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Société
Les codes vestimentaires
des adolescents
L’appartenance à un groupe
La mode est un des marqueurs de différenciation des groupes sociaux. Avec
l’émergence d’une culture “jeune” et la mise en question de l’autorité familiale,
sont apparus des codes vestimentaires chez les adolescents. Pour eux, le look
Maud Gibert
Sociologue,
Paris
est primordial pour s’affirmer et il permet de repérer l’appartenance à une tribu.
L
a mode apparaît avec la modernité (1). La bourgeoisie développe
les phénomènes de mode pour
se démarquer de la noblesse. Le vêtement devient alors un instrument de
valorisation sociale. Comme le souligne George Simmel (2), sociologiquement la mode est un paradoxe ; elle est
à la fois facteur d’inclusion et d’exclusion. Elle est un des marqueurs de
différenciation des groupes sociaux :
groupes d’âge, groupes de classe sociale, groupes culturels…
C’est dans les années 1945 aux EtatsUnis et dans les années 1960 en France,
que les adolescents deviennent la cible
privilégiée de l’industrie de la mode. Les
industries, le commerce et la publicité
se rendent compte du formidable pouvoir d’achat des jeunes. Parallèlement,
les jeunes remettent de plus en plus en
question l’autorité familiale.
Ces périodes voient l’émergence d’une
culture “jeune” autonome, par le biais de
l’engagement politique, de la musique,
des styles vestimentaires, et centrée sur le
rejet des valeurs “adultes”.
Bien que la mode soit suivie à tous les
âges, les adolescents restent les plus
concernés, et ce, pour plusieurs raisons
que nous allons développer.
Couper court
à l’enfance
devient l’activité favorite et les préparatifs le matin se rallongent. Chaque détail est travaillé avec minutie.
bbA l’école primaire
L’habit a donc pour fonction de couper
court à l’enfance et de paraître plus vieux.
Il est le moyen le plus facile, le plus rapide
et le plus voyant d’afficher un changement, et devient comme une seconde
peau (3).
La mode et le jeu des marques s’imposent dès l’école primaire dans les cours
de récréation.
Les enfants apprennent ce qu’il faut ou
non porter, du ringard au stylé et les vêtements génèrent déjà des processus d’exclusion.
bbAu collège
L’entrée au collège enterre peu à peu le
monde de l’enfance, le jeune adolescent gagne en autonomie et l’influence
parentale s’affaiblit peu à peu.
Le jeune adolescent doit s’intégrer
dans un nouvel univers et se faire de
nouveaux amis. Le temps passé avec
ses pairs devient plus important, leur
influence plus forte, instaurant un univers cruel et impitoyable, dans la course
à la popularité.
L’adolescent se définit par et avec l’approbation de ses semblables. Il faut
avoir le bon look, l’actualiser le plus
souvent possible pour éviter d’être
taxé de has been.
On ne parle plus de Fashion Victim
mais de Fashion Addict.
Le shopping, sans distinction de sexe,
Adolescence & Médecine • Décembre 2011 • numéro 3
Se distinguer et
appartenir à un groupe
bbDistinction individuelle
Bien que le mimétisme soit de mise,
l’adolescent cherche toujours à se distinguer. Comme le souligne Michel
Fize, son style oscille entre un certain
“conformisme groupal” et le désir de
“distinction individuelle” (4). L’adolescent suit les grandes lignes de son
groupe d’appartenance, mais déteste
l’idée d’être semblable aux autres afin
de satisfaire son besoin d’affirmation
de soi.
Une fois le style maîtrisé et intégré,
chacun cherche son originalité pour
créer l’admiration des autres et être à
son tour imité. Les tatouages, les pier-
cings expriment ce besoin de distinction, plus qu’une marque d’agressivité
envers soi-même ou les autres.
bbConformisme groupal
L’adhésion à tel groupe plutôt qu’un
autre est déterminée par le style d’un
aîné référent (grand frère, grande
sœur), ou plus fortement par les styles
des camarades avec qui l’adolescent a
le plus d’affinités. On remarque que
peu d’adolescents suivent leur propre
sensibilité et résistent à la pression
d’être mis de côté ou raillés.
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Société
Il existe dans les codes vestimentaires des distinctions économiques
ou culturelles, mais aussi générationnelles. Chaque jeunesse de chaque
génération crée son style, redéfinit
des codes et se fait porte-parole d’une
contre-culture relative au monde où
elle grandit. Les codes vestimentaires,
langagiers et autres, se veulent le plus
hermétiques possibles pour les parents et les autres générations.
