Enseignement bilingue et évaluation : la quadrature du cercle ? » in Actes des deuxièmes rencontres intersites à propos de l’apprentissage bilingue, Aoste 27-28-29 mars 1996, Région Autonome Vallée d’Aoste, Présidence du Gouvernement régional, pp.58-71 évaluation (D. Huck) 9 la connaissance du domaine éducatif dans son ensemble.8 Par ailleurs, l’évaluation fait partie de toute démarche innovante et, singulièrement, dans le domaine où elle constitue, traditionnellement, un morceau de choix : le domaine éducatif. Si une évaluation est explicitement prévue dès 1991 dans le dispositif rectoral mis en place en Alsace,9 il serait illusoire, au vu des conditions externes évoquées, de la considérer comme une forme uniquement technique. En s’intéressant à la manière dont la Commission académique a conçu les évaluations, année après année, en inventoriant les outils qu’elle a utilisés, en voyant les recommandations qui concluent chacun de ses rapports ou les objectifs d’évaluation affichés, on lit certes, au second degré, une partie de l’histoire politico-éducative de l’Alsace, mais on obtient également un inventaire intéressant d’outils, de supports et de constats, certes rarement inédits ou originaux, ils ne pouvaient guère l’être - qui peuvent garder une forme d’utilité. II. CE QUI A ETE EVALUE : quelques traits saillants 0. Observations préalables 1. Les résultats chiffrés et les tableaux publiés ne sont évoqués qu’à la marge. Ils n’ont d’intérêt que dans le relatif : ils permettent de comparer les classes et les performances des enfants entre elles. 2. Les méthodes utilisées importent peu, en soi : elles permettent de construire des moyennes relatives qui donnent des repères pour l’ensemble des éléments évalués et de mesurer l’empan des écarts. La Commission a généralement utilisé, lorsqu’il n’y avait pas de tâche figée, une indiciation simple (par exemple : l’affectation d’un nombre de points [sur une échelle de 5, 10 ou 20] selon la performance constatée), d’une part, chaque partie de l’évaluation étant elle-même affectée d’un coefficient pour arriver à une pondération de l’ensemble, d’autre part. 8 DE PIETRO Jean-François « Pourquoi parler d’évaluation ? » in Actes des deuxièmes rencontres intersites, op.cit., pp.45-51 9 Cf. DE GAUDEMAR Jean-Paul « Circulaire rectorale du 20 septembre 1991 : Programme à moyen terme de développement de l’allemand à l’école », in : Le programme ‘Langue et culture régionales’ en Alsace. Textes de référence 1991-1996, Strasbourg 1996, Académie de Strasbourg, Ministère de l’Education Nationale, de l’enseignement supérieur et de la Recherche, pp.45-58 (p.52) : « L’évaluation constitue un élément essentiel de la réussite d’un programme placé délibérément sous le signe d’une volonté de progrès, autant qualitatif que quantitatif. Il importe en effet, surtout pour les parties les plus novatrices du programme (extension au cycle des apprentissages fondamentaux, enseignement en allemand) de bien contrôler les premières phases d’expérimentation avant d’élargir la mise en œuvre. » évaluation (D. Huck) 10 Des méthodes statistiques éprouvées auraient certainement produit des résultats plus précis, mais il n’est pas sûr que le besoin informatif aurait été mieux couvert. Par ailleurs, le temps alloué à la Commission n’aurait pas permis de faire appel à ce type d’exploitation. 3. Les évaluations portant sur les performances linguistiques en allemand ont toujours été menées par des personnels extérieurs à l’école ou à la classe concernées. Elles ont été réalisées, sous forme de regards croisés ou complémentaires, par un formateur d’I.U.F.M. et un conseiller pédagogique ou par deux conseillers pédagogiques, en dehors des circonscriptions qu’ils ont en charge. 1. Vue d’ensemble TABLEAU DE SYNTHESE DES EVALUATIONS MENEES DANS L’ACADEMIE DE STRASBOURG ALLEMAND-LANGUE REGIONALE (1991-1998 ; 2001-2002) Conventions de dénomination : L’enseignement de 2/3 h d’allemand hebdomadaires est appelé ‘voie « extensive »’. Les endroits où il existe un enseignement de 3 h d’allemand et 3 h d’une/de disciplines en allemand sont dénommés « sites à 6 heures » (forme d’organisation de l’enseignement en voie d’extinction) Les endroits où l’enseignement de et en allemand et celui du et en français sont dispensés en parité horaire (13 h pou chacune des langues) sont identifiés comme « sites paritaires ». Type de Niveaux système concernés d’enseignement évalué - voie extensive cycle 3 Rapport (choix 1991représentatif) - sites à 6 h cycles 2 et 199210 (choix 3 représentatif) - sites à 6 h 10 cycles 1, 2 Modes opératoires Contenu des grilles d’observation - observation en classe, avec grille - entretien avec l’enseignant - temps de parole des enfants - nature de la production (mots isolés, structures, phrases complexes, …) - « respect » de la norme (phonétique, prosodique, morpho-syntaxique, syntaxique, lexicale) dans les productions - observation Contenu des Evaluation Evaluation entretiens individuels du français explicite avec les enfants des maîtres oui oui oui Commission d'évaluation de l'enseignement des langues, Rectorat de l'Académie de Strasbourg, M.A.E.R.I. « Ecole élémentaire et préélémentaire », in Rapport 1991-92, juin 1992, pp.6-11 évaluation (D. Huck) Rapport (choix 1992représentatif) 199311 - sites paritaires (tous) 12 et 3 cycle 1 + GS Type de Niveaux système concernés d’enseignement évalué - voie extensive cycle 2 Rapport (choix 1993représentatif) - sites à 6 h cycle 2 199412 (choix représentatif) - sites paritaires cycles 1 et (tous) 2 11 en classe, avec grille - entretien avec l’enseignant Modes opératoires Contenu des grilles d’observation - observation en classe, avec grille - entretien individuel avec trois enfants - déroulement de la séquence Compréhension - manifestations de la (non-) compréhension - nature de cette manifestation - interactions M/E et E/E Production - conditions (induite/spontanée) - situations dans lesquelles les productions apparaissent - nature (= inventaire) des productions Contenu des Evaluation Evaluation entretiens individuels du français explicite avec les enfants des maîtres 1. tâches de oui compréhension pour (GS et CP) + maths exécution, en (CP) allemand, (contextualisées) (ex. : implicite « donne-moi s’il te plaît le feutre rouge ! ») 2. tâches de répétition (dont des actes sociaux contextualisés (récitation d’une comptine connue ; Commission d'évaluation de l'enseignement des langues, Rectorat de l'Académie de Strasbourg, M.A.E.R.I. « Evaluation des sites bilingues à l'école maternelle et à l'école élémentaire », in Rapport 1992-93, septembre 1993, pp.7-17 12 Commission d'évaluation de l'enseignement des langues, Rectorat de l'Académie de Strasbourg, M.A.E.R.I. [14c] « Observation de l'enseignement de l'allemand dans des classes de la voie intensive (13h et 6h) et dans des classes de la voie extensive du cycle 2 (3h) », in Rapport 1993-94, septembre 1994, pp.5-12 évaluation (D. Huck) 13 ex. :« bonjour ») 3. tâches partiellement décontextualisées (ex. : « Qu’aimes-tu manger ? ») - sites à 6 Rapport heures (choix 1994représentatif) 13 - sites paritaires 1995 (tous) cycle 2 cycle 2 - observation en classe, avec grille - entretien individuel avec trois enfants - déroulement de la séquence Compréhension - manifestations de la (non-) compréhension - nature de cette manifestation - interactions M/E et E/E Production - conditions (induite/spontanée) - situations dans lesquelles les productions apparaissent - nature (= inventaire) des productions 4. tâches de production contextualisée (histoire linéaire à partir de trois images) oui tâches de compréhension pour (GS + CP) exécution (contextualisées), en allemand (ex. : « donnemoi s’il te plaît le feutre rouge ! ») tâches de répétition (dont des actes sociaux contextualisés (récitation d’une comptine connue ; ex. : « bonjour ») tâches partiellement décontextualisées (ex. : « Qu’aimes-tu manger ? » tâches de production 13 Commission d'évaluation de l'enseignement des langues, Rectorat de l'Académie de Strasbourg, M.A.E.R.I. « Evaluation des classes bilingues paritaires et des classes à 6 heures au cycle 2 », in Rapport 1994-95, septembre 1995, pp.7-16 évaluation (D. Huck) 14 contextualisée (histoire linéaire à partir de trois images) évaluation (D. Huck) Type de système d’enseignement évalué sites paritaires Rapport (tous) 1995199614 14 15 Niveaux concernés cycle 2 Modes opératoires Contenu des grilles d’observation Contenu des Evaluation Evaluation entretiens individuels du français explicite avec les enfants des maîtres - observation - compréhension et production au Compréhension de trois sein d’un atelier de tâches fonctionnelles enfants en mathématiques avec consignes en situation de - compréhension et production allemand (« prends classe (avec le durant des activités motrices une feuille et des maître) crayons de - entretien ! stratégies observables des couleur ! ») individuel enfants tâches d’exécution avec les trois ! production en tant autres (comparer enfants qu’indicateur de la deux images) compréhension restitution, en français, d’une histoire, d’un dialogue d’un récit d’un événement Production à partir d’une imageproblème, avec ajout et classement d’autres images - situations oui (CP) oui Commission d'évaluation de l'enseignement des langues, Rectorat de l'Académie de Strasbourg, M.A.E.R.I. « [Evaluation des sites bilingues.] Les acquis en allemand (GS, CP, CE1) », in Rapport 1995-96, septembre 1996, pp.21-43 évaluation (D. Huck) 16 contextualisées verbale-ment en français (« Tu as besoin/envie de … Comment demandes-tu cela à … ? Que dis-tu à … ? ») auxquelles l’enfant réagit en allemand évaluation (D. Huck) Type de système d’enseignement évalué voie extensive Rapport (choix 1996représentatif) 199715 15 17 Niveaux concernés - CE1 - CM2 Modes opératoires Contenu des grilles d’observation Contenu des Evaluation Evaluation entretiens individuels du français explicite avec les enfants des maîtres - observation CE1 CE1 oui d’une - déroulement de la séquence 1. discrimination (+ séquence de - actions et paroles du maître auditive : comportem bilan - actions et paroles des enfants identification ou ent face à - entretien (fréquence et nombre de prises de reconnaissance d’un l’écrit en avec parole) lexème entendu langue l’enseignant CM2 2. compréhension allemande) CM2 : Globalement orale : - Evaluation - déroulement de la séquence appariement individuelle - actions et paroles du maître image/énoncé de tous les - actions et paroles des enfants consignes individus de la (fréquence et nombre de prises de décontextualisées à classe parole) exécuter ou à - entretien Evaluation individuelle de tous comprendre individuel les individus de la classe compréhension d’un avec trois - compréhension orale : texte dialogue enfants enregistré avec QCM production orale oui Commission d'évaluation de l'enseignement des langues, Rectorat de l'Académie de Strasbourg, M.A.E.R.I. « Evaluation de l’enseignement de l’allemand au CE1 et au CM2 », in Rapport 1996-97, novembre 1997, pp.11-27 évaluation (D. Huck) 18 - compréhension de l’écrit : appariement de deux parties d’énoncés (proposés par liste de 10) stéréotypée (réciter ; chanter) ouverte à partir d’une affiche CM2 Compréhension de consignes fonctionnelles Production orale : contextualisée à partir de 10 objectifs langagiers (du domaine des notions ou des fonctions) ouverte à partir d’une affiche évaluation (D. Huck) Type de système d’enseignement évalué sites paritaires Rapport (tous = 4 classes ou 1997/1 998 sections) (non publié) 19 Niveaux concernés Modes opératoires CM2 A. Evaluation individuelle de tous les individus de la classe B. entretien individuel avec trois enfants CM2 A. Evaluation individuelle de tous les 16 - voie extensive Evaluat (choix ion représentatif) 16 Contenu des grilles d’observation Contenu des Evaluation Evaluation entretiens individuels du français explicite avec les enfants des maîtres Evaluation individuelle de tous Production orale les individus de la classe : individuelle : Compréhension de l’oral : texte contextualisée par 8 enregistré avec QCM consignes ou Compréhension de l’écrit : situations auxquelles restitution-résumé en français les enfants réagissent d’une histoire en allemand verbalement QCM à partir d’un texte en ouverte : à partir d’un allemand début d’histoire, questions métalinguistiques en l’enfant imagine une allemand fin 3. Production écrite : induite par le début d’une histoire que les enfants doivent terminer Pour tous : Pour tous : Evaluation individuelle de tous B. Entretien les individus de la classe individuel avec trois à non prévue Commission d'évaluation de l'enseignement des langues, Rectorat de l'Académie de Strasbourg, M.A.E.R.I. Evaluation de la compétence en allemand des élèves des CM2 « bilingues », [1998] non publié évaluation (D. Huck) 2001/2 00217 17 - sites paritaires (tous) 20 CM2 individus de la Compréhension de l’oral : à partir 6 enfants classe d’un texte en allemand, noter ce compréhension de B. Entretien qui a été compris, en français consignes individuel (avec un guidage) fonctionnelles ou de avec trois à 6 Compréhension de l’écrit : questions [en enfants appariement de questions et de allemand !] (« montremoi ton cahier réponses d’allemand ! ») Voie extensive : lecture/oralisation à partir d’un texte écrit, raconter d’un dialogue (avec ce qui a été compris, en français l’évaluateur) Sites paritaires : production orale texte documentaire avec 4 erreurs contextualisée (« Un à retrouver camarade allemand te propose d’aller à la piscine ou de jouer avec lui. Mais tu ne veux pas ou tu ne peux pas et tu lui expliques pourquoi. ») Sites paritaires production orale à partir d’une série de 6 images Groupe de pilotage « Evaluation de l’allemand » (Université Marc Bloch [Strasbourg II]) / Rectorat de l’Académie de Strasbourg ) Evaluation des performances en allemand des élèves des CM2 de l’Académie de Strasbourg, voies « extensive » et « bilingue paritaire » (Premier Degré), octobre 2002, non publié évaluation (D. Huck) 21 Production écrite : - dictée de phrases - à partir d’un début d’histoire, l’enfant imagine une fin 2. Les points d’attention spécifiques de chaque campagne d’évaluation et quelques résultats 1991/1992 Cette toute première évaluation est d’abord quantitative (temps hebdomadaire moyen d’enseignement, durée moyenne d’une séquence, fréquence dans la semaine), et ne devient semi-qualitative que dans un deuxième temps, en s’intéressant notamment aux enseignants : Compétences en langue allemande des enseignants : - 2/3 ont de très bonnes ou de bonnes compétences - 1/3 a des compétences moyennes ou insuffisantes Compétences pédagogiques et didactiques des enseignants : moins de la moitié a des compétences jugées très bonnes, bonnes, correctes ou moyennes plus de la moitié a des compétences jugées très moyennes, insuffisantes ou très insuffisantes Cette forme d’« opération-vérité », par rapport à laquelle il faut certes prendre quelque distance dans la mesure où il s’agit d’une photographie, c’est-à-dire d’une image –qui est, par essence, subjective et, par nature, précaire- ébranle quelque peu les certitudes et met à jour une différence entre ce que l’autorité éducative (et les représentants politiques) croient et ce que les évaluateurs constatent dans les écoles. Cet état de fait ne réjouit personne. 