6 - Formes

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6 - Formes
Protection des matériaux
L’architecte et la mer
Quartier de l’innovation
Inciter le dialogue
V6 N3.10
POSTE PUBLICATION 41060025
6,96 $ CAN
ARCHITECTURE VIRTUELLE
N’hésitez pas : mettez-nous au défi! Les panneaux et solins métalliques de Vicwest vous
proposent une liberté totale de conception pour donner à tout bâtiment la finition qui
le distinguera des autres. Avec des investissements considérables dans des installations
Les possibilités de conception
sont, pour le moins que l’on
puisse dire, illimitées.
clés d’un bout à l’autre du pays, nous pouvons vous offrir des bordures de toit, avant-toits
et systèmes de gouttières dissimulés, avec rebords arrondis. Et qui plus est, dans une
grande variété de matériaux et de finis. Communiquez avec l’équipe de concepteurs de
Vicwest ou visitez notre site vicwest.com et cliquez sur « Design ».
vicwest.com
La section Réalisations explore de
nombreux projets. C’est l’occasion de
révéler les noms des lauréats du premier
gala du Prix d’excellence cecobois. Ces
projets se démarquent dans ses composantes structurelles, architecturales
et innovantes. Notre spécialiste en art
public, Jean de Julio-Paquin, propose
une entrevue avec Pier Chartrand, qu’il
présente comme un architecte du virtuel. Une exploration ludique dans un
monde imaginaire, mais pas si éloigné
de la réalité. Dans le même ton, Martin
Lessard nous entraîne dans l’univers de
la lumière et des formes avec des réalisations de Lightemotion. Toujours dans
le domaine de l’art, Martin fait le pont
entre architecture et art avec le compte
rendu de deux activités tenues en marge
du Festival international du film sur l’art.
La mer est aussi source d’inspiration.
Valérie Levée propose une incursion aux
îles de la Madeleine avec l’architecte Olivier Bourgeois. Elle constate : « La mer
ne façonne pas uniquement le paysage
côtier, elle forge aussi l’architecte. » Dans
un contexte plus urbain, un autre texte
de Martin Lessard propose une tournée
de la prochaine Maison du développement durable d’Équiterre. Ici, l’architecture se veut éducative. Toujours dans la
foulée de l’innovation, l’École de technologie supérieure mise sur un quartier
de l’innovation pour dynamiser tout un
quartier en périphérie du centre-ville de
Montréal et aussi pour confirmer sa relation étroite avec l’industrie. Enfin, notre regard vers l’étranger se pose sur la
réhabilitation d’un fleuron de l’architecture industrielle du XIXe siècle : la chocolaterie Menier en banlieue de Paris.
Quant à la section Matériaux, on y
trouve une présentation en deux temps
sur des techniques de protection des
matériaux contre la corrosion et contre
la pourriture.
Bonne lecture!
Claude Paquin
Éditeur
Serge Beaucher pratique le
journalisme depuis plus de
trois décennies, dont les 15
dernières années comme
pigiste pour de nombreuses
publications. Ancien rédacteur en chef du magazine
de vulgarisation scientifique Forêt & Conservation
(aujourd’hui disparu), il est
spécialisé dans les domaines de l’environnement et
des sciences naturelles. Il fait aussi des
excursions régulières dans le monde des
finances, en éducation, en habitation
et dans l’industrie du bois, notamment
pour le journal Construire en bois dont il
est un collaborateur. En plus de ses articles pour des publications, il fournit des
textes à différents organismes et ministères. Dans ce numéro, il traite d’un secteur qu’il connaît particulièrement bien :
la matière ligneuse. Son texte présente
des méthodes de protection du bois
dans la réalisation du bâtiment ainsi que
de nouvelles possibilités qu’offre le Code
du bâtiment pour ce matériau.
Prix de la relève
Magazines du Québec
Valérie Levée a un nouveau jalon sur son parcours
atypique! On vous a déjà
présenté Valérie. Docteure
en biologie végétale, elle bifurque vers le journalisme
après dix ans de travail en
laboratoire à explorer le
génome des plantes. Elle a
commencé ses collaborations au magazine FORMES à la fin 2008 (volume 4,
numéro 4) avec un texte remarqué et au
sujet original : la relation architecture et
faune ailée. Son deuxième texte (volume
5, numéro 1) sur le réaménagement de
la rivière Saint-Charles, ainsi que deux
autres productions pour Québec Oiseaux
et Découvrir, ont attiré l’attention du
jury des Grands Prix 2010 de Magazines
du Québec, qui lui a décerné le Prix de
la relève. Félicitations! Pour cette édition, on appréciera deux contributions
de notre journaliste-biologiste. Pour le
dossier, Valérie a exploré le dédale des
politiques de développement durable.
L’autre texte nous entretient de la relation entre l’architecte et la mer.
v6 n3 - 2010
N
otre collaboratrice Valérie
Levée relève clairement un
certain fouillis dans le populaire et galvaudé terme
« durable ». Plongée dans l’univers des
politiques de développement durable
dans le cadre du dossier du même nom,
Valérie se demande si un fil conducteur
guide les nombreux intervenants publics sur le chemin du développement
durable. Rien n’est moins sûr! Certes,
les initiatives sont fort louables et la volonté manifeste, comme le démontrent,
notamment, les propos des porteurs de
dossiers aux villes de Québec et de Montréal. Toutefois, certaines voix s’inquiètent de l’apparente difficile harmonisation entre les plans d’action et leur application. On aurait intérêt à évaluer cet
enjeu fondamental comme un tout, de
façon coordonnée, plutôt qu’une mise
en œuvre à la pièce.
On pourrait s’inspirer de la démarche
de concertation de Mission Design. On
constatera les résultats à plus long terme,
mais la démarche est intéressante. Le
nouvel organisme vise à propulser l’industrie du design en misant sur les forces du milieu. Pour ce faire, l’organisme
s’est structuré de façon à être à l’écoute
du milieu, d’associer ce dernier au processus et d’agir. Un conseil d’administration bien garni, présidé de plus par
Jean-Paul L’Allier, ainsi que la mise en
œuvre d’une table de concertation pour
pousser idées et projets constituent des
indices forts favorables. Le lancement
officiel de Mission Design le 11 mai dernier a permis de sonder les intentions et
surtout les attentes élevées. De sa plume
efficace, Serge Filion fait un état de la
situation avec des interventions bien
senties, parmi lesquelles celles de Renée
Daoust et de Jean-Paul L’Allier.
Il y a aussi un parallèle à faire avec
l’initiative de Design Montréal d’ouvrir
son activité « Portes ouvertes » à la clientèle des donneurs d’ouvrage, permettant
ainsi de les mettre en contact avec les
concepteurs dans un autre cadre qu’un
appel de service. Ceci afin que tout un
chacun comprenne le rôle de l’un et de
l’autre et qu’on réussisse enfin à démystifier l’intervention des professionnels,
car force est de constater qu’il existe une
profonde incompréhension et méconnaissance de l’architecture et du design
de qualité et durable.
-
Un tout!
formes
de Vicwest
mot de l’éditeur
architecturaux
Une entière
liberté
de design
collaborateurs
Panneaux
3
RBQ: 8256-5821-32
index
Conseil régional de
l’environnement........................18
Convercité.................................42
Corbec.................................44, 47
Daoust Lestage............................8
Demilec.....................................50
Dow..........................................50
Drytec Trans-Canada................44
Équiterre....................................41
ÉTS.............................................42
FABG...........................................8
Festival international
de jardins...................................30
FIFA...........................................30
Fondaction CSN.......................41
Gaz Métro.................................11
Groupe Canam...........................9
Hydro-Québec............................4
ICCA..........................................45
IFLA...........................................12
Innovitech.................................42
Jardins de Métis........................30
Jeldwen......................................50
Kawneer..................................C-4
L’Arsenal....................................25
Lambert Multimédia.................25
Langlois Kronstom
Desjardins..................................12
Lemay et associés.................... 5, 8
Lightemotion............................32
London Fog...............................26
Lucion Média............................28
Lumigroup................................14
Maison & Objet........................37
MDDEP.....................................17
MDEIE.......................................42
Mehio Fadi................................35
Mission Design............................8
Monuments historiques de
France........................................35
Musée d’art contemporain de
Montréal....................................33
Nestlé France.............................35
OAQ......................... 16, 22, 31, 39
OUQ..........................................10
Oxyde Média.............................28
Peinture Jacques Drouin...........44
Pôle Québec ChaudièreAppalaches................................23
Quartier des spectacles.............33
RBQ...........................................48
Reichen et Robert......................36
Rust-Anode...............................44
Sauvestre et Considère..............36
Soprema..............................14, 19
SSQ Immobilier........................14
Tnemec......................................44
UMQ..........................................12
Université de Montréal....... 22, 30
Université McGill......................30
UTB...........................................35
Vicwest....................................C-2
Ville de Montréal.........................
........................... 12, 14, 18, 21, 29
Ville de Noisiel..........................34
Ville de Québec.........................16
Dallaire Michel............................8
Dansereau Pierre.......................10
Daoust Renée..............................8
Demers Clément.........................8
DeSousa Alan............................18
Drysdale Michel........................44
Dufour Alain...............................8
Filion Serge................................16
Fotopoulos Helen......................12
Frenette Caroline................ 22, 46
Gaucher David..........................27
Gauthier Éric...............................8
Jemtrud Michael.......................30
L’Allier Jean-Paul......................10
Lagacé Jacques...........................41
Landin Bo..................................30
Landry Annie............................39
Laplante Laurent.......................10
Latek Irena.................................30
Lemay Louis T.............................8
Lestage Réal.................................8
Magnan Marie-Christine..........16
Menier Jean Antoine Brutus . ..34
Menier Émile Justin..................34
Pei I.M.......................................30
Perreault Jean............................12
Quirion Raymond....................44
Reford Alexander......................30
Reford Elsie...............................30
Reichen Bernard........................35
Ribaux Sidney...........................41
Riopelle Jean-Paul.......................8
Robert Marie-Claude................31
Robert Philippe.........................35
Roupinian François..................32
Saulnier Jules.............................35
Saunders Todd...........................39
St-Pierre Godfroy......................44
Theophanides Sheila...................5
Tison Marc................................14
Tremblay Sonia..........................16
van Wagenen Sterling...............30
7 au 9 octobre
La sélection patrimoniale
6e rencontre internationale des
jeunes chercheurs en patrimoine
École nationale des chartes, Paris
www.enc.sorbonne.fr/appel-acommunication-la-se-lectionpatrimoniale.html
Jusqu’au 31 octobre
Architectures en vers
Grande Bibliothèque, Montréal
www.banq.qc.ca/activites/
index.html
Les annonceurs apparaissent en
caractères gras
1 au 18 septembre
Université d’été sur l’architecture
de terre
Linz, Autriche
www.basehabitat.ufg.ac.at
er
9 au 11 septembre
Congrès de l’ACQ
Château frontenac, Québec
www.acq.org
précisions
16 au 18 septembre
Congrès de l’APCHQ
Manoir Richelieu, La Malbaie
www.apchq.com
Jusqu’au 18 septembre
Gauthier vu par Denis Bilodeau
Architecture, trame, index
Maison de l’architecture du
Québec
www.maisondelarchitecture.ca
23 et 24 septembre
Pour qui? Comment?
Le transport collectif de demain
Manoir des Sables, Magog
www.acit.qc.ca
29 septembre
Construction Contact 2010
Bâtir des liens solides, construire
des projets durables
Centre des congrès de Québec
www.pole-qca.ca
30 septembre au 2 octobre
Assises annuelles de la FQM
Centre des congrès de Québec
www.fqm.ca
14 au 17 octobre
La sauvegarde de l’architecture
moderne
UQAM
www.ip.uqam.ca/article.php3?id_
article=245
Jusqu’au 17 octobre
Iannis Xenakis – compositeur,
architecte, visionnaire
CCA
www.cca.qc.ca
27 octobre
Contech – Québec
Centre des congrès de Québec
www.contech.qc.ca
25 novembre
Contech – Montréal
Palais des congrès de Montréal
www.contech.qc.ca
22 au 26 août 2011
Sommet mondial Écocité
Palais des congrès de Montréal
www.ecocity2011.com
25 au 29 septembre 2011
Congrès mondial de l’UIA
Tokyo
www.uia-architectes.org/
texte/france/Congres/
Tokyo2011/100217FR.html
Le secteur de la santé étant fort complexe, cet
erratum constitue une occasion de démontrer le
rôle des concepteurs dans la réalisation de projets
aussi spécialisés, comme le note l’architecte Sheila
Theophanides, directeure du studio santé chez
Lemay et associés. « La conception d’une maison
des naissances nécessite une réflexion qui déborde
largement les aspects techniques. Il ne peut en être
autrement dans le processus de la naissance, un acte
qui donne tout son sens à la notion de milieu de vie. »
-
À titre de tribune, le magazine FORMES a pour
mission de mettre de l’avant le rôle de l’architecte,
notamment en attribuant le crédit aux concepteurs.
Un oubli s’est platement glissé dans l’article
« L’architecture au service de l’accouchement » publié
dans notre premier numéro de l’année (volume 6,
numéro 1, page 28). Le propos s’appuyait sur
certaines réalisations, dont la maison de naissance de
Limoilou qui illustrait le texte. Malheureusement, le
crédit ne précisait pas le nom de l’architecte. Cette
maison des naissances a été réalisée par Lemay et
associés [architecture, design]. Toutes nos excuses.
v6 n3 - 2010
À propos de naissance et d’architecture
formes
agenda
22 au 26 juin
Festival d’architecture de l’IRAC
Architecture à l’écoute
Saskatoon
festival.raic.org
16 août – Appel de candidature
Bourse Phyllis-Lambert Design
Montréal
www.realisonsmontreal.com
[email protected]
www.formes.ca
Tél. : 514-736-7637
1 877 FORMES 9
Télécopieur :
514-272-3477
PRODUCTION
ADICC (Simon Voyer, GTL)
Impression : Lithochic
www.hydroquebec.com/affaires
Baylaucq Philippe.....................30
Beauchamp Yves........................42
Beaulac Claude..........................10
Boudreau Serge.........................39
Boulanger Sylvie........................45
Bourassa André................... 16, 22
Bourgeois Olivier......................38
Brassard Gilles...........................22
Burns Torben............................30
Cardinal André............................8
Chartrand Pier..........................24
Chicoine Robert........................10
Chodikoff Ian............................22
Cormier Anne...........................22
Dagenais Christian....................48
Lise Gagné
Nous reconnaissons le soutien
financier du gouvernement du
Canada par l’entremise du Fonds
du Canada pour les magazines.
L’éditeur se réserve le droit ques et des produits, cerner
de refuser toute demande de les tendances.
reproduction.
POSTE PUBLICATION
FORMES est une pu­bli­cation N0 41060025
objective et indépendante,
libre de tout lien avec quel- Adresse de retour :
que association, organisme Magazine FORMES
6718, rue Chambord,
ou regroupement sectoriel
que ce soit, associés de près Montréal (Québec)
H2G 3C3 Canada
ou de loin à l’industrie. Sa
mission : informer par des
sujets d’actualité, débattre
des enjeux de l’industrie,
conseiller sur des techni-
UN CHOIX D’AFFAIRES RENTABLE ET RESPONSABLE.
RÉDACTRICE EN CHEF
Marie Gagnon
Programme Produits efficaces
(projets de remplacement)
COLLABORATEURS
Serge Beaucher,
Jean De Julio-Paquin,
Serge Filion, Stéphane
Gagné, Lyse Lafrenière,
Sylvie Lallier, Martin Lessard,
Valérie Levée, Manon
Sarthou.
• ÉCLAIRAGE
Chirurgien de l’image
Gabriel-Thomas Leclerc
Programme Systèmes industriels
Couverture
Pier Chartrand –
Photo : Lucion Média
• ÉCLAIRAGE / COMPRESSION D’AIR / RÉFRIGÉRATION /
POMPAGE / VENTILATION / SÉCHAGE
vol.6 nº3 2010
Éditeur
Claude Paquin
Programme Optimisation énergétique des bâtiments
ADMINISTRATION
Magazine FORMES
6718, rue Chambord,
Montréal (Québec)
H2G 3C3 Canada
• ÉCLAIRAGE / CHAUFFAGE / CLIMATISATION / ISOLATION
AAPQ.........................................31
ADICC.......................................13
AGA...........................................44
ASP Construction....................50
Attention FragÎles.....................38
Auckland War Memorial
Museum.....................................33
AXIS...........................................14
BASF Canada..............................6
Bone Structure................... 31, 50
Bouthillette Parizeau
et Associés..................................41
Bovis Construction...................35
Canadian Architect...................22
Canexel......................................49
CCQ.........................................C-3
CDP.............................................8
cecobois......................... 22, 46, 48
CEGQ........................................22
CIDD.........................................17
Conférence régionale
des élus.......................................18
Individus
Toute demande de
reproduction des textes
et des illustrations doit
être acheminée par écrit
à l’éditeur en expliquant
le but de cette demande.
Pour vous aider à réaliser des économies d’énergie,
Hydro-Québec vous offre trois programmes visant
l’optimisation des performances énergétiques de
votre entreprise. Vous pourriez obtenir des appuis
financiers pour toutes les améliorations souhaitées.
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Canada
1 an : 27 $, 2 ans : 50 $
Améri que
1 an : 50 $, 2 ans : 85 $
Outre-mer
1 an : 90 $, 2 ans : 155 $
Étudiant -15 %
Mille et une mesures d’efficacité énergétique.
Mille et une solutions d’affaires.
FORMES appuie toute
initiative favorisant le
développement durable et
une saine gestion de l’environnement. Le magazine
utilise une encre écologique
et est imprimé sur du papier
recyclé.
PLUS QU’UNE BONNE AFFAIRE.
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514 736-7637, poste 5
RÉALISER DES ÉCONOMIES
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Organismes et entreprises
5
14
Bois primé
22
Changer la culture
Les lauréats
En couverture
Pier Chartrand
24
FIFA
30
Lightmotion
32
Architecte du virtuel
WALLTITEECO
TOUJOURS PLUS PERFORMANT
sommaire
perspectives
Design Montréal
Agenda
Index
5
L’illumination
WALLTITE ECO est un système d’isolation/pare-air de polyuréthane moyenne densité
conçu pour améliorer l’efficacité énergétique de tous les types de bâtiments. La
performance exceptionnelle de WALLTITE ECO maximise l’efficacité de l’enveloppe de
bâtiment, ce qui se traduit par de substantielles économies d’énergie.
WALLTITE ECO répond aux critères d’homologation du programme GREENGUARD
et du programme Enfants et écoles GREENGUARDSM, ce qui garantit le confort et la
sécurité des bâtiments.
Chocolaterie Menier
34
Architecture et la mer
38
Le retour de Nestlé
SM
WALLTITE ECO est le premier isolant de polyuréthane pulvérisé à alvéoles fermées à
avoir obtenu l’ÉcoLogoM, le symbole de certification environnementale le plus reconnu en
Amérique du Nord. Sa formule intègre des plastiques recyclés, des matières renouvelables
et un agent gonflant qui n’appauvrit pas la couche d’ozone.
