6 - Formes
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Protection des matériaux L’architecte et la mer Quartier de l’innovation Inciter le dialogue V6 N3.10 POSTE PUBLICATION 41060025 6,96 $ CAN ARCHITECTURE VIRTUELLE N’hésitez pas : mettez-nous au défi! Les panneaux et solins métalliques de Vicwest vous proposent une liberté totale de conception pour donner à tout bâtiment la finition qui le distinguera des autres. Avec des investissements considérables dans des installations Les possibilités de conception sont, pour le moins que l’on puisse dire, illimitées. clés d’un bout à l’autre du pays, nous pouvons vous offrir des bordures de toit, avant-toits et systèmes de gouttières dissimulés, avec rebords arrondis. Et qui plus est, dans une grande variété de matériaux et de finis. Communiquez avec l’équipe de concepteurs de Vicwest ou visitez notre site vicwest.com et cliquez sur « Design ». vicwest.com La section Réalisations explore de nombreux projets. C’est l’occasion de révéler les noms des lauréats du premier gala du Prix d’excellence cecobois. Ces projets se démarquent dans ses composantes structurelles, architecturales et innovantes. Notre spécialiste en art public, Jean de Julio-Paquin, propose une entrevue avec Pier Chartrand, qu’il présente comme un architecte du virtuel. Une exploration ludique dans un monde imaginaire, mais pas si éloigné de la réalité. Dans le même ton, Martin Lessard nous entraîne dans l’univers de la lumière et des formes avec des réalisations de Lightemotion. Toujours dans le domaine de l’art, Martin fait le pont entre architecture et art avec le compte rendu de deux activités tenues en marge du Festival international du film sur l’art. La mer est aussi source d’inspiration. Valérie Levée propose une incursion aux îles de la Madeleine avec l’architecte Olivier Bourgeois. Elle constate : « La mer ne façonne pas uniquement le paysage côtier, elle forge aussi l’architecte. » Dans un contexte plus urbain, un autre texte de Martin Lessard propose une tournée de la prochaine Maison du développement durable d’Équiterre. Ici, l’architecture se veut éducative. Toujours dans la foulée de l’innovation, l’École de technologie supérieure mise sur un quartier de l’innovation pour dynamiser tout un quartier en périphérie du centre-ville de Montréal et aussi pour confirmer sa relation étroite avec l’industrie. Enfin, notre regard vers l’étranger se pose sur la réhabilitation d’un fleuron de l’architecture industrielle du XIXe siècle : la chocolaterie Menier en banlieue de Paris. Quant à la section Matériaux, on y trouve une présentation en deux temps sur des techniques de protection des matériaux contre la corrosion et contre la pourriture. Bonne lecture! Claude Paquin Éditeur Serge Beaucher pratique le journalisme depuis plus de trois décennies, dont les 15 dernières années comme pigiste pour de nombreuses publications. Ancien rédacteur en chef du magazine de vulgarisation scientifique Forêt & Conservation (aujourd’hui disparu), il est spécialisé dans les domaines de l’environnement et des sciences naturelles. Il fait aussi des excursions régulières dans le monde des finances, en éducation, en habitation et dans l’industrie du bois, notamment pour le journal Construire en bois dont il est un collaborateur. En plus de ses articles pour des publications, il fournit des textes à différents organismes et ministères. Dans ce numéro, il traite d’un secteur qu’il connaît particulièrement bien : la matière ligneuse. Son texte présente des méthodes de protection du bois dans la réalisation du bâtiment ainsi que de nouvelles possibilités qu’offre le Code du bâtiment pour ce matériau. Prix de la relève Magazines du Québec Valérie Levée a un nouveau jalon sur son parcours atypique! On vous a déjà présenté Valérie. Docteure en biologie végétale, elle bifurque vers le journalisme après dix ans de travail en laboratoire à explorer le génome des plantes. Elle a commencé ses collaborations au magazine FORMES à la fin 2008 (volume 4, numéro 4) avec un texte remarqué et au sujet original : la relation architecture et faune ailée. Son deuxième texte (volume 5, numéro 1) sur le réaménagement de la rivière Saint-Charles, ainsi que deux autres productions pour Québec Oiseaux et Découvrir, ont attiré l’attention du jury des Grands Prix 2010 de Magazines du Québec, qui lui a décerné le Prix de la relève. Félicitations! Pour cette édition, on appréciera deux contributions de notre journaliste-biologiste. Pour le dossier, Valérie a exploré le dédale des politiques de développement durable. L’autre texte nous entretient de la relation entre l’architecte et la mer. v6 n3 - 2010 N otre collaboratrice Valérie Levée relève clairement un certain fouillis dans le populaire et galvaudé terme « durable ». Plongée dans l’univers des politiques de développement durable dans le cadre du dossier du même nom, Valérie se demande si un fil conducteur guide les nombreux intervenants publics sur le chemin du développement durable. Rien n’est moins sûr! Certes, les initiatives sont fort louables et la volonté manifeste, comme le démontrent, notamment, les propos des porteurs de dossiers aux villes de Québec et de Montréal. Toutefois, certaines voix s’inquiètent de l’apparente difficile harmonisation entre les plans d’action et leur application. On aurait intérêt à évaluer cet enjeu fondamental comme un tout, de façon coordonnée, plutôt qu’une mise en œuvre à la pièce. On pourrait s’inspirer de la démarche de concertation de Mission Design. On constatera les résultats à plus long terme, mais la démarche est intéressante. Le nouvel organisme vise à propulser l’industrie du design en misant sur les forces du milieu. Pour ce faire, l’organisme s’est structuré de façon à être à l’écoute du milieu, d’associer ce dernier au processus et d’agir. Un conseil d’administration bien garni, présidé de plus par Jean-Paul L’Allier, ainsi que la mise en œuvre d’une table de concertation pour pousser idées et projets constituent des indices forts favorables. Le lancement officiel de Mission Design le 11 mai dernier a permis de sonder les intentions et surtout les attentes élevées. De sa plume efficace, Serge Filion fait un état de la situation avec des interventions bien senties, parmi lesquelles celles de Renée Daoust et de Jean-Paul L’Allier. Il y a aussi un parallèle à faire avec l’initiative de Design Montréal d’ouvrir son activité « Portes ouvertes » à la clientèle des donneurs d’ouvrage, permettant ainsi de les mettre en contact avec les concepteurs dans un autre cadre qu’un appel de service. Ceci afin que tout un chacun comprenne le rôle de l’un et de l’autre et qu’on réussisse enfin à démystifier l’intervention des professionnels, car force est de constater qu’il existe une profonde incompréhension et méconnaissance de l’architecture et du design de qualité et durable. - Un tout! formes de Vicwest mot de l’éditeur architecturaux Une entière liberté de design collaborateurs Panneaux 3 RBQ: 8256-5821-32 index Conseil régional de l’environnement........................18 Convercité.................................42 Corbec.................................44, 47 Daoust Lestage............................8 Demilec.....................................50 Dow..........................................50 Drytec Trans-Canada................44 Équiterre....................................41 ÉTS.............................................42 FABG...........................................8 Festival international de jardins...................................30 FIFA...........................................30 Fondaction CSN.......................41 Gaz Métro.................................11 Groupe Canam...........................9 Hydro-Québec............................4 ICCA..........................................45 IFLA...........................................12 Innovitech.................................42 Jardins de Métis........................30 Jeldwen......................................50 Kawneer..................................C-4 L’Arsenal....................................25 Lambert Multimédia.................25 Langlois Kronstom Desjardins..................................12 Lemay et associés.................... 5, 8 Lightemotion............................32 London Fog...............................26 Lucion Média............................28 Lumigroup................................14 Maison & Objet........................37 MDDEP.....................................17 MDEIE.......................................42 Mehio Fadi................................35 Mission Design............................8 Monuments historiques de France........................................35 Musée d’art contemporain de Montréal....................................33 Nestlé France.............................35 OAQ......................... 16, 22, 31, 39 OUQ..........................................10 Oxyde Média.............................28 Peinture Jacques Drouin...........44 Pôle Québec ChaudièreAppalaches................................23 Quartier des spectacles.............33 RBQ...........................................48 Reichen et Robert......................36 Rust-Anode...............................44 Sauvestre et Considère..............36 Soprema..............................14, 19 SSQ Immobilier........................14 Tnemec......................................44 UMQ..........................................12 Université de Montréal....... 22, 30 Université McGill......................30 UTB...........................................35 Vicwest....................................C-2 Ville de Montréal......................... ........................... 12, 14, 18, 21, 29 Ville de Noisiel..........................34 Ville de Québec.........................16 Dallaire Michel............................8 Dansereau Pierre.......................10 Daoust Renée..............................8 Demers Clément.........................8 DeSousa Alan............................18 Drysdale Michel........................44 Dufour Alain...............................8 Filion Serge................................16 Fotopoulos Helen......................12 Frenette Caroline................ 22, 46 Gaucher David..........................27 Gauthier Éric...............................8 Jemtrud Michael.......................30 L’Allier Jean-Paul......................10 Lagacé Jacques...........................41 Landin Bo..................................30 Landry Annie............................39 Laplante Laurent.......................10 Latek Irena.................................30 Lemay Louis T.............................8 Lestage Réal.................................8 Magnan Marie-Christine..........16 Menier Jean Antoine Brutus . ..34 Menier Émile Justin..................34 Pei I.M.......................................30 Perreault Jean............................12 Quirion Raymond....................44 Reford Alexander......................30 Reford Elsie...............................30 Reichen Bernard........................35 Ribaux Sidney...........................41 Riopelle Jean-Paul.......................8 Robert Marie-Claude................31 Robert Philippe.........................35 Roupinian François..................32 Saulnier Jules.............................35 Saunders Todd...........................39 St-Pierre Godfroy......................44 Theophanides Sheila...................5 Tison Marc................................14 Tremblay Sonia..........................16 van Wagenen Sterling...............30 7 au 9 octobre La sélection patrimoniale 6e rencontre internationale des jeunes chercheurs en patrimoine École nationale des chartes, Paris www.enc.sorbonne.fr/appel-acommunication-la-se-lectionpatrimoniale.html Jusqu’au 31 octobre Architectures en vers Grande Bibliothèque, Montréal www.banq.qc.ca/activites/ index.html Les annonceurs apparaissent en caractères gras 1 au 18 septembre Université d’été sur l’architecture de terre Linz, Autriche www.basehabitat.ufg.ac.at er 9 au 11 septembre Congrès de l’ACQ Château frontenac, Québec www.acq.org précisions 16 au 18 septembre Congrès de l’APCHQ Manoir Richelieu, La Malbaie www.apchq.com Jusqu’au 18 septembre Gauthier vu par Denis Bilodeau Architecture, trame, index Maison de l’architecture du Québec www.maisondelarchitecture.ca 23 et 24 septembre Pour qui? Comment? Le transport collectif de demain Manoir des Sables, Magog www.acit.qc.ca 29 septembre Construction Contact 2010 Bâtir des liens solides, construire des projets durables Centre des congrès de Québec www.pole-qca.ca 30 septembre au 2 octobre Assises annuelles de la FQM Centre des congrès de Québec www.fqm.ca 14 au 17 octobre La sauvegarde de l’architecture moderne UQAM www.ip.uqam.ca/article.php3?id_ article=245 Jusqu’au 17 octobre Iannis Xenakis – compositeur, architecte, visionnaire CCA www.cca.qc.ca 27 octobre Contech – Québec Centre des congrès de Québec www.contech.qc.ca 25 novembre Contech – Montréal Palais des congrès de Montréal www.contech.qc.ca 22 au 26 août 2011 Sommet mondial Écocité Palais des congrès de Montréal www.ecocity2011.com 25 au 29 septembre 2011 Congrès mondial de l’UIA Tokyo www.uia-architectes.org/ texte/france/Congres/ Tokyo2011/100217FR.html Le secteur de la santé étant fort complexe, cet erratum constitue une occasion de démontrer le rôle des concepteurs dans la réalisation de projets aussi spécialisés, comme le note l’architecte Sheila Theophanides, directeure du studio santé chez Lemay et associés. « La conception d’une maison des naissances nécessite une réflexion qui déborde largement les aspects techniques. Il ne peut en être autrement dans le processus de la naissance, un acte qui donne tout son sens à la notion de milieu de vie. » - À titre de tribune, le magazine FORMES a pour mission de mettre de l’avant le rôle de l’architecte, notamment en attribuant le crédit aux concepteurs. Un oubli s’est platement glissé dans l’article « L’architecture au service de l’accouchement » publié dans notre premier numéro de l’année (volume 6, numéro 1, page 28). Le propos s’appuyait sur certaines réalisations, dont la maison de naissance de Limoilou qui illustrait le texte. Malheureusement, le crédit ne précisait pas le nom de l’architecte. Cette maison des naissances a été réalisée par Lemay et associés [architecture, design]. Toutes nos excuses. v6 n3 - 2010 À propos de naissance et d’architecture formes agenda 22 au 26 juin Festival d’architecture de l’IRAC Architecture à l’écoute Saskatoon festival.raic.org 16 août – Appel de candidature Bourse Phyllis-Lambert Design Montréal www.realisonsmontreal.com [email protected] www.formes.ca Tél. : 514-736-7637 1 877 FORMES 9 Télécopieur : 514-272-3477 PRODUCTION ADICC (Simon Voyer, GTL) Impression : Lithochic www.hydroquebec.com/affaires Baylaucq Philippe.....................30 Beauchamp Yves........................42 Beaulac Claude..........................10 Boudreau Serge.........................39 Boulanger Sylvie........................45 Bourassa André................... 16, 22 Bourgeois Olivier......................38 Brassard Gilles...........................22 Burns Torben............................30 Cardinal André............................8 Chartrand Pier..........................24 Chicoine Robert........................10 Chodikoff Ian............................22 Cormier Anne...........................22 Dagenais Christian....................48 Lise Gagné Nous reconnaissons le soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les magazines. L’éditeur se réserve le droit ques et des produits, cerner de refuser toute demande de les tendances. reproduction. POSTE PUBLICATION FORMES est une publication N0 41060025 objective et indépendante, libre de tout lien avec quel- Adresse de retour : que association, organisme Magazine FORMES 6718, rue Chambord, ou regroupement sectoriel que ce soit, associés de près Montréal (Québec) H2G 3C3 Canada ou de loin à l’industrie. Sa mission : informer par des sujets d’actualité, débattre des enjeux de l’industrie, conseiller sur des techni- UN CHOIX D’AFFAIRES RENTABLE ET RESPONSABLE. RÉDACTRICE EN CHEF Marie Gagnon Programme Produits efficaces (projets de remplacement) COLLABORATEURS Serge Beaucher, Jean De Julio-Paquin, Serge Filion, Stéphane Gagné, Lyse Lafrenière, Sylvie Lallier, Martin Lessard, Valérie Levée, Manon Sarthou. • ÉCLAIRAGE Chirurgien de l’image Gabriel-Thomas Leclerc Programme Systèmes industriels Couverture Pier Chartrand – Photo : Lucion Média • ÉCLAIRAGE / COMPRESSION D’AIR / RÉFRIGÉRATION / POMPAGE / VENTILATION / SÉCHAGE vol.6 nº3 2010 Éditeur Claude Paquin Programme Optimisation énergétique des bâtiments ADMINISTRATION Magazine FORMES 6718, rue Chambord, Montréal (Québec) H2G 3C3 Canada • ÉCLAIRAGE / CHAUFFAGE / CLIMATISATION / ISOLATION AAPQ.........................................31 ADICC.......................................13 AGA...........................................44 ASP Construction....................50 Attention FragÎles.....................38 Auckland War Memorial Museum.....................................33 AXIS...........................................14 BASF Canada..............................6 Bone Structure................... 31, 50 Bouthillette Parizeau et Associés..................................41 Bovis Construction...................35 Canadian Architect...................22 Canexel......................................49 CCQ.........................................C-3 CDP.............................................8 cecobois......................... 