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Association des Anciens de la Météorologie Bulletin d'information n° 108 (Abonnement : 80F, le numéro : 30F) - Quadrimestre 2/1992 M ETEO FRANCE Bulletin imprimé par la Météorologie nationale Maquette, présentation et mise en page par le «Service de la Communication et de la Commercialisation de Météo-France (service «Dessin - Imprimerie - Photo») Anciens météos, civils et militaires, ce bulletin est le vôtre. Adressez-nous articles, informations, documentation, desiderata.... Adhésion: fiche de renseignements (voir plus loin) Notre adresse : Association des Anciens de la Météorologie 7, rue Teisserenc de Bort 78190 Trappes Tel (SETIM) 30.13.60.00 Tél(AAM) 30.13.61.30 CCP 16 396 17.Y.PARIS Cotisation annuelle 1992 : 80 F Sommaire A LA METEOROLOGIE NATIONALE • Les anciens du Bourget s'y retrouvent • Histoire de la Météorologie au «Bourget» par P. BROCHET • Intervention de D. PAYEN, chef du SMIRIC • L'intervention de Cl. PASTRE, représentant du directeur de Météo-France 1 1 2 3 • Météo-France et les XVIème JO d'hiver 92 • Réorgansiation de la Recherche à Météo-France • Prévoir les vagues : Vagatla et Vagmed 4 7 9 LA VIE DE L'ASSOCIATION • L'AAM au musée de la Marine (27 janvier 1992) • L'AAM à l'Opéra Garnier (24 février 1992) • DE PLINE l'ancien à FERGUSSON au COMPA 10 10 11 • Le musée de la Météo • Courrier • Divers • Nos disparus 11 12 12 13 DANS LE PASSE • Météo et médecine : Société Royale de Médecine et Météorologie par M. BEAUREPAIRE 14 • Souvenirs d'André TESTARD • In Mémoriam : André PRUDHOMME 16 16 • Terre Adélie • Souvenirs par Jacques DETTWILLER 18 19 LES MOTS CROISES DE L'AMI JACQUES 20 A LA METEOROLOGIE NATIONALE LES ANCIENS DU BOURGET S'Y RETROUVENT Le 13 mars s'est tenue au SMIR Ile-de-France-Centre du Bourget, à l'initiative de Denis PAYEN le chef du SMIR, une réunion à laquelle étaient conviés tous les Anciens du Bourget. Ils se sont ainsi retrouvés quelque 150 collègues autour d'un buffet solidement approvisionné. Certains n'ont oeuvré au Centre régional que quelques mois, en stage, d'autres quelques années voire plusieurs décennies; tous semblèrent avoir conservé de leur séjour un excellent souvenir, rempli d'anecdotes. Cette manifestation était patronnée conjointement par le Directeur de Météo-France, le SMIR Ile-de-France, notre Association et le cercle Laplace. J'ai constaté qu'une bonne proportion des participants retraités étaient membres de l'AAM. En tant que Président de l'AAM j'avais été sollicité pour présenter un court historique du Bourget et de ses installations météorologiques. Vous trouverez ci-après le texte de cette intervention, modeste contribution à l'histoire de nos activités météorologiques. P.B. HISTOIRE DE LA METEOROLOGIE «AU BOURGET» Par Patrick BROCHET Président de l'Associaiton des Anciens de la Météorologie Sans remonter au déluge, la Morée n'ayant probablement pas participé à cet événement biblique, Le Bourget, antérieurement à 1870 s'est cantonné dans un modeste anonymat, la bourgade se contentant de livrer aux parisiens sa production maraîchère. Toutefois, en 1871, lors du siège de Paris, quelques engagements entre défenseurs de la capitale et uhlans prussiens firent connaître Le Bourget, tout au moins des parisiens. Un tableau de l'église située à l'entrée nord du bourg rappelle cet événement. Puis, rien ne se produit pendant une quarantaine d'années. Mais dès le début de la «grande guerre», en septembre 1914, un premier groupe d'avions, une quinzaine, est implanté sur la commune de Dugny pour faire face aux incursions de quelques avions allemands. En 1916, les activités aériennes prenant de l'ampleur, (chasse, bombardements) une station météorologique aéronautique est implantée sur la commune du Bourget et c'est, on peut le dire, la naissance du Centre actuel... Cette station dotée d'un faible effectif militaire, dépend du Service météorologique militaire qui vient d'être fondé cette même année par le commandant ROUCH avant de passer sous l'autorité du Colonel futur général DELCAMBRE bien connu des météorologistes puisque créateur en 1921 de l'Office National Météorologique (ONM) qu'il dirigea jusqu'en 1934. Anectode; le dit général fit la joie d'un journal satirique en signant une note de service réglementant les dimensions... du papier des toilettes! A la fin des hostilités, en 1918, ce sont les équipages de quelques 115 avions, dont des chasseurs de nuit, qui viennent à la station météo chercher leur protection de vol. Dès l'armistice le basculement intervint au profit de l'aviation civile, qui se traduisit par l'implantation au Bourget d'une première station météorologique civile sous l'autorité de MM. MARTIN et PAPILLON, bien connus des Anciens. Les premières lignes commerciales s'ouvrent; tout d'abord ParisLondres dès 1919 puis les liaisons aériennes se multiplient nécessitant un personnel météo de plus en plus nombreux et qualifié pour assurer la protection de ces vols entre Le Bourget et Bruxelles (1920), Varsovie et Amsterdam (1921), Constantinople (1922) puis Belgrade, Vienne, Genève... et même une tentative, non poursuivie, de liaison Paris-Moscou. On ne peut qu'être admiratif devant nos grands Anciens d'avoir assuré ces responsabilités avec les moyens techniques aussi restreints que ceux dont ils disposaient... Il fallait également quelque courage aux passagers qui empruntaient de tels «coucous», inconfortables et bruyants; il est vrai que le snobisme n'a pas de limite! De la notoriété européenne, associée à ces vols commerciaux, Le Bourget accède à la notoriété internationale à la suite de nombreux «raids» qui, à l'époque, partiront de cet aérodrome et pour lesquels les m é t é o r o l o g i s t e s locaux furent abondamment sollicités. Je citerai, en particulier, ParisBassorah en 1928 par les frères ARRACHART, ParisIndochine en 1927 par le capitaine CHALLE, les records de Maryse BASTIE en 1930... e t c . . Cette renommée du Bourget devint mondiale avec l'atterrissage le 21 mai 1927 du Spiritof Saint-Louis de Lindbergh. Une foule enthousiaste envahit ce jour-là le terrain du Bourget et les forces de l'ordre auront beaucoup de mal à préserver l'avion de la «voracité» de ses admirateurs ! Malheureusement quelques jours avant on avait eu à déplorer la tragique et toujours mystérieuse disparition de l'Oiseau-Blanc de NUNGESSER et COLI qui avaient quitté Le Bourget en