Lyon conjuguée au passé et au futur
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Lyon conjuguée au passé et au futur
N° 27 - Jeudi 24 février 2011 ■ Focus 9e Il y a 36 ans, le juge Renaud était abattu Page 6 Ce quotidien d’information locale est réalisé par les étudiants en journalisme de l’ISCPA Entre les murs Par Jérôme Paquet En marchant dans la rue, levons la tête un instant. Au lieu de foncer tête baissée sur la personne qui bloque le passage sur le trottoir, posons un regard vers le bâtiment qui se trouve derrière elle. Ces pierres ont certainement une histoire à raconter, si elles ne racontent pas plutôt une partie de l’Histoire. Déambuler dans les rues de Lyon, c’est comme reconstruire les deux millénaires d’existence de la ville. Du martyr des chrétiens dans le théâtre gallo-romain sur la colline de Fourvière jusqu’à la très design tour Oxygène à la Part-Dieu, chaque lieu représente une tranche de l’Histoire de la ville. Capitale des Gaules au début de notre ère, métropole de nos jours, mais aussi royaliste, mystique, secrète ou soyeuse, Lyon se raconte à travers son architecture. En marchant au fil des rues, tournons les pages du livre d’Histoire de la cité. Les quartiers deviennent alors des chapitres. Les personnages, eux, ne durent pas. Ils sont remplacés et l’Histoire continue. ■ Pour s’abonner : [email protected] Plus d’informations sur : Lyon conjuguée au passé et au futur Du théâtre antique de Fourvière au nouveau quartier de la Confluence, l’architecture lyonnaise a traversé les âges. PAGES 2 et 3 ■ Dans les coulisses de... Cours Lafayette, trois ans après la fuite de gaz, la vie reprend Page 4 ■ UPI - René Cassin Internet : accès limité pour les étudiants en wi-fi Page 7 LE FAIT DU JOUR LE FAIT DU JOUR Deux millénaires d'échaffaudages Joyau du Rhône, Lyon a un patrimoine architectural à ville, les Lyonnais voient pousser de nouveaux immeubles, l’épreuve de la modernité. Jusque dans le cœur de leur plus futuristes les uns que les autres. Par Lucas Demangeat et Léo Faure L es rues de la Capitale des Gaules vivent aujourd’hui leur XXIe siècle d’architecture. L’histoire commence dans l’antiquité, deux millénaires avant que des pelleteuses ne redécouvrent le théâtre antique de la colline de Fourvière. Deux mille ans plus tard, le dernier auditorium construit à Lyon est celui qu’épousent les formes futuristes de la Cité Internationale dessinée par Renzo Piano. L’architecture suit son temps L’architecture est un art persistant qui marque son époque. Les murs restent, narrent les histoires des hommes qui ne sont plus là pour les transmettre. à l’image des appartements des Canuts de la Croix-Rousse, dont les hauts plafonds nous rappellent la présence des métiers à tisser Jacquard. " L’architecture suit ainsi son temps ", explique Jacques Beaufort, ancien professeur de lettres et auteur de Vingt siècles d’architecture à Lyon. " La construction de Lyon s’est faite principalement au rythme de l’évolution des matériaux de construction : de la pierre brute de l’antiquité aux matériaux composites, au verre et au bois qu’on utilise aujourd’hui en construction. " Si une partie des constructions se renouvellent, les vieilles pierres, qui composent les 427 hectares d’architecture lyonnaise classés au patrimoine mondial de l’Unesco, sont elles à l’épreuve du temps. La basilique de Notre-Dame de Fourvière, de style néogothique, a été construite en 1884 sur les vestiges du forum antique de Trajan / Photo Jérôme Paquet La pierre caractérise les vestiges de Lugdunum. Plus tard, à cette pierre s’ajoutent les armatures en métal des monuments gothiques comme la Cathédrale Saint-Jean. Le XIXe siècle a été celui du fer et du béton armé, avec la naissance des quartiers haussmanniens de la Tête d’Or et de la basilique de Fourvière. " Aujourd’hui, les matériaux doivent répondre esthétiquement à des contraintes environnementales. à l'époque il s'agissait de monuments de la foi. Aujourd'hui nous connaissons le bâti de l'ère capitaliste " continue l’auteur. Pour ce fan inconditionnel d’architecture, il n’y a pas de honte à ce que les édifices du futur que l’on construit dans le quartier de Confluence côtoient les chefs-d’œuvre de nos ancêtres. à l’image du toit de l’Opéra de Lyon, revisité au début des années 90 par l’architecte contemporain Jean Nouvel : " du moment que c’est beau. ", déclare Jacques Beaufort. Cure de jouvence Le cœur de Lyon vit une petite révolution. La Presqu’île, réputée pour son architecture haussmanienne superbement conservée, voit pousser à son extrémité Sud un quartier flambant neuf. Confluence, gigantesque chantier entamé en 2003, fait la part belle à l’architecture moderne. 