22, 46, 48 CEGQ........................................22 CIDD.........................................17 Conférence régionale des élus.......................................18 Individus Toute demande de reproduction des textes et des illustrations doit être acheminée par écrit à l’éditeur en expliquant le but de cette demande. Pour vous aider à réaliser des économies d’énergie, Hydro-Québec vous offre trois programmes visant l’optimisation des performances énergétiques de votre entreprise. Vous pourriez obtenir des appuis financiers pour toutes les améliorations souhaitées. ABONNEMENT (ta s incluses) $CA Canada 1 an : 27 $, 2 ans : 50 $ Améri que 1 an : 50 $, 2 ans : 85 $ Outre-mer 1 an : 90 $, 2 ans : 155 $ Étudiant -15 % Mille et une mesures d’efficacité énergétique. Mille et une solutions d’affaires. FORMES appuie toute initiative favorisant le développement durable et une saine gestion de l’environnement. Le magazine utilise une encre écologique et est imprimé sur du papier recyclé. PLUS QU’UNE BONNE AFFAIRE. PUBLICITÉ D’ÉNERGIE TOUT EN PROFITANT D’UN APPUI FINANCIER, C’EST 514 736-7637, poste 5 RÉALISER DES ÉCONOMIES trouvez tous les www sur formes.ca Organismes et entreprises 5 14 Bois primé 22 Changer la culture Les lauréats En couverture Pier Chartrand 24 FIFA 30 Lightmotion 32 Architecte du virtuel WALLTITEECO TOUJOURS PLUS PERFORMANT sommaire perspectives Design Montréal Agenda Index 5 L’illumination WALLTITE ECO est un système d’isolation/pare-air de polyuréthane moyenne densité conçu pour améliorer l’efficacité énergétique de tous les types de bâtiments. La performance exceptionnelle de WALLTITE ECO maximise l’efficacité de l’enveloppe de bâtiment, ce qui se traduit par de substantielles économies d’énergie. WALLTITE ECO répond aux critères d’homologation du programme GREENGUARD et du programme Enfants et écoles GREENGUARDSM, ce qui garantit le confort et la sécurité des bâtiments. Chocolaterie Menier 34 Architecture et la mer 38 Le retour de Nestlé SM WALLTITE ECO est le premier isolant de polyuréthane pulvérisé à alvéoles fermées à avoir obtenu l’ÉcoLogoM, le symbole de certification environnementale le plus reconnu en Amérique du Nord. Sa formule intègre des plastiques recyclés, des matières renouvelables et un agent gonflant qui n’appauvrit pas la couche d’ozone. Horizon, fragilité et intégration La performance de WALLTITE ECO a été optimisée par l’outil d’analyse d’éco-efficacité de BASF, un outil primé qui permet d’évaluer un procédé de fabrication ou le cycle de vie complet d’un produit selon six critères clés : la consommation de matières ; la consommation d’énergie ; les émissions dans l’atmosphère, le sol et l’eau ; les risques potentiels en cas de mauvais usage ; les impacts potentiels sur la santé et l’emploi des terres. Maison du développement durable Pour de plus amples renseignements : 1-866-474-3538 l walltite.com l foammasters.ca l walltiteeco.com réalisations Projet éducatif 42 Protection 44 Protection 46 Le mot ECO représente l’équilibre entre écologie et économie lorsqu’on obtient la performance WALLTITE ECOMC. Pour que des matières premières renouvelables deviennent une solution de rechange aux ressources fossiles, elles doivent être disponibles à prix concurrentiels pour les applications industrielles sans compromettre la production alimentaire et sans épuiser les richesses naturelles. Pour son matériel isolant WALLTITE ECOMC, BASF Canada a choisi d’utiliser des composantes renouvelables issues de cultures non comestibles qui ne nuisent pas à la production alimentaire mondiale. WALLTITE ECOMC, foammastersMC et Toujours plus performantMD sont des marques de commerce de BASF Canada. ÉcoLogoM est une marque déposée d’Environnement Canada. Le programme de certification GREENGUARDSM et le programme de certification Enfants et écoles GREENGUARDSM sont des marques de commerce du GREENGUARD Environmental Institute. Développement durable La difficile harmonisation 16 - matériaux Contre la corrosion 8 40 Quartier de l’innovation Parc scientifique urbain Transformer le milieu du design Contre la pourriture formes Si vous cherchez un système d’isolation/pare-air, optez pour la performance WALLTITE ECO, la mousse isolante mauve de BASF, le chef de file mondial de l’industrie chimique. Mission Design v6 n3 - 2010 Discussion sur l’art et l’architecture MD dossiers MC 7 dossier Mission Design, mission accomplie?! Serge Filion, OUQ et FICU Urbaniste et commissaire à la CBCQ C’ formes - v6 n3 - 2010 est au magnifique édifice de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDP) qu’avait lieu, lundi le 11 mai 2010 à Montréal, le lancement officiel de Mission Design en compagnie d’un parterre de près de 300 personnes. Un public visiblement conquis et enthousiaste issu de tous les milieux composites du design, soit les architectes, les urbanistes, les designers tant industriels que d’intérieur, les architectes paysagistes, les graphistes… En un mot, tout le personnel ou presque qui gravite autour de l’industrie de la création des paysages québécois, toutes échelles confondues. 8 Éloge de la beauté « Tout ce qui mérite d’être fait mérite d’être bien fait », disait un adage ancien. Mais que l’on se comprenne, il ne s’agit pas de la recherche de la beauté, de l’équilibre, de l’harmonie à l’état pur pour la simple contemplation. Derrière ce remueméninges qui dure déjà depuis deux ans se cache une volonté acharnée de faire mieux son métier, de créer de la beauté, bien sûr, mais aussi et surtout d’augmenter la commande intérieure et les exportations des produits québécois. Mais avant de se vendre à l’étranger, faut-il d’abord que l’on y croie soi-même et que les réalisations soient de plus en plus nombreuses et marquées du sceau de l’excellence. « On ne veut rien de moins que de transformer le milieu du design en industrie du design », confiait Alain Dufour, directeur général de la nouvelle organisation, à notre journaliste Sylvestre Rio Falcon dans notre dernière édition. Mais pour réussir, il faut à tout prix contaminer l’industriel, le commerçant et le public acheteur. Sinon, ce sera encore l’affaire d’une petite élite. Le lancement a eu lieu dans un lieu phare du savoir-faire québécois dans les domaines de l’urbanisme, de l’architecture et du design, au cœur du Quartier international de Montréal. Plusieurs acteurs clés étaient sur place dont certains, comme Michel Dallaire, designer industriel, et Clément Demers, architecte spécialisé dans la conduite de grands projets urbains. Le décor prêchait par l’exemple : après avoir traversé la splendide place publique de l’urbaniste-designer de l’espace public, Réal Lestage – également concepteur principal du Quartier international de Montréal –, ornée de la sculpture remarqua- ble de Jean-Paul Riopelle (La Joute) dont la mise en scène nocturne fascine encore et toujours, les participants se sont engouffrés dans le siège montréalais de la CDP conçu et réalisé notamment par l’architecte Renée Daoust dont le talent n’est plus à démontrer. Même le mobilier, dont les magnifiques chaises en plastique transparent de style sobre, tout aussi confortables qu’élégantes, a complété un décor à la fois épuré et de grande classe en cet édifice de lumière et de transparence parfaitement adapté au contexte urbain de son milieu d’accueil. Un ensemble urbain qui se décline en créations nouvelles, en restauration et en recyclage des très beaux édifices comme celui du Montreal Herald par exemple, en insertions généreuses des éléments naturels comme l’eau vive, les brumes, les arbres et les pelouses, au grand plaisir des Montréalais qui ont recommencé à fréquenter ces espaces urbains mal aimés depuis la destruction progressive et quasi totale de l’ancien square Victoria (cent ans de misères urbaines avant cette renaissance). En accueillant le public et les médias dans ce haut lieu de notre architecture contemporaine, Renée Daoust parlait avec émotion des deux conditions gagnantes de ce projet : D’abord une équipe de concepteurs compétente et diversifiée, qui regroupait en plus de Daoust Lestage, les architectes Éric Gauthier de FABG, Louis T. Lemay et André Cardinal de Lemay et associés. Mais aussi et surtout un succès que l’on doit à l’intelligence du donneur d’ouvrage qui a commandé cette œuvre architecturale en faisant confiance au génie créateur des professionnels retenus. Un placement qui n’a certes pas connu les mêmes dérapes que les fameux papiers commerciaux! Un projet réalisé avec un écart de 1 % entre les coûts estimés de construction et ceux de la réalisation. CONSTRUIRE UN MONDE MEILLEUR Idées brillantes, bâtiments verts... propulsez vos conceptions architecturales éconergiques vers de nouveaux sommets grâce aux solutions écologiques de Canam. Ensemble, nous pouvons bâtir un monde meilleur, plus durable. Laissez votre créativité façonner l’avenir. Communiquez avec nos experts en solutions architecturales au 1 877 499-6049 ou en ligne à www.canam-poutrelle.ws/contact-architecte Canam, un monde de solutions écologiques pour un bâtiment respectueux de l’environnement. Les trois souhaits d’une fée de l’architecture Renée Daoust a formulé trois vœux qui lui ont valu les applaudissements nourris et chaleureux de la foule qui s’était pressée sur le parquet pour l’entendre : 1. Amorcer une réflexion chez les journalistes, les donneurs d’ouvrage et les professionnels afin d’amener plus de clarté et plus de rigueur dans le trop populiste débat sur les prétendus dépassements de coûts où l’on mélange souvent coûts de développement et coûts de construction réels; Une division de Groupe Canam www.canam.ws/architectes Serge Filion « Ce qui est le plus important à partir de maintenant, c’est que vous soyez ensemble pour constituer une force de frappe... » Jean-Paul Lallier 2. Convaincre l’Office des professions du Québec de reconnaître et de consacrer le caractère multidisciplinaire de nos projets urbains et des équipes qui les conçoivent, comme cela est la règle aux États-Unis, afin de nous placer en meilleure posture de compétition à l’international; 3. Convaincre le gouvernement du Québec de créer un « ministère de l’Architecture, de la Ville, du Cadre de vie et des Paysages », afin de mieux réussir le Québec habité tout en : a. établissant des grilles adéquates pour les honoraires des professionnels; b. définissant des règles claires sur les droits d’auteur; c. convainquant les donneurs d’ouvrage d’investir dans la qualité durable. formes - v6 n3 - 2010 Le tout afin que l’on puisse enfin encourager et célébrer les créateurs de paysages ruraux et urbains au même titre que le Québec sait reconnaître la culture événementielle québécoise ici et sur la planète. Il s’agirait somme toute du même processus de création de richesse. Pourquoi ne pas amener les architectes à signer leurs œuvres afin de respecter leurs intentions documentées lors des inévitables restaurations? 10 Un leadership retrouvé : élection de Jean-Paul L’Allier à la tête de Mission Design Mais qui pouvait donc accepter de prendre les commandes d’un conseil d’administration composé de vingt-cinq personnes représentant l’ensemble des acteurs et les mener au même combat de l’excellence et de la reconnaissance tout en participant au développement économique du Québec? Qui sinon un ancien ministre de la Culture (et qui rêvait d’en changer le nom pour celui de ministère de la Création), un ancien maire de Québec – ville du patrimoine mondial et trésor de l’humanité –, un ancien président de Communauté urbaine...? C’est à la suggestion de Robert Chicoine et de Claude Beaulac, respectivement président et directeur général de l’Ordre des urbanistes du Québec (OUQ), que le conseil d’administration a élu à l’unanimité Jean-Paul L’Allier, avocat et ancien maire de Québec, à la tête de Mission Design. Lui qui un jour avait dit à un groupe de fonctionnaires de haut rang, d’intellectuels respectés et d’élus connus arguant sur la façon idéale de réhabiliter notre patrimoine bâti (notamment le site des nouvelles casernes à Québec) : « Je constate que vous êtes assez nombreux et assez intelligents pour discuter éternellement! » Lui seul pourra amener ces gens forts en gueule et prompts au débat à un consensus et à un front commun en faveur de la qualité. « Ce qui est le plus important à partir de maintenant, c’est que vous soyez ensemble pour constituer une force de frappe qui aura un solide impact sur la classe politique et sur la population du Québec. Il faut frapper l’imaginaire des Québécois et marteler le même message central selon lequel la richesse du Québec passe aussi et beaucoup par l’industrie de la beauté, de l’excellence, de l’harmonie des couleurs et des formes bâties dans la grande nature québécoise désormais mieux traitée, de la qualité visuelle et fonctionnelle des objets industrialisés… » L’élection de Jean-Paul L’Allier à la tête du conseil d’administration de Mission Design constitue un coup de maître. D’abord, l’homme en est un de conviction, de vision. Doté d’un sens politique peu commun, il n’abdique jamais quand il s’agit de son idéal. Un politicien de la trempe des maires de Barcelone, de Paris ou de Chicago. Et c’est justement de cela que le monde du design québécois a besoin. Pensez LEED . Pensez bleu. ® Obtenir une cer tification LEED est p lu s qu e jam ai s p o s sib l e a v ec l’a aide du gaz naturel. En effet, une ch haud dière à gaz natturell à hautte ef f ic a c i té p er m et d ’a a t te in d r e à ellle seulle prè ès du tiers du seuiil d’économie demandé par LEED. Renseiignez-vous aup prè ès de nos ex p er t s et pr of ite z de s aide s fi n a n c i è r e s d e n o s p r o gr a m m e s e n e f f i c a c i té é n e r g é t i q u e . P o u r éalliser votre projjet LEED, pensez ré bleu dès le début. Une ligne éditoriale à quatre temps Seul un rassembleur de son espèce peut décliner en aussi peu de temps et avec autant d’à-propos la ligne éditoriale que devra suivre Mission Design au cours des prochains mois. Une symphonie à quatre temps : Tout d’abord l’éloge de la beauté La recherche de l’excellence des artisans et professionnels du Québec procède d’une émotion. L’éloge de la beauté n’est louable qu’en autant que celle-ci procure assurément du bienêtre aux individus. Qu’il s’agisse de paysages, de villes, de villages, de bâtiments, de moyens de transport ou simplement d’objets utilitaires... Il s’agit pour Jean-Paul L’Allier d’expression culturelle. Pierre Dansereau l’illustrait parfaitement dans son allocution d’ouverture des États généraux du paysage québécois de 1995 en formulant une sentence à graver dans la pierre : « Je suis le résultat des paysages de mon enfance... » C’est dire combien la beauté des paysages procède à la fois de la culture et génère de la culture. Un journaliste bien connu, Laurent Laplante, dit souvent que la culture est ce qui tire un peuple vers le haut. Voilà la table mise pour produire de la richesse en stimulant les exportations sur les marchés mondiaux et la venue encore plus importante de touristes étrangers en nos murs, tout en apportant satisfaction et prospérité aux gens d’ici. Pour plus de renseignements, contactez-nous 1 800 567-1313 / www.gazmetro.com Serge Filion « Consacrer le caractère multidisciplinaire de nos projets urbains et des équipes qui les conçoivent (...), afin de nous placer en meilleure posture de compétition à l’international. » Renée Daoust formes - v6 n3 - 2010 Puis la chaîne de la création Si le Québec sait faire et endosse le premier postulat, alors il est prêt pour recevoir et mettre en pratique le second volet d’action pour en arriver à une véritable société créative. C’est cette étape qui emballe le plus Jean-Paul L’Allier : « Insérer les mécanismes de création dans la chaîne de production. » Créer des liens de convergence, de complicité, voire d’amitié entre les membres des différentes disciplines du design (la transversalité horizontale entre les professions et les métiers du design) pour en arriver à créer des équipes pluridisciplinaires tout d’abord. Il ne faut surtout pas oublier la percolation (transversalité verticale) du haut vers le bas et du bas vers le haut. De l’artisan au dirigeant d’entreprise en passant par les multiples paliers administratifs, un seul et même combat pour porter tout le Québec sur le chemin du succès économique. L’exemple de Bombardier à ce chapitre le fascine : « On vend des trains partout dans le monde parce qu’ils sont élégants et d’une grande beauté en plus d’être solides, abordables et durables. Et c’est parce qu’on en vend beaucoup que cette entreprise peut faire autant de recherche et de développement pour continuer d’améliorer ses produits. » Un exemple à suivre en matière d’architecture, de design et d’aménagement du territoire. 12 La troisième dimension de l’opération design : de l’action pour une démonstration à court terme Jean-Paul L’Allier n’en démord pas, il faut créer des réussites à court terme tout en évitant les échecs à tout prix. Choisir quelques projets porteurs d’avenir, les monter en utilisant la bonne méthode comme les concours, les consultations élargies, afin de s’assurer de réaliser des coups d’essai qui s’avéreront des coups de maître! Il prend pour témoin le succès instantané de la promenade Samuel-de-Champlain qui fait encore aujourd’hui école en matière de traitement réussi des berges en milieu urbain. Le succès de foule génère de nombreux projets similaires au Québec tout en augmentant les chances de nos concepteurs d’ici d’obtenir des contrats à l’étranger. Un engrenage merveilleux pour les sociétés qui auront misé sur le design pour assurer la réussite, la prospérité et le renom de nos urbanistes, architectes, designers et graphistes, car tout cela se tient et vient renforcer les propos de Renée Daoust rapportés un peu plus tôt. La quatrième dimension : les inévitables débats d’idées à condition qu’ils ne durent pas éternellement Jean-Paul L’Allier n’esquive pas la question du rôle des débats d’idées, de la formation des gens, de la nécessaire information et consultation honnête des citoyens en matière de grands projets urbains. Il a consulté largement les résidents des grands quartiers urbains limitrophes à son projet de renaturalisation des rives de la rivière Saint-Charles dans SaintRoch, Saint-Sauveur et le grand Limoilou. Il a même consulté Jean Perreault, l’ex-maire de Sherbrooke, sur son projet Rivière vivante et fait venir les OBNL responsables de l’idée afin d’informer correctement la population de Québec sur les conséquences réelles de cette entreprise d’aménagement de plus de 150 millions de dollars, qui connaît aujourd’hui un succès retentissant. Il a aussi produit, à la demande de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), un rapport étoffé qui fait aujourd’hui école en matière de consultation publique en urbanisme, en aménagement et en architecture. Tout y est question de mesure entre l’ampleur du projet et l’ampleur de la démarche en s’assurant que tous les projets importants y passeront sans permettre les dérives possibles des référendums mal utilisés, même de la part des élus. Un document à lire et à diffuser : Bâtir un partenariat performant entre les citoyens et les élus dans la poursuite de l’intérêt collectif (publié par Langlois Kronstom Desjardins, avocats). En conclusion générale, force est de constater qu’une nouvelle mouvance s’est installée au Québec à partir de Montréal. À signaler la fougue avec laquelle Helen Fotopoulos du comité exécutif de la Ville de Montréal a porté le dossier jusqu’à Shanghai afin d’obtenir la reconnaissance internationale du grand rassemblement de 2017 et obtenu un premier gain par l’annonce du 54e congrès mondial de la Fédération internationale des architectes paysagistes (International Federation of Landscape Architects, IFLA) dans sa ville. Rappelons que ce congrès est le premier d’une série que Mission Design souhaite attirer lors de l’événement majeur en 2017. Si l’on se fie à