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TAP_Specbea Normalisation_BAT AUTEURS Yves Charonnat Consultant Gilles Laurent CETE de l’Ouest Jean-Louis Nissoux Ingénieur conseil 06/06/12 13:38 Page 56 La normalisation : clé du progrès technique Le cas de la norme NF P 98-170 chaussées en béton de ciment Introduction Satisfaire les exigences de libre circulation des personnes et des biens, « maîtrise d’œuvre et entreprises de travaux publics », dans la Communauté européenne, implique, pour des travaux donnés, les mêmes règles de travail pour tous les pays concernés. La première nécessité consistait à établir une base commune admise par tous. Par nature cette base est en quelque sorte le «plus grand dénominateur commun» de tout ce qui se pratique dans l’ensemble des pays européens, pour décrire et caractériser les matériaux et les ouvrages. Il était également important de fixer le fil conducteur qui consiste à respecter les prérogatives de chacun des acteurs : le maître d’œuvre fixe les exigences pour l’ouvrage, en fonction des propriétés d’usage, et l’entreprise s’organise pour exécuter les travaux. En conséquence, les documents à rédiger se devaient d’être neutres vis-à-vis de l’un et de l’autre des intervenants. Les ouvrages et leur situation dans le milieu étant très diversifiés, les documents à rédiger ne pouvaient être que des catalogues, les plus exhaustifs possible, dans lesquels : - Chaque « client » choisit les caractéristiques souhaitées pour l’ouvrage en fonction de sa conception et de son environnement. - L’entreprise trouve les limites à respecter pour que l’exécution soit conforme aux règles de l’art et aux propriétés d’usage. Ces besoins et cette définition impliquaient de ce fait la rédaction de normes européennes dans les trois domaines suivants : - Le premier concerne les matériaux de construction et donc pour les travaux qui nous intéressent, la norme « béton » (EN 206-1). - Le deuxième se rapporte aux normes qui s’appliquent à un type d’ouvrage particulier (les chaussées en béton par exemple – NF EN 13877-1). - Le troisième précise les exigences fonctionnelles de l’ouvrage et les modes d’appréciation de ces exigences (NF EN 13877-2). Ces normes forment le corpus normatif européen Pour réaliser ce travail, tous les représentants des pays de la Communauté européenne se sont réunis au sein de commissions et chacun a pu exprimer les besoins de son pays et faire valoir les différentes expériences réalisées. Il en est ressorti que ces normes devaient admettre qu’il puisse y avoir des ouvertures permettant aux différents pays de valoriser leur expérience, à partir du moment où elles ne sont pas contradictoires avec le texte européen et se rapportent à des pratiques reconnues et normalisées dans les pays concernés. Ces clauses particulières sont alors introduites dans les normes européennes, lorsqu’elles deviennent normes nationales, sous l’appellation de « document d’application nationale » (DAN). Il est important de rappeler que chaque Etat est tenu de publier les normes européennes dans le corpus normatif national en précédant leur désignation européenne (EN) par le sigle national (NF, en France). De ce fait, il n’existe pas de norme européenne dans le corpus normatif français mais seulement des normes françaises dont certaines sont issues de normes européennes reconnaissables à leur préfixe EN. 56 RGRA Enfin, certains pays peuvent avoir rédigé des normes pour autoriser des pratiques très avancées par rapport aux autres pays européens. Ces normes sont soit expérimentales (XP), soit homologuées (NF) en fonction de leur contenu par rapport aux normes rédigées par les commissions européennes. Tout cet ensemble constitue le corpus normatif de chaque Etat Même si ces documents ont été rédigés à des époques différentes et par diverses commissions, ils forment un ensemble cohérent. Cette « pyramide » de documents normatifs permet de bien connaître les conditions d’exécution d’un ouvrage dans un pays donné. Le domaine des chaussées en béton n’a pas échappé à cette situation. La communauté technique française a travaillé pour construire cette pyramide associant les nouvelles normes avec celles qui faisaient la spécificité française (normes exécution et normes « matériels », en particulier) et qui, de ce fait, ont été conservées. A cet effet, la norme NF P 98-170 : Chaussées en béton de ciment, exécution et contrôle a été révisée en fonction des nouvelles publications normatives d’origine européenne. Elle fait le lien indispensable entre la normalisation de base : constituants, essais, … et la documentation technique qui décrit les règles de l’art, tout en gardant sa neutralité sur le choix des objectifs, prérogative du maître d’œuvre, et sur celui des moyens, prérogative de l’entreprise. Objectifs et principes des normes Les objectifs des normes Une norme est un document de référence permettant que « client » et « prestataire » parlent sans ambiguïté un même langage et où chacun pourra exprimer ses besoins et son expérience. En conséquence, une norme doit être un document qui ne : - favorise pas l’une des deux parties, - fige pas l’évolution des techniques, et - renchérit pas de façon inconsidérée, le produit concerné. Une norme doit se satisfaire à elle-même c’est-à-dire, pour le domaine visé, donner tous les éléments permettant de répondre au besoin de celui qui s’y réfère, éventuellement en s’appuyant sur d’autres normes, qui devront alors être citées en références normatives. Enfin, une norme doit permettre de redonner à chacun des partenaires la possibilité d’exercer ses connaissances et ses compétences sans entraver les moyens d’action de l’autre partenaire. Pour satisfaire ces règles, il est nécessaire qu’une norme respecte deux règles de base : - Se limiter strictement aux éléments qui concernent l’objet visé. - Prévoir des objectifs en décrivant éventuellement les différents moyens d’y arriver, sans en imposer un plus particulièrement. TAP_Specbea Normalisation_BAT 06/06/12 13:38 Page 57 En revanche, dans le cas où la sécurité de l’usager peut être en cause, elle doit prévoir les limites à respecter pour les caractéristiques concernées (Directive produits de construction, DPC). Conçue ainsi, il ressort à l’évidence qu’une norme n’est pas l’élément décisionnel et que chaque acteur a sa responsabilité dans son application. De ce fait, il s’avère bien souvent que faire référence à une norme dans sa globalité, pour fixer des exigences, ne permet absolument pas de préciser l’attente du client et les véritables stipulations pour l’ouvrage à réaliser. Il faut, le plus souvent, fixer le choix parmi les différentes options présentées par ces normes. Lorsque la demande est imprécise, il revient au titulaire du marché de proposer des compléments, que le « client » doit ensuite confirmer. Lorsque le titulaire du marché considère que le choix fait dans les éléments de la norme, n’est pas conforme aux conditions réelles d’utilisation du produit, il doit en informer le client. Il est pour cela considéré comme le « sachant » et une absence de réaction pourrait lui être reprochée. La portée d’une norme Les objectifs visés pour un produit ne sont pas toujours mesurables directement, comme la durabilité du béton. Dans ce cas, la norme prévoit les conditions garantissant l’obtention de la propriété correspondante et le mode de contrôle du respect de ces conditions. Pour expliciter ces règles, nous pouvons prendre pour exemple la norme béton appliquée à la réalisation d’une chaussée en sélectionnant le cas de la résistance mécanique et celui de la durabilité du béton. - La résistance mécanique est l’un des principaux paramètres caractérisant le béton. L’ensemble des normes qui s’appliquent (NF EN 206-1 et NF EN 13877-1) doit établir le « catalogue » des essais permettant d’estimer les valeurs obtenues pour cette grandeur. Il revient au client de choisir la valeur souhaitée : désignation d’une classe. Le « titulaire du marché » doit prendre toutes les dispositions qui sont supposées lui permettre d’atteindre la valeur retenue (constituants, formulation, consistance, …). Ces dispositions doivent évidemment permettre de respecter les autres caractéristiques propres à cet ouvrage (résistance à l’usure, au gel, compacité, durabilité). - La durabilité est une caractéristique qui ne se mesure pas. En revanche, le monde des spécialistes considère qu’elle peut être garantie si on respecte une valeur maximale du rapport de la quantité d’eau efficace à la quantité de ciment (Eeff/C) selon les conditions d’environnement de l’ouvrage (humidité, gel, sels, …). Le « client » choisit les conditions d’environnement à prendre en compte (objectif), ce qui, selon les indications de la norme (NF EN 206-1) fixe le rapport Eeff/C maximal. Le « titulaire du marché » prend les dispositions (moyens) pour respecter cet objectif en décidant le dosage en ciment, en calculant la quantité d’eau efficace à introduire dans le béton, en incorporant éventuellement un adjuvant réducteur d’eau, etc. Il doit mettre en place un dispositif particulier pour s’assurer que ces paramètres de composition du mélange sont bien respectés pendant toute la durée des travaux. En conclusion, une norme n’est pas prescriptive sur les moyens d’atteindre les objectifs. Elle doit, en revanche, être le catalogue des possibilités et, pour chacune d’elles, fixer les conditions de vérification permettant de s’assurer que l’objectif est réellement atteint. La force d’une norme est d’être représentative des pratiques courantes, neutre vis-à-vis des partenaires et consensuelle pour les spécialistes du domaine. Les compléments nationaux Beaucoup de raisons existent pour qu’un ouvrage présentant des caractéristiques données, soit réalisé différemment selon le lieu d’exécution. C’est évidemment le cas des chaussées quelles que soient les techniques pratiquées. Les paramètres incontournables dans le domaine des chaussées sont : - les conditions climatiques, - la disponibilité des constituants, - le type de véhicules routiers en circulation, - etc. A ces paramètres naturels, il faut ajouter : - le niveau d’exigence pour la sécurité et le confort des usagers, - la technicité, la pratique et l’expérience des intervenants (maîtrise d’œuvre et entreprise), - l’aspect économique. De plus, la Communauté européenne a admis dans ses principes, de ne pas interdire les pratiques locales ayant fait leurs preuves. A titre d’exemple, toujours dans le domaine du béton, on admet en France, dans des conditions fixées par une norme (à l’époque la XP P 18-305), qu’il est possible d’incorporer des additions calcaires dans le béton et de les prendre en compte pour réduire en conséquence la quantité de ciment. Cette pratique plus que trentenaire est utilisée avec satisfaction sur le territoire national. En revanche, d’autres pays, qui ne la pratiquent pas, n’ont pas voulu, par manque d’expérience, l’accepter comme technique courante. Elle ne figure donc pas dans la norme européenne mais celle-ci autorise une adaptation nationale en indiquant : « L’établissement de l’aptitude de l’emploi peut se faire sur la base d’une norme nationale correspondante ou de dispositions en vigueur là où le béton est utilisé, faisant spécifiquement référence à l’utilisation de l’addition dans le béton conforme à l’EN 206-1 ». Ces exceptions nationales sont présentées dans des documents d’application nationale (DAN) et sont publiées de deux façons différentes : - Le DAN peut être directement intégré dans la norme et réparti dans le texte (cas de l’EN 206-1). - Le DAN est placé en annexe (cas des cendres volantes pour le béton). En pratique, et cela correspond bien à la volonté des Européens d’unifier leurs pratiques, il existe relativement peu de normes européennes ayant fait l’objet d’un DAN. En revanche, elles font l’objet d’un avant-propos national précisant l’orientation générale de son application dans le pays concerné. Enfin, comme précédemment indiqué, les pays ont pu