150 hectares de bâtiments en tout genre voient actuellement le jour. Les travaux s’étaleront en quatre actes, dont le premier doit s’achever en 2015. Le siège du Conseil régional, un centre commercial de 70 magasins, des logements pour attirer 10 000 personnes sur la zone (actuellement 7 000 habitants). Ce sont au final un million de mètres carrés de bâtiments qui sont en construction. Reste la question de la complémentarité entre cette architecture moderne et le joyau historique de la Presqu’île. ■ [ 2 ] Jeudi 24 février 2011 10 du MAT’ La conservation des monuments historiques Quand Michel Noir, maire de Lyon de 1989 à 1995, projette de remettre en état la toiture de l’Opéra de Lyon, il fait appel au corpus lyonnais d’architectes en chef des monuments historiques. Quand on travaille sur ce type de monuments, les travaux sont soumis à l'accord très strict de l'architecte des bâtiments de France. JeanFrançois Grange Chavanis, architecte au cabinet AEC à Lyon, fait partie des professionnels contactés par l’ancien maire de la ville : " Quand on rénove un monument historique, on essaie d’agir dans son respect, préserver son authenticité et sa culture. Mon projet pour l’Opéra, qui n’a pas été retenu, conservait la salle ancienne et son plafond. Selon moi, la classification monument historique est le mode de conservation le plus fort ". L’architecte explique que le projet adopté n’ait pas conservé les traits historiques de l’Opéra : " Michel Noir était en pleine gloire politique, il lui fallait un architecte connu, comme Jean Nouvel, qui propose quelque chose de moderne ". Un jour peut-être, comme les églises et cathédrales, les tours qui façonnent le quartier de la Part-Dieu seront inscrites au panthéon des œuvres architecturales. ■ 427. C’est le nombre d’hectares lyonnais classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette zone comprend Fourvière, le Vieux Lyon, la presqu’île et Croix-Rousse. C’est la deuxième zone française classée la plus large, après Bordeaux. ■ " Lyon vitrine des lumières " Le patrimoine lyonnais jouit d’une mise en lumière unique en Europe. Florent Vandestoke, président de l’association Asso’Lumière, décrypte cet atout. Quelles techniques permettent une bonne mise en valeur d’un bâtiment ? Pour des raisons aussi bien esthétiques que d’économies d’énergie, nous avons arrêté d’arroser les bâtiments de lumière. Aujourd’hui, nous travaillons sur un soulignement des lignes architecturales fortes du bâtiment. La couleur joue aussi énormément auprès du grand public. Sur les bâtiments modernes et évènementiels, on peut se permettre un éclairage coloré. Pour les bâtiments historiques et institutionnels, on reste par contre sur du blanc, plus ou moins chaud, pour éviter les connotations. Imaginez par exemple, si on éclaire l’Hôtel de ville en rouge, les habitants y verront une symbolique communiste. Quelle réglementation encadre l’éclairage public ? L’économie d’énergie est notre première contrainte. De nos jours, la mode est aux diodes. Pour le reste on est plutôt libres. Chaque ville peut décider du type d’éclairage architectural qu’elle souhaite, sans véritable réglementation. Comment jugez-vous la mise en valeur du patrimoine lyonnais ? C’est la référence, avec le 8 décembre comme laboratoire géant ! Lyon est la vitrine euLa rénovation du toit de l’Opéra, réalisée ropéenne, voire mondiale en terme d’éclairage architectural. Cela date du mandat de par Jean Nouvel, a duré de 1989 à 1993 D.R. Michel Noir (1989-1995, ndlr), qui a lancé le premier plan lumière au monde. ■ 10 du MAT’ Jeudi 24 février 2011 [ 3 ] DANS LES COULISSES DE... économie Retour cours Lafayette Le CD baisse d’un ton Le 28 février 2008, une fuite de gaz meurtrière a rendu inhabitable l’immeuble, cours Lafayette, dans