la compétence indiscutable des partenaires associés, à la force rassembleuse d’un Jean-Paul L’Allier en pleine possession de ses moyens et disposé à mettre son énergie au service d’une cause en laquelle il croit et qu’il connaît en profondeur, l’aventure est vouée au succès que nous lui souhaitons. Un seul bémol : l’absence remarquée des deux ministres invités (MAMROT et MDEIE) qui, par ailleurs, financent l’opération. idées, 2d, 3d Chirurgien de l’image d’entreprise depuis 1986 1 877 272-3422 adicc.com www.portesouvertesdesignmontreal.com PROCHAIN NUMÉRO Réalisations • Le siège montréalais de la CCQ • La maison productive Ouvrir plus grand la porte On connaît le volet grand public de l’activité Portes Ouvertes Design Montréal. Lancée en 2007, cette heureuse initiative du bureau Design Montréal de la Ville de Montréal offre l’occasion de prendre le pouls des univers du design. Lors de cet événement échelonné sur une fin de semaine, le public est invité depuis déjà quatre ans à visiter des bureaux d’architectes, d’urbanistes et de designers et de s’imprégner de leur passion. Nouveauté cette année, l’activité s’élargit auprès des clientèles spécialisées. Le circuit affaires propose une interaction entre les professionnels et les donneurs d’ouvrage. Pour cette première, on a ciblé principalement les donneurs d’ouvrage publics ou institutionnels, SSQ Immobilier étant l’exception. La formule exigeante, un parcours marathon de dix bureaux, trouve un écho très favorable. La formule mérite réflexion. Et des propositions alimenteront la discussion pour consolider cette initiative. Le secteur privé, notamment, aurait tout avantage à s’inviter. Alors, à l’année prochaine! Matériaux Les produits écoénergétiques Quelle est l’offre de produits? Quel est le réseau de distribution? Tombée : 23 juillet Publicité : 514 736-7637, poste 5 courriel : [email protected] v6 n3 - 2010 v6 n3 - 2010 formes 14 Critique et constructif Ce mélange des genres, ces sous-entendus exprimés et ces points de vue critiques sur la place d’une architecture et d’un design de qualité constituent un heureux rendez-vous car force est de constater qu’il y a un malaise. D’où la pertinence et tout le sens d’une activité Portes ouvertes ciblée « affaires ». La formule demande à être peaufinée, mais cette première initiative répond à un besoin évident et s’avère un outil pour établir des ponts. À la question de savoir quel était leur intérêt à participer à cette activité, la réponse des concepteurs se résume ainsi de façon quasi unanime : obtenir une vitrine pour montrer non seulement leurs réalisations, mais aussi tout le travail en amont, et aussi profiter de l’occasion pour démystifier la profession et sensibiliser les donneurs d’ouvrage à une architecture de qualité et durable. Cela nous ramène au texte de Tison : démystifier et sen- Volonté politique Il n’en demeure pas moins, selon plusieurs intervenants, et ce, des deux côtés, que la promotion du design ne suffit pas. On pointe deux mots incontournables : volonté politique, action apparemment absente ou du moins très édulcorée. En opposition, on souligne l’initiative de la Ville de Montréal dans la mise en œuvre d’activités de sensibilisation au design destinées au grand public et aux professionnels. Une approche de l’administration municipale conforme avec le statut « Montréal, ville UNESCO de design », branding ou reconnaissance efficace dans une stratégie de positionnement. Et tant mieux. Mais pour accéder à un autre niveau, un effort de sensibilisation remarquable est souhaité pour inculquer une « culture permanente », lié à une autre vision, celle du long terme. On déplore que trop d’acteurs rationalisent selon le strict et rigide principe de la réduction des coûts, que le choix du court terme prime sans considération – ou il s’agit d’ignorance – sur les impacts à plus long terme. On prétend ainsi qu’on éviterait probablement de refaire après coup et, conséquemment, d’engloutir des sommes énormes. Et l’exemple torontois est souvent évoqué avec ses réalisations architecturales, notamment muséales, ses places publiques bien réalisées, qui constituent en soi des attraits, des éléments catalyseurs. C’est ce qu’on désire ici. On ne chamboulera rien à court terme, mais la multiplication de gestes d’appui permettra de faire évoluer la société. Et les occasions de faire interagir les clientèles, à l’instar du circuit affaires, doivent être encouragées et appuyées par d’autres actions. La porte est ouverte! Perspective • Une réforme attendue : la loi sur l’aménagement du territoire • Habiter la campagne sans la détruire • Densifier la banlieue • Le contrat Homme/Nature - Le 30 avril dernier, architectes/urbanistes/designers et donneurs d’ouvrage se sont donné rendez-vous dans le cadre du circuit affaires Portes Ouvertes Design Montréal. À titre de commanditaires de l’événement, les détaillants/fabricants Axis, Lumigroup et Soprema se sont joints au groupe. Résultante : de part et d’autre, une activité fort appréciée qu’on désire perpétuer et approfondir ainsi que commentaires éclairants ponctués de propos critiques prévisibles! Marc Tison, journaliste à La Presse, avait d’ailleurs bien mis la table le matin même avec son texte du jour sur fond de médailles du Gouverneur général en architecture (http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/ economie/201004/30/01-4275754-architecture-payante.php). Une citation parmi d’autres : « Les donneurs d’ouvrage ne s’intéressent pas à la qualité parce que la plupart n’ont jamais développé cette sensibilité. » Propos d’architectes et d’urbanistes à l’appui, le journaliste souligne une certaine forme d’inculture au Québec envers l’architecture primée en opposition à une réponse plus valorisante chez nos voisins torontois, ou encore, ce réflexe conditionné au budget et au plus bas soumissionnaire qui, en fin de compte, s’avère coûteux à tous égards. Dans l’autobus, en route vers un parcours parsemé d’une dizaine d’arrêts dans autant de bureaux d’architectes, les propos des donneurs d’ouvrage généralement plus « politiquement corrects », dirons-nous, correspondaient dans le ton avec ceux exprimés par les concepteurs visités. Les commentaires favorables de ces derniers révélaient cependant la perception d’une certaine incompréhension de leur rôle. sibiliser sous-entend au premier niveau une incompréhension ou, du moins, une méconnaissance du travail du professionnel. L’intérêt des quelque deux douzaines de donneurs d’ouvrage présents est tout aussi manifeste. Cette tournée leur a permis de prendre contact avec les bureaux dans un contexte différent d’une offre de service. De l’avis de plusieurs, cette prise de contact « plus conviviale, moins structurée » facilite une meilleure compréhension du processus de conception. Certains expriment un autre commentaire particulièrement positif : la possibilité de prendre connaissance de la mécanique mise de l’avant par les bureaux pour mettre en pratique les principes de base, les aspects écologie et développement durable, tout autant que le volet multidisciplinarité de la profession. Les modes de transport alternatifs et actifs constituent des voies de développement incontournables pour réduire la pression sur l’environnement et accroître la qualité de vie. Quelles sont les grandes orientations proposées dans ce domaine? Un dossier qui interrogera les principaux acteurs du domaine, notamment les initiatives des municipalités et organismes de transport public. formes Claude Paquin Sylvie Champeau Inciter le dialogue – changer la culture Orangetango perspectives Portes Ouvertes Design Montréal Dossier Transport La mobilité durable 15 v6 n3 - 2010 formes 16 Le développement durable des villes passe par la trithérapie Ici on dort, ici on travaille, ici on consomme. La ville est morcelée en secteurs d’activité et découpée par des autoroutes invasives et bondées. En périphérie, les banlieues-dortoirs et les centres commerciaux font taches d’huile. Bien sûr, s’élèvent ici et là quelques édifices LEED, minuscules îlots de tentatives écologiques au milieu de la marée grise. Malheureusement, le bénéfice d’un édifice LEED sera mince si chacun prend sa voiture pour s’y rendre. « Et à quoi sert une maison écologique au fond d’un rang si vous faites des allers-retours à n’en plus finir? » clame André Bourassa, président de l’Ordre des architectes du Québec (OAQ). Le déplacement en automobile n’a rien d’écologique et les banlieues à faible densité de logements contrarient le déploiement de réseaux de transport rentables. En fait, c’est toutes les infrastructures que l’étalement urbain ne permet pas de rentabiliser : la desserte par les autobus, mais aussi l’asphaltage de kilomètres de rues résidentielles, les aqueducs ou la cueillette des déchets. « Même la récupération devient tellement chère que ce n’est plus écologiquement sation, le gouvernement doit donner des balises et des projets de règlements pour aider et inciter les municipalités à agir dans des secteurs où elles n’ont pas toujours intérêt à le faire », déclare André Bourassa. Et effectivement, « la séquence de production des plans d’aménagement, explique Serge Filion, c’est d’abord les orientations gouvernementales, puis les schémas régionaux, les plans d’urbanisme et au bout du compte le particulier. Et l’objectif est de protéger la production agricole, la forêt, les paysages tout en laissant assez d’espaces pour construire de nouveaux logements, satisfaire la croissance démographique et créer de l’emploi ». Au commencement était le gouvernement Il revient donc au gouvernement de définir les grandes lignes du développement durable qui devront ensuite descendre au palier municipal. Le gouvernement a adopté, en 2006, la Loi sur le développement durable. Elle établit 16 principes parmi lesquels figurent les notions de consommation responsable, de préservation de la biodiversité, de respect des capacités de support des écosystèmes, de qualité de vie, d’équité sociale et de progrès social… À la suite de cette Loi, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) a déposé en 2007 la Stratégie gouvernementale de développement durable 2008-2013, articulée autour de 9 orientations et 29 objectifs. Selon les renseignements fournis par le MDDEP, « les ministères et organismes gouvernementaux doivent intégrer la démarche de développement durable de la Loi dans leurs activités régulières, incluant celles liées au secteur de l’urbanisme, en réalisant leur plan de développement durable ». C’est la Stratégie elle-même et ses orientations qui assurent une harmonisation des plans d’action des ministères et organismes assujettis à la Loi. De plus, le Comité interministériel de développement durable (CIDD), qui regroupe des représentants des ministères et organismes gouvernementaux, veille à la concertation, à l’harmonisation des activités menées par l’administration publique et à la pro- duction de rapports d’avancement. Un commissaire au développement durable est également nommé par le vérificateur général pour vérifier la mise en œuvre du développement durable. « La Loi sur le développement durable va à 100 % dans la bonne direction, soutient Serge Filion. Le gouvernement a été bien conseillé et c’est une très bonne loi. » L’urbaniste exprime cependant quelques doutes sur la façon dont chaque ministère a repris la Loi dans son plan d’action. « Les principes de la Loi sont corrects, mais je ne suis pas sûr que les gens se comprennent d’un ministère à l’autre. C’est un peu comme la tour de Babel. Ça amène à toutes sortes d’interprétations et de louvoiements. Il y a encore ce phénomène de silo entre les ministères. On a l’impression que ce n’est pas cohérent et que personne ne fait cette concertation de toutes les orientations gouvernementales pour qu’il y ait une ligne gouvernementale claire sur le développement durable. » Du gouvernement aux municipalités La Loi et la Stratégie gouvernementale sont en place et les ministères et organismes gouvernementaux reliés à l’urbanisme doivent inclure les orientations du développement durable dans leur plan d’action. Les municipalités, elles, ne sont pas assujetties à la Loi, mais invitées sur une base volontaire à contribuer au développement durable. Selon le MDDEP, « les ministères et organismes intervenant auprès des municipalités demeurent maîtres de leurs communications avec le milieu municipal et il n’y a pas de lignes directrices pour les municipalités. » Cette absence de lignes directrices est bien ce que déplorent Serge Filion et André Bourassa. De plus et toujours selon les réponses fournies par le MDDEP, « les municipalités demeurent autonomes dans les formes et le rythme d’application du concept de développement durable ». Toutefois, la Table d’accompagnement-conseil en développement durable des organismes municipaux a justement pour rôle de favoriser la cohérence des communications en développement durable vers les municipalités et doit les aider à réaliser leurs démarches de Selon Sonia Tremblay, urbaniste à la Ville de Québec, et l’urbaniste Serge Filion, le développement durable des villes passe par la trithérapie. Photo : Ville de Québec v6 n3 - 2010 S’ il est un mot que les politiciens, publicitaires, gestionnaires… s’évertuent à placer dans leurs discours, c’est bien l’adjectif durable. Tout devient durable, du développement à la croissance en passant par la pelouse et le mariage. Le sens originel contenu dans le rapport Brundtland semble s’évaporer. Les municipalités prennent aussi le train du développement durable et mettent en place des politiques de gestion durable des ressources, favorisent la mobilité durable, encouragent le bâtiment durable et l’utilisation des matériaux durables… Devant l’ampleur du chantier et la multiplicité des acteurs, on peut se demander si un fil conducteur guide les municipalités sur le chemin du développement durable et si ce fil rejoint la trame de la vision gouvernementale du développement durable. défendable », remarque André Bourassa. « Quand les camions se promènent dans des zones à faible densité, il y a un coût d’énergie, un coût d’usure du matériel. Si on s’aperçoit que ça coûte plus cher de récupérer, alors la récupération est en danger », complète l’urbaniste Serge Filion. Ce modèle de développement urbain inféodé au pétrole et qui grignote les aires naturelles alentour est certainement aux antipodes du développement durable, car il ne permet pas aux citoyens d’aujourd’hui d’assouvir leurs besoins sans hypothéquer les ressources des générations futures. Selon Serge Filion, pour conformer la ville aux principes du développement durable, il faudrait lui administrer une « trithérapie » dont les trois ingrédients seraient la mixité de fonctions, le choix des transports et l’établissement d’un périmètre d’urbanisation qui n’empiète pas sur les aires naturelles. Sonia Tremblay, urbaniste à la Ville de Québec, partage cette vision. Selon elle, il y a un équilibre à trouver entre le développement et la conservation des milieux naturels, qu’ils soient humides, forestiers ou riverains. C’est possible, explique-t-elle en « optimisant l’espace déjà desservi par les transports et le réseau d’égout, en augmentant le nombre de logements par hectare et en aménageant les vides développables ». Ces vides, ce sont les terres contaminées et les friches industrielles. Pour compléter cette vision, Marie-Christine Magnan, conseillère en communication à la Ville de Québec, ajoute que « le développement durable urbain touche la liberté de se déplacer en transport en commun et aussi la démographie et l’économie ». Il apparaît clairement que le développement durable de la ville interpelle plusieurs secteurs d’activités qui ne partagent pas tous les mêmes intérêts. Par exemple, convertir un boisé en lotissement résidentiel est une bonne affaire pour le promoteur… mais aussi pour la ville à cause de l’augmentation des revenus fonciers subséquents. En conséquence, le développement durable d’une ville doit être planifié pour assurer une cohésion des actions. « En matière d’harmoni- - Valérie Levée et de leur application formes dossier Développement durable La difficile harmonisation des plans d’action 17 Projet de développement de l’écoquartier de PointeAux-Lièvres. En avant-plan, les édifices offriront 1200 unités d’habitation. Ils pourront accueillir les travailleurs du quartier SaintRoch situé à proximité. En arrière-plan et proche de la rivière Saint-Charles, un parc de huit hectares sera aménagé pour les activités de plein air estivales et hivernales. formes - v6 n3 - 2010 Illustration : Ville de Québec 18 développement durable. À propos de cette Table d’accompagnement, Sonia Tremblay indique qu’elle est encore en cours d’implantation. Les villes chemineront donc vers le développement durable selon leur bonne volonté et ce qu’elles en comprennent. Difficile, dans ce cas, d’espérer une cohérence d’action entre les deux paliers de gouvernement et même d’une ville à l’autre. Suivons le développement durable à la mode montréalaise et dans la capitale nationale. Montréal n’a attendu ni la Loi ni la Stratégie gouvernementale pour se mettre à l’heure du développement durable. Alan DeSousa, viceprésident du comité exécutif et responsable du développement durable et du développement économique à la Ville de Montréal, était à Johannesburg en 2002 pour le Sommet mondial sur le développement durable. C’est inspiré par les pratiques mondiales en la matière qu’il s’est joint au Conseil régional de l’environnement et à la Conférence régionale des élus pour préparer le Premier plan stratégique de développement durable de la collectivité montréalaise (Plan). « Il faut comprendre qu’on avait notre plan de développement durable bien avant le gouvernement. On a commencé en juin 2002 et le gouvernement en novembre 2004 », évoque-t-il. À noter, la Ville de Montréal s’est vue décerner le Phénix dans la catégorie « Municipalités et organismes municipaux : Adaptation et lutte aux changements climatiques », pour le Fonds Énergie. Il s’agit d’une initiative comparable à une banque interne visant à financer des projets d’efficacité énergétique réalisés par les services municipaux et les arrondissements. Le Fonds Énergie s’inscrit dans le cadre du Plan stratégique de développement durable de la collectivité montréalaise, qui était également finaliste dans la sous-catégorie « Consommation responsable ». Le Plan comprend 36 actions articulées autour de quatre orientations : 1) améliorer la qualité de l’air et réduire les émissions de gaz à effet de serre; 2) assurer la qualité des milieux de vie résidentiels; 3) pratiquer une gestion responsable des ressources; 4) adopter de bonnes pratiques de développement durable. De façon plus concrète, plusieurs des actions visent le transport