Horizon, fragilité et intégration
La performance de WALLTITE ECO a été optimisée par l’outil d’analyse d’éco-efficacité
de BASF, un outil primé qui permet d’évaluer un procédé de fabrication ou le cycle de vie
complet d’un produit selon six critères clés : la consommation de matières ; la consommation
d’énergie ; les émissions dans l’atmosphère, le sol et l’eau ; les risques potentiels en cas de
mauvais usage ; les impacts potentiels sur la santé et l’emploi des terres.
Maison du
développement durable
Pour de plus amples renseignements :
1-866-474-3538 l walltite.com l foammasters.ca l walltiteeco.com
réalisations
Projet éducatif
42
Protection
44
Protection
46
Le mot ECO représente l’équilibre entre écologie et économie lorsqu’on obtient la performance WALLTITE ECOMC.
Pour que des matières premières renouvelables deviennent une solution de rechange aux ressources fossiles, elles doivent être disponibles à prix concurrentiels pour les applications industrielles sans
compromettre la production alimentaire et sans épuiser les richesses naturelles. Pour son matériel isolant WALLTITE ECOMC, BASF Canada a choisi d’utiliser des composantes renouvelables issues de
cultures non comestibles qui ne nuisent pas à la production alimentaire mondiale.
WALLTITE ECOMC, foammastersMC et Toujours plus performantMD sont des marques de commerce de BASF Canada. ÉcoLogoM est une marque déposée d’Environnement Canada.
Le programme de certification GREENGUARDSM et le programme de certification Enfants et écoles GREENGUARDSM sont des marques de commerce du GREENGUARD Environmental Institute.
Développement durable
La difficile harmonisation
16
-
matériaux
Contre la corrosion
8
40
Quartier de l’innovation
Parc scientifique urbain
Transformer le milieu du design
Contre la pourriture
formes
Si vous cherchez un système d’isolation/pare-air, optez pour
la performance WALLTITE ECO, la mousse isolante mauve
de BASF, le chef de file mondial de l’industrie chimique.
Mission Design
v6 n3 - 2010
Discussion sur l’art et l’architecture
MD
dossiers
MC
7
dossier
Mission Design,
mission accomplie?!
Serge Filion, OUQ et FICU
Urbaniste et commissaire à la CBCQ
C’
formes
-
v6 n3 - 2010
est au magnifique édifice de la Caisse de dépôt
et placement du Québec (CDP) qu’avait lieu,
lundi le 11 mai 2010 à Montréal, le lancement
officiel de Mission Design en compagnie d’un
parterre de près de 300 personnes. Un public visiblement
conquis et enthousiaste issu de tous les milieux composites
du design, soit les architectes, les urbanistes, les designers tant
industriels que d’intérieur, les architectes paysagistes, les graphistes… En un mot, tout le personnel ou presque qui gravite
autour de l’industrie de la création des paysages québécois,
toutes échelles confondues.
8
Éloge de la beauté
« Tout ce qui mérite d’être fait mérite d’être bien fait », disait un adage ancien. Mais que l’on se comprenne, il ne s’agit
pas de la recherche de la beauté, de l’équilibre, de l’harmonie
à l’état pur pour la simple contemplation. Derrière ce remueméninges qui dure déjà depuis deux ans se cache une volonté
acharnée de faire mieux son métier, de créer de la beauté, bien
sûr, mais aussi et surtout d’augmenter la commande intérieure et les exportations des produits québécois. Mais avant de se
vendre à l’étranger, faut-il d’abord que l’on y croie soi-même
et que les réalisations soient de plus en plus nombreuses et
marquées du sceau de l’excellence. « On ne veut rien de moins
que de transformer le milieu du design en industrie du design », confiait Alain Dufour, directeur général de la nouvelle
organisation, à notre journaliste Sylvestre Rio Falcon dans
notre dernière édition. Mais pour réussir, il faut à tout prix
contaminer l’industriel, le commerçant et le public acheteur.
Sinon, ce sera encore l’affaire d’une petite élite.
Le lancement a eu lieu dans un lieu phare du savoir-faire
québécois dans les domaines de l’urbanisme, de l’architecture
et du design, au cœur du Quartier international de Montréal.
Plusieurs acteurs clés étaient sur place dont certains, comme
Michel Dallaire, designer industriel, et Clément Demers, architecte spécialisé dans la conduite de grands projets urbains.
Le décor prêchait par l’exemple : après avoir traversé la splendide place publique de l’urbaniste-designer de l’espace public,
Réal Lestage – également concepteur principal du Quartier
international de Montréal –, ornée de la sculpture remarqua-
ble de Jean-Paul Riopelle (La Joute) dont la mise en scène
nocturne fascine encore et toujours, les participants se sont
engouffrés dans le siège montréalais de la CDP conçu et réalisé notamment par l’architecte Renée Daoust dont le talent
n’est plus à démontrer.
Même le mobilier, dont les magnifiques chaises en plastique
transparent de style sobre, tout aussi confortables qu’élégantes, a complété un décor à la fois épuré et de grande classe en
cet édifice de lumière et de transparence parfaitement adapté
au contexte urbain de son milieu d’accueil. Un ensemble urbain qui se décline en créations nouvelles, en restauration et
en recyclage des très beaux édifices comme celui du Montreal
Herald par exemple, en insertions généreuses des éléments naturels comme l’eau vive, les brumes, les arbres et les pelouses,
au grand plaisir des Montréalais qui ont recommencé à fréquenter ces espaces urbains mal aimés depuis la destruction
progressive et quasi totale de l’ancien square Victoria (cent
ans de misères urbaines avant cette renaissance).
En accueillant le public et les médias dans ce haut lieu de
notre architecture contemporaine, Renée Daoust parlait avec
émotion des deux conditions gagnantes de ce projet :
D’abord une équipe de concepteurs compétente et diversifiée, qui regroupait en plus de Daoust Lestage, les architectes
Éric Gauthier de FABG, Louis T. Lemay et André Cardinal
de Lemay et associés.
Mais aussi et surtout un succès que l’on doit à l’intelligence du donneur d’ouvrage qui a commandé cette œuvre
architecturale en faisant confiance au génie créateur des professionnels retenus. Un placement qui n’a certes pas connu
les mêmes dérapes que les fameux papiers commerciaux! Un
projet réalisé avec un écart de 1 % entre les coûts estimés de
construction et ceux de la réalisation.
CONSTRUIRE
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Idées brillantes, bâtiments verts... propulsez vos conceptions
architecturales éconergiques vers de nouveaux sommets
grâce aux solutions écologiques de Canam. Ensemble, nous
pouvons bâtir un monde meilleur, plus durable.
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Canam, un monde de solutions écologiques pour
un bâtiment respectueux de l’environnement.
Les trois souhaits d’une fée de l’architecture
Renée Daoust a formulé trois vœux qui lui ont valu les applaudissements nourris et chaleureux de la foule qui s’était
pressée sur le parquet pour l’entendre :
1. Amorcer une réflexion chez les journalistes, les donneurs
d’ouvrage et les professionnels afin d’amener plus de clarté
et plus de rigueur dans le trop populiste débat sur les prétendus dépassements de coûts où l’on mélange souvent
coûts de développement et coûts de construction réels;
Une division de Groupe Canam
www.canam.ws/architectes
Serge Filion
« Ce qui est le plus important à partir de
maintenant, c’est que vous soyez ensemble
pour constituer une force de frappe... »
Jean-Paul Lallier
2. Convaincre l’Office des professions du Québec de reconnaître et de consacrer le caractère multidisciplinaire de nos
projets urbains et des équipes qui les conçoivent, comme
cela est la règle aux États-Unis, afin de nous placer en
meilleure posture de compétition à l’international;
3. Convaincre le gouvernement du Québec de créer un « ministère de l’Architecture, de la Ville, du Cadre de vie et des
Paysages », afin de mieux réussir le Québec habité tout en :
a. établissant des grilles adéquates pour les honoraires des
professionnels;
b. définissant des règles claires sur les droits d’auteur;
c. convainquant les donneurs d’ouvrage d’investir dans la
qualité durable.
formes
-
v6 n3 - 2010
Le tout afin que l’on puisse enfin encourager et célébrer les
créateurs de paysages ruraux et urbains au même titre que le
Québec sait reconnaître la culture événementielle québécoise
ici et sur la planète. Il s’agirait somme toute du même processus de création de richesse. Pourquoi ne pas amener les architectes à signer leurs œuvres afin de respecter leurs intentions
documentées lors des inévitables restaurations?
10
Un leadership retrouvé : élection de Jean-Paul L’Allier à la
tête de Mission Design
Mais qui pouvait donc accepter de prendre les commandes
d’un conseil d’administration composé de vingt-cinq personnes représentant l’ensemble des acteurs et les mener au même
combat de l’excellence et de la reconnaissance tout en participant au développement économique du Québec? Qui sinon
un ancien ministre de la Culture (et qui rêvait d’en changer le
nom pour celui de ministère de la Création), un ancien maire
de Québec – ville du patrimoine mondial et trésor de l’humanité –, un ancien président de Communauté urbaine...?
C’est à la suggestion de Robert Chicoine et de Claude Beaulac, respectivement président et directeur général de l’Ordre
des urbanistes du Québec (OUQ), que le conseil d’administration a élu à l’unanimité Jean-Paul L’Allier, avocat et ancien
maire de Québec, à la tête de Mission Design. Lui qui un jour
avait dit à un groupe de fonctionnaires de haut rang, d’intellectuels respectés et d’élus connus arguant sur la façon idéale
de réhabiliter notre patrimoine bâti (notamment le site des
nouvelles casernes à Québec) : « Je constate que vous êtes assez
nombreux et assez intelligents pour discuter éternellement! »
Lui seul pourra amener ces gens forts en gueule et prompts
au débat à un consensus et à un front commun en faveur de
la qualité. « Ce qui est le plus important à partir de maintenant, c’est que vous soyez ensemble pour constituer une force
de frappe qui aura un solide impact sur la classe politique et
sur la population du Québec. Il faut frapper l’imaginaire des
Québécois et marteler le même message central selon lequel
la richesse du Québec passe aussi et beaucoup par l’industrie
de la beauté, de l’excellence, de l’harmonie des couleurs et des
formes bâties dans la grande nature québécoise désormais
mieux traitée, de la qualité visuelle et fonctionnelle des objets
industrialisés… »
L’élection de Jean-Paul L’Allier à la tête du conseil d’administration de Mission Design constitue un coup de maître.
D’abord, l’homme en est un de conviction, de vision. Doté
d’un sens politique peu commun, il n’abdique jamais quand
il s’agit de son idéal. Un politicien de la trempe des maires de
Barcelone, de Paris ou de Chicago. Et c’est justement de cela
que le monde du design québécois a besoin.
Pensez LEED .
Pensez bleu.
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Obtenir une cer tification LEED est
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aide du gaz naturel. En effet, une
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d’économie demandé par LEED.
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e n e f f i c a c i té é n e r g é t i q u e . P o u r
éalliser votre projjet LEED, pensez
ré
bleu dès le début.
Une ligne éditoriale à quatre temps
Seul un rassembleur de son espèce peut décliner en aussi
peu de temps et avec autant d’à-propos la ligne éditoriale que
devra suivre Mission Design au cours des prochains mois.
Une symphonie à quatre temps :
Tout d’abord l’éloge de la beauté
La recherche de l’excellence des artisans et professionnels
du Québec procède d’une émotion. L’éloge de la beauté n’est
louable qu’en autant que celle-ci procure assurément du bienêtre aux individus. Qu’il s’agisse de paysages, de villes, de villages, de bâtiments, de moyens de transport ou simplement
d’objets utilitaires...
Il s’agit pour Jean-Paul L’Allier d’expression culturelle.
Pierre Dansereau l’illustrait parfaitement dans son allocution
d’ouverture des États généraux du paysage québécois de 1995
en formulant une sentence à graver dans la pierre : « Je suis le
résultat des paysages de mon enfance... » C’est dire combien
la beauté des paysages procède à la fois de la culture et génère
de la culture. Un journaliste bien connu, Laurent Laplante,
dit souvent que la culture est ce qui tire un peuple vers le haut.
Voilà la table mise pour produire de la richesse en stimulant
les exportations sur les marchés mondiaux et la venue encore
plus importante de touristes étrangers en nos murs, tout en
apportant satisfaction et prospérité aux gens d’ici.
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Serge Filion
« Consacrer le caractère multidisciplinaire
de nos projets urbains et des équipes qui
les conçoivent (...), afin de nous placer
en meilleure posture de compétition à
l’international. »
Renée Daoust
formes
-
v6 n3 - 2010
Puis la chaîne de la création
Si le Québec sait faire et endosse le premier postulat, alors
il est prêt pour recevoir et mettre en pratique le second volet
d’action pour en arriver à une véritable société créative. C’est
cette étape qui emballe le plus Jean-Paul L’Allier : « Insérer les
mécanismes de création dans la chaîne de production. » Créer
des liens de convergence, de complicité, voire d’amitié entre
les membres des différentes disciplines du design (la transversalité horizontale entre les professions et les métiers du
design) pour en arriver à créer des équipes pluridisciplinaires
tout d’abord.
Il ne faut surtout pas oublier la percolation (transversalité
verticale) du haut vers le bas et du bas vers le haut. De l’artisan
au dirigeant d’entreprise en passant par les multiples paliers
administratifs, un seul et même combat pour porter tout le
Québec sur le chemin du succès économique. L’exemple de
Bombardier à ce chapitre le fascine : « On vend des trains partout dans le monde parce qu’ils sont élégants et d’une grande
beauté en plus d’être solides, abordables et durables. Et c’est
parce qu’on en vend beaucoup que cette entreprise peut faire autant de recherche et de développement pour continuer
d’améliorer ses produits. » Un exemple à suivre en matière
d’architecture, de design et d’aménagement du territoire.
12
La troisième dimension de l’opération design : de l’action
pour une démonstration à court terme
Jean-Paul L’Allier n’en démord pas, il faut créer des réussites à court terme tout en évitant les échecs à tout prix. Choisir
quelques projets porteurs d’avenir, les monter en utilisant la
bonne méthode comme les concours, les consultations élargies, afin de s’assurer de réaliser des coups d’essai qui s’avéreront des coups de maître! Il prend pour témoin le succès
instantané de la promenade Samuel-de-Champlain qui fait
encore aujourd’hui école en matière de traitement réussi des
berges en milieu urbain. Le succès de foule génère de nombreux projets similaires au Québec tout en augmentant les
chances de nos concepteurs d’ici d’obtenir des contrats à
l’étranger. Un engrenage merveilleux pour les sociétés qui
auront misé sur le design pour assurer la réussite, la prospérité
et le renom de nos urbanistes, architectes, designers et graphistes, car tout cela se tient et vient renforcer les propos de
Renée Daoust rapportés un peu plus tôt.
La quatrième dimension : les inévitables débats d’idées à
condition qu’ils ne durent pas éternellement
Jean-Paul L’Allier n’esquive pas la question du rôle des
débats d’idées, de la formation des gens, de la nécessaire information et consultation honnête des citoyens en matière de
grands projets urbains. Il a consulté largement les résidents
des grands quartiers urbains limitrophes à son projet de renaturalisation des rives de la rivière Saint-Charles dans SaintRoch, Saint-Sauveur et le grand Limoilou. Il a même consulté
Jean Perreault, l’ex-maire de Sherbrooke, sur son projet Rivière vivante et fait venir les OBNL responsables de l’idée afin
d’informer correctement la population de Québec sur les
conséquences réelles de cette entreprise d’aménagement de
plus de 150 millions de dollars, qui connaît aujourd’hui un
succès retentissant.
Il a aussi produit, à la demande de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), un rapport étoffé qui fait aujourd’hui
école en matière de consultation publique en urbanisme, en
aménagement et en architecture. Tout y est question de mesure entre l’ampleur du projet et l’ampleur de la démarche
en s’assurant que tous les projets importants y passeront sans
permettre les dérives possibles des référendums mal utilisés,
même de la part des élus. Un document à lire et à diffuser : Bâtir un partenariat performant entre les citoyens et les élus dans
la poursuite de l’intérêt collectif (publié par Langlois Kronstom Desjardins, avocats).
En conclusion générale, force est de constater qu’une nouvelle mouvance s’est installée au Québec à partir de Montréal. À signaler la fougue avec laquelle Helen Fotopoulos
du comité exécutif de la Ville de Montréal a porté le dossier
jusqu’à Shanghai afin d’obtenir la reconnaissance internationale du grand rassemblement de 2017 et obtenu un premier
gain par l’annonce du 54e congrès mondial de la Fédération
internationale des architectes paysagistes (International Federation of Landscape Architects, IFLA) dans sa ville. Rappelons que ce congrès est le premier d’une série que Mission
Design souhaite attirer lors de l’événement majeur en 2017. Si
l’on se fie à la compétence indiscutable des partenaires associés, à la force rassembleuse d’un Jean-Paul L’Allier en pleine
possession de ses moyens et disposé à mettre son énergie au
service d’une cause en laquelle il croit et qu’il connaît en profondeur, l’aventure est vouée au succès que nous lui souhaitons. Un seul bémol : l’absence remarquée des deux ministres
invités (MAMROT et MDEIE) qui, par ailleurs, financent
l’opération.
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PROCHAIN NUMÉRO
Réalisations
• Le siège montréalais de la CCQ
• La maison productive
Ouvrir plus grand la porte
On connaît le volet grand
public de l’activité Portes
Ouvertes Design Montréal.
Lancée en 2007, cette heureuse initiative du bureau Design Montréal de la Ville de
Montréal offre l’occasion de
prendre le pouls des univers
du design. Lors de cet événement échelonné sur une
fin de semaine, le public est
invité depuis déjà quatre ans
à visiter des bureaux d’architectes, d’urbanistes et de designers et de s’imprégner de
leur passion.
Nouveauté cette année,
l’activité s’élargit auprès des
clientèles spécialisées. Le circuit affaires propose une interaction entre les professionnels et les donneurs d’ouvrage. Pour cette première, on a
ciblé principalement les donneurs d’ouvrage publics ou
institutionnels, SSQ Immobilier
étant l’exception. La formule
exigeante, un parcours marathon de dix bureaux, trouve
un écho très favorable. La
formule mérite réflexion. Et
des propositions alimenteront
la discussion pour consolider
cette initiative. Le secteur
privé, notamment, aurait tout
avantage à s’inviter. Alors, à
l’année prochaine!
Matériaux
Les produits écoénergétiques
Quelle est l’offre de produits?
Quel est le réseau de distribution?