L’adoption d’un style “jeune” par
une personne plus âgée sera perçue
comme ridicule.
Les différents
styles
Certains styles que nous allons décrire
ont passé les générations avec succès,
mais, peu à peu, ils ont été modifiés
en fonction du contexte social et des
valeurs de chaque époque. Dans un
monde valorisant la richesse et le matérialisme, le style Hip Hop, notamment, par la réussite économique de
ses initiateurs, se transforme en un
style luxueux où les bijoux en or, les
vestes en fourrure ont remplacé les
vêtements sportifs et décontractés.
Le message dans la musique Hip Hop
a parallèlement bien changé, les discours contestataires et politiques ont
fait place aux discours égocentriques
des chanteurs, prônant l’accumulation de richesses et la fête comme raison de vivre.
La description qui suit des différents
styles suivis sera sûrement non exhaustive (5, 6). Il est inutile de préciser
que ces descriptions engendrent inévitablement des généralisations.
bbLes “Tecktoniks”
Histoire et principe
Cette mode est inventée en 2001. Les
responsables de la discothèque de
66
Rungis, le Métropolis, organisent des
soirées Tecktonik killer, pour rapprocher les différentes musiques électro
européennes (le hard style de Hollande,
le jumpstyle de Belgique et l’électro minimaliste italien). Le terme tecktonik
renvoie à l’image d’une “tectonique des
plaques musicales”.
Popularisée grâce à Internet, la tecktonik rassemble des jeunes de tous
horizons sociaux et géographiques.
La danse est l’élément essentiel de ce
ont des motifs, comme des étoiles,
des têtes de mort. Les chaussettes
rayées sont portées sur le pantalon et
les baskets sont fines, montantes et
originales, les mains gantées de mitaines. Le hoodie (sweat à capuche)
est de mise et personnalisé. La coiffure et le maquillage sont voyants et
excentriques : étoile au coin de l’œil,
crête, coupes de cheveux déstructurées, crâne rasé par endroits, cheveux effilés et colorés.
« Le style gothique est marqué par le souci
de théâtralisation et d’esthétisation de la
vie quotidienne. »
courant, et les jeunes organisent des
battles (compétition) entre eux, dans
les discothèques, les rues ou par vidéos
interposées postées sur internet. Cette
danse est physique et chorégraphiée,
elle met en scène des situations (se recoiffer, tirer une corde…) mimées en
rythme. Les jeunes tecktoniks investis-
sant la rue afin de se rencontrer et d’organiser des battles. L’intervention de la
police a mis fin à leurs rassemblements,
notamment sur la place des Innocents,
au Châtelet à Paris.
Les tecktoniks préfèrent les boissons
énergisantes à l’alcool et ne se droguent
pas. La danse et la fête sont leurs principales motivations. Le style tecktonik a
ouvert les portes des boîtes de nuit aux
jeunes mineurs et issus des banlieues.
Style vestimentaire
Cette danse adopte très vite son
propre code vestimentaire et vu l’engouement qu’elle suscite, elle crée
sa propre marque “Tecktonik”, avec
pour logo un aigle. Imprégné par la
mode des années 80, très colorée, le
style remet au goût du jour les accessoires rétros (bretelles, cravates,
lunettes XXL…). Les vêtements sont
très moulants, port du slim (pantalon moulant) obligatoire pour les
deux sexes. Le style est très androgyne ou encore “métrosexuel”. Les
couleurs sont fluos et les vêtements
bbLes “Gothiques”
Histoire et principe
Le mouvement gothique fait son apparition dans les années 80, s’inspirant du
romantisme noir, qui est une tradition
littéraire britannique du XIXe siècle,
avec des personnages comme Dracula, Frankenstein, les vampires…
L’influence Glam rock (style de musique de 1970 à 1980, précurseur du
style punk, avec comme figure de proue
David Bowie) renforcera le caractère
théâtral du style gothique et son goût
pour les accessoires morbides (sac en
cercueil, chauve-souris, crâne…).
Il est marqué par le souci de théâtralisation et d’esthétisation de la vie quotidienne.
Le principal style de musique
est le Deathmetal, où les paroles sont plus hurlées que
chantées et où les clips
mettent en scène des actes
choquants (clips de Marilyn Manson…).