inclure dans leur corpus normatif, des normes présentant des pratiques courantes ayant fait la preuve de leur validité soit sur le plan technique, soit sur le plan économique mais sans remettre en cause la qualité de l’ouvrage. C’est le cas de : - La norme NF P 98-170 qui apporte un complément aux autres normes sans aucun recouvrement. Elle décrit en particulier les différentes opérations devant être réalisées pour l’exécution des travaux (épreuves de convenance) et le programme des essais de contrôle à réaliser par l’entreprise pendant l’exécution des travaux. - La norme XP P 18-545 Granulats qui propose un mode d’interprétation des contrôles de fabrication des granulats et reprend l’ensemble des normes sur les granulats quelle que soit leur utilisation. Elle reprend, notamment, la norme d’origine européenne NF EN 12620 Granulats pour chaussée en béton, en y introduisant quelques différences. On peut noter que ces écarts ne sont pas significatifs sauf l’un d’entre eux : celui qui concerne la règle de compensation entre les résultats d’essais de dureté des gravillons (Los Angeles - LA) et de résistance à l’usure (micro Deval en présence d’eau – MDE), règle non reconnue dans le corpus normatif européen (tableau 1). RGRA 57 TAP_Specbea Normalisation_BAT 06/06/12 13:38 Page 58 La non-prise en compte de cette compensation LA - MDE, alors qu’elle est justifiée en France par de nombreuses années d’expérience (annexe A informative de la norme NF P 98-170) condamnerait pour le béton, l’utilisation des granulats de certaines régions françaises. Dans ce cas précis, il est indispensable que le cahier des charges de l’ouvrage précise, d’une part que la norme XP P 18-545 est applicable et d’autre part si l’annexe A de cette norme s’applique également. NF EN 12620 : Granulats pour béton XP P 18-545 : Granulats : Eléments de définition, conformité et codification Norme rédigée par la Commission européenne pour la normalisation des granulats utilisés dans le béton sans distinction du type d’ouvrage. La commission française de normalisation des granulats y a introduit un avant-propos national pour recommander certains essais et les niveaux de performance à respecter pour le domaine des chaussées en béton (et parallèlement, de la même manière, pour les autres ouvrages en béton) Norme rédigée par la commission française. Outre des règles générales pour tous les granulats (définitions, interprétation et exploitation des résultats d’essais,…), elle comporte un chapitre par type d’utilisation. Le chapitre 9 concerne les chaussées en béton et le chapitre 10 les autres ouvrages en béton. Les niveaux de performance retenus sont conformes aux recommandations de l’avantpropos national de la norme NF EN 12620. Quelques différences Sable : pas de valeur précisée sur d Sable : d = 0 Gravillons : D ≤ 63 Gravillons : pas de limite supérieure à D Graves : pas de valeur minimale pour D et définition précise de la grave naturelle 0/8 mm Graves : d = 0 et 4 ≤ D ≤ 45 Pas de compensation prévue entre LA et MDE Compensation possible de 5 points entre LA et MDE Rien sur la friabilité des sables La friabilité des sables peut être une spécification (doit être citée dans le cahier des charges de l’ouvrage) Nombre de classes pour chaque caractéristique couvrant tout le domaine du béton Nombre de classes par caractéristique, restreint à ce qui est utile au domaine concerné (chaussées, ouvrages d’art, bâtiments, …) Tableau 1 Comparaison des stipulations des deux normes granulats pour le domaine du béton Les résultats des essais doivent permettre de montrer que les performances attendues sont atteintes mais également que leur régularité respecte les règles de l’art. Ces contrôles forment ce qui est appelé, dans le jargon du management de la qualité, le contrôle d’exécution ou contrôle intérieur. Il est réalisé par l’entreprise qui peut éventuellement faire appel à un laboratoire certifié (NF EN ISO/CEI 17025, par exemple). En pratique, les normes « produits » doivent décrire les essais à réaliser pour : - Donner à l’entreprise des informations sur la réalisation des travaux et pour déceler les éventuelles dérives qui peuvent se produire tant dans la fabrication du béton que dans sa mise en place. - Prouver au client que la qualité (1) du travail réalisé correspond à ses exigences et lui donner les éléments lui permettant d’organiser son contrôle de réception. Les deux normes principales NF EN 206-1 et NF P 98-170 respectent scrupuleusement ce principe qui correspond d’ailleurs à l’orientation retenue par la communauté scientifique : le contrôle des moyens pendant l’exécution plutôt que le contrôle sur l’ouvrage terminé. La norme NF P 98-170, en particulier, préconise les contrôles permettant de suivre : - les propriétés des constituants, essentiellement granulats et ciment, - le fonctionnement de la centrale de fabrication du béton : sonde de mesure de la teneur en eau du sable, doseurs, malaxeur, … : - les caractéristiques du béton frais et du béton durci : consistance, teneur en air, masse volumique, résistance mécanique et évolution de la consistance pendant le transport : - le fonctionnement des matériels de mise en œuvre : vibreurs, machine à coffrage glissant, système de guidage, … : - les caractéristiques de la couche réalisée : géométrie, uni, épaisseur, rugosité de surface, position des pièces métalliques, forme des joints, périodicité d’ouverture des joints, …. Pour chacun des essais, la norme NF P 98-170 prévoit, selon la nature de l’ouvrage réalisé et en fonction de l’avancement du chantier : - le type d’essai, - le nombre minimal d’essais (par unité de temps de travail ou par surface unitaire de couche réalisée). Elle propose, dans l’annexe G (informative), un exemple de bordereau d’essais relatifs au suivi des points dits sensibles [1]. / Commentaires Comme on peut le constater, les différences sont peu nombreuses ; cependant, certaines peuvent être à l’origine de divergences d’interprétation et donc de conflits ultérieurs. La règle de compensation entre LA et MDE, est le cas le plus typique. Cette règle est justifiée, en France par l’interprétation des deux essais. On considère en effet que chacun des essais peut être légèrement influencé par la caractéristique qu’il n’est pas censé mesurer (le LA par la résistance à l’usure et le MDE par la résistance au choc) et qu’il n’est pas possible de distinguer formellement la résistance au choc d’une part et la résistance à l’usure d’autre part, par l’un seulement de ces deux essais. Pour les travaux en France, il est indispensable que le cahier des charges des travaux de l’ouvrage précise d’une part que la norme XP P 18-545 et d’autre part que son annexe informative A sont applicables pour les travaux visés. La base du corpus normatif français pour les chaussées en béton Pour les chaussées en béton réalisées sur le territoire français, les deux normes de base sont les suivantes : - NF EN 206-1 Béton – Spécifications, performances, production et conformité, d’avril 2004, - NF P 98-170 Chaussées en béton de ciment - Exécution et contrôle, d’avril 2006. Ces deux normes respectent les principes de base de ce que doit être une norme et les seules prescriptions qui peuvent y être précisées correspondent à des nécessités permettant d’assurer la sécurité de l’usager et la durabilité de l’ouvrage, comme le ferait une annexe Z dans le cas du marquage CE. Management de la qualité Dans les concepts de management de la qualité, il n’est plus envisageable de fabriquer un produit sans pouvoir garantir les performances annoncées par le producteur. En conséquence, le fabricant du produit (le béton, comme la route, sont des produits au sens de la norme NF EN ISO 9001) doit pouvoir présenter au client des résultats d’essais se rapportant aux caractéristiques visées, essais qu’il a réalisés ou fait réaliser sous sa responsabilité. 58 RGRA (1) La qualité est le respect strict des exigences (définition simplifiée tirée de la norme NF EN ISO 9000) TAP_Specbea Normalisation_BAT 06/06/12 13:39 Page 59 La norme NF P 98-170 couvre l’ensemble du domaine des chaussées en béton en s’appuyant sur les autres normes, lorsqu’elles existent, en les complétant éventuellement. Son organisation permet de suivre pas à pas le déroulement du chantier et précise pour cela les autres normes servant de référence. Avec ses annexes informatives, elle apporte les éléments de réponse aux questions que peut se poser le maître d’ouvrage pour les spécifications à prescrire sur les constituants du béton notamment et fixe pour l’entreprise les limites raisonnables qu’il ne faut pas dépasser. Cette norme a bénéficié des apports des constatations réalisées durant les vingt dernières années sur les chantiers et des nouveaux concepts organisationnels développés, en particulier au cours des deux colloques organisés pour le domaine routier. D.R. Pourquoi une norme française « exécution » ? Pour bien saisir le besoin d’une telle norme en France, il faut revenir au mode de contrôle de l’ouvrage tel que présenté au cours des deux colloques réalisés sur ce sujet (Qualité en technique routière – 1972, et Maîtrise de la qualité – 1989). Ces deux colloques ont successivement démontré que : - Seul le contrôle pendant l’exécution a une efficacité avérée, tant du point de vue technique que du point de vue économique. - Les essais pouvant permettre d’orienter le chantier doivent être exécutés par celui qui réalise effectivement l’ouvrage afin que les résultats soient rapidement utilisés pour infléchir, si nécessaire, la conduite des travaux. Chaussée en béton de ciment Objet de la NF EN 206-1 La norme NF EN 206-1 concerne le matériau béton quels que soient le type d’ouvrage à réaliser (bâtiment, travaux publics, …) et le mode de construction de l’ouvrage (béton frais fabriqué dans une usine spécialisée ou fabriqué sur chantier et éléments préfabriqués). Aboutissement de vingt années de travail, cette norme reprend les très nombreuses avancées de tous les pays sur la connaissance du matériau béton : ses propriétés et son évolution dans le temps. Elle forme un ensemble cohérent avec les nouveaux codes de calcul des ouvrages et définit les responsabilités des différents intervenants : le prescripteur pour la responsabilité des spécifications pour le béton de l’ouvrage (performances), le fabricant du béton pour la conformité de la production du béton (dosage et malaxage) et l’utilisateur pour la responsabilité de la mise en place du béton (définition de la consistance). La commission française de normalisation a voulu que le DAN soit intégré dans la partie européenne de la norme de façon à ne faire qu’un seul document, ce qui en simplifie la lecture, montre directement les éléments complémentaires et permet une plus grande compréhension du texte. Argument complémentaire : il n’existe qu’une seule norme sur le sujet dans le corpus normatif français. Dans la désignation, la référence à la norme NF EN 206-1 concerne toujours le document contenant à la fois la partie européenne et le DAN français. Objet de la NF P 98-170 Cette norme concerne l’exécution des couches de chaussée en béton. Il n’y a pas de norme équivalente européenne. La première version, assez en avance sur son temps (avril 1992), avait déjà une structure proche des futures normes européennes. En effet, elle présentait ce que devaient être le contrôle d’exécution et le mode d’interprétation des résultats d’essais pour le domaine concerné. Son plus gros défaut était d’être à la fois une norme et un « cours » sur les chaussées en béton. Cette situation était liée au fait que c’était la première norme du domaine des chaussées et qu’il n’existait pas ou peu de guide technique. La norme NF EN 13877 – 2 Chaussées en béton - Exigences fonctionnelles pour les chaussées en béton, décrit un mode de contrôle des performances de l’ouvrage essentiellement basé sur des résultats d’essais réalisés sur des carottes prélevées dans la couche de chaussée. A la demande de la France, il a