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Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe DESS « Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art » Cours de Management stratégique Sous la direction de Monsieur Nicolas DAHAN LES INNOVATIONS EN COSMETIQUES DE LUXE DEBAUGE Gersende FODIL Assia IBOURK Najoua OMOUMI Carole DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 1 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Sommaire Introduction ........................................................................................................................ 3 1ère partie : Analyse externe du secteur des cosmétiques .............. 4 I. Présentation du secteur ................................................................................................. 4 A. La segmentation du secteur des cosmétiques ................................................................ 4 B. Les différents circuits de distribution ............................................................................ 6 C. Les ventes de produits cosmétiques............................................................................... 7 II. Analyse du secteur ..................................................................................................... 10 A. Le macro-environnement (analyse PEST) .................................................................. 10 B. Le micro-environnement ............................................................................................. 15 2ème partie : Les acteurs du marché des cosmétiques de luxe et leurs innovations .......................................................................................................... 26 I. Innovations : définitions ............................................................................................ 26 A. Les innovations produit ............................................................................................... 26 B. Les innovations marketing et commerciales................................................................ 27 II. Innovations produit .................................................................................................... 27 A. Les soins ...................................................................................................................... 27 B. Le maquillage .............................................................................................................. 32 III. Innovations marketing et commerciales ............................................................. 37 A. Les opérations commerciales ...................................................................................... 37 B. Les opérations marketing............................................................................................. 40 Conclusion........................................................................................................................ 42 Bibliographie ................................................................................................................... 43 DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 2 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Introduction « J’hésite entre modernité et me planter ou ne rien faire et disparaître. » Bellon, « Innover ou disparaître », 1994, Editions Economica Aujourd’hui, les dirigeants d’entreprise ne se posent plus cette question. Quelque soit leur taille ou leur domaine de prédilection, les entreprises se doivent, si elles souhaitent maintenir leur positionnement ou ne serait ce qu’assurer leur survie, de répondre aux contraintes du marché. Ces dernières se manifestent par une concurrence exacerbée et une demande perpétuelle de plus en plus exigeante, la première impliquant de se surpasser et la seconde de se démarquer. Les entreprises s’évertuent à y parvenir par le biais de l’innovation. Il semble, par conséquent, intéressant de s’attarder sur la place que peut tenir cette nécessité d’innovation dans les stratégies d’entreprise et de quelle manières ces innovations peuvent se manifester. Notre choix s’est porté sur un secteur du luxe où les innovations sont très présentes à savoir les cosmétiques. Nous n’avons pas traité du marché des parfums, bien que lui étant étroitement lié, dans la mesure où il peut largement faire l’objet d’une étude complète à lui seul. Le besoin de vouloir paraître toujours plus jeune, plus mince et plus beau qui se manifeste dans la société actuelle explique en grande partie notre choix pour le secteur des cosmétiques. Ce secteur étant relativement lié à celui de la science, les innovations y sont par conséquent propices. Une première partie consacrée à la présentation et à l’analyse du secteur des cosmétiques nous a semblé indispensable pour comprendre dans quel contexte s’imposent ces innovations. La seconde partie s’attachera à définir le concept d’innovation en distinguant ses différentes formes et à présenter un certain nombre d’innovations qui ont marqué et qui marquent encore le secteur des cosmétiques de luxe. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 3 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe 1ère partie : Analyse externe du secteur des cosmétiques Cette première partie consistera en la présentation et l’analyse du secteur des cosmétiques en distribution sélective. Selon la directive 93/35/CE de la réglementation européenne, « on entend par produit cosmétique toute substance ou préparation destinée à être mise en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain, notamment l’épiderme, les systèmes pileux et capillaire, les ongles, les lèvres et les organes génitaux externes, ou avec les dents et les muqueuses buccales, en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles » I. Présentation du secteur Il s’agira ici de présenter la segmentation établie de ce secteur, son poids ainsi que ses différents circuits de distribution. A. La segmentation du secteur des cosmétiques 1. La classification de l’INSEE L’INSEE réunit sous une même classification (code NAF 24.5) la fabrication de parfums, de cosmétiques et de produits de toilette et d’hygiène. 2. Les différents segments de produits cosmétiques La segmentation du marché de la cosmétique sélective peut se faire de plusieurs façons, les produits d’hygiène pouvant, par exemple s’inclure dans les catégories produits de soin visage ou corps. Nous retiendrons la segmentation suivante, en rapprochant de chaque segment les catégories de produits cosmétiques classifiées dans les textes de la législation européenne : Produits de soin : • Crèmes, émulsions, lotions, gels et huiles pour la peau DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 4 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe • Masque de beauté • Dépilatoires • Produits de démaquillage du visage et des yeux • Produits solaires • Produits de bronzage sans soleil • Produits permettant de blanchir la peau • Produits antirides Produits de toilette : • Savons de toilette • Préparation pour bains et douches (sels, mousses, huiles, gels, etc.) • Déodorants et antisudoraux • Produits de nettoyage • Produits pour le rasage • Produits pour soins dentaires et buccaux • Produits pour soins intimes externes • Poudres pour l’hygiène corporelle Produits capillaires : • Produits de soins capillaires • Teintes capillaires et décolorants • Produits pour l’ondulation, le défrisage et la fixation • Produits de mise en plis • Produits de coiffage Maquillage : • Fonds de teint, liquides, pâtes, poudres • Poudre pour maquillage • Produits de maquillage du visage te des yeux • Produits destinés à être appliqués sur les lèvres • Produits pour le maquillage des yeux Nous reviendrons sur l’aspect législatif de l’industrie de la cosmétique dans l’analyse de son environnement politique. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 5 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe 3. La segmentation par type de clientèle La segmentation de l’offre s’affine pour répondre aux exigences des clients. Elle comporte les catégories suivantes : • L’âge pour les offres spécifiques proposées aux seniors, aux adolescents et aux enfants. • Le type de peau : peaux sèches, mixtes, grasses, sensibles, acnéiques… • Les produits ethniques sont apparus depuis peu sur le marché français : produits pour les peaux africaines ou asiatiques notamment. B. Les différents circuits de distribution On distingue quatre segments de distribution : ! La diffusion sélective : elle est réservée aux produits de luxe et haut de gamme. Elle comprend la vente en parfumeries, grands magasins et instituts de beauté. C'est elle qui pratique les prix les plus élevés. ! La grande diffusion (que l’on nomme également le « mass-market ») : elle s’adresse au grand public et propose des produits de moyenne et basse gammes. Les prix peu élevés et l’argument promotionnel constituent des éléments décisifs lors de l’achat. ! La vente sur conseil pharmaceutique : elle est en plein essor et n’est plus réservée aux seules officines. Elle comprend les pharmacies, les parapharmacies, et les espaces de parapharmacie en grande distribution. C’est elle qui enre ! La vente directe : il s’agit du porte-à-porte, de la vente par correspondance (VPC) et par Internet. La segmentation du chiffres d’affaires total en France en 2001 par circuit est représenté de la façon suivante : DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 6 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Segmentation du CA en France par circuits vente sur conseil pharmaceutique 10% vente directe 9% diffusion sélective 28% grande diffusion 53% Notre étude portera sur le circuit sélectif, dont les principaux acteurs sont : - les grands magasins : Galeries Lafayette, Printemps, Samaritaine, Le Bon Marché, BHV ; - les chaînes intégrées : Séphora, Marionnaud, Douglas, Nocibé ; - les chaînes en franchise : Alpha Beauté, Anaeva, Beauté Actuelle, Beauty Sucess, Elytis, Passion Beauté ; - les propriétaires franchisés : Athénaïs, Clin d’œil, Elytis, Nocibé. - les parfumeries indépendantes. C. Les ventes de produits cosmétiques 1. Les chiffres d’affaires et les parts de marché On notera tout d’abord que la part des produits cosmétiques dans le marché du luxe est de 29 %. Le chiffre d’affaires de la diffusion sélective est de 1,65 milliard d’euros en 2001, parfumerie comprise et de 0,7 milliard en ne tenant compte que de la cosmétique. Le marché a connu une croissance de 6,2 % en 2001 et les principaux segments y sont tous en nette croissance. