Analyse littéraire Le Cochon à l`oreille coupée

Animation pédagogique / Christophe JEGAT / Cycle 3 : analyse littéraire
Le cochon à l’oreille coupée
Proposition d’exploitation littéraire de l’album
Auteur : Jean-Luc FROMENTAL
Collection : Jeunesse
Edition : Seuil
Illustrations : Miles HYMAN
Genre : Roman (Récits Illustrés)
Niveau de lecture : Cycle 3
Résumé
général
Deux gorets jumeaux naissent à la ferme : Noël et Léon. Un jour, Léon a un
grave accident (la curiosité et l’envie de s’amuser), son oreille est mutilée. Dès
lors, les jumeaux sont différenciables et Noël en souffre beaucoup. Car Léon
vient de découvrir sa vocation : la peinture. Il a un réel talent et les médias le
propulsent immédiatement vers la gloire. Noël lui, est délaissé et engraissé
vers un destin plus copieux mais moins glorieux. Et s’il prenait la place de son
frère ?
Principaux axes d’exploitation littéraire possibles de l’album
Dégager et comprendre la structure d’un récit complet (schéma narratif +
ellipse temporelle)
Comprendre le fonctionnement de la narration (voix narrative, points de
vue)
Dégager la dimension symbolique de l’histoire (réflexion sur la gémellité,
sur la fraternité, sur ce que veut dire « grandir », sur le développement de
soi, sur l’importance de l’art)
Formuler des hypothèses de lecture en cohérence avec les éléments du
contexte
Comprendre comment cette œuvre s’inscrit dans un réseau esthétique plus
large (peinture / références à Van Gogh et d’autres peintres/ l’éveil à une
conscience esthétique du monde)
Comprendre le fonctionnement des valeurs des temps du récit (porteuses
de sens)
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Animation pédagogique / Christophe JEGAT / Cycle 3 : analyse littéraire
Proposition de séquence
Durée : séances 1 + 2 : 1h
Séance 1
Objectif : Cette séance a pour objectif d’introduire l’analyse de l’album, sans que les
enfants n’en aient conscience. Elle doit se dérouler sans évoquer l’album en question,
comme une séance autonome détachée du reste.
Déroulement : Sous la forme d’une discussion informelle, demander aux enfants ce
qu’est le bonheur pour eux. Qu’est-ce que ça veut dire d’être heureux ? Les laisser
s’exprimer librement.
Dans un deuxième temps, leur donner (ou leur projeter) le poème qui sert de morale à
l’album (sans évoquer l’album à ce stade). Les faire réflechir au sens de ce poème, les
faire reformuler les deux derniers vers : « N’oubliez pas qu’au fond il n’est qu’un seul
bonheur : / Celui de faire bien ce que vous savez faire. »
Séance 2
Objectif : Emettre des hypothèses quant au contenu de l’histoire à partir de
l’observation de l’illustration de la première de couverture et du titre de l’album.
Matériel : Album + diaporama
Déroulement :
1. Observation de la première de couverture : on demande aux élèves de s’exprimer
sur ce qu’ils observent. Décrire l’illustration. Emettre des hypothèses sur le
contenu de l’histoire en s’appuyant sur tous les éléments de l’illustration : le titre
+ le cochon + la palette de peinture. Pourquoi une palette ?
2. Projeter la diapositive qui met en rapport l’illustration de l’album et le tableau de
van Gogh (Autoportrait à l’oreille coupée) + faire parler les élèves sur les points
communs.
3. Faire formuler maintenant d’autres hypothèses de lecture
Séance 3
Durée : 1h30
Objectifs : Entrer dans l’histoire et relevé des éléments de la situation initiale (sans
utiliser ce terme) + comprendre les caractéristiques d’un conte merveilleux.
Matériel : Album
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Déroulement :
1. Faire lire à voix haute les deux premières pages de l’album. Expliciter le
vocabulaire difficile lié au monde de la ferme.
2. Questionnement sur la lecture :
a. Qu’apprend-on dans ces deux pages ? (Les réponses des enfants seront
dispersées, donc le maître devra classer les éléments au tableau :)
i. Qu’apprend-on sur les personnages ?
ii. Qu’apprend-on sur le lieu ?
iii. Qu’apprend-on sur l’époque ?