Tombée :
23 juillet
Publicité :
514 736-7637,
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courriel :
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v6 n3 - 2010
v6 n3 - 2010
formes
14
Critique et constructif
Ce mélange des genres, ces sous-entendus exprimés
et ces points de vue critiques sur la place d’une architecture et d’un design de qualité constituent un heureux
rendez-vous car force est de constater qu’il y a un malaise. D’où la pertinence et tout le sens d’une activité Portes
ouvertes ciblée « affaires ». La formule demande à être
peaufinée, mais cette première initiative répond à un besoin évident et s’avère un outil pour établir des ponts.
À la question de savoir quel était leur intérêt à participer à cette activité, la réponse des concepteurs se résume
ainsi de façon quasi unanime : obtenir une vitrine pour
montrer non seulement leurs réalisations, mais aussi
tout le travail en amont, et aussi profiter de l’occasion
pour démystifier la profession et sensibiliser les donneurs d’ouvrage à une architecture de qualité et durable.
Cela nous ramène au texte de Tison : démystifier et sen-
Volonté politique
Il n’en demeure pas moins, selon plusieurs intervenants, et ce, des deux côtés, que la promotion du design
ne suffit pas. On pointe deux mots incontournables :
volonté politique, action apparemment absente ou du
moins très édulcorée. En opposition, on souligne l’initiative de la Ville de Montréal dans la mise en œuvre
d’activités de sensibilisation au design destinées au
grand public et aux professionnels. Une approche de
l’administration municipale conforme avec le statut
« Montréal, ville UNESCO de design », branding ou reconnaissance efficace dans une stratégie de positionnement. Et tant mieux.
Mais pour accéder à un autre niveau, un effort de
sensibilisation remarquable est souhaité pour inculquer
une « culture permanente », lié à une autre vision, celle
du long terme. On déplore que trop d’acteurs rationalisent selon le strict et rigide principe de la réduction des
coûts, que le choix du court terme prime sans considération – ou il s’agit d’ignorance – sur les impacts à plus
long terme. On prétend ainsi qu’on éviterait probablement de refaire après coup et, conséquemment, d’engloutir des sommes énormes.
Et l’exemple torontois est souvent évoqué avec ses
réalisations architecturales, notamment muséales, ses
places publiques bien réalisées, qui constituent en soi
des attraits, des éléments catalyseurs. C’est ce qu’on désire ici.
On ne chamboulera rien à court terme, mais la multiplication de gestes d’appui permettra de faire évoluer
la société. Et les occasions de faire interagir les clientèles,
à l’instar du circuit affaires, doivent être encouragées et
appuyées par d’autres actions. La porte est ouverte!
Perspective
• Une réforme attendue :
la loi sur l’aménagement du territoire
• Habiter la campagne sans la détruire
• Densifier la banlieue
• Le contrat Homme/Nature
-
Le
30 avril dernier, architectes/urbanistes/designers et donneurs d’ouvrage se sont donné
rendez-vous dans le cadre du circuit affaires
Portes Ouvertes Design Montréal. À titre de commanditaires de l’événement, les détaillants/fabricants Axis, Lumigroup et Soprema se sont joints au groupe. Résultante : de part et d’autre, une activité fort appréciée qu’on
désire perpétuer et approfondir ainsi que commentaires
éclairants ponctués de propos critiques prévisibles!
Marc Tison, journaliste à La Presse, avait d’ailleurs
bien mis la table le matin même avec son texte du
jour sur fond de médailles du Gouverneur général en
architecture
(http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/
economie/201004/30/01-4275754-architecture-payante.php). Une citation parmi d’autres : « Les donneurs
d’ouvrage ne s’intéressent pas à la qualité parce que la
plupart n’ont jamais développé cette sensibilité. » Propos d’architectes et d’urbanistes à l’appui, le journaliste
souligne une certaine forme d’inculture au Québec envers l’architecture primée en opposition à une réponse
plus valorisante chez nos voisins torontois, ou encore,
ce réflexe conditionné au budget et au plus bas soumissionnaire qui, en fin de compte, s’avère coûteux à tous
égards.
Dans l’autobus, en route vers un parcours parsemé
d’une dizaine d’arrêts dans autant de bureaux d’architectes, les propos des donneurs d’ouvrage généralement plus « politiquement corrects », dirons-nous,
correspondaient dans le ton avec ceux exprimés par les
concepteurs visités. Les commentaires favorables de ces
derniers révélaient cependant la perception d’une certaine incompréhension de leur rôle.
sibiliser sous-entend au premier niveau une incompréhension ou, du moins, une méconnaissance du travail
du professionnel.
L’intérêt des quelque deux douzaines de donneurs
d’ouvrage présents est tout aussi manifeste. Cette tournée
leur a permis de prendre contact avec les bureaux dans
un contexte différent d’une offre de service. De l’avis de
plusieurs, cette prise de contact « plus conviviale, moins
structurée » facilite une meilleure compréhension du
processus de conception. Certains expriment un autre
commentaire particulièrement positif : la possibilité de
prendre connaissance de la mécanique mise de l’avant
par les bureaux pour mettre en pratique les principes de
base, les aspects écologie et développement durable, tout
autant que le volet multidisciplinarité de la profession.
Les modes de transport alternatifs et actifs constituent des voies de
développement incontournables pour réduire la pression sur l’environnement et accroître la qualité de vie. Quelles sont les grandes orientations proposées dans ce domaine? Un dossier qui interrogera les
principaux acteurs du domaine, notamment les initiatives des municipalités et organismes de transport public.
formes
Claude Paquin
Sylvie Champeau
Inciter le dialogue – changer la culture
Orangetango
perspectives
Portes Ouvertes Design Montréal
Dossier Transport
La mobilité durable
15
v6 n3 - 2010
formes
16
Le développement durable des villes passe
par la trithérapie
Ici on dort, ici on travaille, ici on consomme.
La ville est morcelée en secteurs d’activité et découpée par des autoroutes invasives et bondées.
En périphérie, les banlieues-dortoirs et les centres
commerciaux font taches d’huile. Bien sûr, s’élèvent ici et là quelques édifices LEED, minuscules
îlots de tentatives écologiques au milieu de la
marée grise. Malheureusement, le bénéfice d’un
édifice LEED sera mince si chacun prend sa voiture pour s’y rendre. « Et à quoi sert une maison
écologique au fond d’un rang si vous faites des
allers-retours à n’en plus finir? » clame André
Bourassa, président de l’Ordre des architectes
du Québec (OAQ). Le déplacement en automobile n’a rien d’écologique et les banlieues à faible
densité de logements contrarient le déploiement
de réseaux de transport rentables. En fait, c’est
toutes les infrastructures que l’étalement urbain
ne permet pas de rentabiliser : la desserte par les
autobus, mais aussi l’asphaltage de kilomètres de
rues résidentielles, les aqueducs ou la cueillette
des déchets. « Même la récupération devient tellement chère que ce n’est plus écologiquement
sation, le gouvernement doit donner des balises
et des projets de règlements pour aider et inciter
les municipalités à agir dans des secteurs où elles n’ont pas toujours intérêt à le faire », déclare
André Bourassa. Et effectivement, « la séquence
de production des plans d’aménagement, explique Serge Filion, c’est d’abord les orientations
gouvernementales, puis les schémas régionaux,
les plans d’urbanisme et au bout du compte le
particulier. Et l’objectif est de protéger la production agricole, la forêt, les paysages tout en laissant
assez d’espaces pour construire de nouveaux logements, satisfaire la croissance démographique
et créer de l’emploi ».
Au commencement était le gouvernement
Il revient donc au gouvernement de définir les
grandes lignes du développement durable qui devront ensuite descendre au palier municipal.
Le gouvernement a adopté, en 2006, la Loi
sur le développement durable. Elle établit 16
principes parmi lesquels figurent les notions de
consommation responsable, de préservation de
la biodiversité, de respect des capacités de support des écosystèmes, de qualité de vie, d’équité
sociale et de progrès social… À la suite de cette
Loi, le ministère du Développement durable, de
l’Environnement et des Parcs (MDDEP) a déposé en 2007 la Stratégie gouvernementale de développement durable 2008-2013, articulée autour
de 9 orientations et 29 objectifs. Selon les renseignements fournis par le MDDEP, « les ministères
et organismes gouvernementaux doivent intégrer
la démarche de développement durable de la Loi
dans leurs activités régulières, incluant celles liées
au secteur de l’urbanisme, en réalisant leur plan
de développement durable ». C’est la Stratégie elle-même et ses orientations qui assurent une harmonisation des plans d’action des ministères et
organismes assujettis à la Loi. De plus, le Comité
interministériel de développement durable
(CIDD), qui regroupe des représentants des ministères et organismes gouvernementaux, veille
à la concertation, à l’harmonisation des activités
menées par l’administration publique et à la pro-
duction de rapports d’avancement. Un commissaire au développement durable est également
nommé par le vérificateur général pour vérifier la
mise en œuvre du développement durable.
« La Loi sur le développement durable va à
100 % dans la bonne direction, soutient Serge Filion. Le gouvernement a été bien conseillé et c’est
une très bonne loi. » L’urbaniste exprime cependant quelques doutes sur la façon dont chaque
ministère a repris la Loi dans son plan d’action.
« Les principes de la Loi sont corrects, mais je ne
suis pas sûr que les gens se comprennent d’un ministère à l’autre. C’est un peu comme la tour de
Babel. Ça amène à toutes sortes d’interprétations
et de louvoiements. Il y a encore ce phénomène
de silo entre les ministères. On a l’impression que
ce n’est pas cohérent et que personne ne fait cette
concertation de toutes les orientations gouvernementales pour qu’il y ait une ligne gouvernementale claire sur le développement durable. »
Du gouvernement aux municipalités
La Loi et la Stratégie gouvernementale sont en
place et les ministères et organismes gouvernementaux reliés à l’urbanisme doivent inclure les
orientations du développement durable dans leur
plan d’action. Les municipalités, elles, ne sont pas
assujetties à la Loi, mais invitées sur une base volontaire à contribuer au développement durable.
Selon le MDDEP, « les ministères et organismes
intervenant auprès des municipalités demeurent
maîtres de leurs communications avec le milieu
municipal et il n’y a pas de lignes directrices pour
les municipalités. » Cette absence de lignes directrices est bien ce que déplorent Serge Filion
et André Bourassa. De plus et toujours selon les
réponses fournies par le MDDEP, « les municipalités demeurent autonomes dans les formes et
le rythme d’application du concept de développement durable ». Toutefois, la Table d’accompagnement-conseil en développement durable des
organismes municipaux a justement pour rôle
de favoriser la cohérence des communications
en développement durable vers les municipalités et doit les aider à réaliser leurs démarches de
Selon Sonia Tremblay,
urbaniste à la Ville de Québec, et l’urbaniste Serge
Filion, le développement
durable des villes passe
par la trithérapie.
Photo : Ville de Québec
v6 n3 - 2010
S’
il est un mot que les politiciens, publicitaires, gestionnaires… s’évertuent à placer dans leurs discours, c’est bien l’adjectif durable. Tout devient durable, du développement à la croissance en passant par la pelouse et le
mariage. Le sens originel contenu dans le rapport
Brundtland semble s’évaporer. Les municipalités
prennent aussi le train du développement durable et mettent en place des politiques de gestion
durable des ressources, favorisent la mobilité durable, encouragent le bâtiment durable et l’utilisation des matériaux durables… Devant l’ampleur du chantier et la multiplicité des acteurs, on
peut se demander si un fil conducteur guide les
municipalités sur le chemin du développement
durable et si ce fil rejoint la trame de la vision
gouvernementale du développement durable.
défendable », remarque André Bourassa. « Quand
les camions se promènent dans des zones à faible
densité, il y a un coût d’énergie, un coût d’usure
du matériel. Si on s’aperçoit que ça coûte plus
cher de récupérer, alors la récupération est en
danger », complète l’urbaniste Serge Filion.
Ce modèle de développement urbain inféodé
au pétrole et qui grignote les aires naturelles alentour est certainement aux antipodes du développement durable, car il ne permet pas aux citoyens
d’aujourd’hui d’assouvir leurs besoins sans hypothéquer les ressources des générations futures.
Selon Serge Filion, pour conformer la ville aux
principes du développement durable, il faudrait
lui administrer une « trithérapie » dont les trois
ingrédients seraient la mixité de fonctions, le
choix des transports et l’établissement d’un périmètre d’urbanisation qui n’empiète pas sur les
aires naturelles.
Sonia Tremblay, urbaniste à la Ville de Québec, partage cette vision. Selon elle, il y a un
équilibre à trouver entre le développement et la
conservation des milieux naturels, qu’ils soient
humides, forestiers ou riverains. C’est possible,
explique-t-elle en « optimisant l’espace déjà desservi par les transports et le réseau d’égout, en
augmentant le nombre de logements par hectare
et en aménageant les vides développables ». Ces
vides, ce sont les terres contaminées et les friches industrielles. Pour compléter cette vision,
Marie-Christine Magnan, conseillère en communication à la Ville de Québec, ajoute que « le
développement durable urbain touche la liberté
de se déplacer en transport en commun et aussi
la démographie et l’économie ».
Il apparaît clairement que le développement
durable de la ville interpelle plusieurs secteurs
d’activités qui ne partagent pas tous les mêmes
intérêts. Par exemple, convertir un boisé en lotissement résidentiel est une bonne affaire pour
le promoteur… mais aussi pour la ville à cause
de l’augmentation des revenus fonciers subséquents. En conséquence, le développement durable d’une ville doit être planifié pour assurer une
cohésion des actions. « En matière d’harmoni-
-
Valérie Levée
et de leur application
formes
dossier
Développement durable La difficile harmonisation des plans d’action
17
Projet de développement
de l’écoquartier de PointeAux-Lièvres. En avant-plan,
les édifices offriront 1200
unités d’habitation. Ils
pourront accueillir les travailleurs du quartier SaintRoch situé à proximité. En
arrière-plan et proche de
la rivière Saint-Charles, un
parc de huit hectares sera
aménagé pour les activités
de plein air estivales et
hivernales.
formes
-
v6 n3 - 2010
Illustration : Ville de Québec
18
développement durable. À propos de cette Table d’accompagnement, Sonia Tremblay indique
qu’elle est encore en cours d’implantation.
Les villes chemineront donc vers le développement durable selon leur bonne volonté et ce
qu’elles en comprennent. Difficile, dans ce cas,
d’espérer une cohérence d’action entre les deux
paliers de gouvernement et même d’une ville à
l’autre. Suivons le développement durable à la
mode montréalaise et dans la capitale nationale.
Montréal n’a attendu ni la Loi ni la Stratégie
gouvernementale pour se mettre à l’heure du
développement durable. Alan DeSousa, viceprésident du comité exécutif et responsable du
développement durable et du développement
économique à la Ville de Montréal, était à Johannesburg en 2002 pour le Sommet mondial sur
le développement durable. C’est inspiré par les
pratiques mondiales en la matière qu’il s’est joint
au Conseil régional de l’environnement et à la
Conférence régionale des élus pour préparer le
Premier plan stratégique de développement durable de la collectivité montréalaise (Plan). « Il faut
comprendre qu’on avait notre plan de développement durable bien avant le gouvernement. On
a commencé en juin 2002 et le gouvernement en
novembre 2004 », évoque-t-il.
À noter, la Ville de Montréal s’est vue décerner le Phénix dans la catégorie « Municipalités et
organismes municipaux : Adaptation et lutte aux
changements climatiques », pour le Fonds Énergie. Il s’agit d’une initiative comparable à une
banque interne visant à financer des projets d’efficacité énergétique réalisés par les services municipaux et les arrondissements. Le Fonds Énergie
s’inscrit dans le cadre du Plan stratégique de développement durable de la collectivité montréalaise,
qui était également finaliste dans la sous-catégorie
« Consommation responsable ».
Le Plan comprend 36 actions articulées autour
de quatre orientations : 1) améliorer la qualité
de l’air et réduire les émissions de gaz à effet de
serre; 2) assurer la qualité des milieux de vie résidentiels; 3) pratiquer une gestion responsable
des ressources; 4) adopter de bonnes pratiques de
développement durable. De façon plus concrète,
plusieurs des actions visent le transport pour réduire la marche au ralenti inutile des véhicules
ou développer l’autopartage et les infrastructures pour l’utilisation du vélo. D’autres actions
touchent les matières résiduelles, les îlots de chaleur, la protection des milieux naturels, la qualité
de vie… Ce Plan ne mentionne toutefois pas de
mesures relatives à la délimitation du périmètre
urbain, mais Alan DeSousa explique que de telles
mesures existent déjà dans le Plan d’urbanisme
de la ville. D’autre part, le fleuve délimite déjà
fortement la Ville de Montréal. La Ville a dressé
son Plan en collaboration avec 178 partenaires issus des milieux d’affaires, scolaires, hospitaliers,
communautaires… « C’est la force de notre Plan,
affirme-t-il, car tous ces partenaires souscrivent
aux mêmes objectifs et stratégies que nous avons
élaborés ensemble, pour finalement augmenter et
bonifier les efforts de la Ville. » Cela assure donc
une cohérence des actions sur le territoire de la
ville tout en offrant à chacun la possibilité d’intervenir.
En fait, le Plan qui couvrait la période de 2005
à 2009 est échu et Montréal en a déjà dressé le bilan. Les résultats sont compilés selon des indicateurs identifiés en 2005. En comparaison, le gouvernement vient tout juste, en novembre 2009, de
dévoiler ses propres indicateurs. Cette longueur
d’avance sur le gouvernement n’empêche pas la
Ville de Montréal de s’arrimer sur la Loi gouvernementale. Ainsi, le bilan aligne les 36 actions du
Plan montréalais avec les objectifs de la Stratégie
gouvernementale. Selon ce bilan, les réalisations
répondent à 16 des 29 objectifs gouvernementaux. Ce premier bilan ne signifie pas la fin des
C
M
Alan DeSousa prévoit déposer un plan pour guider
Montréal en développement durable sur la période 2010-2015. Le Premier
plan stratégique de développement durable de la la
collectivité montréalaise qui
couvrait la période de 2005
à 2009 est échu et Montréal
en a déjà dressé le bilan.
Photo : Ville de Montréal
Développer des espaces
communautaires de bonne
qualité pour améliorer la
qualité de vie des résidents
est aussi un ingrédient du
développement durable
de la Ville de Montréal. Ici,
le parc des Faubourgs dans
l’arrondissement VilleMarie.
Photo : Ville de Montréal
Y
CM
MY
CY
CMY
K
MONTRÉAL
UNE VILLE ENGAGÉE
35 000 ARBRES
500 KILOMÈTRES
DEPUIS 5 ANS
400 STATIONS BIXI,PLANTÉS
DE VOIES CYCLABLES
Projet de développement
de l’écoquartier du secteur
d’Estimauville à Québec
qui offrira 2100 appartements et un accès direct
au fleuve.
formes
-
v6 n3 - 2010
Illustration : Ville de Québec
20
Le plan de développement durable de la Ville de
Montréal inclut plusieurs
activités visant à faciliter
le déplacement à vélo.
400 stations Bixi et 5000
vélos ont été installés en
2009. Un partenariat avec
Communauto et la STM
permet aussi d’offrir le trio
Bixi-auto-bus.