pour réduire la marche au ralenti inutile des véhicules ou développer l’autopartage et les infrastructures pour l’utilisation du vélo. D’autres actions touchent les matières résiduelles, les îlots de chaleur, la protection des milieux naturels, la qualité de vie… Ce Plan ne mentionne toutefois pas de mesures relatives à la délimitation du périmètre urbain, mais Alan DeSousa explique que de telles mesures existent déjà dans le Plan d’urbanisme de la ville. D’autre part, le fleuve délimite déjà fortement la Ville de Montréal. La Ville a dressé son Plan en collaboration avec 178 partenaires issus des milieux d’affaires, scolaires, hospitaliers, communautaires… « C’est la force de notre Plan, affirme-t-il, car tous ces partenaires souscrivent aux mêmes objectifs et stratégies que nous avons élaborés ensemble, pour finalement augmenter et bonifier les efforts de la Ville. » Cela assure donc une cohérence des actions sur le territoire de la ville tout en offrant à chacun la possibilité d’intervenir. En fait, le Plan qui couvrait la période de 2005 à 2009 est échu et Montréal en a déjà dressé le bilan. Les résultats sont compilés selon des indicateurs identifiés en 2005. En comparaison, le gouvernement vient tout juste, en novembre 2009, de dévoiler ses propres indicateurs. Cette longueur d’avance sur le gouvernement n’empêche pas la Ville de Montréal de s’arrimer sur la Loi gouvernementale. Ainsi, le bilan aligne les 36 actions du Plan montréalais avec les objectifs de la Stratégie gouvernementale. Selon ce bilan, les réalisations répondent à 16 des 29 objectifs gouvernementaux. Ce premier bilan ne signifie pas la fin des C M Alan DeSousa prévoit déposer un plan pour guider Montréal en développement durable sur la période 2010-2015. Le Premier plan stratégique de développement durable de la la collectivité montréalaise qui couvrait la période de 2005 à 2009 est échu et Montréal en a déjà dressé le bilan. Photo : Ville de Montréal Développer des espaces communautaires de bonne qualité pour améliorer la qualité de vie des résidents est aussi un ingrédient du développement durable de la Ville de Montréal. Ici, le parc des Faubourgs dans l’arrondissement VilleMarie. Photo : Ville de Montréal Y CM MY CY CMY K MONTRÉAL UNE VILLE ENGAGÉE 35 000 ARBRES 500 KILOMÈTRES DEPUIS 5 ANS 400 STATIONS BIXI,PLANTÉS DE VOIES CYCLABLES Projet de développement de l’écoquartier du secteur d’Estimauville à Québec qui offrira 2100 appartements et un accès direct au fleuve. formes - v6 n3 - 2010 Illustration : Ville de Québec 20 Le plan de développement durable de la Ville de Montréal inclut plusieurs activités visant à faciliter le déplacement à vélo. 400 stations Bixi et 5000 vélos ont été installés en 2009. Un partenariat avec Communauto et la STM permet aussi d’offrir le trio Bixi-auto-bus. Photo : Ville de Montréal efforts. « J’ai l’intention de déposer un plan pour guider Montréal en développement durable sur la période 2010-2015, affirme Alan DeSousa, et on va continuer d’arrimer nos efforts avec le gouvernement, mais aussi avec les objectifs mondiaux. » Questionnée sur la Loi gouvernementale de développement durable, Sonia Tremblay répond que « les 16 principes visent les organismes et ministères, mais ne sont pas encore arrivés en ville ». Cependant, certaines normes sur la gestion des matières résiduelles ou la protection des milieux humides viennent des ministères. Sans attendre l’arrivée de la Loi, la Ville de Québec a, elle aussi, élaboré son Plan directeur d’aménagement et de développement (PDAD) en 2005. Bien que non évoqué dans le nom, le PDAD est échafaudé sur les principes du développement durable tels que : rentabiliser les infrastructures déjà en place, protéger les espaces naturels, consolider et valoriser les milieux urbains existants, développer une mixité d’activités et les rendre accessibles autrement qu’en voiture. La Ville a entre autres un plan de réduction des gaz à effet de serre, un plan directeur des milieux naturels et de la forêt urbaine et s’apprête à produire son plan de mobilité durable. Tous ces plans concourent vers le développement durable, et la Ville entend faire un condensé de l’application de ces plans dans deux projets d’écoquartiers. Ils seront érigés sur les « vides développables » urbains que sont la Pointe-aux-Lièvres et le secteur D’Estimauville. L’idée est de densifier les logements, les commerces et les lieux de travail tout en offrant des espaces communautaires agréables, des accès au fleuve ou aux parcs avoisinants. « Ils seront aménagés pour PAR OZONATION : UN PROJET BIEN EN MARCHE UNE COLLECTE DE RÉSIDUS VERTS DANS TOUS LES ARRONDISSEMENTS l’humain et non pour la voiture », résume Sonia Tremblay, et deviendront « des quartiers autonomes où la voiture n’est pas nécessaire », complète Marie-Christine Magnan. De la municipalité aux citoyens Même si le Plan de Montréal ou le PDAD de Québec n’émanent pas directement de la Loi gouvernementale, les idées convergent. Une certaine harmonie s’en dégage, au moins sur le papier. Sur le terrain, la réalité est encore autre. À Montréal, le projet gouvernemental de l’échangeur Turcot, en passant de 6 à 8 voies, ne va pas vers une diminution du trafic automobile et semble aller à l’encontre du plan d’action de développement durable du ministère des Transports. À Québec, les pelles mécaniques et tronçonneuses menacent les boisés et les terres agricoles. La mise en pratique du PDAD a donc des limites. L’harmonie des plans et des réalisations n’est pas atteinte. Une partie du problème, selon Serge Filion, réside dans la faible marge de manœuvre des élus qui doivent faire face à un électorat non convaincu. « Il faut des fonctionnaires bien renseignés qui inspirent leurs élus et que ceux-ci portent le message et fassent partager une vision de la ville aux citoyens. La solution, c’est l’information du public », soutient André Bourassa. C’est aussi ce que pense Marie-Christine Magnan. « On ne peut pas tout changer en même temps, rétorque-t-elle, on commence par les écoquartiers qui serviront de modèles. Il faut que les gens embarquent et ça prend des années. » Malheureusement, cela prendra aussi des années à corriger les mauvaises décisions qui continuent de se prendre... LA DÉSINFECTION DES EAUX USÉES C M J CM MJ CJ CMJ N SUPERFICIE 500 PROJETS LA DES MILIEUX DE RÉCUPÉRATION DE L’EAU DE PLUIE LA QUALITÉ DE L’AIR AMÉLIORÉE : UN RÈGLEMENT SUR LE CHAUFFAGE AU BOIS NATURELS PROTÉGÉS PASSE À 5 % 20 % DE + DE 350 VÉHICULES UNE FLOTTE DE + DE SERVICES EN TRANSPORT COLLECTIF ÉCOÉNERGÉTIQUES ENSEMBLE POUR UNE MÉTROPOLE DURABLE 4 réalisations 2 Le bois primé 1 3 Claude Paquin présentait le 2 juin les lauréats du premier gala du Prix d’excellence cecobois 2010. Le jury était formé d’André Bourassa, président de l’Ordre des architectes du Québec (OAQ); Gilles Brassard, ingénieur, président de la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec (CEGQ); Ian Chodikoff, architecte, rédacteur en chef de Canadian Architect; Anne Cormier, architecte, directrice de l’école d’architecture, Université de Montréal et de Caroline Frenette, ingénieure, conseillère technique à cecobois. Ils ont décerné des prix dans une dizaine de catégories. 1- Institutionnel de + de 600 m2 Concept et détails architecturaux (prix ex æquo avec Bibliothèque Félix-Leclerc) Pavillon Gene H. Kruger, Université Laval, Québec 6- Industriel Agrandissement du centre de tri de Roberval Cet édifice manifeste un caractère élégant et sobre. Sa simplicité est tout à fait appropriée à l’usage, et le projet témoigne de la possibilité d’offrir des volumes de grande taille avec des systèmes structuraux en bois. Architectes : Anicet Tremblay & Serge Harvey Architectes, Jean Maltais Architecte Ingénieurs : Groupe Stavibel inc., Gencotech Entrepreneurs : Construction Unibec, Nordic Photo : RMRLAC formes 22 Simple et efficace, ce bâtiment intégré comportant un volet environnemental fort est bien reçu par les enfants, la directrice et les citoyens du quartier. Il met en valeur de nombreuses possibilités de la construction en bois, en plus de ses qualités acoustiques. Architecte : Claude Guay Ingénieurs : Genio experts-conseils, Genecor experts-conseils Entrepreneur : Groleau développement Photo : Claude Guy 5- Aménagement extérieur Danse en ligne, cour des habitations Unity 1 et 2, Montréal Ce jardin de bois permet une liaison fluide entre les bâtiments tout en créant un motif au sol intéressant. L’aménagement profite judicieusement de la chaleur du bois au sol. Ce projet crée une oasis en ville, un lieu distinct des espaces de repos que l’on retrouve dans le secteur. Architecte paysagiste : NIP PAYSAGE Entrepreneur : Darcy McGee Photo : Mélanie Mignault 7- Concept et détails architecturaux (prix ex æquo avec Pavillon Kruger) Agrandissement de la bibliothèque Félix-Leclerc, Québec L’utilisation du bois dans ce bâtiment dégage une simplicité appréciable. Il est possible de discerner le contrôle et la maîtrise des forces du matériau dans les détails d’installation. Architecte : Anne Carrier Ingénieur : EMS Entrepreneur : Constructions Pierre Blouin inc. Photo : RMRLAC 8- Revêtement intérieur Pavillon de la Jamaïque, Montréal Ce projet démontre un mariage réussi entre les éléments nouveaux et restaurés. L’ensemble est chaleureux tout en conservant une certaine sobriété. Le contraste entre le plancher pâle et les éléments plus foncés de l’aménagement enrichit esthétiquement l’espace, sans créer d’encombrement visuel. 5 Architecte : Réal Paul Architecte paysagiste : Espace Drar Ingénieur : Calculatec Entrepreneur : Construction Norabec Photo : Frédéric Saia 9- Solution innovante Hôtel Inukjuak et ses variantes, village d’Inukjuak Ce bâtiment est une prouesse de construction en milieu nordique. Le développement d’un système de construction par préfabrication demande une maximisation de la standardisation des composantes de même que la possibilité d’effectuer facilement un agrandissement dans le futur. La préfabrication, jumelée à la construction sur place, amène une construction rapide tout en offrant de l’emploi localement. Architecte : Marc Blouin Ingénieurs : Équation groupe conseil, FCNQ Construction Photo : Philippe Nolet 10- Développement durable Parc école / Centre d’interprétation des énergies renouvelables de Richelieu L’utilisation du bois s’inscrit dans la philosophie de développement durable inhérente à la réalisation de ce projet visant à sensibiliser la communauté aux technologies renouvelables et à l’importance d’une approche respectueuse de l’environnement. Architecte : Hubert Chamberland Ingénieur : Gauthier Consultants Entrepreneur : Constructions Martin Bellavance Photo : Hubert Chamberla 10 6 8 v6 n3 - 2010 v6 n3 - 2010 2- Institutionnel de - de 600 m2 Gymnase, École Vision, Sillery Inauguré le 11 mai dernier, l’édifice Fondaction Québec a obtenu un prix dans deux catégories. Avec ses six étages de 10 000 pi2 et sa structure de colonnes et poutres en bois lamellécollé de l’entreprise Nordic, cet immeuble est le plus haut du genre en Amérique du Nord. La mise en place de ce projet, réalisé dans le cadre d’une proposition de solution de rechange au Code national du bâtiment, aura probablement une incidence non négligeable sur le milieu de la construction. On peut affirmer qu’il s’agit d’une prouesse d’ingénierie. Architecte : Gilles Huot Ingénieurs : BES inc., Roche ltée Codes et normes : Civelec Consultation LEED : Courchesne et associés/Vertima Gérance de construction : Hervé Pomerleau inc. Montage de la structure : Construction FGP Photo : Gilles Huot 9 - Ce bâtiment a remporté un prix dans deux catégories. Ce pavillon de l’Université Laval intègre une grande variété de produits structuraux et d’apparence en bois. Il possède un caractère démonstratif fort. Son ouverture, sa luminosité et ses aspects bioclimatiques en font un classique dans sa catégorie. Architectes : Galienne Moisan (maintenant ABCP Architecture), Paul Gauthier Architecte Ingénieur : BPR inc. Consultant bioclimatique : GRAP, Université Laval Entrepreneur : Hervé Pomerleau inc. Photo : Laurent Goulard 3 ,4- Commercial de + de 600 m2 Concept architectural Édifice Fondaction, Québec 7 formes T rès répandue dans la construction résidentielle, l’utilisation du bois demeure cependant plus marginale dans les autres secteurs du bâtiment. Des acteurs sensibilisés à la matière ligneuse se sont donné pour objectif d’appuyer fortement la promotion du bois dans l’industrie de la construction non résidentielle. On a certainement remarqué ces derniers mois une vaste et efficace campagne adressée autant aux clientèles professionnelles que grand public. Dans le but de démontrer les possibilités du bois, tant dans ses composantes structurelles, architecturales qu’innovantes, le Centre d’expertise sur la construction commerciale en bois (cecobois) 23 FORMES : Quel est votre parcours professionnel et comment en êtes-vous arrivé à vous spécialiser dans le domaine du multimédia? Pier Chartrand : Après avoir obtenu mon diplôme en graphisme, j’ai bifurqué brièvement vers le design industriel avant de revenir à ma formation initiale. À la suite d’un voyage en Europe, j’ai décidé de travailler à mon propre compte comme graphiste dans le secteur de l’imprimé. C’est par un concours de circonstances que je me suis retrouvé dans le secteur du multimédia au début des années 1980. Appelé à remplacer au pied levé un ami, la firme Lambert Multimédia m’a engagé sur un projet. Cette compagnie fut l’une des premières à se spécialiser dans le multimédia au Québec. J’ai commencé comme graphiste et illustrateur jusqu’à exercer le rôle de concepteur visuel puis de directeur artistique et de réalisateur d’événements multimédias. C oncepteur visuel dans le secteur des affaires, des musées et des arts de la scène, Pier Chartrand est l’un des artisans importants du domaine du multimédia à Montréal et au Québec. Il a à son actif plus d’une centaine de réalisations dont plusieurs ont été produites pour l’Europe. Avec l’image et le son, il crée des mondes, formes - v6 n3 - 2010 Selon le concepteur Pier Chartrand, le futur de l’interactif et du virtuel réside dans la formation d’équipes encore plus spécialisées sur le plan technique, scientifique et artistique. 24 Photo : Jean De Julio-Paquin des architectures visuelles et des environnements à la fois ludiques et surprenants. FORMES l’a rencontré. F : Sur quels types de production avez-vous travaillé à cette période? P.C. : Je réalisais des productions principalement pour le secteur corporatif, notamment pour Bell Canada et la Banque Nationale. Il s’agissait de spectacles ou de séminaires d’entreprises. Parallèlement se sont rajoutées des commandes pour les musées, les gouvernements pour des expositions thématiques lors d’expositions universelles et aussi de la publicité. F : Comment s’exerçait la profession à cette époque? P.C. : Tout se faisait avec des moyens traditionnels. On incorporait aux mouvements des acteurs, des danseurs ou des mimes, des diapositives, des images vidéographiques. On pouvait aussi utiliser la projection au laser. L’arrivée des nouvelles technologies informatiques a bien sûr créé une révolution. Tout se réalise de façon plus rapide et plus fluide, mais les attentes sont plus grandes. F : Est-ce que l’arrivée des nouveaux outils technologiques a permis d’augmenter le rôle et l’impact de l’image dans la production d’événements? P.C. : Oui, c’est indéniable. Mais une bonne idée reste une bonne idée. Si elle est mauvaise ou mal intégrée, le designer ou le concepteur visuel aura beau utiliser les plus grands moyens techniques au monde, le résultat sera médiocre. Par contre, tu peux avoir une bonne idée et très peu de moyens et le résultat peut être fantastique. F : Comment les idées sont-elles développées? Quelles sont les différentes étapes dans la genèse d’un projet? P.C. : Premièrement, on ne peut pas créer seul. On a besoin d’une équipe de spécialistes. Au départ, les chargés de projets au sein des entreprises ont déjà une idée de ce qu’ils veulent, mais ils ne savent pas nécessairement comment la mettre en forme. Une première rencontre se fait entre le client et la firme de création pour bien s’approprier l’axe de communication choisi. Par la suite, le directeur artistique et les différents concepteurs se réunissent pour élaborer quelque chose de plus spécifique. Ce qui donne le synopsis et, par extension, le découpage technique, communément appelé le story-board. Le client a dès lors la possibilité d’évaluer ce à quoi pourrait ressembler la production une fois terminée. Le tout se raffine jusqu’à la toute fin. F : Sur le plan de la conception, est-ce que votre démarche est similaire, peu importe s’il s’agit d’une production pour le secteur corporatif, celui des musées ou des arts de la scène? P.C. : Chaque secteur d’intervention a sa propre problématique de communication. Lorsque je travaille sur des spectacles ou sur des projections visuelles à l’intérieur de pavillons thématiques, je vise davantage à faire passer une émotion. Dans le domaine corporatif, le message à véhiculer est très précis. Par contre, les paramètres de base restent les mêmes, à savoir que c’est par l’intermédiaire de l’image et de sa progression dans un scénario que j’interviens. Mais la manière de rendre le produit diffère d’un secteur à l’autre, car les secteurs n’ont pas en commun les mêmes objectifs de communication. F : Est-ce qu’il y des productions sur lesquelles vous avez travaillé qui ont représenté de plus grands défis? P.C. : Mon plus grand défi a été la réalisation du spectacle Rythmes cosmiques à l’Astrolabe du Mont-Mégantic en 2003. Je devais illustrer des phénomènes liés à l’origine du monde qui n’appartiennent pas à l’univers réel. Toutes mes propositions visuelles devaient donc être approuvées par des astrophysiciens. En plus de la rigueur scientifique, je devais livrer une production accessible au public, à la fois didactique et émotive. F : Quels sont les projets que vous avez réalisés à l’étranger? P.C : J’ai collaboré, entre autres, au projet Eurospace Center en Belgique ainsi qu’au pavillon du Canada à l’exposition universelle de Séville en 1992 et à celle de Hanovre en 2000. J’ai aussi réalisé la conception visuelle de deux productions de la compagnie théâtrale L’Arsenal, la pièce Alice en 2003 et L’Arche en 2009. Ces deux productions ont notamment circulé dans plusieurs villes d’Asie et poursuivent leur tournée respective. F : Est-ce qu’il y a des défis particuliers lorsque vous travaillez pour l’étranger? P.C. : Sur le plan de l’idéation et de la conception, il n’y a pas de véritables contraintes sauf de tenir compte de la culture. C’est plutôt du côté du producteur. Compte tenu de la distance, les échanges avec le client sont plus problématiques. Même