été prévu un mode de contrôle qui n’implique pas la réalisation de carottes dans l’ouvrage, sous-entendu « Nous préférons le contrôle par le suivi en continu de l’exécution du chantier ». C’est réellement l’objectif de la norme française NF P 98-170. Elle décrit les différentes étapes à suivre pour le déroulement du chantier. Parallèlement, elle indique le type et le nombre des essais devant être réalisés par l’entreprise pour assurer la confiance du client. Il n’en reste pas moins vrai que le client peut réaliser une campagne de carottage mais avec pour réel objectif l’établissement du « point zéro » moyen de l’ouvrage. Schéma d’organisation des normes Le tableau 2 montre comment s’imbriquent et se complètent les différentes normes pour le domaine des chaussées en béton en France. Il est important de signaler que le projet de nouveau Code des marchés publics (juillet 2006) ne prévoit plus que la référence aux normes homologuées soit automatique. Il convient donc que le rédacteur du marché précise bien dans le règlement de la consultation ou dans le cahier des charges de l’ouvrage, si les spécifications techniques s’appuient sur les normes (de préférence) ou sur des performances d’exigences fonctionnelles. Liens entre les fonctions assurées par la chaussée et les stipulations des normes Rappel sur la constitution de la chaussée en béton « Les chaussées se présentent comme des structures multicouches… » ; c’est ainsi, entre autres, que se caractérisent les chaussées « modernes » comme l’indiquent les auteurs du guide technique « Conception et dimensionnement des structures de chaussées » [2]. Pour faire le lien entre les stipulations des normes et les performances à atteindre pour que le comportement des chaussées respecte les objectifs, il faut bien comprendre comment chacune des couches réagit sous l’action conjuguée du passage des véhicules routiers et des variations climatiques qui environnent l’ouvrage. RGRA 59 TAP_Specbea Normalisation_BAT 06/06/12 13:39 NF EN 206-1 Béton – Spécification, performances, production et conformité Catalogue présentant les éléments qui concernent tous les bétons Page 60 NF EN 13877-1 Chaussées en béton – Matériaux NF EN 13877-2 Chaussées en béton – Exigences fonctionnelles pour les chaussées en béton Précise et complète la NF EN 206-1 sur Spécifications relatives aux produits les constituants du béton de chaussées utilisés pour les chaussées en béton Définit les caractéristiques de la couche et propose un mode de contrôle - caractéristiques des constituants, - taille maximale des granulats • produits de cure - Etat des dalles - caractéristiques des bétons, - exigence de régularité sur la masse volumique du béton frais • retardateurs de surface • produits de scellement des joints - Classes de résistance en compression ou en fendage sur carottes • armatures et fers de liaison - Tolérances sur l’épaisseur de la couche, - différents types d’exposition et classes correspondantes - exigence sur la teneur maximale en ions chlorures pour les bétons armés • goujons - Définition de classes de contrôle de qualité du béton en place - modes de surveillance et de contrôle du béton fabriqué - catalogue de classes de résistance en traction par flexion et fendage - classes de résistance mécanique en compression NF P 98-170 Chaussées en béton – Exécution et contrôle Précise et complète la NF EN 13877-1 pour les caractéristiques des constituants et du béton Introduit les actions complémentaires relatives à la fabrication du béton dans le cadre de l’exécution d’une chaussée Précise et complète la NF EN 13877-1 et la NF EN 13877-2 pour les conditions d’emploi des matériaux et produits Précise et complète la NF EN 13877-1 pour les caractéristiques des constituants et du béton - réalisation d’une épreuve de convenance de fabrication et de transport, • les goujons, marquage CE, - choix des performances des granulats en fonction du trafic - contrôle des performances des doseurs, - choix des caractéristiques du ciment - contrôle de l’efficacité du malaxeur, - exigences sur la disposition et la forme des joints, - teneur en air occlus minimale - consistance par l’affaissement, - fréquence des essais pour la mesure de la consistance, -mode de contrôle des caractéristiques de la couche de chaussée - résistance mécanique par l’essai de fendage ou l’essai de compression, - fréquence des essais pour la mesure de la résistance mécanique • les fers de liaison Introduit les actions complémentaires relatives à L’exécution de la couche de chaussée - déroulement de l’épreuve de convenance de mise en oeuvre, - exigences d’exécution pour le serrage, la cure, le traitement de surface… • les armatures - classes d’exposition XF2 ou XF4 Tableau 2 Imbrication des principales normes relatives à la fabrication du béton et à l’exécution de la couche de chaussée Pour acquérir les connaissances nécessaires sur le fonctionnement des chaussées, concepteurs, constructeurs et exploitants les ont instrumentées et observées afin de proposer des modèles de conception en vue de les dimensionner et de prédire leur comportement à long terme. La première hypothèse à prendre en compte se rapporte à l’indépendance des couches au niveau des interfaces. Deux possibilités sont envisageables : - Les couches sont collées et, dans ce cas, les déformations sont identiques au niveau de l’interface, - Les couches sont décollées et, dans ce cas, elles glissent l’une sur l’autre sans transmettre de contrainte dans le plan de l’interface (figure 1). Contraintes Traction Contraintes Compression Traction Compression Roulement D’une façon générale, quel que soit le type de chaussée, les modèles s’appuient sur : - des matériaux « idéaux », continus, isotropes, parfaitement élastiques,… - une géométrie des couches parfaite : régulière, surfaces sans aspérités ni déformation, … Passage des charges et sollicitations mécaniques / Sollicitation en fond de couche Les chaussées en béton de ciment comportent depuis un peu plus de quarante ans, pour les forts trafics, une couche de forme au-dessus du sol support, une couche de fondation, souvent en matériau rigide (béton maigre, grave traitée au liant hydraulique, GTLH), et un revêtement en béton de ciment. Ce caractère multicouche de la structure conduit à examiner le comportement sous charge de chaque couche, en tenant compte simultanément du comportement des interfaces. / Comportement Fondation Support Figure 1 Transmission des contraintes à l’interface lorsque les couches sont collées (à gauche) ou décollées (à droite) 60 RGRA des interfaces Des observations sur des chaussées en service ont montré que les revêtements en béton rigide, se décollent progressivement de la fondation à partir des joints « libres » : le pourtour des dalles. Lorsque les joints transversaux ne sont pas « libres », c’est-à-dire qu’ils comportent des dispositifs assurant le transfert de charge (goujons, armatures continues), le décollement est moins important, mais il subsiste toujours un joint libre à proximité des charges : les limites latérales du revêtement. Ce sont les principales raisons pour lesquelles, en France, les chaussées en béton sont dimensionnées, dans la plupart des cas, « décollées ». TAP_Specbea Normalisation_BAT 06/06/12 13:39 Page 61 Modélisation des chaussées en béton de ciment Les structures les plus anciennes et les plus simples, accessibles aux modèles mécaniques permettant la simulation plus ou moins détaillée du comportement sous charge, sont des bicouches : une couche de revêtement en béton de ciment sur le sol support. Dès le début du 20e siècle, des modèles comportant une plaque mince (le béton) sur un massif élastique plus ou moins élaboré (le sol), ont permis de simuler et de dimensionner les chaussées rigides. Westergaard, Hogg, Boussinesq et d’autres sans doute, ont développé de tels modèles [2]. Avec l’augmentation du trafic poids lourds essentiellement et l’évolution des charges (essieux), les chaussées sont devenues plus complexes et le nombre de couches a augmenté. Les modèles mécaniques se sont adaptés et leur capacité à simuler de plus en plus complètement les structures et les charges actuelles, a suivi les progrès de l’informatique et de sa diffusion, permettant un meilleur dimensionnement et, d’une certaine façon, une amélioration des techniques de construction. compression ; à l’inverse, dans le bas de la dalle et toujours dans le plan horizontal, cette charge induit une sollicitation en traction. L’objectif d’une étude de dimensionnement, est de retenir l’épaisseur juste suffisante pour que cette sollicitation soit inférieure à la contrainte admissible pour le béton en place. En France, il a été retenu de caractériser la résistance à la rupture au premier chargement (résistance en traction) par l’essai de fendage sur cylindre, mais on a longtemps utilisé l’essai de flexion et certains pays utilisent l’essai de compression. Les études de dimensionnement, prennent aussi en compte la variabilité des charges qui circulent sur les chaussées, la variabilité des propriétés et de l’épaisseur de la couche, celle des propriétés et des épaisseurs des couches inférieures, car l’étude de dimensionnement vérifie aussi que les contraintes dans ces couches sont inférieures aux contraintes admissibles des matériaux qui les constituent. Aujourd’hui, des progiciels comme ALIZÉ-LCPC, permettent une bonne simulation des structures de chaussée avec une informatique de bureau [3]. Ils s’appuient sur des propriétés conventionnelles de matériaux standards définis par le corpus normatif. Quel que soit le matériau, le concepteur doit disposer d’une image moyenne de toutes leurs caractéristiques mécaniques nécessaires au dimensionnement : résistance mécanique, comportement à la fatigue, module élastique, etc. Malgré les progrès déjà réalisés, les modèles analytiques actuels n’appréhendent pas toute la complexité du comportement des matériaux utilisés et de la superposition de couches. Pour ce qui concerne le béton de ciment, la principale difficulté vient de ce que les modèles ci-dessus utilisent un massif semi infini ; la géométrie réelle des dalles et les effets de bords qui en résultent, très importants dans le cas de matériaux rigides, ne peuvent être pris en compte qu’indirectement au travers de coefficients dont les valeurs ellesmêmes dépendent du type de structures. Charge Les praticiens savent que les matériaux utilisés sur chantiers ont un comportement plus complexe ; par exemple, la densité, la résistance ou l’élasticité d’un matériau ne sont pas homogènes dans une couche, que ce soit en épaisseur ou en plan ; l’élasticité elle-même n’est pas linéaire, et la plupart des matériaux, même non liés, comportent des discontinuités plus ou moins importantes. Depuis plus d’une trentaine d’années, des modèles sont développés pour prendre en compte toutes ces « complexités » de façon aussi réaliste que possible. Il s’agit des modèles aux éléments finis tels que ceux mis en œuvre avec le logiciel CÉSAR-LCPC [4]. Leur capacité à rendre compte et à simuler les matériaux et les ouvrages réels nécessite à la fois des capacités de calculs importantes dépassant largement celles de l’informatique de bureau classique, et des développements théoriques nombreux permettant de caractériser chaque propriété de chaque matériau et de chaque interface introduits dans le modèle. Cela explique que ces outils soient beaucoup moins diffusés que les précédents. En ce qui concerne les chaussées rigides et en France, un modèle mixte a été développé associant une dalle circulaire, Fremont, puis rectangulaire, Peyronne, modélisée par des éléments finis, à un support modélisé par un massif de Burminster [5,6]. Le programme Dalle a été rapidement abandonné, car les couches support sont souvent elles-mêmes en matériaux rigides mal modélisés par le massif de Burminster. Seules les chaussées comportant un revêtement en béton armé continu (BAC) sur une fondation en grave bitume, sont dimensionnées avec l’option « collage » entre les deux couches ; cette structure a fait l’objet d’une fiche expérimentale au catalogue des structures [8]. Les premières sections expérimentales sont en service depuis environ 5 ans. Les mesures et observations récentes montrent dans tous les cas que le collage est encore effectif. Il faut donc reconnaître que l’hypothèse du collage, au moins pour la durée observée et pour le trafic supporté, est avérée. Cette hypothèse permet de prendre en compte la reprise d’une partie des sollicitations en fond de couche par la couche inférieure et donc de réduire en conséquence l’épaisseur de la couche supérieure. / Comportement sous charge Sous charge, la couche de béton fléchit et se déforme en coupelle ; la figure 2 montre comment le modèle de Westergaard simule ce phénomène dans le cas d’une charge unique sur une dalle sans bord. Il résulte de cette déformation que le haut de la dalle se comprime sous la charge, induisant dans le plan horizontal une sollicitation de Compression Plaque de béton Traction Figure 2 Déformation d’une plaque mince sous charge, dans le modèle de Westergaard Pour éviter de faire une étude de dimensionnement à chaque chantier, la plupart des pays européens ont mis en place des catalogues de structures types. En France, le catalogue des structures types de chaussées neuves a été mis en place dès 1971 par la direction des Routes, pour le réseau national ; la dernière version actuellement en vigueur, date de 1998 [7]. / Les stipulations de la norme La contrainte admissible pour le béton se traduit par le choix de la catégorie de la résistance caractéristique. La norme NF P 98-170 prévoit cinq catégories de résistance (classées de 2 à 6) mais ne précise pas le trafic correspondant ni le choix des essais qui sont laissés à l’appréciation du rédacteur du marché. Le cahier des charges y ajoute le plus souvent une résistance minimale stricte. Le catalogue de la direction des Routes se fonde sur le béton de ciment de catégorie 5 (paragraphe 5.1.3 de la norme NF P 98-170 (2)), pour la couche de roulement et un béton de catégorie 2 ou 3 pour la fondation. (2) Les paragraphes et les annexes cités en référence sont ceux de la norme NF P 98-170. RGRA 61 TAP_Specbea Normalisation_BAT 06/06/12 13:39 Page 62 D’autres maîtres d’ouvrage ont fait quelquefois des choix différents de catégorie de béton en fonction des épaisseurs de dalles retenues. Par exemple, dans le domaine des aéroports, les études de dimensionnement sont réalisées avec des bétons de catégorie 6 pour les couches de roulement [10]. Le fait que la résistance mécanique soit définie conventionnellement sur éprouvettes confectionnées, conformément à la norme concernée (NF EN 12390-2), il importe que dans l’ouvrage il soit vérifié que le béton en place est compacté à refus. Cette pente relativement faible, environ 3 fois moins que pour les matériaux bitumineux, constitue à la fois un avantage et un inconvénient. C’est un avantage, car une faible épaisseur supplémentaire réduit la contrainte de traction en fond de couche et se traduit donc par une augmentation significative du trafic potentiel. A contrario, c’est un inconvénient, car une réduction d’épaisseur du même ordre, entraîne une réduction tout aussi significative du trafic potentiel. / Stipulations Par exemple, en première approximation, la contrainte en bas de couche est proportionnelle à la charge et inversement proportionnelle au cube de l’épaisseur. Toutes choses égales par ailleurs, une réduction d’épaisseur de 1 cm sur une dalle de 20 cm, augmente la contrainte de 16 % et divise le trafic potentiel par environ 10… Même si les méthodes actuelles de dimensionnement prennent en compte la dispersion d’épaisseur de la couche de béton mise en place sur chantier, il y a nécessité à respecter à la fois l’épaisseur moyenne demandée qui figure dans le catalogue notamment, mais aussi à limiter la dispersion de l’épaisseur. Les épaisseurs des structures en béton du catalogue ont été calculées pour une dispersion ayant un écart type de 1 cm, c’est-à-dire que dans le cas ci-dessus d’une dalle de 20 cm, 97,5 % des épaisseurs de la couche doivent être supérieurs à 18 cm. Cela passe, bien sûr, par une très bonne maîtrise du répandage du béton, c’est-à-dire le respect des épaisseurs et de l’uni de la couche de fondation, et d’une façon générale de toutes les couches inférieures. relatives à la résistance mécanique Pour atteindre et garantir le respect de la valeur retenue pour le chantier, plusieurs dispositions sont prévues dans la norme NF P 98-170. 1 – La réalisation d’une étude de formulation ou la présentation de résultats obtenus sur un chantier précédent de même nature. 2 – La définition statistique de la valeur à respecter : résistance caractéristique à 28 jours. Bien que ne garantissant pas le respect d’une valeur seuil, elle permet de limiter le nombre de résultats se trouvant en dessous de cette valeur (référence à NF EN 206-1). 3 – Le choix d’un matériel adapté à la difficulté d’atteindre la valeur et sa régularité, dont on vérifie la capacité au moment d’une épreuve de convenance. 4 – La définition de la méthode d’essais devant être réalisée pour le contrôle des caractéristiques du béton adapté au niveau de performance. Ces stipulations permettent de « garantir » le niveau de performance et la régularité de fabrication. / Stipulations relatives à la densité du béton en place / Les stipulations de la norme Pour respecter la densité du béton en place, les dispositions suivantes ont été retenues dans la norme NF P 98-170 : – la définition de tolérances sur la densité du béton frais (référence à NF EN 13877-1 et NF EN 13877-2), - le choix du matériel adapté à l’épaisseur de la couche à réaliser dont on vérifie la capacité au moment d’une épreuve de convenance (7.2. et référence à NF P 98-734), – la définition de la méthode d’essais devant être réalisés pour le contrôle d’exécution (5.2.4. et référence à NF EN 13877-2). / Stipulations Support du trafic et durée de vie de la chaussée / Stipulations / Fatigue de la structure De tous les matériaux de chaussées, le béton et d’une façon générale les matériaux traités aux liants hydrauliques, ont une résistance à la fatigue qui ne dépend pratiquement pas de la température, et dont la courbe représentative en fonction du nombre de chargements est la moins pentue (figure 3). Rapport (en %) entre - la contrainte appliquée et - la contrainte ade rupture relatives à l’épaisseur de la couche Pour respecter l’épaisseur définie dans le catalogue des structures, les dispositions suivantes ont été retenues dans la norme NF P 98-170 : – la définition de tolérances d’exécution (référence à NF EN 13877-2 et paragraphe 8.2.2), – le choix du matériel (moyen de répandage et dispositif de guidage) adapté à la couche à réaliser dont on vérifie la capacité au moment d’une épreuve de convenance (paragraphes 6.4 et 7.2 et référence à la norme NF P 98-734), - la définition des méthodes d’essais devant être réalisés pour le contrôle d’exécution : épaisseur, uni… (paragraphe 9.3.2). Adhérence des véhicules et caractéristiques du béton de surface 100 80 relatives à la résistance du béton en place Pour satisfaire la conformité de l’ouvrage au modèle, on retrouve les mêmes stipulations que dans le cas précédent : résistance mécanique et densité du béton en place. Il faut cependant signaler qu’un défaut de résistance mécanique ou de densité du béton en place est beaucoup plus pénalisant pour la durabilité de la couche (rupture en fatigue) que pour la tenue de la couche lors du passage d’une charge. De tels défauts se traduiront systématiquement par une réduction de la durée de vie de la couche en fonction de l’écart réel. approximation linéaire / Usure 60 40 20 1 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 1010 de la surface Dans la plupart des pays utilisant couramment les chaussées en béton, les véhicules circulent directement sur le revêtement en béton de ciment. Dans les années soixante et soixante-dix, les pays industriels se sont préoccupés des caractéristiques antidérapantes des revêtements en béton. On a commencé par strier le béton frais au balai à poils fins, puis à gros poils ou au râteau. L’efficacité immédiate était bonne à très bonne, mais la durabilité insuffisante sur les routes à fort trafic de poids lourds. Nombre de chargements à la rupture Figure 3 Exemple de courbe de fatigue du béton de chaussée La pente retenue pour l’approximation linéaire est de -1/16 62 RGRA Cette faible durabilité résulte du fait que ces striages sont réalisés essentiellement dans le mortier de surface du béton : l’effet de « peau » induit par le coffrage, modifie la répartition des gros granulats à la surface qui se trouve, de ce fait, enrichie en mortier. TAP_Specbea Normalisation_BAT 06/06/12 13:39 Page 63 La principale différence avec les structures dites « souples », réside dans le double rôle que tient le revêtement en béton de ciment : à la fois couche de base et couche de roulement. Tant que les trafics étaient modérés et que les conditions de sécurité des usagers étaient satisfaites, on a cherché et obtenu des compromis acceptables entre résistance du matériau et caractéristiques antidérapantes, avec une seule formulation de béton. Depuis une vingtaine d’années, on cherche à séparer les deux fonctions, soit en réalisant le revêtement avec deux formules de béton mises en place simultanément, soit en prévoyant dès la construction la pose d’une couche de roulement mince en matériau bitumineux. L’insuffisance de résistance du mortier et les exigences croissantes en matière de rugosité du revêtement, ont fait évoluer les traitements de surface du béton frais afin de faire participer les gravillons du béton. Le dénudage a pour objectif de créer une macrorugosité durable en éliminant une partie du mortier de surface pour faire ressortir des gravillons ayant de bonnes caractéristiques de CPA (aujourd’hui essai PSV).Toutefois, les études ont conduit à constater qu’une usure trop lente des gravillons favorise le polissage des grains. Il importe donc de trouver le bon compromis entre vitesse d’usure et polissage des gravillons. Il faut toutefois garder à l’esprit que le mortier constitue toujours une part importante de la surface de roulement, ce qui nécessite encore des caractéristiques de dureté du sable suffisante pour lui conférer une microrugosité adaptée aux besoins de sécurité. Enfin, d’autres paramètres interviennent dans la recherche du compromis pour répondre aux besoins de plus en plus souvent exprimés : caractéristiques architecturales, réduction du bruit de roulement, amélioration des propriétés photométriques, … La norme, dans son annexe informative A, indique les caractéristiques optimales des granulats pour assurer la sécurité de l’usager. En conclusion dans tous les cas où la circulation se fait directement sur un béton de ciment, la vitesse d’usure est inversement proportionnelle à la résistance du béton (figure 4) [11]. Profondeur d'usure calculée (mm) pour 40 min d’essai de la couche de roulement, ce qui implique la réalisation d’une cure soignée du béton. / Stipulations relatives au sable du béton Pour satisfaire les besoins de microrugosité de la surface, la norme NF P 98-170 prévoit les caractéristiques minimales (ou maximales selon le type de caractéristique) des sables du béton, notamment la friabilité (annexe A et référence à XP P 18-545). / Stipulations relatives aux granulats du béton Pour satisfaire les besoins de résistance à l’usure de la surface, la norme NF P 98-170 prévoit les caractéristiques minimales (ou maximales selon le type de caractéristiques) des granulats constituant le squelette du béton (annexe A et référence à XP P 18-545) en fonction du trafic supporté. La norme précise également les méthodes de mesure de la rugosité de surface après striage ou dénudage (paragraphe 9.3.5). / Stipulations relatives à la classe de gravillons « durs » dans la composition du béton Pour satisfaire les besoins de résistance à l’usure de la surface, la norme NF P 98-170 admet l’incorporation dans la composition du béton d’une quantité de 450 kg de gravillons « durs » par mètre cube de béton (annexe A). Cette possibilité implique une homogénéisation très poussée des constituants. La norme renvoie pour cela à la norme NF P 98-730 et à l’épreuve de convenance de fabrication (paragraphe 7.1). Le traitement de surface du béton frais est alors le dénudage. La mesure du résultat obtenu est spécifiée (paragraphe 9.3.5). / Stipulations relatives à la cure du béton frais La dessiccation du béton est une cause de fragilité de la surface (farinage) et donc d’une mauvaise tenue dans le temps du mortier de surface et de la matrice enserrant les gravillons durs. Les stipulations pour la cure du béton sont précisées (paragraphe 6.5), sa bonne réalisation est vérifiée lors de l’épreuve de convenance (paragraphe 7.2) et son maintien en état est indiqué dans l’annexe E. La quantité de produit répandue et le moment d’application relèvent des règles de l’art. La norme prévoit également que la cure du béton doit être assurée après le dénudage du béton (paragraphe 4.3.2). 