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Sarthe
LeS taLeNtS De La Sarthe
Laurent Gautun, ce Manceau
qui est devenu artisan distillateur
Déclic et des claques
C’est là qu’est l’os
Chaque dimanche, « Le Maine Libre » vous propose de partir à la rencontre des nombreux talents que
compte la Sarthe. Aujourd’hui, Laurent Gautun, un artisan distillateur au parcours peu banal.
Drôle de découverte sur un terrain de moto-cross privé, à Yvré-l’Evêque, route
de Paris. Celle de nombreux os humains qui, après recherche, provenaient de
la terre prélevée sur le tracé de la 2e ligne de tramway. Pour une fois, les motocyclistes sont vraiment tombés sur un os.
Jaloux ?
Laguépie, Tarn-et-Garonne. Laurent Gautun en train de surveiller une distillation de plantes sur un des alambics qu’il a conçus. Photo objectif news/Rémi Benoit.
J
e suis un écologiste entrepreneur »,
se définit Laurent Gautun, le patron d’Essenciagua. S’il a fait un
retour à la terre dans les gorges de
l’Aveyron, ce Manceau de 48 ans,
déterminé et réfléchi, n’a pourtant
rien d’un baba cool. L’homme crée
Essenciagua, une entreprise artisanale de distillation de plantes biologiques en septembre 2005.
Un certain goût du jeu
Il installe deux alambics et un laboratoire dans les locaux désaffectés
de la gare de marchandises de Laguépie au cœur du Tarn-et-Garonne.
« Je suis arrivé là car il y a du soleil
et des plantes ». Sa compagne, Charlotte, l’a suivi dans l’aventure. Ils
sont trois à travailler à temps plein
plus une personne à mi-temps.
Un virage à 180° pour Laurent. Détenteur d’une maîtrise de biochimie
et d’un DESS gestion de qualité, il
a occupé pendant 13 ans le poste
d’ingénieur qualité dans un grand
groupe pétrolier. La création est mûrement préparée. La transition entre
les deux métiers demande presque
5 ans. Laurent n’est pas du genre à
faire les choses au hasard même s’il
a le goût du jeu et du coup de poker.
Il faut cette audace pour se lancer. Il
investit 500 000 € et met ainsi sur le
tapis 13 années de travail. Pendant
sa période de transition, il suit un
cursus à HEC. « Là, j’ai trouvé des gens
qui prenaient des risques ». De quoi
conforter le futur chef d’entreprise
dans son projet.
Moins de dix en France
Laurent apprend à devenir artisan
distillateur d’huiles essentielles. Ils
sont moins de dix en France. « Cela
a été comme un tour de compagnon
du devoir. J’ai rencontré des distillateurs et des cueilleurs. J’ai appris à leur
contact. Avec mes alambics, je me suis
retrouvé devant une mécanique que
j’avais conçue mais que je ne connaissais pas ».
Bien sûr des ratages, il y a en eu.
« Une fois, une semaine de cueillette
de laurier est partie dans le caniveau
après une erreur de manipulation lors
de la distillation », se souvient Laurent. « J’étais peut-être un peu grisé par
les vapeurs de laurier qui est une plante
euphorisante », glisse-t-il avec un sourire. La qualité artisanale de sa production devient vite sa singularité.
Crédibilité de la marque
Dans ce pays de Causse, très enclavé, on a vu arriver cet « étranger »
avec défiance. « Quand j’ai installé
mes alambics, on m’a pris pour un
zarbi ». Ici, c’est une terre d’élevage,
les plantes on ne s’y intéresse pas.
« C’est difficile de faire adhérer à notre
projet les agriculteurs du coin. Ils font
de l’élevage et rien ne les incite à varier leur production ». L’entreprise
cultive le thym et la lavande sur
deux hectares. Les autres plantes
- Essenciagua propose plus de 70
huiles essentielles et autres hydrolats - proviennent essentiellement
de cueilleurs à 200 km à la ronde.
Aujourd’hui, Laurent a en projet
une autre structure de 10 ha pour
la culture des plantes. « C’est une
hypothèse, il faut trouver la formule
économique », explique l’artisan. Son
objectif est de tripler la production
pour la « crédibilité de la marque ».
Comme quoi, on peut être écolo et
conscient des réalités du marché.
Jamais deux sans trois ?
Le pays au soleil levant est assez présent cette année sur le circuit, puisque, d’une part, c’est un
Japonais qui a donné le départ
de la course hier, et que d’autre
Bio ExprEss
10 juillet 1964 : naissance en région parisienne.