Quelques-uns se scarifient,
se rapprochent dangereusement du culte de
Le “Gothique”
porte des
chaussures à
plate-forme.
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© DR
En appartenant à un groupe, l’adolescent se distingue de certains de ses
semblables, mais plus généralement
s’oppose et marque sa distinction par
rapport aux autres générations.
Les codes vestimentaires des adolescents
Satan, mais la grande majorité reste à
une distance raisonnable du morbide.
Leur look très décalé est clairement
un moyen de contestation d’une société jugée trop conformiste.
Style vestimentaire
Le noir est la couleur fétiche, et se-
rait le symbole de la mélancolie et du
temps qui passe.
Le gothique, homme comme femme,
accorde beaucoup d’importance à
son maquillage. La peau est blanchie
pour donner un teint blafard rappelant
le mal-être et la mort ; les yeux soulignés de noir, vernis à ongle sombre ou
rouge comme le sang et “noir à lèvre”.
Les bijoux sont aussi un attribut incontournable, bracelets cloutés, bagues à
pointe et pendentifs de croix renversées. Les accessoires d’un autre siècle
sont appréciés, comme le fume-cigarette, le monocle ou le chapeau haut de
forme. Le vinyl, la dentelle et le velours
sont les matières préférées. Le gothique
porte des chaussures plate-forme (avec
une grosse semelle compensée).
Le style peut s’étendre à des transformations physiques, comme la taille
des dents (style vampire), les lentilles
pour changer la couleur des yeux, la
scarification et le branding (marquage
au fer rouge).
L’esthétique est primordiale dans le
mouvement gothique et engendre
plusieurs autres styles : les Emo (le noir
reste la couleur par excellence, mais
les vêtements adoptent une coupe
plus moderne, moulante…), les cyber
punk (style futuriste, proche de l’influence des mangas et de la sciencefiction)…
bbLes “Roots”
Histoire et principe
Les Roots (racines) sont les nouveaux
hippies.
Résistant à l’oppression de Babylone
(autrement dit de notre société de
compétition et de consommation),
le roots aspire à trouver Zion (littéralement le paradis), un coin de paix et
de liberté. Tout comme la chanson du
vieux groupe de reggae Israël Vibration, le roots est “cool and calm”.
Il rejette la vie à cent à l’heure et veut
profiter de chaque instant présent.
Pensant que la beauté est avant tout
intérieure, le style vestimentaire est
décontracté, ethnique et équitable. Le
roots est souvent engagé politiquement, du côté des écologistes ou des
alter mondialistes.
Il aime le reggae et toutes les musiques
du monde. Les grandes figures de ce
chemise bariolée et pull à capuche en
alpaga (laine épaisse).
bbLes “Teuffeurs”
Histoire et principe
Les teuffeurs prennent la relève des
punks, qui vieillissent et sont de moins
en moins nombreux. Par leur style
vestimentaire, ils cherchent à montrer
leur désapprobation et leur rejet du
“système”, autrement dit de la société
« Pensant que la beauté est avant tout intérieure, le style vestimentaire des roots est
décontracté, ethnique et équitable. »
mouvement sont Manu Chao, Bob
Marley, Che Guevara.
Souvent issus de la classe moyenne,
les roots ont généralement un penchant pour les études artistiques ou les
sciences humaines.
On leur prête souvent l’image du fumeur de marijuana.
Ils aiment aussi le spectacle vivant,
et toutes les activités telles que le jonglage, les chaînes de feu, le diabolo,
le Hacky sacs (petites balles en coton
crocheté qu’on fait passer d’un pied à
l’autre). Ils pratiquent aussi des instruments tels que le jumbé, le didgeridoo,
la guitare…
Style vestimentaire
Les couleurs fétiches du roots sont le
rouge, le jaune, le vert, couleurs de
l’Éthiopie et de nombreux drapeaux
africains.
Le roots porte souvent des dreadlocks
(cheveux emmêles en grosses mèches),
en référence à la légende de Samson
(qui tenait sa force de sa chevelure jamais coupée ni coiffée), coiffure emblématique du mouvement rasta. Les
filles se colorent les cheveux au henné.