direction du continent américain. Il fallut attendre 1930 pour que soit vaincu l'Atlantique dans le sens Est-Ouest, par COSTES et BELLONTE qui eux aussi décollèrent du Bourget, leur protection aéronautique remarquable ayant été élaborée par André VIAUT futur directeur de la météo française et président de l'OMM, en collaboration avec les prévisionnistes du Bourget. Au cours de cette période, entre deux guerres, les moyens techniques du service météorologique local s'améliorent sensiblement. Le télémétéorographe STRUTZ assure une télémesure locale d'une sélection de paramètres météo. Dès 1932 Le Bourget est doté de téléimprimeurs assurant la régularité des concentrations et diffusions d'observations, puis en 1937 les prévisionnistes bénéficièrent chaque jour et du radiosondage de Trappes et de vols météo locaux. Le confort des météos progresse également avec la construction d'une nouvelle aérogare où ils sont regroupés. A cette même époque fut créé Air-Bleu (en 1935) dont certains participants légendaires : DAURAT, VANNIER, MERMOZ, GUILLAUMET, SAINT-EXUPERY... fréquentèrent la station météo. Août 1940, les allemands occupent l'aérodrome qui fut réservé à des fins militaires et que les alliés bombardèrent à plusieurs reprises. A la libération de Paris en août 1944, nouveau retour de l'histoire, des combats se déroulent au Bourget, comme en 1871 et avec les mêmes protagonistes... Plusieurs de mes camarades de la 2ème DB du Général LECLERC y trouvèrent la mort. 1 Dès septembre 1944, les météos civils sont de retour, d'abord logés dans des baraquements en bois avant de retrouver leurs locaux dans l'aérogare reconstruite. La station d'observation est transférée au nord du terrain dans un local qui conservera un nom mystérieux pour beaucoup : HXN. INTERVENTION D E D . PAYEN, C H E F DU SMIRIC Monsieur le Ministre, Mon Général, Messieurs les Présidents, Messieurs les Directeurs, Mesdames, Messieurs, Chers collègues et amis, Les liaisons aériennes se multiplient et couvrent bien au delà de l'Europe, l'Afrique, le Proche-Orient, l'Amérique... C'est l'époque des grandes figures locales du monde aéronautique : Flitcroft, représentant d'Air France ou D A U R A T et VANNIER responsables des liaisons aéropostales. En 1953 nouvel événement avec l'atterrissage en France du premier avion de ligne à réaction : le Cornet, dont je me souviens parfaitement, l'arrivée donna quelques sueurs froides au prévisionniste en raison d'une véritable course entre cet atterrissage... et la progression prévue d'un banc de stratus ! Le Bourget est alors le grand aéroport commercial de Paris, pas pour bien longtemps car Orly d'abord puis Roissy Charles de Gaulle vont lui disputer cette suprématie et bientôt se substituer à lui. Mais auparavant, le Centre météorologique et la Région auront vu leurs équipements se perfectionner : dispositifs de reproduction des cartes (aux forts relents d'ammoniaque), radar panoramique (en 1953), réception fac-similé en 1958, réduisant les tâches fastidieuses de pointage et de tracé, puis télémètre à nuages, transmissomètres qui facilitèrent et améliorèrent la précision de l'observation et finalement tous les supports télématiques, en particulier, Météotel mettant à la disposition du prévisionniste une palette extensive de documents d'analyse et de prévision. Je rappellerai un incident qui s'est produit à la fin des années 50, l'incendie du local où étaient entreposées toutes les archives de la station météo depuis 1923.. Tout fut réduit en cendres, et à un moment on a même craint que les météos militaires qui y logeaient aient subit le même sort... heureusement ils étaient tous en «fausse perm» ! En 1963 une nouvelle station d'observation fut inaugurée au bord des pistes, remplaçant enfin le vieil «HXN». Notons que la réputation du Bourget ne fut pas due seulement à sa fonction de grand aéroport international des années 50, mais également aux grandes expositions et meetings aéronautiques qui s'y déroulent depuis des décennies et draînent des foules considérables. Bien entendu les activités de centre régional ne sont pas limitées aux seuls aspects aéronautiques. Sous l'impulsion des directeurs de Région puis de SMIR qui se sont succédés, tout un éventail d'assistances a été développé couvrant l'ensemble de la région météorologique Nord qui à l'origine s'étendait d'Eguzon à Dunkerque et de Langres au Havre. Les activités devinrent de plus en plus diversifiées : agriculture, génie civil, transports routiers, autoroutes, marine (le centre était en effet responsable des prévisions pour le large et la zone côtière du Cotentin à la Mer du Nord et à la Mer d'Irlande). J'ai plaisir à rappeler pour terminer la succession des directeurs de Région qui ont opéré au Bourget : MM. TASSAEL, LAMBERT, DUVERGE, GALZI, THIBORD, BLANCHET, AGNOUX et Denis PAYEN. Toutes les activités extraaéronautiques du Centre régional vont se poursuivre dans un cadre, vraisemblablement mieux adapté, en plein centre de Paris et donc plus accessible aux multiples usagers du SMIR Ile-de-France, Centre. Je souhaite que tous les météorologistes en activité au Bourget et transférés sur le site de l'Aima y trouvent les conditions d'une carrière efficace et harmonieux. 2 Le 31 mars à 11 h 00, le Centre Météorologique Interrégional au Bourget aura vécu. Le relais sera pris par le nouveau Centre à Paris, avenue Rapp. Une page de l'histoire de la Météorologie au Bourget est d o n c sur le point de se tourner. J'ai tenu à ce que nous la tournions ensemble : - ensemble, c'est avec les météorologistes «en charge», c'està-dire m e s collaborateurs et moi-même en service au Bourget pour quelques temps encore, ainsi que tous nos collègues, - ensemble, c'est aussi avec les anciens du Bourget : les très jeunes anciens, ceux qui nous ont quitté il n'y a que quelques mois lors du transfert du service central à Toulouse... et les autres, qui ont quitté le Bourget il y a un peu plus longtemps... - ensemble, c'est avec les usagers du Centre météorologique du Bourget : nos partenaires d'Aéroports de Paris et du Musée de l'Air qui nous accueille ce soir, et les usagers de divers secteurs de l'Agriculture à l'Environnement. Denis PAYEN au micro A ces derniers je donne l'assurance que cette page que nous allons tourner, ne sera pas celle qui porte le mot FIN. Il y aura continuité du service, que ce soit à l'Aéronautique, avec notamment l'ouverture