s’il est possible de communiquer grâce à la technologie, le déplacement du producteur et du client est primordial pour évaluer l’avancement des travaux. Du côté de la production, tout se fait localement à Montréal puis est transporté et monté sur place. F : Comment se comporte l’industrie du multimédia présentement? P.C. : Nous entrons dans une nouvelle ère, celle de l’infographie 2.0. La communication va devenir encore plus interactive. L’Internet a été le maître d’œuvre du lien interactif. Mais outre l’Internet, il y aura dans les rues, dans des espaces intérieurs et extérieurs, des interactions encore plus grandes que celles que nous connaissons présentement. v6 n3 - 2010 Jean De Julio-Paquin - ARCHITECTE DU VIRTUEL formes réalisations Pier Chartrand 25 5 1 2 26 1. Environnement visuel réalisé dans le cadre d’un défilé de mode organisé par la maison London Fog. Composé d’une trentaine de petits écrans superposés les uns aux autres, le dispositif scénographique permettait aux mannequins de sortir des projections pour apparaître sur le devant de la scène dans une aura lumineuse. Illustration : Pier Chartrand Photo : Lucion Média Photo : Lucion Média 3. Le virtual display est un cube virtuel interactif pouvant se multiplier dans des sites intérieurs ou extérieurs. Les parois ont la propriété de se transformer au gré d’actions ou d’interventions d’individus, de musiciens, d’animateurs ou d’acteurs. Le virtual display peut servir autant pour des conférences d’entreprises que pour des concerts dans des festivals. C’est, entre autres, le type de recherche auquel Pier Chartrand participe actuellement avec Oxyde Média. Photo : Oxyde média 4. L’Arche est un spectacle multidisciplinaire produit par la compagnie L’Arsenal et qui jette un regard sur le fragile équilibre entre l’homme et la nature. Pier Chartrand a composé des environnements virtuels dans lesquels l’homme évolue à titre de gardien de la nature. Illustration : Pier Chartrand Photo : Lucion Média 5. Pier Chartrand a participé à la création et à la production du dernier spectacle du magicien et mentaliste Gary Kurtz, qui a été réalisé par la firme Oxyde Média. Des images sont projetées à l’intérieur d’un décor conçu par David Gaucher. Maquette : David Gaucher et Pier Chartrand 6. Une nouvelle exposition permanente racontant l’histoire du site fut inaugurée en 2009 au musée La Pulperie de Chicoutimi. Une installation multimédia plonge le spectateur parmi les ouvriers à travers différentes scènes projetées sur des écrans en transparence et en semi-transparence. Ils se superposent pour créer un espace architectural spécifique. Un travail d’animation a été effectué à partir de photographies traitées comme un film d’archives. Photo : Lucion Média 7. À la fois un concert et une réception, Symphonie des passions se caractérisait par un environnement multimédia à 360 degrés où le visuel se liait à l’ensemble du design. La projection d’images, en l’occurrence des peintures de grands maîtres de l’histoire de l’art, dynamisait l’espace où la recherche esthétique prédominait. 8. Inventons notre avenir : une incursion dans un monde sans cesse en mouvement sous le rythme de quatre percussionnistes et d’une danseuse. Ponctuant la performance, les images graphiques se déploient sur un tulle. 9. Sous l’égide des Nations unies, Montréal a été l’hôte de la 11e conférence sur les changements climatiques en 2005. Plus de 30 comédiens, danseurs et chanteurs évoluaient à travers un écran de projection de 20 mètres de large. Par le biais de la poésie et de la légende de la déesse Gaia, la production reflète la dégradation de la planète et les nombreux défis auxquels la population mondiale est confrontée. Photo : Lucion Média Photo : Lucion Média Photo : Lucion Média v6 n3 - 2010 Pages précédentes. En collaboration avec Lucion Média, Pier Chartrand travaille à développer un concept de projections architecturales sur des bâtiments. Les photographies présentent différentes simulations de scènes animées sur le boulevard Saint-Laurent, artère commerciale fort courue. Cette conception multimédia s’inscrit dans un esprit d’animation urbaine. 2. Novateur par sa facture, le musical Flower Power a été commandé par le Casino de Montréal. Sur scène, dix musiciens revisitent l’époque de Woodstock. Des chansons de Dylan, de David Bowie ou de Jimmy Hendrix étaient interprétées à travers les références historiques de l’époque : de la guerre du Vietnam jusqu’au succès de la comédie musicale Hair. La scène du mythique festival fut reproduite au Casino et du métrage inédit, tourné par les organisateurs en 1969, a été incorporé au scénario. 7 - 4 formes formes - v6 n3 - 2010 3 6 27 8 F : En ce sens, est-ce que vous travaillez sur des projets particuliers? P.C. : En collaboration avec la compagnie Lucion Média, je travaille sur des projets d’environnements virtuels, notamment sur des façades de bâtiments situés sur des artères commerciales. Les images projetées pourraient annoncer des événements ou participer à animer l’espace urbain. Il n’y a plus d’écran, les images se promènent librement à partir de stations mobiles ou immobiles. Il y a aussi un projet avec la firme Oxyde Média. Je participe à la conception d’un cube virtuel dans lequel on peut placer des individus, des musiciens ou des animateurs. Sur les parois extérieures et intérieures du cube, un décor se transforme au gré du discours émis par les intervenants. Le virtual display se déploierait comme une vitrine dans des festivals, des événements ou des conférences. Il est possible de le multiplier dans un même lieu et il peut être interactif. F : Est-ce que nous assistons à un phénomène où la virtualité prendra plus d’importance dans les années à venir? P.C : Oui, évidemment. Aujourd’hui, la combinaison de divers médias ou plateformes tels le téléphone, la télévision et l’Internet accélèrent cette possibilité. Les outils technologiques évoluent rapidement. C’est pourquoi l’avenir dans ce domaine réside dans la formation d’équipes diversifiées sur le plan des compétences et des savoirs. Marc Cramer Daleth de Gilles Mihalcean Parc Marcelin-Wilson Arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville Trois nouvelles œuvres pour la collection d’art public de la Ville de Montréal F : D’après vous, est-ce que les nouvelles expériences que vous décrivez peuvent participer au mieuxêtre de l’individu à l’intérieur d’une ville ou d’un territoire? P.C. : Je ne suis pas sociologue ni philosophe. Ça dépendra toujours de la manière dont elles seront appliquées. Le Web a du pire et du génie… Est-ce que ça va nous aider à mieux vivre ou au contraire, est-ce que ça va nous envahir? Je ne peux le prédire. Par contre, j’aime croire que ces expériences ont le potentiel de faire émerger de nouvelles identités urbaines, pourvu que leurs factures soient différentes et diversifiées d’une ville à l’autre sur la planète. Déjà, avec Internet, on assiste, dans son ensemble, à une certaine normalisation sur le plan des idées et du faire. Il faut tenter d’éviter le générique. Ceci étant dit, tout dépendra de l’axe sous lequel une firme, une ville ou un territoire voudront bien se faire valoir sur le plan de leur culture et de leur imaginaire. F : Par rapport à l’environnement urbain, comment le multimédia est-il appelé à intervenir dans la cité? P.C. : J’ai déjà mentionné la réalisation de vitrines interactives. Je pense aussi à des projections architecturales. Tout ça va contribuer à mettre en lumière de nouvelles approches, de nouvelles manières d’exploiter des images et leurs messages. Continuum 2009 (à la mémoire de Pierre Perrault) de Roland Poulin Parc de la Promenade-Bellerive Arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve 9 formes - v6 n3 - 2010 Michel Dubreuil F : Est-ce que ces possibilités contribueront à développer davantage cette industrie? P.C. : Tout à fait. Mais pour pouvoir progresser davantage, le domaine du multimédia devra avoir recours à des équipes encore plus spécialisées. L’amalgame des compétences entre scientifiques, techniciens et concepteurs sera déterminant dans le développement futur de l’univers interactif et virtuel. F : D’après vous, est-ce que le domaine du multimédia peut devenir aussi important économiquement que d’autres secteurs de production de biens dans notre société? P.C. : Je crois qu’il l’est déjà. Il y a des secteurs très florissants, notamment celui des jeux vidéo et de la production de sites Web. Il y a aussi le domaine du spectacle qui utilise de plus en plus des projections multimédia. Aujourd’hui, un spectacle sans effets visuels ou interactifs est presque considéré comme désuet. Les graphistes, les concepteurs multimédia ou les designers devront s’adapter très rapidement aux avancées technologiques. Cela sous-entend une toute nouvelle culture dans l’utilisation de ces moyens de communication. Les personnes qui font du Web ont déjà cette faculté. La jeunesse qui nous suit pense déjà dans cette optique; ce sera plus facile pour eux de s’adapter. Mais un fait demeure : être un bon idéateur, c’est ça le plus important. Ce dont nous avons besoin, ce sont des idées et des visions originales. Michel Dubreuil F : Pouvez-vous nous donner quelques exemples? P.C. : Je pense à des vitrines de commerces interactives où l’acheteur aura le loisir de visualiser des biens et de sélectionner des produits sur-lechamp. On parle aussi de réalité augmentée. Par exemple, au hasard de vos déplacements, une musique téléchargée sur votre cellulaire changera automatiquement l’orchestration et l’amplitude de la pièce en fonction des sons ambiants présents autour de vous, peu importe où vous êtes. Il y a aussi le secteur du spectacle où le public pourra intervenir directement. Il suffira de télécharger dans un téléphone portable les codesbarres du billet d’entrée. Avec cet outil, le spectateur pourra intercéder sur le système d’éclairage et par la suite le relayer à un autre spectateur. Celui-ci pourra à son tour agir sur les images diffusées durant un spectacle et cela en temps réel. C’est ce que nous observons comme possibilités à très court terme. 28 ville.montreal.qc.ca/artpublic une composante majeure du L’art public, développement culturel Give Peace a Chance de Linda Covit et Marie-Claude Séguin Parc du Mont-Royal Arrondissement historique et naturel du Mont-Royal perspectives De gauche à droite : De l’équipe 4A (projet Poule mouillée), Philippe Nolet, Claudia Delisle et Karine Dieu-Juste, David K. Ross du projet Pomme de terre, Alexander Reford, directeur des Jardins de Métis, le réalisateur Philippe Baylauqc, Marie-Claude Robert, directrice générale de l’Association des architectes paysagistes du Québec, Sami Tannoury de l’Équipe 4A et Claude Paquin, éditeur magazine FORMES. FIFA Photo : Jean De Julio-Paquin Discussions sur l’architecture et l’art de pêche en jardins. En bordure d’un kilomètre et demi de sentiers, elle a égrené quelque 3 000 espèces et variétés de plantes indigènes et exotiques. C’est son arrière-petit-fils Alexander qui dirige, depuis maintenant une quinzaine d’années, les Jardins de Métis. Sa vision, différente de celle de son aînée, l’a amené à créer le Festival international de jardins. Chaque année, des dizaines de milliers de visiteurs se rendent au jardin d’Elsie et admirent les installations des artistes prenant part au Festival. Le titre du film est loin d’être innocent. Il expose clairement la dualité des approches des deux artisans. Tout d’abord, le film raconte l’approche plus traditionnelle d’Elsie par rapport à celle d’Alexander, plus expérimentale. Toutefois, on ne peut dire que la créatrice des Jardins était une femme « de son époque ». Son conservatisme est omniprésent, certes, mais elle se démarquait considérablement par sa vision avant-gardiste. En effet, elle a perfectionné l’art de croiser des espèces, elle procédait de la manière « essais et erreurs », en vérifiant chaque printemps ce qui avait survécu au climat. Son esprit novateur l’a même amenée à troquer du saumon à ses voisins contre des charrettes de feuilles qu’elle transformait ensuite en compost. Et c’est là, dans leur vision laboratoire des jardins, qu’Elsie et Alexander se rejoignent. On ne peut nier le côté expérimental du Festival international de jardins qui, grâce à son approche inédite, fait vivre une expérience muséale aux visiteurs. « Tout au long du film, nous sommes en plein laboratoire », a lancé Marie-Claude Robert, directrice générale de l’Association des architectes paysagistes du Québec (AAPQ). Pourtant, Alexander n’est pas convaincu que son arrière-grand-mère le verrait ainsi. « Ce doit être juste assez ordonné, sans que le chaos paraisse. C’est évident qu’elle doit se retourner dans sa tombe : mon rôle est de la ralentir lorsqu’elle se retourne », image-t-il. Enfin, la dualité s’exprime jusqu’à la réceptivité des visiteurs. « Les adultes intéressés par l’ancienne partie se questionne sur le nouveau jardin, tandis que les enfants foncent dans cette nouvelle partie, mais ne s’intéressent pas aux fleurs », confie Alexander Reford. Les Jardins de Métis, un maillage entre paysages expérimentaux et traditionnels. Photo : Jardins de Métis pierres de la Bourgogne, en France? » a relevé Bruce Allan, associé principal au Groupe ARCOP. « Les propriétaires du musée possèdent suffisamment de terrains pour pouvoir échapper au chaos de la ville sans avoir à créer une presqu’île », a ajouté Michael Jemtrud, directeur de l’École d’architecture de l’Université McGill. Il était deux fois un jardin, Canada, réalisé par Philippe Baylaucq Créés durant les années 1930, les Jardins de Métis sont uniques en leur genre. De par leur emplacement géographique, ils bénéficient d’un microclimat les protégeant des hivers rigoureux de la Gaspésie. Ce paradis végétal est le fruit du travail acharné d’Elsie Reford, qui, en 1926, décide de transformer son camp DESTINATION ARCHITECTURE ARRÊTS SUR IMAGES ARCHITECTE www.BONEstructure.ca/entreprise/carrieres.php Si la perfection vous habite. www.BONEstructure.ca Tél.: 450 978.0602 PUB OAQ à venir DÉCOUVREZ LE NUMÉRO D’ÉTÉ DU MAGAZINE DE L’ORDRE DES ARCHITECTES v6 n3 - 2010 v6 n3 - 2010 formes 30 Learning from Light : The Vision of I.M. Pei, États-Unis, réalisé par Bo Landin et Sterling van Wagenen « L’architecture islamique prend son origine dans le désert et fait preuve d’une certaine simplicité que je ne veux pas perdre de vue », explique l’architecte sino-américain, I.M. Pei, qui célébrait son 93e anniversaire en avril. De Cordoue, en Espagne, jusqu’au Caire, le film suit le pèlerinage de l’architecte parti s’imprégner de l’architecture islamique. Son périple l’amènera d’ailleurs à s’inspirer de la mosquée d’Ahmed Ibn Touloun, au Caire. L’idée du film est sans contredit des plus intéressantes. Cependant, les spectateurs sont laissés avec tellement de questionnements qu’on doit conclure que le résultat ne répond pas aux attentes. D’abord, le film ne contient aucune critique sur le travail de Pei, de sorte qu’il ressemble davantage à un film réalisé pour un colloque touristique. Quoi qu’il en soit, l’aspect le plus dérangeant du film, c’est la certitude avec laquelle Festival international de jardins Le Festival international de jardins aux Jardins de Métis, un des plus importants à l’échelle internationale, présente des jardins éphémères qui se situent à la croisée de plusieurs disciplines : le design de paysage, le design de jardin, l’architecture, le design et l’art environnemental. Lancé en 2000, le Festival a présenté à ce jour plus de 80 jardins conçus par près de 200 créateurs provenant d’une quinzaine de pays, et il a attiré plus de 800 000 visiteurs! Événement unique en son genre, le Festival constitue une incroyable vitrine pour les designers émergents, toutes disciplines confondues. - L ors du 28e Festival international du film sur l’art (FIFA), tenu en mars dernier, deux films ont retenu l’attention de l’équipe du magazine FORMES. Le premier, Learning from Light : The Vision of I.M. Pei, relate les étapes de la conception du Musée d’art islamique de Doha, au Qatar. Le second, Il était deux fois un jardin, met en lumière les différences conceptuelles d’Elsie Reford, créatrice des Jardins de Métis, et celles de son arrière-petit-fils, Alexander Reford, actuel gestionnaire de ces jardins situés au confluent de la rivière Mitis et de l’estuaire du fleuve SaintLaurent. Pei approche son premier projet « islamique ». Il multiplie les déclarations faciles sur les bâtiments islamiques : « les bâtiments islamiques ont tous un aspect en commun : le soleil » ou encore « la variation des volumes, les formes géométriques et l’éclairage naturel sont très importants, pas besoin de rien d’autre, pas même de couleur ». Les organisateurs du FIFA avaient invité des spécialistes du sujet afin de commenter le film après le visionnement. La discussion promettait donc d’être très animée. D’entrée de jeu, Irena Latek, professeure titulaire et chercheure à l’Université de Montréal, a crevé l’abcès et posé la question latente du film. « Qu’est-ce que l’architecture islamique? Pourquoi utilise-t-il le mot islamique plutôt que le mot arabe? » Après avoir reconnu l’importance et l’influence de Pei dans le domaine de l’architecture contemporaine, les architectes invités ont convenu que la réponse n’est pas aussi simple que celle proposée par Pei. Puis, à tour de rôle, les experts ont critiqué certains aspects de ce musée. « Je reconnais l’œuvre de Pei, mais je ne reconnais pas l’architecture islamique à travers l’œuvre de Pei. Il a adapté son style à ce qu’est un bâtiment islamique pour lui », a lancé Torben Burns, professeur d’architecture de l’Université McGill. Enfin, non satisfait de l’environnement entourant le musée, Pei a installé celui-ci sur une presqu’île, construite pour l’occasion, afin que le golfe Persique lui serve de décor. Cet élément n’est pas passé inaperçu. « À l’heure où l’environnement est un sujet d’actualité, comment peut-il dire que ce musée est durable et respectueux de l’environnement quand il a déplacé 25 000 000 de tonnes de matière pour créer une péninsule et qu’il a importé des formes Martin Lessard 31 Martin Lessard Photo : Martine Doyon directement. Jusqu’à maintenant, nous n’avons pas eu à faire de prospection. Par contre, ici, les gens ne nous connaissent pas », explique le pdg de la PME de Lachine. Son secret : Lightemotion n’est associée à aucun fabricant d’appareils d’éclairage. L’entreprise est donc libre de proposer la meilleure option à ses clients. « Nous ne prenons pas de commissions sur les produits. Nous travaillons dans le meilleur intérêt de notre client. » La lumière joue un rôle important dans la signature, le branding d’un bâtiment. « Contrairement à ce que certains pensent, nous ne faisons pas juste changer