Dossier de presse

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Dossier de presse
Dossier de presse
Exposition du 2 juillet au 28 août 2016
Vernissage le samedi 2 juillet de 18h à 21h
Chapelle du Genêteil, rue du Général Lemonnier
entrée libre du mercredi au dimanche de 14h à 19h
T. 02 43 07 88 96
Rendez-vous avec le commissaire d'exposition
Bertrand Godot, directeur du service art contemporain du Carré et commissaire de l'exposition
vous accueille à la Chapelle du Genêteil le mercredi 24 août et le dimanche 28 août de 14h à
19h.
Les débuts de Nina Childress sur la scène punk alternative parisienne avec le groupe
Lucrate Milk puis avec le collectif de peintres Les Frères Ripoulin expliquent peut-être la
subversion d’une œuvre qui se développe depuis plus de trente ans.
Ses expositions personnelles sont toujours des expériences perceptives. Elle conçoit des dispositifs
pour montrer ses tableaux et bouleverser le traditionnel rapport au mur. Le recours possible à
la vidéo, au son, à des objets ou des rideaux fluorescents transforme le lieu d’exposition en un
théâtre. Les peintures en sont les acteurs immobiles.
Contact presse : Christine Oudart T. 02 43 09 21 63 / [email protected]
Visuels sur demande
Pôle Culturel des Ursulines - 4 bis rue Horeau
53200 Château-Gontier
T. 02 43 09 21 52 / www.le-carre.org
NINA CHILDRESS, LE REQUIEM DU STRING
MORT & LINGERIE
Quels ingrédients s’agrègent dans ce curieux titre d’exposition, Le Requiem du string ?
Nina Childress, qui se déclare allergique à toute religion, réagit à la grande chapelle du Genêteil qui
l’oppresse comme un mausolée. Alliant salve comique et catharsis, elle choisit d’associer un joli terme
chrétien à un anglicisme évocateur, aux connotations laïques et fessues. Lorsque la prière s’adresse à
un sous-vêtement, c’est tout de suite moins grave, plus drôle. L’exposition se laisse présager comme un
cocasse service funèbre, où le string qui nous a tristement quittés laisse les corps plus libres. Sur le carton
d’invitation, Nina Childress trace de son écriture souple le mot Requiem avec un gros Q. La messe est dite.
BORDEL
À l’intérieur de la chapelle, c’est le chaos : des plaques de Placoplatre verdâtre côtoient pêle-mêle des
cimaises blanches, dans un parcours anarchique tout en collisions obliques et précaires équilibres. De
grandes bandes de papier dégringolent du plafond, éclaboussant l’espace au passage de leur couleur
vert fluo. Ajoutez à cela le sol de tomettes caramel et le crépi beigeasse des murs, et le ton de cette
mise en scène est donné : une violente discordance, exprimé par des matériaux frottés abruptement les
uns aux autres. Un tel écrin d’entrechocs pourrait nuire à plus d’une peinture : mais les tableaux de Nina
Chidress en ressortent émoustillés, parachevant le scénario d’une exposition-guérilla, emmenée par une
armada fluo de filles légères.
GOOD VERSUS BAD
Dans cette scénographie offensive, Nina Childress « installe » sa peinture. Car au-delà du dispositif
d’accrochage, l’artiste instaure une approche singulière de l’œuvre, invitant à poser un double regard
sur une succession de doubles tableaux. Depuis quelques années, par intermittence, l’artiste produit en
effet des duos qui dérapent : elle commence par élaborer une version qu’elle nomme good, à savoir
fidèle au document photographique à partir duquel elle travaille. De cette composition photoréaliste,
Nina Childress tire alors une version bad, qui intègre de multiples possibilités de glissement vis-à-vis de la
version première. Un traitement BD, une réminiscence d’action painting, des déformations monstrueuses,
l’extraction d’un détail, des simplifications graphiques, quelques coulures ou de croûteux empâtements :
l’artiste s’autorise tout, et de toutes les manières, sans jamais être prisonnière d’un style, et en les
exacerbant tous à l’extrême.
MÉCHANTE
Séduisants, les tableaux de Nina Childress intègrent toutes les directions de la peinture sans en favoriser
aucune, ils épousent une diversité concomitante1, où le bien peint et le mal peint se regardent, tout
comme la période vache de Magritte ou les Monstres de Picabia se mesurent au reste de l’œuvre. Ces
confrontations, qui font trembler les notions de bon et de mauvais goût, structurent la progression dans
l’exposition : les good paintings viennent souvent s’offrir au regard avant les bad paintings, qui par
surprise surgissent au verso des premières, en oblique, ou légèrement en retrait sur l’espace latéral. Dans
ce va-et-vient, Nina Childress se réinvente et se bat : elle donne en spectacle la liberté plastique de
son médium, elle accentue aussi beaucoup sa méchanceté. Un credo : peindre salement, pour intensifier
encore la dimension grinçante et désagréable déjà présente dans les good paintings. Laisser venir la
cruauté, l’impudique, l’étrange.