le 6e arrondissement. Trois ans plus tard, les résidents ont regagné leurs appartements. Les ventes de disques n’en finissent plus de chuter. Cette industrie devrait baisser ses prix au risque de voir le CD disparaître. ela fait une semaine que j’ai retrouvé mon appartement. Les derniers travaux ont été achevés aujourd’hui (mardi dernier nldr). Cependant, je me sentirai vraiment chez moi, une fois mes meubles récupérés. Je suis fatiguée de tout cela ", souffle Jacqueline Marque, habitante du troisième étage. Ces trois années ont été un long chemin de croix pour les résidents du 117 cours Lafayette, victimes de cette fuite de gaz qui a fait 40 blessés et un mort. La régie lui a trouvé un appartement au 156 cours Lafayette après avoir séjournée deux mois chez sa fille à Paris. " Il est vrai que j’ai pu bénéficier d’un endroit proche de mon appartement. Je pouvais suivre les travaux tous les jours. Cependant, c’était comme si j’étais à des kilomètres : Ce n’était pas mon quartier ! ", se rappelle la doyenne de l’immeuble. Autre témoignage, celui de Claude Gindre qui réside L C au cinquième étage : " Ma femme et moi avons enchaîné les studios, les chambres d’hôtels et les appartements. Cela parait excessif, mais nous étions comme des zombies en errance. " En février 2010, tous ont pu venir constater les dégâts grâce à un escalier de fortune installé dans la cour. " Les portes étaient défoncées et l’escalier s’était effondré. Les lieux étaient méconnaissables bien que les travaux aient avancés ", explique Anne Delorme, propriétaire d’un appartement au cinquième étage. Pour Claude Gindre, " l’humidité a été la source la plus importante des dégâts. Un an sans fenêtres a transformé les tapisseries en lambeaux sans compter les fientes de pigeons qui jonchaient le sol ". Jacqueline n’a pas été sinistrée de la même façon puisque ses fenêtres étaient renforcées par un double vitrage. Si les pigeons ont épar- Jacqueline Marque est la dernière résidente à avoir regagné son appartement / F.L. gné son domicile, " les rats étaient en train de dévorer mes victuailles car le frigo était ouvert. Cela a fait beaucoup rire mes proches mais je pensais surtout à mes douze bouteilles de champagnes que je conservais précieusement. Une fuite de gaz meurtrière Sur les lieux du drame, tous ont été sidérés par l’importance de l’incident qui s’est déclaré à midi le 28 février 2008. " J’avais donné rendez-vous à mes petits-enfants pour aller au restaurant. Les ouvriers me conseillaient de quitter les lieux " car on ne sait jamais " à cause des travaux. Alors que je déjeunais au restaurant avec mes petits-enfants à Saint-Jean, ma fille qui habite à Paris m’a appelé car les chaînes d’information en parlaient. Je me suis précipitée pour constater l’ampleur du sinistre. M’empêchant d’entrer, un pompier m’a rapporté qu’un trou énorme des caves au toit témoignait de la violence de l’explosion ", raconte Jacqueline Marque. Anne Delorme a " vécu en direct l’explosion ". " J’ai su que la situation était grave que je ne retrouverais pas mon chez-moi avant longtemps. Une boule me nouait le coeur. ", poursuit la jeune femme. Ce n’était que le début d’une longue traversée du désert. [ 4 ] Jeudi 24 février 2011 10 du MAT’ Lorsque nous ne vivons pas une telle situation, nous ne nous rendons pas compte que le moindre bien préservé est un réconfort ". Aujourd’hui, tous les appartements ont été refaits à neuf, " une copie conforme à l’existant. Nous sommes tellement soulagés et nous nous sentons vraiment à la maison. Naturellement, je ne dirais pas que c’est une bonne chose mais ce drame nous a tous rapprochés. Bien que très soudés auparavant, désormais nous faisons attention aux uns et aux autres ", assure Anne Delorme. Inutile de dire que personne " n’oublie le pompier décédé lors dans l’explosion de la fuite de gaz ". Fabien Leone e téléchargement illégal, " ça fait mal, mais je comprends les gens ". Laurent, vendeur au rayon musique à la FNAC de Bellecour depuis 25 ans, ne cautionne pas pour autant cette pratique, première responsable de la chute vertigineuse de CD. " Mais il n’y a pas que cela : le prix est affolant. Environ 20 euros quand on aime juste un titre ou deux, je comprends qu’on