3. Développer la réponse sur les personnages
i. Qui sont les personnages principaux ? Qu’est-ce qui nous permet de
les identifier ?
ii. Comment se comportent-ils ? Sont-ils sérieux ? => faire relever des
indices dans le texte à l’appui des réponses des enfants
(« inconscients », « enfance insouciante », etc.)
iii. Sont-ils complices et proches l’un de l’autre ? (Faire relever des
indices à l’appui des réponses (tous les passages évoquant leur
ressemblance + même comportement « Cf. intenables » +
nombreux pluriels qui les englobent toujours + actions communes)
Il est important de laisser les enfants repérer les éléments du texte (Ne pas leur
mâcher le travail de relevés).
L’objectif est de comprendre à quel point les frères sont proches et semblables*,
et quels sont les procédés littéraires qui le montrent (*ce qui permettra de
contraster avec la suite, dans une autre séance).
4. Développer les réponses sur le lieu et l’époque
a. Le lieu : faire relever par les enfants le vocabulaire de la ferme : « ferme »,
« engraisser un porc », « campagne », « enclos », « batterie », « étable »,
« laiterie », fosse à purin », « hangars », « champs ».
i. Introduire la notion de champ lexical
b. L’époque :
i. Demander quels sont les indices qui précisent une époque dans le
texte : « Sait-on à quelle époque cette histoire se déroule ? ». La
réponse sera négative. Aucune information, exceptée la formule
introductrice « Il y avait », qui rappelle la formule introductrice des
contes traditionnels « Il était une fois ».
ii. Demander aux enfants pourquoi l’histoire n’est pas ancrée dans
une époque précise. Laisser émerger les réponses, et introduire la
notion de « conte merveilleux » (=> définition : Le conte merveilleux,
ou conte de fées, est un sous-genre du conte. Dans ce type de
littérature interviennent des éléments surnaturels ou féeriques, des
opérations magiques, des événements miraculeux propres à
enchanter le lecteur).
iii. Demander aux élèves à quel moment a lieu le basculement vers le
merveilleux, vers le surnaturel dans les deux premières pages.
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1. Réponse attendue : au moment où la maman cochon se met
à parler : « N’allez pas vous croire plus malins que les
autres… ».
2. Introduire la notion d’anthropomorphisme (l'attribution de
caractéristiques comportementales ou morphologiques
humaines)
5. Finir la séance par des hypothèses de lecture sur la suite, à partir de la dernière
phrase : « C’est le jour où ils se risquèrent hors du périmètre de la ferme, dans les
champs alentour, que le désastre se produisit. »
Séance 4
Durée : 1h
Objectif : analyse littéraire de la page 6. Par quels procédés littéraires s’exprime la
séparation entre les frères.
Matériel : Album
Déroulement :
1. Le maître lit les pages 3 et 4 à voix haute (l’épisode de l’accident).
2. Travail sur la page 5 : voir diaporama diapo 4
a. Possibilité de faire remplir un tableau par les enfants
Intérêts divergents des frères
Repérer les divergences entre les frères:
Léon = « assagi », phrase négative (« ne l’accompagnait plus…escapades »),
« fasciné »
*Il parle très peu, répond à peine ou pas du tout « il se tut »
*Noter le conditionnel passé « Il aurait aimé en dire plus… »
*Il est calme, comme s’il avait acquis une maturité
Noèl : = « dépit », « seul », « bâillant d’ennui »
•
•
Il parle beaucoup, rit fort, s’agite
Il est en mouvement, veut bouger (« on y va? »)…toujours immature (même dans
son vocabulaire : « type », « bizarre »
Léon
Noèl
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« assagi »
Il rit fort, s’agite (Faire relever les passages)
Il parle très peu, répond à peine ou pas du tout « il
se tut »
Il parle beaucoup (comparer les prises de paroles)
Phrase négative (« ne l’accompagnait
plus…escapades »)
Il est en mouvement, veut bouger (« on y va?)
« fasciné »
« dépit », « seul », « bâillant d’ennui »
Maturité
Immaturité
Bilan : les centres d’intérêt divergent entre les deux frères, et la séparation est
consommée.