Photo : Ville de Montréal
efforts. « J’ai l’intention de déposer un plan pour
guider Montréal en développement durable sur
la période 2010-2015, affirme Alan DeSousa,
et on va continuer d’arrimer nos efforts avec le
gouvernement, mais aussi avec les objectifs mondiaux. »
Questionnée sur la Loi gouvernementale de
développement durable, Sonia Tremblay répond
que « les 16 principes visent les organismes et ministères, mais ne sont pas encore arrivés en ville ».
Cependant, certaines normes sur la gestion des
matières résiduelles ou la protection des milieux
humides viennent des ministères. Sans attendre l’arrivée de la Loi, la Ville de Québec a, elle
aussi, élaboré son Plan directeur d’aménagement
et de développement (PDAD) en 2005. Bien que
non évoqué dans le nom, le PDAD est échafaudé
sur les principes du développement durable tels
que : rentabiliser les infrastructures déjà en place,
protéger les espaces naturels, consolider et valoriser les milieux urbains existants, développer
une mixité d’activités et les rendre accessibles
autrement qu’en voiture. La Ville a entre autres
un plan de réduction des gaz à effet de serre, un
plan directeur des milieux naturels et de la forêt
urbaine et s’apprête à produire son plan de mobilité durable. Tous ces plans concourent vers le développement durable, et la Ville entend faire un
condensé de l’application de ces plans dans deux
projets d’écoquartiers. Ils seront érigés sur les
« vides développables » urbains que sont la Pointe-aux-Lièvres et le secteur D’Estimauville. L’idée
est de densifier les logements, les commerces et
les lieux de travail tout en offrant des espaces
communautaires agréables, des accès au fleuve ou
aux parcs avoisinants. « Ils seront aménagés pour
PAR OZONATION :
UN PROJET BIEN EN MARCHE
UNE COLLECTE DE RÉSIDUS VERTS
DANS TOUS LES ARRONDISSEMENTS
l’humain et non pour la voiture », résume Sonia
Tremblay, et deviendront « des quartiers autonomes où la voiture n’est pas nécessaire », complète
Marie-Christine Magnan.
De la municipalité aux citoyens
Même si le Plan de Montréal ou le PDAD de
Québec n’émanent pas directement de la Loi gouvernementale, les idées convergent. Une certaine
harmonie s’en dégage, au moins sur le papier.
Sur le terrain, la réalité est encore autre. À
Montréal, le projet gouvernemental de l’échangeur Turcot, en passant de 6 à 8 voies, ne va pas
vers une diminution du trafic automobile et semble aller à l’encontre du plan d’action de développement durable du ministère des Transports. À
Québec, les pelles mécaniques et tronçonneuses
menacent les boisés et les terres agricoles. La mise
en pratique du PDAD a donc des limites. L’harmonie des plans et des réalisations n’est pas atteinte.
Une partie du problème, selon Serge Filion,
réside dans la faible marge de manœuvre des élus
qui doivent faire face à un électorat non convaincu. « Il faut des fonctionnaires bien renseignés
qui inspirent leurs élus et que ceux-ci portent le
message et fassent partager une vision de la ville
aux citoyens. La solution, c’est l’information du
public », soutient André Bourassa. C’est aussi ce
que pense Marie-Christine Magnan. « On ne peut
pas tout changer en même temps, rétorque-t-elle,
on commence par les écoquartiers qui serviront
de modèles. Il faut que les gens embarquent et ça
prend des années. » Malheureusement, cela prendra aussi des années à corriger les mauvaises décisions qui continuent de se prendre...
LA DÉSINFECTION DES EAUX USÉES
C
M
J
CM
MJ
CJ
CMJ
N
SUPERFICIE
500 PROJETS LA
DES MILIEUX
DE RÉCUPÉRATION
DE L’EAU DE PLUIE
LA QUALITÉ DE L’AIR AMÉLIORÉE :
UN RÈGLEMENT SUR LE CHAUFFAGE AU BOIS
NATURELS
PROTÉGÉS
PASSE À 5 %
20 % DE + DE 350 VÉHICULES
UNE FLOTTE DE +
DE SERVICES EN TRANSPORT
COLLECTIF
ÉCOÉNERGÉTIQUES
ENSEMBLE POUR UNE MÉTROPOLE
DURABLE
4
réalisations
2
Le bois primé
1
3
Claude Paquin
présentait le 2 juin les lauréats du premier gala du Prix d’excellence cecobois 2010. Le jury était formé d’André Bourassa, président de l’Ordre des
architectes du Québec (OAQ); Gilles Brassard, ingénieur, président de la
Corporation des entrepreneurs généraux du Québec (CEGQ); Ian Chodikoff, architecte, rédacteur en chef de Canadian Architect; Anne Cormier,
architecte, directrice de l’école d’architecture, Université de Montréal et de
Caroline Frenette, ingénieure, conseillère technique à cecobois. Ils ont décerné des prix dans une dizaine de catégories.
1- Institutionnel de + de 600 m2
Concept et détails
architecturaux (prix ex æquo
avec Bibliothèque Félix-Leclerc)
Pavillon Gene H. Kruger, Université
Laval, Québec
6- Industriel
Agrandissement du centre de tri de
Roberval
Cet édifice manifeste un caractère
élégant et sobre. Sa simplicité est tout
à fait appropriée à l’usage, et le projet
témoigne de la possibilité d’offrir des
volumes de grande taille avec des
systèmes structuraux en bois.
Architectes : Anicet Tremblay
& Serge Harvey Architectes,
Jean Maltais Architecte
Ingénieurs : Groupe Stavibel inc.,
Gencotech
Entrepreneurs : Construction Unibec,
Nordic
Photo : RMRLAC
formes
22
Simple et efficace, ce bâtiment intégré
comportant un volet environnemental
fort est bien reçu par les enfants, la
directrice et les citoyens du quartier.
Il met en valeur de nombreuses
possibilités de la construction en bois,
en plus de ses qualités
acoustiques.
Architecte : Claude Guay
Ingénieurs : Genio experts-conseils,
Genecor
experts-conseils
Entrepreneur : Groleau
développement
Photo : Claude Guy
5- Aménagement extérieur
Danse en ligne, cour des habitations
Unity 1 et 2, Montréal
Ce jardin de bois permet une
liaison fluide entre les bâtiments
tout en créant un motif au sol
intéressant. L’aménagement profite
judicieusement de la chaleur du bois
au sol. Ce projet crée une oasis en ville,
un lieu distinct des espaces de repos
que l’on retrouve dans le secteur.
Architecte paysagiste : NIP PAYSAGE
Entrepreneur : Darcy McGee
Photo : Mélanie Mignault
7- Concept et détails
architecturaux (prix ex æquo
avec Pavillon Kruger)
Agrandissement de la bibliothèque
Félix-Leclerc, Québec
L’utilisation du bois dans ce bâtiment
dégage une simplicité appréciable. Il
est possible de discerner le contrôle et
la maîtrise des forces du matériau dans
les détails d’installation.
Architecte : Anne Carrier
Ingénieur : EMS
Entrepreneur : Constructions Pierre
Blouin inc.
Photo : RMRLAC
8- Revêtement intérieur
Pavillon de la Jamaïque, Montréal
Ce projet démontre un mariage
réussi entre les éléments nouveaux et
restaurés. L’ensemble est chaleureux
tout en conservant une certaine
sobriété. Le contraste entre le
plancher pâle et les éléments plus
foncés de l’aménagement enrichit
esthétiquement l’espace, sans créer
d’encombrement visuel.
5
Architecte : Réal Paul
Architecte paysagiste : Espace Drar
Ingénieur : Calculatec
Entrepreneur : Construction Norabec
Photo : Frédéric Saia
9- Solution innovante
Hôtel Inukjuak et ses variantes,
village d’Inukjuak
Ce bâtiment est une prouesse de
construction en milieu nordique.
Le développement d’un système
de construction par préfabrication
demande une maximisation de la
standardisation des composantes de
même que la possibilité d’effectuer
facilement un agrandissement dans
le futur. La préfabrication, jumelée à
la construction sur place, amène une
construction rapide tout en offrant de
l’emploi localement.
Architecte : Marc Blouin
Ingénieurs : Équation groupe conseil,
FCNQ Construction
Photo : Philippe Nolet
10- Développement durable
Parc école / Centre d’interprétation
des énergies renouvelables de
Richelieu
L’utilisation du bois s’inscrit dans
la philosophie de développement
durable inhérente à la réalisation
de ce projet visant à sensibiliser
la communauté aux technologies
renouvelables et à l’importance
d’une approche respectueuse de
l’environnement.
Architecte : Hubert Chamberland
Ingénieur : Gauthier Consultants
Entrepreneur : Constructions Martin
Bellavance
Photo : Hubert Chamberla
10
6
8
v6 n3 - 2010
v6 n3 - 2010
2- Institutionnel de - de 600 m2
Gymnase, École Vision, Sillery
Inauguré le 11 mai dernier, l’édifice
Fondaction Québec a obtenu un prix
dans deux catégories. Avec ses six
étages de 10 000 pi2 et sa structure de
colonnes et poutres en bois lamellécollé de l’entreprise Nordic, cet
immeuble est le plus haut du genre en
Amérique du Nord. La mise en place de
ce projet, réalisé dans le cadre d’une
proposition de solution de rechange
au Code national du bâtiment,
aura probablement une incidence
non négligeable sur le milieu de la
construction. On peut affirmer qu’il
s’agit d’une prouesse d’ingénierie.
Architecte : Gilles Huot
Ingénieurs : BES inc., Roche ltée
Codes et normes : Civelec
Consultation LEED : Courchesne et
associés/Vertima
Gérance de construction :
Hervé Pomerleau inc.
Montage de la structure :
Construction FGP
Photo : Gilles Huot
9
-
Ce bâtiment a remporté un prix
dans deux catégories. Ce pavillon de
l’Université Laval intègre une grande
variété de produits structuraux et
d’apparence en bois. Il possède un
caractère démonstratif fort. Son
ouverture, sa luminosité et ses aspects
bioclimatiques en font un classique
dans sa catégorie.
Architectes : Galienne Moisan
(maintenant ABCP
Architecture), Paul Gauthier Architecte
Ingénieur : BPR inc.
Consultant bioclimatique : GRAP,
Université Laval
Entrepreneur : Hervé Pomerleau inc.
Photo : Laurent Goulard
3 ,4- Commercial de + de 600 m2
Concept architectural
Édifice Fondaction, Québec
7
formes
T
rès répandue dans la construction résidentielle, l’utilisation du bois
demeure cependant plus marginale dans les autres secteurs du bâtiment. Des acteurs sensibilisés à la matière ligneuse se sont donné
pour objectif d’appuyer fortement la promotion du bois dans l’industrie de
la construction non résidentielle. On a certainement remarqué ces derniers
mois une vaste et efficace campagne adressée autant aux clientèles professionnelles que grand public. Dans le but de démontrer les possibilités du
bois, tant dans ses composantes structurelles, architecturales qu’innovantes,
le Centre d’expertise sur la construction commerciale en bois (cecobois)
23
FORMES : Quel est votre parcours professionnel
et comment en êtes-vous arrivé à vous spécialiser
dans le domaine du multimédia?
Pier Chartrand : Après avoir obtenu mon diplôme en graphisme, j’ai bifurqué brièvement vers
le design industriel avant de revenir à ma formation initiale. À la suite d’un voyage en Europe,
j’ai décidé de travailler à mon propre compte
comme graphiste dans le secteur de l’imprimé.
C’est par un concours de circonstances que je
me suis retrouvé dans le secteur du multimédia
au début des années 1980. Appelé à remplacer
au pied levé un ami, la firme Lambert Multimédia m’a engagé sur un projet. Cette compagnie
fut l’une des premières à se spécialiser dans le
multimédia au Québec. J’ai commencé comme
graphiste et illustrateur jusqu’à exercer le rôle de
concepteur visuel puis de directeur artistique et
de réalisateur d’événements multimédias.
C
oncepteur visuel dans le
secteur des affaires, des
musées et des arts de la scène,
Pier Chartrand est l’un des artisans
importants du domaine du multimédia à Montréal et au Québec. Il a
à son actif plus d’une centaine de
réalisations dont plusieurs ont été
produites pour l’Europe. Avec l’image et le son, il crée des mondes,
formes
-
v6 n3 - 2010
Selon le concepteur
Pier Chartrand, le futur
de l’interactif et du
virtuel réside dans la
formation d’équipes
encore plus spécialisées sur le plan
technique, scientifique
et artistique.
24
Photo : Jean De Julio-Paquin
des architectures visuelles et des
environnements à la fois ludiques et
surprenants. FORMES l’a rencontré.
F : Sur quels types de production avez-vous
travaillé à cette période?
P.C. : Je réalisais des productions principalement
pour le secteur corporatif, notamment pour Bell
Canada et la Banque Nationale. Il s’agissait de
spectacles ou de séminaires d’entreprises. Parallèlement se sont rajoutées des commandes pour
les musées, les gouvernements pour des expositions thématiques lors d’expositions universelles
et aussi de la publicité.
F : Comment s’exerçait la profession à cette
époque?
P.C. : Tout se faisait avec des moyens traditionnels. On incorporait aux mouvements des
acteurs, des danseurs ou des mimes, des diapositives, des images vidéographiques. On pouvait
aussi utiliser la projection au laser. L’arrivée des
nouvelles technologies informatiques a bien sûr
créé une révolution. Tout se réalise de façon plus
rapide et plus fluide, mais les attentes sont plus
grandes.
F : Est-ce que l’arrivée des nouveaux outils technologiques a permis d’augmenter le rôle et l’impact
de l’image dans la production d’événements?
P.C. : Oui, c’est indéniable. Mais une bonne idée
reste une bonne idée. Si elle est mauvaise ou mal
intégrée, le designer ou le concepteur visuel aura
beau utiliser les plus grands moyens techniques
au monde, le résultat sera médiocre. Par contre,
tu peux avoir une bonne idée et très peu de
moyens et le résultat peut être fantastique.
F : Comment les idées sont-elles développées?
Quelles sont les différentes étapes dans la genèse
d’un projet?
P.C. : Premièrement, on ne peut pas créer seul.
On a besoin d’une équipe de spécialistes. Au
départ, les chargés de projets au sein des entreprises ont déjà une idée de ce qu’ils veulent, mais
ils ne savent pas nécessairement comment la
mettre en forme. Une première rencontre se fait
entre le client et la firme de création pour bien
s’approprier l’axe de communication choisi. Par
la suite, le directeur artistique et les différents
concepteurs se réunissent pour élaborer quelque
chose de plus spécifique. Ce qui donne le synopsis et, par extension, le découpage technique,
communément appelé le story-board. Le client a
dès lors la possibilité d’évaluer ce à quoi pourrait
ressembler la production une fois terminée. Le
tout se raffine jusqu’à la toute fin.
F : Sur le plan de la conception, est-ce que votre
démarche est similaire, peu importe s’il s’agit
d’une production pour le secteur corporatif, celui
des musées ou des arts de la scène?
P.C. : Chaque secteur d’intervention a sa propre
problématique de communication. Lorsque je
travaille sur des spectacles ou sur des projections
visuelles à l’intérieur de pavillons thématiques,
je vise davantage à faire passer une émotion.
Dans le domaine corporatif, le message à véhiculer est très précis. Par contre, les paramètres
de base restent les mêmes, à savoir que c’est par
l’intermédiaire de l’image et de sa progression
dans un scénario que j’interviens. Mais la manière de rendre le produit diffère d’un secteur à
l’autre, car les secteurs n’ont pas en commun les
mêmes objectifs de communication.
F : Est-ce qu’il y des productions sur lesquelles vous
avez travaillé qui ont représenté de plus grands
défis?
P.C. : Mon plus grand défi a été la réalisation
du spectacle Rythmes cosmiques à l’Astrolabe
du Mont-Mégantic en 2003. Je devais illustrer
des phénomènes liés à l’origine du monde qui
n’appartiennent pas à l’univers réel. Toutes
mes propositions visuelles devaient donc être
approuvées par des astrophysiciens. En plus de
la rigueur scientifique, je devais livrer une production accessible au public, à la fois didactique
et émotive.
F : Quels sont les projets que vous avez réalisés à
l’étranger?
P.C : J’ai collaboré, entre autres, au projet Eurospace Center en Belgique ainsi qu’au pavillon du
Canada à l’exposition universelle de Séville en
1992 et à celle de Hanovre en 2000. J’ai aussi
réalisé la conception visuelle de deux productions de la compagnie théâtrale L’Arsenal, la
pièce Alice en 2003 et L’Arche en 2009. Ces deux
productions ont notamment circulé dans plusieurs villes d’Asie et poursuivent leur tournée
respective.
F : Est-ce qu’il y a des défis particuliers lorsque
vous travaillez pour l’étranger?
P.C. : Sur le plan de l’idéation et de la conception, il n’y a pas de véritables contraintes sauf de
tenir compte de la culture. C’est plutôt du côté
du producteur. Compte tenu de la distance, les
échanges avec le client sont plus problématiques.
Même s’il est possible de communiquer grâce à
la technologie, le déplacement du producteur et
du client est primordial pour évaluer l’avancement des travaux. Du côté de la production, tout
se fait localement à Montréal puis est transporté
et monté sur place.
F : Comment se comporte l’industrie du multimédia présentement?
P.C. : Nous entrons dans une nouvelle ère, celle
de l’infographie 2.0. La communication va devenir encore plus interactive. L’Internet a été le
maître d’œuvre du lien interactif. Mais outre
l’Internet, il y aura dans les rues, dans des espaces intérieurs et extérieurs, des interactions encore plus grandes que celles que nous connaissons présentement.
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Jean De Julio-Paquin
-
ARCHITECTE DU VIRTUEL
formes
réalisations
Pier Chartrand
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5
1
2
26
1. Environnement visuel
réalisé dans le cadre d’un
défilé de mode organisé
par la maison London Fog.
Composé d’une trentaine de
petits écrans superposés les
uns aux autres, le dispositif
scénographique permettait aux mannequins de
sortir des projections pour
apparaître sur le devant
de la scène dans une aura
lumineuse.
Illustration : Pier Chartrand
Photo : Lucion Média
Photo : Lucion Média
3. Le virtual display est un cube
virtuel interactif pouvant
se multiplier dans des sites
intérieurs ou extérieurs.
Les parois ont la propriété
de se transformer au gré
d’actions ou d’interventions
d’individus, de musiciens,
d’animateurs ou d’acteurs.
Le virtual display peut servir
autant pour des conférences
d’entreprises que pour des
concerts dans des festivals.
C’est, entre autres, le type
de recherche auquel Pier
Chartrand participe actuellement avec Oxyde Média.
Photo : Oxyde média
4. L’Arche est un spectacle multidisciplinaire produit par la
compagnie L’Arsenal et qui
jette un regard sur le fragile
équilibre entre l’homme et
la nature. Pier Chartrand a
composé des environnements virtuels dans lesquels
l’homme évolue à titre de
gardien de la nature.