d'une nouvelle station de météorologie aéronautique pour servir l'aviation d'affaire, que ce soit à tous les autres usagers qui obtiendront informations météorologiques et climatiques de Paris-Alma comme ils l'obtenaient jusqu'ici du Bourget. Aux jeunes et moins jeunes anciens, je souhaite dire que nous avons essayé de perpétuer une tradition faite de passion du métier de météorologiste, de sens du service et du goût de la technique et du travail bien fait. M. l'Ingénieur Général (H.) BROCHET, Président de l'Association des Anciens de la Météorologie nous fera dans un instant un bref historique de la Météorologie au Bourget et nous rappellera ainsi les conditions dans lesquelles s'est forgée cette tradition. Je suis certain, pour ma part, que cette tradition saura être maintenue, et même en d'autres lieux. A mes collaborateurs je vais encore demander de fournir des efforts pour réussir parfaitement dans les jours prochains le transfert du Centre, en précisant que ces efforts sont ceux de la dernière ligne droite. Et puis je constate avec eux, que nombre d'anciens du Bourget, qui nous font l'amitié d'être présents ce soir, ont visiblement réussi. Ils ont réussi dans le domaine de la politique, dans le domaine du spectacle, dans le domaine du sport. . . il en est même qui ont réussi dans le domaine de la Météorologie. . . Nous allons bientôt devenir, par la force du transfert, des anciens du Bourget... tous les espoirs nous sont donc permis ! L'INTERVENTION DU REPRESENTANT DU DIRECTEUR DE METEO-FRANCE Monsieur le Ministre, Mon Général, Mesdames, Messieurs, Chers Collègues, Qu'il me soit permis de vous dire tout d'abord combien M. André LEBEAU, Directeur de la Météorologie nationale, retenu par des obligations internationales, regrette de ne pas pouvoir participer à cette manifestation. Tournons donc cette page de notre histoire, avec un brin de nostalgie peut-être,... mais entamons la lecture des chapitres suivants avec un optimisme raisonnable et résolu. C. PASTRE Le Cercle LAPLACE, Amicale des Météos et Anciens du Bourget était évidemment très concerné par ce tournant de l'«histoire» régionale. Son Président Robert LAVALETTE a tenu à remercier les Directeurs de METEO-FRANCE et du SMIR/IC pour l'heureuse initiative qui a permis ces retrouvailles. Fondé en 1972, le Cercle LAPLACE a connu (comme le Bourget d'alors) une intense activité internationale : réunions et contacts avec les météos Belges, Hollandais, Luxembourgeois, Anglais, Allemands et S u i s s e s . C o m m e l'histoire est un éternel recommencement, il a souhaité que la page ne soit pas complètement tournée après 65 ans d'activité du Bourget, mais que certains (les plus jeunes) y reviennent dans autant d'années pour y faire la fête ! . . . Le transfert du Centre Météorologique Interrégional Ile-de-France-Centre vers Paris-Alma est l'occasion d'une cérémonie, où je me félicite du brassage des générations et de la participation de nos usagers et partenaires. Je voudrais à cette occasion, souligner que ce transfert s'intègre dans la politique de METEO-FRANCE de rationalisation de ses implantations : - avec le regroupement récent sur la Météopole de Toulouse d'un solide ensemble enseignement/recherche/exploitation; - le développement à Trappes d'un pôle instrumental; - et le regroupement à Paris-Alma des bureaux de la Direction, des services de la Communication et de la Commercialisation, ainsi que du SMIR, compétent pour les régions d'Ile-deFrance et Centre. Claude PASTRE au micro Ces mouvements géographiques récents ou à venir, viennent après une phase de bouleversement technologique qui a vu se mettre en place, en quelques années, notamment le réseau téléinformatique météorologique (RETIM), METEOTEL, le programme METEOS AT opérationnel et le système informatique interrégional (INTERMET) et tout récemment l'installation du CRAY-2 à Toulouse. Ils viennent également après une phase de réorganisation liée à la loi de décentralisation, et qui a vu en particulier la création des SMIR et de 14 nouveaux Centres Départementaux de la Météorologie. G. C. Anicet LEPORS, ancien du Bourget évoque quelques souvenirs avec ses collègues, dont Patrick BROCHET et Georges CHABOD Ces mouvements et bouleversements, ainsi que d'autres à venir encore, montrent à l'évidence que notre maison est vivante, qu'elle se modernise, qu'elle sait se montrer dynamique, s'adapter à l'environnement, y compris l'environnement socio-économique. Il me plaît de constater, qu'en même temps que se produisent tous ces changements et que se renouvellent les générations, une certaine tradition se maintient, comme ici au Bourget, et qui nous a été rappelée précédemment. C'est grâce à cette tradition, où se mêlent solidarité, sens du service et exigence de qualité, que nous pourrons poursuivre résolument, et sans perdre notre identité de météorologiste, notre marche vers le progrès et le développement, au service du public. C'est cette alliance de la modernité et de la tradition qui me rendent confiant dans la réussite prochaine du transfert du SMIRIC à Paris-Alma, et dans l'accomplissement des autres opérations que nous aurons à réaliser. 3 METEO-FRANCE ET LES XVIèmes J.O. D'HIVER 92 : DE LA PROSPECTIVE A LA REALISATION, MISSIONACCOMPLIE... La photo ci-contre est celle d'un panneau d'exposition (conçu par l a Division RPC que j'avais l'honneur de diriger à l'époque) qui était destiné spécialement au Colloque sur l'information météorologique les 5 et 6 juin 1987 au Sénat. Presque 5 ans avant les JO, il fallait déjà sans contresens et sans contretemps, brosser l'ébauche de la façon dont, en beaucoup de domaines, la MN pouvait apporter un concours précieux au COJO. A. L E B E A U en avant-propos du dossier que METEOF R A N C E venait de composer (qui expose tout ce qui a pu être réalisé et que nous publions à la suite), décrit la genèse de cette opération unique. G.C. Grâce à l'ensemble des personnels et des moyens de METEOF R A N C E , 80 spécialistes, ingénieurs et techniciens, installé sur la zone olympique, assureront un suivi des conditions météorologiques et mettront à la disposition de tous les utilisateurs potentiels, des prévisions pour des échéances allant, selon les cas, de 1 heure à 5 jours. Pour METEO-FRANCE, les Jeux Olympiques d'Hiver 1992 d'Albertville sont un défi technologique compte tenu de la complexité des problèmes posés du fait du nombre et de la