1992/1993 : C’est une forme de prolongement, de fait, de l’évaluation de l’année précédente. Ce sont les « conditions favorisantes » pour l’enseignement de et en allemand ainsi que les « difficultés » [« conditions entravantes »] qui ont été inventoriées. Elles portent toutes sur les compétences professionnelles des enseignants, d’une part en matière de pédagogie générale, d’autre part, dans la constellation spécifique du bilingue, sur les compétences pédagogiques adaptées à cette forme d’enseignement. c’est une forme d’efficacité par rapport à l’enseignement-apprentissage de la langue qui est évaluée, évaluation (D. Huck) 23 c’est la pédagogie mise en œuvre qui est évaluée, c’est-à-dire que la manière de « faire apprendre » a été incluse dans le dispositif d’évaluation, c’est une forme de double approche : vérification que les objectifs de contenus et de méthodes, propres à l’école, sont bien respectés, vérification que didactique et pédagogie des langues sont suffisamment bien maîtrisées. Au total, cela tend vers une évaluation de l’efficacité du maître. L’inquiétude centrale qui apparaît clairement demeure la question de la motivation enfantine : elle ne constitue pas une donnée. C’est à l’enseignant que revient, très largement, la tâche de la faire jaillir, de l’alimenter et de la maintenir. 1993/1994 : L’évaluation se focalise sur la compréhension de l’oral et la production orale. Ce choix amène un dispositif méthodologique complémentaire : l’introduction d’entretiens individuels. Par ailleurs, l’évaluation porte sur les trois modèles d’enseignement en place à ce moment de l’évolution. Il s’agit, en fait, d’une évaluation approfondie, qui alimente la discussion sur l’efficacité du bilingue paritaire ; pour le système éducatif, il s’agissait de savoir si la voie retenue pouvait être justifiée face aux partenaires politiques et au corps social dans son ensemble (enjeux financiers, idéologiques et politiques, éducatifs). En même temps, l’évaluation pouvait peser sur la décision politique de maintenir ou non deux systèmes bilingues (à 6h et à parité horaire [13h]) dans la mesure où les évaluateurs constatent que le système à 6 heures peut produire des résultats tout à fait concluants lorsque des conditions de travail sont bonnes. Cependant, le système retenu pour les 6h semble peser parfois lourdement sur les résultats de l’évaluation dans la mesure où son organisation est plus complexe et peut avoir un effet négatif pratique et, par ricochet, psychologique, dans l’école. 1994-1995 " Les points particuliers affichés portent sur " la compréhension des enfants en situation de classe la Commission souligne une corrélation induite : la compréhension n’est pas assurée dans tous les domaines parce que les maîtres n’utilisent pas tous les domaines et qu’ils n’entraînent pas les enfants à utiliser des stratégies d’inférence, sans que les enseignants arrivent à formuler explicitement cet état de fait. Il s’agit évaluation (D. Huck) 24 la d’une source de difficultés pédagogiques, d’insécurité linguistique ou pédagogique des maîtres ; pour la première fois, la Commission examine la langue produite par les enfants d’un point de vue qualitatif, c’est-à-dire plus linguistique (p.11) " l’organisation pédagogique de la Petite Section La Commission évoque, de manière assez détaillée, ce qui, au vu de ses constatations, devrait être mis en œuvre dans la PS : choix de l’enseignant, stratégies compensatoires de l’enseignant dans les domaines relationnel et affectif, attitudes pédagogiques, offres langagière et linguistique, … (pp.12-13) Il s’agissait là d’un réponse nuancée à la question de savoir s’il fallait ou non faire commencer l’enseignement bilingue paritaire en PS ou s’il fallait le différer en MS. Ce n’est pas le corps social ou les élus qui se sont inquiétés de cet aspect, mais bien plus l’institution éducative elle-même, notamment des inspecteurs et d’autres formateurs. " la production : L’évaluation aboutit au constat que c’est l’aptitude du maître à faire émerger des productions (offre situationnelle, offre relationnelle, offre thématique, …) et sa volonté de les encourager qui semblent être déterminantes. 1995-1996 Objectif affiché : évaluation de la compétence linguistique individuelle des enfants, en situation de compréhension (GS) et de production (CP) Méthodologie : tous les supports de travail en classe ont été fournis par la Commission de manière à ce que l’ensemble des classes évaluées aient le même point d’ancrage sur le plan du contenu disciplinaire (mathématiques, E.P.S.). " Compréhension (GS) l’évaluation étant plus centrée, la dimension qualitative est largement mise en relation avec la dimension quantitative, par une analyse plus détaillée des différentes situations où la compréhension est requise (compréhension individuelle dans le groupe-classe / individuelle hors du groupe ; fonctionnelle, notionnelle et disciplinaire, communicationnelle large ; récit fictionnel / dialogue / récit événementiel) évaluation (D. Huck) 25 la trame d’évaluation est publiée pour qu’elle puisse servir comme outil d’évaluation à l’enseignant " Production (CP) L’examen linguistique du corpus produit est plus détaillé : la Commission indique ce qu’elle voulait observer, les constats qu’elle fait et analyse quelques points précis : la syntaxe positionnelle, l’hypotaxe et l’utilisation d’éléments linguistiques explicites d’hypotaxe, deux attitudes discursives (interrogation globale et injonction) analysées d’un point de vue morpho-syntaxique. C’est le premier rapport où n’apparaissent plus, dans la partie s’intéressant à la langue, de manière plus ou moins explicite, des interrogations ou des inquiétudes dues au contexte extérieur. Pour l’essentiel, il se concentre sur des questions linguistiques et pédagogiques. Mais le fait de publier des extraits du corpus linguistique produit par les enfants est une manière d’afficher explicitement les performances dont ils sont capables. Selon les attentes (sur- ou sous-dimensionnées) des différentes composantes de la société, les parents, les élus, les enseignants, les militants, la presse, … pouvaient se montrer déçus, satisfaits, surpris, etc. par la production linguistique des enfants et juger et jauger cet enseignement à l’aune du « savoir parler » qu’ils se représentaient. Cette publication aurait pu / dû relancer la polémique. A notre connaissance, elle ne l’a pas fait. 1996-1997 Les objectifs sont clairement affichés : pour le CE1, il s’agit « de vérifier que l’enseignement dispensé permet aux enfants d’acquérir les compétences définies » par les textes officiels ministériels et rectoraux.18 18 Il s’agit des textes suivants : « Circulaire [ministérielle] n°95-103 du 3 mai 1995 Enseignement des langues vivantes à l’école : orientations pédagogiques et modalités de mise en œuvre », reproduit in : Le programme ‘Langue et culture régionales’ en Alsace. Textes de référence 1991-1996, Strasbourg 1996, Académie de Strasbourg, Ministère de l’Education Nationale, de l’enseignement supérieur et de la Recherche, pp.23-28 ; « Circulaire [ministérielle] n°95-104 du 3 mai 1995 Organisation de l’année scolaire 1995-1996 », reproduite in : Le programme ‘Langue et culture régionales’ en Alsace Textes de référence 1991-1996, op. cit., pp.29-33 ; « Circulaire rectorale du 20 juin 1995 Le développement de l’enseignement de l’allemand en Alsace par la voie extensive, à 3 heures hebdomadaires », reproduite in : évaluation (D. Huck) 26 pour le CM2, il s’agit d’une évaluation sommative sur les acquis à l’école primaire dont les professeurs du secondaire devraient tenir compte. Elle renoue avec la toute première évaluation (1991/92), mais avec des moyens totalement différents : ils sont calibrés à partir des attentes institutionnelles et traduits par des formes standardisées ; une grande partie du protocole ainsi que des « tests » de passation sont publiés. 2001-2002 Comme le rapport d’évaluation n’est pas encore publié, il n’est guère aisé d’en livrer les points essentiels. L’évaluation est conçue comme sommative. Pour les CM2 de la voie « extensive », ce sont la compréhension de l’oral et de l’écrit ainsi que la production de l’oral qui sont au centre de l’intérêt de l’évaluation. Pour les CM 2 de la voie bilingue, ce sont les mêmes points qui ont été retenus, auxquels s’ajoute encore l’expression écrite. La majeure partie des productions orales des enfants ont été enregistrées et retranscrites. Elles fournissent un corpus assez étendu qui permet de comparer les productions entre elles et de les étudier de différents points de vue. III. LES RETOMBEES ET PROLONGEMENTS INSTITUTIONNELS ET PRATIQUES 1992-1993 La Commission signale à l’autorité scolaire, commanditaire de l’évaluation, les urgences qui ont été identifiées. Il faut : définir les buts assignés à cet enseignement bilingue indiquer les compétences attendues à l’issue de l’école élémentaire définir l’articulation entre langue et discipline didactique de l’enseignement bilingue reste à inventer Le programme ‘Langue et culture régionales’ en Alsace Textes de référence 1991-1996, op. cit., pp.85114 évaluation (D. Huck) 27 Elle formule le constat que le « profil » du maître reste déterminant et que sa compétence pédagogique prime sur toutes les autres. Elle met l’accent sur la formation la formation des maîtres et souligne l’importance qu’il y aurait à créer des outils pour les maîtres. Dans ses conclusions, la Commission suggère de publier un texte-cadre et propose une mesure de politique linguistique pratique : la redéfinition de la politique d’ouverture de sites bilingues. Les deux recommandations seront suivies d’effet. Le rapport d’évaluation va contribuer à alimenter le contenu de la circulaire rectorale qui paraît le 20 octobre 1993 : « Cadre pédagogique de référence pour la mise en place de ‘sites bilingues’ dans l’enseignement du premier degré ».19 1993-1994 : La Commission réitère ou précise un certain nombre d’urgences. Il faudrait : formuler les objectifs linguistiques assignés aux sites bilingues (en prenant appui sur les objectifs linguistiques du français) par la rédaction de référentiels de fin de cycle ou de fin d’école primaire pour donner une perspective du moyen et long terme à cette forme d’enseignement donner la priorité à la langue, c’est-à-dire accroître les situations d’interactions réelles ou construites (compréhension, production) penser la structuration de la langue, par le biais de l’observation empirique (« grammaire implicite »). Le rapport d’évaluation va contribuer à fournir des éléments de la substantielle circulaire rectorale du 20 décembre 1994 « Les objectifs pédagogiques de l’enseignement bilingue »20. 1994-1995 A partir des observations qu’elle a effectuées, la Commission insiste sur différents aspects concernant la compréhension : conduite de classe : il est demandé aux maîtres d’adopter une stratégie qui vise à aider les enfants à prendre des indices de sens dans le contexte extra-linguistique, 19 in : Le programme ‘Langue et culture régionales’ en Alsace. Textes de référence 1991-1996, op.cit., pp.59-64 20 in : Le programme ‘Langue et culture régionales’ en Alsace. Textes de référence 1991-1996, op.cit., pp.65-76 évaluation (D. Huck) 28 mais aussi dans le matériau linguistique de l’enseignant, d’une part, d’être attentifs aux signes de (non-)compréhension, linguistiques ou non linguistiques Elle recommande d’inclure cet aspect dans le cahier des charges des outils pédagogiques. le maître ne possède que peu ou pas d’instrument(s) pour évaluer la compréhension communicationnelle et fonctionnelle. Il faudrait, par conséquent, en prévoir la création. Par ailleurs, la Commission recommande d’instrumenter le maître pour qu’il puisse cerner le « paysage linguistique » de la classe (« dans quelles langues les enfants vivent-ils ? » pour exploiter davantage la connaissance, active ou passive, d’un parler dialectal alsacien, notamment, et le « paysage langagier » (« comment les enfants parlent-ils ? ») (au moins en cycle 1) 1995-1996 La Commission propose au Recteur de commander la réalisation d’un ouvrage de langue prenant en compte une grande diversité d’inductions, de situations et de canaux pour développer ces compétences tant à l’oral qu’à l’écrit. Elle insiste sur la prise en compte de l’allemand comme discipline dans le sens, notamment, du développement de compétences textuelles ou discursives. Un « cahier de charges pour un outil de langue allemande dans les classes bilingues » sera publié dans le Rapport d’évaluation de l’année suivante. Pour la première fois, la Commission propose d’approfondir l’analyse des relations et interactions dans l’apprentissage concomitant du français et de l’allemand, en s’intéressant à la manière dont s’effectue la construction des savoirs langagiers et linguistiques dans les deux langues. 