n’achète pas ". La FNAC a-t-elle une politique pour enrayer la chute des ventes ? " Je ne pense pas. Mais en revanche, nos offres de quatre CD à 20 euros marchent très bien ". Pour Fabien, responsable de la boutique OCD (DVD et CD d’occasion), rue Victor Hugo, " c’est le numérique qui est responsable de cette crise ". Et les deux vendeurs de préciser une chose essentielle à leurs yeux : " la qualité acoustique ! ". Sur le disque, la musique n’est pas compressée, et cela s’entend. " Le gars qui veut écouter du Sexion d’Assaut il n’a pas besoin d’un CD… ", lâche Fabien, dans un sourire à peine dissimulé. Les modes de consommation ont évolué. " On change de musique comme on change de restos. Tout le monde écoute de Les ventes de CD sont en chute libre / J.P. tout, reprend le vendeur d’OCD, moins inquiet qu’avant pour l’avenir des ventes d’album. Il y a sept ans je me disais que c’était la fin. Or le CD est toujours là ". Si les ventes d’albums de hip-hop ou de reggae se sont effondrées, la musique metal tient toujours la route. " Les métalleux sont des fétichistes, très attachés à l’objet ". De son côté, la vente de vinyles reprend des couleurs. Mais " c’est un phénomène trop ponctuel " selon Fabien. " C’est une question de mode. Quand les jeunes en auront assez de changer de face toutes les 20 minutes, ils reprendront le téléchargement ". Jean Rioufol De nouveaux moyens de consommer Le schéma classique " nouveau CD - tournée de promotion " semble avoir vécu, et le groupe anglais Radiohead fait figure de pionnier. En 2007, leur album In Rainbows était disponible en téléchargement à prix libre sur Internet avant sa sortie physique en magasin. Pour leur nouvel opus The King Of Limbs, le quintet propose de nouveau une version digitale sur son site Internet, mais cette fois en fixant le prix. La version CD sera disponible le 28 mars. D’autres groupes suivent un parcours similaire : nombreux sont les artistes débutant leur carrière (Wonderflu ou Guru Meditation en France) qui laissent l’internaute décider du prix de l’album, en prenant le risque que celui-ci ne paye rien. D’autres encore préfèrent distribuer leur musique gratuitement, en cherchant surtout à toucher un public plus large, comme The Brassic. Enfin, le groupe francoaméricain Moriarty organise sa tournée de promotion avant la sortie de son nouvel album, cette année. ►►► Fil Info ■ édouard herriot à flot Le port édouard Herriot a connu une hausse du trafic fluvial et ferroviaire de 5 % en 2010, une première depuis trois ans. 5,8 millions de tonnes de marchandises ont ainsi transité par le port l’année dernière, une hausse de 8,2 % par rapport à 2009. Le trafic de bateaux de croisière a pour sa part augmenté de 13,4 %, pour un total de 10 311 passant par le port du Sud de la ville. ■ L’hôtellerie à la hausse Les hôtels de Lyon ont connu une hausse de leur fréquentation de 1 % en 2010 et de 3 % en terme de recettes moyennes par chambre disponible. Le secteur de l’hôtellerie représente plus de 16 000 emplois dans l’agglomération. 4 600 entreprises sont spécialisées dans ce domaine. ■ 247 postes en moins dans le fret La direction de la SNCF a annoncé avoir supprimé 247 emplois entre 2009 et 2011 dans le secteur du fret dans la région lyonnaise. La CGT dénonce une " casse sociale ", et souligne " qu’un train sur cinq est en retard " au départ de Lyon. Le syndicat estime qu’il y a " une baisse étourdissante des volumes transportés [...], de 55 milliards de tonnes en 2000 à 22 milliards prévus en 2011. " Pour s’abonner : [email protected] Plus d’informations sur : 10 du MAT’ Jeudi 24 février 2011 [ 5 ] FOCUS 9e UPI RENé cassin Un juge assassiné Attention, surf interdit François Renaud, juge d’instruction lyonnais, a été exécuté il y a 36 ans en pleine rue, au-dessus du bâtiment de l’UPI. Pour des raisons de sécurité, l’accès à certains sites est restreint sur le campus. Comment sont-ils choisis ? Facebook est-il sur la sellette ? T H rois coups de feu. Trois balles d’un calibre 38 spécial, dont deux qui se logent dans la nuque, ne laissant aucune chance de survie. Il est 2 h 45, le 3 juillet 1975. Le juge d’instruction lyonnais François Renaud vient d’être exécuté. Au beau milieu de la rue de l’Observance (Lyon 9e), sur la colline de Fourvière. C’est une première en France. Jamais auparavant le grand banditisme ne s’en était pris aussi directement à l’institution judiciaire. " Tout sera mis en œuvre pour que les auteurs de ce crime de sang soient recherchés, poursuivis et traduits devant les tribunaux " assène alors Jean Lecanuet, Garde des Sceaux à l’époque. L’assassinat est pourtant resté sans explication. Le " sheriff ", l’homme à abattre La première explication tient dans la personnalité même du juge François Renaud, en poste à Lyon depuis trois ans. Ancienne gloire de la Résistance, ayant accomplie la majorité de sa carrière de magistrat en Afrique coloniale, François Renaud, surnommé " le sheriff ", ne laisse pas indifférent. Large moustache, costumes bigarrés, lunettes de soleil. Courageux, voire intrépide, entreprenant, arrogant... les qualificatifs fusent dans les couloirs du Palais de Justice de Lyon. Toujours est - il que ses élans de " super - flic " lui valent d’être en charge des dossiers les plus chauds. En tête : le casse de la Poste de Strasbourg, communément attribué au Gang des Lyonnais. Dès lors, tous les regards se tournent vers ce fameux gang, emmené par Edmond Vidal. " Le milieu lyonnais était structuré, avec une véritable influence sur la vie de la ville. On sortait, à l’époque, de la guerre d’Algérie. Les anciennes [ 6 ] Jeudi 24 février 2011 10 du MAT’ Patrick Dewaere joua François Renaud, deux ans après l’assassinat, dans le film Le juge Fayard dit le shériff, directement inspiré du meurtre du juge. / D.R. gloires de l’armée se sont recyclées soit en politique, soit dans le business, soit dans le banditisme. Les liens entre les trois cercles sont donc étroits " explique Georges Fenech, dernier juge d’instruction en charge du dossier. La piste politique Les exécutants sont rapidement identifiés : Jean - Pierre Marin, Robert Alfani et Michel Lamouret, trois truands du quartier de Vaise. La voiture utilisée le soir du crime, une Audi 80 retrouvée sur un parking, rue Pierre Audry (dans le prolongement de la rue du sergent Michel Berthet), atteste de cette piste. Mais les suspects sont des habitués de la garde à vue, et les preuves restent inexistantes. Jean - Pierre Marin est abattu par la police, neuf mois après la mort du juge Renaud, dans une affaire parallèle. Mais les yeux des policiers restent rivés sur ses deux compères, reliés indirectement au Gang des Lyonnais. Pourtant, dans leur dos, une piste plus politique grandit, alimentée par Francis Renaud, fils du juge, et son avocat - star Jacques Vergès. Et si François Renaud était sur le point de démanteler un réseau de financement via les casses du Gang des Lyonnais. Un détournement qui profiterait au SAC (Service d’action civique), bras exécutant des basses oeuvres de l’UDR (ancien RPR, devenu UMP) ? L’idée est séduisante, mais ne fait pas long feu devant la justice. " C’est une thèse surtout médiatique. On a creusé, mais il n’y avait aucune consistance. Tout nous ramenait toujours au grand banditisme. Même si nous n’avons jamais trouvé d’éléments concrets à charge ". Faute de preuve, le dossier est finalement clôs en 1992. Six juges auront planché dessus, pendant plus de dix - sept ans. Pour un crime finalement impuni. Léo Faure ier, j’ai fait une recherche pour un reportage sur le suicide des enfants. J’ai trouvé un forum qui semblait particulièrement intéressant. Mais la page ne s’est jamais ouverte, le site était bloqué ". Marion, 21 ans, n’est pas la seule à avoir connu ce problème avec le wi-fi de l’UPI. PierreMarie Drewnowski, responsable du service informatique, ne manque pas d’exemples : " Il y a quatre ou cinq jours, nous avons débloqué un site proposant des stages aux états-Unis et considéré comme potentiellement dangereux par les antivirus de notre base de données ". Le but de la manœuvre est double : protéger les ordinateurs portables des étudiants, et leur éviter les sites dits sensibles. Il détaille : " C’est presque un contrôle parental, sauf que l’utilisateur ne peut pas passer outre. Les sites régulés sont définis par une base de données que l’on achète aux Américains. Parfois, elle est un peu trop puritaine. Nous avons par exemple eu un problème avec