7 Résistance au gel et composition du béton 6 5 / Comportement 4 GL : granulats légers GL 3 2 GL r = 0,91 1 10 20 30 40 50 50 du béton au gel Lors de la prise, il se développe dans la masse du béton formé, un réseau de capillaires qui naturellement est rempli d’eau (excès d’eau par rapport à la quantité qui sera liée au ciment par l’hydratation [12]). Lors du gel, cette eau se transformera en glace et provoquera, en gonflant, des dégradations internes et en surface du béton. Il faut donc créer, en plus du réseau existant, un second réseau qui se comportera comme un ensemble de vases d’extension de cette eau libre présente dans les capillaires. Résistance en compression du béton (MPa) Figure 4 Profondeur d’usure en fonction de la résistance en compression du béton / Les stipulations de la norme De la description faite sur le comportement à l’usure de la chaussée, on peut en conclure qu’il faut une résistance suffisante mais pas nécessairement la plus élevée possible. Il faut donc maîtriser cette résistance. En dehors du recouvrement par une couche d’enrobé, deux techniques sont aujourd’hui pratiquées : striage ou dénudage du béton frais. C’est la nature du granulat qui impose le choix de la technique. Lorsque la carrière retenue ne possède pas de gravillons de bonnes caractéristiques vis-à-vis de l’usure sous trafic, la norme définit la quantité minimale de gravillons « durs » devant entrer dans la composition du béton. Enfin, également pour garantir la résistance du béton en surface, il faut souligner la nécessité d’une bonne hydratation du ciment dans la partie superficielle La protection des bétons hydrauliques passe par l’utilisation d’un adjuvant appelé entraîneur d’air, qui favorise la formation de très fines bulles d’air (entre 10 et 100 μ m) lors du malaxage du mélange. Ces bulles se positionnent en grande partie sur le réseau des pores du mélange qu’elles interrompent ; elles n’empêchent pas les échanges d’eau avec l’extérieur du béton, notamment sous forme de vapeur, mais elles constituent des « vases d’expansion » lors de la formation de la glace, réduisant ainsi la pression qui en résulte. De nombreuses études ont montré que ce réseau de «vases d’expansion» est adapté lorsque la demi-distance moyenne entre les bulles, dénommée facteur d’espacement :⎯ L, est inférieure à la longueur définie par la norme relative au gel des bétons (de l’ordre de 0,25 mm). En général, les procédures de certifications des entraîneurs d’air, vérifient que pour une teneur en air entraîné supérieure à 4 % en volume (40 litres d’air dans 1 m3 de béton), le facteur d’espacement remplit les conditions d’efficacité fixées par la norme. RGRA 63 TAP_Specbea Normalisation_BAT 06/06/12 13:39 Page 64 Les effets du gel dans les chaussées Dans le domaine des routes, la sensibilité des matériaux au gel, la « gélivité », recouvre plusieurs phénomènes : • la fracturation due aux chocs thermiques, • le gonflement des sols, • la gélifraction des matériaux liés poreux et humides. 1. Quasiment tous les matériaux sont sensibles à une très brusque baisse de température : plus leur coefficient de dilatation est élevé plus une baisse rapide de la température provoque des microfissurations ou fissuration de surface. Ce phénomène est rare sous nos climats sauf peut être en altitude ou dans certains territoires d’Outre-mer. 2. Les matériaux non liés, spécialement les sols fins, sont le siège d’un gonflement lorsque le gel les pénètre et y séjourne. En effet, ces matériaux sont souvent humides et l’eau qu’ils contiennent migre sous forme de vapeur vers le front de gel, ou elle se condense et gèle. Le volume de la partie du matériau gelé augmente ainsi pendant tout le temps que dure le gel. Au dégel, la glace redevient liquide, mais l’eau n’a pas le temps de quitter la zone qui avait gelé. Le sol se trouve alors saturé d’eau et devient une véritable « bouillie » sans aucune portance. Toute circulation à ce moment, entraîne la ruine rapide de la chaussée que l’on tente de protéger par la pose de barrières de dégel. C’est contre ce phénomène qu’il faut lutter soit en s’assurant que le support de chaussée n’est pas gélif, soit en interposant une ou plusieurs couches de matériaux non gélifs. Dans ce dernier cas il faut s’assurer que l’épaisseur du corps de chaussée est supérieure à la profondeur de pénétration du front de gel lors d’hivers rigoureux (le gel « pénètre » par la surface supérieure). 3. La quasi totalité des matériaux de chaussée fabriqués avec un mélange granulaire et un liant, sont poreux et une partie de leur porosité est dite « ouverte » car elle est accessible à l’eau (eau résiduelle de gâchage, pluie, humidité ambiante, etc.). Le béton hydraulique est de ceux-là. Rares sont les matériaux poreux qui résistent « naturellement » au gonflement de l’eau qui se transforme en glace dans les pores « ouverts », lorsque le gel les pénètre. En effet, pour cela, il faut que les diamètres des pores aient une répartition statistique binomiale, et que la longueur d’un pore « fin » débouchant dans un « gros » pore soit inférieure à une longueur dépendant du matériau considéré (facteur d’espacement). / Stipulations de la norme Pour conférer au béton les propriétés de résistance au gel, la norme NF P 98-170 impose l’incorporation d’un agent entraîneur d’air dans tous les bétons, béton de revêtement et béton de fondation (paragraphes 4.1.1 et 5.1.2), et prescrit une quantité d’air entraîné supérieure ou égale à 4 % (NF EN 206-1) (figure 5). Il est également fixé une fourchette de régularité de la quantité d’air entraîné de 4 points au-delà de la valeur spécifiée (NF EN 206-1). Il faut signaler que la présence de bulles d’air abaissant la résistance mécanique du béton, la quantité d’air entraîné est de ce fait volontairement limitée lors de la formulation du béton. Pour que l’incorporation de ce produit conduise effectivement à la création de bulles d’air il est indispensable que : - Le produit utilisé soit efficace (NF EN 934-2). Figure 5 Schéma de la coupe d’un béton sans entraîneur d’air (A) et avec (B) 64 RGRA - La quantité de produit soit suffisante (dépend de la composition du béton, de l’ordre de 0,5 kg par mètre cube). - Le malaxage soit énergique, sa durée notamment (NF P 98-730). Enfin, il faut signaler que l’emploi d’un agent entraîneur d’air dans un béton qui contient des cendres volantes peut conduire à des difficultés d’obtention de la quantité d’air entraîné. Ce cas se présente lorsque la teneur en imbrûlés des cendres est supérieure à 4 %. La norme NF EN 450 Cendres volantes pour béton, admet la possibilité d’utiliser des cendres volantes pouvant aller jusqu’à 6 % d’imbrûlés (DAN) mais attire l’attention des utilisateurs sur les risques potentiels d’anomalies. Les mouvements des dalles et les joints / Rôle des joints Les variations dimensionnelles des dalles de béton, que ce soit du fait de l’hydratation du ciment (contraction Le Chatelier) ou du fait des variations de température (contraction et dilatation) donnent naissance à des sollicitations internes qui se traduisent par une fissuration, le plus souvent transversale mais qui peut être également longitudinale si la largeur de la bande est importante (supérieure à 6 m pour une épaisseur de béton voisine de 20 cm). La fissuration « libre » de la couche de béton pourrait conduire à des concentrations de fissures très rapprochées, constituant ainsi des dalles de faibles dimensions dont le comportement pourrait affecter le confort et la sécurité des usagers et, localement, la durabilité de la chaussée. Pour éviter que ces fissures ne soient erratiques, deux techniques sont possibles : - Soit on réalise des joints dans la couche de béton. Les joints se composent alors de deux parties, de haut en bas : - un trait de scie réalisé à partir de la surface de la dalle, dans le béton durci jeune, idéalement avant tout retrait sensible, - la fissure alors initiée et localisée par le trait de scie, qui règne jusqu’au bas de la dalle. - Soit on incorpore dans la couche de béton des armatures en acier (béton armé continu, BAC). La fissuration se produit, mais se limite à de nombreuses micro-fissures qui n’empêchent pas le fonctionnement en continu de la structure. Les joints transversaux sont sciés avec un pas qui est fonction de l’épaisseur de la dalle (environ 25 fois l’épaisseur) pour localiser les fissures transversales qui se produiraient en moyenne à cet intervalle. Le trait de scie a un double rôle : il localise la fissure et il permet de donner à la discontinuité des bords francs et orthogonaux avec la surface supérieure de la dalle. Cette disposition permet de retarder, sinon d’empêcher, l’apparition d’épaufrures lorsque les deux côtés du joint se déplaceront verticalement l’un par rapport à l’autre, au passage des charges. TAP_Specbea Normalisation_BAT 06/06/12 13:39 Page 65 Le trait de scie, éventuellement élargi, permet de placer le produit d’étanchéité destiné à limiter les pénétrations d’eau dans le corps de chaussée (figure 6). Largeur de l’élargissement produit d’étanchéité D Fond de joint Réservoir pour produit d’étanchéité Sciage initial pour localiser la fissure Largeur de trait de scie initial Figure 6 Coupe schématique d’un joint de retrait du béton de ciment / Stipulations de la norme La forme du joint relève du cahier des charges de l’ouvrage et le moment d’exécution, des règles de l’art. La norme NF P 98-170 prescrit : - l’emploi de matériel, pour la réalisation des joints, adapté au travail à réaliser (paragraphe 6.5), - la vérification de l’efficacité du matériel utilisé lors de l’épreuve de convenance (paragraphe 7.2), - la vérification de la forme et de la profondeur des joints réalisés (paragraphe 7.2), - le mode de contrôle de la profondeur des joints (paragraphe 9.4.4), - la nature du produit de scellement (paragraphe 4.2.5), - le mode de contrôle de l’étanchéité du joint garni (paragraphe 9.4.5). Indirectement, la norme NF P 98-170 préconise d’autres dispositions pour mieux maîtriser le moment de réalisation du sciage. Ces dispositions portent principalement sur la nature de certains constituants et en particulier du ciment. L’annexe B de la norme NF P 98-170 préconise des performances particulières concernant le temps de prise, la maniabilité et propose une teneur en C3A (aluminate tricalcique) adaptée à la nature des granulats et à la température ambiante prévue sur le chantier. L’annexe F de cette même norme propose un exemple de protocole d’accord entre le fournisseur de ciment et l’entrepreneur afin de pouvoir coordonner le déroulement des travaux avec les performances réelles du ciment. Dans le cas des chantiers dont la durée dépasse plusieurs semaines, voire plusieurs mois, la norme NF P 98-170 encourage aussi fournisseur (fabricant) de ciment et entrepreneur