1996-1997 Dans l’exploitation des données, la Commission a introduit le paramètre « nombre d’années d’apprentissage » et a pu ainsi faire apparaître un « effet de palier » entre la 3e et 4e année d’apprentissage, puis un développement significatif. Cette indication incite explicitement l’autorité éducative à faire poursuivre l’enseignement-apprentissage de l’allemand dans la voie extensive dès le cycle 2 lorsque les conditions nécessaires sont réunies. évaluation (D. Huck) 29 A partir des constats qu’elle a pu faire, elle insiste sur l’urgente nécessité à inciter les enseignants à parfaire leur formation. sur la nécessité de la prise en compte, par l’enseignement secondaire, des acquis des enfants sur la nécessité de créer un nouvel outil d’enseignement-apprentissage de l’allemand pour le cycle 3 Les recommandations seront inégalement suivies d’effet. IV. LA CONCEPTION DES EVALUATIONS La conception des évaluations reste étroitement dépendante de la commande institutionnelle, du contexte socio-politique et des besoins en informations. La conception qui a présidé à l’ensemble des évaluations a toujours pris appui sur la question empirique de savoir quel est le meilleur moyen d’accéder à une information, en tenant compte des contraintes de temps et de celles liées à l’institution scolaire, de compétences disponibles, des réalités des écoles. Le contexte externe Le parti qui a été retenu tout au long de ces évaluations reste un parti évaluatif qui se situe à l’intérieur du système éducatif, à plusieurs égards : c’est l’institution elle-même qui initie l’évaluation, en déléguant à un enseignantchercheur le soin de la conduire, mais il s’agit d’un enseignant-chercheur lui-même formateur ; l’évaluation est relayée, de par son caractère institutionnel, par la hiérarchie éducative (I.A., I.E.N.) ; elle est réalisée par des personnels dont l’une des tâches, au moins périphérique, réside dans l’évaluation : IMF, IEN, enseignants-formateurs d’I.U.F.M. ; elle utilise des moyens traditionnels d’évaluation par les supports et les tests proposés aux élèves ; les enseignants sont, dans la plupart des cas, également directement ou indirectement, l’objet de l’évaluation. Mais en n’intervenant pas sur les choix des modalités d’évaluation, sur les protocoles, sur l’exploitation des données recueillies, l’institution éducative accepte qu’un regard critique soit porté sur son fonctionnement. Elle fait l’hypothèse implicite, par le choix cadré qu’elle opère, que les concepteurs de l’évaluation, évaluation (D. Huck) 30 étant parfaitement au fait de son fonctionnement, de ses possibilités et de ses faiblesses, ne demanderont pas à l’institution de fournir des savoirs ou des savoirfaire qu’elle ne peut pas donner. De ce fait, il n’est pas impossible qu’elle soit mieux à même d’accepter un regard critique venant de ses propres rangs, à sa propre instigation, d’autant qu’il est étayé, expliqué et peu suspect d’a priori défavorables ou malveillants. Vis à vis de l’extérieur du monde éducatif, le parti retenu par le système éducatif reste crédible parce qu’il n’est pas entaché d’une intervention intempestive du système dans sa propre évaluation et parce qu’il rend publics des résultats ou des observations qui ne lui sont pas nécessairement favorables. Aussi, le choix opéré par l’Académie de Strasbourg en 1991, maintenu par la suite, n’a-t-il jamais réellement été mis en cause et les résultats qui ont été publiés n’ontils pas été contestés. Bien plus : la Commission a été mandatée par le Recteur à mener des évaluations dans un certain nombre de sites bilingues paritaires hors du service public, à la demande des collectivités territoriales soutenant les initiatives associatives ou privées. Cependant, un autre regard, d’autres méthodes d’investigation ne doivent pas être écartées. Et il serait sain que des chercheurs qui ne fassent pas partie statutairement du système éducatif puissent, eux aussi, apporter une contribution à ces questions. Ils ne seront pas neutres pour autant ; la science n’est jamais neutre et un chercheur reste également un citoyen. Les questions de contenus Si des tests standardisés présentent un aspect rassurant, parce que encadrés et plus facilement quantifiables, l’observation en classe reste une donnée centrale, pour éclairer, parfois de manière déterminante, les résultats auxquels des évaluateurs peuvent arriver. Dans ce sens, les modalités retenues en 1995-1996 restent méthodologiquement exemplaires dans la mesure où l’ensemble des supports (ceux du travail en classe comme ceux de l’évaluation individuelle) est préparé et contrôlé par les concepteurs de l’évaluation. Les évaluateurs peuvent projeter des hypothèses linguistiques et pédagogiques, ils peuvent cadrer un rendu disciplinaire, par le fait de tester et de rôder leur instrumentation, –toutes choses n’étant pas intangibles et non exemptes des représentations qui leur sont propres ou empreintes de leur propre subjectivité. Les contraintes matérielles et la préparation d’une telle évaluation (D. Huck) 31 évaluation sont plus lourdes (temps !). Il n’est pas sûr cependant qu’au-delà de la satisfaction intellectuelle d’une rigueur encore plus grande, cette procédure apporte plus de connaissances sur l’objet à évaluer. Cependant elle contribue à neutraliser la part ressentie comme arbitraire par les enseignants. Fondamentalement, l’évaluation doit rester un instrument qui permet de vérifier que la société respecte les engagements qu’elle a pris envers ses enfants et qui lui permet de modifier et d’ajuster au mieux ses propres faiblesses et imperfections. Or, c’est du côté de l’enfant que le processus évaluatif montre encore des faiblesses. La parole d’enfants, leur discours sur les langues et sur le bilingue, mais aussi leurs représentations, quelles qu’elles soient, pourraient également contribuer à affiner l’évaluation. Le discours enfantin reste, par nature, précaire et évolutif. L’accès aux représentations enfantines reste délicat, sur le plan méthodologique, et son interprétation n’est guère aisée. Un premier essai a été entrepris durant la campagne d’évaluation 2001/2002 : il montre l’attitude positive des enfants envers les langues autres que le français, assez différente des stéréotypes contenus dans les discours d’adultes.21 L’intérêt que présentent les représentations enfantines dans ce type de situation a pu être souligné dans une recherche-action plus ancienne, menée dans le cadre de l’enseignement-apprentissage de l’allemand par des enfants dialectophones.22 C’est peut-être par ces biais que les processus d’évaluation pourront, à leur tour, s’enrichir et s’affiner. 21 JAECKLE Jean Les représentations de la langue allemande chez les enfants des CM2 des classes bilingues (écoles de Hoenheim et de Wolfisheim), mémoire de maîtrise, Université Marc Bloch – Strasbourg II, Département de dialectologie, octobre 2002, vol.1 : le corpus (376 p.), vol.2 : L’analyse du corpus (334 p.) 22 Cf. HUCK Dominique (1995) « Deutsch: Weder Mutter- noch Fremdsprache. Zum Erwerb des deutschen Standards bei elsässischen mundartsprechenden Grundschulkindern: soziolinguistische, linguistische und didaktische Fragen », in Germanistische Mitteilungen (Zeitschrift für deutsche Sprache, Literatur und Kultur in Wissenschaft und Praxis) 42/1995, Brüssel, pp.83-102 ; HUCK Dominique (1997) « Deutschunterricht für mundartsprechende Schüler im Elsaß : Wenn sprachpolitische, soziologische und soziolinguistische Entwicklungen zu didaktischen Problemen werden », in Studia Germanica Universitatis Vesprimiensis 1997/2, Universitätsverlag Veszprém/Edition Praesens Wien, pp.27-47 ; HUCK Dominique, LAUGEL Arlette et LAUGNER Maurice (1999) L’élève dialectophone en Alsace et ses langues. L’enseignement de l’allemand aux enfants dialectophones a l’école primaire. De la description contrastive dialectes/allemand à une approche méthodologique. Manuel à l’usage des maîtres, Strasbourg, Oberlin évaluation (D. Huck) 32 L’évaluation ultime, dans toutes ses dimensions, restera l’utilisation de la langue, en situation réelle, dans la « vraie vie ». Mais la méthodologie opératoire à mettre en place dans ce type de cadre demande un autre regard et d’autres outils. Il sera alors temps de passer le relais aux sociolinguistes. Deutschunterricht ent-grenzen Annette KLIEWER Universität Koblenz-Landau Bislang wurde viel über die linguistische Seite des Dialekts gesprochen. Dass Dialektliteratur dabei nicht erwähnt wurde, scheint mir nicht nur daran zu liegen, dass Dialekt vor allem zur mündlichen Kommunikation verwendet wird. Zu stark scheint mir die Verteidigungshaltung zu sein, immer wieder wird betont, dass der Dialekt als "Treppchen" zum Standarddeutsch gut wäre, nicht aber als Kultur an sich. Ich bin deutsche Literaturdidaktikerin und sehe das Interessante im elsässischen Dialekt gerade in seiner Rolle als grenzüberschreitendes Mittel der Kulturproduktion. Im November habe ich zusammen mit dem Germanisten Prof. Hartweg von der Université Marc Bloch (Strasbourg) und mit dem Psychologen Prof. Daumenlang von der Universität Koblenz-Landau eine Umfrage in zehn Klassen aus dem Nordelsass und der Südpfalz zu Fragen der regionalen und nationalen Identität, zur Selbst- und Fremdeinschätzung und zur Einschätzung des Dialekts durchgeführt. Betroffen waren Klassen der Seconde/10. Klasse und ihre Eltern. Diese Umfrage zeigt, dass für die Jugendlichen an der Grenze ihre Welt aufhört. Kommunikationsprobleme zeichnen sich ab, da der Dialekt im Elsass nicht mehr ausreichend gesprochen wird und in Deutschland wenig Interesse für die französische Sprache gezeigt wird. Um auch Jugendlichen zu zeigen, dass die Grenzöffnung eine Erweiterung ihrer Lebensqualität darstellen kann, muss der schulische Unterricht verstärkt auf das Zusammenleben in der grenzüberschreitenden Region hinarbeiten. Bislang sind für grenzüberschreitende Kontakte zwischen Deutschland und Frankreich nur die Fremdsprachenlehrerinnen zuständig. Dabei wäre die Grenze zwischen zwei National- und zwei Regionalkulturen auch für andere Fächer eine Herausforderung, die insbesondere die interkulturelle Kompetenz von SchülerInnen fördern kann, die wenig Kontakt zu anderen Kulturen haben – wie dies im ländlichen Gebiet in der Südpfalz und im Nordelsass oft der Fall ist. Meine Habilitation "Interkulturalität und Interregionalität – Literaturunterricht an der évaluation (D. Huck) 34 Grenze Elsass – Pfalz" zeigt, dass auch der Deutschunterricht von dieser Grenzsituation profitieren kann, wenn er ausdrücklich Fragen nach dem Eigenen und Fremden in das Zentrum stellt. Die Arbeit verknüpft Fragen des interkulturellern Deutschunterrichts mit denen eines regional orientierten Deutschunterrichts, um zu einem exemplarischen Curriculum für Schulen an der Grenze zu kommen. Bei den Diskussion heute ist mir aufgefallen, dass der elsässische Dialekt immer nur mit dem Deutschunterricht in Verbindung gebracht wurde, wie wäre es, wenn sich auch der Französischunterricht im Elsass interkulturell öffnen würde für Regionalsprachen? Da innerhalb der Habilitation praktische Umsetzungen nur angedeutet werden können, möchte ich zusätzlich ein Handbuch für LehrerInnen herausgeben, in dem unterrichtsnah didaktisierte Materialien zur Verfügung gestellt werden. Dazu wird das von mir erarbeitete Curriculum mit den ausgewählten Texten vorgestellt. Dabei werden jeweils für die Sekundarstufe 1 und 2 vier Blöcke vorgestellt: Infragestellung nationaler und regionaler Identitäten: Was ist Heimat? Wie wird dieser Begriff in der Südpfalz, wie im Nordelsass verstanden? Wie wurde und wird er ideologisch und literarisch verarbeitet?,... Kontakt zur französischen Nationalkultur: Wie werden bestimmte Themen in der französischen und in der deutschen Nationalliteratur behandelt? Welche Austauschbeziehungen gab es? Welche Schriftsteller, welche Texte waren für beide Kulturen interessant? Hier geht es vor allem um eine komparatistische Öffnung des Deutschunterrichts Kultur am Oberrhein – gestern: Welche gemeinsame Literaturgeschichte der Oberrheinregion, welche elsässische und pfälzische Literatur gab es? Welche literarischen Themen finden Eingang in die Literatur der Region ("Romeo und Julia an der Grenze", "Der Bruderkrieg", "Der Speyrer Dom und das Straßburger Münster",...) Kultur am Oberrhein – heute: Wie lässt sich Literatur auf Orte ein, wie reagieren Orte auf Literatur? Welches Fremdbild und welches Selbstbild findet sich in der Literatur der Region? Welche regionale Literatur findet sich im Elsass und in der Pfalz? Grenzt sich Regionalliteratur in Provinzliteratur ab oder öffnet sie sich anderen Kulturen? évaluation (D. Huck) 35 Eingeleitet wird mein Materialienband durch eine Einführung in Methoden, die sich für einen interkulturellen Unterricht an der Grenze eignen. Die Materialien umfassen historische und aktuelle Texte der Literatur, der Werbung, der Politik und der Alltagskultur vom Mittelalter bis heute, wobei die verschiedensten Textsorten und Gattungen erfasst sind und sowohl national bekannte wie auch regional bekannte AutorInnen zu Wort kommen. Außerdem wird Bildmaterial (Karikaturen, Illustrationen und Werbungen) zur Verfügung gestellt. Die Materialien werden zu Reihen gefügt, die als Bausteine für die verschiedenen Klassenstufen verwendet werden können. Fächerübergreifende Anregungen sowie weitere Literaturhinweise ergänzen das Buch. Meine Konzeption ist bewusst für den muttersprachlichen Deutschunterricht bei uns an der Grenze gedacht und will sich nicht einmischen in die Deutschdidaktik auf der französischen Seite – Einmischungen von Deutschen sind immer nur schiefgegangen! Gleichzeitig könnte ich mir eine gewisse Zusammenarbeit doch gut vorstellen. La promotion et le développement des enseignements de et en allemand Jean LAVAL23 Inspection académique, Strasbourg Administrer c‘est favoriser le succès des options retenues par les décideurs. En Alsace, l‘Education nationale, pour la mise en œuvre de la Convention signée en octobre 2000 avec les Collectivités, souhaite la réussite des deux options suivantes: ( la promotion de l‘enseignement de l‘allemand dans toute l‘école primaire (voie extensive) ( le développement harmonieux de l‘enseignement bilingue paritaire Pour les élèves et les familles, il y a urgence immédiate à proposer des dispositifs. Le rôle de l‘institution est de tenir compte de l’urgence de la demande et de la concilier avec la durée nécessaire à la réussite. La préoccupation de l’administrateur, qui à charge d’organiser le réseau d’enseignement, est avant tout d’atteindre la qualité et de résoudre un certain nombre de conditions: 1er objectif: un enseignement de l‘allemand de qualité à l‘école primaire 2e objectif: l‘administration aura réussi non seulement quand elle aura multiplié le nombre d‘ouvertures de sites bilingues paritaires et par conséquent le nombre d‘entrants, mais quand le nombre de sortants sera équivalent au nombre d‘entrants. Or, sur une cohorte de 415 élèves en MS en 1996, on compte 254 élèves en fin de cursus élémentaire, c‘est à dire en CM2, ce qui représente 39% de déperdition. Il faut absolument réduire le nombre d’abandons. La responsabilité d‘une administration de l‘intelligence, du progrès et de la culture, c‘est de: viser la qualité de la formation, faire en sorte que cette formation ait réussi et qu‘il n‘y ait pas érosion de son public. 