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 7 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Segmentation du CA par produits en séléctif hygiène 9% autres 2% maquillage 29% produits de soin 60% Le segment des soins est en forte hausse (+7.2%) au sein duquel les soins visage affiche une croissance de 3.6%(+13.1% pour les anti-âge mais –10.4% pour les soins quotidiens) Quant au maquillage avec une croissance de 9%, il dépasse la barre des 200 millions d’euros. En tête, le visage réalise une progression de 9.5%. Il est suivi par les lèvres(+15.3%), et les yeux (+3.9%). Les produits corps poursuivent leur belle progression (+7.8%) : ce sont les amincissants et les exfoliants qui tirent le mieux leur épingle du jeu, avec respectivement +21.9% et +23.2%.Mauvaise année en revanche pour les solaires en recul de 3.6%. Observons les données pour l’année 2002 même si celles-ci ne sont pas complètes. Une année 2002 morose pour la distribution sélective Evolution du marché sélectif – cumul janvier-août 2001 et 2002 Soins Maquillage Volume 2002 2001 - 2,9 % + 1,8 % - 0,6 % + 4,7 % Evolution prix 2002 + 6,2 % + 4,1 % Valeur 2002 + 3,1 % + 3,4 % 2001 + 7,3 % + 8,2 % Source : Secodip Sur la période janvier-août 2002 en distribution sélective, le marché des soins en volume a régressé de 2,9 %. Cependant, les produits visage s’en sortent mieux : ils ont enregistré une croissance de 2,2 % en volume. Le maquillage en volume est à peine stable avec une légère baisse de 0,6 %. La meilleure performance est celle des poudres (+10,4 % en volume et +16,5 % en valeur) et des fonds de teint (+2 % en volume et +5,5 % en valeur). DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 8 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe En valeur, les marchés du soin et maquillage ont tous deux augmenté d’un peu plus de 3 %, mais cela est dû à la hausse des prix moyens de 4,1 % pour le maquillage et de 6,2 % pour le soin. De plus, les très beaux lancements en maquillage compensent leur nombre en baisse, 156 seulement contre 190 sur la même période en 2001, grâce à Rouge Addict (Dior), Flextencil (Lancôme), Illusionist (Estée Lauder) et aux nombreux lancements de fards à paupières. 2. les perspectives d’évolution L'année 2003, où une reprise semble se profiler, pourrait être plus favorable à ce secteur qui a perdu son statut défensif. Dans cet univers encore très atomisé, les concentrations, facteur de relance, devraient continuer. Autre moteur de dynamique, les produits : les industriels de la cosmétique devront puiser leur inspiration dans des domaines sans cesse renouvelés. Segments Soins Hygiène Maquillage +5à7% +4à6% +5à7% Evolution annuelle attendue (%) Facteurs Vieillissement de la démographiques population favorables Croissance des Pénétrations faibles Effets mix-produits Facteurs positifs dans de nombreux favorables dans les pays pays industrialisés femmes actives Variations de look des jeunes Développement Nouveaux points de spas/salons vente Nouveaux entrants Effets prix et mixproduits DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 9 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe II. Analyse du secteur Elle se déroulera en deux étapes avec dans un premier temps l’analyse du macroenvironnement et dans un deuxième temps celle du micro-environnement. A. Le macro-environnement (analyse PEST) L’analyse du macro-environnement permet de voir dans quel contexte, à la fois politique, économique, social et technologique, évolue le secteur des cosmétiques et plus particulièrement celui des cosmétiques de luxe. 1. L’environnement politique La législation et la réglementation des produits cosmétiques en France suivent les directives établies par la Communauté Européenne. La directive essentielle dans le domaine nous intéressant est la directive 76/768/CE qui englobe la 93/35/CE. Ces directives sont régulièrement modifiées, les deux premiers chiffres de leur référence indiquant l’année de leur création. La directive 76/768/CE concerne le rapprochement des législations des Etats membres relatives aux produits cosmétiques. L’élément primordial qu’elle comporte est la série d’annexes présentant les listes des substances interdites ou autorisées dans certaines quantités, notamment pour les colorants et les filtres UV dans la composition d’un produit cosmétique. La directive 93/35/CE du 14 juin 1993 a apporté plusieurs modifications à la directive dont elle est issue : - elle donne la définition d’un produit cosmétique - elle précise qu’un produit cosmétique ne doit pas nuire à la santé si il est utilisé dans les conditions normales. - elle expose les obligations du fabricant et du responsable de mise sur le marché quant à l’étiquetage et l’emballage de ses produits. On notera évidemment la proposition de directive du Parlement européen faite le 5 avril 2000 visant à l’interdiction définitive et permanente de la réalisation d’expérimentations sur des animaux pour les produits cosmétiques au sein de la Communauté Européenne. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 10 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe En France, les autorités en terme de législation des produits cosmétiques sont : • l’AFSSAPS (Agence Française Sanitaire des Produits de Santé), créée en 1998 qui dispose des compétences de police sanitaire applicables à tous les produits de santé destinés à l’homme. Elle est responsable des produits cosmétiques et de l’ensemble de la chaîne de production, fabrication et distribution. L’AFSSAPS prend les décisions au nom de l’Etat sur deux principes essentiels : la contradiction et la transparence. L’AFSSAPS jouit de pouvoirs de suspension, d’interdiction de tout produit et de toute activité. On peut citer les passages importants de la réglementation qui se rapporte à cette autorité : « l’ouverture et l’exploitation de tout établissement de fabrication, de conditionnement ou d’importation, même à titre accessoire, de produits cosmétiques(…)sont subordonnées à une déclaration auprès de l’AFSSAPS » « la fabrication des produits cosmétiques doit être réalisée en conformité avec les bonnes pratiques de fabrication dont les principes sont définis par arrêté des ministres chargés de la santé, de la santé, de la consommation, de l’industrie et de l’artisanat, pris sur proposition de l’AFSSAPS. • La DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) aura pour rôle dans l’industrie de la cosmétique de contrôler le respect des listes annexes à la directive 76/768/CE de restriction ou d ‘exclusion de certaines matières premières dans les produits. A l’échelle mondiale, on peut dire que les exigences européennes sont : - Plus grandes que celles des Etats Unis ou la législation des cosmétiques est dirigée par la Federal Food, Drug and Cosmetic Act. Les fabricants n’y sont pas contraints de soumettre leurs produits aux tests de sécurité(toxicologique, microbiologique,…), et il y a bien moins de substances interdites. - Un peu plus souples qu’au Japon où on a dû procéder à une dérèglementation pour permettre l’importation. 2. L’environnement économique Même si certains marchés semblent se comporter comme des marchés matures (Japon, Allemagne) ou si certains segments, tel que le soin du visage, semblent proches de la saturation, la croissance mondiale reste dynamique. En effet, des facteurs liés à la demande dynamisent le marché des cosmétiques. La mondialisation des comportements, par le biais des échanges, de la communication, des images et des valeurs communes dans les pays développés, nourrit le soutien de la DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 11 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe consommation. En France, selon la Fédération française de la parfumerie et des cosmétiques, chaque habitant dépense, en moyenne, 171 euros par an en parfum ou produits de beauté divers, ce qui lui semble être « un record du monde ». De nombreux pays d’Europe rattrapent leur retard de consommation sur de nombreuses catégories (soins du visage et du corps) par rapport à la moyenne France-AllemagneAngleterre : Espagne, Portugal, Italie, Irlande, Hongrie, Pologne, Grèce par exemple. De même en Amériques du Sud, le Brésil, l’Argentine et le Chili récupèrent pour se rapprocher de l’Espagne ou du Mexique. D’autre part, il existe des grands « réservoirs de croissance » comme la Russie et l’Europe de l’Est (incluant la Turquie), la Chine et l’Inde. Même s’ils présentent des évolutions chaotiques et des risques pays, le minimum de soins auxquels ils aspirent est en très forte progression. Dans ces zones émergentes, la progression du pouvoir d'achat et l'amélioration du niveau de vie fait apparaître une nouvelle clientèle dont le potentiel pourrait atteindre, sur les dix prochaines années, des niveaux vertigineux. Enfin, toutes zones confondues, ce mouvement est accéléré par des modes de distribution qui favorisent l'accès à la consommation des produits de beauté. L'année 2003, au cours de laquelle une reprise semble se profiler, pourrait être plus favorable à ce secteur qui a perdu son statut défensif. Dans cet univers encore très atomisé, les concentrations, facteur de relance, devraient continuer. 