Séance 5
Durée : 45mn
Objectif : analyse littéraire de la page 8 : comment s’exprime d’un point de vue littéraire
la découverte d’une conscience esthétique chez Léon
Matériel : Album + diaporama :
Déroulement :
1. Le maître lit les pages 6 et 7 à voix haute. Il projette la diapositive 5 (présentant
les tableaux de Monet, Cézanne, Van Gogh) pour illustrer le passage page 7 :
« Ainsi il était possible de capturer les couleurs fugitives de la nature…délectent. »
2. Analyse littéraire de la page 8. Montrer d’un point de vue littéraire comment
s’exprime la passion naissante de Léon pour la peinture (voir diapo 6).
Mettre en évidence le choc qu’il ressent : « Mais », « éclata »,
comparaison « comme un coup de tonnerre », « ravages immédiats »
Noter la succession d’actions rapides : « oublia », « trompa », « faussa »
Noter le discours indirect et la succession rapide des questions =
l’expression d’une excitation (Cf. verbe « fusaient »)
Un certain type de vocabulaire / Un rythme rapide / Des verbes d’action /
Expliquer la valeur brève du passé simple (et ses effets)
3. La fin de la séance est consacrée à la lecture cursive des pages 9, 10 et 11 (départ
et arrivée en ville + musée).
Séance 6
Durée : 1h
Objectif : comprendre les références picturales présentes dans la page 12 + montrer
comment l’auteur détourne des titres d’œuvres picturales célèbres
Matériel : Album + diaporama
Déroulement :
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1. Le maître fait lire la page 12 aux enfants
2. Il projette les diapositives 7 et 8 présentant les œuvres de Botero, Ingres et
Magritte
3. Demander aux enfants d’observer les trois toiles et de chercher à comprendre
pourquoi ce sont ces toiles-là que l’auteur de l’album a choisi pour détourner les
titres. Leur demander d’observer les illustrations de l’album. Points communs
entre les illustrations de l’album et les toiles ?
a. Eléments de réponse = des formes arrondies / des chairs exposées / des
tons rosés = proches de la morphologie des cochons.
4. Lecture cursive des pages 13, 14
5. Activité sur la page 14
a. Raconter aux enfants l’histoire du fameux canular de Boronali + projeter
un tableau de Boronali (diapositive 9)
Au Salon des indépendants de 1910 figure la toile Et le soleil s'endormit sur l'Adriatique. Le catalogue
en donne pour auteur « JR. Boronali, peintre né à Gênes », qui a accompagné son envoi d'un manifeste
théorique, le Manifeste de l'excessivisme, dans lequel il écrit que « l'excès en tout est une force » et appelle
« à ravager les musées absurdes » et à « piétiner les routines infâmes ».
Les critiques d'art s'intéressent à ce tableau, qui fait l'objet de commentaires contrastés, jusqu'au jour où
le journal L'Illustration reçoit la visite de l'écrivain Roland Dorgelès qui révèle, constat d'huissier à
l'appui, que l'auteur se nomme en fait « Lolo », et qu'il est l'âne de Frédéric Gérard, dit « le père Frédé »,
patron du Lapin Agile, célèbre cabaret de la butte Montmartre.
En effet, le nom Boronali n'est autre que l'anagramme d'Aliboron, l'un des noms donnés à l'âne depuis le
Moyen Âge, et repris par Jean de La Fontaine. Dorgelès, en compagnie de deux amis, André Warnod et
Jules Depaquit, avait attaché un pinceau à la queue de l'animal qui devint ainsi la vedette du Salon, une
fois que la supercherie eut été dévoilée. Et la toile se vendit 20 louis d'or, c'est-à-dire 400 francs, qui furent
reversés par Dorgelès à l'orphelinat des Arts.
Séance 7
Durée : 1h30
Objectif : lire la fin de l’histoire et établir le schéma narratif complet de l’album (+
approche de la notion d’ellipse temporelle).