le site de Durex, car un élève voulait faire un exposé sur leur communication et il était bloqué. Il est venu nous voir et nous avons autorisé l’accès à ce site ". Facebook bientôt bloqué ? Pour autant, les écoles ont aussi leur mot à dire sur les sites dont l’accès est interdit en wi-fi et bientôt sur les ordinateurs fixes. Marie Chausse, directrice déléguée de l’IGS résume : " Ces décisions sont prises lors d’un comité de pilotage qui regroupe toutes les écoles. Mais on y réfléchit d’abord au sein de chacune d’elles. Par exemple, la question d’interdire Facebook s’est posée. Mais rien n’a encore été décidé ". Pierre-Marie Drewnowski commente : " Il y a un aspect moral à cela. Les parents qui payent l’école n’apprécieraient sans doute pas que leurs enfants passent tous leurs cours à surfer sur Facebook ". Même si le site représente 50 % du trafic wifi de l’UPI, le responsable ne croit pas en sa censure. " Facebook n’est pas pédagogique, mais il sert pour d’autres aspects de la vie étudiante, et c’est aussi cela que vendent les écoles ". En revanche, l’interdiction pourrait venir suite au ralentissement que provoque l’utilisation de Facebook sur le réseau. Le responsable du service informatique rejette cette idée : " Je ne vois pas comment on peut bloquer des outils qui représentent la liberté de parole uniquement parce que cela consomme. Si on veut que la qualité soit meilleure pour les étudiants, alors seules les écoles le peuvent, en achetant une connexion plus importante. Et cela représenterait des milliers d’euros supplémentaires ". Or la ►►► Les rendez-vous de l’UPI ■ Bas les masques à l’ISCPA Ce soir, 7 C&J, le BDE de l’ISCPA organise une soirée masquée au Red House (2 Petite rue de Monplaisir, métro Sans souci). L’occasion pour les communicants et journalistes en 3e année de fêter la fin des cours. Début du bal à 21 heures. Entrée 7 euros. Réduit avec Izipass : 6 euros. ■ Retours sur le wi-fi Suite au sondage réalisé à l’UPI sur la qualité du wi-fi, le service informatique a réalisé des modifications sur le réseau. Il espère désormais des retours détaillés (endroits où persistent les problèmes et où les améliorations sont visibles) afin de lutter au mieux contre les déconnexions intempestives. à lui seul, Facebook représente 50 % du trafic wi-fi de l’UPI / Photo Virginie Malbos connexion coûte déjà 4 000 euros hors taxes par mois. Ce qui explique que l’UPI en appelle à la responsabilité de chacun. Virginie Malbos Réagissez ! sur www.keskiscpass.com Le 10 du mat’ Adresse : 47, rue sergent Michel Berthet, 69009 Lyon Site web : www.keskiscpass.com Email : [email protected] Tél : 04 72 85 71 71 Directrice de la publication : Isabelle Dumas Directeur de la rédaction : Christian Redon Rédacteur en chef : Jérôme Paquet Secrétaire de rédaction : Baptiste Marsal Coordinateur web : Jean Rioufol Rédaction : Grégoire Arnould, Camille Brunier, Lucas Demangeat, Sarah Duverger, Fabien Leone, Virginie Malbos, Baptiste Marsal, Hermance Murgue, Jérôme Paquet, Jean Rioufol, Léo Faure. Réalisé dans le cadre de la spécialisation presse écrite des étudiants de l’ISCPA Lyon 10 du MAT’ Jeudi 24 février 2011 [ 7 ] SCIENCES Culture Murs végétaux dépolluants Le concept se développe dans l’agglomération lyonnaise. Au-delà de l’esthétique, les plantes sont au service de l’atmosphère. Le silo de la gare de Perrache dispose d’un mur végétal depuis 2007 Photo D.R. E n 2007, la communauté urbaine du Grand Lyon a financé à hauteur de 213 000 euros un mur végétal baptisé " dépolluant ", sur l’une des quatre parties du silo du centre d’échange de Perrache, côté place Carnot. La société lyonnaise Canevaflor, spécialisée dans ce type de projets en a assuré la réalisation. Sylvie Rutler, assistante de direction et spécialisée dans les projets internationaux, notamment au Brésil explique : " L’objectif poursuivi pour le mur végétal est bien celui de la lutte contre les émissions de CO2. Le support vivant capte les particules polluantes et de gaz à effet de serre via la terre humide. Le mur est composé d’arbustes, de plantes, d’insectes, les polluants sont détruits par l’action des tissus végétaux et des micro-organismes ". René Rohr, spécialisé en écologie microbienne à l’Université