Illustration : Pier Chartrand
Photo : Lucion Média
5. Pier Chartrand a participé à
la création et à la production
du dernier spectacle du
magicien et mentaliste Gary
Kurtz, qui a été réalisé par
la firme Oxyde Média. Des
images sont projetées à l’intérieur d’un décor conçu par
David Gaucher. Maquette :
David Gaucher et Pier Chartrand
6. Une nouvelle exposition
permanente racontant
l’histoire du site fut inaugurée en 2009 au musée
La Pulperie de Chicoutimi.
Une installation multimédia
plonge le spectateur parmi
les ouvriers à travers différentes scènes projetées sur
des écrans en transparence
et en semi-transparence. Ils
se superposent pour créer
un espace architectural spécifique. Un travail d’animation a été effectué à partir
de photographies traitées
comme un film d’archives.
Photo : Lucion Média
7. À la fois un concert et une
réception, Symphonie des
passions se caractérisait par
un environnement multimédia à 360 degrés où le
visuel se liait à l’ensemble du
design. La projection d’images, en l’occurrence des
peintures de grands maîtres
de l’histoire de l’art, dynamisait l’espace où la recherche
esthétique prédominait.
8. Inventons notre avenir : une
incursion dans un monde
sans cesse en mouvement
sous le rythme de quatre
percussionnistes et d’une
danseuse. Ponctuant la
performance, les images
graphiques se déploient sur
un tulle.
9. Sous l’égide des Nations
unies, Montréal a été l’hôte
de la 11e conférence sur les
changements climatiques en
2005. Plus de 30 comédiens,
danseurs et chanteurs évoluaient à travers un écran
de projection de 20 mètres
de large. Par le biais de la
poésie et de la légende de la
déesse Gaia, la production
reflète la dégradation de
la planète et les nombreux
défis auxquels la population
mondiale est confrontée.
Photo : Lucion Média
Photo : Lucion Média
Photo : Lucion Média
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Pages précédentes.
En collaboration avec Lucion
Média, Pier Chartrand travaille
à développer un concept de
projections architecturales sur
des bâtiments. Les photographies présentent différentes
simulations de scènes animées
sur le boulevard Saint-Laurent,
artère commerciale fort courue. Cette conception multimédia s’inscrit dans un esprit
d’animation urbaine.
2. Novateur par sa facture, le
musical Flower Power a été
commandé par le Casino
de Montréal. Sur scène,
dix musiciens revisitent
l’époque de Woodstock.
Des chansons de Dylan, de
David Bowie ou de Jimmy
Hendrix étaient interprétées
à travers les références
historiques de l’époque :
de la guerre du Vietnam
jusqu’au succès de la comédie musicale Hair. La scène
du mythique festival fut
reproduite au Casino et du
métrage inédit, tourné par
les organisateurs en 1969, a
été incorporé au scénario.
7
-
4
formes
formes
-
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3
6
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8
F : En ce sens, est-ce que vous travaillez sur des
projets particuliers?
P.C. : En collaboration avec la compagnie Lucion
Média, je travaille sur des projets d’environnements virtuels, notamment sur des façades de
bâtiments situés sur des artères commerciales.
Les images projetées pourraient annoncer des
événements ou participer à animer l’espace urbain. Il n’y a plus d’écran, les images se promènent librement à partir de stations mobiles ou
immobiles.
Il y a aussi un projet avec la firme Oxyde Média.
Je participe à la conception d’un cube virtuel
dans lequel on peut placer des individus, des musiciens ou des animateurs. Sur les parois extérieures et intérieures du cube, un décor se transforme
au gré du discours émis par les intervenants. Le
virtual display se déploierait comme une vitrine
dans des festivals, des événements ou des conférences. Il est possible de le multiplier dans un
même lieu et il peut être interactif.
F : Est-ce que nous assistons à un phénomène où
la virtualité prendra plus d’importance dans les
années à venir?
P.C : Oui, évidemment. Aujourd’hui, la combinaison de divers médias ou plateformes tels le
téléphone, la télévision et l’Internet accélèrent
cette possibilité. Les outils technologiques évoluent rapidement. C’est pourquoi l’avenir dans
ce domaine réside dans la formation d’équipes
diversifiées sur le plan des compétences et des
savoirs.
Marc Cramer
Daleth
de Gilles Mihalcean
Parc Marcelin-Wilson
Arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville
Trois nouvelles œuvres pour la collection d’art public de la Ville de Montréal
F : D’après vous, est-ce que les nouvelles expériences
que vous décrivez peuvent participer au mieuxêtre de l’individu à l’intérieur d’une ville ou d’un
territoire?
P.C. : Je ne suis pas sociologue ni philosophe.
Ça dépendra toujours de la manière dont elles
seront appliquées. Le Web a du pire et du génie…
Est-ce que ça va nous aider à mieux vivre ou au
contraire, est-ce que ça va nous envahir? Je ne
peux le prédire. Par contre, j’aime croire que ces
expériences ont le potentiel de faire émerger de
nouvelles identités urbaines, pourvu que leurs
factures soient différentes et diversifiées d’une
ville à l’autre sur la planète. Déjà, avec Internet,
on assiste, dans son ensemble, à une certaine normalisation sur le plan des idées et du faire. Il faut
tenter d’éviter le générique. Ceci étant dit, tout
dépendra de l’axe sous lequel une firme, une ville
ou un territoire voudront bien se faire valoir sur
le plan de leur culture et de leur imaginaire.
F : Par rapport à l’environnement urbain, comment le multimédia est-il appelé à intervenir dans
la cité?
P.C. : J’ai déjà mentionné la réalisation de vitrines interactives. Je pense aussi à des projections
architecturales. Tout ça va contribuer à mettre en
lumière de nouvelles approches, de nouvelles manières d’exploiter des images et leurs messages.
Continuum 2009
(à la mémoire de Pierre Perrault)
de Roland Poulin
Parc de la Promenade-Bellerive
Arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve
9
formes
-
v6 n3 - 2010
Michel Dubreuil
F : Est-ce que ces possibilités contribueront à développer davantage cette industrie?
P.C. : Tout à fait. Mais pour pouvoir progresser
davantage, le domaine du multimédia devra avoir
recours à des équipes encore plus spécialisées.
L’amalgame des compétences entre scientifiques,
techniciens et concepteurs sera déterminant dans
le développement futur de l’univers interactif et
virtuel.
F : D’après vous, est-ce que le domaine du multimédia peut devenir aussi important économiquement que d’autres secteurs de production de biens
dans notre société?
P.C. : Je crois qu’il l’est déjà. Il y a des secteurs
très florissants, notamment celui des jeux vidéo
et de la production de sites Web. Il y a aussi le
domaine du spectacle qui utilise de plus en plus
des projections multimédia. Aujourd’hui, un
spectacle sans effets visuels ou interactifs est presque considéré comme désuet. Les graphistes, les
concepteurs multimédia ou les designers devront
s’adapter très rapidement aux avancées technologiques. Cela sous-entend une toute nouvelle
culture dans l’utilisation de ces moyens de communication. Les personnes qui font du Web ont
déjà cette faculté. La jeunesse qui nous suit pense
déjà dans cette optique; ce sera plus facile pour
eux de s’adapter. Mais un fait demeure : être un
bon idéateur, c’est ça le plus important. Ce dont
nous avons besoin, ce sont des idées et des visions
originales.
Michel Dubreuil
F : Pouvez-vous nous donner quelques exemples?
P.C. : Je pense à des vitrines de commerces interactives où l’acheteur aura le loisir de visualiser
des biens et de sélectionner des produits sur-lechamp. On parle aussi de réalité augmentée. Par
exemple, au hasard de vos déplacements, une
musique téléchargée sur votre cellulaire changera
automatiquement l’orchestration et l’amplitude
de la pièce en fonction des sons ambiants présents autour de vous, peu importe où vous êtes.
Il y a aussi le secteur du spectacle où le public
pourra intervenir directement. Il suffira de télécharger dans un téléphone portable les codesbarres du billet d’entrée. Avec cet outil, le spectateur pourra intercéder sur le système d’éclairage
et par la suite le relayer à un autre spectateur.
Celui-ci pourra à son tour agir sur les images diffusées durant un spectacle et cela en temps réel.
C’est ce que nous observons comme possibilités à
très court terme.
28
ville.montreal.qc.ca/artpublic
une composante majeure du
L’art
public,
développement culturel
Give Peace a Chance
de Linda Covit et Marie-Claude Séguin
Parc du Mont-Royal
Arrondissement historique et naturel du Mont-Royal
perspectives
De gauche à droite : De l’équipe 4A (projet Poule mouillée),
Philippe Nolet, Claudia Delisle
et Karine Dieu-Juste, David
K. Ross du projet Pomme de
terre, Alexander Reford, directeur des Jardins de Métis, le
réalisateur Philippe Baylauqc,
Marie-Claude Robert, directrice générale de l’Association
des architectes paysagistes
du Québec, Sami Tannoury de
l’Équipe 4A et Claude Paquin,
éditeur magazine FORMES.
FIFA
Photo : Jean De Julio-Paquin
Discussions sur l’architecture et l’art
de pêche en jardins. En bordure d’un kilomètre et demi de sentiers, elle a égrené quelque
3 000 espèces et variétés de plantes indigènes
et exotiques.
C’est son arrière-petit-fils Alexander qui
dirige, depuis maintenant une quinzaine d’années, les Jardins de Métis. Sa vision, différente
de celle de son aînée, l’a amené à créer le Festival international de jardins. Chaque année,
des dizaines de milliers de visiteurs se rendent
au jardin d’Elsie et admirent les installations
des artistes prenant part au Festival.
Le titre du film est loin d’être innocent. Il
expose clairement la dualité des approches des
deux artisans. Tout d’abord, le film raconte
l’approche plus traditionnelle d’Elsie par rapport à celle d’Alexander, plus expérimentale.
Toutefois, on ne peut dire que la créatrice des
Jardins était une femme « de son époque ».
Son conservatisme est omniprésent, certes,
mais elle se démarquait considérablement par
sa vision avant-gardiste. En effet, elle a perfectionné l’art de croiser des espèces, elle procédait de la manière « essais et erreurs », en vérifiant chaque printemps ce qui avait survécu
au climat. Son esprit novateur l’a même amenée à troquer du saumon à ses voisins contre
des charrettes de feuilles qu’elle transformait
ensuite en compost.
Et c’est là, dans leur vision laboratoire des
jardins, qu’Elsie et Alexander se rejoignent.
On ne peut nier le côté expérimental du Festival international de jardins qui, grâce à son
approche inédite, fait vivre une expérience
muséale aux visiteurs. « Tout au long du film,
nous sommes en plein laboratoire », a lancé
Marie-Claude Robert, directrice générale de
l’Association des architectes paysagistes du
Québec (AAPQ).
Pourtant, Alexander n’est pas convaincu
que son arrière-grand-mère le verrait ainsi.
« Ce doit être juste assez ordonné, sans que
le chaos paraisse. C’est évident qu’elle doit se
retourner dans sa tombe : mon rôle est de la
ralentir lorsqu’elle se retourne », image-t-il.
Enfin, la dualité s’exprime jusqu’à la réceptivité des visiteurs. « Les adultes intéressés par
l’ancienne partie se questionne sur le nouveau
jardin, tandis que les enfants foncent dans
cette nouvelle partie, mais ne s’intéressent pas
aux fleurs », confie Alexander Reford.
Les Jardins de Métis, un maillage entre paysages expérimentaux et traditionnels. Photo : Jardins de Métis
pierres de la Bourgogne, en France? » a relevé
Bruce Allan, associé principal au Groupe ARCOP. « Les propriétaires du musée possèdent
suffisamment de terrains pour pouvoir échapper au chaos de la ville sans avoir à créer une
presqu’île », a ajouté Michael Jemtrud, directeur de l’École d’architecture de l’Université
McGill.
Il était deux fois un jardin, Canada, réalisé
par Philippe Baylaucq
Créés durant les années 1930, les Jardins de
Métis sont uniques en leur genre. De par leur
emplacement géographique, ils bénéficient
d’un microclimat les protégeant des hivers
rigoureux de la Gaspésie. Ce paradis végétal
est le fruit du travail acharné d’Elsie Reford,
qui, en 1926, décide de transformer son camp
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DÉCOUVREZ LE NUMÉRO D’ÉTÉ DU
MAGAZINE DE L’ORDRE DES ARCHITECTES
v6 n3 - 2010
v6 n3 - 2010
formes
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Learning from Light : The Vision of I.M.
Pei, États-Unis, réalisé par Bo Landin et Sterling van Wagenen
« L’architecture islamique prend son origine dans le désert et fait preuve d’une certaine
simplicité que je ne veux pas perdre de vue »,
explique l’architecte sino-américain, I.M. Pei,
qui célébrait son 93e anniversaire en avril. De
Cordoue, en Espagne, jusqu’au Caire, le film
suit le pèlerinage de l’architecte parti s’imprégner de l’architecture islamique. Son périple
l’amènera d’ailleurs à s’inspirer de la mosquée
d’Ahmed Ibn Touloun, au Caire.
L’idée du film est sans contredit des plus
intéressantes. Cependant, les spectateurs sont
laissés avec tellement de questionnements
qu’on doit conclure que le résultat ne répond
pas aux attentes. D’abord, le film ne contient
aucune critique sur le travail de Pei, de sorte
qu’il ressemble davantage à un film réalisé
pour un colloque touristique.
Quoi qu’il en soit, l’aspect le plus dérangeant du film, c’est la certitude avec laquelle
Festival international de jardins
Le Festival international de jardins
aux Jardins de Métis, un des plus
importants à l’échelle internationale,
présente des jardins éphémères qui
se situent à la croisée de plusieurs
disciplines : le design de paysage,
le design de jardin, l’architecture,
le design et l’art environnemental.
Lancé en 2000, le Festival a présenté
à ce jour plus de 80 jardins conçus
par près de 200 créateurs provenant
d’une quinzaine de pays, et il a attiré
plus de 800 000 visiteurs! Événement unique en son genre, le Festival constitue une incroyable vitrine
pour les designers émergents, toutes disciplines confondues.
-
L
ors du 28e Festival international du
film sur l’art (FIFA), tenu en mars dernier, deux films ont retenu l’attention de
l’équipe du magazine FORMES. Le premier,
Learning from Light : The Vision of I.M. Pei,
relate les étapes de la conception du Musée
d’art islamique de Doha, au Qatar. Le second,
Il était deux fois un jardin, met en lumière les
différences conceptuelles d’Elsie Reford, créatrice des Jardins de Métis, et celles de son arrière-petit-fils, Alexander Reford, actuel gestionnaire de ces jardins situés au confluent de
la rivière Mitis et de l’estuaire du fleuve SaintLaurent.
Pei approche son premier projet « islamique ».
Il multiplie les déclarations faciles sur les bâtiments islamiques : « les bâtiments islamiques
ont tous un aspect en commun : le soleil » ou
encore « la variation des volumes, les formes
géométriques et l’éclairage naturel sont très
importants, pas besoin de rien d’autre, pas
même de couleur ».
Les organisateurs du FIFA avaient invité des
spécialistes du sujet afin de commenter le film
après le visionnement. La discussion promettait donc d’être très animée. D’entrée de jeu,
Irena Latek, professeure titulaire et chercheure à l’Université de Montréal, a crevé l’abcès
et posé la question latente du film. « Qu’est-ce
que l’architecture islamique? Pourquoi utilise-t-il le mot islamique plutôt que le mot
arabe? » Après avoir reconnu l’importance et
l’influence de Pei dans le domaine de l’architecture contemporaine, les architectes invités
ont convenu que la réponse n’est pas aussi
simple que celle proposée par Pei.
Puis, à tour de rôle, les experts ont critiqué
certains aspects de ce musée. « Je reconnais
l’œuvre de Pei, mais je ne reconnais pas l’architecture islamique à travers l’œuvre de Pei.
Il a adapté son style à ce qu’est un bâtiment
islamique pour lui », a lancé Torben Burns,
professeur d’architecture de l’Université
McGill.
Enfin, non satisfait de l’environnement
entourant le musée, Pei a installé celui-ci sur
une presqu’île, construite pour l’occasion, afin
que le golfe Persique lui serve de décor. Cet
élément n’est pas passé inaperçu. « À l’heure
où l’environnement est un sujet d’actualité,
comment peut-il dire que ce musée est durable et respectueux de l’environnement quand
il a déplacé 25 000 000 de tonnes de matière
pour créer une péninsule et qu’il a importé des
formes
Martin Lessard
31
Martin Lessard
Photo : Martine Doyon
directement. Jusqu’à maintenant, nous n’avons pas eu
à faire de prospection. Par contre, ici, les gens ne nous
connaissent pas », explique le pdg de la PME de Lachine. Son secret : Lightemotion n’est associée à aucun fabricant d’appareils d’éclairage. L’entreprise est donc libre de proposer la meilleure option à ses clients. « Nous
ne prenons pas de commissions sur les produits. Nous
travaillons dans le meilleur intérêt de notre client. »
La lumière joue un rôle important dans la signature,
le branding d’un bâtiment. « Contrairement à ce que
certains pensent, nous ne faisons pas juste changer les
couleurs. Au contraire, 85 % de nos projets sont plutôt classiques, statiques. Pas de bling-bling, il s’agit plus
d’une étude de la lumière dans un espace. Il faut que le
résultat ait l’air d’un tout, pas d’un building éclairé. »
La relation très étroite entre Lightemotion et ses
clients ne s’arrête pas là. Ces derniers participent activement au processus d’idéation. « Nous devons prendre leur pouls, car ce sont eux les utilisateurs. Nous leur
demandons de nous donner un mot qui les représente,
par exemple, signalétique. Ensuite, nous travaillons à
partir de ce mot », explique l’entrepreneur de trenteneuf ans.
L’étranger : une nécessité
Même s’il souhaite passer plus de temps au Québec, François Roupinian estime que Lightemotion ne
pourrait pas vivre que de projets québécois. « Le problème au Québec est très particulier et ne se retrouve
nulle part ailleurs. Les éclairagistes ne font pas partie
des professionnels. Il n’y a pas d’enveloppe budgétaire
pour eux. Ici, ce sont les ingénieurs qui s’occupent de
la lumière. Ils ont les connaissances techniques, mais
pas la sensibilité artistique, explique-t-il. Quand ce ne
sont pas les ingénieurs, on demande aux fournisseurs
de produits d’éclairage de concevoir le design. On ne
demande pas aux fournisseurs de bois de concevoir
l’architecture, pourquoi le fait-on avec l’éclairage? »
Pour l’instant, François Roupinian remarque que
l’avancée est plus notable du côté des projets privés.