APARTÉ (N’IMPORTE QUOI, COMMENT)
À la question « Peut-on peindre n’importe quoi ? », Nina Childress répond : « Oui, oui, oui, on peut
peindre n’importe quoi et j’aurais même tendance à penser qu’il vaut mieux peindre n’importe quoi si l’on
veut que la peinture reste un peu excitante.
Le n’importe quoi est comme le bon goût, il varie pour chacun. Cette question relève du rapport que l’on
entretient avec ses limites. Les limites sont rassurantes, permettent de ne pas se disperser, d’être efficace
avec le risque de s’ennuyer. Contourner, transgresser ses limites est souvent une aventure avantageuse.
J’espère que le n’importe quoi englobe aussi le n’importe comment car en peinture, la question du sujet me
semble plus ouverte que celle de la manière, dont le peintre est souvent l’otage. Pour parvenir à ce cher
n’importe quoi, je garde en tête la maxime de Martin Kippenberger : "un artiste qui s’oppose à lui-même
garde les meilleures chances de parvenir à un résultat." »2
IDENTIFICATION DES CORPS
Longtemps, Nina Childress s’est retenue de peindre des corps, à une époque où ce n’était pas assez
conceptuel, à une époque où la peinture était elle-même considérée de manière circonspecte3. Le corps
nu semblait alors motif pictural tabou : l’artiste a commencé à le peindre par le biais de jouets ou de
petites statuettes. La statue, pour elle, fut la possibilité d’un retour à la figure.
Dans l’exposition sont justement présentées quelques statues, mais surtout de nombreuses femmes et
quelques hommes. Tous proviennent du cinéma d’exploitation américain des années 60. La plupart des
films photographiés par Nina Childress sont des nudies, qui mettent en scène des corps nus dans le but
d'exciter le voyeurisme du spectateur, avec des prétextes scénaristiques récurrents, comme le camp de
nudistes, l’atelier de l’artiste avec son modèle ou le quotidien d’une danseuse de cabaret. D’autres images
sont extraites de mondo movies, caractérisés par une approche pseudo-documentaire très crue, dont le
choix des images trahit l’ambition racoleuse, à grand renfort d’exotisme, de sexe et de violence. Dans ce
vaste vivier de récits anémiques, d’acteurs approximatifs et de décors bricolés, Nina Childress a prélevé
des scènes énigmatiques, où l’érotisme, le kitsch, le malaise et le comique involontaire font souvent bon
ménage. De cette genèse filmique low culture au cadrage photographique, de la version good à la
version bad, la peinture s’affirme en une succession de déplacements, autant d’étapes d’appropriation et
de lâcher prise pour mieux saisir le corps.
ÉROTISATION
La couleur joue ici un grand rôle : par l’usage des peintures fluorescentes, Nina Childress exacerbe les
sensations, façon peplum Technicolor. Cette palette ardente ne doit pas occulter le lent travail qu’effectue
l’artiste sur une très ancienne problématique, la frontière entre la forme et le fond, cette limite qui
taraude les grands peintres, ceux qui aspirent à peindre et dessiner en même temps. Dans les jus ou les
pâtes, dans le « peu peint » ou l’accumulation des couches qui se focalise plutôt sur la représentation des
corps, Nina Childress explore la magie de la peinture à l’huile, ses possibilités illusionnistes de relief et de
profondeur. Dans ses tableaux, l’examen des lisières entre corps et décor s’avère profondément sensuel :
la technique picturale se met au service du fantasme, les peaux palpitent, le désir circule.
FONDU AU NOIR
Les peintures de Nina Childress n’aiment pas le noir : dans l’exposition, cette non-couleur est pourtant présente,
au fond de la chapelle. L’artiste met en scène une pièce produite en 2009, La Barre noire, monolythe en forme
de cercueil ou de banc, objet lisse peint au pistolet, posée sur l’extrémité d’une bande de papier vert fluo qui
chute du plafond, comme s’il était lui aussi tombé du ciel. Intrigante, cette stèle funéraire renvoie peut-être à
un autre objet fictionnel, le volume noir du film 2001, l’Odyssée de l’espace, où Kubrick joue avec la puissance
lumineuse d’un mystérieux parallélépipède sombre.
Cette surface obscure est en accord avec le tableau présenté à proximité : une série de sculptures blanches
qui se détachent sur un fond noir travaillé à partir de pigments de noir d’oxyde, un noir plutôt chaud, comme
pour réinsuffler la vie dans cette évocation ambiguë de la création et de la mort, que l’artiste commente en ces
termes : « Nous, artistes des arts visuels, contrairement aux artistes des arts vivants, produisons des objets d’art
morts, des choses que j’appelle « l’hors-de-soi », et leur corollaire serait à mes yeux la malédiction du stockage.