23 Monsieur Laval est Inspecteur d’académie, directeur des services départementaux de l’Education nationale, Strasbourg évaluation (D. Huck) 37 Un service public d‘éducation ne doit pas seulement offrir une formation à un moment donné, mais situer cette formation dans une perspective à moyen, voire à long terme. Pour faire du cursus une réussite, l’administration a le devoir de recueillir et d’entretenir un potentiel d‘enseignants formés. Pour y parvenir, il nous faut mobiliser et renforcer les compétences actuelles. L’exigence de réussite est encore plus grande pour le dispositif bilingue. Au moment de l‘ouverture d’un site, les conditions de la durée doivent être réunies, c’est à dire la qualité de l’organisation et la qualité des enseignements. Le dispositif bilingue exige à la fois une cohérence géographique, par exemple autour d‘un projet intercommunal et une cohérence intellectuelle: il s‘agit d’installer le projet dans la durée, de faire comprendre aux familles l‘importance de l‘engagement sur toute une scolarité. Donner sa chance , ce n‘est pas seulement commencer, mais c‘est poursuivre et aboutir. Les exigences doivent être mesurées, pesées, assumées dès le départ pour anticiper sur les difficultés qui pourraient conduire à abandonner le site bilingue. Ces remarques s’appliquent essentiellement au projet d’enseignement intensif –dit bilingue- mais les mêmes impératifs de précocité, de qualité et de durée s’appliquent sous une autre forme, à l’enseignement extensif de l’allemand qui doit conduire chaque élève de collège à avoir en 3e la maîtrise de deux langues étrangères dont l’allemand, langue régionale. Les formations bilingues à l’Iufm d’Alsace Daniel MORGEN IUFM d’Alsace-Centre de formation aux enseignements bilingues Denis Goeldel, directeur de l’Iufm d’Alsace de 1991 à 2001, a déjà présenté plus haut24 l’élaboration progressive des formations bilingues et du projet du Centre de formation aux enseignements bilingues (Cfeb), au sein de l’Iufm d’Alsace. Le profil, les missions, l’architecture de ce centre se sont précisés entre 1994 et 1996, avant de laisser la place au travail des architectes et des différents corps de métier. L’idée d’un Centre spécialisé dans la formation bilingue est née avec le développement progressif d’un réseau d’enseignement bilingue dans l’académie de Strasbourg, décidé à partir de l’automne 1992 par le recteur Jean-Paul de Gaudemar. Déterminé, dès son arrivée en 1991, à donner une réponse aux demandes des parents relayées par l’association ABCM25, mais sans savoir sous quelle forme, le recteur a pris le temps de la réflexion et de l’écoute, après avoir diffusé une circulaire à caractère d’orientation générale en septembre de la même année. Différentes pistes sont explorées entre septembre 91 et septembre 92, en particulier celle des sites à 6 heures qui ont ensuite été progressivement abandonnés pour des raisons présentées ailleurs (Morgen, 2000b : 402-403). Dès septembre 1992, l’académie de Strasbourg ouvre les onze premières classes bilingues dans des écoles maternelles, appliquant en cela les principes que le recteur de Gaudemar va codifier ensuite dans une circulaire-cadre d’octobre 1993 et surtout dans la circulaire d’orientation politique et pédagogique du 20 décembre 199426. Analysé ailleurs (Morgen, 2000 a), le développement du réseau est rapide, et conduit à poser la question centrale de la formation des maîtres pour la réussite de l’entreprise. C’est ainsi que, dès 1993, l’Iufm d’Alsace ouvre une formation bilingue optionnelle et complémentaire, qui pourrait s’apparenter aux actuelles formations à dominantes en langue, et consolide cette voie – qui restera une voie complémentaire jusqu’en 24 « La longue marche de l’Iufm d’Alsace vers un enseignement bilingue « reconnu ». Lire dans le même volume la contribution de son actuel président, Bernard Schwengler 26 Gaudemar(de), Jean-Paul. Circulaire rectorale du 20.10.93 ("Cadre pédagogique de référence pour la mise en place de sites bilingues") et du 20.12.94 ("Les objectifs pédagogiques de l'enseignement bilingue") in Académie de Strasbourg (1997b): Le programme Langue et cultures en Alsace 1991-1997. Circulaires ministérielles et académiques. Strasbourg: Rectorat de l’Académie (p. 59-76). 25 évaluation (D. Huck) 39 2001, à la rentrée 1994. Dominique Huck en est le coordinateur pédagogique. En concertation avec Denis Goeldel, le recteur réunit les formateurs engagés dans l’option pour leur apporter le soutien de son administration, mais ira aussi en 1994 rencontrer les étudiants de l’université Marc Bloch pour les sensibiliser aux nouveaux débouchés ouverts pour tous ceux qui avaient suivi, en option majeure ou mineure, des études d’allemand. Ces premiers efforts de communication et de structuration seront repris et systématisés ultérieurement à l’Iufm. 1. Le projet d’un Centre de formation bilingue. Le projet du Centre naît d’une triple volonté : celle de l’Iufm, qui propose au recteur de consolider les formations bilingues en les installant dans le site de Guebwiller, ancienne école normale, l’Iufm regroupant, à partir de 1996, les formations de professeurs des écoles à Colmar ; celle du recteur, sensible à tout ce qui peut consolider le réseau d’enseignement bilingue encore fragile dans un climat d’opposition et de tensions ; celle de la Ville de Guebwiller, appuyée par le Conseil général du Haut-Rhin. La conjonction de ces trois volontés va faciliter la naissance et l’élaboration du projet. Chacun des acteurs principaux y travaillera dans les domaines qui sont les siens et en étroite collaboration avec les autres. En octobre 1994, le directeur de l’Iufm d’Alsace convoque tous les formateurs à un séminaire; c’est au cours de cette journée que le projet du Centre est formalisé, rédigé pour la première fois. Sous sa forme la plus aboutie, il est présenté, la même année, au Conseil scientifique et pédagogique et, le 15 novembre 1994, au Conseil d’administration. Celui-ci prend connaissance du projet et en approuve l’orientation ainsi que le contenu. Les universités d’Alsace, qui trouvent dans la formation bilingue un nouveau débouché pour leurs étudiants, manifestent leur intérêt au projet ainsi que les formateurs Iufm de langue et d’autres disciplines qui vont constituer l’ébauche du futur Groupe interdisciplinaire « enseignements bilingues » (GTS). Le projet approuvé par le Conseil d’administration sera repris ensuite dans la convention que le recteur prépare avec les Collectivités, pour être intégrée au Contrat de plan Etat- Région 1994-98. Depuis plusieurs années déjà, les Contrats de plan Etat-Région comportent tous un volet consacré au développement de la langue régionale dans l’académie et à différentes mesures d’accompagnement, dont les échanges transfrontaliers. La démarche n’est pas nouvelle et se situe ainsi dans une perspective marquée tour à tour par la priorité donnée à l’enseignement de la langue régionale durant la « période Deyon » (1982-1990) , puis à l’enseignement bilingue durant la « période Gaudemar » au cours de laquelle l’enseignement évaluation (D. Huck) 40 bilingue ne se substitue pas, mais s’ajoute aux autres objectifs en matière de langue régionale (Morgen, 2002 : 82 –84) Un comité technique27, auquel participe l’Iufm en la personne de son directeur ou de son secrétaire général, va préparer entre 1995 et 1996 une « Convention additionnelle au contrat de plan EtatRégion » qui fixera le projet et les missions du Cfeb en lui donnant le nom qui est resté le sien à travers les années. La signature de cette convention28, qui définit aussi le financement du projet de rénovation des bâtiments de l’Iufm à Guebwiller mais disjoint le projet de création d’une résidence d’hébergement, a lieu le 6 mai 1996 et va permettre de lancer ensuite, à l’automne 1997, l’élaboration du programme d’architecture. Les premiers travaux commencent en mai 1998, puis, le programme de travaux s’accélère entre septembre 1998 et septembre 2001. Il faudra trois années pleines pour rénover de fond en comble le bâtiment, appelé « château de la Neuenburg », où les architectes29 aménagent avec talent un superbe amphithéâtre, une très belle médiathèque et 8 salles de cours en plus de la salle informatique. A l’origine, le financement de la rénovation architecturale du château de la Neuenburg s’élève à 15, 4 MF, auxquels il convient d’ajouter un crédit d’1,2MF voté par le Conseil général du Haut-Rhin pour le premier équipement du centre30. Ce crédit de premier équipement permettra de financer le mobilier, entièrement rénové et l’équipement numérique et audiovisuel de l’amphithéâtre, ainsi que la connexion au réseau, alors que l’équipement informatique y est assuré par l’Iufm lui-même. On ne dira jamais assez les efforts déployés par la Ville de Guebwiller, relayés ensuite par le Conseil général, pour convaincre ses partenaires d’envisager une transformation du château de la Neuenburg et d’en faire un Centre de formation moderne et attrayant. Le château est un bâtiment historique, dont quelques éléments 27 Ce groupe de travail se composait de J.J. Mathis, Secrétaire général de l’IUFM d’Alsace, P.Higi, directeur de l’Education et la formation au Conseil régional d’Alsace et son adjoint . Y. Le Fouler, P. Kleinclaus, chargé de mission au Conseil général du Haut-Rhin, Mme M.H.Kursun, directrice des Finances et M. J.D. Hanss du servive de l’enseignement au Conseil général du Bas-Rhin. 28 Les signataires de la convention étaient : J.P. Delpont, Préfet de la Région Alsace, J.P. de Gaudemar, recteur de l’académie de Strasbourg, A.Zeller, Président du Conseil régional d’ Alsace, D. Hoeffel, Président du Conseil général du Bas-Rhin, J.J. Weber, Président du Conseil général du Haut-Rhin, Ch. Haby, Maire de la Ville de Guebwiller, M. Vigneron, directeur du CRDP d’Alsace et D. Goeldel, directeur de l’IUFM d’Alsace 29 Philippe Chiodetti et Fabien Strack, de Colmar ont formé l’équipe d’architecture responsable du projet et des travaux. 30 Contribution des 3 collectivités en francs: CG 68 9,08 MF- CG67 : 1, 5 MF – CRA : 6,02 MF.( Montants TTC) évaluation (D. Huck) 41 (cheminée, escalier d’apparat ..) sont classés aux Monuments historiques31. Le maire, Monsieur Charles Haby, qui est aussi conseiller général, prendra plusieurs fois son bâton de pèlerin pour plaider en faveur du projet, mettant son éloquence naturelle et sa conviction d’Alsacien au service du projet. Car c’est une partie du développement de sa ville qui se joue, confirmant ainsi l’intuition du recteur pour qui l’aménagement du réseau d’enseignement et de formation fait partie de l’aménagement du territoire. Aux termes de tous ces efforts conjugués au service du patrimoine alsacien, culturel, linguistique et immobilier, l’Iufm dispose d’un très bel outil, qui s’adapte à son projet de formation, mais qui ne dispose pas encore des fonctionnalités d’hébergement. En 1996, les partenaires n’avaient pas pu s’entendre sur le financement d’un lieu d’hébergement. A la suite de longues négociations, le projet d’hébergement et de restauration est repris par la Région Alsace, qui aura ainsi apporté, sous l’impulsion de son président, A. Zeller, un soutien continu au CFEB. La Région lie le projet d’hébergement à celui de la nouvelle restauration scolaire du lycée Deck de Guebwiller et à la rénovation de l’internat de ce lycée. La nouvelle restauration sera construite dans le parc de la Neuenburg, et l’internat du lycée sera rénové à la même période. Vingt chambres individuelles, disposant d’un confort moderne et d’une connexion au réseau, y seront aménagées à l’intention des étudiants de l’IUFM32. 2. Les formations dispensées dans le Centre. 2.1. La formation des professeurs des écoles bilingues. Jusqu’en 2001, les formations bilingues dispensées à l’Iufm d’Alsace sont des formations optionnelles et complémentaires ( Morgen, 2002). Optionnelles, parce qu’elles accueillent des professeurs des écoles stagiaires (PE2) volontaires qui font acte de candidature lorsqu’ils ont déjà réussi le concours et suivent la formation pédagogique à l’enseignement « classique ». Le choix d’une spécialisation bilingue les amène donc à rallonger volontairement leur temps de formation. En effet, entre 1995 et 2001, la formation spécifique « bilingue » commence au début du troisième trimestre de la deuxième année d’Iufm. Au lieu d’effectuer tout de suite, à partir du 31 Cf. Ministère des Affaires culturelles « Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France » Haut-Rhin, canton de Guebwiller ( Un volume « texte » page 69 et un volume « Illustrations », pages 162 à 166), Imprimerie nationale, Paris 1972 32 La réalisation du projet est prévue pour fin 2005, début 2006. évaluation (D. Huck) 42 mois d’avril, le stage terminal en responsabilité de 6 semaines33 dont la validation est un élément essentiel dans leur processus de titularisation, les professeurs stagiaires suivent une période de formation d’une durée équivalente, puis effectuent un stage de 4 semaines dans une classe allemande. Le stage terminal est reporté pour eux à la rentrée. Ils effectuent ensuite au cours de leur première année d’exercice une formation complémentaire de 6 semaines, qui préfigure les formations offertes actuellement aux nouveaux titulaires ( T1 et T2). L’organisation ainsi structurée par les directeurs adjoints de l’Iufm en charge des formations PE34 va permettre, pour un temps de consolider la formation bilingue, au moins après le concours. A partir de 1995, la décision du recteur de spécialiser quinze allocations d’étude pour les étudiants PE1 préparant le concours permet de fidéliser des étudiants motivés (cf. plus bas). Les promotions formées au cours de cette période (1994 à 2001) sont des promotions en moyenne de 15 PE2 par an, parfois plus ( 21) parfois moins ( 12). Par contre, la création du concours spécial permet de spécialiser un nombre plus important de postes mis au concours. Années Allocations et bourses PE1 Allocations 1994/95 1995/96 15 1996/97 15 1997/98 15 1998/99 1999/2000 2000/01 2001/02 Création du concours spécial35 2002/03 2003/04 33 PE1 PE2 2 8 12 17 13 58 15 17 23 12 17 13 58 3 22 20 10 12 15 20 17 52 56 52 56 39 36 bourses Actuellement (2003/04), la durée des stages en responsabilités a été modifiée et répartie de la manière suivante : un stage de 2 semaines ( R2) , un R3 (3 semaines) en mars et un R4, en mai. 34 Robert Eiller et Francis Studer. 