exécutant la chaussée en béton, à s’informer mutuellement (annexe F, informative). Il s’agit le plus souvent de suivre la régularité de la fabrication du ciment pour ce qui concerne le cimentier, et d’informer du déroulement du chantier pour ce qui concerne l’entreprise. Dans le cas de risques de fissuration précoce (conditions locales ne permettant pas de respecter les règles précédentes), cette information sur les éventuelles variations des propriétés du ciment, mêmes celles qui ne sont pas normalisées, est extrêmement utile à l’entrepreneur pour adapter la conduite du chantier : choix des horaires de bétonnage, renforcement de la cure, organisation du sciage des joints, etc. Deux conséquences, susceptibles de modifier la répartition des fissures, sont à considérer : - une modification d’épaisseur de béton, - des variations de résistance mécanique du béton. La première conséquence, la plus grave lorsqu’il s’agit de surépaisseur, entraîne un espacement important entre deux fissures consécutives et une ouverture de ces fissures en conséquence. Cette surépaisseur peut résulter d’un collage intempestif entre deux couches alors que le projet considère les couches indépendantes. Si l’on veut réellement viser le collage des couches, alors il y a lieu de prendre en compte la section, pondérée avec la résistance propre de chaque matériau, de l’ensemble des couches considérées collées. Aujourd’hui, on cherche le plus souvent à coller le béton sur l’enrobé. La seconde conséquence peut résulter d’une trop forte résistance mécanique du béton. Là encore, le risque consiste à constater des fissures très éloignées et fortement ouvertes. Ces deux origines d’incident qui peuvent, à première vue, paraître bénéfiques pour l’ouvrage ont un risque d’apparition en principe limité par les normes du fait de la fixation de tolérance sur l’épaisseur de la couche (§ Stipulations relatives à l’épaisseur de la couche), et par une définition statistique de la résistance mécanique du béton (§ Stipulations relatives à la résistance mécanique) qui encadre d’une certaine façon les valeurs hautes et les valeurs basses. Enfin, une variabilité des propriétés des armatures longitudinales, limite élastique et diamètre, peut conduire localement ou sur la totalité du chantier, à des désordres similaires. Le respect de la norme NF EN 13877-1, paragraphe 6.7, est une nécessité. Conclusion La norme NF P 98-170 et celles auxquelles elle se réfère définissent un béton hydraulique utilisable dans les chaussées, décrites elles-mêmes par un ensemble de documents réglementaires dont le catalogue de dimensionnement des structures types de chaussées neuves. Tant que le béton hydraulique fabriqué et la couche de chaussée réalisée sont conformes aux exigences normatives, le dimensionnement fixé assure au maître d’ouvrage une durabilité de la chaussée conforme à son choix et un coût d’entretien voisin de celui des autres structures qu’il aurait pu choisir dans les mêmes conditions. L’expérience permet également de faire des prévisions réalistes des volumes et des moments d’exécution de travaux d’entretien à réaliser. Comme nous l’avons dit, les modèles utilisent des matériaux « idéaux », continus, isotropes, parfaitement élastiques, etc., ainsi que des propriétés dichotomiques d’interface entre couches : collage ou glissement. Cela implique donc que la réalisation vérifie au plus près ces hypothèses d’où l’importance des phases de convenance de fabrication et de mise en œuvre qui permettent de s’assurer, maître d’ouvrage et entreprise, que les exigences sont tenables et que les moyens sont adaptés. Le reste du chantier devra évidemment s’attacher à maintenir la qualité du travail. Les normes et le catalogue s’inscrivent, de ce fait, dans une doctrine technique cohérente, qui permet d’obtenir un réseau routier homogène, tant en ce qui concerne les propriétés d’usage des chaussées que leur espérance de vie et la périodicité d’entretien. Exécution et contrôle des chaussées en béton de ciment La fabrication du béton / Répartition des fissures de retrait dans le cas particulier du BAC / Les La répartition des fissures dans le cas du BAC est « prévue » en prescrivant un rapport de section entre le béton et les armatures. Ce rapport de section sous-entend des plages de caractéristiques mécaniques pour chacun des deux matériaux. Le béton, ses caractéristiques, sa production et son contrôle sont régis par trois normes principales qui se complètent et qui précisent les conditions spécifiques applicables pour les chaussées en béton en France. principales normes concernées RGRA 65 TAP_Specbea Normalisation_BAT 06/06/12 13:39 Page 66 - la norme NF EN 206-1 Béton – Spécifications, performances, production et conformité, - la norme NF EN 13877-1, Chaussées en béton de ciment – Matériaux, - la norme NF P 98-170 Chaussées en béton de ciment – Exécution et contrôle. L’imbrication de ces trois normes et l’apport de chacune d’elles ont été décrits dans le tableau 2. / La norme NF EN 206-1 Comme il a été dit précédemment, cette norme est la référence pour la constitution et les propriétés des bétons. Pour le domaine général d’application, cette norme est complétée par les normes relatives aux constituants (ciment, additions, granulats, eau et adjuvants) et par les normes d’essais sur béton frais (série NF EN 12350) et sur béton durci (série NF EN 12390). Le tableau 3 liste les références de ces normes. BPS - NF EN 206-1 – XF2 – S 2,7 - S1 – Cl 0,40 – Dmax 20 E/C < 0,55 et air entraîné ≥ 4 % Légende : - BPS : type de béton - NF EN 206-1 : conformité à la norme NF EN 206-1 - XF2 : classe d’exposition (saturation modérée en eau avec agents de déverglaçage) - S 2,7 : résistance caractéristique en flexion mesurée par fendage (2,7 MPa mesurée à 28 jours sur éprouvettes H : 16 mm et ∅ : 32 mm - S1 : consistance du béton (entre 10 et 40 mm mesurée par l’essai d’affaissement) - Cl 0,40 : teneur en chlorure : (teneur maximale en ions chlorure rapportée à la masse de ciment, cas du béton armé continu) - Dmax 20 : dimension maximale des granulats (20 mm au sens de la norme NF EN 12620) Des caractères complémentaires sont prévus : - E/C < 0,55 : rapport maximal de la quantité d’eau efficace à la quantité de ciment - Air entraîné ≥ 4 % : quantité minimale d’air entraîné dans le béton Tableau 3 Exemple de caractéristiques à préciser à la commande pour un béton de chaussée / Son caractère général Le champ d’application de cette norme couvre tout le domaine des ouvrages ou parties d’ouvrage en béton. De ce fait, sont concernées les fabrications en centrales fixes (BPE) et les fabrications en centrales de chantier, la production de béton pour les ouvrages coulés en place et la fabrication du béton pour les éléments préfabriqués. Toutefois, la norme distingue les conditions particulières de production lorsqu’elles diffèrent du fait du caractère propre du matériau ou du mode d’utilisation du produit fabriqué : caractérisation du produit, choix des essais, … Pour la rédaction de cette norme, deux objectifs ont été en permanence présents à l’esprit des normalisateurs : - Favoriser l’économie. - Assurer la durabilité. Pour favoriser l’économie, la norme a introduit la possibilité d’utiliser les « déchets » de l’industrie (cendres volantes, laitier moulu, …) ou des producteurs de granulats (graves, …) ou bien des fabricants de béton (eau de lavage des installations, retours de béton, …). Pour ces sous-produits, la norme a défini les limites d’emploi afin de garantir la qualité de l’ouvrage final (durabilité). Pour les additions à caractère pouzzolanique ou hydraulique, la norme européenne permet de réduire la quantité de ciment (composition du liant équivalent). Le document d’application nationale a élargi cette possibilité aux additions calcaires et siliceuses et aux laitiers moulus. Enfin,la norme prend également en compte la certification des usines de BPE pour moduler le volume des contrôles de fabrication, ce qui peut être considéré comme participant à l’économie générale pour la fabrication du béton (mise en commun, pour toute la fabrication, des résultats des contrôles effectués dans une usine de fabrication du béton). Pour assurer la durabilité du matériau béton (à ne pas confondre avec la durabilité de l’ouvrage réalisé) la norme a défini, pour chaque type d’agression (carbonatation, chlorures, eau de mer, 66 RGRA gel/dégel avec ou sans sels de déverglaçage et attaques chimiques) des classes d’exposition avec, pour chacune d’elles, les valeurs extrêmes (inférieures ou supérieures) à respecter pour les paramètres concernés (teneur en eau efficace, dosage en ciment, teneur en air occlus, résistance mécanique, …). / Les types de béton La norme fait référence à trois types de béton pour décrire les paramètres à respecter et, en conséquence, le mode de passation de la commande. - Les bétons à propriétés spécifiées (BPS) (correspondant aux anciens BCN) pour lesquels il est défini les performances devant être atteintes. - Les bétons à composition prescrites (BCP) (correspondant aux anciens BCS) pour lesquels le producteur doit respecter la composition spécifiée. - Les bétons à composition prescrite dans une norme (BCPN) : contrairement à la précédente, c’est la norme et non le donneur d’ordre qui définit les éléments essentiels de la composition. Dans le domaine des chaussées en béton, on se situe généralement dans l’un ou l’autre des deux premiers types cités. En général, pour les « grands chantiers », l’entreprise fait réaliser, pour son propre compte, une étude de formulation en laboratoire. C’est en s’appuyant sur les résultats obtenus à l’étude puis lors de l’épreuve de convenance que le client s’assure que le béton proposé répond potentiellement à ses exigences en (matière de résistance mécanique et de teneur en air). La formulation est alors retenue et il revient au fabricant du béton de la respecter tout au long du chantier. Pour le fabricant de béton, cela correspond aux bétons à composition prescrite (BCP). Pour les autres chantiers, on retient le plus souvent les bétons à propriétés spécifiées (BPS). Ils sont commandés à la centrale (généralement une centrale BPE) par l’utilisateur en précisant les performances à atteindre comme l’indique le tableau 3 (résistance, teneur en air entraîné, consistance, …). Le responsable de la centrale utilise son expérience et la connaissance des propriétés des constituants régionaux, pour retenir la meilleure composition à livrer. La norme NF EN 206-1 considère différemment, en particulier pour les conditions de livraison du béton sur le lieu de mise en œuvre, le cas où celui-ci est fabriqué et livré par l’entreprise qui le mettra également en œuvre, et le cas où il est fabriqué et livré par une centrale de BPE. / Les contrôles du béton Comme indiqué au §. Management de la qualité, la NF EN 206-1 développe l’ensemble des contrôles destinés d’une part à s’assurer que les caractéristiques annoncées pour le béton sont bien respectées et d’autre part à maîtriser l’outil de production. Les premiers sont désignés sous le vocable « contrôle de conformité » et les seconds « contrôle de production ». Tous ces contrôles sont réalisés pour le compte du producteur du béton. Le contrôle de conformité Il porte sur les caractéristiques garanties par le producteur. a) Dans le cas des bétons à propriétés spécifiées, les essais concernent la résistance mécanique en compression ou en traction par fendage (lorsque cette résistance est spécifiée), la consistance, le rapport de l’eau efficace au ciment, la teneur en ciment, la teneur en air et la teneur en chlorure. La norme fixe le type d’essai et leur fréquence. Il est important de signaler que ce type de contrôle ne prend sa réelle dimension que pour des fabrications courantes sur des périodes assez longues et n’a pas d’application efficace sur des productions limitées à quelques mois. b) Dans le cas des bétons à composition prescrite, le contrôle porte principalement sur la conformité de la composition de chaque gâchée et éventuellement sur le rapport de l’eau efficace au ciment, et de la consistance du béton. La norme donne la possibilité de faire ces vérifications à partir des enregistrements des paramètres de fabrication ou en réalisant des essais sur le béton frais. 