Communiqué du SNES Paris Paris, le 12 février 2015

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Communiqué du SNES Paris Paris, le 12 février 2015
Communiqué du SNES Paris
Paris, le 12 février 2015
Le conseil de Paris accède à la demande des élus du 16ème arrondissement de fusionner des secteurs
de recrutements des collèges Delacroix et Janson de Sailly.
En fusionnant ces deux secteurs, le Conseil de Paris prend l'initiative de la création d'un futur collège de
1500 élèves dans une cité scolaire de près de 4000 élèves. La répartition des élèves entre ces deux sites,
6èmes/5èmes sur le site Delacroix - que le Proviseur du "Grand Janson" propose d'appeler le "petit
Janson"...- et 4èmes/3èmes sur le site Janson anticipe la fusion administrative.
Cette fusion des secteurs ne correspond donc en rien à l’expérimentation proposée par la Ministre de
l’Education nationale qui aurait dû s’accompagner du maintien des deux collèges et de nouvelles
modalités de répartition des élèves sur les deux établissements.
Le SNES Paris s'étonne qu'une majorité de gauche revienne sur ses combats pour la mixité scolaire et
sociale en contribuant à renforcer le poids des cités scolaires les plus prestigieuses qui, à Paris,
contribuent grandement à la ségrégation sociale. Rappelons que celle-ci se situe à un niveau si élevé que
le taux d’accès d’une génération au baccalauréat des jeunes parisiens (taux calculé au lieu de résidence
et tous bacs confondus) y est l’un des plus bas de France, au même niveau que celui de l’académie de
Créteil !
Pour le SNES Paris, cette décision est lourde de conséquences et ouvre un débat dans l'Académie.
L’argument de l’évitement avancé au conseil de Paris par Mme Cordebard, Maire chargée des affaires
scolaires, permettent d'envisager un regroupement généralisé des collèges autonomes et des cités
scolaires. Faut-il fusionner le collège de Stael avec le lycée Buffon ? Le collège Lucie Faure et le lycée
Hélène Boucher ? Le collège Prévert et le lycée Fénelon ? Le collège Jules Romains et le lycée Victor
Duruy ? Le collège Pierre de Ronsard et le lycée Carnot ? Le collège Gustave Flaubert et le lycée Claude
Monet ?
Tous ces collèges subissent l'évitement du fait de leur proximité avec une cité scolaire attractive. Mais
quand il s'agit d'une cité scolaire non attractive comme le lycée Bergson, le conseil de Paris décide d'en
réduire le périmètre et l'Académie de fermer des classes !
Pour sûr que ces opérations recevraient l'assentiment de tous les parents et les maires
d'arrondissements de ces établissements tant les processus de ségrégation se font toujours en plein
accord avec les acteurs qui y contribuent. La lutte pour l'intérêt général en la matière nécessite d'aller
contre les intérêts particuliers, c'est là toute la difficulté de la mixité sociale.
Pour le SNES Paris, la facilité sinon la démagogie serait de relayer les revendications des collègues de ces
"collèges évités" dont certains aspirent à intégrer une cité scolaire. Ce n'est pas notre choix et
l'accusation de défendre des intérêts corporatistes est particulièrement injuste venant d'élus du 16ème
arrondissement qui cherchent à satisfaire des parents qui se sentent discriminés parce qu'ils avaient la
"malchance" d'habiter dans le seul secteur de l'arrondissement dont les élèves dépendent d'un collège
autonome. Venant de la majorité municipale, c'est une erreur politique.
Et que dire aux parents des arrondissements de l'est, du nord ou du sud de Paris qui ont cette
"malchance" de dépendre massivement de collèges autonomes ?
Pour le SNES Paris, la lutte pour la mixité passe d'abord, dans la Capitale, par un rééquilibrage des
capacités d'accueil, en collège comme en lycée. Il n'est pas normal que des arrondissements aient
conservé et même augmenté le nombre de classes alors que ces arrondissements se dépeuplaient. Ces
classes aspirent des élèves de l'est parisien et contribuent à ghettoïser les collèges de ces
arrondissements. Elle passe aussi par la multiplication des collèges autonomes et la fin, par étapes, des
cités scolaires qui doivent laisser place à des lycées plus diversifiés dans leur offre scolaire, polyvalents
et présentant plus de mixité sociale.
Par ailleurs, les élus du conseil de Paris, s'ils ont à cœur de lutter contre la ségrégation sociale et
scolaire, devraient veiller à endiguer la montée de l'enseignement privé passé en 12 ans de 32% à 40%
des collégiens scolarisés. Aucune de nos interventions, nombreuses, sur ce terrain depuis 15 ans n'ont
suscité de réaction de la part de la Ville de Paris.
Nos collègues enseignants et les personnels administratifs vont devoir maintenant subir les
conséquences de cette décision qui va dégrader leurs conditions de travail et considérablement
compliquer la gestion de cet établissement. Ils continueront à trouver le SNES Paris à leurs cotés pour
relayer leurs aspirations à plus de justice sociale et d'égalité scolaire.
Au moment où la ministre vient de relancer l’exigence de mixité sociale, le conseil de Paris donne donc
un bien mauvais signal ! Une politique de mixité appelle un débat approfondi sur la carte scolaire
parisienne, le SNES Paris l’appelle de ses voeux.
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