les couleurs. Au contraire, 85 % de nos projets sont plutôt classiques, statiques. Pas de bling-bling, il s’agit plus d’une étude de la lumière dans un espace. Il faut que le résultat ait l’air d’un tout, pas d’un building éclairé. » La relation très étroite entre Lightemotion et ses clients ne s’arrête pas là. Ces derniers participent activement au processus d’idéation. « Nous devons prendre leur pouls, car ce sont eux les utilisateurs. Nous leur demandons de nous donner un mot qui les représente, par exemple, signalétique. Ensuite, nous travaillons à partir de ce mot », explique l’entrepreneur de trenteneuf ans. L’étranger : une nécessité Même s’il souhaite passer plus de temps au Québec, François Roupinian estime que Lightemotion ne pourrait pas vivre que de projets québécois. « Le problème au Québec est très particulier et ne se retrouve nulle part ailleurs. Les éclairagistes ne font pas partie des professionnels. Il n’y a pas d’enveloppe budgétaire pour eux. Ici, ce sont les ingénieurs qui s’occupent de la lumière. Ils ont les connaissances techniques, mais pas la sensibilité artistique, explique-t-il. Quand ce ne sont pas les ingénieurs, on demande aux fournisseurs de produits d’éclairage de concevoir le design. On ne demande pas aux fournisseurs de bois de concevoir l’architecture, pourquoi le fait-on avec l’éclairage? » Pour l’instant, François Roupinian remarque que l’avancée est plus notable du côté des projets privés. « Quand les décideurs réaliseront les bénéfices d’avoir un concepteur d’éclairage, les choses vont changer. Je suis confiant qu’elles changeront bientôt. » L’ONU de la lumière Roupinian estime que son équipe est une autre des forces de son entreprise. « Nous avons une équipe éclectique et multiethnique. Elle provient notamment de la France, du Mexique, de la Suisse. Tout cela amène une saveur particulière. Par exemple, les Japonais sont soucieux du détail, les Latinos sont plus sensibles. Ça peut sembler généraliste, mais c’est vrai. » Pas surprenant venant de celui dont le père est Arménien. formes Le Auckland War Memorial Museum, en Nouvelle-Zélande, livré en octobre 2009. Crédits : Architecte : Aimer and Draffin – Photo : Simon Davitt Le pavillon du Canada à l’Exposition universelle de Shanghai. Le Musée d’art contemporain de Montréal figure parmi les projets extérieurs préférés de François Roupinian. ‹ 32 ‹ ‹ v6 n3 - 2010 L’essayer, c’est l’adopter Profitant d’une très bonne réputation auprès de la presse spécialisée, Lightemotion est également chouchoutée par ses clients. « Nous travaillons beaucoup grâce au bouche à oreille. Nos clients nous appellent Les débuts avant le début Adolescent, Roupinian construisait des lampes dans sa chambre, au grand dam de son père. Après avoir roulé sa bosse à titre de concepteur d’éclairage dans des projets technos et expérimentaux, il s’inscrit au Centre des arts de Banff en 1996. « C’était très difficile. Tout le monde avait un bac, pas moi… » De retour de l’Ouest canadien, il entre en production théâtrale à l’École nationale du théâtre. « Directement en deuxième année », lance-t-il avec fierté. Puis, de fil en aiguille, il travaille dans le milieu théâtral. C’est finalement l’ex-pilote de Formule Un, Jacques Villeneuve, qui lui a confié son premier mandat architectural : l’éclairage du Newtown. « Depuis, on roule à 100 milles à l’heure », illustre Roupinian. Crédits : Concepteur: Cirque du Soleil (collaboration Saia, Barbarese et Topouzanov) – Architecte: ABCP Architecture – Équipe dirigée par SNC Lavalin) – Photo : Patrick Alleyn Crédits : Architectes : Claude Sauvageau et Gabriel Charbonneau (Jodoin Lamarre Pratte et associés) – Photo : Martine Doyon v6 n3 - 2010 François Roupinian, président et fondateur de Lightemotion. Depuis deux ans, grâce notamment au Quartier des spectacles, Lightemotion, mieux connue dans les domaines architectural, muséologique et des spectacles, a eu l’occasion de plancher sur quelques projets montréalais. D’ailleurs, le Musée d’art contemporain de Montréal figure parmi les projets extérieurs préférés de François Roupinian. Le Auckland War Memorial Museum, en Nouvelle-Zélande, occupe également une place de choix. « Même s’ils se trouvent aux antipodes de la planète, ces deux projets ont été livrés dans la même semaine, en octobre 2009. Un véritable tour de force. » Le jeune entrepreneur aime profondément Montréal. « Montréal est une belle ville, remplie de possibilités. Il ne nous reste qu’à la mettre en valeur, à l’amener à un autre niveau. Il faut se doter d’une vision à long terme, savoir ce qu’on veut dire. » Chaque matin, en pleine séance de power-walk, François Roupinian dresse une liste des endroits où il pourrait apporter sa contribution. « Sans nommer un bâtiment en particulier, j’essayerais d’abord de changer la face des aires et des places publiques le long du boulevard Saint-Joseph, aux abords du canal Lachine. » - A près une dizaine d’années passées à allumer la planète, le Montréalais François Roupinian, président et fondateur de Lightemotion, une firme spécialisée dans la conception et le design de l’éclairage, espère maintenant faire sa niche dans son patelin. De retour de l’exposition universelle de Shanghai, où il a supervisé l’éclairage du pavillon du Canada, François Roupinian souhaite passer plus de temps au Québec. « J’adore travailler à l’étranger et je vais toujours le faire, mais ça fait longtemps que je souhaite revenir. Malgré le temps passé à l’étranger, je demeure collé à mes racines. D’ailleurs, ce sont des créateurs québécois qui nous ont lancés sur la scène internationale », soutient le jeune entrepreneur d’Outremont, qui a travaillé avec le Cirque du Soleil, GSM Design et SNC-Lavalin lors de son périple en Chine. formes réalisations Lightemotion veut illuminer le Québec 33 réalisations Photo : Reichen et Robert & Associés©DR archipress et Robert & Associés©Georges FESSY du XIXe siècle où rivalisent à la fois XIXe siècle, en pleine période de gloire urbanistique et architecturale haussmannienne, Paris se dotait de résidences bien enlignées respectant des règles précises. La banlieue parisienne était alors un endroit de guinguettes et de promenades oisives sur les bords des rivières telle la Marne. En bordure de cette dernière, à 18 kilomètres à l’est de Paris, sur de vastes champs de la petite Ville de Noisiel, un industriel rusé vint y implanter en 1825 une chocolaterie. Nommée chocolaterie Menier, du nom de son fondateur, Jean Antoine Brutus Menier, l’entreprise artisanale se transforma rapidement en empire du chocolat et devint un vaste lieu de modernité industrielle doté de bâtiments. Succédant à la tête de l’entreprise à la mort de son père en 1853, Émile Justin Menier laissera aussi sa marque. En 1874, Noisiel, petite bourgade paysanne, était en partie transformée en cité ouvrière par ce fils Menier, un ardent propagandiste des théories sociales mises de l’avant au XIXe siècle, en pleine industrialisation. Ce lotissement ouvrier était une des premières expériences de logement social créé à partir de principes hygiénistes. Cela permettait aux 325 ouvriers de la chocolaterie et à leurs familles d’avoir de bonnes conditions de vie, mais aussi d’être soumis à une certaine morale dans un lieu les maintenant à deux pas de leur usine. génie du bâtiment et architecture au prestige convaincant, la chocolaterie Menier, une fabuleuse ruche ouvrière dans un lieu incomparable, a été recyclée en siège social par la formes - v6 n3 - 2010 multinationale Nestlé France. 34 Au Fadi Mehio, ingénieur en bâtiment pour la compagnie Bovis, s’est assuré de toute la logistique du chantier, du début de l’année 1995 à la fin de l’année 1997. Photo : Manon Sarthou Plus d’un siècle plus tard, dans les années 1990, cette chocolaterie fermée quelques années plus tôt fut mise en valeur grâce à un énergique programme de restauration et de réhabilitation du site commandé par l’entreprise Nestlé France et dynamisé par la municipalité de Noisiel. La ruche ouvrière d’antan est aujourd’hui animée par les 2 000 employés du siège social de Nestlé, sans compter les nombreux touristes qui viennent la visiter, notamment lors des journées du patrimoine. « En 1995, je travaillais pour Bovis Construction, une entreprise très importante en France spécialisée dans les grands chantiers patrimoniaux et le transport d’œuvres d’art, explique Fadi Mehio, ingénieur en bâtiment. J’étais alors Project Manager. Nestlé avait engagé les architectes Bernard Reichen et Philippe Robert afin d’y faire son siège social français. De notre côté, le mandat était d’assurer le bon suivi du chantier selon les plans des architectes, mais aussi selon les exigences des Monuments historiques de France, car les bâtiments y sont inscrits et classés. » Le moulin Saulnier : une sauvegarde de haut niveau « Le plus difficile était de répondre à certaines exigences patrimoniales relatives au moulin Saulnier », commente l’ingénieur Mehio. Le moulin Saulnier, pièce maîtresse du site Nestlé, est un des monuments les plus célèbres du patrimoine industriel français. Situé sur la rivière la Marne, le moulin faisait partie des terres seigneuriales ayant appartenu entre autres au secrétaire d’Henri IV, Jean du Tremblay, au XVIe siècle. Le moulin semble avoir été présent dès le XIIe siècle, mais il a été maintes fois remanié au cours des siècles. En 1872, Émile Justin Menier embauche l’architecte Jules Saulnier afin d’édifier un nouveau moulin, soit le bâtiment actuel. Le décor de briques vernissées et de céramique témoigne d’un luxe inattendu pour un bâtiment industriel, mais l’idée était aussi de créer un lieu à l’architecture triomphante. Les motifs géométriques, composés de briques de couleur sur briques claires, captivent par leur disposition. Le bâtiment servait aussi de moyen de communication intense afin de faire connaître le nom de l’entreprise. À preuve, une série de disques bordés de briques noires, jaunes et rouges renferment alternativement le « M » de Menier et le symbole de l’usine, le cacaoyer. « Nous avons dû produire plusieurs échantillons avant d’arriver à la bonne couleur de brique demandée, commente Fadi Mehio. Il a fallu recommencer plusieurs fois avant d’obtenir la bonne teinte. Pour deux briques, nous pouvions faire jusqu’à dix échantillons. Ces échantillons réalisés par des artisans spécialistes de la brique n’ont pas été conservés, car ils ont été fabriqués en petite quantité. C’était très difficile de planifier cette phase et le temps prévu a été dépassé », concède l’ingénieur qui assumait la responsabilité de gestionnaire de projet. De même, les tuiles de la toiture ont été difficiles à reproduire. Les tuiles polychromes reprennent le motif losangé de la façade, et le faîtage est surmonté d’une frise de fleurons représentant les fleurs et les fruits du cacaoyer. « Cette crête a été difficile à restaurer, mais heureusement les Monuments historiques ont fait appel aux spécialistes de l’entreprise UTB, reconnue pour son expertise dans le domaine des couvertures anciennes », précise l’ingénieur. v6 n3 - 2010 M anon Sarthou - Fleuron de l’architecture industrielle Édifié en 1872, le moulin Saulnier est le bâtiment le plus spectaculaire du site. L’architecte Jules Saulnier fait briller le bâtiment par son décor exceptionnel et aussi par les innovations de construction. Le moulin est le premier bâtiment dont l’ossature entièrement métallique est laissée apparente (la tour Eiffel a été érigée en 1889). L’architecte a joué d’ingéniosité en utilisant la structure comme rôle décoratif. Ainsi, les grands poteaux verticaux de la façade sont supportés par une série de chaînages diagonaux formant des losanges au centre desquels sont placées les fenêtres. formes L a chocolaterie M e n ier Photo : Manon Sarthou 35 Photos: Olivier Bourgeois R Résidence 2G formes ‹ 38 ‹ v6 n3 - 2010 R ‹ La mezzanine enrobée de lattes de bois et vue sur la baie de Plaisance. Olivier Bourgeois, architecte Photo: Sonia Labrecque Résidence 2G : la maison est implantée en continuité avec la dune face à L’Île-d’Entrée. ésidence 2G est une maison réalisée en 2009-2010 pour les parents de l’architecte. Ancrée dans le paysage, elle fait face à la mer comme la plupart des maisons des Îles, cette mer si proche qui vient lécher et gruger la côte. La maison est protégée par une butte de sable qui se régénère chaque été, le vent déposant le sable qui s’accumule. Mais la pérennité de cette fragile protection est questionnée. « Il faut être conscient du danger et assumer la décision de construire là », commente Olivier Bourgeois. Et il faut construire en conséquence, prévoir un système de pompage en cas d’infiltration et éventuellement se préparer à déménager la maison. Fidèle aux traditions des constructions locales, elle respecte le plan d’organisation des maisons des Îles. Elle comporte deux étages avec la cuisine et la salle à manger en bas et le séjour en haut. Elle possède aussi son tambour, sorte d’appendice latéral qui protège l’entrée. Son revêtement est fait de bardeaux de cèdre, qui résiste bien au climat des Îles. Mais au lieu de les laisser nus, ils Trop de bleu : Les formes bleues, sculptées à l’image des falaises érodées, enserrent la piste cyclable. Les modules sont implantés sur un site fragile et constamment soumis aux intempéries. Le module principal est percé d’une ouverture, sur la gauche, faisant office d’une fenêtre ouvrant sur le décor extérieur. ‹ Bourgeois réfléchit aux formes, Serge Boudreau et Annie Landry fournissent une image et une phrase pour illustrer chaque thème, le tout devant rester sobre pour ne pas éclipser le paysage. La structure, de formes irrégulières, évoque l’érosion des falaises et donne l’illusion d’une mer houleuse venant rompre l’horizontalité. Elle enserre la piste et crée une exiguïté qui protège momentanée contre le vent. Elle est faite de bois recyclé, couvert de masonite puis de quelques couches de fibre de verre volontairement non polies pour laisser la texture des fibres visible. Quant à la couleur, c’est évidemment le bleu, ce bleu omniprésent de la mer aux cieux. Deux tons de bleu font ressortir les jeux d’ombre. Trop de bleu a pris place d’août à novembre 2009. Le climat des lieux n’a d’ailleurs pas accordé de prolongation. Une tempête automnale a couché les modules, rappelant qu’en bord de mer, on ne construit pas sans tenir compte des éléments naturels. ‹ Trop de bleu écipiendaire de la Bourse du Collège des présidents décernée par l’Ordre des architectes du Québec (OAQ) en 2006, Olivier Bourgeois s’envole pour un voyage d’études en Norvège à la rencontre de l’architecte Todd Saunders. Une réalisation de l’architecte le frappe : l’observatoire d’Aurland, une plateforme vertigineuse au-dessus d’un fjord. « C’est un geste simple dans un environnement grandiose pour souligner le paysage », commente Olivier Bourgeois. Comme un catalyseur pour faire prendre conscience du panorama. C’est sur ce principe qu’il développe son projet Trop de bleu sur la piste cyclable des îles de la Madeleine. L’idée est de créer une structure temporaire pour inciter les gens à prendre une pause et à s’imprégner des lieux. Il s’associe à deux artistes des Îles, Annie Landry, professeure de littérature, et le photographe Serge Boudreau. Tous trois développent le concept autour de trois thèmes : l’horizontalité, l’exiguïté et la représentation. Tandis qu’Olivier La fibre de verre texturée laissée apparente des modules Trop de bleu. sont protégés par une teinture grisâtre qui évoque le cèdre vieilli. Olivier Bourgeois a tout de même introduit quelques dérogations au langage architectural des Îles. Au lieu d’encadrer les fenêtres et les contours de la maison avec des moulures colorées, il a incorporé la couleur à la fenestration elle-même. Il a cependant choisi la couleur orangée caractéristique des Îles. Autre dérogation, un treillis extérieur habille le deuxième étage du côté de la route. Il est uniquement destiné à rompre l’homogénéité de la façade. Malgré ces apports personnels, la maison reste en continuité avec la tradition comme en témoigne la réaction des gens qui s’arrêtent, s’informent et commentent : « On a l’impression que ça a toujours été là. » La maison ne choque pas. Elle respecte aussi les clients et Olivier Bourgeois insiste sur l’importance, pour le client, de s’approprier le projet. Dans ces deux projets, Olivier Bourgeois a su, sans bousculer les traditions, introduire quelques nouveautés. Il faudra voir si, inversement, l’architecte des Îles insufflera un vent du large à ses éventuelles réalisations urbaines. v6 n3 - 2010 A ux îles de la Madeleine, le regard atterrit toujours sur l’horizon. Impossible d’échapper à cette perspective océanique, à cette mer omniprésente qui grignote les falaises. Ici, la constance de la mer contraste avec la fragilité du paysage. Olivier Bourgeois, architecte madelinot, se souvient : « Cet hiver, il y a eu une grosse tempête et on a vu un chalet être emporté par l’eau. » Une déclaration qui en dit long sur les liens entre l’architecture et les éléments naturels. La mer ne façonne pas uniquement le paysage côtier, elle forge aussi l’architecte. « Cette ouverture sur l’horizon, c’est quelque chose qui me fascine », déclare d’emblée Olivier Bourgeois tout en soulignant qu’« être en bord de mer permet de prendre conscience du paysage et de sa fragilité ». En conséquence, on ne construit pas un bâtiment pour lui-même et il faut voir plus large que l’environnement immédiat. L’aménagement aux Îles se fait d’ailleurs en concertation avec la population, les élus, mais aussi des architectes paysagistes, des scientifiques et des en- vironnementalistes. Les chercheurs du projet de recherche Ouranos à Rimouski étudient l’érosion côtière et définissent les zones à risque. Le groupe de protection Attention FragÎles, qui veille à la préservation du patrimoine naturel, attire l’attention sur l’impact qu’un projet peut avoir sur la biodiversité locale. Aux Îles, il n’y a pas que l’érosion du paysage et les perspectives infinies. Il y a aussi le vide sur place. « En ville, fait remarquer Olivier Bourgeois, il n’y a que “du plein”. On construit quelque chose au milieu d’autre chose. » Les bâtiments voisins vont influencer le projet et pour se démarquer, il faut oser, voire choquer. En région, il n’y a pas de limites d’espace et autour, c’est le vide. Une situation qu’Olivier Bourgeois compare au syndrome de la page blanche et qui l’intéresse grandement, car dans cet espace vide, « un geste simple permet de capter l’attention ». Horizon, fragilité du paysage, intégration dans le milieu humain et naturel et espace disponible sont autant d’éléments qui ont influencé Olivier Bourgeois dans les deux projets qu’il a réalisés aux Îles. - Valérie Levée formes réalisations L’architecte et la mer 39 1 v6 n3 - 2010 1. Évalué à 27 millions de dollars, le bâtiment de cinq étages devrait être inauguré à l’automne 2011. formes - 2. Un mur végétal, intégré au système de ventilation de l’air, filtrera les particules de poussières et de gaz et humidifiera le bâtiment. 