06/06/12 13:39 Page 67 D.R. TAP_Specbea Normalisation_BAT Centrale de fabrication du béton (centrale de chantier) Le contrôle de production (ou contrôle intérieur) Il regroupe : - le contrôle du fonctionnement de tous les éléments de la chaîne conduisant à la production du béton (contrôle interne), - l’ensemble des résultats du contrôle de conformité (contrôle externe). Tous les résultats des constatations, mesures et essais doivent être enregistrés ainsi que les suites éventuelles données à des résultats non conformes. La norme décrit le programme de tous les essais à réaliser et les critères permettant de juger les résultats obtenus. Les essais se rapportant aux caractéristiques du béton ont fait l’objet de normes spécifiques pour le béton frais (série NF EN 12350 : Echantillonnage, Essai d’affaissement, Masse volumique et Teneur en air) et pour le béton durci (série NF EN 12390 : Forme, dimensions et autres exigences relatives aux éprouvettes et aux moules, Confection et conservation des éprouvettes, Résistance à la compression, Résistance en fendage et Masse volumique). Dans le cas du contrôle de la résistance mécanique, la norme NF EN 206-1 préconise en priorité la résistance à la compression et éventuellement la résistance à la traction par fendage. Par contre, elle ne donne pas d’orientation sur la forme du corps d’épreuve qui peut être un cylindre ou un cube. Même si la norme établit des correspondances pour la dénomination des classes entre cylindre, et cube, elle ne sous-entend aucunement qu’il puisse exister une corrélation entre les valeurs. Il est en effet reconnu qu’il n’existe pas de corrélation universelle fiable entre deux résultats d’essais se rapportant à la même performance mais sur des corps d’épreuve de formes différentes. Il est donc convenu que les résultats d’essais sur cubes ne peuvent pas être traduits en résultats d’essais sur cylindres. C’est pourquoi, la norme NF P 98-170 ne retient comme valeur contractuelle pour la résistance en compression et pour la résistance en fendage que les résultats d’essais réalisés sur cylindre : H : 160 mm, ∅ : 320 mm, (dimensions assimilées à H : 150 mm, ∅ : 300 mm comme l’indique la NF EN 206-1). / Les compléments apportés par la norme NF EN 13877-1 - Matériaux Pour la partie fabrication du béton, la norme NF EN13877 – 1 Chaussées en béton – Matériaux, apporte quelques compléments à la norme NF EN 206-1. Outre les définitions propres aux éléments des chaussées en béton, cette norme donne quelques indications sur la taille maximale des granulats : D ≤ 1/4 de l’épaisseur de la dalle ou au 1/3 de la distance entre deux armatures métalliques. Pour les propriétés du béton, elle fixe la tolérance admissible sur la densité du béton frais lorsque cette propriété est spécifiée comme valeur cible. Par ailleurs, elle fixe la classe relative à la teneur en ions chlorure lorsque la couche de chaussée contient des armatures métalliques. Enfin, cette norme définit en complément de l’essai de compression, des classes de résistance mécanique en traction par l’essai de fendage et par l’essai de flexion. / Les apports de la norme NF P 98-170 / Concernant les spécifications du béton Concernant le béton et ses constituants, cette norme a pour objectif d’extraire de la NF EN 206-1 et de la norme NF EN 13877-1 les exigences utiles pour la construction des chaussées en béton en France. Pour assurer la résistance au gel, la norme NF P 98-170 impose l’incorporation d’un agent entraîneur d’air dans la composition du béton. Par ailleurs, cette norme préconise (annexes A et B informatives) le choix des caractéristiques des granulats et du ciment en fonction des caractéristiques de l’ouvrage et de son environnement climatique. Enfin elle autorise, comme le fait la NF EN 206-1, les ciments pour travaux à la mer (NF P 15-317 – PM) et les ciments pour travaux en eau à haute teneur en sulfates (XP P 15-319 – ES). Pour la composition du béton, la norme spécifie que la classe d’exposition est généralement XF2 (attaque gel/dégel pour un ouvrage saturé modérément en eau avec agents de déverglaçage) ou exceptionnellement XF4 (attaque gel/dégel pour un ouvrage fortement saturé en eau avec agents de déverglaçage). Cette classification impose des exigences sur le dosage minimal en ciment, la teneur minimale en air occlus, etc. RGRA 67 TAP_Specbea Normalisation_BAT 06/06/12 13:39 Page 68 / Concernant le déroulement du chantier Mesure des caractéristiques du béton frais au premier plan : essai d'affaissement au second plan : mesure de la teneur en air occlus / Concernant D.R. D.R. Concernant la fabrication du béton, la norme NF P 98-170 impose un volume de stockage du sable correspondant à deux jours de fabrication, et pour le ciment à un jour de fabrication. Ces deux obligations ont des objectifs très différents. La première permet d’utiliser un sable dont la teneur en eau est réputée stable. La seconde permet de disposer d’une quantité de ciment suffisante pour terminer la journée et éviter les ruptures de stock, et donc en général les reprises de bétonnage intempestives. Mesure des caractéristiques du béton durci, la résistance en traction par l'essai de fendage Cette norme apporte également un complément fort important sur l’épreuve de convenance de fabrication et de transport du béton. Elle décrit les différentes phases à exécuter et les essais à réaliser. Elle renvoie pour cela à la norme NF P 98-730 Centrales de fabrication du béton de ciment – Définition du type de centrale et essais pour la vérification des réglages. Le déroulement de l’épreuve de convenance de fabrication permet à l’entreprise de démontrer au « client » que la centrale utilisée est capable de produire un béton qui répond aux exigences du chantier (respect de la formulation, homogénéité du béton, débit de production, …). Les conditions de transport sont également décrites permettant d’apprécier l’évolution éventuelle de la consistance du béton avant sa mise en place. Mise en place du béton / Les les essais pour béton D.R. Pour la mesure des caractéristiques du béton, la norme impose : - la mesure de l’affaissement pour caractériser la consistance, - la mesure de la résistance à la traction par fendage sur cylindre (H : 160 mm, ∅ : 320 mm) et également la résistance en compression, également sur cylindre, pour les petits chantiers et pour les couches de fondation. principales normes concernées La couche de chaussée et ses caractéristiques sont régies principalement par deux normes qui se complètent et qui précisent les performances à atteindre pour les couches de chaussées en béton. - la norme NF EN 13877-2, Chaussées en béton de ciment – Exigences fonctionnelles de la chaussée en béton, - la norme NF P 98-170 Chaussées en béton de ciment – Exécution et contrôle. Réalisation d'un élargissement en BAC avec alimentation latérale du béton en provenance d'une centrale BPE 68 RGRA TAP_Specbea Normalisation_BAT 06/06/12 13:39 Page 69 L’imbrication de ces deux normes et leur apport respectif se résument comme l’a indiqué le tableau 2. / La norme NF EN 13877-2 Cette norme contient deux parties, la première se rapporte aux exigences fonctionnelles de la chaussée et la seconde aux classes de contrôle de qualité de l’ouvrage. Cette norme a été particulièrement influencée par les pays nordiques qui réalisent le plus souvent la réception de l’ouvrage en extrayant des carottes dans la couche de chaussée. Comme il a été dit précédemment, cette pratique a été abandonnée en France, car elle conduit, dès qu’il y a un résultat litigieux, à des oppositions client – fournisseur pour lesquelles il est très difficile de trancher sans qu’il n’existe de doute sur le bien-fondé de la décision. / Exigences fonctionnelles Les exigences fonctionnelles détaillées dans cette norme se rapportent à l’état et à la géométrie de la couche (en particulier, absence de fissure visible pour les revêtements en béton à dalles courtes) et aux caractéristiques du béton en place (résistance mécanique, épaisseur de la couche, masse volumique, résistance au gel, …). Ces exigences et le niveau à atteindre doivent être précisés dans le cahier des charges de l’ouvrage à partir des classes proposées par la norme. Pour la mesure de l’épaisseur de la couche répandue, il peut être fait appel à l’essai non destructif décrit par la norme européenne NF EN 13863-1 (essai réalisé par référence aux fils de guidage de la machine de répandage). Enfin, la dernière exigence concernant la couche de chaussée se rapporte à l’espacement minimal entre les fers de liaison et l’espacement minimal entre les goujons. Une exigence concerne également la position du goujon placé le plus près du bord de la dalle. En France, ces exigences ne relèvent pas du cahier des charges appliqué au constructeur car le positionnement relatif des goujons ou des fers de liaison est défini par le projet et l’entreprise se doit de les respecter, (aux tolérances de position près telles que définies dans la norme NF P 98-170). / Classes de contrôle de qualité Comme il est dit précédemment, les contrôles sont faits par essais sur des carottes extraites de l’ouvrage. La norme propose trois classes de contrôle de qualité. Pour les classes 1 et 2 et pour chaque caractéristique mesurée, il est précisé le nombre de carottes pour une surface donnée de la couche de chaussée. Le nombre de carottes varie de 3 (classe 1) à 10 (classe 2) pour 10 000 m2 pour les performances suivantes : - résistance du béton, - épaisseur de la couche, - masse volumique, - résistance au gel/dégel. Seules les mesures de l’épaisseur de la couche et la masse volumique peuvent être réalisées sur les mêmes carottes. La classe de contrôle de qualité 0 introduit la possibilité d’effectuer le contrôle d’exécution par des essais non destructifs, comme le préconise la norme NF P 98-170. / Compléments apportés par la norme NF EN 13877-1 La norme NF EN 13877-2 fait référence à la norme NF EN 13877-1 qui décrit les composants d’une chaussée : produits de cure, retardateur de surface, produits de scellement des joints, fers de liaison, goujons et armatures avec renvois aux normes correspondantes. Pour les goujons, il est spécifié que ces éléments métalliques doivent faire l’objet du marquage CE (NF EN 13877-3), vis-à-vis de la résistance à la traction, car ils participent grandement à la durabilité de la chaussée (reconnue comme une exigence essentielle par la directive produit de construction 89/106/CEE). Ce marquage CE est de type 3, c’est-à-dire qu’il relève d’un contrôle continu du producteur qui doit être en mesure de fournir les résultats d’essais sur ce paramètre (résistance à la traction). / Les apports de la norme NF P 98-170 / Concernant les spécifications de la couche Comme pour la partie fabrication du béton, cette norme a pour objectif d’extraire de la norme NF EN 13877-2 les exigences utiles pour les chaussées en béton en France. La norme impose : - l’utilisation d’aiguille vibrante pour le serrage du béton dès lors que l’épaisseur de la couche est supérieure à 12 centimètres (paragraphe 6.4), - la réalisation d’une épreuve de convenance de répandage (paragraphe 7), - des conditions pour la tension des fils de guidage lorsque ce mode de guidage est utilisé (paragraphe 8.2.1), - l’affaissement limité des bords de dalle (paragraphe 8.2.2), - les tolérances de positionnement des pièces métalliques (paragraphe 8.3), - la profondeur du trait de scie pour la réalisation des joints sciés (paragraphe 8.4.2), -… Elle définit également les types d’essais pour la mesure de l’uni et de la rugosité de la couche (paragraphe 9.3). / Concernant le déroulement du chantier Comme pour la fabrication du béton, la norme NF P 98-170 insiste