35 Le concours spécial de professeur des écoles de langue régionale est créé par le décret°2002-11 du 3-12002 (J.O. du 5 janvier 2002 –B.O.n°7 du 14 février 2002, page 373) - « Statut particulier des professeurs des écoles et conditions dans lesquelles sont recrutés les professeurs des écoles chargés d'un enseignement de et en langue régionale » cf. http://www.education.gouv.fr/bo/2002/7/default.htm évaluation (D. Huck) 43 2.2. La formation des professeurs des lycées et des collèges. Optionnelles et complémentaires, le sont tout autant les formations bilingues spécifiques proposées aux professeurs stagiaires des lycées et des collèges ( PLC2) titulaires du Capes, qui se préparent, toujours en plus de leur formation de base, à enseigner dans les sections européennes et bilingues. La formation bilingue du second degré s’appelle l’option européenne et bilingue ( OEB) ; elle est proposée dans trois langues, en allemand, anglais ou espagnol, le groupe le plus important en nombre étant toujours le groupe des germanophones avant celui des anglophones ( 8 places offertes) ou hispanophones ( 4 places offertes).. Ces PLC2 suivent au cours de leur deuxième année d’Iufm , 48 heures de formation didactique spécifique correspondant à l’enseignement de leur discipline en langue ( DNL : discipline non linguistique), effectuent une partie de leur stage de pratique accompagnée – qui vient en plus de leur stage ordinaire de 4 à 6 heures d’enseignement dans un établissement – dans une section européenne ou bilingue (c’est le SPA3) ainsi qu’un stage obligatoire dans une classe allemande (ou anglaise, ou espagnole, selon la langue de la formation) et rédigent un mémoire sur leur expérience qu’ils vont soutenir dans les deux langues. OEB 1994/95 1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 1999/2000 allemand 19 18 16 11 12 12 anglais 5 7 7 8 8 8 espagnol 4 4 5 3 A la différence des autres langues régionales, qui disposent de CAPES bivalents (langue + discipline), il n’existe pour les langues régionales d’Alsace et des pays mosellans ( dialectes alémanique et francique/ allemand standard) qu’une mention régionale monovalente au CAPES d’allemand, sans combinaison avec une autre discipline ; les résultats de cette mention ne jouent ni pour l’admission ni pour les premières nominations. Le descriptif de ces deux formations montre, s’il en était besoin, l’engagement de ces jeunes enseignants qui s’astreignent à suivre une durée complémentaire de formation et qui se lancent dans la grande aventure de l’enseignement bilingue, dont plusieurs éléments, en particulier les outils pédagogiques, sont loin d’être évaluation (D. Huck) 44 stabilisés. De plus, le climat dans les écoles est marqué par des tensions, l’école site bilingue étant le champ clos des rivalités entre partisans et opposants du bilinguisme Il aurait été paradoxal de n’utiliser les locaux tout neufs du Cfeb que pendant quelques mois par an, durant les périodes où les PE2 ou PLC2 sont disponibles pour la formation complémentaire choisie. Un élément nouveau a permis d’y héberger des formations annualisées, comme toutes les formations initiales : c’est la création du concours spécial des Professeurs des écoles de langues régionales. Cette création - qui constitue une extension du concours des Professeurs des écoles – a été publiée dans le décret et dans l’arrêté du 3 janvier 2002. Avec elle, le nombre d’étudiants et de professeurs stagiaires augmente. Le CFEB accueille chaque année entre 50 et 60 étudiants préparant ce concours, et forme en deuxième année les lauréats du concours, au nombre d’une trentaine (cf. plus bas). Cette création, l’Iufm d’Alsace a pu, fort heureusement, l’anticiper. Représenté dans les groupes de travail nationaux et académiques des langues régionales, l’Iufm a pu avoir connaissance des projets de textes dès octobre 2000. Sous l’impulsion de Denis Goeldel, a été créé un groupe de travail spécifique, émanation du GTS « enseignements bilingues », qui a associé les représentants de l’académie et des deux inspections académiques à son travail. Pour la rédaction des plans de formation, le groupe de travail s’est appuyé sur le profil de compétences des enseignants bilingues ( Morgen, D. 1999). Entre novembre 2000 et mai 2001, a été ainsi élaborée la maquette de formation spécifique pour l’année dite de PE1, consacrée à la préparation de ce nouveau concours. De la même façon, l’Iufm d’Alsace a transformé, entre septembre 2001 et mai 2002, sa maquette de formation bilingue optionnelle et complémentaire (cf. plus haut) pour en faire une formation « grandeur nature ». L’une et l’autre maquette de formation ont été présentées au Conseil d’administration qui les a approuvées .Les plans de formation préparés entre 2000 et 2002 par le Groupe interdisciplinaire spécialisé « «enseignements bilingues » mettent l’accent sur la didactique des disciplines en langue seconde, ainsi que sur les aspects linguistiques, familiaux, éducatifs et sociaux du bi- et du plurilinguisme. Tous les professeurs stagiaires effectuent, en plus des trois stages en responsabilité dans les classes bilingues, un stage filé dans une classe allemande. Ces maquettes de formation n’ont pas été d’une rédaction facile. Le concours spécial36 comporte des épreuves spécifiques de langue régionale qui nous ont 36 Sur les épreuves du concours, voir évaluation (D. Huck) 45 donné, par leur définition elle-même, bien du fil à retordre. Deux mots à ce sujet : autant la définition de la langue régionale donnée par le recteur au moment de l’ouverture de la première session du concours que la nature de l’épreuve demandaient des précisions. En effet, l’une des deux épreuves spécifiques est le commentaire guidé, rédigé en langue régionale, d’un texte en langue régionale : la notion de commentaire guidé a demandé à être éclaircie, d’autant plus que l’Iufm n’est pas associé au choix des sujets et que les jurys d’examen, composés de professeurs des écoles, de professeurs du second degré et d’inspecteurs, se détournent de la pratique universitaire du commentaire. D’autre part, la définition de la langue régionale donnée en 2002 par le recteur au moment de l’ouverture de la première session nous a plongé dans la perplexité évoquée par Denis Goeldel. Que fallait il entendre par « commentaire d’un texte en langue régionale ou en allemand », par « explication d’un texte en langue régionale ou en allemand » ? Bien entendu, commentaire d’un texte écrit dans la variété dialectale ou en allemand standard, mais on retrouve là les imprécisions dans la dénomination de la langue régionale utilisée par les textes officiels de l’éducation nationale37. 3. Vers un premier bilan 3.1. Formations PE « voie régionale » Nous en sommes maintenant (janvier 2004) à la troisième année de fonctionnement du Centre. A l’issue de cette année 2003/04, le Centre aura mis, à la disposition de l’employeur, les huit promotions de la formation optionnelle(cf. tableau 1) et deux promotions complètes ayant suivi tant l’année de préparation du concours (PE1) que l’année de formation pédagogique ( PE238). Une troisième promotion est en cours de formation, ce sont les PE1 admis à l’Iufm en septembre 2003 pour préparer le concours et qui feront leur année de PE2 en 2004/05. Arrivé à ce stade, il est permis de tracer un premier bilan qui devra bien entendu être amendé, complété… au cours des années qui vont suivre. http://www.alsace.iufm.fr/former/form_bil/1er_annee/tout_contenus.htm et http://www.alsace.iufm.fr/former/tout_texte_officiel.htm 37 Le premier texte à sortir de cette ambiguïté et qui présente la langue régionale dans ses deux formes, les variétés dialectales et l’allemand standard, est l’arrêté du 30 mai 2003 sur les programmes de langue régionale à l’école primaire (BO hors série n°2 du 18 juin 2003) 38 PE1 : étudiants de première année d’Iufm,candidats au concours. PE2 : professeurs des écoles stagiaires, lauréats du concours. évaluation (D. Huck) 46 On pense tout d’abord au taux de réussite au concours, qui d’une certaine manière, sanctionne le travail fait durant l’année de préparation du concours. Session du Postes mis concours au concours 2002 2003 39 31 Candidats Candidats Candidats présents admissibles admis aux épreuves d’admissibi lité 144 65 39 106 65 31 dont IUFM39 Liste Complé mentaire40 31 25 5 9 Le taux de réussite des candidats ayant suivi la préparation du concours au Cfeb est en moyenne de 8 candidats sur 10. A noter que beaucoup de nos étudiants exercent une activité rémunératrice en plus de leurs études (« petits boulots », maître d’internat, maître contractuel à mi-temps dans l’enseignement bilingue ou vacataire d’allemand…°). On pense aussi au vivier d’admission en première année. Pour les admissions dans la « voie régionale », au Cfeb, les candidats suivent le même parcours de préinscription que les candidats à la « voie générale ».Ils passent un QCM destiné à évaluer leurs connaissances générales ( français et maths) et un entretien en allemand et en dialecte qui nous permet de vérifier leur maîtrise de la langue régionale. année 39 Places offertes Préinscript Candidatu Candidats ions res retenus confimées après (dont entretien cursus intégré = C.I.) Etudiants Dont inscrits redoublant s Les autres lauréats sont des candidats ayant présenté directement le concours, souvent après avoir déjà enseigné en classe bilingue sur un emploi de contractuel ( 4 en 2002, 6 en 2003). 40 Le rectorat puise dans la liste complémentaire pour pallier le déficit en enseignants. Les étudiants « reçus-collés » au concours ainsi recrutés sont alors admis à l’Iufm en formation PE2 l’année d’après. . évaluation (D. Huck) 47 2001-2002 64 147 127 (dont 1 C.I.) 62 (+ 25 en LC) 57 2002-2003 64 127 79 (dont 7 C.I.) 64 (+1 en LC) 51 7 2003-04 64 126 76 (dont 9 64 (+6 en C.I.) LC) 57 5 Cette statistique montre à la fois la relative étroitesse, mais aussi, pour l’instant, la constance de ce vivier. Selon l’hypothèse du verre à moitié vide ou à moitié plein, la situation peut être estimée satisfaisante ou non. Satisfaisante, parce que, malgré tout, et sans doute aussi grâce au statut de notre langue régionale qui participe de la diffusion d’une grande langue européenne, le vivier potentiel est assez élevé et se situe de manière constante à 65-70 étudiants : encore le vivier est-il augmenté par les candidatures provenant du cursus binational intégré41; insatisfaisante, parce que le nombre de licenciés d’allemand stagne ou est en réduction dans les universités alsaciennes et que le vivier de bons germanophones est insuffisant par rapport aux objectifs de développement de l’enseignement bilingue. La demande continue des Collectivités est que les universités proposent un perfectionnement en allemand. Selon Adrien Zeller, président du Conseil régional, « Le déficit de compétences en langues doit être comblé avant l’entrée à l’IUFM »( DNA, 9 janvier 2004, Région – page 1). La différence entre le nombre des candidats, en 2001, par rapport aux deux années postérieures s’explique facilement : en fait, il s’est avéré que la définition du concours était encore mal connue en 2001 et que beaucoup de candidats n’avaient pas, cette année-là, les compétences linguistiques suffisantes pour se présenter au concours spécial qui exige un haut niveau de connaissance de la langue régionale. Nous avons eu l’impression qu’un tiers des candidats estimait pouvoir être admis 41 Le cursus binational intégré est un cursus universitaire géré en commun par deux partenaires allemands – la Pädagogische Hochschule de Freiburg et les Staatliche Seminare – et par deux partenaires français, l’Université de Haute-Alsace et l’IUFM d’Alsace. Ce cursus se déroule à parité dans les universités et les centres de formations allemands et français et conduit à la double délivrance des diplômes allemands et français d’enseignants ( 2. Staatsexamen et CAPE) . évaluation (D. Huck) 48 avec une connaissance médiocre de la langue et ignorait encore les exigences du concours, publié seulement en janvier 2002. Les écarts entre le nombre de candidats pré-inscrits au cours de leur année de licence et retenus à l’issue des entretiens en langue régionale et des candidats qui s’inscrivent réellement à l’Iufm, dans la voie régionale proviennent du fait que tous les candidats ne réussissent par leurs examens à l’université ou s’orientent vers d’autres voies, dont le CAPES. D’autres éléments sont à notre disposition pour ce bilan. Le suivi des cohortes ¨PE1 – PE2, d’abord , tel que le présente le tableau42 cidessous. Rentrées Allocations d’études bilingue 1994/9 1995/9 1996/9 1997/9 1998/9 1999/0 2000/0 2001/0 2002/0 2003/0 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 0 15 Bourses régionales bilingues 15 15 2 8 (Haut- (HautRhin) Rhin) 12 17 13 58 52 56 Effectif total PE1 17 23 12 17 13 58 52 56 Réussite au Concours PE Année de PE2 7 11 6 8 12 35 25 Sessio n 2004 PE2 bilingues (4) 42 1996/9 1997/9 1998/9 1999/0 2000/0 2001/0 2002/0 2003/0 7 8 9 0 1 2 3 4 20 10 12 15 20 17 39 36 Lecture du tableau Détail des effectifs PE2 – Lire « Rentrée 1999 : 15 PE2, dont 6 ex-boursiers et 9 nouveaux candidats » Détail des effectifs PE2 « Rentrée 2003 : 31 lauréats du concours, dont 25 issus de la PE1 voie régionale et 6 « candidats libres » + 5 issus de la liste complémentaire 2002. » évaluation (D. Huck) 49 Les allocations d’études ont été affectées à la formation bilingue par le recteur, qui les a prélevées sur le contingent académique d’allocations PE1, consenti par le ministère (dernière attribution d’allocations en 1997/98). Entre 1996 et 1998, le Conseil général du Haut-Rhin a attribué, pour les PE1 de la formation bilingue, des bourses régionales « enseignement bilingue » en plus des allocations d’état. A partir de 1998, les bourses régionales ont été attribuées par les deux Conseils généraux ( Bas-Rhin et Haut-Rhin). Entre 1994 et 2001, le nombre de PE2 suivant la formation optionnelle bilingue est plus important que les nombre de PE1 boursiers : durant cette période, il n’y a pas de formation PE1 spécifique ; la formation bilingue commence en PE2, de nouveaux candidats se rajoutent aux anciens boursiers. A partir de 2002, les effectifs de la PE2 de la voie régionale bilingue sont issus à la fois des PE1 voie régionale (la formation spécifique a commencé en 2001) et des candidats libres qui se sont présentés directement au concours. Les évaluations de la formation faite auprès des PE2 eux-mêmes Les conditions de vie et d’études dans le Centre En matière d’hébergement, le centre peut actuellement offrir l’accès à la restauration scolaire du Lycée Deck, mais avec des contraintes horaires puisque le Lycée Deck fait un geste de bonne volonté en accueillant nos étudiants et nos formateurs aux heures de moindre charge, à partir de 13h. Dans le cadre de la convention que nous avons avec lui, le lycée Deck met quatre chambres, avec douche, à la disposition de nos étudiants. Mais, avec la construction d’une nouvelle restauration fonctionnelle et moderne, l’accès de nos usagers sera facilité, puisque l’Iufm y disposera d’environ cent places, dont la réalisation est prévue pour 2006, et de vingt chambres individuelles, pourvues d’un confort moderne, dans le bâtiment rénové de l’ancien internat. Nos étudiants bénéficient aussi de l’accès au foyer du Centre où ils peuvent réchauffer leurs plats et prendre leur repas de midi. Une grande partie des étudiants se loge à Guebwiller même ou dans les environs. Leurs conditions de vie et de travail dans le centre, dont ils apprécient la convivialité et le confort, leur plaisent. Ils soulignent la qualité de vie dans un centre à taille humaine et à effectifs réduits. évaluation (D. Huck) 50 La formation Au sein de l’IUFM d’Alsace, l’Observatoire des dispositifs et des métiers de l’éducation et de la formation (ODIMEF ), coordonné par Pascal Politanski, maître de conférences en sociologie de l’éducation à l’Iufm d’Alsace, évalue chaque année- à l’intention des acteurs de la formation et des responsables éducatifs- les formations dispensées et les dispositifs d’enseignement. Ces évaluations constituent aujourd'hui un moyen privilégié pour améliorer les formations dispensées et pour appréhender les transformations de la profession enseignante. Les enquêtes43 faites anonymement auprès de la promotion des PE2 2002/03 mettent en évidence une grande satisfaction en ce qui concerne les outils mis à disposition dans le Centre, les documents, ouvrages etc. disponibles à la médiathèque, l’accès aux outils informatiques, la disponibilité des formateurs, des documentalistes et de l’équipe administrative, les conditions de travail et de vie dans le Centre. Par contre, ils ont demandé que la part de la langue régionale soit augmentée dans la formation. Par rapport à cette indication, nous avons réagi en augmentant la co-intervention systématique du formateur de DNL et d’un formateur germanophone dans les formations disciplinaires, en intensifiant la formation à l’emploi de la variété dialectale, en développant le rôle de l’assistante d’allemand ainsi que l’intervention de formateurs germanophones de langue maternelle et les séminaires conjoints avec nos partenaires allemands du Rhin supérieur44. Nous tenons aussi à ce que les PE2 effectuent un stage filé de pratique accompagnée dans une classe allemande, un stage en tutelle dans une classe bilingue et chez un maître-formateur, en plus des trois stages en responsabilité dans des classes bilingues correspondant à aux trois cycles de l’école élémentaire. 43 Elles ont été remises aux stagiaires en formation par dépôt dans leur boîte aux lettres. Pour y répondre, les stagiaires avaient deux possibilités : retourner anonymement le formulaire papier rempli ou remplir le formulaire en ligne sur le site internet. Procédure et résultats consultables http://www.alsace.iufm.fr/connaitr/statistiques/resultats_enquete_eval_form/tout.htm http://www.alsace.iufm.fr/connaitr/statistiques/resultats_enquete_eval_form/tout.htm Le taux de réponses en 2002 a été de 61,5 % 44 Par exemple le séminaire de juin 2003 à Landau. évaluation (D. Huck) 51 Les Inspecteurs d’académie, qui participent directement à l’évaluation des stages en responsabilité, tiennent cependant à ce que l’un des stages en responsabilité (cf. note 10 ) – et de préférence le deuxième, à savoir le R3 (stage en responsabilité de 3 semaines) s’effectue dans une classe mono-langue et à ce que la validation de ce stage constitue le préalable à la pratique d’un stage en classe bilingue. Cette volonté de donner priorité à la validation des compétences à l’enseignement en classe mono-langue par rapport à l’enseignement bilingue est une interprétation du statut des enseignants issus du concours spécial – ayant le même statut que leurs collègues de la voie générale, ils doivent attester de leurs compétences à l’enseignement en français comme préalable à l’enseignement en langue régionale, selon les Inspecteurs d’académie – et montre les limites de ce concours, qui est un aménagement du concours de professeurs des écoles et non une voie d’accès spécifique et unique à l’enseignement bilingue. Ouvrages cités Geiger-Jaillet, A. / Morgen, D. (2003, sous presse), "Expériences pratiques : La formation des enseignants à l’enseignement bilingue du premier degré à l’IUFM d’Alsace", Actes du colloque « Les langues en Europe: diversité culturelle et garantie démocratique », Strasbourg, 20 - 21 novembre 2001, Centre des Etudes européennes de Strasbourg (12 pages). Morgen, D. (1999) « Les formations aux enseignements bilingues à l’IUFM d’Alsace, recherches et prospectives dans un cadre national, transfrontalier et international » in « Des Racines et des ailes », Bibliothèque des nouveaux cahiers d’allemand – Mélanges en l’honneur de Jean Petit. Morgen ;D. (2000a) « Alsace : un bilinguisme fondé sur les principes de précocité et de continuité éducatives » in« Actualité de l’enseignement bilingue » - Revue « le français dans le monde » numéro spécial, janvier 2000, pages 46 à 55. 2000(b) «L’enseignement précoce de l’allemand en Alsace » in französisch heute (4 –2000) pages 400 à 411 Morgen, D. 2002, juin "L'enseignement bilingue en Alsace, une problématique spécifique in Education et sociétés plurilingues , n° 12 ( 77-90) Morgen, D.( 2003) « La problématique de la langue régionale en Alsace, le développement de l'enseignement bilingue et la formation des maîtres. » Communication faite au Symposium international Mercator à Abersystwyth ( UK – Wales – 8 et 9 avril 2003) Consultable sur le site web LIENHYPERTEXTE http://www.aber.ac.uk/mercator/english/events.htm http://www.aber.ac.uk/mercator/english/events.htm L’enseignement de la langue régionale : objectifs et mise en œuvre. Monique MATTER, Comité Fédéral des Associations pour la langue d’Alsace et de Moselle La langue régionale d’Alsace a deux formes : une forme standardisée écrite, Hochdeutsch, qui historiquement a été la langue d’enseignement, la langue de l’administration et de la démocratie, par exemple pour la rédaction des professions de foi en français et en allemand, la langue du droit notarial, la langue de la presse, la langue de la littérature ; une forme dialectale orale, elsasserditsch, : qui fait l’originalité de la langue régionale allemande en Alsace. Objectif des enseignements de la langue régionale L’objectif est de former des personnes parlant aussi bien le Hochdeutsch en tant que langue régionale en Alsace que le français et donc capables d’utiliser alternativement l’une et l’autre dans des situations les plus diverses. La maîtrise totale de l’allemand en tant que langue régionale aux côtés de la langue française constitue l’un des objectifs fondamentaux de l’enseignement en Alsace. Nous souhaitons que les dialectes puissent constituer également l’un des codes linguistiques dans lequel les habitants sont aptes à communiquer ici en Alsace et avec leurs voisins rhénans. Je rappelle que ces objectifs ont été approuvés à l’unanimité en 1990 par l’assemblée régionale et les deux assemblées départementales par des motions proposées par le Haut Comité du président Goetschy. Conditions nécessaires : Atteindre une telle maîtrise de la langue régionale sous ses deux formes suppose que plusieurs conditions soient remplies, notamment dans le cadre scolaire. La première d’entre elles est que la pratique dialectale et l’enseignement de la langue standard soient présents dans les cursus scolaires à des doses non homéopathiques de l’entrée en maternelle à 2/3 ans jusqu’à l’université. Toutes les voies de l’enseignement de la langue régionale sont concernées : l’enseignement à 3 heures par semaine, l’enseignement bilingue paritaire et les enseignements dits immersifs. Partout, notamment là où la dialectophonie reste suffisamment présente dans le cadre social, voire chez les enfants, elle doit être encouragée, pratiquée et valorisée par l’école pour maintenir cette pratique pour l’avenir. Dans les sites où la évaluation (D. Huck) 53 pratique familiale est suffisante, elle doit être utilisée comme accès à une pratique parfaite de la forme standard. Si demain, par suite de départs à la retraite, nous n’avons plus en Alsace assez de maîtres dialectophones, nous savons que nous pouvons trouver des maîtres qui parlent presque les mêmes dialectes dans les régions germanophones qui nous entourent. Nous pouvons faire appel à ces locuteurs. Mise en œuvre Au-delà de ce discours, il faut définir clairement comment le dialecte est introduit dans ces enseignements tout au long de la scolarité, qui l’enseigne, quelles formations seront proposées aux maîtres du 1er et du 2nd degré et comment s’opéreront le suivi des résultats et les évaluations. L’introduction du dialecte dans les écoles où la pratique sociale est insuffisante doit se faire sous la forme d’une familiarisation avec l’expression orale permettant la compréhension et un minimum de capacité d’expression dans le cadre familial et scolaire. Pour les élèves qui suivent l’enseignement de l’allemand à raison de 3h/ semaine et pour les élèves de la voie bilingue paritaire le dialecte est introduit non pas comme discipline d’apprentissage mais comme vecteur pour certaines activités non écrites : musique, sport, arts graphiques… Faire entrer la langue régionale dans ses deux formes à l’école, c’est lui donner une chance de redevenir une langue maternelle quotidienne de la région. A propos des manuels d'apprentissage de la langue allemande en Alsace Guy HECKLY IUFM d’Alsace On peut se poser la question pourquoi certains enseignants du primaire et en particulier un grand nombre d'intervenants extérieurs (surtout des locuteurs natifs) n'utilisent pas de manuel pour assurer l'enseignement de la langue allemande. Certes une pratique envahissante, se généralisant à toutes les disciplines, tend à multiplier l'usage des photocopies en classe, jusqu'à transformer les cahiers d'élèves en mille feuilles boursouflés, mais il y a peut être une raison plus profonde, en particulier dans l'enseignement des langues vivantes. Elle se résume à la question : les manuels de langue allemande disponibles sur le marché sont-ils adaptés à l'enseignement ? Pour répondre à cette question, nous aborderons d'abord la problématique de l'enseignement des langues vivantes à l'école élémentaire et de la langue allemande en particulier en présentant les notions de langue et de culture. Puis le public auquel s'adressent ces ouvrages retiendra notre attention dans la mesure où nous essayerons de formuler un certain nombre de propositions qui pourraient le motiver dans ses apprentissages. Ensuite nous passerons en revue les ouvrages actuellement disponibles et utilisés en suggérant quelques pistes de réflexion pour ouvrir la voie à des pratiques plus adaptées à des situations culturelles plus pertinentes. Et enfin nous ouvrirons un débat sur l'indispensable appel à la cognition dans l'apprentissage et la maîtrise de toute langue. Cette réflexion porte sur l'enseignement extensif de la langue allemande et ne concerne pas les classes à parité horaire appelées "classes bilingues". I. La problématique de l’enseignement des langues vivantes Il serait bon de se reposer la question : qu'est-ce qu'apprendre une langue ? et son corollaire : qu'est-ce qu'enseigner une langue ? Du point de vue didactique, il s'agit d'abord d'atteindre des objectifs fixés par les instructions officielles. Ces objectifs sont d'ordre langagier, linguistique et culturel. Ils sont exprimés en terme de savoir dire45, et de réalisations lexico-grammaticales plus ou moins complexes46 . Les 45 Savoir se présenter, demander son chemin etc. Un exemple : savoir se présenter peut se décliner de différente façon selon les circonstances. "Ich bin …; ich heisse …; Mein Name ist … ; Darf ich mich vorstellen …" 46 évaluation (D. Huck) 55 instructions ministérielles du 29 août 2002 47 les énumèrent et la circulaire rectorale du 10 juillet 2000 les présente sous forme de référentiel de compétences à atteindre à la fin de chaque niveau et en particulier en fin de cours moyen II. Il reste la partie la plus difficile à apprendre. Ce sont les objectifs comportementaux, qui visent à mettre l'apprenant en confiance pour qu'il utilise la formule adéquate selon les circonstances. C'est la raison pour laquelle le savoir-faire et le savoir-être sont des compétences rarement abordées avec