1968 : déménagement de la famille
au Mans.
1986 : décroche une maîtrise de
biochimie à Rennes. Il poursuit par
un 3e cycle de gestion d’entreprises
industrielles.
1990 : intègre un grand groupe
Outre la course à la première place, cette 80e édition des 24 Heures offre un
attrait supplémentaire, avec la présence de la Deltawing, voiture nouvelle génération, qui court hors classement. La forme très inhabituelle de ce bolide
fait penser à une fusée, quand d’autres y voient une batmobile (vous savez, la
voiture de Batman, l’homme chauve-souris). De quoi rendre jaloux le justicier.
pétrolier au titre d’ingénieur qualité.
Laurent y travaillera durant 13 ans.
1998 : voyage à Cuba
1999 : 1er voyage en Equateur qui
sera suivi de plusieurs autres.
2005 : création d’Essanciagua, entreprise artisanale de distillation
de plantes bio à Laguépie dans le
Tarn-et-Garonne.
part, une seule femme a obtenu
un volant, et c’est une Japonaise.
Jamais deux sans trois ? Réponse
cet après-midi !
f Solidarité. Semaines d’éducation
contre le racisme : bilan et débat
« Mes valeurs n’étaient pas les leurs »
En 1999, quand il rentre d’un
voyage en Équateur, Laurent sait
qu’il est « définitivement perdu pour la
cause » et qu’il doit quitter le groupe
pétrolier qui l’emploie depuis 9 ans.
Un voyage à Cuba en 1998 lui avait
déjà fait prendre conscience qu’on
pouvait vivre moins bien matériellement tout en étant heureux. Le séjour en Équateur est un choc. « J’ai
été séduit par ce pays d’aventure, par
cet Eldorado en difficulté, certes, mais
avec des atouts écologiques extraordinaires ». C’est un réveil. « Je me
suis demandé pour qui je bossais. L’industrie pétrolière a une dette écologique énorme, qu’elle ne paie pas et
qu’elle ne paiera jamais à hauteur des
ravages qu’elle provoque. Mes valeurs
n’étaient pas les leurs ».
Lui qui avait passé des années dans
son bureau à la Défense, - un lieu
« où on ne voit pas les saisons » -, fait
son retour à la terre. « Enfant et adolescent, j’ai baigné dans la campagne
mancelle et mayennaise. J’accompagnais souvent mon grand-père à la
chasse. J’avais toujours été en contact
avec la nature ». Il décide alors de
préparer sa reconversion. Il faudra
trois ans « de lutte » pour sortir de
l’entreprise dans les conditions qu’il
réclame. Une période difficile où
il est mis au placard. Qu’à cela ne
tienne, il en profite pour préparer
sa nouvelle vie. Celle qu’il a choisie.
Des représentants d’associations et de collectivité territoriales membre du collectif ont échangé sur le bilan des actions menées cette année.
Le premier voyage de Laurent Gautun en Equateur a été le déclic : quand il est rentré, il savait qu’il ne pourrait plus travailler pour l’industrie pétrolière.
Découvrez chaque dimanche dans Le Maine Libre,
en partenariat avec le Conseil général de la Sarthe,
«les talents Sarthois»
Dimanche 17 juin 2012
Le Collectif d’Education à la Citoyenneté et à la Diversité a dressé le bilan des actions menées en
2012 dans le cadre des semaines
d’éducation contre le racisme. Le
collectif départemental regroupe
une quarantaine d’associations
socio-éducatives et de collectivités territoriales. Depuis sa création en 2001, il milite pour une
plus grande qualité du vivre ensemble à travers la défense de valeurs telles que le respect, la tolérance, l’humanisme. Le 21 mars,
journée internationale contre la
discrimination raciale, est la date
annuelle marquante du collectif.
L’ensemble de ses actions est donc
regroupé autour du mois de mars.
Cette année les 18/25 ans ont
été le cœur de cible des événements programmés « pour mener
un travail d’éducation plus en profondeur » précise Annick Joseph,
coordinatrice du collectif.
Vers une mutualisation
des actions ?
D’où un format d’animation du
type débats, ateliers et moins de
films, de saynètes destinés à un
plus large public. Au titre des satisfactions, le flashmob qui a donné
le coup d’envoi des 4 semaines de
manifestations. « C’est un exemple
de mutualisation de nos actions vers
lequel il faudrait peut-être tendre » a
commenté Annick Joseph en évoquant ce flashmob. Privilégier des
opérations communes au collectif
ou laisser la diversité des actions
de chaque membre s’exprimer au
sein de ce collectif ? La question
reste en débat.