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NADIA ROZ, LA BELLE AU BOIS RIANT Le 23 octobre 2012 par Lou Mamalet On savait que les filles étaient chiantes, exigeantes, indécises mais surtout elles sont drôles ! L’humour est en phase de devenir un territoire de plus en plus féminin. Après le sacre récent de Florence Foresti, on assiste désormais à l’arrivée d’une nouvelle génération de girls power au verbe corrosif et à la réplique cinglante (Bérangère Krief, Julie Victor, Emma Gattuso, Joséphine Drai, Audrey Vernon, Shirley Souagnon) mais aujourd’hui c’est de Nadia Roz dont il s’agit. Déterminée, cette jeune femme originaire de Colombes n’a pas eu peur de s’accrocher à ses rêves. Après une licence d’art du spectacle à la Sorbonne -et un détour pour se consacrer à une autre de ses passions : payer son loyer- elle commence à écrire des sketchs sur les choses qui l’inspirent. Depuis, elle a fait un petit bout de chemin et se produit tous les soirs, du mercredi au dimanche, avec son spectacle au théâtre le Temple. C’est un plaisir de la voir détourner en dérision les aléas quotidien: le chômage, les mecs, les régimes. Ce qui donne lieu à des analogies burlesques mais criantes de vérité comme ce parallèle qu’elle établit entre les hommes et les salles d’un multiplex de cinéma : film d’auteur (ennuyeux à souhait), film d’horreur (l’ex de retour)...à bon entendeur ! Sur scène, elle danse, elle chante et se transforme, sautant du coach sportif, à la fille siliconée en passant par la gentille racaille qui parle en verlan. Un vrai caméléon scénique. Nous l’avons rencontrée. Paulette : As-tu toujours voulu être comédienne ? Nadia Roz : Depuis toute petite je voulais être sur scène, j’ai fait du théâtre de 8 à 18 ans mais j’ai mis du temps à me décider. Pour être sérieuse, j’ai entrepris des études avec une licence en art du spectacle option cinéma. À ce propos, j’ai lu que tu avais présenté une thèse qui a été refusée et selon laquelle la pensée d’Eve Angeli était trop présente dans l’esthétique contemporaine actuelle. C’est un gros fake ? Nadia Roz : Zut ! Je me suis fait démasquée ! Evidemment c’était un gros fake, en réalité j’avais présenté un rapprochement entre Renoir et Chaplin mais j’ai du abandonner pour payer mon loyer et travailler. Comment as-tu réussi à revenir à la scène alors que tu faisais des petits jobs pour t’en sortir financièrement ? J’ai fait les choses dans un ordre qui est le mien, j’ai arrêté de travailler et je me suis donnée un an pour essayer de voir si j’arrivais à vivre de ma passion. Tout a fonctionné très vite et, en un an, j’ai réussi à avoir le statut d’intermittent. Maintenant ça fait 4 ans et je n’arrête pas. Comment as tu commencé la scène ? J’ai commencé avec des scènes ouvertes comme le Chinchman Comedy Club ou le FIEALD au Trévise ; il s’agit de scènes sans auditions où tu peux passer 5 min de ton sketch et c’est le public qui tranche. J’ai testé tous mes sketches de cette manière. C’est une opportunité géniale de faire des rencontres, de trouver des salles pour jouer ou des contacts sur des plateaux. "À MA PREMIERE REPRESENTATION IL Y AVAIT TOUTE MA FAMILLE" Quelles ont été tes premières scènes ? Je m’en souviendrai toujours, c’était la petite loge avec 27 places. À ma première représentation, il y avait toute ma famille, environ 60 personnes et tout le monde était debout. Puis j’ai joué au café théâtre populaire dans le 20ème. C’est à cette époque que j’ai rencontré mon producteur, j’ai commencé à jouer à la Comédie des 3 bornes puis au Théâtre le Temple aujourd’hui. Comment procèdes-tu quand tu écris tes textes ? J’ai un petit carnet que j’amène toujours avec moi et dans lequel je note des choses qui m’amusent. Chez moi ne part pas de la vanne mais toujours d’une situation ou d’un message que je veux faire passer. Ensuite, on va habiller le personnage, le rendre plus caricatural. Dans ton spectacle, il y a le personnage de Zumetta, une femme voilée et coach sportif pour les femmes domestiques. En ce contexte un peu touchy en termes de religion, tu n’as pas peur de la réaction du public ? Non pas du tout, je pense que chaque religion doit pouvoir rire d’elle même et je suis moimême issue d’une famille magrébine. On a beaucoup la culture du rire, alors je ne me pose pas la question et à ce jour je n’ai encore jamais eu de retours négatifs. Tu écorches pas mal les mecs dans ton spectacle, quel est ton pire souvenir ? Une seule chose est entièrement autobiographique dans mon spectacle, c’est la salle 13 du multiplex avec "l’ex qui ne meurt jamais". Ce sentiment de recevoir un texto d’un mort vivant est sûrement un de mes plus drôle/pire souvenirs. Je reçois encore des textos aujourd’hui et je peux l’affirmer "il ne meurt jamais !" Que peut-on attendre de toi dans le futur ? Déjà souhaitez-moi d’être une comédienne qui s’épanouit et s’éclate dans son travail. Ensuite j’ai des petits projets audiovisuels et j’ai aussi un spectacle avec mes copines du Connasse Comedy club Tu peux nous en dire un peu plus ? Le Connasse Comedy club, c’est 4 filles qui font du one woman show, 4 copines qui se sont rencontrées sur plateau d’humoriste et qui, à force de se raconter leurs expériences ont eu envie de se rencontrer sur scène. Le spectacle est construit avec des extraits de nos spectacles respectifs puis des interactions à plusieurs entre chaque sketch. Pour finir et pour résumer un peu tous les personnages de ton spectacle, quel conseil donnerais-tu aux filles d’aujourd’hui au chômage et sans mecs pour garder la flamme ? Je leur dirai de garder la flamme et pas la flemme, de savoir ce que l’on veut et ensuite de travailler très fort pour l’obtenir. Mais surtout de garder le sourire car on reçoit ce qu’on revoit.