Les vêtements ethniques (sarouels,
poncho, sacs africains…) et “éthiques”
en coton bio ou chanvre, ou vêtement
d’occasion sont appréciés, ou encore
des treillis, des pantalons pat’ d’eph’,
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­ écue comme aliénante.
v
Le teuffeur est généralement associé à la musique Hardtek, et aux fêtes
freeparty (fêtes sauvages dans la nature ou endroit interdit et lieux de
consommation de drogues de synthèse). Les freeparty voient le jour au
Royaume-Uni dans les années 90,
suite aux mesures politiques liberticides de Margaret Thatcher. Ce phénomène s’exporte en 1994 en France,
par le collectif anglais de teuffeur : les
Spiral Tribes. En 1995, les freeparty se
voient réglementées et le rassemblement annuel des teuffeurs, le Teknival
est autorisé ; mais de ce fait, il est de
moins en moins fréquenté et rebaptisé
le “Sarkoval”.
Le teuffeur se revendique visuellement
comme marginal et fier de l’être.
Style vestimentaire
La couleur du teuffeur est sans
conteste le kaki et la plupart des vêtements sont de style militaire. On peut
interpréter cette préférence pour le
style militaire comme un signe de résistance et de guerre déclarée à notre
société, ou plus pratiquement, comme
tactique de camouflage, notamment
lors des freeparty, où l’intervention des
forces de l’ordre est fréquente.
Les freeparty se déroulant dans la nature et souvent sur plusieurs jours,
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les vêtements doivent être confor-
Style vestimentaire
© DR
Le Hip Hop “Kain-ri“ affectionne les
accessoires bling-bling.
de rue), on parle aussi le street langage.
Nous pouvons distinguer deux sortes
de sous-styles, le style Hip Hop américain ou le style rap français. Ainsi,
il y a le style Caille-ra (verlan de racaille) et le style Kain-ri (abréviation
et verlan d’américain) de plus en plus
bling-bling,
Le mouvement est à la base très déterminé socialement, il est créé et supporté par les jeunes des ghettos américains et en France, par les jeunes
habitant les grands ensembles. Mais,
grâce à une reconnaissance mondiale
de sa culture, le Hip Hop, en enrichissant ses protagonistes, s’adresse aux
classes sociales les plus aisées et les
séduit.
tables, résistant aux intempéries :
• Le “Kain-ri”
parka, veste militaire, pull à capuche
avec motifs tribaux, pantalon large
et bouffant, casquette vissée avec
des pics de métal, keffieh. La coiffure comme le style peuvent être similaires à ceux des roots (pantalons
bouffants, dreadlocks). Sinon le crâne
est rasé, parfois une mèche longue est
épargnée (influence punk). Beaucoup
portent des piercings, notamment à
des endroits peu communs (sur les
pommettes, entre les sourcils, autour
de la bouche… Les filles peuvent avoir
les cheveux tressés, colorés, dreadés
ou porter des “atébas” (cheveux enroulés de fils de laine).
Le style vestimentaire est nommé
streetwear. Il est caractérisé par des
vêtements très amples et sportifs ; on
parle de look oversized (de très grande
taille). Le tee-shirt arrive aux genoux,
le pantalon, appelé baggy, se porte
sous les fesses. La casquette est un accessoire indispensable, avec sa coupe
spécifique, la visière bien droite et
l’étiquette encore visible. La basket
bbLes “Hip Hop”
Histoire et principe
Le Hip Hop, mouvement jeune des
ghettos noirs américains dans les années 70, est particulièrement connu
pour sa musique, souvent appelée
“rap”. To be hip se traduit par être à la
mode. La street (la rue) est un élément
important de ce mouvement. Les
jeunes s’en revendiquent ; leur style,
viennent de la rue.
Dans leur langage, leur style vestimentaire s’appelle streetwear (habit
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Le Caille-ra porte sa casquette à
l’envers ou sur le côté.
est la chaussure par excellence.
L’influence gangsta (gangster, toute
activité illégale et procurant l’argent
facile) est présente, autant dans le
style vestimentaire que dans la musique. Le dealer (vendeur de drogues), le pimp (proxénète) sont érigés comme des modèles de réussite.
Ainsi, le style renvoie fortement au
monde pénitencier. L’origine du baggy et des chaussures jamais lacées,
fait référence à la détention où la
ceinture et les lacets sont confisqués.
Depuis peu, le style bling-bling (en
référence au bruit que font les bijoux
en s’entrechoquant) s’impose. Le
style est alors agrémenté de grosses
chaînes en or, avec des pendentifs or
et diamant, représentant le dollar ou
autre signe de richesse. Les oreilles
sont percées chez les hommes, avec
de gros diamants en boucle d’oreille.
