Adrien MORIN - Deux

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Adrien MORIN - Deux
Attractivité
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Adrien MORIN
et les automobiles TUAR
Adrien MORIN, à Thouars, au volant (alors à droite) d’une TUAR C3 en 1922, en compagnie de Louis POUPARD. Le véhicule n’a pas
encore son pare-brise, ses phares et sa capote.
Thouars détient le rare privilège d’avoir un nom mondialisé grâce à un étage géologique dénommé le "toarcien". Mais Thouars aurait pu aussi acquérir une notoriété internationale
grâce à une automobile, la TUAR, née d’un inventeur thouarsais, Adrien MORIN.
N
é en 1880, Adrien MORIN
aurait dû devenir notaire,
comme son père qui tenait une
étude près de Thouars, à Brion
sur Thouet. Malgré des études
de droit, il préfère rejoindre
un cousin deux-sévrien à Paris,
Gustave CORNILLEAU, ingénieur
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dans l’automobile. C’est là qu’il
apprend tout sur l’automobile,
de la mécanique aux fournisseurs de pièces, en passant
par le bureau d’études ou le
commerce. Il finit par devenir
concessionnaire exclusif des automobiles Cornilleau et Sainte
Beuve, puis directeur d’une
société parisienne spécialisée
dans la construction de voitures
taxis, avant d’acheter en 1909
un garage à Boulogne sur Seine.
De Paris à Thouars
Dans son garage, Adrien MORIN
La "TUAR"
Les raisons du choix de ce nom
ne sont pas assurées. A l’époque,
de nombreux constructeurs
reprenaient leur nom, comme
Gaston BARRE à Niort, mais celui de MORIN avait, semble-t-il,
déjà été utilisé. Il choisit donc le
nom de Thouars, sa ville, mais
en adoucissant la prononciation.
Dans son garage thouarsais,
il recourt à des châssis et des
moteurs qu’il fait monter par
ses mécaniciens et sort ses premières TUAR, surtout vendues à
des amis. Pendant la guerre 1418, son garage est réquisitionné
pour fabriquer des obus, une
fois celle-ci achevée, il se lance
dans l’assemblage de nouveaux
modèles dont il fabrique la carrosserie, les TUAR B1, B2 et B3.
En 1921, il s’agrandit dans un
autre bâtiment à quelques rues
et l’effectif atteint 35 personnes,
de contremaître à mécanicien,
en passant par comptable, me-
Les compétitions sportives
S’étant pris de passion pour la
course automobile, sa première
voiture de course, la C1, dotée
d’une suspension compensée,
est mise au point en 1921. Il
participe alors avec son mécanicien à une coupe internationale
au Mans (qui deviendra les 24
heures du Mans en 1923).
Concurrencée par Peugeot, Renault ou Citroën, la TUAR se
vend moins dès 1922. Adrien
MORIN décide alors de miser
encore plus sur les courses automobiles pour se faire de la
publicité. Doté d’une carrosserie réalisée par son carrossier
thouarsais, avec un nouveau
modèle de voiture, peint en
bleu, il participe au meeting de
La Baule en 1922, où, avec des
pointes à 125 km/h, la TUAR se
classe 1ère de sa catégorie. Au
meeting des Sables d’Olonne en
1924, il se classe à nouveau 1er,
devançant une Bugatti ! Mais la
renommée acquise ne suffit pas
pour doper les ventes, Adrien
MORIN se retire de la fabrication de la TUAR à 45 ans et
cède le Garage Moderne à son
contremaître et son chef mécanicien.
Après seulement sept années
de fabrication pour environ 150
exemplaires, une seule TUAR est
?
s
exposée au "Tuar Automobile
Club", crée par des passionnés à
Thouars. Daniel FOUCHEREAU,
fils d’un mécanicien
d’Adrien MORIN, et
auteur chez Geste
éditions d’un ouvrage exhaustif sur
sa
v oir p
l’histoire singulière
d’Adrien MORIN et de
la TUAR, en est le président.
lu
nuisier ou ajusteur. Atout décisif, la carrosserie peut être
adaptée aux désirs du client,
ce qui attire une clientèle diversifiée, médecins, industriels,
commerçants... Des TUAR se
vendent même au Maroc.
En
y accueille un ami qui fabrique
"un amortisseur de chocs". Il y
développe ensuite une marque
de pneus, Mondian, puis devient agent exclusif des véhicules Vinot-Deguingand pour
l’ouest de la France. Pour se développer, cette société lui propose de construire une usine à
Thouars où il achète un terrain,
et s’installe à Brion sur Thouet
quand son Garage Moderne
est achevé en 1913. Dès cette
époque, il construit et répare
des voitures et bicyclettes qu’il
dénomme "TUAR".
L’autre Adrien MORIN
Hormis être l’exceptionnel constructeur des automobiles TUAR, Adrien
MORIN est devenu ensuite assureur à Thouars,
expert automobiles, puis
juge de paix. Mais il s’est
fait connaître davantage
à Thouars comme conservateur du musée, qu’il a
équipé de vitrines fabriquées à ses frais par les
menuisiers de son garage.
Connu également comme
organisateur de fêtes
sportives et de spectacles
en plein air, c’est, enfin,
un historien local reconnu, auteur d’une "Histoire
de Thouars et du Pays
Thouarsais". Il finit ses
jours à Bordeaux en 1968,
à 88 ans
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