« Quand les décideurs réaliseront les bénéfices d’avoir
un concepteur d’éclairage, les choses vont changer. Je
suis confiant qu’elles changeront bientôt. »
L’ONU de la lumière
Roupinian estime que son équipe est une autre
des forces de son entreprise. « Nous avons une équipe
éclectique et multiethnique. Elle provient notamment
de la France, du Mexique, de la Suisse. Tout cela amène
une saveur particulière. Par exemple, les Japonais sont
soucieux du détail, les Latinos sont plus sensibles. Ça
peut sembler généraliste, mais c’est vrai. » Pas surprenant venant de celui dont le père est Arménien.
formes
Le Auckland War Memorial Museum,
en Nouvelle-Zélande, livré en
octobre 2009.
Crédits : Architecte : Aimer and Draffin –
Photo : Simon Davitt
Le pavillon du Canada à l’Exposition
universelle de Shanghai.
Le Musée d’art contemporain de
Montréal figure parmi les projets
extérieurs préférés de François
Roupinian.
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L’essayer, c’est l’adopter
Profitant d’une très bonne réputation auprès de la
presse spécialisée, Lightemotion est également chouchoutée par ses clients. « Nous travaillons beaucoup
grâce au bouche à oreille. Nos clients nous appellent
Les débuts avant le début
Adolescent, Roupinian construisait des lampes dans
sa chambre, au grand dam de son père. Après avoir
roulé sa bosse à titre de concepteur d’éclairage dans des
projets technos et expérimentaux, il s’inscrit au Centre
des arts de Banff en 1996. « C’était très difficile. Tout le
monde avait un bac, pas moi… »
De retour de l’Ouest canadien, il entre en production théâtrale à l’École nationale du théâtre. « Directement en deuxième année », lance-t-il avec fierté. Puis,
de fil en aiguille, il travaille dans le milieu théâtral.
C’est finalement l’ex-pilote de Formule Un, Jacques
Villeneuve, qui lui a confié son premier mandat architectural : l’éclairage du Newtown. « Depuis, on roule à
100 milles à l’heure », illustre Roupinian.
Crédits : Concepteur: Cirque du Soleil (collaboration Saia, Barbarese et Topouzanov)
– Architecte: ABCP Architecture
– Équipe dirigée par SNC Lavalin)
– Photo : Patrick Alleyn
Crédits : Architectes : Claude Sauvageau et
Gabriel Charbonneau (Jodoin Lamarre Pratte
et associés) – Photo : Martine Doyon
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François Roupinian,
président et fondateur
de Lightemotion.
Depuis deux ans, grâce notamment au Quartier
des spectacles, Lightemotion, mieux connue dans les
domaines architectural, muséologique et des spectacles, a eu l’occasion de plancher sur quelques projets
montréalais. D’ailleurs, le Musée d’art contemporain
de Montréal figure parmi les projets extérieurs préférés
de François Roupinian. Le Auckland War Memorial
Museum, en Nouvelle-Zélande, occupe également une
place de choix. « Même s’ils se trouvent aux antipodes de la planète, ces deux projets ont été livrés dans
la même semaine, en octobre 2009. Un véritable tour
de force. »
Le jeune entrepreneur aime profondément Montréal. « Montréal est une belle ville, remplie de possibilités. Il ne nous reste qu’à la mettre en valeur, à l’amener
à un autre niveau. Il faut se doter d’une vision à long
terme, savoir ce qu’on veut dire. »
Chaque matin, en pleine séance de power-walk,
François Roupinian dresse une liste des endroits où il
pourrait apporter sa contribution. « Sans nommer un
bâtiment en particulier, j’essayerais d’abord de changer
la face des aires et des places publiques le long du boulevard Saint-Joseph, aux abords du canal Lachine. »
-
A
près une dizaine d’années passées à allumer la
planète, le Montréalais François Roupinian,
président et fondateur de Lightemotion, une
firme spécialisée dans la conception et le design de
l’éclairage, espère maintenant faire sa niche dans son
patelin.
De retour de l’exposition universelle de Shanghai,
où il a supervisé l’éclairage du pavillon du Canada,
François Roupinian souhaite passer plus de temps au
Québec. « J’adore travailler à l’étranger et je vais toujours le faire, mais ça fait longtemps que je souhaite
revenir. Malgré le temps passé à l’étranger, je demeure
collé à mes racines. D’ailleurs, ce sont des créateurs
québécois qui nous ont lancés sur la scène internationale », soutient le jeune entrepreneur d’Outremont,
qui a travaillé avec le Cirque du Soleil, GSM Design et
SNC-Lavalin lors de son périple en Chine.
formes
réalisations
Lightemotion veut illuminer le Québec
33
réalisations
Photo : Reichen et Robert & Associés©DR archipress et Robert & Associés©Georges FESSY
du XIXe siècle où rivalisent à la fois
XIXe siècle, en pleine période de gloire urbanistique et architecturale haussmannienne, Paris se
dotait de résidences bien enlignées respectant des
règles précises. La banlieue parisienne était alors un endroit de
guinguettes et de promenades oisives sur les bords des rivières
telle la Marne. En bordure de cette dernière, à 18 kilomètres à
l’est de Paris, sur de vastes champs de la petite Ville de Noisiel,
un industriel rusé vint y implanter en 1825 une chocolaterie.
Nommée chocolaterie Menier, du nom de son fondateur, Jean
Antoine Brutus Menier, l’entreprise artisanale se transforma
rapidement en empire du chocolat et devint un vaste lieu de
modernité industrielle doté de bâtiments.
Succédant à la tête de l’entreprise à la mort de son père en
1853, Émile Justin Menier laissera aussi sa marque. En 1874,
Noisiel, petite bourgade paysanne, était en partie transformée
en cité ouvrière par ce fils Menier, un ardent propagandiste
des théories sociales mises de l’avant au XIXe siècle, en pleine
industrialisation. Ce lotissement ouvrier était une des premières expériences de logement social créé à partir de principes
hygiénistes. Cela permettait aux 325 ouvriers de la chocolaterie et à leurs familles d’avoir de bonnes conditions de vie,
mais aussi d’être soumis à une certaine morale dans un lieu
les maintenant à deux pas de leur usine.
génie du bâtiment et architecture
au prestige convaincant, la chocolaterie Menier, une fabuleuse ruche
ouvrière dans un lieu incomparable,
a été recyclée en siège social par la
formes
-
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multinationale Nestlé France.
34
Au
Fadi Mehio, ingénieur en bâtiment
pour la compagnie
Bovis, s’est assuré de
toute la logistique du
chantier, du début de
l’année 1995 à la fin
de l’année 1997.
Photo : Manon Sarthou
Plus d’un siècle plus tard, dans les années 1990, cette chocolaterie fermée quelques années plus tôt fut mise en valeur grâce
à un énergique programme de restauration et de réhabilitation
du site commandé par l’entreprise Nestlé France et dynamisé
par la municipalité de Noisiel. La ruche ouvrière d’antan est
aujourd’hui animée par les 2 000 employés du siège social de
Nestlé, sans compter les nombreux touristes qui viennent la visiter, notamment lors des journées du patrimoine.
« En 1995, je travaillais pour Bovis Construction, une entreprise très importante en France spécialisée dans les grands
chantiers patrimoniaux et le transport d’œuvres d’art, explique
Fadi Mehio, ingénieur en bâtiment. J’étais alors Project Manager.
Nestlé avait engagé les architectes Bernard Reichen et Philippe
Robert afin d’y faire son siège social français. De notre côté, le
mandat était d’assurer le bon suivi du chantier selon les plans
des architectes, mais aussi selon les exigences des Monuments
historiques de France, car les bâtiments y sont inscrits et classés. »
Le moulin Saulnier : une sauvegarde de haut niveau
« Le plus difficile était de répondre à certaines exigences patrimoniales relatives au moulin Saulnier », commente l’ingénieur Mehio. Le moulin Saulnier, pièce maîtresse du site Nestlé,
est un des monuments les plus célèbres du patrimoine industriel
français. Situé sur la rivière la Marne, le moulin faisait partie des
terres seigneuriales ayant appartenu entre autres au secrétaire
d’Henri IV, Jean du Tremblay, au XVIe siècle. Le moulin semble
avoir été présent dès le XIIe siècle, mais il a été maintes fois remanié au cours des siècles. En 1872, Émile Justin Menier embauche
l’architecte Jules Saulnier afin d’édifier un nouveau moulin, soit
le bâtiment actuel.
Le décor de briques vernissées et de céramique témoigne
d’un luxe inattendu pour un bâtiment industriel, mais l’idée
était aussi de créer un lieu à l’architecture triomphante. Les motifs géométriques, composés de briques de couleur sur briques
claires, captivent par leur disposition. Le bâtiment servait aussi
de moyen de communication intense afin de faire connaître le
nom de l’entreprise. À preuve, une série de disques bordés de
briques noires, jaunes et rouges renferment alternativement le
« M » de Menier et le symbole de l’usine, le cacaoyer.
« Nous avons dû produire plusieurs échantillons avant d’arriver à la bonne couleur de brique demandée, commente Fadi
Mehio. Il a fallu recommencer plusieurs fois avant d’obtenir la
bonne teinte. Pour deux briques, nous pouvions faire jusqu’à dix
échantillons. Ces échantillons réalisés par des artisans spécialistes de la brique n’ont pas été conservés, car ils ont été fabriqués
en petite quantité. C’était très difficile de planifier cette phase et
le temps prévu a été dépassé », concède l’ingénieur qui assumait
la responsabilité de gestionnaire de projet.
De même, les tuiles de la toiture ont été difficiles à reproduire.
Les tuiles polychromes reprennent le motif losangé de la façade,
et le faîtage est surmonté d’une frise de fleurons représentant les
fleurs et les fruits du cacaoyer. « Cette crête a été difficile à restaurer, mais heureusement les Monuments historiques ont fait
appel aux spécialistes de l’entreprise UTB, reconnue pour son
expertise dans le domaine des couvertures anciennes », précise
l’ingénieur.
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M anon Sarthou
-
Fleuron de l’architecture industrielle
Édifié en 1872, le moulin Saulnier est le bâtiment le plus spectaculaire du site. L’architecte Jules Saulnier fait briller le bâtiment par son décor exceptionnel et aussi par les innovations
de construction. Le moulin est le premier bâtiment dont l’ossature entièrement métallique est laissée apparente (la tour Eiffel a été érigée en 1889). L’architecte a joué d’ingéniosité
en utilisant la structure comme rôle décoratif. Ainsi, les grands poteaux verticaux de la façade sont supportés par une série de chaînages diagonaux formant des losanges au centre
desquels sont placées les fenêtres.
formes
L a chocolaterie M e n ier
Photo : Manon Sarthou
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Photos: Olivier Bourgeois
R
Résidence 2G
formes
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R
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La mezzanine enrobée de
lattes de bois et vue sur la baie
de Plaisance.
Olivier Bourgeois, architecte
Photo: Sonia Labrecque
Résidence 2G : la maison est
implantée en continuité avec
la dune face à L’Île-d’Entrée.
ésidence 2G est une maison réalisée en
2009-2010 pour les parents de l’architecte.
Ancrée dans le paysage, elle fait face à la
mer comme la plupart des maisons des Îles, cette
mer si proche qui vient lécher et gruger la côte. La
maison est protégée par une butte de sable qui se
régénère chaque été, le vent déposant le sable qui
s’accumule. Mais la pérennité de cette fragile protection est questionnée. « Il faut être conscient du
danger et assumer la décision de construire là »,
commente Olivier Bourgeois. Et il faut construire
en conséquence, prévoir un système de pompage
en cas d’infiltration et éventuellement se préparer
à déménager la maison.
Fidèle aux traditions des constructions locales,
elle respecte le plan d’organisation des maisons
des Îles. Elle comporte deux étages avec la cuisine
et la salle à manger en bas et le séjour en haut.
Elle possède aussi son tambour, sorte d’appendice latéral qui protège l’entrée. Son revêtement
est fait de bardeaux de cèdre, qui résiste bien au
climat des Îles. Mais au lieu de les laisser nus, ils
Trop de bleu : Les formes
bleues, sculptées à
l’image des falaises érodées, enserrent la piste
cyclable. Les modules
sont implantés sur un site
fragile et constamment
soumis aux intempéries.
Le module principal est
percé d’une ouverture, sur
la gauche, faisant office
d’une fenêtre ouvrant sur
le décor extérieur.
‹
Bourgeois réfléchit aux formes, Serge Boudreau
et Annie Landry fournissent une image et une
phrase pour illustrer chaque thème, le tout devant rester sobre pour ne pas éclipser le paysage.
La structure, de formes irrégulières, évoque
l’érosion des falaises et donne l’illusion d’une
mer houleuse venant rompre l’horizontalité. Elle
enserre la piste et crée une exiguïté qui protège
momentanée contre le vent. Elle est faite de bois
recyclé, couvert de masonite puis de quelques
couches de fibre de verre volontairement non
polies pour laisser la texture des fibres visible.
Quant à la couleur, c’est évidemment le bleu, ce
bleu omniprésent de la mer aux cieux. Deux tons
de bleu font ressortir les jeux d’ombre.
Trop de bleu a pris place d’août à novembre
2009. Le climat des lieux n’a d’ailleurs pas accordé
de prolongation. Une tempête automnale a couché les modules, rappelant qu’en bord de mer, on
ne construit pas sans tenir compte des éléments
naturels.
‹
Trop de bleu
écipiendaire de la Bourse du Collège des
présidents décernée par l’Ordre des architectes du Québec (OAQ) en 2006, Olivier Bourgeois s’envole pour un voyage d’études
en Norvège à la rencontre de l’architecte Todd
Saunders. Une réalisation de l’architecte le frappe : l’observatoire d’Aurland, une plateforme vertigineuse au-dessus d’un fjord. « C’est un geste
simple dans un environnement grandiose pour
souligner le paysage », commente Olivier Bourgeois. Comme un catalyseur pour faire prendre
conscience du panorama. C’est sur ce principe
qu’il développe son projet Trop de bleu sur la
piste cyclable des îles de la Madeleine. L’idée est
de créer une structure temporaire pour inciter
les gens à prendre une pause et à s’imprégner
des lieux.
Il s’associe à deux artistes des Îles, Annie Landry, professeure de littérature, et le photographe Serge Boudreau. Tous trois développent le
concept autour de trois thèmes : l’horizontalité,
l’exiguïté et la représentation. Tandis qu’Olivier
La fibre de verre texturée
laissée apparente des
modules Trop de bleu.
sont protégés par une teinture grisâtre qui évoque
le cèdre vieilli. Olivier Bourgeois a tout de même
introduit quelques dérogations au langage architectural des Îles. Au lieu d’encadrer les fenêtres et
les contours de la maison avec des moulures colorées, il a incorporé la couleur à la fenestration
elle-même. Il a cependant choisi la couleur orangée caractéristique des Îles. Autre dérogation, un
treillis extérieur habille le deuxième étage du côté
de la route. Il est uniquement destiné à rompre
l’homogénéité de la façade.
Malgré ces apports personnels, la maison reste
en continuité avec la tradition comme en témoigne la réaction des gens qui s’arrêtent, s’informent et commentent : « On a l’impression que
ça a toujours été là. » La maison ne choque pas.
Elle respecte aussi les clients et Olivier Bourgeois
insiste sur l’importance, pour le client, de s’approprier le projet.
Dans ces deux projets, Olivier Bourgeois a su,
sans bousculer les traditions, introduire quelques
nouveautés. Il faudra voir si, inversement, l’architecte des Îles insufflera un vent du large à ses
éventuelles réalisations urbaines.
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A
ux îles de la Madeleine, le regard atterrit toujours sur l’horizon. Impossible
d’échapper à cette perspective océanique,
à cette mer omniprésente qui grignote les falaises. Ici, la constance de la mer contraste avec la
fragilité du paysage. Olivier Bourgeois, architecte
madelinot, se souvient : « Cet hiver, il y a eu une
grosse tempête et on a vu un chalet être emporté
par l’eau. » Une déclaration qui en dit long sur les
liens entre l’architecture et les éléments naturels.
La mer ne façonne pas uniquement le paysage côtier, elle forge aussi l’architecte.
« Cette ouverture sur l’horizon, c’est quelque
chose qui me fascine », déclare d’emblée Olivier
Bourgeois tout en soulignant qu’« être en bord de
mer permet de prendre conscience du paysage et
de sa fragilité ». En conséquence, on ne construit
pas un bâtiment pour lui-même et il faut voir
plus large que l’environnement immédiat. L’aménagement aux Îles se fait d’ailleurs en concertation avec la population, les élus, mais aussi des
architectes paysagistes, des scientifiques et des en-
vironnementalistes. Les chercheurs du projet de
recherche Ouranos à Rimouski étudient l’érosion
côtière et définissent les zones à risque. Le groupe
de protection Attention FragÎles, qui veille à la
préservation du patrimoine naturel, attire l’attention sur l’impact qu’un projet peut avoir sur la
biodiversité locale.
Aux Îles, il n’y a pas que l’érosion du paysage
et les perspectives infinies. Il y a aussi le vide sur
place. « En ville, fait remarquer Olivier Bourgeois,
il n’y a que “du plein”. On construit quelque chose
au milieu d’autre chose. » Les bâtiments voisins
vont influencer le projet et pour se démarquer, il
faut oser, voire choquer. En région, il n’y a pas de
limites d’espace et autour, c’est le vide. Une situation qu’Olivier Bourgeois compare au syndrome
de la page blanche et qui l’intéresse grandement,
car dans cet espace vide, « un geste simple permet
de capter l’attention ».
Horizon, fragilité du paysage, intégration dans
le milieu humain et naturel et espace disponible
sont autant d’éléments qui ont influencé Olivier
Bourgeois dans les deux projets qu’il a réalisés
aux Îles.
-
Valérie Levée
formes
réalisations
L’architecte et la mer
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1
v6 n3 - 2010
1. Évalué à 27 millions de
dollars, le bâtiment de cinq
étages devrait être inauguré à l’automne 2011.
formes
-
2. Un mur végétal, intégré au
système de ventilation de
l’air, filtrera les particules
de poussières et de gaz et
humidifiera le bâtiment.
40
2
Source : Menkes Shooner Letourneux Architectes
Caractéristiques environnementales
En plus d’avoir 20 % d’ajout cimentaire, la Maison
sera notamment dotée d’une enveloppe thermique robuste, d’un apport important de lumière naturelle, de fenêtres à verre triple, d’un système domotique, d’un système de récupération des eaux de pluie, de toilettes à faible débit et d’un toit vert. « Pour concevoir un bâtiment
écologique, nous n’avons pas eu recours à la physique
nucléaire. Nous avons utilisé des technologies éprouvées
depuis au moins vingt ans », lance Sidney Ribaux.
Par contre, le système de géothermie urbaine a mis les
ingénieurs au défi. On a installé une trentaine de puits
géothermiques de 500 pieds de profond sur la totalité du
terrain. N’ayant pas le luxe de l’espace, l’édifice est érigé
sur le système géothermique. « Puisqu’il sera impossible
d’aller réparer un puits défectueux, les ingénieurs ont
élaboré un système qui sera en mesure de fonctionner
même si un puits rend l’âme », explique M. Ribaux,
ajoutant que « selon le spécialiste d’Hydro-Québec qui a
suivi le dossier, la Maison sera de loin le bâtiment le plus
efficace en économie d’énergie au Québec ».