3. L’environnement social De nombreux phénomènes sociologiques tendent à favoriser la demande de cosmétiques : • Etre et paraître L’allongement de la durée de vie ainsi que l’importance accordée au paraître par la société actuelle, amènent depuis plusieurs années les femmes et plus récemment les hommes à vouloir conserver aussi longtemps que possible une apparence physique relativement jeune et attrayante. Cela va leur être possible grâce aux produits de soins et au maquillage dont le but sera, pour les premiers, de maintenir le capital jeunesse de ses consommateurs et, pour le second, de parfaire les traits du visage en en atténuant les défauts. • Recherche de bien-être et hédonisme Pour mieux appréhender l'univers de la beauté, un sondage téléphonique a été réalisé en 2002 par l'Institut d'Etudes Louis Harris, auprès d'un échantillon de 1012 personnes représentatives de la population française. Constat : 93 % des consommateurs attendent DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 12 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe d'un produit de beauté qu'il tienne des promesses d'efficacité, d'un produit de soin et d'hygiène qu'il procure plaisir et bien-être. Ressentir du plaisir dans l'utilisation de ses produits d'hygiène et de beauté, est devenu primordial aujourd'hui. Les caractéristiques organoleptiques jouent également un rôle déterminant dans le choix final du produit. En effet, parmi tous les critères de sélection pris en compte dans l'acte d'achat, le parfum est le critère n°1 avec 85 % de réponses positives, devant le prix, la texture puis la marque. De plus, on assiste à un regain d’hédonisme à savoir, faire du plaisir le but de sa vie. Or, soigner son allure en prenant soin de soi est un plaisir personnel que plus en plus de personnes s’octroient quotidiennement. Le bien être psychologique étant étroitement lié au bien être physique, l’esthétisme est aujourd’hui, comme peut l’être la nourriture, essentiel à l’équilibre de chacun. • Attrait des hommes pour l’esthétique Le marché des soins, que ce soit pour le visage ou le corps, qui jusqu’à il y a quelques années ne répondait qu’aux besoins féminins, doit faire face aujourd’hui à une nouvelle demande croissante, celle des hommes. Ces derniers n’éprouvent plus de honte à vouloir prendre soin d’eux, bien au contraire. Les exemples d’hommes fréquentant les instituts de beauté ou ayant recours à la chirurgie esthétique sont même de plus en plus fréquents. Les marques de soins ont donc vu s’imposer à eux la nécessité de créer de nouvelles gammes de produits adaptées tout particulièrement aux hommes qui réclament autant d’attention que les femmes. • Emancipation de la pré-adolescence Depuis quelques années maintenant, on a vu apparaître de plus en plus de préadolescentes désireuses de s’habiller et de se maquiller comme leurs aînées. Ces "lolitas", âgées entre 11 et 15 ans, sont une nouvelle clientèle à laquelle le marché se doit de s’intéresser. Leur principale motivation étant de paraître plus féminines, leur attention se portera d’avantage sur le maquillage que sur les soins. Le marché des cosmétiques est aujourd’hui, à peu de choses près, destiné à un consommateur, fille ou garçon, âgé de 7 à 77 ans. 4. L’environnement technologique Les innovations sont l’un des moteurs du marché de la beauté et les budgets de Recherche & Développement sont en constante augmentation en valeur absolue. Les nouveaux produits représentent une part importante des ventes annuelles pour de nombreux groupes comme l’indique le tableau ci-dessous. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 13 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Société Johnson & Johnson Estée Lauder L'Oréal LVMH Poids des nouveautés 5 à 10% du chiffre d'affaires 33% des ventes en volume réalisées par des produits lancés au cours des 3 années précédentes Lancement régulier de nouveaux produits dans toutes les marques et catégories de produits Plus de 2 000 nouveaux produits par an dans toutes les lignes grand public ou sélectives 391 brevets de base cosmétique et dermatologique en 1999 29% de chiffre d'affaires sur les produits de moins de 2 ans et 17% sur les nouveautés de l'année Plus que des crèmes, ce sont de véritables produits de technologie que les grandes marques de cosmétiques proposent aujourd’hui à leur clientèle. Les termes employés pour décrire le produit sont d’une complexité telle que la consommatrice peut avoir la sensation de subir une opération de chirurgie esthétique tout en étant dans sa salle de bain. Cela ne se limite pas aux crèmes antirides, il en est de même pour les crèmes pour le corps qui visent à réduire la cellulite par exemple. Voici quelques exemples de produits proposées par les marques de cosmétique sélective : Guerlain, Issima Successlaser « La plus précise des armes anti-rides Guerlain » « Offrez à votre peau la nouvelle "intervention" cosmétique contre les rides. Issu d’une technologie de haute précision, Successlaser est concentré en actifs qui pointent leur action sur la ride, à l’endroit même où elle prend naissance, comme pour la combler de l’intérieur. Retissée en son cœur et retendue en surface, votre peau retrouve toute sa plasticité » Lancaster, Youth Prolongator, Crème énergisante Intensive « Innovation absolue » « L’énergie est la source de la jeunesse de votre peau. Une ressource qui diminue après 30 ans. Véritable rechargeur cellulaire, "Youth Prolongator" révèle instantanément une peau plus belle, visiblement lissée, repulpée et lumineuse. Notre secret ? Le complexe "Bio-energetic" (brevet déposé) qui redonne à votre peau sa substance énergétique la plus essentielle au maintien de son aspect jeune. » DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 14 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Gatineau, Defi Lift 3D « Innovation technologique. Le lifting 3D (action en 3 dimensions dans l’épiderme) qui resserre le maillage de la peau. Effet Lifting 3D immédiat : le PEPTILIFT, complexe exclusif de protéines, crée un effet tenseur immédiat. Effet Lifting 3D durable : le FIXLIFT, molécule exclusive d’avant-garde, potentialise l’effet lifting dans le temps. Resultats visibles : les traits sont lissés, la peau est retendue, plus ferme, très confortable. » La publicité faite pour ces produits est à l’image de leur complexité. Tous les produits cosmétiques et plus particulièrement les soins pour le visage et le corps sont le fruit de recherches technologiques avancées. L’innovation technologique est indissociable de la cosmétologie, et c’est la plus importante contrainte dans ce secteur. Elle dénotera de la qualité des produits. Les départements de Recherche et Développement des grandes marques sont là pour mettre au point de nouvelles formules, faisant régulièrement l’objet de dépôts de brevet, leur permettant d’améliorer les produits existants ou d’en concevoir de nouveaux. B. Le micro-environnement 1. Les forces concurrentielles de M.Porter Nouveaux entrants Menace Fournisseurs Concurrents du secteur Pouvoir de négociation Clients Pouvoir de négociation Menace Produits substituts DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 15 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe • Intensité de la rivalité entre les concurrents existants Le marché des cosmétiques se compose de 192 entreprises en 1999, chiffre en baisse depuis 1996 en raison des restructurations des grands groupes industriels. On distingue : ! Les groupes spécialisés dans la beauté ou le luxe ! Les groupes spécialisés dans les biens de consommation ! Les groupes pharmaceutiques ! Les groupes indépendants Nous représentons dans les tableaux suivants leurs leaders respectifs et les poids moyens du secteur de la cosmétique (tous circuits de distribution confondus). LEADERS ! Groupes spécialisés dans la beauté ou le luxe L’Oréal : L’Oréal Paris, POIDS MOYENS ! L’Oréal : Soprocos, Lancôme, Laboratoires Garnier Cosmétique Active France, Paris, LaScad, Gemey Maybelline, Soproréal, Vichy, Parfums Sicos Cacharel ! LVMH : Parfums Christian Dior, ! Boots Healthcare Parfums Givenchy, Guerlain ! Shiseido International France ! Beauté Prestige International ! Estée Lauder ! Beiersdorf France : Nivéa ! Parfums Rochas ! Yves Rocher ! Coty France ! Clarins ! Puig : Parfums Nina Ricci, Parfums Paco Rabanne ! Unilever : Elida Fabergé ! ! Procter & Gamble France Laboratoire Lachartre ! PPR : YSL Parfums ! ! Henkel France ! Pamerco : Chanel, Bourjois Groupes ! Pierre Fabre Dermocosmétique ! pharmaceutiques ! Merck : Lipha Groupes spécialisés dans les biens de consommation Groupes indépendants Procter & Gamble : PPR : YSL Beauté Johnson & Johnson : Roc ! Merck : Monot ! Sisley ! Laboratoire Mayoli-Spindler ! Groupe Ales : Laboratoires Phytosolba, Laboratoires Liérac ! Laboratoire Vendôme DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 16 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Dans le circuit sélectif, on recense une vingtaine de marques, les plus vendues sur la période janvier-août 2002 étant les suivantes : HIT-PARADE DES SOINS VISAGE HIT-PARADE DU MAQUILLAGE en valeur cumul janvier-août 2002 en valeur cumul janvier-août 2002 Clarins Lancôme Lancôme Christian Dior Sisley Chanel Estée Lauder Yves Saint Laurent Christian Dior Guerlain Clinique Estée Lauder Biotherm Clinique Shiseido Clarins Guerlain Shiseido Helena Rubinstein Helena Rubinstein La Prairie Sisley Chanel Givenchy Lancaster Revlon Orlane Orlane, Carita Pupa, Yves Saint Laurent Caron Décléor Rochas, Kanebo Biotherm Piaubert, Armani, Phytomer Nina Ricci, Carita, Versace Source : Cosmétique Magazine, décembre 2002 DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 17 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Parts de marché maquillage en volume (en%) Shiseido Rubinstein 4% 5% Lauder 6% Autres 9% Lancôme 17% Dior 17% Clinique 7% Clarins 7% Guerlain 7% YSL 10% Chanel 11% Source : Cosmétique Magazine, juin 2002 Une concurrence fondée sur la concentration Le marché mondial de la cosmétique est un secteur très concentré. Le leader mondial, L'Oréal, détient 13 % du marché mondial. Les groupes spécialisés dans le luxe et la beauté cherchent à détenir des positions fortes sur l’ensemble des segments de marché et des circuits de distributions. Ces grands groupes ont une stratégie résolument axée sur la croissance externe, comme L’Oréal ou LVMH qui ont racheté des sociétés positionnées sur des niches (Hard Candy, Bliss pour LVMH ; Shue Uemura, Carson, Kiehl’s pour L’Oréal). L’Oréal se pose ainsi en principal prédateur sur le marché des cosmétiques. Cependant, les grands groupes de beauté et du luxe semblent avoir marqué une pause en 2002 pour privilégier leur croissance interne. Une concurrence fondée sur la différenciation Dans le circuit sélectif, la concurrence est fondée sur la différenciation de l’offre de produits cosmétiques. Elle passe par le lancement de produits innovants, qui permettent de se démarquer de la concurrence et de relancer la demande. Ainsi, aucune marque de produits cosmétiques ne se ressemble et l’enjeu est d’adopter un positionnement suffisamment différent pour être perçu comme unique aux yeux des consommateurs. Les marques ne se différencient plus uniquement par les qualités intrinsèques de leurs produits, mais aussi par l’image qu’elle auront su véhiculer et l’impact de leur campagnes publicitaires. Les produits cosmétiques bénéficient de l’image de la marque toute entière, de la mode au parfum phare. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 18 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe • Le pouvoir de négociation des fournisseurs Le pouvoir de négociation des fournisseurs est réduit du fait de la forte concentration du secteur des cosmétiques. En effet, la concentration a permis aux grands groupes de réunir leurs départements d’achat et de pouvoir ainsi bénéficier d’un pouvoir de négociation accru en termes de prix d’achat des matières premières. Ainsi, L’Oréal et Estée Lauder gèrent toutes leurs activités au moyen d’un système intégré au niveau des groupes. LVMH a introduit plus récemment, en 1998, des postes d’acheteurs au niveau de ses divisions qui vont alors gérer l’achat de fournitures (les emballages par exemple) pour les quatre sociétés de parfums et cosmétiques (Guerlain, Dior, Kenzo, Givenchy). Cela a permis d’augmenter le pouvoir de négociation du groupe : en centralisant les achats, le nombre de fournisseurs du groupe a été réduit et les coûts d’approvisionnements ont ainsi diminué par économies de champs. D’autre part, les fournisseurs des fabricants de produits cosmétiques sont très nombreux et face aux fabricants très concentrés, leur pouvoir de négociation s’amoindrit. Il s’agit des fournisseurs de matières premières (Quest - Charabot - Sederma - SACI - CFPA LCW :Colorants Wackheer - Lambert Rivière - Haarmann & Reimer) et des fournisseurs d’articles de conditionnement (Verreries Brosse - Pochet - Saint Gobain Desjonquières SOFAB - Valois - Auriplast – Cebal). Pour certaines matières premières, les fabricants procèdent également à l’appel d’offre. • Le pouvoir de négociation des clients Les clients des marques de cosmétiques du circuit sélectif sont : - les distributeurs : les grands magasins (Les Galeries Lafayette, Le Printemps, Le Bon Marché, La Samaritaine, BHV), les parfumeries indépendantes et les chaînes de parfumerie (Séphora, Marionnaud) ; - le consommateur final qui achète soit dans ces réseaux de distribution soit dans les boutiques propres de la marque (ex : Guerlain). Ces clients n’ont pas de réel pouvoir sur les fabricants de cosmétiques : leur choix, en distribution sélective, ne se base pas sur la variable prix. La relation entre les fabricants de produits cosmétiques et les distributeurs évolue très fortement. Dans les années 70 à 80, la notoriété des marques et le fait que la distribution soit atomisée a donné aux fabricants un poids important. En contrepartie, les fabricants ont eu des coûts d’exploitation importants : coût de reprises des invendus et coût de formation des détaillants. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 19 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Dans les années 90, avec la montée en puissance des GSA, ce sont les distributeurs qui ont vu leur poids augmenté. Le circuit sélectif s’est structuré autour d’enseignes fortes et les fabricants ont vu leurs coûts de référencement augmenter Aujourd’hui, les fabricants mettent en œuvre plusieurs moyens pour rééquilibrer le pouvoir de négociation : - L’intégration verticale : on peut citer LVMH qui rachète Séphora en 1997 (intégration vers l’aval) ; - La diminution du rôle des grossistes intermédiaires au profit de la livraison des points de vente en direct à partir de leurs propres plates-formes logistiques ; - L’intensification des efforts publicitaires pour pré-vendre les produits et en faire des incontournables pour les distributeurs ; - L’approche plus directe du consommateur : marketing direct, vente sur Internet. POUVOIR DE NEGOCIATION En faveur des fabricants Opérations nombreux de croissance fabricants interne (L’Oréal, En faveur des distributeurs pour Lauder, de Structuration du sélectif autour de chaînes de LVMH, parfumerie de taille croissante (Séphora, Wella…) mais aussi désengagement des activités Marionaud). beauté pour d’autres (Sanofi, Bristol Myers Squibb…) Diminution du nombre de parfumeries indépendantes. ou cession de marques jugées non stratégiques (P&G, Unilever) Resserrement du intégration disparition) ou nombre des et marques volonté (par Intégration verticale vers l’amont par les manifeste distributeurs : l’anglais Boots, le français PPR qui d’« ombrellisation » des marques les plus importantes constitue autour de Gucci/Saint-Laurent un pôle luxe, Séphora qui crée sa propre marque de cosmétiques. Intégration verticale : - Croissance rapide dans la première moitié de la par acquisition (LVMH avec le rachat et le décennie déploiement international de Séphora 90 du nombre de parapharmacies en indépendantes ou en chaînes, et des espaces santé parfumerie, DFS en duty free et travel retail, et le en grande distribution en France, Belgique. lancement en 2000 des sites de e-commerce Phénomène en relative stagnation en France. Sephora.com et e-luxury.com) - par croissance interne : daily spas en Amérique du Nord (Lauder), instituts en Europe (Clarins) DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 20 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe • La menace des nouveaux entrants La menace des maisons de luxe Avant de faire leur entrée sur le marché des cosmétiques, les maisons de luxe, quelque soit leur métier d’origine, pénètrent généralement le marché des parfums. Soit ces maisons se limitent à la parfumerie, soit elle décident de poursuivre leur diversification jusqu’aux cosmétiques, marchés relativement liés. Jusqu’à présent, seules les maisons de coutures ou bien les parfumeurs se sont lancés dans la cosmétologie. Or aujourd’hui, nombreux sont ceux qui n’ont pas encore investit ce marché et qui sont par conséquent susceptibles de représenter une menace prochaine pour les acteurs déjà présents. C’est le cas de : Annick Goutal, Christian Lacroix, Jean Patou, Lolita Lempicka… Les autres maisons de luxe, qu’elles soient spécialisées dans la maroquinerie, la joaillerie ou encore l’art de la table se limitent généralement aux parfums. Elles peuvent néanmoins, grâce à l’image qu’elles auront su véhiculer sur le marché de la parfumerie, envisager de se lancer dans les cosmétiques et être, dés lors, appréhendées comme de nouveaux entrants. On pourra citer : Boucheron, Bulgari, Cartier, Hermès, Lalique… Ces marques constituent une menace relativement forte dans la mesure où elles sont déjà présentes dans le secteur du luxe dont font partie les cosmétiques. Les barrières à l’entrée seront par conséquent moins importantes que pour une autre marque totalement extérieure au secteur. Cependant, certaines marques comme Cartier ne souhaitent pas se développer davantage, préférant se concentrer sur le cœur de leur métier. Certaines diversifications ont simplement permis de déposer la marque dans d’autres métiers et éviter ainsi l’utilisation frauduleuse de la marque. La menace des chaînes de parfumerie qui s’intègrent en amont C’est le cas pré-cité de Séphora qui vend désormais des produits sous sa propre marque Séphora Collection (la ligne maquillage étant la plus développée). Ces produits, mis en avant dans les points de vente, bénéficient ainsi de l’image sélective de l’enseigne et de la qualité des grandes marques présentes, tout en ayant des prix attractifs. Si les autres chaînes de parfumerie s’intégraient également vers l’amont, cela poserait un réel problème aux marques sélectives qui verraient leur part de marché se réduire, du moins pour les marques dont l’image et le positionnement ne sont pas assez solides. La menace est plus forte pour le maquillage, considéré comme plus éphémère que le soin qui nécessite une caution forte de la marque. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 21 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe La menace des enseignes de prêt-à-porter et de lingerie qui se diversifient Victoria’s Secrets, Gap, Zara, Etam et H&M proposent aujourd’hui des produits cosmétiques dans certains pays. Ces enseignes proposent essentiellement des parfums, des produits d’hygiène et de soin du corps. Les diversifications des boutiques de mode ne représentent pas une menace très forte pour les marques de cosmétiques du circuit sélectif étant donné qu’elles ont un positionnement moyen-bas de gamme et qu’elles ne s’adressent pas à la même clientèle : leurs cibles sont plus jeunes et moins fortunées. Les barrières à l’entrée du marché des cosmétiques On pourra retenir comme barrières à l’entrée du marché des cosmétiques : - La nécessité de disposer de moyens financiers très importants afin de financer la Recherche et le Développement qu’implique la cosmétologie. - Un niveau élevé de technologie avec d’ores et déjà un grand nombre de brevets déposés par les marques présentes sur le marché depuis plusieurs années. - Une surface de distribution relativement limitée : les produits cosmétiques de luxe faisant l’objet d’une distribution sélective, ils ne sont pas vendus dans les grandes surfaces mais dans des points de vente agréés. - L’importance accordée à l’image de la marque : il importe d’avoir un nom connu et reconnu pour la qualité de ses produits. Ce sont les maisons de luxe citées ci-dessus qui disposent déjà, pour la plupart, d’une bonne image de marque auprès des consommateurs et de moyens financiers relativement importants, leur rendant ainsi la pénétration du marché plus aisée. • La menace des produits de substitution On peut difficilement trouver des produits qui se substituent au maquillage et aux soins pour le corps et pour le visage. Néanmoins, les produits de luxe pourront très bien être remplacées par des produits de gamme inférieure tels que ceux que l’on pourra trouver dans les rayons maquillage et soins des grandes surfaces à savoir Nivea, Bourjois ou Gemey. La menace est réelle pour certains produits car ces marques tendent à proposer des produits de plus en plus innovants. Les produits cosmétiques haut de gamme peuvent être en partie remplacés par la chirurgie esthétique lorsque les clientes trouvent inefficaces les produits amincissants ou anti-rides notamment : la lipo-aspiration peut se substituer aux crèmes anti-cellulite et la toxine botulique aux crèmes antirides. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 22 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Les compléments nutritionnels (Oenobiol par exemple) peuvent également se substituer à certains produits cosmétiques : gélules de préparation et d’activation du bronzage, gélules drainantes, gélules anti-âge… 3. Les Facteurs-clés de succès Sur le marché des cosmétiques en circuit sélectif, toute entreprise doit maîtriser un certain nombre de facteurs-clés de succès si elle veut être profitable. Des produits de qualité Sur le marché sélectif, les produits cosmétiques doivent bénéficier des matières premières les plus riches et les plus nobles, ainsi que des concentrations en principes actifs plus fortes que dans la grande diffusion. Ils doivent faire l’objet de contrôles, tests dermatologiques et de tolérance approfondis avant leur introduction sur le marché. La qualité concerne aussi celle des conditionnements qui sont révélateurs de l’appartenance au luxe. Un marketing de pointe Le secteur des cosmétiques, bien que fortement concentré, regroupe énormément de marques. Les cosmétiques répondant à des besoins particuliers de soin et de beauté, la politique de produit est fondamentale : segmentation, ciblage et positionnement sont des étapes déterminantes dans la stratégie d’une marque. La concurrence du secteur est telle qu’une nouvelle marque qui ne proposerait pas sa propre « vision » de la beauté par rapport aux concurrents déjà existants ne résisterait pas longtemps. La cosmétique est également un secteur où il faut régulièrement faire appel à de solides études de marché et à la veille concurrentielle. Une communication efficace Dans le secteur de la beauté, où la mise en scène et l’appel au rêve sont fondamentaux, les budgets publicitaires sont lourds et peuvent atteindre jusqu’à 25 % du CA (L’Oréal est le premier investisseur média en France). La communication des produits cosmétiques du circuit sélectif est d’autant plus stratégique qu’il ne s’agit pas d’une communication de masse du type télévision mais d’une communication presse essentiellement, où toutes les grandes marques monopolisent les espaces, de plus en plus convoitées également par les marques du « mass-market ». Le client du circuit sélectif est un client qui s’est renseigné au préalable sur les produits ou qui a vu une publicité ou un article dans un magazine. La réussite d’un lancement passe donc par une communication efficace et des relations presse DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 23 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe bien travaillées. L’enjeu de cette communication est l’image de marque, qui bénéficie souvent de la caution d’une star (stratégie des marques du groupe L’Oréal qui adoptent des égéries pour chaque ligne de produits). Une formation solide et régulière de la force de vente Les produits cosmétiques étant des produits techniques (pour le soin notamment) nécessitant souvent des conseils au moment de l’achat, toute marque se doit de ne pas négliger la formation de sa force de vente. Celle-ci est en effet garante de la bonne communication des avantages produits auprès de la clientèle et de l’image de la marque sur le marché. L’expertise des conseillères de beauté de la marque aura des conséquences directes sur la crédibilité de celle-ci. Une internationalisation du marché Les produits cosmétiques du marché sélectif appartiennent au luxe et c’est grâce à la mondialisation des ventes que la légitimité de ces marques se crée. Mais l’internalisation permet surtout aux fabricants de cosmétiques, qui ont des investissements lourds en recherche et développement, de réaliser des économies d’échelle et d’être compétitif : « les dépenses de recherche ne peuvent être amorties qu'à l'échelle de la planète », justifie Lindsay Owen-Jones, le PDG du groupe L’Oréal. A titre d’exemples, L’Oréal a réalisé 51 % de son chiffre d’affaires hors de l’Europe de l’Ouest en 2001 et chez Clarins, l’activité internationale a représenté 82,1 % du chiffre d’affaires consolidé en 2001. Une capacité à innover Comme nous l’avons vu dans l’analyse de l’environnement technologique du marché, l’innovation est au cœur de la politique de produit des cosmétiques. Les fabricants de cosmétiques se doivent de lancer régulièrement des produits innovants au risque de perdre leur visibilité sur le marché et de ne plus être présents dans la presse féminine et spécialisée. Le Groupe L’Oréal consacre chaque année environ 3 % de son chiffre d'affaires à la recherche. LVMH a opté pour le regroupement des équipes de recherche & développement des marques de parfumerie et cosmétiques du groupe pour bénéficier de synergies. Mais il ne suffit pas d’innover, il faut s’assurer que les nouveaux produits correspondent à la demande. Dior a ainsi misé sur l'éthologie : « Cette nouvelle discipline nous aidera à mieux cerner les besoins, les comportements et les attentes de l'être humain, estime Yassman Rousta, directrice-gestionnaire à la performance. Par le biais de notre Observatoire DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 24 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe DiorScience, nous colligerons de l'information auprès de 3 200 femmes réparties dans sept pays différents (Brésil, Japon, etc.). Puis nous évaluerons chaque produit pour savoir s'il répond à leurs attentes. Car contrairement à l'industrie pharmaceutique qui peut ‘imposer' un médicament en cas de maladie, nous ne pouvons imposer un cosmétique déplaisant pour cause de beauté. » Nous présentons ci-après quelques facteurs d’échecs et de réussite des innovations : Facteurs d'échecs - Facteurs de succès - Etudes insuffisantes, positionnement pauvre Marché pas prêt, changeant Distribution inadéquate, non motivée Réponse de la concurrence Produits ne répondant pas à un besoin réel ou pas unique Moyens financiers et capacités de l'entreprise insuffisants, problèmes organisation Technologie mal maîtrisée, manque de qualité Erreur dans le merchandising du produit Segment de marché trop petit Avantage sur le concurrent non marqué Produit présentant une originalité perçue par le consommateur comme un avantage certain face à la concurrence Marché mûr pour l'innovation Maîtrise technologique de la fabrication Merchandising cohérent et adapté à la demande du client DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 25 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe 2ème partie : Les acteurs du marché des cosmétiques de luxe et leurs innovations Avant d’aborder les stratégies mises en œuvres par les marques de cosmétiques de luxe, il semble nécessaire de définir le terme d’innovation et de distinguer les différentes formes que celle-ci peut prendre. I. Innovations : définitions A l’origine de l’innovation : l’invention. Or, celle-ci devient innovation à partir du moment où elle est commercialisée. L’innovation ne se limite pas au progrès technique, elle peut être de plusieurs ordres. En cosmétique on distingue deux grands types d’innovations : • Les innovations produit qui sont directement liées au produit. • Les innovations marketing et commerciales qui touchent aux moyens mis en œuvre pour promouvoir le produit. A. Les innovations produit Ce type d’innovation réclame un marketing très spécifique : l’entreprise novatrice doit définir ou redéfinir son activité, segmenter ou resegmenter son marché, élaborer ou réviser son offre, évaluer ou réévaluer la concurrence et se positionner par rapport à elle, comprendre le nouveau comportement des consommateurs. Les innovations produit portent sur les caractéristiques physiques du produit : nouveau procédé de fabrication d’un produit, composant nouveau dans le produit, conditionnement inédit, packaging original… Généralement, ces innovations réclament beaucoup de technologie, beaucoup de capitaux et sont plus risquées que les innovations marketing. Les innovations produit sont cependant plus difficilement imitables que les innovations dites commerciales. La stratégie adoptée par les entreprises qui lancent une innovation produit est la stratégie de niche. En effet, c’est une stratégie de création de marché qui consiste à se placer sur des niches où on apporte des solutions uniques à un problème, la niche étant un segment de DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 26 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe marché autour duquel on parvient à élever des barrières pour empêcher des concurrents d’y entrer. Ce n’est pas forcément un marché de petite taille mais plutôt un marché protégé. B. Les innovations marketing et commerciales Ce type d’innovation relève d’un marketing industriel « pur et dur », fondé sur la connaissance de la concurrence pour chaque segment accessible et sur un positionnement de l’offre qui cherche à maximiser sa valeur aux yeux des clients. Ces innovations marketing portent sur le processus de commercialisation d’un produit ou d’un service : un nouveau mode de distribution, un nouveau support publicitaire… Elles présentent une faible intensité capitalistique et une faible intensité technologique. Les entreprises qui attaquent le marché avec une innovation marketing adoptent une stratégie de volume. C’est une stratégie de prise de part de marché ou de substitution : la concurrence constituant l’essentiel du problème, le seul moyen de grossir est de prendre des parts de marché aux concurrents en place. Nous allons procéder à l’analyse de différentes innovations engendrées par les marques de cosmétiques. Nous y retrouverons en l’occurrence la distinction entre les deux sortes d’innovations dans l’analyse. II. Innovations produit Les soins et le maquillage ne disposant pas des mêmes caractéristiques techniques et fonctionnelles, il est apparu plus judicieux de les distinguer au regard des innovations dont ils ont pu faire l’objet. A. Les soins Les grandes percées de l'industrie cosmétique datent à peine d'une trentaine d'années. « L'étude de la peau est récente, admet Claude Bouillon, directeur en Recherche et développement pour le groupe L'Oréal. Elle a été négligée pendant des années car cet organe n'était pas associé à des maladies mortelles comme le coeur, par exemple. Quant aux dermatologues, ils ne s'en préoccupaient que lorsqu'elle présentait des symptômes de DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 