Lyon 1, et qui travaille en étroite collaboration avec Canevaflor, souligne que " 19 espèces végétales composent cette installation. Les micro-organismes [ 8 ] Jeudi 24 février 2011 10 du MAT’ présents dans ce mur végétal ont pour but de métaboliser l’air pollué du parking ". Le mur possède en outre, grâce au volume de mélange terreux humidifié contenu entre ses parois, la capacité à jouer le rôle de climatiseur d’air urbain et d’isolant thermique. Grâce à la biofiltration, une étude réalisée en 2005 en partenariat avec la Ville de Lyon a permis de mettre en évidence un effet significatif sur le dioxyde d’azote – environ 50 % de réduction – que l’expérimentation de Perrache permettra de confirmer. " Car nos résultats chiffrés ne seront connus qu’en 2012. Nous travaillons avec une étudiante qui réalise sa thèse sur cette question ", poursuit Sylvie Rutler. Sa société est loin de connaître la crise et les projets fleurissent : rue de l’Annonciade dans le 1er arrondissement, un mur végétal temporaire va voir le jour en avril. Le quartier Cusset à Villeurbanne a emboîté le pas à Lyon, avec un mur végétal de 17 mètres de hauteur pour 14 mètres de largeur. Jean Rioufol Une maison de la biodiversité La ville de Lyon a décidé d’installer une branche du CNRS dans les locaux du Parc de la Tête d’Or afin de valoriser la biodiversité auprès des visiteurs. Pour ce faire, les locaux de l’Orangerie vont être réhabilités afin de mettre en place un programme tourné vers le public. L’accent va être porté sur la signature naturelle à travers les matériaux et le geste spatial. La délibération du meilleur projet, piloté par les étudiants de l’ESAIL, école supérieure d’architecture d’intérieur de Lyon, aura lieu demain. Le jeu, c’est du sérieux V ous êtes dans la peau d’un membre d’une ONG (Organisation nongouvernementale). Choisissez votre scénario : feu de forêt, tsunami, cyclone ou tremblement de terre. Ensuite, à vous de protéger les populations. Le but du jeu de stratégie Halte Catastrophe : initier à la gestion des catastrophes naturelles. Ce serious game a été créé par l’ONU et l’ISDR (International strategy for disaster reduction). Ce terme a fait son apparition en 2002 aux Etats-Unis avec America’s Army, un jeu en 3D créé pour promouvoir l’armée américaine. Les joueurs doivent se mettre dans la peau d’un GI, remplir des missions. Une rumeur dit même que si vous obtenez l’un des meilleurs scores, un recruteur viendra sonner à votre porte. Aujourd’hui, on trouve des serious game sur tous les thèmes : l’écologie, l’alcoolisme ou encore les dangers d’Internet. Carole Duguy est animatrice de l’espace numérique Part-Dieu : " Ces jeux vidéo sont utilisées pour transmettre un savoir, une information. Le support est excitant pour les apprenants et permet un meilleur apprentissage ". Un concept qui plaît aux universités, comme Lyon I : " Nous savons d’ores et déjà que c’est efficace car nous avons tous appris en jouant. Les futurs étudiants sont nés avec des ordinateurs entre les mains. Il faut que les institutions s’adaptent à ce nouveau rapport à la technologie " analyse Nicolas Coltice, directeur d’Icap (Innovation conception et accompagnement pour la pédagogie) à Lyon I. Mais ces serious game nécessitent des moyens financiers et humains : " Il faut définir le message que le jeu devra véhiculer puis le retranscrire sous forme ludique et bien sûr avoir les compétences techniques pour créer le jeu ou déléguer à des entreprises spécialisées " continue Nicolas Coltice. Pour l’instant, l’Université Lyon I utilise ces serious game pour certains cours d’anatomie ou encore pour simuler les gestes de première urgence. Les budgets peuvent Autour d’une table Photo Jérôme Paquet Non, personne ne déménage place Gabriel Péri ! Cette " Tour de table " est en fait le point de départ d’" Always All Ways ", une exposition d’art contemporain de 17 œuvres dispersées dans la ville. Un parcours qui dure 1 h 30, gratuit, est organisé tous les samedis. Ces œuvres, de l’artiste Pascale - Marthine Tayou, seront au centre de la prochaine exposition du Musée d’Art Contemporain qui débute aujourd’hui. Halte Catastrophe est un jeu de simulation pour se sensibiliser à la prévention des catastrophes