DOM JUAN - Châteauvallon

Transcription

DOM JUAN - Châteauvallon
DOM JUAN
De Molière
Mise en scène Jean-François Sivadier
Collaboration artistique Nicolas Bouchaud, Véronique Timsit
Avec Nicolas Bouchaud (Dom Juan Tenorio), Vincent Guédon (Sganarelle), Stephen Butel (Pierrot, Dom Alonse,
Monsieur Dimanche), Marc Arnaud (Gusman, Dom Carlos, Dom Louis), Lucie Valon (Charlotte, Le Pauvre, La
Violette), Marie Vialle (Elvire, Mathurine)
Scénographie Daniel Jeanneteau, Christian Tirole, Jean-François Sivadier
Lumières Philippe Berthomé assisté de Jean-Jacques Beaudouin
Costumes Virginie Gervaise assistée de Morganne Legg
Maquillages, perruques Cécile Kretschmar
Son Eve-Anne Joalland
Assistants a la mise en scène Véronique Timsit, Maxime Contrepois
(dans le cadre du dispositif de compagnonnage de la DRAC île-de France)
Assistant de tournée Rachid Zanouda
Construction du décor Atelier du Grand T à Nantes,
Alain Burkarth (suspensions), Yann Chollet - ARTE FAB
Confection des costumes Catherine Coustère, Sylvestre Ramos, Anne-Sophie Polack et Julien Humeau Clotaire
Atelier du TNB – Rennes (Sarah Bruchet, Myriam Rault)
Régie générale Dominique Brillault
Régie lumières Jean-Jacques Beaudouin, Damien Caris
Régie son Eve-Anne Joalland
Régie plateau Christian Tirole, Nicolas Marchand
Accessoires Julien Le Moal
Habillage Valérie de Champchesnel
Durée : 2h30 environ
Mardi 26, jeudi 28, vendredi 29, samedi 30 Avril 2016 à 20h30
Mercredi 27 Avril à 19h30
Remerciements Maison de l’Arbre, Christian Biet, Bertrand et Romans Suarez-Pasos. Avec l’aide de toute l’équipe du Théâtre National de
Bretagne. Production déléguée Théâtre National de Bretagne / Rennes
Coproduction Italienne avec Orchestre ; Odéon – Théâtre de l’Europe ; MC2 : Grenoble ; CNCDC Châteauvallon ; Le Grand T – Théâtre de LoireAtlantique ; Le Printemps des Comédiens.
Jean François Sivadier est artiste associé au Théâtre National de Bretagne/Rennes.
Création au Théâtre National de Bretagne/Rennes le 22 mars 2016.
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L’histoire de Dom Juan a subi maintes transformations depuis que Tirso de Molina en fit en 1630 une
pièce édifiante, créant un mythe. Les dévots avaient-ils gagné au change quand, le 15 février 1665,
Molière fit entrer Dom Juan sur la scène du Palais Royal ?
Le personnage blasphème avec panache, au gré d’aventures exemplaires : enlèvement de nobles
femmes, naufrage, séduction de paysannes, duel chevaleresque, impiété filiale, et surtout châtiment
fatal infligé par la statue du Commandeur.
Sganarelle nous prévient d’emblée : « … tu vois en Dom Juan, mon maître, le plus grand scélérat que
la terre ait porté… » ; pourtant c’est un homme qui paraît, avec dans la poitrine « un cœur à aimer
toute la terre ». Et pour seul credo que « deux et deux font quatre ». Dom Juan est-il un monstre, un
conquérant idéaliste, un petit marquis plein de vanité, un philosophe matérialiste ? Ou bien la
promesse de toutes ces métamorphoses ? La vitalité de ses appétits est exacerbée par son
impuissance politique ; il est peut-être le héraut de l’impatience nécessaire de toute jeunesse,
passée, présente ou à venir.