40 2 Source : Menkes Shooner Letourneux Architectes Caractéristiques environnementales En plus d’avoir 20 % d’ajout cimentaire, la Maison sera notamment dotée d’une enveloppe thermique robuste, d’un apport important de lumière naturelle, de fenêtres à verre triple, d’un système domotique, d’un système de récupération des eaux de pluie, de toilettes à faible débit et d’un toit vert. « Pour concevoir un bâtiment écologique, nous n’avons pas eu recours à la physique nucléaire. Nous avons utilisé des technologies éprouvées depuis au moins vingt ans », lance Sidney Ribaux. Par contre, le système de géothermie urbaine a mis les ingénieurs au défi. On a installé une trentaine de puits géothermiques de 500 pieds de profond sur la totalité du terrain. N’ayant pas le luxe de l’espace, l’édifice est érigé sur le système géothermique. « Puisqu’il sera impossible d’aller réparer un puits défectueux, les ingénieurs ont élaboré un système qui sera en mesure de fonctionner même si un puits rend l’âme », explique M. Ribaux, ajoutant que « selon le spécialiste d’Hydro-Québec qui a suivi le dossier, la Maison sera de loin le bâtiment le plus efficace en économie d’énergie au Québec ». Mur végétal innovateur L’élément le plus innovateur de la Maison est l’installation d’un mur végétal sur le dos de la cage d’ascenseur. Ce dernier, intégré au système de ventilation de l’air, filtrera les particules de poussière et de gaz et humidifiera le bâtiment. Pour compenser le manque de luminosité pendant la période hivernale, les plantes seront également éclairées de façon artificielle. « Le mur végétal, qui couvre une superficie de 42 mètres carrés, traitera 1 615 litres d’air à la seconde », déclare Jacques Lagacé, vice-président, Innovation et projets majeurs chez Bouthillette Parizeau et Associés et l’un des professionnels ayant pris part à la conception de ce mur. Des chercheurs en suivront l’évolution au cours des premières années. Selon Équiterre, il s’agirait du premier du genre au Québec. Et si c’était à refaire… Sidney Ribaux avoue que si le projet était à refaire, il réduirait considérablement la proportion de béton nécessaire à l’érection de la structure du bâtiment. « Sachant ce que je sais aujourd’hui, je privilégierais l’utilisation du bois pour la construction de la structure », déclare-t-il en faisant référence au bâtiment de six étages de Fondaction CSN, érigé à Québec. Cet édifice à bureaux, doté d’une structure de bois lamellé-collé, est le plus haut du genre en Amérique du Nord. « L’impact environnemental du bois est bien moindre que celui du béton. En fait, bien qu’il soit un incontournable, le béton est le matériau le plus nocif du point de vue environnemental », termine Sidney Ribaux. v6 n3 - 2010 P lus de cinq ans après avoir lancé l’appel d’offres pour la construction de la Maison du développement durable, Équiterre procédait en mars dernier à la première pelletée de terre du projet de construction. Entre l’idéation et l’inauguration du bâtiment, prévue pour septembre 2011, beaucoup d’eau de pluie aura été récupérée… « Puisque les bâtiments sont responsables d’environ 30 % des gaz à effet de serre, nous voulions dès le départ que notre projet soit éducatif », explique Sidney Ribaux, coordonnateur général d’Équiterre. Située sur la rue Sainte-Catherine, juste à côté du Théâtre du Nouveau Monde, la Maison du développement durable abritera une dizaine d’organismes à but non lucratif qui seront toutes copropriétaires de l’édifice. En plus de devenir un des éléments importants du futur Quartier des spectacles, Équiterre souhaite que la Maison soit « ouverte vers le citoyen ». « Nous voulons qu’elle devienne un lieu de rencontre, souhaite M. Ribaux. Pour ce faire, nous allons aménager un petit centre d’interprétation sur le développement durable comprenant une trentaine de modules éducatifs sur le bâtiment. Les citoyens pourront le visiter de façon autonome ou en groupe. Enfin, un bistro et un espace sous atrium pourront accueillir des événements. » Évaluée à 27 millions de dollars, la Maison devrait recevoir la cote LEED Platine une fois les travaux terminés. Contesté par certains, encensé par d’autres, le système d’évaluation des bâtiments à teneur environnementale LEED a servi de référence lors de la conception de la Maison du développement durable. « Le débat n’a pas duré très longtemps, parce qu’il existe un consensus assez fort pour ce système. Il est un bon point de repère pour les professionnels, car il propose des objectifs clairs. De plus, il évite les débats sur les valeurs et la science, parce qu’il a été fait en amont », explique Sidney Ribaux. La certification LEED fournit des renseignements sur la plupart des produits, comme leur émission de gaz à effet de serre (GES) ou leur teneur en composés organiques volatils. Cet élément a également guidé la démarche de l’organisme. « De notre côté, nous étions plus sensibles aux émissions de GES qu’à la toxicité des matériaux. Nous avons donc orienté la construction vers cet objectif. Si un autre client veut mettre l’accent sur la qualité de vie des occupants ou sur l’analyse du cycle de vie, il peut le faire. » Pour arriver à la cote LEED Platine, Équiterre estime ne pas avoir assumé un surcoût important. « Nous estimons la surprime à 15 %. Je suis convaincu qu’aujourd’hui, au Québec, on peut construire un bâtiment LEED Argent sans coût supplémentaire », avance M. Ribaux. Plusieurs détails importants et incontournables empêchent de comparer la Maison avec d’autres édifices. « D’abord, il s’agit d’un nouveau bâtiment et non pas d’une reconversion. Ensuite, il s’agit d’un bâtiment multiusager, comprenant même un centre de la petite en- fance. La partie “démonstrative”, l’espace sous atrium et les salles de réunion font en sorte que la Maison possède 30 % d’espaces communs, ce qui est non négligeable », explique le coordonnateur général d’Équiterre. - Martin Lessard formes réalisations Maison du développement durable Un projet éducatif 41 réalisations ‹ L’ÉTS mise sur un quartier de l’innovation Le Carrefour d’innovation INGO favorisera la recherche et le développement en génie d’application, de même que le transfert des connaissances. Illustration : Côté et Talbot, architectes ‹ Vue aérienne d’une partie du quartier que l’ÉTS souhaite dynamiser. Photo : ÉTS ‹ Illustration : Côté et Talbot, architectes ‹ La Maison des étudiants comportera tous les services destinés aux étudiants en un seul endroit. L’édifice comptera notamment un aréna et un terrain de soccer sur le toit. Yves Beauchamp, directeur général de l’École de technologie supérieure. Photo : ÉTS formes 42 Innovation Go! Collaborant étroitement avec plus d’un millier d’entreprises, l’ÉTS devait assurément conserver les liens qu’elle entretient avec l’industrie. Pour ce faire, elle a lancé le Carrefour d’innovation INGO, pour Innovation Go, qui favorisera la recherche et le développement en génie d’application, de même que le transfert des connaissances. À l’intérieur même de l’endroit où se trouvaient les cuves de brassage de la bière Dow, un bâtiment d’environ 100 000 pieds carrés, des lofts industriels variant entre 2 000 et 10 000 pieds carrés seront aménagés afin de créer un rapprochement physique favorisant les activités de maillage entre les différents partenaires et un environnement stimulant et créatif pour encourager la compétitivité industrielle. Cependant, « il ne s’agit pas d’un incubateur d’entreprises, précise M. Beauchamp. Nous ne ferons pas de «nursing». Il s’agit davantage de cellules d’innovation ». Normalement, une université vend des terrains connexes à des entreprises. Toutefois, que des entreprises louent des locaux et s’installent dans un bâtiment universitaire, l’ÉTS croit qu’il s’agit d’une première. « INGO devrait accueillir une vingtaine d’entreprises. Celles-ci paieront le prix courant, soit environ 25 $ le pied carré, mais profiteront de la synergie avec l’École, propice à l’innovation. Elles auront accès aux laboratoires de recherche, aux chercheurs et au bassin d’étudiants. Les travailleurs pourront également profiter de tous les services offerts sur le campus, que ce soit la bibliothèque, la cafétéria ou le centre sportif », déclare M. Beauchamp. Pour financer le projet, l’ÉTS a obtenu une subvention d’un peu plus de 20 millions de dollars du programme fédéral de soutien à la recherche – volet infrastructure du savoir, et du MDEIE (ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation). Cependant, pour y avoir droit, une condition très contraignante s’impose : le bâtiment doit être livré au plus tard au printemps 2011. Si l’industrie répond favorablement au Carrefour d’Innovation INGO, l’ÉTS a prévu une deuxième phase d’un autre 100 000 pieds carrés. « Nous sommes confiants. Déjà presque tout le neuvième étage est loué, sans même avoir fait d’annonce officielle. » Au cœur d’un quartier en pleine expansion L’étude de faisabilité cherchait également à présenter des pistes pour dynamiser le quartier. Plus précisément, le mandat visait à qualifier la faisabilité stratégique d’un parc scientifique urbain avec l’ÉTS pour épicentre et de proposer un plan d’action. L’ÉTS veut ainsi mobiliser tous les acteurs du quartier, incluant les différents paliers gouvernementaux, afin d’en faire un Quartier de l’Innovation. « Parce que l’innovation, c’est un sport de contact, lance M. Beauchamp. L’enthousiasme des acteurs du milieu à donner à ce quartier un «branding distinctif» sous le leadership de l’ÉTS est remarquable. » L’ÉTS se trouve à proximité du centre-ville, du Quartier des affaires, de la Cité du multimédia, de la Cité du commerce électronique et du Nordelec. En considérant que dans un rayon d’un kilomè- tre et demi, ce secteur compte la plus importante concentration de talents en technologie de l’information au Canada, il est tout à fait normal de constater un tel engouement. « Le périmètre de l’École constitue déjà un Quartier de l’Innovation. Ce qu’on souhaite maintenant, c’est de l’étendre », précise-t-il. Avec le réaménagement de l’autoroute Bonaventure et du quartier Griffintown, les Bassins du Nouveau Havre, l’implantation potentielle du tramway, les projets de la société immobilière Cadillac Fairview, c’est pas moins de six milliards de dollars d’investissements qui sont prévus au cours de la prochaine décennie. « Tous ces projets se réaliseront et si on ne fait rien, on risque d’assister à une série de négociations urbanistiques indépendantes. Il ne faut pas créer des ghettos, mais plutôt encourager une bonne mixture », soutient M. Beauchamp. La Maison des étudiants pour créer un milieu de vie Depuis longtemps, l’ÉTS désire rassembler tous les services destinés aux étudiants en un seul endroit. Pour ce faire, elle a imaginé un édifice de six étages avec de grands cafés, de grandes salles de lecture afin de créer un milieu de vie convivial. Tandis que le bâtiment sera relié par passerelles surélevées au-dessus des rues secondaires, les étudiants auront accès à sa cour intérieure. De plus, l’édifice comptera un aréna et un terrain de soccer sur le toit, accessibles à la communauté. Pour l’aider dans la conception, l’ÉTS a mis les étudiants à contribution en organisant un concours. Cinq équipes formées d’étudiants en génie construction, en génie mécanique et en architecture de l’Université McGill y ont participé. « Sans qu’il y ait de grands gagnants, on prend les meilleures idées de chacun des concepts réalisés à l’intérieur du budget donné. D’ailleurs, la géothermie sera la source d’énergie de ce bâtiment », précise le directeur général de l’ÉTS. Sans avoir encore déterminé le niveau, l’ÉTS veut que la Maison des étudiants soit construite selon les normes de la certification LEED. « Nous nous sommes dotés d’une politique de développement durable. Tous nos bâtiments devront dorénavant obtenir la certification LEED. » Un règlement municipal de la Ville de Montréal oblige la présence d’un commerce au rez-dechaussée de tous les bâtiments non institutionnels situés sur la rue Peel. « Lors d’un projet antérieur, nous avons inclus une épicerie. Cette fois, à titre d’exemple, ce pourrait être une pharmacie. Si tel était le cas, on peut imaginer qu’une clinique médicale viendrait ensuite se greffer à nos installations. Bref, des services à valeur ajoutée pour la communauté », suppose M. Beauchamp. Résidence pour les étudiants étrangers L’ÉTS planche également sur la construction d’une quatrième résidence, destinée cette fois-ci aux étudiants étrangers qui font des études supérieures. « Souvent, ces derniers vivent en couple. Ces résidences seront donc adaptées à leurs besoins. De plus, l’étage supérieur sera constitué d’unités réservées pour les chercheurs et les professeurs en transit, pour une courte durée », précise M. Beauchamp. Bien que ce projet soit moins avancé que les autres, il sera tout de même lancé très bientôt, puisque son montage financier est plus simple. Projet 22@Barcelone Le projet 22@Barcelone, mis sur pied il y a une dizaine d’années, constitue sans aucun doute un modèle d’inspiration pour le directeur général de l’ÉTS. Le district 22 de Barcelone est un ancien quartier industriel qui ressemblait au quartier Griffintown. Les acteurs de la capitale catalane ont décidé de le restaurer et d’en faire un Quartier de l’Innovation. En décembre 2009, environ 1 400 entreprises principalement actives dans les secteurs de l’énergie, des technologies de l’information, du multimédia, du design et de la biotechnologie s’y étaient installées, « ce qui ressemble énormément aux forces de Montréal », lance le directeur général de l’ÉTS. Revenant tout juste d’un bref séjour à Barcelone, Yves Beauchamp note beaucoup de similitudes entre les deux quartiers des villes de Barcelone et de Montréal. « Nous sommes situés sur le bord de l’eau, près du quartier des affaires, près d’un ancien quartier industriel. » Désirant apprendre des erreurs des autres, le directeur général de l’ÉTS affirme que « les logements du projet 22@Barcelone ne sont pas répartis de façon uniforme sur le territoire, de sorte qu’il manque un certain engouement pour des activités sociales sur lequel avaient compté les concepteurs. Après les heures de bureau, il n’y a pas beaucoup de gens dans les rues ». L’ÉTS aimerait créer un écosystème avec tout ce dont un quartier a besoin : des habitations, des centres culturels, des commerces de tout type, des bars, des parcs, afin que les résidents puissent se déplacer à vélo. « Parce que tu habites ton quartier, et que ton quartier t’habite! » résume M. Beauchamp. - - v6 n3 - 2010 A près avoir acquis et construit quelques bâtiments au cours des dernières années, l’École de technologie supérieure (ÉTS) continue sur sa lancée et peaufine les plans de quelques autres réalisations et pavillons, dont le Quartier de l’Innovation, ambitieux parc scientifique urbain, ainsi que le Carrefour d’innovation INGO qui, subvention gouvernementale oblige, devra être livré pour le printemps 2011. Cherchant à maximiser l’utilisation de la Brasserie Dow, acquise en 2004, l’ÉTS a lancé, en avril 2009, un plan directeur visant à orienter ses actions futures envers ses actifs immobiliers et fonciers non développés. Au départ, deux objectifs étaient recherchés : la mise à jour de la vision scientifique et économique de son développement et l’évaluation de la portée réelle de son rayonnement à Montréal. Révélant une méconnaissance de l’importance de ses impacts académiques, scientifiques et économiques dans la ville de Montréal, jumelée à la possibilité d’exploiter sa culture du génie pour l’industrie afin de répondre aux besoins industriels de la région, l’ÉTS a confié à Innovitech, appuyée par Convercité, un mandat pour analyser plus en détail ce positionnement. Les résultats de cette étude de faisabilité ont révélé que l’ÉTS devait poursuivre son développement sur divers fronts, toujours dans le respect de sa mission. « C’est ainsi que tous nos bâtiments situés à l’ouest de la rue Peel seront utilisés pour développer le volet institutionnel, tandis que ceux à l’est de Peel seront destinés à renforcer nos relations avec l’industrie, qui nous distingue déjà des autres établissements d’enseignement », explique Yves Beauchamp, directeur général de l’ÉTS. formes Martin Lessard v6 n3 - 2010 L’ÉTS planifie la construction d’une quatrième résidence, destinée cette fois-ci aux étudiants étrangers qui font des études supérieures. Illustration : Côté et Talbot, architectes 43 Illustration: AGA S et d’épaisseurs uniformes provenant de la même coulée, des longueurs qui permettent d’éviter de tremper deux fois une pièce dans le bassin de zinc et des ouvertures facilitant l’enrobage de toutes les surfaces. Les projets de structures galvanisées abondent et un grand nombre sont architecturalement réussies. La galvanisation à chaud L’un des systèmes de protection les plus connus est la galvanisation. Elle consiste à plonger la pièce dans un bassin de zinc en fusion, après en avoir préparé la surface. Il se forme alors un alliage entre l’acier et le zinc. « L’opération a l’avantage de protéger toutes les surfaces, extérieures et intérieures », dit Godfroy St-Pierre, président de Corbec, une entreprise qui fait de la galvanisation dans deux usines (Montréal et Québec). La pièce se trouve ainsi protégée pour une trentaine d’années, sans entretien. Selon M. St-Pierre, 60 % des travaux de galvanisation réalisés par Corbec concernent des infrastructures comme les ponts, les pylônes d’Hydro-Québec, les armatures. M. St-Pierre admet cependant que la galvanisation ne donne pas une couleur constante et uniforme. « Il s’agit avant tout d’un système de protection et non d’un système de finition », dit-il. C’est la raison pour laquelle les architectes choisissent souvent la peinture lorsqu’ils veulent une finition uniforme des composantes d’acier de leur projet. Il est donc possible de peinturer une surface galvanisée. C’est ce qu’on appelle le système duplex. « On peut ainsi multiplier la somme des durées de vie de la galvanisation et de la peinture par un facteur de 1,5 à 2,3 », affirme le chef d’entreprise qui est aussi membre de l’American Galvanizers Association (AGA). On estime alors leur durée de vie entre cinquante ans (pour les environnements agressifs comme le milieu urbain) et cent vingt-cinq ans. La clé du succès d’un système duplex est la préparation de la surface avant l’application de la peinture et le bon choix de peinture. Lorsque l’apparence importe, certaines précautions peuvent être prises au moment de la conception, pendant la fabrication et dans l’atelier de galvanisation. Par exemple, on peut essayer de privilégier des pièces de dimensions semblables La métallisation Parmi les autres procédés, il y a la métallisation. Elle s’applique par vaporisation du zinc en fusion sur la pièce à protéger. Un fil de zinc passe à l’intérieur d’un fusil vaporisateur, tombe en fusion et est projeté ensuite sur la pièce. Trois types de matériaux peuvent être utilisés dans le cadre de ce procédé : le zinc à 100 %, un alliage de zinc (à 85 %) et d’aluminium (15 %) et l’aluminium à 100 %. « Le procédé à 100 % zinc est le plus employé », explique Michel Drysdale, directeur général de Drytec Trans-Canada, une entreprise de Terrebonne spécialisée dans le traitement de surface et la protection anticorrosion. « On l’utilise pour la protection d’infrastructures comme des ponts et des pylônes. » L’alliage zinc-aluminium est utilisé pour la protection de pièces situées dans des environnements salins. Exemple : Drytec réalisera bientôt un projet où l’on protégera des pièces avec ce type d’alliage dans le Jardin botanique de New York, lequel est situé près de la mer. La métallisation à 100 % aluminium sert, quant à elle, à protéger des pièces de navire. « L’opération est cependant beaucoup plus chère (trois fois plus) et plus longue à effectuer que la métallisation au zinc, car l’aluminium ne se dépose pas en aussi grande quantité que le zinc sur la pièce », affirme M. Drysdale. « On peut appliquer une couche jusqu’à trois fois plus épaisse qu’avec la galvanisation (250 microns contre 87 pour la galvanisation), dit M. Drysdale. On peut aussi protéger des pièces de différentes formes et de grandes dimensions qui n’entrent pas dans un bassin de galvanisation ainsi que des pièces plus fragiles (ex. : cadres de fenêtre) qui pourraient tordre lors du trempage dans le bassin de zinc. » Comme la galvanisation, la métallisation exige une préparation de la surface avant la vaporisation. Celle-ci se fait par la projection d’abrasifs sur la pièce à protéger. Drytec utilise des grenailles formes - v6 n3 - 2010 oumis aux intempéries et sans protection, l’acier, matériau couramment utilisé en architecture, rouille. Sa durée de vie est alors compromise. Heureusement, il existe plusieurs systèmes de protection contre la corrosion de l’acier. En voici un tour d’horizon. 