les élèves. L'écueil viendrait du fait que l'essentiel du temps d'apprentissage est consacré à la mémorisation de formules plus ou moins bien comprises. On peut s'en rendre compte lorsque des évaluateurs, personnes étrangères au monde de l'apprenant, lui demandent de mettre en œuvre des savoirs complexes. En l'espace d'une génération d'enseignants, la méthodologie de l'enseignement a considérablement évolué. Si la méthodologie audio-visuelle, appelée aussi structuro-globale avait l'avantage de sécuriser les enseignants par son cheminement que des formateurs ont présenté de manière simple voire simpliste, il n'en est plus de même avec les générations suivantes et en particulier la méthodologie "communicative-cognitive" qui fait appel à de très bonnes compétences linguistiques de la part d'enseignants généralistes. En effet, pour l'élève, il s'agit moins d'apprendre par cœur des sketches pour pouvoir les réutiliser dans des situations hypothétiquement analogues mais plutôt de construire une interlangue par un jeu d'essai-erreurs et de réfléchir à son fonctionnement. Cela suppose une pédagogie radicalement différente. Enseigner une langue fait donc appel à une pédagogie permettant la prise de parole, l'apprentissage structuré et le raisonnement sur les différents apprentissages. Contrairement à des idées reçues, une partie peut se faire en langue maternelle. Une réflexion sur les convergences et divergences entre la langue maternelle et la langue cible est profitable à l'élève et facilement réalisable si l'enseignant assure les deux disciplines. Ceci bien sûr sans tomber dans les pièges de l'alternance continuelle des deux codes (code switching). Enseigner une langue c'est également présenter ceux qui la parlent avec leur cadre de vie et les situations contextuelles y afférents. Actuellement on ne peut pas dire que cet élément prédomine. L'enseignement / apprentissage est essentiellement linguistique. Beaucoup d'enseignants et d'auteurs de manuels éprouvent de réelles 47 B.O. n° 4 Hors série Programme transitoire d'enseignement des langues étrangères ou régionales au cycle des approfondissements de l'école primaire. 29/8/2002. évaluation (D. Huck) 56 difficultés à présenter la culture / civilisation du pays de la langue cible, de peur de tomber dans des clichés ou des stéréotypes. Enseigner une langue / culture reviendrait donc à présenter la culture et respectant trois critères : la variété, l'actualité et la représentativité (typicité). C'est une appréhension du réel particulièrement difficile, car il est en perpétuel changement. Il s'agirait plutôt da la présentation d'un système ouvert avec des relations complexes entre les différentes parties qui le composent. Et pourtant l'approche culturelle de la langue pourrait servir de levier à la motivation dans l'apprentissage d'un code réputé difficile. Le problème de la motivation dans l'enseignement des langues et en particulier de la langue allemande en Alsace ne semble trouver de solution que s'il y a adéquation entre les contenus (langagiers, linguistiques et culturels) et les attentes des apprenants. Quelles sont-elles? II. Le public concerné et ses motivations La généralisation de l'enseignement précoce des langues dans l'hexagone s'appuie sur des expériences qui se sont succédé en Alsace depuis 1953 et en particulier depuis l'initiative de l'Inspecteur général Georges Holderith en 1972 – 1973. Posons pour hypothèse qu'un jeune de 6 à 11 ans est naturellement curieux et qu'il attend de ceux qui l'entourent et du système éducatif en particulier des réponses à ses nombreuses questions. Parler de "besoins" est réservé à la formation des adultes et ne fait pas partie du domaine de l'apprenant de cet âge. Sauf cas très particulier, un enfant n'a pas "besoin" d'apprendre l'allemand. Ce qui l'intéresse et le motive dès le plus jeune âge, ce sont des jeux avec des sonorités nouvelles, des rythmes différents et un code magique … Mais nous faisons une distinction très nette entre une sensibilisation à la langue cible et son apprentissage structuré. Les écueils sont nombreux et le rabâchage de fonctions langagières dont l'élève ne perçoit ni l'utilisation ni l'intérêt peut démotiver plus d'un, avec pour conséquence de lui faire changer la première langue au collège dans la croyance d'être débarrassé d'un fardeau. Faire comprendre aux élèves d'école élémentaire le pourquoi de l'apprentissage de l'allemand en Alsace est un réel enjeu souvent mal maîtrisé. Ce qui intéresse l'enfant, c'est d'abord de connaître ceux dont il va apprendre la langue. En particulier les enfants de son âge, leur mode de vie, leurs habitudes, leurs loisirs, leur système scolaire puisqu'il passe la majorité de son temps à l'école. Et comme une langue sert surtout à communiquer, ils sont attentifs à des formes pour enter en contact avec l'autre et peut-être pour les rencontrer. évaluation (D. Huck) 57 Toutefois la réalité est un peu plus complexe puisque l'apprenant n'est pas complètement ignorant du contexte historico-géographique dans la mesure où la famille (parents mais aussi fratrie déjà scolarisée) et les camarades posent les premiers jalons de son information avant même l'intervention de l'institution scolaire. De toute façon il n'a pratiquement pas la possibilité de choisir la langue cible. Malgré toutes ces zones d'ombre, une pédagogie appropriée et un outillage didactique adapté permettent de présenter une Allemagne moderne, vivante quelquefois surprenante, ne demandant qu'à être questionnée à travers les supports d'apprentissage. III. Les ouvrages disponibles Ces supports quels sont-ils? Définissons d'abord deux termes. Par méthode nous entendons l'ensemble de l'outillage didactique présenté par un éditeur et mis à la disposition des enseignants. Il s'agit de supports écrits, auditifs, visuels mais également de la progression sur plusieurs années d'apprentissage. Le manuel est un des éléments de la méthode. Il est généralement acheté par l'école sur crédits municipaux et mis à la disposition des élèves pendant plusieurs années. En Alsace les manuels suivant sont utilisés dans de nombreuses classes. L'ordre est chronologique d'après la date de parution. Wer? Wie? Was? 1985 – Die kleine Eule 1988 – Ich und du 1989 – Katze Fax 1990 –Regenbogen 1989/90 – Fahr mit 1991 – Tamburin 1997 – Lilli Marzipan 2003. Force est de constater que ces manuels ont plus de dix ans, sauf les deux derniers. Nous constatons également que les ouvrages Wer? Wie? Was? et Tamburin ont été édités en Allemagne pour un public international dans le cadre "DAF - Deutsch als Fremdsprache". Nous ne ferons pas d'analyse exhaustive de ces manuels48. Dans tout manuel de langue, il y a des théories linguistiques sous-jacentes, même si l'auteur n'en fait pas expressément mention dans son introduction. S'il privilégie la théorie structuraliste, son choix s'orientera surtout vers le lexique, la progression grammaticale et la présence d'un certain nombre de structures permettant l'exploitation thématique. La théorie de l'énonciation mettra en avant une approche pragmatique de la langue, c'est à dire qu'elle confrontera l'apprenant à une langue réellement parlée et dans une moindre mesure construite selon les prescriptions 48 Pour plus de détails consulter : HECKLY, Guy. De la problématique culturelle dans l'enseignement / apprentissage d'une langue vivante à l'école élémentaire. Les éléments culturels dans les manuels d'allemand utilisés au cycle III. Presses Universitaires du Septentrion, ANRT Lille III, 1997. évaluation (D. Huck) 58 d'une grammaire. Cette théorie privilégie d'abord l'interlocuteur, le contexte et les usages avant l'apprentissage systématique de la langue. Cela a pour conséquence une autre présentation du manuel et un outillage didactique différent. Le rôle de l'enseignant change : à la pédagogie de la restitution ou de "l'empreinte"49 s'oppose la pédagogie de la créativité. Le fond l'emporte sur la forme. Dans la pratique les options ne sont pas nettement tranchées, il y aurait plutôt des dominantes. On peut dire que la plupart des manuels scolaires privilégie l'apprentissage du code. Leur point de départ sont des thématiques qui permettent de balayer des champs lexicaux plus ou moins complexes. La langue est souvent ancrée dans le monde imaginaire. On est loin de la réalité quotidienne. C'est un peu la "priorité du système sur sa réalisation"50 En examinant les manuels, on constate que les supports concernant la compréhension orale sont sous-représentés sauf dans Katze Fax et dans une certaine mesure Tamburin. Les textes enregistrés représentent un nombre limité de supports et ce sont la plupart du temps des sketches destinés à être mémorisés en classe. Sans compréhension au moins globale, toute communication est illusoire. Les textes officiels ont fait de la "communication" en cours de langue un leitmotiv. Sans être iconoclaste, on peut se demander si la communication en classe existe réellement. Examinons les rapports de force. D'une part l'enseignant avec un certain nombre de contraintes que sont les instructions et les programmes, d'autre part un groupe plus ou moins nombreux d'élèves, qui ont certes un avis à exprimer mais dont l'énergie créatrice doit être canalisée à la fois en raison de la loi du nombre et également des impératifs des apprentissages. Si l'on accepte la nuance entre expression et communication, l'aspect interactionnel suppose un nouveau rapport relationnel entre les différents acteurs. Si communiquer veut dire faire passer un message pertinent, inédit et personnel, le point de départ doit être porteur de sens et provoquer un questionnement. Le support inducteur de la réflexion devrait permettre une prise de conscience "d'inter-relations, de rapports et d'échanges entre les cultures différentes".51. Après ces prolégomènes, quelques propositions peuvent être formulées. Apprendre la langue allemande n'a de sens que si l'on apprend à connaître celui qui la parle. L'accès à la culture se fait par une activité de découverte et de "conscientisation" au moyen de documents auditifs, visuels ou textuels répondant au critère de 49 FAVARD, Jean (Dir.). Didactique de l'allemand, Paris : Nathan pédagogie, 1994. p. 6 ATHIAS Jacques, Linguistique et didactique de l'allemand, Paris : Masson / A. Colin 1995. p.43 51 LADMIRAL, J.-R. / LIPIANSKY, E.-M. La communication interculturelle. Paris : Armand Colin, 1989, P.10 50 évaluation (D. Huck) 59 pertinence. Ce qui implique un certain nombre de conséquences. L'approche de la langue devrait être pragmatique pour que la langue parlée par les futurs interlocuteurs soit compréhensible. La progression linguistique et grammaticale, établie d'après une thématique proche des intérêts de l'enfant, devrait être opérationnelle pour répondre aux besoins de l'apprenant52. La prise en compte de la motivation et de la curiosité des apprenants peut s'effectuer lors d'échanges scolaires. Des moyens modernes qui se trouvent pratiquement dans chaque classe peuvent y contribuer efficacement. En conclusion, l'apprentissage de l'allemand devrait impliquer l'élève en lui proposant des expériences centrées sur l'affectivité, une rencontre autre qu'imaginaire et l'aspect cognitif et donc de lui permettre l'accès à une connaissance qu'il n'aurait pas pu acquérir par un autre moyen. IV. L’appel à la cognition Les manuels d'allemand utilisés dans nos classes sont-ils adaptés à la situation linguistique particulière de l'Académie de Strasbourg ? A notre connaissance, il y a très peu, voire pas du tout de sections à recrutement ciblé, composées d'élèves dialectophones qui sont en mesure d'entrer de plain-pied dans la langue allemande standard. Un seul manuel spécifiquement élaboré pour ce public est "Reporter im Elsass und an der Mosel"53. Nous n'aborderons pas la question de la dialectophonie dans les classes de l'école élémentaire. Il est un fait que la situation géographique de l'Alsace et sa particularité linguistique mériteraient d'être reconnues dans un outillage approprié et un manuel spécifique. La proximité du Land Baden-Württemberg n'est pas prise en compte dans la motivation de l'apprenant et dans l'approche du fait culturel. La grande majorité des manuels suit à la lettre les instructions officielles, répartit avec soin les fonctions langagières à étudier sans trop se préoccuper de ces faits de langue. L'expérience des classes nous fait dire qu'un grand nombre de fonctions langagières sont ignorées dans la langue maternelle par des élèves qui ont une faible maîtrise des langages. Alors que dire de leur apprentissage dans la langue cible? En fait, la question de sens est primordiale dans tous les apprentissages. Le pourquoi des apprentissages doit être lisible par chacun sinon il y a un grand risque de découragement et de lassitude après des essais quelquefois infructueux. Or 52 Le mot "besoin" est utilisé à dessein pour bien marquer l'utilisation d'abord instrumentale de la langue. L'objectif terminal étant de pouvoir comprendre et entrer en contact avec un interlocuteur lors d'échanges et de rencontres physiques. 