Le seigneur vagabond qui défie toutes les formes de croyance et d’assujettissement finira par
tomber dans le trou béant d’un tombeau surnaturel, érigé sur la scène d’un théâtre, là où le ciel aux
étoiles de bougies est une toile peinte et où l’au-delà se compte en châssis de bois…
Véronique Timsit
« Le plateau est un lieu proche de la mort où toutes les libertés sont possibles »
Jean Genet
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Dom Juan est avant tout l’histoire d’un geste impossible. La poignée de main entre un mortel et une
statue de pierre venue de l’au-delà pour l’anéantir. Le mythe commence là. Dans la rencontre fatale
entre celui qui s’est fait un devoir de ne croire en rien et de rire de tout, et la seule chose capable de
le confondre et de lui passer définitivement l’envie de rire.
Face à l’adversaire suprême qu’il semble avoir cherché (ou fui) toute sa vie, il se paie le luxe d’un
dernier coup de théâtre : il regarde la statue dans les yeux, saisit la main tendue comme il signerait
son œuvre : sans trembler. Dans la joie de savoir que sa disparition brutale laissera le public aussi
désorienté que son valet. En voyant disparaître le monstre (qui sera hué ou applaudi), impossible de
savoir si l’on se sent soulagé ou orphelin. Délivré ou abandonné. Trahi ou vengé. Aucune morale
dans le point final, aucune leçon. Pas de verdict, ni pour lui ni pour les autres : coupable(s) non
coupable(s), pas de : ici les bourreaux et ici les victimes. C’est à cet impossible que Molière choisit de
nous confronter. En faisant de nous les jurés d’un procès qui n’a pas lieu. Car à la fin, celui qui a,
pendant deux heures, piétiné le sacré sous toutes ses formes est « puni par les flammes de l’enfer »,
mais sa parole est toujours vivante et, personne n’est dupe, la statue est en carton-pâte.
Avec Tartuffe, Molière est allé trop loin. La pièce est interdite. Imaginons que la colère de l’auteur
n’a d’égale que son excitation à comprendre qu’il a touché le nerf de la guerre. Dans le costume de
Sganarelle, il entre sur la scène du Palais-Royal comme un bonimenteur de foire ; il revient, dès le
premier mot, à la charge avec un message sans équivoque : Tartuffe était le signe avant-coureur de
celui qui va entrer et qui, lui, n’a besoin d’aucun masque. Tartuffe était un faux dévot, Dom Juan est
un athée véritable. Vous en avez eu trop ? Vous en aurez encore plus. Molière métamorphose un
sujet d’édification religieuse en une profession de foi matérialiste.
Avant même d’être quelqu’un, Dom Juan est un corps offert comme un espace de projection à
toutes les interprétations. Impossible de définir, absolument, celui qui a tort en ayant l’air d’avoir
raison parce qu’il parle tout comme un livre. Celui dont on ne peut saisir l’identité qu’au regard de
ses actions contradictoires et des réponses ambigües aux questions précises qu’on lui pose : « Vous
n’avez pas peur de la vengeance divine ? — C’est une affaire entre le Ciel et moi ! ».
Dans le sursis que laisse une mort inéluctable et sans cesse différée, rien d’autre à faire que divertir
pour se divertir, construire du théâtre et des romans, des obstacles où il est sûr de devoir engager
son corps dans la bataille, de mouiller sa chemise. Et, en cherchant dans la drogue du vertige la
promesse d’une adrénaline de plus en plus forte, il tente d’épuiser le monde et de s’épuiser luimême pour se sentir vivant.
Mais aucun rôle chez Molière qui ne porte en lui son propre clown et qui n’offre au public, l’occasion
de rire de lui. La comédie commence toujours dans la rencontre malheureuse de la théorie et de la
pratique. Celui qui a projeté de conquérir les autres mondes décide d ‘abord d’enlever une illustre
inconnue avec une petite barque qui fait immédiatement naufrage.
Dans ce tour du monde qui ressemble surtout à un tour sur lui-même, l’esquisse, l’instantané et
l’improvisation, font de la scène une arène où se succèdent des numéros interchangeables et surtout
imprévisibles.
La pièce met en scène, dans un chant d’une ambivalence permanente, des clowns qui font froid dans
le dos à force de manipuler joyeusement des idées noires. Devant la statue on peut rire comme Dom
Juan ou trembler avec Sganarelle. Ou les deux à la fois. Une pièce qui marche sur deux jambes. Le
rire et l’effroi. Pas l’un après l’autre mais simultanément.