naturelles / Photo D.R. varier de 1 000 à 500 000 euros. La conception d’America’s Army, elle, coûte 7 millions de dollars. Des moyens financiers que les universités ne sont pas encore prêtes à engager selon Nicolas Coltice : " Il faut se débarasser de ce mythe du jeu vidéo très design. Si le concept est bon, les graphismes n’auront aucune importance et l’apprentissage sera d’autant meilleurs ". Jouez gratuitement. Sarah Duverger > Jouez gratuitement à différents serious game sur www. vive-laculturenumerique.org. ►►► Fil culture ► Soirée Jeunes Talents France Ô Cinq groupes régionaux, d’horizons musicaux variés( electro, folk ou hip hop), se donnent rendez-vous ce soir, à 20 h 30 sur la scène de l’Epicerie Moderne, à Feyzin. Ils ont été selectionnés par un jury d’amateurs et de professionnels parmi 80 candidatures. Une ultime sélection au mois de juin propulsera l’un de ces groupes au festival des Francofolies de la Rochelle. L’entrée est gratuite. ► Concert d’Asa au Transbordeur La chanteuse nigérienne, Asa, sera ce soir, à 19 h, au Transbordeur. Reconnue pour ses tubes Fire on the moutain et Jailer, elle viendra présenter son deuxième album Beautiful Imperfection. Entrée : 30 euros. Retrouvez Radio ISCPA, partenaire du 10 du mat’, sur www.keskiscpass.com 10 du MAT’ Jeudi 24 février 2011 [ 9 ] Ils font bouger lyon Un marché timbré Un jour, un marché (3/4). Tous les dimanches depuis 35 ans, Mehdi Bensemoun vend ses timbres place Bellecour. P our Mehdi Bensemoun, 72 ans, impossible de rater le traditionnel marché aux timbres du dimanche matin, place Bellecour. Déjà 35 ans que ce philatéliste lyonnais expose ses " joujoux ", comme il aime à les appeler. Peu importe le temps qu’il fait, à 8 h 30 du matin, son stand est déjà soigneusement installé. Rangés par couleur dans une quarantaine de gros classeurs, les 130 000 timbres de ce passionné sont une véritable fierté. " Parfois, je passe des nuits entières à classer et à ordonner mes timbres. Il faut que tout soit parfait. Quand les passants feuillettent mes albums, ils sont toujours agréablement surpris et ils me félicitent, c’est un vrai bonheur " explique le philatéliste. Mehdi Bensemoun n’a pas toujours été passionné par les petites vignettes. " ON EST LA POUR SE FAIRE PLAISIR " " Tout est parti de mon beau-frère qui était un véritable fan de timbres. Un jour, il en a eu marre et a donné sa collection à mes enfants. Mais, ils n’en prenaient pas soin et les laissaient traîner partout. Alors, c’est moi qui m’en suis occupé et je me suis complètement pris au jeu " confie Mehdi. Par semaine, le collectionneur consacre environ 35 heures à sa passion, soit une moyenne de 5 heures par jour. à la Poste ou chez des grossistes, il est sans cesse à la recherche de nouveautés qui pourraient agrémenter, un peu plus, sa collection. " J’achète près de 15 000 timbres par an " assure t-il. Qu’ils soient neufs ou oblitérés (avec le tampon original), Mehdi propose [ 10 ] Jeudi 24 février 2011 10 du MAT’ Le marché aux timbres de la place Bellecour est né en 1849 et a lieu tous les dimanches de 8 h 30 à 12 h 30 / Photo Hermance Murgue des timbres pour toutes les bourses. " Les tarifs pour les timbres vont de 20 à 30 centimes, c’est-à-dire, deux à trois fois moins cher que le prix habituel. Je vends également des carnets, des enveloppes personnalisées et des blocs souvenirs. Là, les prix peuvent aller jusqu’à 7 euros ". Sur le marché de la place Bellecour, Mehdi Bensemoun fait partie des plus anciens. Au fil des années, il a tissé des liens d’amitié avec les sept autres collectionneurs. " Je vois les mêmes personnes depuis 35 ans alors c’est un peu comme une famille ". Malgré leur fidélité et leur attachement au marché, la vente de timbres ne fait plus recette. Mais pour Mehdi, ce n’est pas l’essentiel : " Je suis là pour promouvoir la philatélie et me faire plaisir. Ce qui est important, ce n’est pas de gagner de l’argent mais de partager notre passion avec ceux qui viennent nous rencontrer ". Avec une pointe de regret, Mehdi Bensemoun commence à s’interroger sur le devenir de sa passion. " Je vieillis et j’espère que mes enfants reprendront ma collection. Mais, pour l’instant ce n’est pas gagné ". Hermance Murgue