Matériel : Album
Déroulement :
1. Le maître lit (ou fait lire) les pages 15, 16 et 17.
2. A ce moment de l’analyse de l’album, il est possible d’établir le schéma narratif
complet du récit. Le maître mènera un questionnement :
a. Quelles sont les différentes étapes de l’histoire ?
b. Comment la supercherie a-t-elle été dévoilée ?
c. Comment pouvez-vous reformuler la fin de l’histoire à un camarade qui ne
l’aurait pas lue ?
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3. Ce questionnement (et les réponses apportées) permettent aux enfants de
comprendre qu’un récit suit des étapes précises. Introduire ici la notion de
schéma narratif et le noter au tableau :
Etapes
Passages concernés
On y trouve les réponses aux questions QUI ? OU ?
QUAND ? QUOI ?
Pages 1 et 2
Situation initiale
Eléments perturbateur
Question : qu’est-ce qui déclenche l’histoire ?
L’accident ou la rencontre avec le peintre ? (Les
enfants vont comprendre que l’accident n’est pas
l’élément déclencheur).
Les péripéties
Faire énumérer par les enfants les différentes
étapes de l’histoire (=> travail de mémoire)
Pages 6 et 7
Le départ en ville (page 8) / Le musée (page 9) /
l’article du journal (11) / L’exposition au salon +
retour chez les fermiers (12 et 13) / Les expertises
et les visites des admirateurs curieux (14)
La décision d’échanger les identités (page 15) + la
découverte de la supercherie (16)
L’élément de résolution
Question : quel est l’événement qui va entraîner la
fin de l’histoire ?
Situation finale
La morale de l’histoire sous forme de poème.
4. Introduire la notion d’ellipse temporelle.
a. Mettre en exergue trois passages de l’album :
i. Page 11 : « L’été passa sans nouvelle de Léon »
ii. Page 13 : « L’hiver arriva »
iii. Page 16 : « Léon (…) éprouva un terrible chagrin en apprenant la
fin tragique de son frère. »
b. Questionnement : à quoi servent (quelle est la fonction) de telles phrases
dans le récit ? Page 11, apprend-on ce qui s’est passé durant l’été ?
Réponse : NON/ Apprend comment Noèl est mort ? (réponse : NON). Le
narrateur passe sous silence certains moments de l’histoire, ce qui
accélère le rythme du récit. C’est ce qu’on appelle une ellipse
temporelle.
Prolongement possible (CM2) :
Séance 8
Durée : 1h
Objectif : aborder avec les enfants les problématiques liées à la narration et distinguer
les notions d’auteur, de narrateur et de personnage.
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Matériel : Album
Déroulement :
1. Faire relire la page 1 par les enfants. Questionnement :
a. Qui raconte l’histoire ? (Les réponses risquent d’être maladroites ; « c’est
l’auteur », « c’est Jean-Luc Fromental », etc.)
b. Introduire la notion de narrateur
i. Un récit est raconté par un narrateur (selon un point de vue
narratif)(« narrer » = raconter).
ii. Il faut distinguer narrateur et auteur
1. Le narrateur est une voix inventée par l’auteur mais ce n’est
pas l’auteur. Il suffit d’expliquer aux enfants qu’ils peuvent
très bien raconter une histoire qu’ils inventent (donc qu’ils
n’ont pas vécue). Dans ce cas, ils voient bien que l’auteur
(eux) et le narrateur sont deux notions distinctes.
Auteur
Narrateur
Personnages
(Point de vue narratif)*
Jean-Luc Fromental
Inconnu
Noèl, Léon, les fermiers, le
peintre, etc.
*Il existe trois points de vue narratifs possibles pour raconter une histoire :
> Le point de vue interne : le narrateur est aussi un personnage de l’histoire
> Le point de vue externe : le narrateur raconte l’histoire de l’extérieur, comme un
simple témoin
> Le point de vue omniscient : le narrateur connaît tout des personnages : leur passé,
leur avenir, leurs pensées intimes.
2. Faire réfléchir les enfants sur le point de vue narratif en jeu dans l’album. Relire
des passages (par exemple la page 15). Ils devront voir que le narrateur connaît
tout de ses personnages : point de vue omniscient.
3. Faire observer une particularité de la narration dans l’album : le narrateur
s’adresse au lecteur directement. Projeter la diapositive 10 (ou faire relire la
dernière page).
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Durée de la séquence : approximativement 7h
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