• La “Caille-ra”
© DR
leurs lieux de vie et leur inspiration
© DR
Société
Le jogging retroussé fait référence
à la chaîne de l’esclave.
En France, le mouvement Hip Hop
est clairement, comme la marque, un
“produit de banlieue”.
Le style vestimentaire est également
sportif, les survêtements, les baskets, la banane et la casquette sont
les ingrédients du style Caille-ra. La
marque fétiche a longtemps été Lacoste, entraînant le déclin de sa renommée comme marque de luxe. La
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Les codes vestimentaires des adolescents
Caille-ra porte la casquette à l’en-
bbLes “Lolitas”
vers ou sur le côté, le jogging relevé
jusqu’au genou d’un côté est censé
faire référence à la période de l’esclavage et des chaînes liées aux pieds.
Histoire et principe
Le style lolita est exclusivement féminin. Ce style n’est pas contestataire,
« Le style lolita suit la mode imposée par les
grandes marques et colle aux représentations de la femme dans notre société. »
Mais beaucoup d’autres explications
farfelues ont été données (signe que
l’on a tué quelqu’un…).
La Caille-ra porte des bijoux moins
voyants que le Kain-ri : gourmette,
chevalière, chaîne en grain de café.
De nos jours, la Caille-ra adopte un
style moins marqué et les ensembles
jogging ont fait place à un simple jean
et une veste en cuir.
ni créatif comme les autres. Bien au
contraire, il suit la mode imposée par
les grandes marques et colle aux représentations de la femme dans notre
société : féminité, séduction, grand
soin de sa personne.
La Lolita est généralement influencée par la mère qui dès son jeune
âge l’habille, la coiffe et lui apprend à
prendre soin de son apparence. La féminité est le maître mot du style lolita
et ses idoles sont les grands manne-
© Jamie Choy - Istock
quins, comme Kate Moss. Les grandes
marques, notamment luxueuses, se
sont saisies du phénomène et proposent les mêmes vêtements taille “enfant”. Ainsi, la lolita peut se procurer
des chaussures à talons et des soutiens
gorges (rembourrés) dès l’âge de dix
ans. La marque H&M propose chaque
année des collections de grands couturiers (Versace, Lanvin, Sonia Rykiel)
avec pour cible la jeune lolita, déjà accro aux marques.
parfum, soins de la peau) sont ses principales préoccupations. Les cheveux
sont propres et brillants, longs ou milongs, agrémentés de barrettes ou d’un
petit foulard. La lolita porte des jupes,
des robes, n’ayant pas peur d’exhiber
ses jambes, et des tops courts et décolletés. Elle déteste la surcharge de vêtements et met ses formes en valeur. La
lingerie est très féminine (string, soutien-gorge push-up). Elle se chausse
de ballerines, de bottes à talons et de
temps de temps en baskets Converse.
Les accessoires sont très importants
et de marques de luxe : sacs Longchamp, Vuitton, foulard Hermès…
Les bijoux sont discrets, mais en or ou
autres matériaux précieux.
Conclusion
Le look est primordial pour s’affirmer
et permet de repérer la tribu de l’adolescent en un clin d’œil. Le vêtement
permet « de se constituer des personnalités masques, qui occultent, mais
surtout signifient et expriment » (7).
En clair, pour l’adolescent, l’habit fait
le moine.
l
Style vestimentaire
Le style des lolitas est BCBG et glamour.
La féminité est le maître mot b
de la Lolita.
La coiffure, le maquillage et le soin du
corps en général (épilation, manucure,
Mots-clés :
Codes vestimentaires, Société, Tecktoniks, Gothiques, Roots, Teuffeurs, Hip
Hop, Lolitas
Références
1. Bailleux N, Remaury B. Modes et vêtements. Ed. Gallimard, 1995.
5. de Margerie G. Dictionnaire du look : Une nouvelle science du jeune. Ed.
2. Simmel G. La Mode. In: La Tragédie de la culture et autres essais. Ed. De
Broché, 2009.
Minuit, 1988.
6. Green AM. Des jeunes et des musiques : Rock, rap, techno. Ed.
3. Fize M. L’Adolescence pour les nuls. First ed, 2010.
L’Harmattan, 1997.
4. Fize M. Les Adolescents. Ed. Brochet, 2009.
7. Morin E. Le vif du sujet. Ed. Poche, 1982.
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