Cette Barre noire représente tout cela, la mort, mais aussi la création. »4
PRINCIPE DE PLAISIR
À Château-Gontier, Nina Childress accueille le visiteur avec Pull, une scène de mise à nu, où le désir scopique
s’intensifie dans la couleur rouge ; avec Petit rideau rose, tableau placé en fin de parcours, l’artiste confirme la
portée érotique de son propos, dans le spectacle d’une danseuse en string vue de dos, qui se dirige vers une
béance sombre, évocation d’un hors-champ mortifère. Entre ces deux pôles, des strip-teases fantasmatiques,
des hommes souvent habillés, des micro-scénarios incongrus où les femmes apprennent à danser ou discutent
dévêtues autour d’une plante, et une Barre noire : « La dynamique de l’érotisme s’articule autour d’un point
central qui est la mort, autour de laquelle elle s’enroule — tel un cyclone autour de son œil — aspirée vers lui
en spirale ascendante (…) Elle n’est qu’une infinie variation sur la peur de se dissoudre. »5 Ce que tissent les
œuvres de Nina Childress, souvent sur le ton de l’humour, c’est précisément ce lien entre désir et peinture. Entre
le médium (la peinture) et le sujet (Eros), une forme de fusion opère : la peinture rejoue la violence érotique,
ses embrasements doux ou excessifs, et s’arrache sans cesse au confort de l’identité (stylistique) pour éprouver
l’Autre. Dans cette joyeuse vitalité du désir, la mort projette impassiblement son ombre portée : la peinture,
« petite mort » qui aurait le pouvoir de conjurer la grande ?
Eva Prouteau
Notes
1 – Nina Childress s’est beaucoup intéressée à Gerhard Richter qui lui aussi expérimenta cette manière de travailler plusieurs styles
en même temps.
2 – Extrait de Entretien sur la peinture, par Aude Launay et Clotilde Lataille, in catalogue Une exposition de peinture, 2009.
3 – Les décennies 80 et 90.
4 – Entretien avec l’auteur, 20 mai 2016.
5 – Agnès Giard, De quoi Éros est-il le nom ? , Revue 303 n°131, 2014. Un autre extrait de ce texte pourrait éclairer les œuvres
de Nina Childress, où peinture et désir deviennent synonymes : « Le désir, tentative de suspendre la vie ? Une stratégie dérisoire,
peut-être, mais c’est la seule que nous ayons trouvée et voilà probablement pourquoi nos formes d’érotisme reposent aussi souvent sur
l’idée de l’obstacle : interposer des couches entre soi et le corps de l’autre, interposer des murs, des écrans, des serrures, des culottes, des
espaces qui séparent et des grammaires conventionnelles de geste et de postures faites pour travestir le désir même, voilà à quoi nous
passons pratiquement toute notre vie…dans l’espoir que cela repousse le moment de la FIN. »
BIOGRAPHIE
Nina Childress est née en 1961. Elle vit et travaille à Paris. ninachildress.com
IElle est représentée par la galerie Bernard Jordan (Paris) www.galeriebernardjordan.com
EXPOSITIONS INDIVIDUELLES
2013
Galerie iconoscope, Montpellier
Heinz Martin Gallery, Berlin
2012
Umriss, Galerie Bernard Jordan , Zurich
2011
L’effet sissi , mamco, genève
L’enterrement, Galerie Bernard Jordan, Paris
2010
Die grüne kammer, Galerie Heinz-Martin Weigand, Karlsruhe
La fille verte, Galerie de l'Ecole d'Art, Valence
2009
En première loge, Galerie Apdv-Yvon Nouzille, Paris
Détail et destin, Mamco, Genève
La Haine de la peinture, Frac Limousin, Limoges
Tableaux / bilder, Galerie Bernard Jordan; Zurich
2008
RVB, Galerie iconoscope, Montpellier
2007
Nina Childress, Galerie Bernard Jordan, Paris
Nina Childress, Frac Limousin hors les murs, Théâtre de l’Union
2005
Peintures abstaites, Galerie frontières, Lille
2004
Mes longs cheveux…, Galerie artra, Gênes, Italie
2003
Mes longs cheveux…, Galerie Eric Dupont, Paris
2002
Blurriness, Galerie Artra, Milan et Gênes, Italie
2001
Blurriness, Galerie Eric Dupont, Paris
2000