Mur végétal innovateur
L’élément le plus innovateur de la Maison est l’installation d’un mur végétal sur le dos de la cage d’ascenseur.
Ce dernier, intégré au système de ventilation de l’air, filtrera les particules de poussière et de gaz et humidifiera
le bâtiment. Pour compenser le manque de luminosité
pendant la période hivernale, les plantes seront également éclairées de façon artificielle. « Le mur végétal,
qui couvre une superficie de 42 mètres carrés, traitera
1 615 litres d’air à la seconde », déclare Jacques Lagacé,
vice-président, Innovation et projets majeurs chez Bouthillette Parizeau et Associés et l’un des professionnels
ayant pris part à la conception de ce mur. Des chercheurs
en suivront l’évolution au cours des premières années.
Selon Équiterre, il s’agirait du premier du genre au Québec.
Et si c’était à refaire…
Sidney Ribaux avoue que si le projet était à refaire,
il réduirait considérablement la proportion de béton
nécessaire à l’érection de la structure du bâtiment. « Sachant ce que je sais aujourd’hui, je privilégierais l’utilisation du bois pour la construction de la structure »,
déclare-t-il en faisant référence au bâtiment de six étages
de Fondaction CSN, érigé à Québec. Cet édifice à bureaux, doté d’une structure de bois lamellé-collé, est le
plus haut du genre en Amérique du Nord.
« L’impact environnemental du bois est bien moindre
que celui du béton. En fait, bien qu’il soit un incontournable, le béton est le matériau le plus nocif du point de
vue environnemental », termine Sidney Ribaux.
v6 n3 - 2010
P
lus de cinq ans après avoir lancé l’appel d’offres
pour la construction de la Maison du développement durable, Équiterre procédait en mars dernier
à la première pelletée de terre du projet de construction.
Entre l’idéation et l’inauguration du bâtiment, prévue
pour septembre 2011, beaucoup d’eau de pluie aura été
récupérée…
« Puisque les bâtiments sont responsables d’environ
30 % des gaz à effet de serre, nous voulions dès le départ
que notre projet soit éducatif », explique Sidney Ribaux,
coordonnateur général d’Équiterre.
Située sur la rue Sainte-Catherine, juste à côté du
Théâtre du Nouveau Monde, la Maison du développement durable abritera une dizaine d’organismes à but
non lucratif qui seront toutes copropriétaires de l’édifice. En plus de devenir un des éléments importants du
futur Quartier des spectacles, Équiterre souhaite que la
Maison soit « ouverte vers le citoyen ». « Nous voulons
qu’elle devienne un lieu de rencontre, souhaite M. Ribaux. Pour ce faire, nous allons aménager un petit centre
d’interprétation sur le développement durable comprenant une trentaine de modules éducatifs sur le bâtiment.
Les citoyens pourront le visiter de façon autonome ou en
groupe. Enfin, un bistro et un espace sous atrium pourront accueillir des événements. »
Évaluée à 27 millions de dollars, la Maison devrait recevoir la cote LEED Platine une fois les travaux terminés.
Contesté par certains, encensé par d’autres, le système
d’évaluation des bâtiments à teneur environnementale
LEED a servi de référence lors de la conception de la
Maison du développement durable. « Le débat n’a pas
duré très longtemps, parce qu’il existe un consensus assez
fort pour ce système. Il est un bon point de repère pour
les professionnels, car il propose des objectifs clairs. De
plus, il évite les débats sur les valeurs et la science, parce
qu’il a été fait en amont », explique Sidney Ribaux.
La certification LEED fournit des renseignements sur
la plupart des produits, comme leur émission de gaz à
effet de serre (GES) ou leur teneur en composés organiques volatils. Cet élément a également guidé la démarche
de l’organisme. « De notre côté, nous étions plus sensibles aux émissions de GES qu’à la toxicité des matériaux.
Nous avons donc orienté la construction vers cet objectif. Si un autre client veut mettre l’accent sur la qualité
de vie des occupants ou sur l’analyse du cycle de vie, il
peut le faire. »
Pour arriver à la cote LEED Platine, Équiterre estime ne
pas avoir assumé un surcoût important. « Nous estimons
la surprime à 15 %. Je suis convaincu qu’aujourd’hui, au
Québec, on peut construire un bâtiment LEED Argent
sans coût supplémentaire », avance M. Ribaux.
Plusieurs détails importants et incontournables empêchent de comparer la Maison avec d’autres édifices.
« D’abord, il s’agit d’un nouveau bâtiment et non pas
d’une reconversion. Ensuite, il s’agit d’un bâtiment multiusager, comprenant même un centre de la petite en-
fance. La partie “démonstrative”, l’espace sous atrium et
les salles de réunion font en sorte que la Maison possède
30 % d’espaces communs, ce qui est non négligeable »,
explique le coordonnateur général d’Équiterre.
-
Martin Lessard
formes
réalisations
Maison du développement durable
Un projet éducatif
41
réalisations
‹
L’ÉTS mise sur un quartier
de l’innovation
Le Carrefour d’innovation
INGO favorisera la recherche
et le développement en génie
d’application, de même que le
transfert des connaissances.
Illustration : Côté et Talbot, architectes
‹
Vue aérienne d’une partie
du quartier que l’ÉTS souhaite dynamiser. Photo : ÉTS
‹
Illustration : Côté et Talbot,
architectes
‹
La Maison des étudiants
comportera tous les services destinés aux étudiants
en un seul endroit. L’édifice comptera notamment
un aréna et un terrain de
soccer sur le toit.
Yves Beauchamp, directeur
général de l’École de technologie supérieure. Photo : ÉTS
formes
42
Innovation Go!
Collaborant étroitement avec plus d’un millier
d’entreprises, l’ÉTS devait assurément conserver
les liens qu’elle entretient avec l’industrie. Pour ce
faire, elle a lancé le Carrefour d’innovation INGO,
pour Innovation Go, qui favorisera la recherche
et le développement en génie d’application, de
même que le transfert des connaissances.
À l’intérieur même de l’endroit où se trouvaient les cuves de brassage de la bière Dow, un
bâtiment d’environ 100 000 pieds carrés, des lofts
industriels variant entre 2 000 et 10 000 pieds carrés seront aménagés afin de créer un rapprochement physique favorisant les activités de maillage
entre les différents partenaires et un environnement stimulant et créatif pour encourager la
compétitivité industrielle. Cependant, « il ne
s’agit pas d’un incubateur d’entreprises, précise
M. Beauchamp. Nous ne ferons pas de «nursing».
Il s’agit davantage de cellules d’innovation ».
Normalement, une université vend des terrains connexes à des entreprises. Toutefois, que
des entreprises louent des locaux et s’installent
dans un bâtiment universitaire, l’ÉTS croit qu’il
s’agit d’une première. « INGO devrait accueillir
une vingtaine d’entreprises. Celles-ci paieront le
prix courant, soit environ 25 $ le pied carré, mais
profiteront de la synergie avec l’École, propice à
l’innovation. Elles auront accès aux laboratoires
de recherche, aux chercheurs et au bassin d’étudiants. Les travailleurs pourront également profiter de tous les services offerts sur le campus, que
ce soit la bibliothèque, la cafétéria ou le centre
sportif », déclare M. Beauchamp.
Pour financer le projet, l’ÉTS a obtenu une
subvention d’un peu plus de 20 millions de dollars du programme fédéral de soutien à la recherche – volet infrastructure du savoir, et du MDEIE
(ministère du Développement économique, de
l’Innovation et de l’Exportation). Cependant,
pour y avoir droit, une condition très contraignante s’impose : le bâtiment doit être livré au
plus tard au printemps 2011.
Si l’industrie répond favorablement au Carrefour d’Innovation INGO, l’ÉTS a prévu une
deuxième phase d’un autre 100 000 pieds carrés.
« Nous sommes confiants. Déjà presque tout le
neuvième étage est loué, sans même avoir fait
d’annonce officielle. »
Au cœur d’un quartier en pleine expansion
L’étude de faisabilité cherchait également à
présenter des pistes pour dynamiser le quartier.
Plus précisément, le mandat visait à qualifier la
faisabilité stratégique d’un parc scientifique urbain avec l’ÉTS pour épicentre et de proposer un
plan d’action. L’ÉTS veut ainsi mobiliser tous les
acteurs du quartier, incluant les différents paliers
gouvernementaux, afin d’en faire un Quartier de
l’Innovation. « Parce que l’innovation, c’est un
sport de contact, lance M. Beauchamp. L’enthousiasme des acteurs du milieu à donner à ce quartier un «branding distinctif» sous le leadership de
l’ÉTS est remarquable. »
L’ÉTS se trouve à proximité du centre-ville, du
Quartier des affaires, de la Cité du multimédia, de
la Cité du commerce électronique et du Nordelec.
En considérant que dans un rayon d’un kilomè-
tre et demi, ce secteur compte la plus importante
concentration de talents en technologie de l’information au Canada, il est tout à fait normal
de constater un tel engouement. « Le périmètre
de l’École constitue déjà un Quartier de l’Innovation. Ce qu’on souhaite maintenant, c’est de
l’étendre », précise-t-il.
Avec le réaménagement de l’autoroute Bonaventure et du quartier Griffintown, les Bassins
du Nouveau Havre, l’implantation potentielle
du tramway, les projets de la société immobilière
Cadillac Fairview, c’est pas moins de six milliards
de dollars d’investissements qui sont prévus au
cours de la prochaine décennie. « Tous ces projets
se réaliseront et si on ne fait rien, on risque d’assister à une série de négociations urbanistiques
indépendantes. Il ne faut pas créer des ghettos,
mais plutôt encourager une bonne mixture »,
soutient M. Beauchamp.
La Maison des étudiants pour créer un milieu de vie
Depuis longtemps, l’ÉTS désire rassembler
tous les services destinés aux étudiants en un seul
endroit. Pour ce faire, elle a imaginé un édifice de
six étages avec de grands cafés, de grandes salles
de lecture afin de créer un milieu de vie convivial.
Tandis que le bâtiment sera relié par passerelles
surélevées au-dessus des rues secondaires, les étudiants auront accès à sa cour intérieure. De plus,
l’édifice comptera un aréna et un terrain de soccer sur le toit, accessibles à la communauté.
Pour l’aider dans la conception, l’ÉTS a mis
les étudiants à contribution en organisant un
concours. Cinq équipes formées d’étudiants en
génie construction, en génie mécanique et en
architecture de l’Université McGill y ont participé. « Sans qu’il y ait de grands gagnants, on
prend les meilleures idées de chacun des concepts
réalisés à l’intérieur du budget donné. D’ailleurs,
la géothermie sera la source d’énergie de ce bâtiment », précise le directeur général de l’ÉTS.
Sans avoir encore déterminé le niveau, l’ÉTS
veut que la Maison des étudiants soit construite
selon les normes de la certification LEED. « Nous
nous sommes dotés d’une politique de développement durable. Tous nos bâtiments devront dorénavant obtenir la certification LEED. »
Un règlement municipal de la Ville de Montréal oblige la présence d’un commerce au rez-dechaussée de tous les bâtiments non institutionnels
situés sur la rue Peel. « Lors d’un projet antérieur,
nous avons inclus une épicerie. Cette fois, à titre
d’exemple, ce pourrait être une pharmacie. Si tel
était le cas, on peut imaginer qu’une clinique médicale viendrait ensuite se greffer à nos installations. Bref, des services à valeur ajoutée pour la
communauté », suppose M. Beauchamp.
Résidence pour les étudiants étrangers
L’ÉTS planche également sur la construction
d’une quatrième résidence, destinée cette fois-ci
aux étudiants étrangers qui font des études supérieures. « Souvent, ces derniers vivent en couple. Ces résidences seront donc adaptées à leurs
besoins. De plus, l’étage supérieur sera constitué
d’unités réservées pour les chercheurs et les professeurs en transit, pour une courte durée », précise M. Beauchamp. Bien que ce projet soit moins
avancé que les autres, il sera tout de même lancé
très bientôt, puisque son montage financier est
plus simple.
Projet 22@Barcelone
Le projet 22@Barcelone, mis sur pied il y a une
dizaine d’années, constitue sans aucun doute un
modèle d’inspiration pour le directeur général de
l’ÉTS. Le district 22 de Barcelone est un ancien
quartier industriel qui ressemblait au quartier
Griffintown. Les acteurs de la capitale catalane
ont décidé de le restaurer et d’en faire un Quartier de l’Innovation.
En décembre 2009, environ 1 400 entreprises principalement actives dans les secteurs de
l’énergie, des technologies de l’information, du
multimédia, du design et de la biotechnologie s’y
étaient installées, « ce qui ressemble énormément
aux forces de Montréal », lance le directeur général de l’ÉTS.
Revenant tout juste d’un bref séjour à Barcelone, Yves Beauchamp note beaucoup de similitudes entre les deux quartiers des villes de Barcelone et de Montréal. « Nous sommes situés sur le
bord de l’eau, près du quartier des affaires, près
d’un ancien quartier industriel. »
Désirant apprendre des erreurs des autres, le
directeur général de l’ÉTS affirme que « les logements du projet 22@Barcelone ne sont pas
répartis de façon uniforme sur le territoire, de
sorte qu’il manque un certain engouement pour
des activités sociales sur lequel avaient compté les
concepteurs. Après les heures de bureau, il n’y a
pas beaucoup de gens dans les rues ».
L’ÉTS aimerait créer un écosystème avec tout
ce dont un quartier a besoin : des habitations, des
centres culturels, des commerces de tout type,
des bars, des parcs, afin que les résidents puissent se déplacer à vélo. « Parce que tu habites ton
quartier, et que ton quartier t’habite! » résume
M. Beauchamp.
-
-
v6 n3 - 2010
A
près avoir acquis et construit quelques
bâtiments au cours des dernières années,
l’École de technologie supérieure (ÉTS)
continue sur sa lancée et peaufine les plans de
quelques autres réalisations et pavillons, dont le
Quartier de l’Innovation, ambitieux parc scientifique urbain, ainsi que le Carrefour d’innovation
INGO qui, subvention gouvernementale oblige,
devra être livré pour le printemps 2011.
Cherchant à maximiser l’utilisation de la
Brasserie Dow, acquise en 2004, l’ÉTS a lancé,
en avril 2009, un plan directeur visant à orienter
ses actions futures envers ses actifs immobiliers
et fonciers non développés. Au départ, deux objectifs étaient recherchés : la mise à jour de la vision scientifique et économique de son développement et l’évaluation de la portée réelle de son
rayonnement à Montréal.
Révélant une méconnaissance de l’importance
de ses impacts académiques, scientifiques et économiques dans la ville de Montréal, jumelée à la
possibilité d’exploiter sa culture du génie pour
l’industrie afin de répondre aux besoins industriels de la région, l’ÉTS a confié à Innovitech,
appuyée par Convercité, un mandat pour analyser plus en détail ce positionnement.
Les résultats de cette étude de faisabilité ont
révélé que l’ÉTS devait poursuivre son développement sur divers fronts, toujours dans le respect
de sa mission. « C’est ainsi que tous nos bâtiments situés à l’ouest de la rue Peel seront utilisés
pour développer le volet institutionnel, tandis
que ceux à l’est de Peel seront destinés à renforcer
nos relations avec l’industrie, qui nous distingue
déjà des autres établissements d’enseignement »,
explique Yves Beauchamp, directeur général de
l’ÉTS.
formes
Martin Lessard
v6 n3 - 2010
L’ÉTS planifie la construction d’une quatrième résidence,
destinée cette fois-ci aux étudiants étrangers qui font des
études supérieures. Illustration : Côté et Talbot, architectes
43
Illustration: AGA
S
et d’épaisseurs uniformes provenant de la même
coulée, des longueurs qui permettent d’éviter de
tremper deux fois une pièce dans le bassin de zinc
et des ouvertures facilitant l’enrobage de toutes
les surfaces. Les projets de structures galvanisées
abondent et un grand nombre sont architecturalement réussies.
La galvanisation à chaud
L’un des systèmes de protection les plus connus
est la galvanisation. Elle consiste à plonger la
pièce dans un bassin de zinc en fusion, après en
avoir préparé la surface. Il se forme alors un alliage entre l’acier et le zinc. « L’opération a l’avantage de protéger toutes les surfaces, extérieures et
intérieures », dit Godfroy St-Pierre, président de
Corbec, une entreprise qui fait de la galvanisation dans deux usines (Montréal et Québec). La
pièce se trouve ainsi protégée pour une trentaine
d’années, sans entretien. Selon M. St-Pierre, 60 %
des travaux de galvanisation réalisés par Corbec
concernent des infrastructures comme les ponts,
les pylônes d’Hydro-Québec, les armatures.
M. St-Pierre admet cependant que la galvanisation ne donne pas une couleur constante
et uniforme. « Il s’agit avant tout d’un système
de protection et non d’un système de finition »,
dit-il. C’est la raison pour laquelle les architectes
choisissent souvent la peinture lorsqu’ils veulent
une finition uniforme des composantes d’acier
de leur projet.
Il est donc possible de peinturer une surface
galvanisée. C’est ce qu’on appelle le système duplex. « On peut ainsi multiplier la somme des
durées de vie de la galvanisation et de la peinture par un facteur de 1,5 à 2,3 », affirme le chef
d’entreprise qui est aussi membre de l’American
Galvanizers Association (AGA). On estime alors
leur durée de vie entre cinquante ans (pour les
environnements agressifs comme le milieu urbain) et cent vingt-cinq ans. La clé du succès d’un
système duplex est la préparation de la surface
avant l’application de la peinture et le bon choix
de peinture.
Lorsque l’apparence importe, certaines précautions peuvent être prises au moment de la
conception, pendant la fabrication et dans l’atelier
de galvanisation. Par exemple, on peut essayer de
privilégier des pièces de dimensions semblables
La métallisation
Parmi les autres procédés, il y a la métallisation. Elle s’applique par vaporisation du zinc en
fusion sur la pièce à protéger. Un fil de zinc passe
à l’intérieur d’un fusil vaporisateur, tombe en fusion et est projeté ensuite sur la pièce. Trois types
de matériaux peuvent être utilisés dans le cadre
de ce procédé : le zinc à 100 %, un alliage de zinc
(à 85 %) et d’aluminium (15 %) et l’aluminium
à 100 %. « Le procédé à 100 % zinc est le plus
employé », explique Michel Drysdale, directeur
général de Drytec Trans-Canada, une entreprise
de Terrebonne spécialisée dans le traitement de
surface et la protection anticorrosion. « On l’utilise pour la protection d’infrastructures comme
des ponts et des pylônes. »
L’alliage zinc-aluminium est utilisé pour la
protection de pièces situées dans des environnements salins. Exemple : Drytec réalisera bientôt
un projet où l’on protégera des pièces avec ce type
d’alliage dans le Jardin botanique de New York,
lequel est situé près de la mer.