diversité des sites, et une occasion de faire savoir nos «savoirfaire». Si sur l'ensemble des actions menées, un choix devait être fait, j ' e n retiendrais deux : a - l'utilisation opérationnelle d'un modèle d'échelle très fine permettant de donner des prévisions de vent à 10 m et de température à 2 m. 1 - Avant-propos du Directeur de METEO-FRANCE Depuis le 14 janvier 1987, METEO-FRANCE est officiellement en charge de la couverture météorologique des Jeux Olympiques d'Hiver 1992. Pour le Service Météorologique Interrégional Centre-Est, l'opération a commencé dès 1985, lors de la préparation du dossier de candidature. Le premier travail de l'équipe chargée du projet a été d'anticiper dès 1987, le savoir-faire de METEO-FRANCE en 1992 et de définir les moyens techniques et humains à mettre en place pour l'utiliser de façon optimale. Aujourd'hui, à quelques jours du début des compétitions, nous pouvons affirmer que le maximum a été fait et que les meilleurs produits météorologiques possibles, en l'état actuel de nos connaissances, seront mis à la disposition des responsables de la Sécurité Civile, des manifestations sportives, des médias et des spectateurs. 4 b - la mise au point, avec A2, du prototype de ce que sera le bulletin météorologique de demain. La logique qui va «du temps qu'il a fait au temps qu'il fera» sera présentée à l'aide de données satellitaires et d'animations de sorties de modèles. A tous ceux qui nous ont aidés et qui continueront de le faire j u s q u ' à la fin des Jeux Olympiques et des Jeux Paralympiques, qu'ils appartiennent ou non à METEO-FRANCE, merci. André LEBEAU, Directeur de Météo-France. 2 - D E S ETUDES pour décider et agir Dossier de candidature Un dossier a été établi par le Centre d'Etudes de la Neige (Grenoble), donnant les valeurs statistiques d'enneigement moyen des massifs savoyards et leur ensoleillement. Détermination de la période des Jeux Une étude climatologique a été menée par le Centre Départemental de Chambéry, pour déterminer : • quelle est la période où l'enneigement est le meilleur, • quelle est, en hiver, la période la moins perturbée. Les résultats de cette étude statistique ont conduit le COJO à reporter la date d'ouverture des Jeux d'une semaine. Implantation des ouvrages olympiques Trois études préalables (vent et température) ont été nécessaires pour déterminer : • l'emplacement et l'orientation du tremplin de saut à Courchevel, • l'emplacement du pas de tir pour le biathlon, aux Saisies, • le tracé de la piste de bobsleigh à la Plagne. Assistance Des prévisions quotidiennes ont été fournies par les Centres de Chambéry et de Bourg-Saint-Maurice pour une meilleure conduite des grands chantiers de génie civil (ouvrages directement liés aux épreuves, routes et autoroutes). 3 - DES RESEAUX DE MESURES pour observer 4 - DES DEVELOPPEMENTS pour mieux prévoir L'observation météorologique traduit en valeurs numériques les différents paramètres qui caractérisent le temps que nous vivons. Un modèle est une représentation simplifiée de ce que l'on veut étudier et/ou prévoir. Ce peut être une maquette physique (en soufflerie par exemple), ce peut être un modèle numérique dans lequel certaines équations (dites de diagnostic) décrivent les relations entre les variables à un instant donné, et d'autres équations (dites de pronostic) projettent dans le futur l'état du système étudié. C'est ce dernier type de modèles que nous utilisons principalement. Les modèles habituellement utilisés par METEO-FRANCE le sont également pour les Jeux Olympiques : • EMERAUDE est un modèle global (au sens de globe) dont la maille est d'environ 150 km et qui comporte 15 niveaux. Il produit des prévisions pour des échéances allant jusqu'à 72 heures. • PERIDOT couvre le domaine européen et le proche Atlantique ; il a une maille de 35 km et fournit des prévisions dont les échéances atteignent 48 heures. Un réseau spécifique de mesures • Pour mieux connaître le climat de la Savoie Olympique, 23 stations automatiques ont été installées en moyenne et haute montagne. Les deux plus hautes sont à CHAMONIX-l'Aiguille du Midi (3852 m) et aux ARCS-l'Aiguille Rouge (3227 m). • Toutes mesurent le vent (direction et vitesse) et la température. Certaines possèdent des capteurs d'humidité, de pression, de précipitations (pluie) ou de hauteur de neige. • Toutes sont interrogées par les calculateurs du Centre Météorologique de Lyon-Bron ; 19 le sont au moyen du téléphone, 4 par le biais du satellite géostationnaire METEOSAT. Ce réseau ne sert pas directement à la prévision, mais plutôt à «caler» le modèle numérique à maille fine ainsi qu'à assurer le suivi immédiat des prévisions. Un réseau nivologique étoffé La connaissance du risque d'avalanches est primordiale, tant pour la sécurité que pour la viabilité routière. Pour répondre à ce besoin : • La fréquence des observations nivologiques est augmentée à trois fois par jour. • Des reconnaissances du manteau neigeux seront effectuées ainsi que des sondages de «battage». Hélistations METEO-FRANCE utilise également le modèle européen (auquel la France participe largement) qui est, lui aussi, global et avec des échéances de prévision jusqu'à 144 heures. Mais, afin d'être en mesure de répondre aux différents besoins exprimés et qui exigent des prévisions fines dans l'espace et le temps, plusieurs autres modèles ont été développés (ou adaptés) spécifiquement pour les Jeux. Leur utilisation est évidemment combinée (notamment pour les prévisions à courte échéance) avec d'autres moyens comme les radars et les satellites. Ainsi Super-Péridot est un modèle numérique (maille très fine : 3,5 km et 30 niveaux) limité au domaine des Alpes du Nord et développé spécialement pour les Jeux Olympiques. L'utilisation opérationnelle d'un tel modèle et une première mondiale. Des modèles d'adaptation statistique permettent de préciser les prévisions de température, de vent (fœhn) et de précipitation. Par ailleurs, pour la prévision des risques d'avalanche, une chaîne informatisée complète a été mise au point. Elle est constituée de trois modules : SAFRAN, analyse automatique des données nivo-météorologique CROCUS, évolution du manteau neigeux MEPRA, Système Expert d'aide à la prévision. Sept postes d'hélistation sont installés afin de communiquer les informations météorologiques à l'ensemble des aérodromes de la région. 