27 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe maladie.» En 1979, la mise au point des premiers outils mesurant les propriétés d'une peau saine (élasticité, hydratation, etc.) a toutefois enclenché une révolution cosmétique. En 1986, Dior lançait ses fameux liposomes. À l'heure actuelle, la tendance est aux nanoémulsions. « Le premier produit du genre a été Lait-en-Eau de Lancôme, rappelle Patricia Pineau, directrice de la communication en recherche chez L'Oréal. Des procédés haute pression nous permettent désormais de disperser de microscopiques gouttelettes d'huile dans l'eau. Le produit final est transparent et léger comme l'eau et ce, même s'il regorge de matières grasses.» Autre merveille du cosmétique moderne : les nanoparticules, grosses comme le millième d'un grain de sable. « Les grains de poudres ou de nacre dotés d'un tel diamètre sont dits soft focus, explique M. Bouillon. Ils sont si fins qu'ils renvoient la lumière dans toutes les directions. Du coup, ils l'empêchent de frapper les rides de plein fouet. Ce qui estompe leur apparence. » On trouve également sur le marché des crèmes composées de bulles de poudres remplies d'air. La crème libère l'air et les poudres lors de l'application. L'heure est aussi aux produits quickbreak (ou rhéofluidifiants). « Ces produits réagissent avec la surface sur laquelle on les applique, résume M. Bouillon. Un gel ou une poudre donnera ainsi une sensation de liquide, une fois étalée sur la peau. » Et voilà pourquoi les poudres liquides d'Estée Lauder ou de Prescriptives portent si bien leur nom. Au rayon des produits solaires, plusieurs nouveautés sont à surveiller. Mis au point par L'Oréal, le Mexoryl XL est un filtre UVA-UVB déjà reconnu en Europe et au Japon. Il en va de même pour le Tinosorb M, un pigment issu du groupe pharmaceutique Ciba-Geigy. En plus de bloquer les UVA et les UVB, le Tinosorb M est le premier écran pouvant être vaporisé sur la peau. Il est déjà inclus dans les produits solaires européens d'Avène et de Roc. Aujourd’hui, le but essentiel des soins est de veiller à l’hydratation de la peau tout en respectant une législation qui n’autorise que les mentions des « couches supérieures de l’épiderme ». Avec l’allongement de la durée de la vie, le grand cheval de bataille du soin se situe autour du problème de vieillissement de la peau. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 28 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Le liposome Les liposomes sont des petites vacuoles d’environ 0.1 micromètre, chargés d’agents actifs. Leur structure s ‘apparente à celle de la membrane cellulaire et permet ainsi d’y encapsuler des principes actifs et de les véhiculer au sein de l’épiderme ses atouts principaux sont : - la solubilisation de principes actifs peu solubles dans l’eau - la libération des actifs programmée dans le temps - la protection du principe actif - le ciblage il peut même renfermer plusieurs actifs à la fois : Merck a d’ailleurs réussi à synthétiser un liposome encapsulant trois actifs qui agissent en synergie. Il y a eu un réel décalage entre la découverte de ce vecteur et son administration ce qui montre bien les difficultés scientifiques entre un concept et son devenir sur le terrain. Dans le domaine de la cosmétique c’est Dior qui a réussi, en 1986, avec Capture le premier système de livraison d’ingrédients de liposome. Clarins : le complexe anti-pollution Poussières, cigarettes, fumées industrielles, gaz d’échappement, toutes ces formes de pollution augmentent la quantité de radicaux libres produits par l’organisme et accélèrent ainsi le processus de vieillissement de la peau. Les peaux irritées, sensibles sont de plus en plus nombreuses, les peaux sont plus réactives, elles se dessèchent. Les Laboratoires Clarins ont donc formulé un complexe anti-pollution à base d’extraits végétaux, agents hydratants et écrans solaires. Il peut paraître simple de breveter un complexe de molécules et de le breveter en mettant en avant une innovation technologique. En réalité cela n’est pas si aisé qu’il n’y paraît car cette association de molécule doit être elle-même stable et stabilisé DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 29 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe au sein de la formule, ce qui demande des mois, voire des années d’expérimentation. Le complexe a été breveté en 1991 et depuis utilisé dans tous les soins de jours Clarins. Kenzoki de Kenzo : des produits zen et ludiques Kenzo est entré en automne 2001 sur le marché des cosmétiques en lançant sa ligne « bien-être » Kenzoki. A base d’eau végétale extraite de quatre plantes, cette ligne est composée de 20 produits répartis entre 4 gammes : Energisante pour la feuille de bambou, Euphorisante pour la fleur de gingembre, Relaxante pour le lotus blanc et Sensuelle pour la vapeur de riz. Les produits pour les « zones spécifiques » sont particulièrement innovants : - le « Duo suave pour lèvres sucrées » est un stick pour les lèvres double emploi : d’un côté, on exfolie avec des minuscules grains de sucre, de l’autre on hydrate, apaise et assouplit les lèvres. - Les « Etoles parfumées relaxantes » à déposer sur le visage, sur le coup ou sur une autre partie du corps, sont imbibées d’une lotion douce enrichie en eau végétale de lotus blanc, pourvue en oligo-éléments, huile essentielle et sels minéraux. - Les « Glaçons parfumés pour le corps » sont à sortir du congélateur : « Peut se pratiquer en duo. Rituel sulfureux pour peaux chaudes, cherchant sensations épidermiques ». - Le « Stick frisson zone sensorielle » s’utilise sur les tempes, la nuque et les poignets. Ces produits sont innovants pour plusieurs raisons : - Ils utilisent l’eau végétale extraite sans chimie. - Ils sont fondés sur l’aromacologie, avec les fragrances des 4 plantes exotiques. - Leur design est original, par le contraste sophistiqué entre la brillance du décor et l'aspect mat, translucide et doux (chaque packaging a nécessité pas moins de 10 passes successives). Origins et les vertus du thé blanc DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 30 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Sauf pour les connaisseurs, le thé blanc est pratiquement inconnu. Sa rareté vient du fait qu'il est très peu disponible et reste très onéreux. Peu de marques cosmétiques y ont aujourd'hui recours. Origins a néanmoins lancé en « Un Monde Parfait Crème Hautement Hydratante pour le corps au thé blanc », un produit innovant et étonnant. De nos jours, ce thé connu sous le nom de Yinzhen - ou thé blanc aux aiguilles d'argent - est principalement cultivé en Chine et en particulier dans les montagnes de la province de Fujian. Il ne peut être cueilli que pendant de courtes périodes, au printemps, lorsque ses bourgeons blancs éclosent à peine. Il faut plus de 80 000 pousses cueillies à la main pour produire environ 500 grammes de ce thé parfumé. Le thé blanc possède par ailleurs la plus haute concentration de polyphénols, ces derniers étant considérés comme étant l'un des meilleurs antioxydants aujourd'hui disponibles. Ces puissants phytochimiques aident à améliorer les défenses de désintoxication du corps et à supprimer l'impact des radicaux libres. On trouve les polyphénols dans plusieurs sortes de thé, dont le thé vert. Mais lors du processus de séchage et de chauffage utilisé pour ces autres thés, une vaste quantité de polyphénols se trouve détruite. Le processus de séchage réduit au minima permet donc au thé blanc de garder son état le plus pur et le plus énergétique : le thé blanc provient du bourgeon de la plante dont l'énergie est à son plus haut potentiel, d'une part, d'autre part, une fois cueilli, le thé blanc n'est pas roulé ou oxydé mais simplement flétri et séché par le soleil. La puissance antioxydante du thé blanc devient dès lors trois fois plus importante que celle du thé vert. Le thé blanc protège la production des lipides dix fois mieux que le thé vert. Son action est plus efficace aussi que la vitamine C et E utilisées seules. Un Monde Parfait utilise le thé blanc en association avec de l'extrait de noix, de la vitamine C et de la vitamine E. Cette combinaison apporte la meilleure forme de protection antioxydante pour neutraliser les effets dévastateurs des radicaux libres et ainsi favoriser la production de lipides épidermiques. La révolution des tubes Le marché des tubes plastiques qui domine le monde de la cosmétique, en sélectif ou en parapharmacie, a littéralement explosé depuis 1999. Le tube est apprécié parce qu’il exprime un retour à l’authentique, aux produits d’antan. Le tube cosméto a fait sa révolution. Aujourd’hui ce n’est plus seulement un emballage standard dont seul le décor ferait l’authentification. Les possibilités de formes et de bouchages exclusifs sont utilisées comme de nouveaux leviers, et ce principalement dans le sélectif. Au delà de la forme, les marques DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 31 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe expriment des demandes de plus en plus fortes sur les sensations, que ce soit la souplesse ou le toucher. On parlera de « soft touch ». Dans le luxe, le tube en général et son décor en particulier vont devoir répondre à la sophistication, qui est une donnée de base dans ce segment. Or, la grande innovation des tubes concerne leurs propriétés barrières et leur caractéristiques de compatibilité avec la formule. En effet, la plus grande fragilité des formules et la tendance à la réduction des conservateurs en soins, jugés responsables d’allergies, amènent les fabricants à travailler sur de nouvelles réponses pour conserver au produit une qualité constante, du début à la fin de son utilisation. Ils travaillent d’abord à renforcer l’effet barrière des matériaux, en développant notamment de nouveaux vernis spécifiques qui permettent de faire progresser le niveau de protection des plastiques monocouche, à des coûts inférieurs à la coextrusion. Mais si les vernis externes ou les coextrudés offrent une barrière convenable, c’est l’aluminium, qui reste néanmoins le plus rigoureux. Une autre réponse à cette demande de protection du produit contre les contaminations extérieures : l’airless. C’est un procédé qui empêche le retour d’air et de produit, qui après avoir été pollué, vient