44 d’acier. On peut ensuite procéder à la vaporisation, laquelle offrira une protection de vingt-cinq à cinquante ans. En matière de protection contre la corrosion, on peut dire que la galvanisation et la métallisation sont équivalentes. La finition sera différente au départ, et les taches que l’on voit parfois sur des produits galvanisés si l’acier contient trop d’impuretés n’affectent pas le produit métallisé. La métallisation coûte plus cher que la galvanisation au pied carré. Cependant, pour certaines pièces lourdes (le coût de la galvanisation se calcule au poids), la métallisation peut devenir plus avantageuse, selon M. Drysdale. La peinture au zinc Procédé souvent utilisé par les architectes pour le bâtiment, la peinture au zinc peut être appliquée au pinceau, au rouleau ou encore par pulvérisation. « Elle offre des avantages semblables à la galvanisation », affirme Raymond Quirion, propriétaire de l’entreprise Peinture Jacques Drouin, qui œuvre dans le domaine des revêtements spécialisés. M. Quirion distribue les produits de près d’une vingtaine de fabricants nord-américains et européens. Il recommande les apprêts au zinc doté d’une protection cathodique, offerts notamment par Tnemec et Rust-Anode. Cette protection empêche la rouille de s’installer sous la peinture. Elle dure de dix à vingt ans. Un des avantages de la peinture est son grand choix de couleurs. Toutefois, « si on utilise ce type de peinture, il est important d’appliquer l’apprêt de la même entreprise pour obtenir la garantie », précise M. Quirion. L’autre produit, Rust-Anode, est disponible uniquement sous forme d’apprêt. Cependant, il est possible d’appliquer des peintures au zinc par-dessus. Le produit, également doté d’une protection cathodique, a l’avantage d’être très durable. Il est d’ailleurs approuvé par le ministère des Transports du Québec et Hydro-Québec. La peinture de l’acier est en général appliquée dans l’atelier du fabricant de charpentes d’acier ou dans un atelier spécialisé. La peinture peut être appliquée à des températures froides (jusqu’à -10 °C) et elle sèche bien à l’humidité, ce qui convient aux structures extérieures. 2. Les enduits intumescents Autre système de protection, les enduits intumescents à l’époxy ont l’avantage d’offrir une double protection : contre le feu et contre la corrosion. Cet enduit s’applique en usine. Bien que son utilisation soit en pleine croissance, il est cependant moins utilisé comme protection contre la corrosion dans le domaine du bâtiment en raison de son coût. On le retrouve dans des projets d’envergure tels que le Centre des congrès de Vancouver, où l’on a choisi ce type d’enduit pour les grands poteaux tubulaires inclinés, autant extérieurs qu’intérieurs. 2 3 Photo : ICCA 3. Façade du magasin Fendi à New York recouverte d’acier patinable. Photo: Sylvie Boulanger, ICCA 4. Procédé de métallisation Photo: Sylvie Boulanger, ICCA 5. À la sortie du bassin de zinc, les pièces galvanisées sont refroidies en attente d’être empaquetées. Source: Corbec 4 v6 n3 - 2010 Stéphane Gagné 1. Détail de la structure du Robson Square Dome, Vancouver. L’acier inoxydable est également un produit dont la chimie sert de protection. Photo : ICCA - 1 L’acier patinable et l’acier inoxydable Il est possible d’obtenir une protection contre la corrosion par la composition chimique de l’acier. Ces matériaux ont le grand avantage de ne pas exiger d’entretien. Nul besoin de les peindre ou de les traiter. Le premier de ce genre est l’acier patinable (aussi connu erronément sous le nom de la marque de commerce Cor-Ten). L’acier patinable est de plus en plus prisé par les architectes pour son esthétisme. Il s’agit d’un acier peu poreux dans lequel ont été incorporées de faibles quantités de nickel et de cuivre. Cette composition chimique permet une réaction graduelle avec l’environnement – en particulier l’oxygène – qui a pour effet d’autoprotéger l’acier. « Pendant les deux années qui suivent la pose du matériau, il se crée une patine sur l’acier, explique Sylvie Boulanger, directrice de l’Institut canadien de la construction en acier (ICCA). La surface exposée s’oxyde et prend une teinte brun rougeâtre qui protège l’acier contre la corrosion. Pour que cela fonctionne, il faut avoir un climat favorable, avec un cycle sec et humide. » Ce type d’acier est prisé par le ministère des Transports pour les poutres principales de ses ponts et viaducs. Il commence aussi à susciter de l’intérêt dans le domaine du bâtiment. On le retrouve notamment sur la façade de la nouvelle École de musique de McGill et à l’École des hautes études commerciales. Le coût de l’acier patinable est sensiblement plus élevé que l’acier standard. En fait, un des grands défis est son approvisionnement. « Il faut toutefois prendre des précautions quant à son application architecturale, notamment pour éviter de tacher les éléments situés sous les pièces d’acier patinable », dit Mme Boulanger. Il y a aussi un certain nombre de mises en garde à respecter pour que son utilisation soit réussie. L’acier inoxydable est également un produit dont la chimie sert de protection. Les aciers austénitiques et duplex sont les deux principales familles de nuances utilisées en structure. Il s’agit surtout d’ajouts importants de chrome (16-23 %) et de nickel (4-10 %), ce qui contribue à son prix beaucoup plus élevé que l’acier patinable. Un exemple qui ne prend pas une ride avec le temps est la sculpture d’Alexander Calder installée à l’occasion de l’Expo 67. Un exemple récent est le Robson Square Dome à Vancouver. Chaque système de protection a ses particularités. Aux concepteurs de projets de s’informer des caractéristiques de l’un et de l’autre et de s’assurer du choix optimal. formes matériaux Protection contre la corrosion 5 45 matériaux Protection contre la pourriture Serge Beaucher formes - v6 n3 - 2010 Le 46 Code du bâtiment offre beaucoup plus de possibilités qu’on le croit pour la construction d’édifices non résidentiels en bois. Et lorsqu’elles sont bien conçues et bien protégées, les constructions en bois sont aussi durables que n’importe quel autre type de bâtiments. Voilà ce qu’on peut retenir de deux allocutions présentées lors d’une journée-conférences tenue par cecobois, le Centre d’expertise sur la construction commerciale en bois, à la fin d’avril, à Québec. De plus en plus de pays se donnent des codes du bâtiment qui, en réduisant les barrières à l’innovation, permettent des usages audacieux du bois. Mais il n’a pas fallu attendre le XXIe siècle pour voir des constructions en bois originales et tout à fait durables. Caroline Frenette, ingénieure, conseillère technique chez cecobois, en a donné plusieurs exemples dans son exposé sur la prévention de la détérioration des constructions en bois. De l’Europe au Japon en passant par le Québec avec ses nombreux ponts couverts, on trouve partout des constructions en bois demeurées saines parfois après des siècles. Voici la recette que suggère Mme Frenette pour faire image : « Un parapluie sur la tête et des bottes dans les pieds! » Autrement dit, la structure en bois doit être bien protégée, autant dans sa partie aérienne qu’au sol, car ce qui est déterminant pour ce matériau, c’est l’humidité : l’eau provenant de l’extérieur, qui peut amener de la pourriture, mais aussi la teneur en humidité du bois lui-même, qui peut provoquer retraits et gonflements. Le bois en séchant entraîne un tassement de la pièce : un retrait faible dans le sens longitudinal, mais plus important dans le sens radial et encore davantage dans le sens tangentiel, d’où la tendance du bois à courber en séchant. La solution, c’est donc de construire avec du bois sec comme, par exemple, les bois d’ingénierie, qui sont séchés lors de leur fabrication. Et de tenir compte du sens du retrait dans la conception de la construction. Par exemple, être conscient que les éléments couchés d’une structure vont provoquer davantage de retraits que les éléments verticaux. Les variations d’humidité peuvent aussi faire fendre des pièces de bois, si elles sont attachées à 1 des éléments de métal sur de trop grandes surfaces. Comme le métal bouge avec la température, mais pas avec l’humidité, il en résulte des tensions entre les deux matériaux. Ce problème survient surtout lorsque le bois est soumis à une traction perpendiculaire au sens des fibres, où il est plus faible. Il s’agit là d’un aspect à ne jamais négliger dans la recherche de résistance d’une structure. Halte à la pourriture Quant aux problèmes de pourriture, ils sont causés par des champignons qui se nourrissent du bois et qui ont besoin d’air et d’humidité pour vivre. Certaines essences sont moins susceptibles aux champignons, mais également certaines parties de l’arbre. Ainsi, le bois de cœur (duramen) est généralement plus résistant à la pourriture que le bois d’aubier qui l’entoure. En France, un constructeur en a tiré profit en érigeant un pont en lamellé-collé uniquement à partir de bois de duramen! Le bois traité prévient la pourriture, mais le traitement n’est pas toujours sans impact sur l’environnement, selon Mme Frenette, et il n’offre pas une durabilité absolue. La clé de la longévité, alors? Limiter le contact du bois avec l’eau par divers moyens : toitures, gouttières et avanttoits appropriés, assemblage qui ne laisse pas l’eau s’accumuler à un endroit tout en assurant un séchage rapide, solins bien ventilés partout où cela est nécessaire… Il faut prêter une attention particulière aux éléments de la structure principale, notamment les bouts de poutres, par où l’eau entre facilement, et les poteaux, qui ne doivent pas être en contact direct avec le sol. Le pied de poteau doit être surélevé de façon à ce que l’eau ne puisse pas s’accumuler autour. Beaucoup de précautions à prendre, certes. Mais de plus en plus et avec raison, a conclu la conférencière, les architectes et les ingénieurs veulent intégrer du bois dans leurs projets. Ils veulent aussi le mettre en valeur, à l’extérieur, pour qu’on le voie. Or, ce n’est pas incompatible, selon elle : « On peut mettre du bois à l’extérieur; il s’agit simplement de bien le protéger. Et une bonne protection, cela commence dès la conception d’un projet. » 2 3 1. Pavillon Gene-H.-Kruger, Université Laval – La structure extérieure apparente en bois est formée de contrefiches inclinées vers la façade et recouverte d’un avant-toit de protection. Architecte : Les architectes Gauthier, Gallienne et Moisan, Québec Ingénieur : BPR Groupe-conseil – Source : cecobois 2. Poste de la Sureté du Québec, Lac-Beauport – Les colonnes, soutenant le large avant-toit, sont inclinées vers l’intérieur pour une meilleure protection. Les pieds de colonne sont bien surélevés par rapport au niveau du sol et assemblés à l’aide de cornières métalliques qui permettent un bon drainage. Architecte : Lemay et Associés, Québec Concepteur : Claude Guy Ingénieur : SNC-Lavalin – Source : cecobois 3. Rénovation du Lycée Bertholet, Annecy, France – La structure apparente en bois est couverte par une toiture en verre, les colonnes sont situées dans un espace bien protégé, et les pieds de colonne sont bien surélevés au-dessus du niveau du sol. Architecte : Jean-François Wolff – Ingénieur : Arborescence S.A.R.L. – Source : Laurent Clère Un code adapté Christian Dagenais, conseiller technique chez cecobois, a montré comment le Code national du bâtiment 2005 (CNB), adapté et incorporé en 2008 au Code de construction du Québec, est à la fois plus clair et plus souple que la version précédente, qui datait de 1995. On y découvre notamment que la grande majorité des constructions non résidentielles peuvent très bien utiliser le bois comme matériau de charpente, et ce, même sans tenir compte des nouveautés contenues dans le Code. En fait, moins de 20 % des constructions doivent avoir une structure en matériaux incombustibles (béton, métal…) à cause de leurs dimensions ou de l’usage auquel elles sont destinées. Toutes les autres peuvent utiliser soit du gros bois d’œuvre (bois massif, lamellé-collé) – considéré comme intermédiaire entre matériaux combustibles et incombustibles –, soit l’ossature légère en bois (70 %). Dans plusieurs cas, les constructeurs doivent cependant se conformer à certaines règles : gicleurs, dimensions spécifiques des éléments structuraux, épaisseur et composition des planchers, etc. Rien que selon les prescriptions standard du Code, 80 % des édifices commerciaux peuvent donc être construits en bois. Mais, en plus, le nouveau CNB prévoit des « solutions de rechange » qui laissent beaucoup d’espace pour l’innovation et permettent d’aller plus loin que ce que stipule la partie prescriptive du Code. Par exemple, c’est grâce à ces solutions de rechange (qui remplacent les « équivalences » de l’ancien CNB) qu’a pu être érigé, à Québec l’an dernier, l’édifice Fondaction de la CSN. Avec sa charpente en lamellé-collé de six étages, ce projet dépassait de deux étages les prescriptions standard pour les édifices en bois. Comme dans toutes les constructions ayant recours aux solutions de rechange, les concepteurs ont toutefois dû démontrer à la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) que la solution proposée répondait aux mêmes exigences de sécurité que celles de la partie prescriptive du CNB. Si un élément en bois est assemblé à une plaque métallique sur une grande surface, il risque de fissurer lors de variations dimensionnelles. Il est préférable d’utiliser une plaque d’assise pour supporter la poutre en bois et de positionner le boulon de retenue assez près pour que la variation de dimension soit minimisée. Exemple de protection d’une poutre extérieure en bois : la poutre est coupée en biais et protégée par une toiture assez grande pour offrir un bon avant-toit, un fascia avec goutte assure que l’eau de ruissellement n’atteindra pas la poutre. Idéalement, une gouttière éloigne l’eau de pluie de la structure. LE BOIS Exemple d’un assemblage poutrepoteau extérieurs à éviter Ici, c’est CanExel® Exemple de protection d’un pied de colonne extérieure en bois. L’assemblage avec une plaque métallique en âme permet d’assurer un bon écoulement de l’eau. La surélévation permet d’éviter que le bois ne soit en contact avec l’eau qui pourrait s’accumuler au sol. Source: cecobois CHALEUREUX ÉCOLOGIQUE formes - v6 n3 - 2010 Depuis plus de 30 ans, les gens d’ici choisissent le parement préfini CanExel, un produit durable et de faible entretien qui présente toute la beauté du bois. Stable et très résistant, ce bois d’ingénierie s’installe facilement et s’intègre à tous les styles architecturaux. 48 Bâtiments principaux de la baie de Beauport Fait de fibre de bois, de résine et de cire liées sous pression I Garanties limitées de 5/15/25 ans I 3 systèmes d’installation intégrés I 19 couleurs disponibles Dans le but d’imager la vocation portuaire de la baie de Beauport à Québec, les bâtiments imitent la forme de conteneurs qui auraient échoué sur ce lieu sans le dénaturer. Le jeu simple du parement de bois et la forme des bâtiments sont un clin d’œil aux activités portuaires qui avoisinent la baie. Pour plus d’information : www.cecobois.com/repertoire Pour en savoir plus : 1-888-820-0325 ou canexel.ca www.cecobois.com Pour être vu et reconnu. 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Efficacité énergétique à long terme aux Jeux d’hiver de 2010 866-583-BLUE (2583) www.dowpmr.com En tant que fournisseur officiel de matériaux isolants aux Jeux d’hiver de 2010, Dow Chemical Canada ULC contribue à élever le niveau de l’efficacité énergétique de plusieurs installations olympiques. Les produits éconergétiques de Dow Solutions pour construire, y compris l’isolant de mousse de polystyrène extrudé STYROFOAM™, procurent une efficacité thermique à long terme et des économies sur le plan de l’énergie. Résultat? Des émissions de carbone réduites pour des Jeux plus respectueux de l’environnement. Si la perfection vous habite. 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GARDIEN Notre objectif est de faire en sorte que vous puissiez jouer ces deux rôles. Nos solutions et nos produits durables vous permettent de concrétiser votre vision tout en vous acquittant de vos responsabilités envers la planète. Systèmes architecturaux en aluminium Entrées et cadres Murs rideaux Fenêtres VOUS FAITES UN CHOIX CHAQUE JOUR. FAITES UN CHOIX QUI COMPTE. kawneergreen.com