La métallisation à 100 % aluminium sert,
quant à elle, à protéger des pièces de navire.
« L’opération est cependant beaucoup plus chère
(trois fois plus) et plus longue à effectuer que la
métallisation au zinc, car l’aluminium ne se dépose pas en aussi grande quantité que le zinc sur
la pièce », affirme M. Drysdale.
« On peut appliquer une couche jusqu’à trois
fois plus épaisse qu’avec la galvanisation (250 microns contre 87 pour la galvanisation), dit
M. Drysdale. On peut aussi protéger des pièces
de différentes formes et de grandes dimensions
qui n’entrent pas dans un bassin de galvanisation
ainsi que des pièces plus fragiles (ex. : cadres de
fenêtre) qui pourraient tordre lors du trempage
dans le bassin de zinc. »
Comme la galvanisation, la métallisation exige
une préparation de la surface avant la vaporisation. Celle-ci se fait par la projection d’abrasifs
sur la pièce à protéger. Drytec utilise des grenailles
formes
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v6 n3 - 2010
oumis aux intempéries et sans protection,
l’acier, matériau couramment utilisé en architecture, rouille. Sa durée de vie est alors
compromise. Heureusement, il existe plusieurs
systèmes de protection contre la corrosion de
l’acier. En voici un tour d’horizon.
44
d’acier. On peut ensuite procéder à la vaporisation, laquelle offrira une protection de vingt-cinq
à cinquante ans. En matière de protection contre
la corrosion, on peut dire que la galvanisation
et la métallisation sont équivalentes. La finition
sera différente au départ, et les taches que l’on
voit parfois sur des produits galvanisés si l’acier
contient trop d’impuretés n’affectent pas le produit métallisé.
La métallisation coûte plus cher que la galvanisation au pied carré. Cependant, pour certaines
pièces lourdes (le coût de la galvanisation se calcule au poids), la métallisation peut devenir plus
avantageuse, selon M. Drysdale.
La peinture au zinc
Procédé souvent utilisé par les architectes pour
le bâtiment, la peinture au zinc peut être appliquée au pinceau, au rouleau ou encore par pulvérisation. « Elle offre des avantages semblables
à la galvanisation », affirme Raymond Quirion,
propriétaire de l’entreprise Peinture Jacques
Drouin, qui œuvre dans le domaine des revêtements spécialisés.
M. Quirion distribue les produits de près
d’une vingtaine de fabricants nord-américains
et européens. Il recommande les apprêts au
zinc doté d’une protection cathodique, offerts
notamment par Tnemec et Rust-Anode. Cette
protection empêche la rouille de s’installer sous
la peinture. Elle dure de dix à vingt ans. Un des
avantages de la peinture est son grand choix de
couleurs. Toutefois, « si on utilise ce type de peinture, il est important d’appliquer l’apprêt de la
même entreprise pour obtenir la garantie », précise M. Quirion.
L’autre produit, Rust-Anode, est disponible
uniquement sous forme d’apprêt. Cependant,
il est possible d’appliquer des peintures au zinc
par-dessus. Le produit, également doté d’une
protection cathodique, a l’avantage d’être très
durable. Il est d’ailleurs approuvé par le ministère
des Transports du Québec et Hydro-Québec.
La peinture de l’acier est en général appliquée
dans l’atelier du fabricant de charpentes d’acier
ou dans un atelier spécialisé. La peinture peut
être appliquée à des températures froides (jusqu’à
-10 °C) et elle sèche bien à l’humidité, ce qui
convient aux structures extérieures.
2. Les enduits intumescents
Autre système de protection,
les enduits intumescents à
l’époxy ont l’avantage d’offrir une double protection :
contre le feu et contre la
corrosion. Cet enduit s’applique en usine. Bien que
son utilisation soit en pleine
croissance, il est cependant
moins utilisé comme protection contre la corrosion dans
le domaine du bâtiment en
raison de son coût. On le retrouve dans des projets d’envergure tels que le Centre
des congrès de Vancouver,
où l’on a choisi ce type d’enduit pour les grands poteaux
tubulaires inclinés, autant
extérieurs qu’intérieurs.
2
3
Photo : ICCA
3. Façade du magasin Fendi à
New York recouverte d’acier
patinable.
Photo: Sylvie Boulanger, ICCA
4. Procédé de métallisation
Photo: Sylvie Boulanger, ICCA
5. À la sortie du bassin de zinc,
les pièces galvanisées sont
refroidies en attente d’être
empaquetées.
Source: Corbec
4
v6 n3 - 2010
Stéphane Gagné
1. Détail de la structure du
Robson Square Dome, Vancouver. L’acier inoxydable est
également un produit dont
la chimie sert de protection.
Photo : ICCA
-
1
L’acier patinable et l’acier inoxydable
Il est possible d’obtenir une protection contre
la corrosion par la composition chimique de
l’acier. Ces matériaux ont le grand avantage de ne
pas exiger d’entretien. Nul besoin de les peindre
ou de les traiter.
Le premier de ce genre est l’acier patinable
(aussi connu erronément sous le nom de la marque de commerce Cor-Ten). L’acier patinable est
de plus en plus prisé par les architectes pour son
esthétisme. Il s’agit d’un acier peu poreux dans
lequel ont été incorporées de faibles quantités de
nickel et de cuivre. Cette composition chimique
permet une réaction graduelle avec l’environnement – en particulier l’oxygène – qui a pour effet
d’autoprotéger l’acier. « Pendant les deux années
qui suivent la pose du matériau, il se crée une patine sur l’acier, explique Sylvie Boulanger, directrice de l’Institut canadien de la construction en
acier (ICCA). La surface exposée s’oxyde et prend
une teinte brun rougeâtre qui protège l’acier
contre la corrosion. Pour que cela fonctionne, il
faut avoir un climat favorable, avec un cycle sec
et humide. »
Ce type d’acier est prisé par le ministère des
Transports pour les poutres principales de ses
ponts et viaducs. Il commence aussi à susciter
de l’intérêt dans le domaine du bâtiment. On le
retrouve notamment sur la façade de la nouvelle
École de musique de McGill et à l’École des hautes
études commerciales. Le coût de l’acier patinable
est sensiblement plus élevé que l’acier standard.
En fait, un des grands défis est son approvisionnement.
« Il faut toutefois prendre des précautions
quant à son application architecturale, notamment pour éviter de tacher les éléments situés
sous les pièces d’acier patinable », dit Mme Boulanger. Il y a aussi un certain nombre de mises
en garde à respecter pour que son utilisation soit
réussie.
L’acier inoxydable est également un produit
dont la chimie sert de protection. Les aciers austénitiques et duplex sont les deux principales familles de nuances utilisées en structure. Il s’agit
surtout d’ajouts importants de chrome (16-23 %)
et de nickel (4-10 %), ce qui contribue à son prix
beaucoup plus élevé que l’acier patinable. Un
exemple qui ne prend pas une ride avec le temps
est la sculpture d’Alexander Calder installée à
l’occasion de l’Expo 67. Un exemple récent est le
Robson Square Dome à Vancouver.
Chaque système de protection a ses particularités. Aux concepteurs de projets de s’informer
des caractéristiques de l’un et de l’autre et de s’assurer du choix optimal.
formes
matériaux
Protection
contre la corrosion
5
45
matériaux
Protection
contre la pourriture
Serge Beaucher
formes
-
v6 n3 - 2010
Le
46
Code du bâtiment offre beaucoup plus
de possibilités qu’on le croit pour la
construction d’édifices non résidentiels
en bois. Et lorsqu’elles sont bien conçues et bien
protégées, les constructions en bois sont aussi
durables que n’importe quel autre type de bâtiments. Voilà ce qu’on peut retenir de deux allocutions présentées lors d’une journée-conférences
tenue par cecobois, le Centre d’expertise sur la
construction commerciale en bois, à la fin d’avril,
à Québec.
De plus en plus de pays se donnent des codes
du bâtiment qui, en réduisant les barrières à l’innovation, permettent des usages audacieux du
bois. Mais il n’a pas fallu attendre le XXIe siècle
pour voir des constructions en bois originales
et tout à fait durables. Caroline Frenette, ingénieure, conseillère technique chez cecobois, en a
donné plusieurs exemples dans son exposé sur la
prévention de la détérioration des constructions
en bois. De l’Europe au Japon en passant par le
Québec avec ses nombreux ponts couverts, on
trouve partout des constructions en bois demeurées saines parfois après des siècles.
Voici la recette que suggère Mme Frenette
pour faire image : « Un parapluie sur la tête et
des bottes dans les pieds! » Autrement dit, la
structure en bois doit être bien protégée, autant
dans sa partie aérienne qu’au sol, car ce qui est
déterminant pour ce matériau, c’est l’humidité :
l’eau provenant de l’extérieur, qui peut amener
de la pourriture, mais aussi la teneur en humidité
du bois lui-même, qui peut provoquer retraits et
gonflements.
Le bois en séchant entraîne un tassement de la
pièce : un retrait faible dans le sens longitudinal,
mais plus important dans le sens radial et encore
davantage dans le sens tangentiel, d’où la tendance du bois à courber en séchant. La solution, c’est
donc de construire avec du bois sec comme, par
exemple, les bois d’ingénierie, qui sont séchés lors
de leur fabrication. Et de tenir compte du sens du
retrait dans la conception de la construction. Par
exemple, être conscient que les éléments couchés
d’une structure vont provoquer davantage de retraits que les éléments verticaux.
Les variations d’humidité peuvent aussi faire
fendre des pièces de bois, si elles sont attachées à
1
des éléments de métal sur de trop grandes surfaces. Comme le métal bouge avec la température,
mais pas avec l’humidité, il en résulte des tensions
entre les deux matériaux. Ce problème survient
surtout lorsque le bois est soumis à une traction
perpendiculaire au sens des fibres, où il est plus
faible. Il s’agit là d’un aspect à ne jamais négliger
dans la recherche de résistance d’une structure.
Halte à la pourriture
Quant aux problèmes de pourriture, ils sont
causés par des champignons qui se nourrissent
du bois et qui ont besoin d’air et d’humidité pour
vivre. Certaines essences sont moins susceptibles
aux champignons, mais également certaines parties de l’arbre. Ainsi, le bois de cœur (duramen)
est généralement plus résistant à la pourriture
que le bois d’aubier qui l’entoure. En France, un
constructeur en a tiré profit en érigeant un pont
en lamellé-collé uniquement à partir de bois de
duramen!
Le bois traité prévient la pourriture, mais le
traitement n’est pas toujours sans impact sur
l’environnement, selon Mme Frenette, et il n’offre pas une durabilité absolue. La clé de la longévité, alors? Limiter le contact du bois avec l’eau
par divers moyens : toitures, gouttières et avanttoits appropriés, assemblage qui ne laisse pas
l’eau s’accumuler à un endroit tout en assurant
un séchage rapide, solins bien ventilés partout
où cela est nécessaire… Il faut prêter une attention particulière aux éléments de la structure
principale, notamment les bouts de poutres, par
où l’eau entre facilement, et les poteaux, qui ne
doivent pas être en contact direct avec le sol. Le
pied de poteau doit être surélevé de façon à ce que
l’eau ne puisse pas s’accumuler autour.
Beaucoup de précautions à prendre, certes.
Mais de plus en plus et avec raison, a conclu la
conférencière, les architectes et les ingénieurs
veulent intégrer du bois dans leurs projets. Ils
veulent aussi le mettre en valeur, à l’extérieur,
pour qu’on le voie. Or, ce n’est pas incompatible,
selon elle : « On peut mettre du bois à l’extérieur;
il s’agit simplement de bien le protéger. Et une
bonne protection, cela commence dès la conception d’un projet. »
2
3
1. Pavillon Gene-H.-Kruger, Université Laval
– La structure extérieure apparente en bois est formée
de contrefiches inclinées vers la façade et recouverte
d’un avant-toit de protection.
Architecte : Les architectes Gauthier, Gallienne et Moisan, Québec
Ingénieur : BPR Groupe-conseil – Source : cecobois
2. Poste de la Sureté du Québec, Lac-Beauport
– Les colonnes, soutenant le large avant-toit, sont
inclinées vers l’intérieur pour une meilleure protection.
Les pieds de colonne sont bien surélevés par rapport au
niveau du sol et assemblés à l’aide de cornières métalliques qui permettent un bon drainage.
Architecte : Lemay et Associés, Québec
Concepteur : Claude Guy
Ingénieur : SNC-Lavalin – Source : cecobois
3. Rénovation du Lycée Bertholet, Annecy, France
– La structure apparente en bois est couverte par une
toiture en verre, les colonnes sont situées dans un
espace bien protégé, et les pieds de colonne sont bien
surélevés au-dessus du niveau du sol.
Architecte : Jean-François Wolff – Ingénieur : Arborescence S.A.R.L. –
Source : Laurent Clère
Un code adapté
Christian Dagenais, conseiller technique chez cecobois, a
montré comment le Code national du bâtiment 2005 (CNB),
adapté et incorporé en 2008 au Code de construction du
Québec, est à la fois plus clair et plus souple que la version
précédente, qui datait de 1995. On y découvre notamment
que la grande majorité des constructions non résidentielles
peuvent très bien utiliser le bois comme matériau de charpente, et ce, même sans tenir compte des nouveautés contenues dans le Code.
En fait, moins de 20 % des constructions doivent avoir
une structure en matériaux incombustibles (béton, métal…)
à cause de leurs dimensions ou de l’usage auquel elles sont
destinées. Toutes les autres peuvent utiliser soit du gros bois
d’œuvre (bois massif, lamellé-collé) – considéré comme intermédiaire entre matériaux combustibles et incombustibles
–, soit l’ossature légère en bois (70 %). Dans plusieurs cas,
les constructeurs doivent cependant se conformer à certaines
règles : gicleurs, dimensions spécifiques des éléments structuraux, épaisseur et composition des planchers, etc.
Rien que selon les prescriptions standard du Code, 80 %
des édifices commerciaux peuvent donc être construits en
bois. Mais, en plus, le nouveau CNB prévoit des « solutions
de rechange » qui laissent beaucoup d’espace pour l’innovation et permettent d’aller plus loin que ce que stipule la
partie prescriptive du Code.
Par exemple, c’est grâce à ces solutions de rechange (qui
remplacent les « équivalences » de l’ancien CNB) qu’a pu être
érigé, à Québec l’an dernier, l’édifice Fondaction de la CSN.
Avec sa charpente en lamellé-collé de six étages, ce projet
dépassait de deux étages les prescriptions standard pour les
édifices en bois. Comme dans toutes les constructions ayant
recours aux solutions de rechange, les concepteurs ont toutefois dû démontrer à la Régie du bâtiment du Québec (RBQ)
que la solution proposée répondait aux mêmes exigences de
sécurité que celles de la partie prescriptive du CNB.
Si un élément en bois est assemblé à une plaque métallique
sur une grande surface, il risque de fissurer lors de variations
dimensionnelles. Il est préférable d’utiliser une plaque
d’assise pour supporter la poutre en bois et de positionner
le boulon de retenue assez près pour que la variation de
dimension soit minimisée.
Exemple de protection d’une poutre extérieure
en bois : la poutre est coupée en biais et protégée par une toiture assez grande pour offrir
un bon avant-toit, un fascia avec goutte assure
que l’eau de ruissellement n’atteindra pas la
poutre. Idéalement, une gouttière éloigne l’eau
de pluie de la structure.
LE BOIS
Exemple d’un assemblage poutrepoteau extérieurs à éviter
Ici, c’est CanExel®
Exemple de protection d’un pied de
colonne extérieure en bois. L’assemblage
avec une plaque métallique en âme permet
d’assurer un bon écoulement de l’eau. La
surélévation permet d’éviter que le bois
ne soit en contact avec l’eau qui pourrait
s’accumuler au sol.
Source: cecobois
CHALEUREUX
ÉCOLOGIQUE
formes
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v6 n3 - 2010
Depuis plus de 30 ans, les gens d’ici choisissent le parement préfini CanExel, un produit
durable et de faible entretien qui présente toute la beauté du bois. Stable et très résistant, ce bois
d’ingénierie s’installe facilement et s’intègre à tous les styles architecturaux.
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Bâtiments principaux de la baie de Beauport
Fait de fibre de bois, de résine et de cire liées sous pression I Garanties limitées de
5/15/25 ans I 3 systèmes d’installation intégrés I 19 couleurs disponibles
Dans le but d’imager la vocation portuaire de la baie de Beauport à Québec,
les bâtiments imitent la forme de conteneurs qui auraient échoué sur ce lieu
sans le dénaturer. Le jeu simple du parement de bois et la forme des bâtiments
sont un clin d’œil aux activités portuaires qui avoisinent la baie.
Pour plus d’information : www.cecobois.com/repertoire
Pour en savoir plus : 1-888-820-0325 ou canexel.ca
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fiches produits
AIRMÉTIC SOYA par DEMILEC
Isolant écologique
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Isolant de polyuréthane giclé à valeur R élevée fabriqué
à partir de bouteilles de plastique recyclées et d’huile de
soya, ce produit ne contient aucune substance appauvrissant la couche d’ozone. En une seule étape, vous obtenez une enveloppe de bâtiment performante et durable
offrant un isolant, un pare-air et un pare-vapeur. Crédits
LEED dans 4 catégories pour 13 points. AIRMÉTIC SOYA
est conforme au Code national du Bâtiment (C.N.B.) et
excède CAN/ULC S705.1. Évaluation CCMC 13244-L
Ø CLOU
Ø MUR PORTEUR
Ø DÉCHET
Ça compte! Efficacité énergétique à
long terme aux Jeux d’hiver de 2010
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En tant que fournisseur officiel de matériaux
isolants aux Jeux d’hiver de 2010, Dow
Chemical Canada ULC contribue à élever le
niveau de l’efficacité énergétique de plusieurs
installations olympiques. Les produits
éconergétiques de Dow Solutions pour
construire, y compris l’isolant de mousse de
polystyrène extrudé STYROFOAM™, procurent
une efficacité thermique à long terme et des
économies sur le plan de l’énergie. Résultat?
Des émissions de carbone réduites pour des
Jeux plus respectueux de l’environnement.
Si la perfection vous habite.
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v6 n3 - 2010
JELD-WEN remporte le prix « reconnaissance
ENERGY STAR pour l’excellence soutenue » !
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Le 9 juin 2010, le manufacturier de portes et fenêtres, JELD-WEN, s’est vu
remettre un prix très convoité dans le milieu, celui de la reconnaissance
ENERGY STAR pour l’excellence soutenue pour l’année 2010. Ce prix,
remis par Ressources Naturelles Canada, souligne la volonté de JELDWEN de promouvoir la certification ENERGY STAR, ainsi que ses efforts
déployés afin de toujours accroitre la qualité de ses produits en matière
d’efficacité énergétique. JELD-WEN avait également reçu le prix de
participant de l’année ENERGY STAR en 2009 pour ses efforts en matière
de promotion des normes d’efficacité énergétique.
www.jeld-wen.ca
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© 2009 Kawneer Company, Inc.
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