5 - DES HOMMES pour prévoir Des mesures particulières Plusieurs personnes travaillent depuis maintenant 5 ans aux développements nécessaires à l'opération, ainsi qu'à l'installation, à la maintenance et à l'exploitation du réseau de stations automatiques. Sur les sites de Val d'Isère et de Méribel, des points de mesure particuliers ont été installés le long des pistes de descente. Ces mesures sont uniquement effectuées pour les besoins des organisateurs. Une équipe d'hommes et de femmes a été constituée, formée et perfectionnée en météorologie de montagne. Des réceptions, en vraie grandeur, ont été organisées avec le 5 COJO (Méribel en février 90, Val d'Isère en février 9 1 , entre autres). 80 personnes sont mobilisées durant le mois de février, sur le terrain et sur les 9 sites sensibles aux aléas climatiques. Leur tâche est multiple : 12 nivologistes seront chargés : d'ausculterlemanteau neigeux (sondages de battage, inspection), d'estimer les risques d'avalanches et de prévenir les autorités. • des bulletins de prévision spécifiques à la sécurité routière concernant le Beaufortin, la Tarentaise, la Haute-Tarentaise et les vallées de Chambéry, d'Albertville et de Moutiers (niveau de la limite/neige, altitude de l'isotherme 0°, brouillard, verglas, température, précipitation, vent); • des bulletins décrivant l'évolution du manteau neigeux et la prévision des risques d'avalanches sur certains couloirs; • des bulletins spéciaux aéronautiques pour la sécurité des avions et des hélicoptères; Le centre de prévisions météorologiques et nivologiques bâtiment du COJO - Albertville 12 météorologistes seront chargés de la prévision locale (site par site), et d'informer : • la Protection Civile et la DDE (sécurité civile, accès routiers) • le COJO (organisation des épreuves) • la Presse-écrite et audio-visuelle • le Public .3 météorologistes s ' o c c u p e r o n t des prévisions pour l'aéronautique 4 spécialistes veilleront à la fiabilité des transmissions 11 spécialistes assureront la maintenance des matériels avec, en amont tout METEO-FRANCE 6 - INFORMATIONS METEO SPECIALES JO Pendant toute la durée des Jeux Olympiques, METEOFRANCE fournira les éléments nécessaires : • à l'organisation et au bon déroulement des Jeux; • à l'information du public et des médias; • aux décisions concernant la sécurité des personnes et des biens. Pour cela un véritable centre météorologique a été créé à Albertville. Il diffusera : • des bulletins de prévision pour chacun des 9 sites olympiques, Val d'Isère, Tignes, Méribel, La Plagne, Les Arcs, Courchevel, Les Ménuires, Albertville et Les Saisies (prévision générale sur le site, vent, température, humidité, visibilité, précipitations). 6 • des bulletins d'alerte en cas de conditions météorologiques spéciales ou difficiles. 7 - UN BULLETIN TV SPECIAL JO Pour la durée des Jeux Olympiques, METEO-FRANCE a spécialement développé un nouveau type de bulletin dont la diffusion sera assurée par Antenne 2 dans le cadre de l'émission quotidienne de Gérard Holtz, programmée vers 19 h 30, puis reprise en Eurovision par d'autres chaînes. Il comprendra 3 séquences enchaînées et commentées en voix «off», décrivant : • le type de temps observé pendant les dernières 24 heures sur l'Europe Occidentale, par une animation provenant d'images du satellite géostationnaire Météosat, reçues et traitées par le Centre de Météorologie Spatiale de METEO-FRANCE, situé à Lannion. • le type de temps prévu pour les prochaines 24 heures sur le même domaine grâce à une animation d'images de synthèse directement issues du modèle de prévision PERIDOT, provenant du Service Central d'Exploitation de la Météorologie, situé à Toulouse. La fourniture opérationnelle d'images de synthèse de prévision constitue une première mondiale qui marque l'avance technologique de METEO-FRANCE. • une description du temps significatif pour la région Savoie et 3 sites olympiques sélectionnés suivant l'importance des épreuves de plein air du lendemain. Ce bulletin météo sera élaboré tous les jours à Moûtiers, les images des deux premières séquences étant reçues depuis Toulouse et Lannion par le réseau NUMERIS. 8 - RESEAU DE STATIONS AUTOMATIQUES EXPLOITEES PAR METEO-FRANCE REORGANISATION DE LA RECHERCHE A METEO-FRANCE METEO-FRANCE bouge et se reconcentre à Toulouse. La recherche en profite pour mieux s'adapter à la nouvelle situation et adopte une organisation plus modulaire et plus souple. UN NOUVEAU NOM Afin de tirer bénéfice d'une bonne connaissance de ce nom, en particulier à l'étranger et dans certains milieux nationaux, mais aussi au sein de METEO-FRANCE, la nouvelle structure de recherche abandonne son ancien nom (Etablissement d'Etudes et Recherches Météorologiques) au profit de celui de «Centre National de Recherches Météorologiques», préalablement restreint aux seules équipes toulousaines. LA NOUVELLE ORGANISATION Huit unités sont donc maintenant responsables pour conduire les actions de recherche et développement au sein du service de recherche réorganisé : • Le «Groupe de Modélisation pour l'Assimilation et la Prévision» (GMAP) à Toulouse, est chargé de la recherche et des développements conduisant à de nouveaux modèles numériques de prévision météorologique, incluant à la fois la dynamique, les paramétrisations physiques et les techniques d'assimilation des données; • Le «Groupe de Météorologie à Moyenne Echelle» (GMME) à Toulouse, étudie la dynamique des phénomènes de petite et moyenne échelle (tels les processus de couche limite, les échanges turbulents au-dessus des surfaces continentales, la convection, les nuages,...), afin d'améliorer leur compréhension et leur paramétrisation dans les modèles numériques de prévision du temps et d'étude du climat; • Le «Groupe de Météorologie de Grande Echelle et Climat» (GMGEC) à Toulouse, étudie les interactions entre troposphère, la prévision à longue échéance, les interactions air-mer, l'évolution de l'ozone et du climat. Il est responsable du développement de la composante «Atmosphère» du modèle communautaire français pour l'étude du climat, et de sa mise à la disposition des laboratoires intéressés; • Le «Groupe de Météorologie Expérimentale et Instrumentale» (GMEI) à Toulouse, développe et gère de nouveaux systèmes d'instrumentation, comme un réseau moyenne échelle de stations météorologiques automatiques, des moyens 7 de sondage en altitude, un radar ST bi-fréquence pour la mesure des profils