Blurriness, Galerie Domi Nostrae, Lyon
1998
Hair Pieces, Galerie les Singuliers, Paris
Espace, Gustave fayet, Férignan
1996
Nina Childress, Galerie Philippe Rizzo, Paris
1993
Savons, Galerie Jennifer Flay, Paris
1992
50 Bonbons agrandis 50 fois, Galerie de l’horloge, Paris
1991
Exposition pour chiens et pigeons, Galerie Le Bail Viaud, Paris
1987
L'art aménagé, Galerie L’aire du Verseau, Paris
1984
Nina en Bretagne, Galerie Arlogos, Nantes
EXPOSITIONS COLLECTIVES
2013
Ricochet, Galerie Municipale Jean Collet, Vitry sur Seine
2012
Drawing Room, Carré Saint Anne, Montpellier
Biens communs II, Mamco, Genève
Pavillon, Galerie Domi Nostrae, Lyon
Peinture Surface, L.A.C., Sigean
Le spectacle de la nature, Domaine Départemental de la Garenne Lemot, Clisson
2011
Paillettes, prothèses, poubelles, (avec Anita Molinero et Emmanuelle Vuillard), Sala San Miguel, Fundacion Caja
de pensiones, Castellon de la palna, Espagne
Si loin si proche, L'imagerie, Lannion
Femme objet femme sujet, CAC, Caymac
3 Jahre Zürich, Galerie Bernard Jordan, Zürich
Courbet contemporain, Musée des Beaux-Arts, Dole
Hello good bye thank you, again and again, Galerie Castillo Corrales, Paris
Round and round and round (part 2), Parc culturel de Rentilly, Cussy saint martin
En satellite, Galerie du XXème siècle du Musée des Beaux Arts, Valenciennes
Ecce hommo ludens II, Musée suisse du jeu — la tour de peilz
2010
Brune/blonde, Cinémathèque Française, Paris
Tenir debout, Musée des Beaux Arts, Valenciennes
Laisse Les Gondoles (avec Didier Trenet), Galerie iconoscope, Montpellier
Le carillon de Big Ben, Credac, Ivry
Des jeunes gens modernes, Espace art 22, Bruxelles
Parade, Collection du Frac IDF sur les routes de france
Gruppenausstellung, Galerie Bernard Jordan, Zurich
Jeunes pousses, Frac Languedoc Roussilon, Montpellier
2009
Modern young people, Galerie Agnès B., Hong Kong
Les Réalismes, Masp, Sao Paulo, Musée de Porto Alegre
Les Années 80 second volet, Le Magasin, Grenoble
Galerie Bernard Jordan, Paris
Une Exposition de peinture, Zoo Galerie hors les murs, Nantes
2008
Des jeunes gens modernes, Galerie Agnès B., Paris
La Dégelée Rabelais/ Imago mundi, Galerie iconoscope, Montpellier
HangART 10, Salzburg, Autriche
2007
Frac Ile de France, Epinay-sous-sénart, Arcueil
Photopeintries, Frac Limousin, Limoges
2006
Exposition avec Lilian Bourgeat, Frac Languedoc Roussillon, Montpellier
Chauffe, Marcel !, Frac Languedoc Roussillon, Montpellier
Portobello film festival, Londres, Royaume Uni
2005
Ici aussi? Frac Bretagne, Chapelle St Mathieu, Morlaix
Affichage, Portobello film festival, Londres, Royaume Uni
2004
Du corps à l’image, Fondation Daniel et Florence Guerlain, Les Mesnuls
Recall, Manufacture des Oeillets, Ivry
I grandi magazzini dell’arte, Palazzo delle papesse, Sienne, Italie
2003
Crânes, Galerie Domi nostrae, Lyon
2002
Peintures, Ecole des Beaux-Arts, Rennes
Collections parallèles, Musée d’art contemporain, Rochechouart
Céramiques d’artistes 2, Musée ariana, Genève, Suisse
2001
L'experience du paysage, Frac Bretagne, Trévarez
Attese, Albissola, Italie
King size, Musée des arts modestes, Sète
2000
Comme par enchantement, Centre d’art contemporain, St Priest
L’ascension du mont ventoux, Galerie Eric Dupont, Paris
Made on Mars , Glassbox, Paris
Fait main, Musée des arts modestes, Sète
1999
Accrochage abstrait, L’aquarium, Paris
Galerie Eric Dupont, Paris
Images à voir, images à lire II, La ferme du buisson, Noisiel
COLLECTIONS PUBLIQUES (sélection)
Frac Bretagne
Frac Ile de France
Frac LimousinV
Frac Languedoc Roussillon
Mamco
Ville de Sérignan
Ville de Valognes
Ville de Dôle
Fond cantonal d'art contemporain de Genève
Pôle Culturel des Ursulines - 4 bis rue Horeau
53200 Château-Gontier
T. 02 43 09 21 52 / www.le-carre.org