Antigua

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Antigua
LES AVENTURES MEDATLANTISTES DE PHILEAS ET DE SON EQUIPAGE
NEWSLETTER N° 14
PHILEAS A ANTIGUA
Bonjour à tous,
21 avril 2012 - Objectif Antigua
Il est 5 heures, l'équipage s'éveille, il est 05 heures Philéas n'a pas sommeil....
Nous remontons l'ancre et quittons le mouillage de Deshaies en silence. Nos voisins dorment
encore. Nous faisons route au largue sous grand voile et génois par vent d'est force 2 à 3. Philéas
file une moyenne de 6 nœuds et s'éloigne du bassin de navigation guadeloupéen. Nous nous
retournons pour saluer une dernière fois la Guadeloupe qui a su nous retenir plus d'un mois dans ses
eaux. Le transit vers Antigua, notre nouvelle destination est agréable. Le vent est régulier. Les cirés
bien rincés par les grosses averses d'hier soir restent suspendus bien au sec.
En fin de matinée nous discernons les contours d'Antigua. Un spectacle d'une rare beauté nous
attend aux abords des côtes. Le plan d'eau est maculé des voiles qui défilent sous nos yeux. Et pas
n'importe quelles voiles ! Point d'orgue de la saison, la 25ème édition annuelle de “l'Antigua Yacht
Regatta” a débuté le 19 avril. Pendant six jours English et Falmouth harbours hébergent de
splendides vieux gréements. Ils accueillent la 1ère régate 2012 réunissant de superbes voiliers
classiques Chaque année 10 événements d'un tel prestige, témoins d'une époque révolue, sont
organisés entre les Caraïbes, l'Amérique du Nord, l'Espagne, l'Italie et la France. La “régate royale
de Cannes” clôture la saison en septembre avec le 10ème et dernier rassemblement annuel de cette
ampleur.
Approche d’Antigua
L'Antigua Classic Yacht Regatta s'enorgueillit d'avoir attiré depuis 1988, date de sa création 456
voiliers classiques différents. La 1ère édition n'en comptait que 7. Un quart de siècle après, une
cinquantaine de voiliers d'exception prennent possession du bassin de navigation entre English et
Falmouth harbours.
Philéas approche avec précaution, ralentit l'allure, passe derrière la dernière goélette de la course et
s'engage dans la baie en laissant à tribord les fameuses colonnes d’hercule, roches ciselées par
l’érosion dans la falaise de Charlotte Point. De taille relativement modeste, elles ne sont visibles
qu’à faible distance de l’entrée de Freeman bay.
Colonnes d’Hercule
Jumelles à poste, nous ne nous lassons pas d'observer ces voiliers de caractère toutes voiles dehors.
Un tel rassemblement est assez exceptionnel pour s'en émerveiller et mérite à lui seul le
déplacement. Les connaisseurs ne rateraient sous aucun prétexte cet événement singulier. Et
pourtant lors de la grande parade, les spectateurs ne se comptent pas par centaines. Pas de foule qui
se bouscule, contrairement aux voiles de St Tropez (anciennement nioulargue) qui déplacent
connaisseurs et profanes en nombre. Nous ne nous en plaindrons pas. Confortablement installés sur
Philéas, mouillé dans Freeman bay nous sommes aux premières loges. Nous avons le sentiment
d'être des privilégiés et dégustons ces instants magiques avec volupté.
Grande parade
Grande parade
Eilean, ketch bermudien de 22 mètres, conçu et construit en 1936 par un chantier écossais, glisse
sur l'eau avec grâce. Nous admirons avec émotion ses lignes sobres et élégantes. Eilean revient de
loin. A la voir si pimpante il est difficile d'imaginer qu'elle était condamnée à finir tristement ses
jours rongée par les termites au fond de la mangrove antiguane. Sa résurrection, elle la doit à la
passion d'un amateur de voiliers de la belle époque. Angelo Bonati, président des fabricants de
montres de luxe et sponsor officiel du défi des yachts classiques Panerai qui a racheté l'épave en
2007 pour la ramener à la vie. Après 2 ans et demi de travaux de restauration, les horlogers de
Panerai ont su remettre du vent dans les voiles d'Eilean. Méticuleux, les restaurateurs Bonati(1) ont
puisé dans les archives du musée maritime écossais pour se conformer aux plans d'origine de la
grande dame. Le défi fut gagné : Eilean, remise à flot en 2009 à la base navale de La Spezia en
présence de la petite nièce du constructeur initial, a retrouvé sa splendeur d'antan.
La grande Elena nous fait également de l’œil. Goélette traditionnelle de 55 mètres construite et
lancée en 2009, elle fut consciencieusement recréée à partir du yacht de 1928 du même nom sur les
plans du célèbre Nathanaël Herreschoff. Si les lignes sont fidèles au modèle d'origine, l'intérieur
d'Elena a été modernisé (salles de bains, toilettes, climatisation, téléviseurs...) et propose un
hébergement de luxe pour 10 personnes maximum (5 cabines doubles). Une bonne adresse pour les
amateurs de croisières d'une gamme exceptionnelle.