verticaux de vent, et une veine hydraulique. Ce groupe participe aussi à des campagnes expérimentales pour le bénéfice du reste de la communauté scientifique; • Le «Centre d'Aviation Météorologique» (CAM) à Brétigny, est chargé de la mise en œuvre de deux avions (Merlin IV et Piper Aztec) instrumentés pour la recherche atmosphérique; • Le «Laboratoire d'Instrumentation et de Mesure Aéroportées» (LIMA) provisoirement à Magny-les-Hameaux, développe l'instrumentation aéroportée, est en charge de sa calibration, de la fourniture des données aux utilisateurs et de la poursuite d'activités scientifiques dans le domaine de la chimie troposphérique, • Le «Centre de Météorologie Marine» (CMM) à Brest, est responsable du développement de bouées océaniques et météorologiques pour l'étude des interactions air-mer, et pour leur mise en œuvre pendant les campagnes de mesure; • Le «Centre d'Etudes de la Neige» (CEN) à Grenoble, étudie les propriétés du manteau neigeux, les interactions neige-atmosphère, la météorologie de montagne et développe des outils d'aide à la prévision du risque d'avalanches. Dans ce domaine, il assure la coordination technique des services de prévision du risque d'avalanches de METEO-FRANCE. REPARTITION GEOGRAPHIQUE DES UNITES DU CNRM RECHERCHE ET DEVELOPPEMENT A METEO-FRANCE 8 PREVOIR LES VAGUES : VAGATLA ET VAGMED Génération des vagues par Anne Guillaume, Ingénieur au Service de Prévision Marine du Service Central d'Exploitation de la Météorologie Depuis novembre 1987, la prévision de l'état de la mer sur l' Atlantique nord est basée sur les résultats du modèle Vagatla que j ' a i développé à Météo-France pour les besoins de la prévision marine. La mise en service d'une adaptation de ce modèle à la Méditerranée (Vagmed), en décembre dernier, est l'occasion de rappeler ici les grandes lignes de fonctionnement du modèle et la nature des principaux produits disponibles. Dans chaque bassin, l'état de la mer est étudié pour tous les points d'une grille dont la résolution dépend principalement du degré de finesse des prévisions de vent qui alimenteront le modèle de vagues. Pour l'Atlantique nord, Vagatla utilise les vents de surface du modèle Emeraude et l'état de la mer est obtenu pour 1633 points espacés d'environ une centaine de kilomètres. En Méditerranée occidentale, Vagmed utilise les vents du modèle maille fine Péridot, la résolution est de l'ordre de 30 kilomètres et 820 points étudiés. Etat de la mer En chaque point de grille, l'état de la mer est représenté par son énergie et plus particulièrement par la répartition de cette énergie sur plusieurs vagues élémentaires, chacune caractérisée par sa période et sa direction de propagation. Vagatla décompose le champ en 144 vagues élémentaires suivant 12 directions de propagation et 12 périodes différentes. Vagmed en 198 éléments suivant 11 périodes de 18 directions de propagation. Grâce à ce nombre important de vagues élémentaires les mécanismes complexes qui régissent l'évolution du champ de vagues sont pris en compte et une prévision détaillée est proposée (ill. 1). SPECTRE ENERGIE POUR LE 90/11/25 MER TOTALE MER VENT HOULE TOT ENERGIE TOTALE Pt 897. (lat = 48,2 B lon = 7,6 W) 12 UTC ECH 12 = 5,9 m = 3,8 m VENT : DIR = 348/VITESSE = 12,8 m/s = 4,5 m HOUL1 : DIR = 293/ PERIODE = 14,5 sec = 2,18 METRE CARRE DIREC. 0| 30 | 60 | 270 300 | 330 1% PERIODE 19 | | 11 1 5 35 29 10 10 6 10 14 14 sec sec sec sec sec sec Plusieurs mécanismes interviennent simultanément dans le développement du champ de vagues. Partons d'une mer calme. Dès que le vent se met souffler, des ondulations apparaissent : les vagues les plus courtes se chargent en énergie. Si le vent se maintient et souffle sur une distancé assez longue (fetch), des vagues plus longues se développent sous l'influence directe du vent, mais aussi par transfert d'énergie d'autres composantes, sous l'effet de phénomènes de résonance non linéaires. Ces transferts non linéaires ont une importance fondamentale quand la mer se lève ou lors d'une évolution rapide du vent (passage de front, tempête, cyclone). Leur prise en compte est indispensable pour prévoir les mers qui s'avèrent être les plus dangereuses pour le navigateur : mers hachées (vagues courtes et hautes ou encore dites cambrées) et mers croisées. Pour modéliser ces transferts non linéaire, un nombre important de vagues élémentaires doit être considéré. Cela ne peut être fait que sur des supercalculateurs puissants, comme le Cray 2 dont dispose MétéoFrance. Le dernier phénomène qui intervient est le déferlement des vagues arrivées à saturation : des moutons apparaissent; ils commencent par affecter les vagues les plus courtes même s'ils ne deviennent spectaculaires que pour les vagues longues. Une fois générées, les vagues se propagent, et parfois fort loin (des houles générées au Cap Horn ont été observées jusqu'à la pointe de la Cornouaille en Angleterre). L'état de la mer en chaque point est donc la combinaison des vagues générées par le vent localement (mer du vent) et des vagues qui se sont propagées jusque là (houle). Prévision pour les navigateurs A l'usage des utilisateurs de la mer, plusieurs renseignements sont fournis. En chaque point de la grille, les énergies de toutes les vagues élémentaires sont additionnées et la quantité obtenue convertie en une hauteur significative. Des cartes de prévisions à 12, 24, 36 et 48 heures donnent la hauteur significative des vagues ainsi que des indications sur la période des vagues les plus chargées en énergie (mer du vent et houle). Pour des applications locales et des besoins plus spécialisés, des télex de prévision fine sont envoyés (ill. 1). La mise en forme des résultats du modèle a été faite en étroite collaboration avec les prévisionnistes du Service de prévision marine et doit beaucoup aux suggestions de Didier Wisdorff. Les résultats du modèle sont archivés chaque jour et viennent compléter les banques de données climatologiques. Illustration 1 : Télex de prévisions détaillées d'état de la mer envoyé à la station météorologique de Brest H : correspond à ce qu'un marin évalue lorsqu'il fait une observation météorologique ; on estime qu'une vague sur deux sera plus grande H/2 une sur cent sera plus grande 1,5 H et environ une sur 10 000 atteindra 2 H. Ici la hauteur significative de 5,9 m indique une mer grosse. Dans notre cas de figure, 64% de l'énergie se trouve dans une houle nordnord-ouest de période 14 secondes, ce qui correspond à 300 de longueur d'onde, c'est-à-dire à une houle forte. 