Jean-François Sivadier
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JEAN-FRANCOIS SIVADIER
Né en 1963, ancien élève de l’école du Théâtre National de Strasbourg, Jean-François Sivadier
travaille d’abord comme comédien. Proche de Didier-Georges Gabily, il joue dans plusieurs de
ses spectacles, mais aussi sous la direction de Yann-Joël Colin, Alain Françon, Jacques Lassalle,
Laurent Pelly, Daniel Mesguich, Stanislas Nordey, Dominique Pitoiset, Christian Rist ou Serge
Tranvouez.
Il passe à la mise en scène et à l’écriture en 1997, année où il monte Italienne avec orchestre.
S’ensuit une série de spectacles créés pour la plupart entre 2000 et 2011 au Théâtre National
de Bretagne, dont Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, La Vie de Galilée de Brecht, La Mort
de Danton de Büchner, Le Roi Lear de Shakespeare (Festival d’Avignon, 2007), La Dame de chez
Maxim de Feydeau, Noli me tangere, dont il signe le texte et dernièrement Le Misanthrope de
Molière.
À l’opéra de Lille, Jean-François Sivadier a monté depuis 2004 un opéra tous les deux ans :
Madame Butterfly de Puccini, Wozzeck de Berg, Les Noces de Figaro de Mozart et Carmen de
Bizet. En 2011, le Festival d’Aix-en-Provence l’a invité à mettre en scène La Traviata, de Verdi.
Nicolas BOUCHAUD
Comédien depuis 1991, il travaille d’abord sous les directions d'Étienne Pommeret, Philippe
Honoré… puis rencontre Didier-Georges Gabily qui l’engage pour les représentations de Des
cercueils de zinc. Suivent Enfonçures, Gibiers du temps, Dom Juan / Chimères et autres bestioles.
Il joue également avec Yann-Joël Collin dans Homme pour homme et L’Enfant d’éléphant de
Bertolt Brecht, Henri IV (1e et 2e parties) de Shakespeare ; Claudine Hunault Trois nôs Irlandais
de W.-B. Yeats ; Hubert Colas, Dans la jungle des villes de Bertolt Brecht ; Bernard Sobel,
L’Otage de Paul Claudel ; Rodrigo Garcia, Roi Lear, Borges + Goya ; Théâtre Dromesko, L’Utopie
fatigue les escargots ; Christophe Perton, Le Belvédère d’Odon von Horvath ; Frédéric Fisbach,
Mademoiselle Julie d’August Strindberg avec Juliette Binoche ; Nicolas Truong, Projet Lucioles…
Jean-François Sivadier l’a dirigé dans : La Folle journée ou le Mariage de Figaro de
Beaumarchais, La Vie de Galilée de Bertolt Brecht, Italienne scène et orchestre, La Mort de
Danton de Georg Büchner, le Roi Lear de Shakespeare, La Dame de chez Maxim de Feydeau,
Noli me tangere de Jean-François Sivadier, Le Misanthrope de Molière…
Il a joué et mis en scène avec Gaël Baron, Valérie Dréville, Jean-François Sivadier et Charlotte
Clamens, Partage de Midi de Paul Claudel créé au Festival d’Avignon 2008. Il adapte et joue La
Loi du marcheur (entretien avec Serge Daney) mise en scène d’Eric Didry en 2010 au Théâtre du
Rond-Point et en tournée. Il met en scène Deux Labiche de moins pour le Festival d’Automne en
octobre 2012 ; il adapte et joue Un métier idéal, d’après John Berger et Jean Mohr, mise en
scène d’Eric Didry en 2013 à la Comédie de Clermont-Ferrand, au Théâtre du Rond-Point et en
tournée. Au cinéma, il a tourné pour Jacques Rivette Ne touchez pas à la hache, Edouard
Niermans, La marquise des ombres, Pierre Salvadori Dans la cour, Jean Denizot La Belle Vie…
Châteauvallon a présenté Le Misanthrope (Théâtre couvert -2013),
La vie de Galilée (Théâtre couvert -2014) de Jean François Sivadier
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