sur l’intérêt de l’épreuve de convenance de répandage (paragraphe 7). C’est à partir de cette épreuve de convenance que l’entreprise prouve au client l’adéquation des moyens mis en œuvre pour exécuter la couche de chaussée. Cette épreuve doit donc permettre de tester toutes les phases de la réalisation de l’ouvrage : efficacité du système de guidage de la machine, serrage du béton, positionnement des pièces métalliques, aspect de surface, état des bords de dalle, sciage des joints (moment et aspect), rugosité de la surface, etc. La bande réalisée, après acceptation par le client, est considérée comme la référence pour la suite du chantier [12]. Cette norme décrit également les points sensibles nécessitant des contrôles en précisant les normes d’essais correspondantes. Enfin, à l’aide d’annexes informatives, la norme rappelle un certain nombre de règles de l’art concernant les conditions d’emploi des aciers, dont les goujons, la forme et le descriptif des joints conjugués, la durée de maintien de la cure du béton et un exemple de bordereau d’essais relatifs aux points sensibles d’exécution des travaux. Il revient au client de spécifier quelles annexes sont applicables. / Les normes complémentaires Les normes décrites précédemment, font référence aux normes des composants et des produits, aux normes essais et aux normes sur les matériels. Le tableau 4 présente les références des normes concernées. / Les normes composants ou produits La norme NF P 98-170 renvoie pour l’essentiel aux normes en vigueur. Elle les complète en proposant des conditions d’emploi. / Les normes essais Quelques normes d’essais spécifiques aux chaussées en béton ont été rédigées par la Commission européenne Matériaux pour chaussées en béton. Il s’agit, en particulier, de : - la mesure de la résistance du béton en place, - la mesure de l’épaisseur de la dalle (méthode non destructive et méthode par carottage), - la mesure de la densité du béton en place, - la mesure de la macrotexture. / Les normes matériels Comme dans la version précédente, la norme NF P 98-170 renvoie aux différentes normes françaises rédigées sous la direction de la commission de normalisation des matériels routiers. Ces normes décrivent les matériels utilisés selon l’importance des travaux (machines à coffrage glissant – NF P 98-734) et les méthodes du contrôle du travail réalisé (contrôle du répandage du produit de cure sur la surface de la dalle, position des armatures, …). Le tableau 5 rappelle les références normatives des normes concernées. RGRA 69 TAP_Specbea Normalisation_BAT Normes de base 06/06/12 13:39 Page 70 Normes complémentaires NF EN 206-1 NF EN 13877-1 NF P 98-170 Domaine concerné Origine des normes Tout béton Chaussées en béton Application en France Européenne avec une adaptation française importante Européenne Française Granulats XP P 18-545 Tout béton Reprend la norme européenne EN 12620 pour ce qui concerne les caractéristiques des granulats pour chaussées en béton et la complète pour le mode de surveillance de la production. Voir également les normes d’essais permettant de caractériser ces produits. Ciments NF EN 197-1 Tout béton Européennes avec pour la norme cendres volantes quelques compléments pour l’application française, placés en annexe de la norme. Voir également les normes d’essais permettant de caractériser ces produits. Tout béton Françaises. Voir également les normes d’essais permettant de caractériser ces produits. Tout béton Européenne. Voir également les normes permettant de caractériser l’eau de gâchage. Tout béton Européennes ou françaises. Le fascicule de documentation FD P 18-457, utilisable en France, précise quelques conditions d’application de ces normes d’essais pour le béton frais, durci ou dans les structures. Tout béton Françaises Adjuvants NF EN 934-2 Cendres volantes NF EN 450 Fumées de silice NF EN 13263 Fillers NF P 18-501 Additions siliceuses NF P 18-509 Additions calcaires NF P 18-508 Laitiers moulus NF P 18-506 Eau NF EN 1008 Essais - béton frais, série NF EN 12350, NF P 18-452 - durci, série NF EN 12390, XP P 18-420 Matériels Série NF P 98-700 Tableau 4 Organisation des principales normes applicables pour la fabrication du matériau « béton » Normes de base Normes complémentaires Domaine concerné Origine des normes NF P 98-170 Chaussées en béton Norme française se référant à la norme NF EN 206-1 et précisant les normes NF EN 13877-1 et NF EN 13877-2 NF EN 13877-1 Chaussées en béton Européenne NF EN 13877-2 Chaussées en béton Européenne Goujons EN 13877-3 Chaussées en béton Européenne. Voir également les normes permettant de caractériser ces produits. Armatures EN 10080 – 1 à 6 Tout ouvrage Européenne. Voir également les normes permettant de caractériser ces produits. Produit de cure NF P 18-370 Tout ouvrage en béton Française. Voir également les normes permettant de caractériser ces produits. Produits de scellement pour joint : NF EN 14188 – 1, 2 et 3 Chaussées Européenne. Voir également les normes permettant de caractériser ces produits. Essais sur ouvrage Caractéristiques de la surface - Abrasion : NF EN 13863-5 - répandage d’un produit de surface NF P 98-245-1 et 2 Chaussées en béton Caractéristiques de la couche - épaisseur : NF EN 13863-1 et 4 - position des aciers : NF P 98-244 Chaussées en béton Caractéristique du béton en place - béton dans les structures : série NF EN 12504-1 à 4 - masse volumique sur carotte : NF EN 13863-3 Chaussées en béton Caractéristiques de la structure - collage des couches : NF EN 13863-2 - Déflexion : NF P 98-200-6 - étanchéité des joints : NF P 98-246 Chaussées en béton Caractéristiques de la surface - macro texture : NF EN 13036 – 1 et 2 Chaussées Caractéristiques de l’ouvrage - uni : NF P 98-236 – 1, 2 et 3 - écoulement surfacique : NF P 98-254 - 4 Chaussées Matériels d’exécution - normes de la série NF P 98-700 Chaussées en béton Tableau 5 Organisation des principales normes pour l’exécution de la couche de chaussées en béton 70 RGRA Européenne Françaises Européenne Française Européennes Européenne Française Française Européennes Françaises Françaises. Voir également les normes d’essais permettant de caractériser les réglages de ces matériels. TAP_Specbea Normalisation_BAT 06/06/12 13:39 Page 71 Conclusions BIBLIOGRAPHIE [1] Guide technique des chaussées en béton ; LCPC-SETRA, mai 1997 La collaboration des différents pays de la Communauté européenne a été particulièrement fructueuse sur au moins trois points. 1 - Le premier est relatif aux échanges d’expériences. Il a conduit à une meilleure connaissance de ce qui est pratiqué dans les pays voisins. La rigueur nordiste et le progressisme latin se sont souvent rencontrés dans des discussions quelquefois âpres mais toujours de bonne tenue. Cela a permis d’établir une base commune de la technique ne laissant pratiquement rien au hasard. La norme EN 206-1 en est un excellent exemple et elle-même a donné naissance à la norme NF EN 206-1 qui est tout aussi rigoureuse mais généralisée aux pratiques françaises. [2] Conception et dimensionnement des structures de chaussées - Guide technique, LCPC-SETRA, 1994, p. 1.1, [3] Cours de Routes, Dimensionnement des chaussées, Christian PEYRONNE et Gilbert CAROFF, Presses de l’ENPC, 1984, [4] ALIZÉ-LCPC : logiciel de dimensionnement des chaussées. Diffuseur ITECH, [5] CÉSAR-LCPC, module de calcul ainsi que pré- et post-processeur graphique spécifiques aux applications routières. Diffuseur ITECH, [6] FREMOND M., Solide reposant sur un sol stratifié – Bull. liaison Labo. P. et Ch., avril 1972, [7] PEYRONNE Ch., Etude théorique du comportement d’une dalle de béton - Bull. liaison Labo. P. et Ch., mai 1975, [8] Catalogue des structures types de chaussées neuves, LCPC-SETRA, 1998, [9] Fiche expérimentale de structure neuve composite BAC sur GB ; octobre 2000 En pratiquant l’ouverture vers de nouvelles techniques, les normes ont permis de prendre en compte les nouvelles exigences relatives à la protection de l’environnement (aspect du béton, réduction du bruit de roulement, …), à l’économie globale des projets (utilisation des granulats de qualité courante, prise en compte des additions en substitution partielle du ciment, incorporation de déchets dans le béton, …), à la sécurité des usagers (niveau de rugosité, …) et à la pérennité de l’ouvrage (prise en compte des types d’agression, …). [10] Chaussées aéronautiques en béton de ciment – Guide technique STBA, LCPC ; février 2000 [11] BARON J., BONNET G., NISSOUX J.-L. et RAPIN H., Eléments de réflexion sur l’usure et la rugosité des revêtements en béton hydraulique, Bull. liaison Labo. P. et Ch., suppl. n° 77, mai-juin 1975, [12] CHARONNAT Y., La maîtrise de l’eau dans le béton hydraulique ; Laboratoire central des ponts et chaussées, mai 2001, [13] Marchés publics de travaux CCTG Fascicule 28 Exécution des chaussées en béton, Bulletin officiel, mars 2003. Autres ouvrages techniques se rapportant au sujet Le béton hydraulique, connaissance et pratique ; Presses de l’Ecole nationale des ponts et chaussées, décembre 1982, Les chaussées en béton ; Cours de routes ; Presses de l’Ecole nationale des ponts et chaussées, juin 1989 Fabrication du béton hydraulique ; Techniques de l’Ingénieur, février 1999 Guide pratique pour l’emploi des ciments ; ATILH Eyrolles, janvier 1998, Structures granulaires et formulation des bétons ; Laboratoire central des ponts et chaussées, avril 2000, Les bétons : bases de données pour leur formulation, Ecole française du béton, ATILH, mars 1996, D.R. La durabilité des bétons ; Ecole française du béton, Presses de l’Ecole nationale des ponts et chaussées, décembre 1992, Guide d’entretien des chaussées en béton ; SETRA-LCPC, octobre 2002, Ensemble pour la mise en place du béton 2 – Le deuxième concerne le contenu des normes. Si quelquefois les normes françaises avaient tendance à traiter le sujet et son application, ce qui pouvait constituer un frein au progrès, les échanges ont permis de recentrer sur le véritable rôle d’une norme «sa limite stricte au sujet à traiter». Les normes essais respectent particulièrement bien ce précepte. Les nouvelles normes essais sont des modes opératoires décrivant l’essai sans déborder sur l’utilisation du résultat. En ne fixant que les limites à respecter, les normes laissent libre cours à l’imagination et à l’ingéniosité des intervenants. C’est une réelle incitation à promouvoir les techniques innovantes afin d’optimiser les pratiques de chantier. Ces trois points ont des retombées importantes dans la progression des techniques. L’ouverture vers de nouvelles pratiques, la responsabilisation des intervenants et la recherche d’économie permettent à toute la Communauté de bénéficier des progrès techniques et d’évoluer vers une qualité encore améliorée des chaussées en béton. D.R. 3 - Le troisième se rapporte à la complémentarité de toutes ces normes. Chaque représentant des pays a compris qu’il ne fallait pas refuser une technique dès lors qu’elle n’était pas pratiquée dans son pays. Ainsi des « ouvertures » ont toujours été rendues possible dès lors que la validité des avancées techniques était confirmée dans leurs applications. La norme NF P 98-170, en décrivant les différentes opérations du déroulement d’un chantier et du contrôle d’exécution, permet de valoriser la technique française et les résultats fructueux des réflexions menées par les groupes de travail « Administration – maîtrise d’ouvrage - syndicat d’entreprises ». Elle a repris, en particulier, les conclusions des colloques relatifs à la qualité qui montrent notamment, que le contrôle en continu sous la responsabilité de l’entreprise n’est pas une forme de laxisme mais bien la meilleure méthode pour responsabiliser les différents intervenants et celle qui donne le plus d’utilité aux contrôles. Dédicace à Charles Parey qui nous a initiés dans le domaine des chaussées en béton et qui nous a fait bénéficier de ses grandes et multiples connaissances et de ses conseils toujours judicieux. RGRA 71