9 LA VIE DE L'ASSOCIATION L'AAM AU MUSEE DE LA MARINE (27 janvier 1992) Cette visite fut une croisière idéale accomplie sous la conduite d'une conférencière nommée Murielle qui mérita tous les éloges. Au départ on évoqua Richelieu créateur de la Royale, Colbert qui la ressuscita, Duhamel du MONCEAU collectionneur des premières pièces. Le duc d'Angoulême obtient de Charles X l'ouverture au Louvre du Musée Dauphin, lequel, de 1943 à 1947, allait devenir le Musée de la Marine du Palais de Chaillot. Sous Colbert, la flotte du Levant, en Méditerranée, était composée de galères. La maquette de «LA DAUPHINE» permit d'évoquer voiles latines et avirons, chiourme et argousins. Pour le décor, on admira les sculptures d'origine de la poupe de «LA GRANDE REALE» (1671-73), qui assuraient au roi, et plus souvent au général des galères, la compagnie dorée des grands dieux de l'Olympe. Les vaisseaux de haut bord formaient la flotte du Ponant basée dans les ports de la côte atlantique. La présentation panoramique d'un chantier naval révéla les étapes du travail des maîtres de hache pour la construction d'une unité à partir de 2800 chênes centenaires abattus. Ensuite, les maîtres calfats assuraient une étanchéité de la coque garantie deux ans. Il restait à procéder au lancement et à placer gréement et canons. Le modèle réduit du «ROYAL LOUIS», aux 120 canons, illustra l'ouvrage achevé. Toutes les activités de jadis dans les ports importants revivent aux yeux du visiteur grâce à la série de grands tableaux que Joseph VERNET a peints à partir de 1752 à la demande du marquis de MARIGNY. A l'entrée de la salle des instruments, la boussole et le bâton de Jacob des navigateurs des grandes découvertes ont été rappelés. Puis se succédèrent l'astrolabe, le compas, le sextant, le loch et ses n œ u d s . . . et l'ampoulette. Le changement fut salué, toutes rames levées, par l'authentique canot utilisé en 1811 par Napoléon 1er inaugurant le port d'Anvers. Cette vénérable embarcation ne put entrer au Musée qu'au prix d'un mur abattu. Le domaine de la navigation à vapeur fut abordé par «LE PYROSCAPHE» que Jouffroy d'ABBANS expérimenta avec succès à Lyon en 1783. Hélas! aucun soutien ne vint de l'Académie des Sciences. Paris dut attendre 1803 pour voir un «vapeur», celui de Robert FULTON, dont la vitesse atteignit 2,9 nœuds. Cependant le mot PAQUEBOT figurait déjà en 1787 dans le texte d'une ordonnance royale. De nombreuses maquettes illustrent les étapes parcourues depuis les premiers paquebots à voile et à vapeur du 19ème s i è c l e . . . jusqu'au voilier-diesel lancé récemment par un club de vacances dans la mer des Antilles. Combien de noms seraient à citer entre ces extrêmes ? Le géant GREAT EAST E R N (1858-1888) retenu par Jules VERNE comme modèle de sa «Ville flottante»; PARAGUAY (1888-1908) auquel on associa le souvenir des émigrants partant aux Amériques, F R A N C E 2 (1912), le château de Versailles de l'Atlantique appelé au destin de navire hôpital; PARIS ou le triomphe du «Modem Style»; ILE DE FRANCE (1927-1958) qui détient le record de longévité et de distinctions honorifiques (notamment pour faits de guerre et pour le sauvetage, le 26 juillet 1956, des naufragés de l'ANDREA DORIA); NORMANDIE (1935-1942), la somptuosité, la rapidité puis la fatalité; PASTEUR, longtemps transport de troupes vers l'Indochine; FRANCE 3 (1962) qui devait venger NORMANDIE, en une version plus «démocratique», mais qui bientôt s'effaça dans le crépuscule des liaisons transatlantiques régulières... pour revivre sous pavillon norvégien l'ère nouvelle des croisièresvacances. L'exposition temporaire PAQUEBOTS DE LEGENDE, DECORS DE REVE pouvait intervenir. La Marine y céda la place à l'Histoire de l'Art. . . . et, une nouvelle fois, le déjeuner prévu à l'issue de la visite par Jacques HUTER, l'organisateur, n'allait pas manquer de sujets de conversation. P. FOURNIER L'AAM A L'OPERA GARNIER Après la visite de l'Opéra de la Bastille, celle de l'Opéra Garnier s'imposait. Organisée par Hervé DARNAJOUX, elle a eu lieu le 24 février 1992. 51 «anciens» y ont participé, divisés en deux groupes sous la conduite de conférenciers des Monuments historiques. L'exposé préliminaire rappela la décision de Napoléon III, égratigné lors de l'attentat d'Orsini, qui voulut un opéra nouveau, sûr, grand et beau. En 1860, Charles GARNIER, 34 ans, remportait le concours d'architecture. L'ouvrage débuta rapidement. . . mais à l'inauguration, le 5 janvier 1875, Mac MAHON remplaçait Napoléon III. Port de Toulon en 1854 par Antoine Morel-Fatio (1810-1871). Musée de la Marine 10 La coupe schématique de l'édifice souligne la modestie de l'espace réservé à la salle de spectacle, au bénéfice de son environnement. Le grand escalier, inspiré de celui des Ambassadeurs du château de Versailles, constitue, à lui seul, une scène de théâtre observable de plusieurs niveaux de balcons. La diversité des matériaux offrant un jeu de 32 couleurs, les cariatides symboliques, les torchères, les bronzes composent un encadrement féerique pour les silhouettes élégantes appelées à gravir les marches. L'avant foyer est décoré des mosaïques des frères SALVIATI et des angelots, symboles des métiers constructeurs. Il prélude à la découverte du grand foyer, nouvelle référence à Versailles et à sa Galerie des Glaces. Profusion et éclectisme caractérisent le décor : «Quel style est-ce donc là ?» questionna l'impératrice Eugénie. «Mais, le style Napoléon III» lui fut-il répondu. Nous en retiendrons les peintures allégoriques de Paul BAUDRY, d'autres angelots porteurs des instruments de l'orchestre et le buste de Charles GARNIER par Jean-Baptiste CARPEAUX. L'Opéra Quelques chiffres Dimensions générales : Surface : 11 237m , longueur : 125 m, largeur maximale : 125 m, hauteur du fond de la cuve à la lyre d'Apollon : 73,60 m. Escalier : 30 m de hauteur. Foyer : 18 m de heuteur, 54 m de longueur, 13 m de largeur. Salle : 20 m de hauteur, 32 m de profondeur, 31 m de largeur maximale. Poids du lustre : 8 tonnes. Scène : 60 m de hauteur dont 45 m de cintres et 15 m de dessous, 27 m de profondeur, 48,50 de largeur pour 16 m d'ouverture de cadre. DE PLINE L'ANCIEN A FERGUSSON AU COMPA La réunion statutaire pour le mois de mars des membres du bureau de l'AAM s'est tenue à Chartres le 12 mars, accueillie aimablement par le COMPA, Conservatoire du Machinisme et des Pratiques Agricoles qui mit une salle de réunion à notre disposition. Pourquoi le COMPA ? Parce qu'une intéressante exposition sur le thème Météorologie-Agriculture s'y tient jusqu'au 30 juin 1992 ; l'entrée y est gratuite. Jean TRIDEAU, chef du CDM de Chartres s'était chargé de l'organisation de notre programme. Semoir à betteraves 3 rangs PAILLARD utilisé aux environs de Pithiviers (45). Traction animale (cheval). 