contaminer à son tour la formule, à l’intérieur de l’emballage. La troisième réponse en matière de sécurité : les tubes monodoses permettant des formules totalement dépourvues de conservateurs car on ne les utilise qu’une seule fois. Beaucoup plus réactif que le soin, le marché du maquillage reflète le dynamisme de ses acteurs. B. Le maquillage L’innovation restant le principal levier de croissance, on constate depuis quelques années, une perte du rôle statutaire du maquillage au profit d’une dimension plus créative. Du packaging des produits jusqu’aux produits coup de cœur qui durent le temps d’une saison en passant par le lancement, chaque année, de nouvelles collections, le maquillage souhaite offrir le maximum de possibilités d’évolution. On notera par ailleurs l’apparition du concept de maquillage évolutif : il faut être le plus réactif possible aux tendances en offrant les dernières couleurs, les textures les plus nouvelles mais avec des produits qui restent néanmoins faciles à porter. Exister en maquillage impose un niveau d’exigence et de technologie de plus en plus élevé. Ainsi, les DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 32 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe techniques d'extrusion (menées sans air et sous haute pression), empruntées à l'industrie des plastiques, ont permis l'obtention de rouges à lèvres poids plume malgré leur forte charge en poudres et en cires. À l'inverse, les nouveaux mascaras ne sont plus à base de cires. On utilise plutôt des mélanges de latex, ceux-ci s'étalant mieux sur les cils et les gainant sans les empeser. Plusieurs exemples ainsi que l’analyse d’un succès illustreront cette innovation produit notable en maquillage. Divers exemples d’innovation Parmi les auteurs d’innovations maquillage les plus récentes, on retrouve Christian Dior qui lança en cette fin 2002, un must éphémère pour Noël, à savoir un boîtier contenant deux teintes de rouge dont la sangle, au logo Dior, est à accrocher au poignet, à la ceinture ou au sac. Très investie dans l’innovation produit, Estée Lauder joue, avec ses ombres à paupières Dimensions, le contraste du cercle dans le carré et coule une goutte de couleur dans un cube de verre façon glaçon, créant ainsi « un produit pur et sophistiqué, mais épuré, novateur et inventif ». Et, parce que les femmes sont de plus en plus actives et qu’elle ont besoin de se maquiller n’importe où, le sculpteur argentin Pablo Reinoso a crée pour Givenchy en 1999 un étui à rouge à lèvres tout à fait inédit : le Rouge Miroir. Gainé d'un brillant métallique, il est fait de lignes courbes, ovalisées, mais structurées. Le miroir fait corps avec le tube pour associer pour la première fois luxe, esprit couture et fonctionnalité. Ainsi, plus besoin de sortir le miroir du sac puisqu’il est incorporé dans l’étui du rouge à lèvre. Ce nouveau concept a été par la suite appliqué à toute la ligne de maquillage. Son design est futuriste et pratique, sculpté et épuré jusqu’à la pointe du capot miroir. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 33 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Le rouge miroir La laque miroir Le mascara miroir Bien que l’innovation en maquillage soit plus particulièrement notable sur le plan du design, les grandes marques de cosmétiques tendent de plus en plus à créer des produits maquillage assimilés à des soins. On peut ainsi constater une innovation grandissante sur les matières premières. Nina Ricci le prouve en proposant une ligne « prêt-à-porter de peau » qui associe une texture stretch gainante à un léger parfumage de ces « rouge-àporter » qui sont un accord floral-fruité-vert. Pour les lèvres toujours, la technique micro-fil des rouges Matte Silk Lipsticks d’Armani allie à une texture confortable et une couleur intense une tenue longue durée due à cet effet de maillage qui emprisonne les pigments et les mêlent à des nacres sélectionnées pour réfléchir la lumière. Brillance et matité habillent les lèvres six heures durant ! La gamme miroir proposée par Givenchy peut également se vanter de disposer de cet atout, ses rouges et laques hydratant les lèvres de façon prolongée grâce à un actif antidesséchant (complexe ccl : confort/color/light). On notera également la présence de filtres anti-UVA et UVB qui protègent des méfaits du soleil. Un succès d’innovation : Les météorites de Guerlain En 1987 Guerlain lance les Météorites, poudre pour le visage qui se présente sous la forme de billes multicolores : " La lumière vient du ciel " Ces billes sont contenues dans un écrin doré et multicolore façon poudrier classique. Par ce terme on entend boite cylindrique, qui contient usuellement une poudre libre, non compacte, relativement grande. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 34 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Ces billes, à base de talc, sont parfumées et ont pour vocation d’illuminer le teint tout en préservant la couleur de sa carnation tout en lui donnant un aspect légèrement satiné. Elles ont la spécificité de capter divinement la lumière. En effet, chaque teinte de bille a une action spécifique sur le teint : Le vert atténue les rougeurs Le mauve élimine la grisaille de la peau Le rose et le jaune donnent bonne mine Le blanc éclaircit et illumine le teint Les Météorites de Guerlain font appel à nos principaux sens : la vue pour leur forme ainsi que pour celle de leur écrin, le toucher pour leur texture et enfin l’odorat pour le parfum qui s’en dégage. Les Météorites ce sont à la fois : - Un univers ludique et enchanteur mêlant l'innocence de l'enfance à une féminité subtile. - Des teintes pastels lumineuses et une réelle innovation couleur avec des nacres ultra-fines et des reflets changeants. - Des textures inédites et gourmandes. - Un produit aux effets magiques de mise en lumière du visage pour un résultat naturel. - Un écrin précieux et raffiné, fidèle à l'esprit Guerlain. Pour cette poudre, Guerlain crée, dans le même esprit, un pinceau dont la couleur des poils rappelle la couleur des Météorites. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 35 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Lors de leur lancement, les Météorites sont un véritable événement maquillage. Ces billes étaient à la point de l’innovation. Cette innovation n’est pas technologique dans la mesure ou les composantes de cette poudre n’ont pas fait l’objet d’un brevet. L’innovation relève ici de ce que l’on peut appeler le packaging. Toute l’originalité de ce produit revient à sa présentation. C’est la première poudre, qui se présentait sous cette forme, à savoir des billes. En effet, toutes les poudres disponibles sur le marché des cosmétiques sont, à l’époque, soit libres, d’où leur nom, soit compactes c’est à dire que la poudre aura été pressée et se présentera sous forme solide en un seul bloc. Le principe des Météorites se rapproche de celui de la poudre compact dans la texture étant donnée que leurs particules ne se séparent qu’au contact du pinceau, ou encore des doigts. Néanmoins, aucune marque de cosmétiques n’avait, jusqu’alors, proposé de poudre sous forme de billes. Ce qui rend ce produit d’autant plus novateur est le fait que ces fameuses billes soient de différentes couleurs. Bien qu’une poudre classique soit composée de divers pigments, on ne les distingue pas. Ici, on est en mesure de les dénombrer et on apprend que chacune de ces couleurs à un rôle spécifique. Cette innovation a, depuis, inspiré d’autres marques telles que Chanel qui a lancé Perles, poudre soleil compactée dans des billes multicolores. Les Perles de Chanel sont néanmoins bien moins nombreuses et ne se mélangent pas étant donné qu’elle sont maintenues dans leur écrin. Face au succès des Météorites, Guerlain lancera la poudre compact, ou pressée, du même nom et pour l'an 2000, la famille Météorites s'agrandit et accueille de nouveaux produits ludiques et innovants, fidèles à l'esprit des billes telle que la poudre pour le corps, également présentée sous forme de billes. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 36 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Afin d’accompagner les innovations technologiques dont elles font preuve, les marques de cosmétiques jouent la carte du marketing et lancent des opérations commerciales qui leur permettront de se faire connaître ou de consolider leur positionnement sur le marché. On parlera ici d’innovation marketing et commerciale. III. Innovations marketing et commerciales Communiquer différemment, qu’il s’agisse de pub ou de communication terrain, est un plus pour les marques et dénote d’une volonté d’innovation toujours plus marquée. On pourra citer quelques marques qui auront fait preuve d’ingéniosité dans ce domaine pour séduire une nouvelle clientèle ou tout simplement dans l’optique de maintenir le lien avec une clientèle déjà présente. On distinguera les opérations commerciales des opérations purement marketing. A. Les opérations commerciales Show Oz chez Sephora pour Lancôme Pour faire bouger son image auprès des jeunes, Lancôme a monté l’opération OZ Sephora du 19 mars au 1er avril 2002. Cette évènement sans précédent, lancé avec un budget pub de 690 000 €, a permis d’animer 42 points de vente Sephora pendant une semaine. Cinq maquilleurs ont animé le magasin des Champs-Élysées quinze jours durant. Ce point de vente phare a également été le théâtre d’un show de Fred Farrugia, maquilleur vedette. Premier bilan de cette opération : en mars, Lancôme a vu ses ventes, tous axes confondus, progresser de 30%. Des shops-in-shops Guerlain à Paris Deux enseignes de parfumerie vont profiter de shops-in-shops Gueralin, jusqu’ici réservés aux grands magasins (Galeries Lafayette, Bon Marché, Samaritaine). Une initiative destinée à conquérir de nouvelles clientes qui ne fréquentent pas les boutiques exclusives de la marque, sans pour autant remettre en cause le principe de ses boutiques à Paris. Chez DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 37 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Sephora, il s’agit d’une opération temporaire, durant trois mois (en place depuis le 20 novembre), qui occuper les 60m2 de l’espace culturel situé à gauche en entrant. Cette boutique, entièrement décorée à la feuille d’or, est animée par les conseillères beauté de