53 L'allemand dans les régions dialectales CE 2 – CM 1, JENNY, A. et alii, Strasbourg : CRDP 1988. évaluation (D. Huck) 60 l'apprentissage est un long cheminement où l'erreur fait partie intégrante de l'accès au savoir. Donner du sens aux apprentissages, ce n'est pas se présenter en classe et en langue étrangère alors que tout le monde se connaît depuis de longues années, ce n'est pas indiquer son domicile à un voisin de palier… Pour illustrer une autre manière d'aborder les fonctions langagières de base qui se trouvent invariablement dans les premiers chapitres de tout manuel, nous avons entrepris avec la collaboration d'un conseiller pédagogique et le concours de la Rektorin de la Pestalozzi Schule de Freiburg-Haslach une expérimentation avec des moyens audio-visuels. Il s'agit d'une production "légère" pouvant être effectuée par un enseignant équipé d'une caméra et dont la classe est pourvue d'un magnétoscope. L'apport des techniques numériques et la gravure sur DVD en facilite encore l'utilisation. Cette expérience repose sur le partenariat de deux écoles et de classes apprenant la langue du voisin. Nous avons demandé à une dizaine d'élèves allemands de la troisième, quatrième classe, dont la diction était assez intelligible pour que des élèves débutants français du cours moyen puissent les comprendre, de se présenter en utilisant la même fonction langagière mais sous trois formes différentes. Dans la scène suivante, chacun a dit où il habitait, puis deux élèves ont présenté leur matériel scolaire : contenu de la trousse et contenu du cartable. Nous nous sommes également rendus dans une classe à l'heure du "Pausenbrot" et chaque élève a présenté ce qu'il apportait pour la collation prise en salle de classe avant la grande pause de la matinée. D'autres élèves nous ont parlé des fêtes calendaires et la manière dont elles sont fêtées chez eux. Notre seul souci était une bonne maîtrise de la diction pour que l'enregistement soit utilisable tel quel dans une salle de classe. Ceci n'était pas un travail supplémentaire ni une perte de temps pour les élèves allemands. Ils se sont entraînés à produire un document de qualité ayant un usage précis dans une classe partenaire. Leur production orale leur a permis d'apprendre à connaître les règles d'un récit oral. Toutes ces activités n'étaient pas effectuées dans un esprit péjorativement scolaire mais le sens était donné par les finalités. Les élèves destinataires du document pouvaient constater : - que les Allemands ne s'appellent pas "Müller – Meyer – Schmitt" dans leur majorité. Une jeune fille asiatique présente dans la classe leur a permis de mesurer la multiplicité des origines. Le microcosme de la classe permet de prendre en compte la grande variété sociétale. évaluation (D. Huck) 61 - que la compréhension de l'adresse passe par la lecture d'un plan où se trouve le nom des rues. La variété des désignations indiquant la domiciliation représente bien la complexité du réel. - le fait de prendre une copieuse collation à la pause, contrairement aux habitudes nationales soulève un certain nombre de questions : tant sur les habitudes alimentaires que sur l'organisation de la journée. - que certaines fêtes calendaires avaient une grande importance dans le cadre de la famille. Des modes de vie différents à l'occasion de fêtes qui sont communes, permet de relativiser des pratiques autochtones. Il n'est pas question de dénigrer l'utilisation de manuels scolaires. Mais de par leur forme, ils ne peuvent pas répondre à une demande associant le linguistique à un culturel s'échappant des rigidités stéréotypées. Si le support papier est indispensable pour l'apprentissage et la fixation de nouvelles structures morphosyntaxiques, le point de départ pourrait être un support déclencheur de curiosité, de réactions et de réelle communication.54 L'entrée en matière devrait susciter l'interrogation et le débat qui s'en suit, peut fort bien se faire en langue maternelle. C'est un exercice de compréhension orale. Dans les manuels les plus récents, des exercices demandant un travail en "tandem", ouvrent la voie à un approfondissement et à un partenariat dans les apprentissages. Pour entrer en contact avec une langue moderne et pour faire connaissance avec ceux qui la parlent, nous ne connaissons pas de meilleur moyen que les échanges et les rencontres surtout pour les écoles de la zone rhénane. En participant à des échanges de documents, les enseignants français peuvent également contribuer à donner plus de sens aux activités de la classe. La correspondance scolaire est un exercice pédagogique dont les bienfaits ne sont plus à démontrer. Cette correspondance peut être étendue au domaine de l'apprentissage de l'allemand. On pourrait terminer par une boutade en disant que tout manuel est bon, cela dépend de ce qu'en fait l'enseignant. En langue vivante, c'est un peu plus compliqué si l'on veut sortir de l'approche lexico-grammaticale et s'ouvrir à la pragmalinguistique pour préparer les apprenants à l'usage d'une langue qu'ils doivent 54 Il existe une méthode qui tente de concilier l'apprentissage livresque avec un regard sur la réalité vécue. Il s'agit de "Anna, Schmidt und Oskar" publié chez Langenscheidt 1993. Avec une pointe d'humour, cette série audio-visuelle sur cassettes vidéos s'adresse à un public légèrement plus âgé que celui de nos élèves de cours moyen. évaluation (D. Huck) 62 employer dans des situations réelles de la vie courante. Néanmoins une mise en garde s'impose. Si l'élève n'est pas habitué très tôt à une "observation réfléchie de la langue", s'il ne maîtrise pas ou plus dans sa langue maternelle les mots pour désigner les éléments du discours et s'il ne perçoit pas la fonction des groupes composant la phrase, son apprentissage relèvera plus du psittacisme que d'un réel apprentissage motivé. Seule une approche raisonnée d'un certain nombre de différences grammaticales avec la langue maternelle permet de comprendre le fonctionnement de la langue. C'est un défi lancé aux auteurs de manuels. Bibliographie sommaire : Outre les ouvrages indiqués en bas de page, on peut consulter avec intérêt les revues suivantes PRIMAR : Zeitschrift für Deutsch als Fremdsprache im Primarbereich. Goethe Institut, Dürr + Kessler ELA : Etudes de Linguistique Appliquée, Didier Erudition. NCA : Nouveaux Cahiers d'Allemand, Revue de linguistique et de didactique. Nancy La politique haut-rhinoise en faveur de la langue régionale. Patrick KLEINCLAUS Conseil général du Haut-Rhin55 Les demandes de la collectivité territoriale. Le Conseil Général du Haut-Rhin, dans les années 1950, a suivi ses homologues du Bas-Rhin qui dès 1948 à l’unanimité avaient voté pour un retour à l’enseignement obligatoire de l’allemand à l'école primaire, tel qu’il existait jusqu’en 1939. Cette volonté de garantir la maîtrise de la langue régionale, s’est manifestée en 1973 par un soutien à l’enseignement de l’allemand aux élèves de CM1/CM2 sur la base de 2 h 30 par semaine. En 1990, cette volonté s’est exprimée par le souhait d'un enseignement généralisé de l'allemand, de la maternelle au baccalauréat, sur la base de 3 h par semaine, et la demande pour un enseignement bilingue optionnel dès la maternelle. En 1991, le soutien actif à l’enseignement associatif, à l’enseignement privé confessionnel puis au service public en 1992 pour ces deux types d’enseignement a été renforcé. La convention de 1994/1999 a maintenu ces deux voies : elle prévoyait de développer la voie extensive (3 h/semaine) jusqu’en grande section de maternelle et de mettre en œuvre l’enseignement bilingue à l’école primaire et au collège dans au moins 20 sites complets. L’objectif dans l’enseignement extensif n’a pas été respecté, seul le cycle 3 étant couvert avec une forte régression à partir de 1998/1999 en cycle 1 et 2. La convention 2000/2006 a depuis actualisé et complété ces objectifs. L’enseignement extensif, concernant le dialecte et le hochdeutsch, doit être généralisé dès l’entrée en maternelle en section des petits d’ici à 2006. L’enseignement bilingue doit être présent dans tous les secteurs de collège à l’issue de la convention, ce qui suppose la mise en place de 2 à 3 sites bilingues en maternelle dans chaque secteur de collège. Tous les élèves pourront, dès la 6ème de collège opter pour une langue supplémentaire, anglais ou autre, et même dans certains cas dès le CM1/CM2. Les 55 Chargé de mission Langue et culture régionales au Conseil général du Haut-Rhin évaluation (D. Huck) 64 deux langues, l’allemand et anglais, ne seront ainsi pas mis en concurrence mais en synergie. Cinquante (50) maîtres par an en moyenne doivent être formés dans le 1er degré pour l’enseignement bilingue. Des difficultés subsistent. Concernant l'enseignement bilingue, les modalités actuelles d’information des parents et de recensement de la demande ne sont pas encore satisfaisantes dans tous les cas. L'information n’est pas encore toujours positive et le recensement, en général, ne s'adresse pas à toutes les tranches d’âges concernées. Parfois certains bulletins d’inscription sont quelque peu inquisiteurs et démotivants, les bulletins de pré-inscription sont remis trop souvent uniquement aux seuls parents présents aux réunions d’information. Il en résulte un développement anormalement faible de l’enseignement bilingue, et parfois même un renouvellement très insuffisant des inscriptions dans les sites bilingues. L’insuffisance numérique des sites à l’école maternelle persiste et contrevient aux dispositions du code de l’éducation : celui-ci fait de la proximité géographique à l'école maternelle un élément fondamental dont souvent les élèves bilingues ou les candidats à l’enseignement bilingue ne bénéficient pas. Ceci freine évidemment le développement de l'enseignement bilingue. Ainsi l’égalité d’accès au service public éducatif n’est-elle pas assurée par rapport à l’enseignement monolingue, pour les familles dont l’enfant fréquente un site bilingue et pour de nombreuses autres qui ont souhaité cette forme d’enseignement pour leur enfant sans l’obtenir. Dans les grandes communes, la limitation des sites bilingues à un petit nombre ou même à un site unique empêche tout véritable développement de l’enseignement bilingue, les dérogations étant fréquemment refusées en raison de numerus clausus implicites ou explicites, mais bien réels. D’autres difficultés, freinant son développement, apparaissent. La poursuite de la voie bilingue est, dans plusieurs cas, organisée dans un collège différent de celui du secteur de recrutement, ce qui pose le problème de l’absence de transport scolaire. L’insuffisance de manuels et de livres du maître en allemand pour le 1er degré perdure. évaluation (D. Huck) 65 La tendance des inspections à vouloir imposer la règle « un maître deux langues », refusée par les parents et collectivités, freine très sensiblement le développement de la voie bilingue en raréfiant les moyens disponibles et amoindrit fortement la qualité de l'allemand pratiqué par les maîtres. La réduction du recrutement de maîtres bilingues par le concours spécial d’une quarantaine à encore une trentaine de maîtres en 2003 - alors que la convention en prévoit un minimum de cinquante par an – accroît les retards accumulés au lieu de les résorber. En 2003, l’académie a engagé une réflexion pour déterminer la place qui revient au dialecte alors que la convention signée en 2000 lui fait déjà une référence explicite. Il faut accélérer l’application des objectifs de la convention et de tous ses objectifs et mettre rapidement des dispositifs efficaces en œuvre, pour la langue régionale sous ses deux formes, dans le cadre d’une planification 2003/2006. Les outils pour l’enseignement de l’allemand. Jean-Daniel ZETER Rectorat, Mission académique aux enseignements régionaux L‘insuffisance des outils a été évoquée autour de cette table ronde pour expliquer des difficultés de l‘enseignement de la langue régionale. L’enseignement de la langue régionale est souvent ressentie comme une contrainte ou comme un aimable dilettantisme, contrairement à l’enseignement des maths par ex. Quand la contrainte s’institutionnalise et devient donc plus « morale », on cherche des échappatoires, des stratégies d’évitement, parmi lesquels le manque de matériel pédagogique. Or, celui-ci existe, peut-être non encore formalisé de façon définitive car les inspecteurs souhaitent une expérimentation sur deux ou trois ans, ou existe sur des supports informatiques que tous les enseignants ne peuvent ou ne veulent pas toujours utiliser. Mais notre objectif est de couvrir la demande, avec l’aide du CRDP notamment,que je verrais bien comme un organe spécialisé dans ces productions. Mais il lui est difficile pour l’heure de rendre le plan régional prioritaire en respectant les délais, compte tenu de son obligation de résultats économiques et du personnel réduit dont il dispose. Or, les autres éditeurs sont peu empressés du fait de la non-rentabilité commerciale. Parallèlement, si le Fonds de concours LCR est prêt à payer le « master » des outils pédagogiques, il convient également que les responsables financiers pour l’achat de livres s’investissent au niveau qui est le leur (communes pour le primaire, crédits de manuels Etat pour les collèges). Je tiens ici à remercier tous les enseignants pionniers qui ont accepté de mutualiser leurs pratiques pour la création de dossiers pédagogiques. Je propose par conséquent de réunir tous les documents de bonnes pratiques des enseignants sur le terrain pour en faire des vade-mecum efficaces, des modélisations transférables. évaluation (D. Huck) 67 Par ailleurs, nous sommes en train de moderniser le manuel transfrontalier, lui donner une nouvelle vie, plus interactive, en le publiant sur la toile. Ceci, afin de peser sur le mental de nos concitoyens et de leur faciliter la perception de ce qui est à la fois commun et différent dans les régions du Rhin Supérieur. Il ne manquera alors plus que la mise en place d’un vieux rêve, l’instauration d’une heure d’enseignement, par semaine ou par quinzaine, dans toutes les classes du Rhin supérieur, pendant laquelle cet espace serait étudié. Ce serait un formidable complément à l’ouvrage et la garantie de son utilisation. En tout cas, ces tâtonnements à propos de l’enseignement de notre langue régionale constituent un gisement extraordinaire pour créer et adapter des outils, des méthodes, des contenus d’enseignement, et pour apporter sa contribution à un enseignement amélioré, plus vivant, de l’ensemble des langues. En réponse à Yves Rudio, je dirais que les dérogations au principe « un maître – une langue » sont étudiées au cas par cas en tenant compte que ce principe est plus important pour la maternelle que pour le primaire où les enfants entrent dans le jeu de rôle sans problème. Mais elles nous permettent de récupérer ou de conserver pour le bilingue des enseignants souhaitant ne faire qu’un demi-service en allemand et surtout désireux de garder leur service dans une classe complète afin de conserver la maîtrise de la progression sur l’année. En ce qui concerne les personnels contractuels, le dialogue est ouvert ; le concours spécifique permet aujourd’hui à ces personnels d’intégrer le corps de fonctionnaires. Je pense qu’on assistera bientôt à la résorption positive des contractuels par voie de concours. évaluation (D. Huck) 68