2
Christian a un grand béguin pour Tuiga, un «sublissime»(2) cotre aurique centenaire. Mais chut, ne
le répétez pas, Philéas, pourrait être jaloux !
Christian en admiration devant Tuiga
Tuiga commandé par le Duc de Medinaceli pour régater contre son sistership Hispania est un cotre
franc aurique de 15 mètres, construit en 1909 par le chantier naval William Fife sur le Firth of
Clyde en Écosse. En 1994, le prince Albert de Monaco, président du Yacht Club de Monaco, rachète
la coque en ruine de Tuiga et la fait intégralement rénover par le chantier naval Fairlie Restorations.
Battant toujours pavillon monégasque il est le voilier amiral du Yacht Club de Monaco.
Croisement de Marie des Isles et « Tuiga » de Monaco
A l'issue de la grande parade, nous sommes conviés à un apéritif dînatoire organisé au port de
Falmouth, une belle occasion de rencontrer d'autres «voileux». Nous nous y rendons avec nos amis
autrichiens Helga et Ernst du voilier Nita que nous avons retrouvés Freeman bay. Nous en profitons
pour admirer une fois encore les coques ornant le port et leurs gréements subtilement mis en valeur
par les projecteurs.
Présentation d’Antigua
Antigua est l'une des îles de l'archipel Antigua-et-Barbuda. Relativement plate elle occupe une
superficie de 280 km2 et compte une population de 72 000 habitants dont 24 000 vivent dans la
capitale, Saint John's.
Les principales ressources de l'île sont essentiellement issues du tourisme. Entourée de récifs
coralliens, Antigua offre des fonds sous-marins exceptionnels. Ses côtes découpées abritent des
plages de rêve. Elles seraient au nombre de 365, une pour chaque jour de l'année si l'on en croit les
slogans publicitaires. De luxueux hôtels bordent les plages de sable blanc. Le yachting est sans
conteste le produit phare de la panoplie touristique. Hauts lieux du yachting, English et Falmouth
harbours accueillent entre autres les fameuses «régates de la semaine d'Antigua» (sailing week)
clôturant la saison nautique qui se déroule une semaine après la régate des vieux gréements.
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English harbour bien protégé par une imposante barrière de corail est l'endroit idéal pour y abriter
une flotte. Ce port a été le bastion de l'escadre anglaise des «îles sous le vent» à la fin du XVIII°
siècle. Les navires de l'amiral Horacio Nelson pouvaient contrôler toute la zone maritime antillaise.
Le port et les installations de l’arsenal, abandonnés par la Royal Navy en 1889 ont été restaurés.
La maison de l'amiral a été transformée en musée. Les vestiges de l'ancien sentier de halage, des
piliers de pierre se dressent à proximité des anciens ateliers hébergeant aujourd’hui un luxueux
hôtel restaurant. Plus de 200 ans plus tard le repaire de Nelson reste certainement le lieu le plus
réputé d'Antigua.
Ancien sentier de halage
English harbour
Nous souhaitons connaître davantage Antigua et nous éloignons des sentiers battus pour découvrir
l'Antigua de l'intérieur. Le changement de décor est flagrant. Le niveau de vie des autochtones
semble similaire à celui de la population de la plupart des autres îles antillaises visitées jusqu'à
présent. Les 72 000 habitants sont loin de tous profiter des revenus de la manne touristique.
St John's la capitale construite au XVIIème siècle est l'un des plus anciens ports commerciaux des
Antilles. L'imposante cathédrale «The divine» est le seul monument d'intérêt. Malheureusement en
cours de restauration l'intérieur n'est pas accessible au public. Un marché coloré est installé près du
port et une zone «hors taxes» a été aménagée pour les touristes des paquebots qui ne s'attardent pas
plus de quelques heures dans la capitale. La ville ne présente que peu d'attraits.
The Divine à St John’s
Mercredi 25 avril dans la matinée nous quittons le mouillage agréable et tranquille de Freeman bay
pour nous rendre côte ouest, à Five Islands. Nous jetons l'ancre juste avant la pointe Pearns. Le
paysage est magnifique et le site reste peu fréquenté par les plaisanciers. Nous mettons pieds à terre
sur une plage déserte, contournons la pointe et débouchons sur une autre baie encore plus jolie.
L'eau y est limpide et tente le baigneur. Il n'en fallait pas tant pour que je m'y glisse pour un bain
rafraîchissant.
Five islands
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Nous ne séjournons que peu de temps dans ce mouillage paradisiaque. Christian a effectué les
formalités d'immigration avant de quitter English harbour. Les autorités locales sont de loin les plus
tatillonnes des Petites Antilles. Ils adorent amasser des formulaires redondants et à s'attarder sur des
points de détails. Bien entendu ils ne font pas preuve d'une grande amabilité. Fort heureusement
notre mouillage à Five Islands clôture notre séjour à Antigua sur une note agréable. Nous
appareillons demain pour NEVIS.
Votre reporter embarqué
Brigitte
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chantier Francesco Del Carlo
«sublissime» : dixit Christian, le skipper
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