la marque. Dédiée à tous les domaines d’activité (soin, maquillage et parfums), elle doit permettre de la redécouvrir dans une ambiance festive. Cette opération se déroule dans le cadre d’un contrat de concession, chez Sephora comme chez Marionnaud. Ce dernier a opté pour une période d’un an renouvelable et des corners au look blanc et or des boutiques Guerlain qui seront implantés sur 12 à 15m dans deux magasins : aux Trois Quartiers et rue de la Convention et toute l’offre Guerlain sera concentrée. Stephane Marais : un espace maquillage modulable La grande originalité de cette boutique implantée au 217, rue Saint-Honoré à Paris est le changement de décor qui a lieu tous les trimestres. Ce nouveau concept évolutif permet à la marque de se démarquer des concurrents comme Mac, Origins ou Lora Lune. Tous les trois mois, les meubles, les sofas, le comptoir sont déplacés. Les murs, dépourvus de linéaires, se couvrent de graffitis, de photographies, de lumières au gré de thématiques précises. La boutique est simple en apparence, mais plus complexe en réalité. En effet, les douze meubles sont montés sur roulettes afin d’être déplacés facilement. S’ils ont tous la même structure (stockeurs et testeurs), ils sont en revanche réalisés à partir de matières différentes : aluminium, corian, bois de Cuba, métal oxydé. « Les meubles changeront eux aussi de parure. Pour certains, il suffira de coller des photographies ou d’apposer des accessoires de décoration magnétiques, suggère Sergio Calatroni. D’autres seront retouchés dans des ateliers français ou italiens ». Stéphane Marais et Sergio Calatroni n’excluent pas de faire appel à des photographes, à des artistes peintres ou à des taggers pour relooker le mobilier ou l’intérieur de la boutique. Shiseido La Beauté : alliance de l’art et des cosmétiques A la frontière de l'art et du soin, Shiseido a inauguré en juillet à La Madeleine l'espace SLB (Shiseido La Beauté) sur 187 m2 pour aborder la beauté comme un art de vivre. En ce lieu d'échange et de découverte, conseils, soins et maquillage sont proposés dans le Cosmetic DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 38 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Lounge, alors que Le Studio a pour objectif de communiquer autrement tendances beauté et courants artistiques. Contrairement à la Beauty Gallery de Berlin et au Studio de New York, SLB a été conçu par la filiale européenne pour les consommateurs européens. En cela, elle se distingue sur plusieurs points des précédents espaces Shiseido. « Le projet a été lancé il y a deux ans par Ryoichi Hara, alors PDG de Shiseido Europe. Il a été développé à Paris et régulièrement soumis au siège social », affirme Shuichi Tanaka, actuel PDG de Shiseido Europe qui ne cache pas la priorité du groupe : asseoir la notoriété de la marque en France et, de façon plus globale, en Europe. Pour ce faire, il a imaginé un lieu plus proche du showroom que de la boutique traditionnelle, construit autour d’une image contemporaine voire futuriste d’une beauté à la fois cosmétique et artistique. SLB s’articule autour de ces axes : produits et culture. Il s’ouvre sur un premier espace baptisé « Cosmetic Lounge » réunissant toute l’offre Shiseido. Les murs sont décorés de boîtes en inox ou en plexiglas sur lesquelles sont posés les nouveautés ou les cosmétiques vedettes de l’animation du mois. Dans des tiroirs, des testeurs sont à la disposition des clientes. Un atelier permet aux cinq conseillères de maquiller ou de faire une manucure gratuitement. Une fontaine, visible de l’extérieur, propose des échantillons de parfums ou les nouveautés à ceux que l’on qualifie davantage de visiteurs que de consommateurs. « Certes, nous vendrons les produits cosmétiques et le parfum. Mais on ne doit absolument pas ressentir de pression commerciale. La vocation première de SLB n’est pas de vendre », déclare Shuichi Tanaka. Adossée au Cosmetic Lounge, une cabine de plus de 10 m2 où sont dispensés des soins du visage payants. Son design, clin d’œil au monde végétal, se veut plus chaleureux. Dans la continuité du Lounge, le Studio, second volet de SLB. Cette salle de 70 m2 est consacrée à l’art. Le décor se veut très neutre, sobre sans être minimaliste (mur blanc, sol en dalles d’ardoise) pour mieux s’adapter aux différentes manifestations. Le Studio est équipé d’une fausse cheminée et de cubes en bois qui font office de tabourets. « C’est davantage un lieu d’interventions que d’expositions », précise-t-on chez Shiseido Europe. Quatre fois par an, il sera confié à un créatif dont l’objectif sera de communiquer sur la beauté. Le coup d’envoi sera donné, en juillet avec le maquilleur de la maison, Tom Pécheux, autour du travail qu’il effectue pour les défilés de mode. Les murs du Studio s’habilleront pour l’occasion de pellicules de films montrant les différents gestes de maquillage de Tom Pécheux. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 39 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe B. Les opérations marketing Clarins à la conquête des hommes Comme nous l’avons abordé précédemment, les hommes attachent de plus en plus d’importance à leur paraître. Les soins pour hommes représentent ainsi un enjeu majeur pour les marques de cosmétiques qui sont de plus en plus nombreuses à exploiter ce marché très porteur. Clarins en fait partie puisqu’elle s’est lancée sur le marché des soins masculins en septembre 2002 avec sa ligne de soin Clarins Men. Cette ligne innove avec l’adoption de tout un langage graphique. Les hommes ayant plutôt tendance à apprécier les messages clairs et efficaces, la marque a fait figurer sur les étuis deux pictogrammes évoquant l’usage et l’action de chaque produit. Pour la marque, « il s’agit de codes visuels que les hommes perçoivent rapidement, et même d’un langage universel très faciles à mémoriser parce qu’il met en avant les fonctions symboliques du produit ». Les neuf premiers produits Clarins Men, lancés en septembre, constituent une première étape. La gamme sera complétée, d’ici à 2005, par des produits plus ciblés. Les pictogrammes suivants sont à l’image de ce qui figure sur les étuis des produits de la ligne Clarins Men. Tout est là pour faciliter et simplifier l’usage du produit. Nickel : des messages novateurs et un institut à l’écoute des hommes Nickel s'est imposé sur le marché des cosmétiques pour hommes avec un positionnement de niche et un concept fondé sur les produits et les prestations de services. Sa force est d'avoir su éviter toute connotation féminine en créant des espaces et des packagings dédiés aux hommes. La communication, basée sur le bouche à oreille, bouscule l'image du soin masculin. Nickel a recours à un ton très décalé mais accessible avec des noms provocateurs DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 40 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe et humoristiques tels que « Attention les yeux », « Poignées d'amour », « Lendemain de fête », « Gueule de bois ». Ces noms évocateurs sont tout à fait nouveaux dans le domaine du soin masculin qui s’est jusqu’alors voulu sérieux et technique. Ce type de communication permet en quelque sorte de dédramatiser l’acte de soin chez les plus réticents. En ce qui concerne les prestations de services, la marque a ouvert son premier institut en 1996. Cet institut est réellement novateur dans la mesure où il propose des services réellement adaptés aux hommes, l’épilation d’un homme ne se faisant pas comme celle d’une femme. Les soins sont donc très spécifiques aux besoins des hommes et les appellations très explicites : « jambes de cycliste » et « torse de boxeur ». On peut également y retrouver des soins « double-menton » ou « poignées d'amour » pour les plus volontaires. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 41 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Conclusion Comme on aura pu le constater, le secteur des cosmétiques de luxe subit une forte contrainte concurrentielle, en raison du grand nombre d’acteurs en présence sur le marché, qui induit, par voix de conséquence, une contrainte d’innovation indéniable. Celle-ci implique évidemment des investissements importants, qu’ils soient financiers ou humains. Les innovations dont font preuve les entreprises de cosmétiques leur permettent de bénéficier d’une image créative et dynamique auprès des consommateurs et par conséquent de conserver cette clientèle ou encore d’en séduire une nouvelle. Certaines marques témoignent d’une grande ingéniosité dans leurs innovations produit et commerciales qui sont notables en soins et en maquillage. Bien qu’aucun exemple concret d’échec d’innovation n’aie été donné, obtenir des informations complètes dans ce cas s’avérant souvent difficile, il va de soi qu’il arrive régulièrement aux marques de cosmétiques de lancer des produits qui ne rencontreront pas le succès escompté. En effet, même si une innovation peut être perçue comme pouvant apporter la gloire à une marque ou tout simplement confirmer sa position dominante, elle est également synonyme de risque et ce risque peut se traduire par un échec. Ainsi, 43% des nouveaux produits lancés en Europe chaque année sont un échec dans les 12 mois. La plupart d’entre eux sont d’ailleurs retirés du marché. Néanmoins, les marchés évoluant sans cesse, les entreprises se doivent d’innover. Et aujourd’hui on peut dire que la plupart des entreprises ont réussi à intégrer ce concept. L’innovation n’est d’ailleurs plus réellement mise en œuvre par les marques de façon épisodique afin d’assurer leur pérennité, elle fait partie intégrante de l’activité de l’entreprise et n’est d’ailleurs plus perçue comme une stratégie à suivre. DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 42 Management stratégique – Innovations en cosmétiques de luxe Bibliographie - L’industrie mondiale des parfums et cosmétiques, Etude Sectorielle du Xerfi, (année 2001-2002) - Cosmétique Magazine de 2001, 2002 et janvier-février 2003 - Fashion Beauty, hors série n°5, octobre 2002 - CB News Spécial Luxe 2002 - Fashion Beaty - www.lvmh.fr - www.loreal.com - www.clarins.fr - www.guerlain.com - www.nickel.fr - Journal officiel : Législation et réglementation de la cosmétique européenne - DESS Gestion des Industries du Luxe et des Métiers de l’Art Université de Marne La Vallée 43