2 Le petit «salon du soleil» avec ses jeux de miroirs, l'ancien glacier et futur bar avec ses tapisseries à sujet gastronomique précédèrent la découverte d'une loge de la salle de spectacle. Cette salle offre un peu moins de 2000 places, dont un tiers à visibilité réduite. C'est le témoignage d'une époque où l'on continuait à aller au spectacle beaucoup moins pour voir que pour être vu. Note moderne : au plafond, l'œuvre de CHAGALL évoque les plus grands succès de l'art lyrique. Il restait à explorer l'envers du décor : les coulisses, la scène et le jeu des porteuses (30 mécaniques, 50 manuelles plus silencieuses), l'affairement des machinistes et leurs mots interdits hérités de la marine. Une surprise : le foyer de la danse, à l'arrière de la scène, où l'architecture de décoration retrouvait tous ses droits. L'hommage aux danseuses n'étaitil pas pour les plus fortunés des spectateurs l'attrait majeur de l'Opéra ? La visite s'acheva au dernier sous-sol. On s'assembla autour de l'un des regards de la cuve protectrice des fondations. Ici s'évanouissait toute la poésie liée à la légendaire rivière souterraine de l'Opéra. . . et à son Fantôme. Plus remarquables, à quelques pas de là, les puissants cabestans utilisés à l'origine pour déplacer les décors sont soigneusement conservés. Le moment était venu de retrouver l'air libre et le traditionnel déjeuner de fin de parcours. . . P. FOURNIER C'est Noël MAMERE, élu local et journaliste bien connu, qui avait initialisé l'idée de ne plus laisser dispersé l'outillage agricole ancien ou plus récent et de le regrouper dans un Musée où il est présenté de façon magistrale. La ville de Chartres a vu sa candidature retenue (alors que Niort conserve le patrimoine floral et de petite culture). Le plus ancien araire daterait de 3000 ans avant J-C, mais quelle évolution a suivi depuis lors la technique du labour par exemple. Météo-France et le CDM de Chartres sont présents tant par l'exposition de matériels anciens que par ceux qui présentent le temps réel (Météotel) ou les techniques récentes de l'assistance à l'agriculture. G. C LE MUSEE DE LA METEO Les travaux avancent régulièrement; un volume important de documents reste à exploiter. Nous prenons cela comme un travail de longue haleine. Les fiches établies peuvent être reprises et complétées. Mais, il n'y a eu aucune «précipitation» pour répondre aux questions posées, concernant le matériel historique du musée. Vous ne risquez donc pas le double emploi. Nous avons sollicité l'aide particulière de certains, mais tous les spécialistes sont concernés et ce serait dommage que les connaissances dans ce domaine particulier des équipements soient perdues. 11 Questions d'aujourd'hui : - quand a débuté l'utilisation du cerf-volant pour des mesures en altitude et quelle est la période d'utilisation ? - même question pour le météorographe STRUTZ ? Les archives locales répondent bien aux questions techniques, fiches instrumentales par exemple, mais nous sommes faibles sur la partie historique : date des prototypes, périodes d'utilisation, remplacement par du matériel nouveau . . . Simplifiez-nous la vie. Si vous hésitez à écrire, téléphonez à R. BEVING 46 63 07 51 - P. BROCHET 45 51 66 49 - P. DUVERGE 45 88 80 99 J.F H. Il nous adresse un article sur NINO, l'enfant terrible du Pacifique, dont notre rédacteur en chef va vous entretenir dès qu'il aura une page ou deux disponibles. En dernière minute, Pierre BERAUDY nous annonce le décès de l'adjudant chef J. VIEL (voir ci-après). Merci à tous de nous tenir informés. JFH. DIVERS • Dans notre BAM 107, nous avions donné une cadence d'assemblage des quadriréacteurs AIRBUS A 340 ; l'ambition actuelle de l'Aérospatiale est d'atteindre progressivement 7 appareils par mois. COURRIER Les dates de remise des textes de nos bulletins sont les 15.3 15.9 - 15.12. Le délai de réalisation est de 6 semaines, ce qui situe les dates de sortie en mai, novembre, février. Certaines dates clés ne sont, alors, plus d'actualité, par exemple le jour de l'An... Mais bien que cela paraisse incongru de le faire en mai, nous tenons à remercier nombre d'entre vous qui nous ont envoyé leurs voeux avec leurs encouragements pour la nouvelle année. Le Bureau est très sensible à ces marques de solidarité; elles font plaisir à tous. Notre correspondant régional Nord L. DANESSE, (Tél. : 20.25.01.09) qui va prendre sa retraite (bons voyages !), nous informe qu'il n'existe pas, dans sa région, d'association de Météo, la densité de résidents AM étant faible. Il propose à notre spécialiste des «Relations extérieures», Pierre DUVERGE, sa coopération pour les liaisons avec nos amis les météos belges. Merci pour l'information et pour la proposition. Que nos autres CR. pensent à nous informer du résultat de leurs enquêtes; les correspondants de la région PACA pourraient créer une coordination (c'est très à la mode!...). Notre ami Guy BAYARD (cl. 29) subit durement le poids des ans et comme presque nous tous, s'adapte à la situation et conserve grand intérêt pour la météo. Ah cette météo ! même pour nous, les amateurs, anciens militaires, à tous les stades de notre vie, elle aura beaucoup compté. (Amateurs, amateurs!.. c'est vite dit; en fait nous en savions plus que la plupart des journalistes qui font la pluie et le beau temps...). • Henri DEVILLERS (cl. 38) a quelques problèmes, lui aussi. Allez la classe 38, voir ci-dessus, la route est encore longue ! • René QUEYROY nous donne d'excellentes nouvelles, lui ; un seul ennui : le temps qui défile à une vitesse «V», tiens donc ! • Nous recevons un salut du Frère SERPETTE (cl. 46) de sa belle région du Quercy ; nous lui adressons notre meilleur souvenir et particulièrement notre Président Patrick BROCHET. • L'ami Robert CHEAR (cl. 35), du Havre, habitué de nos sorties, suit avec un grand intérêt les articles, les émissions sur notre discipline préférée. 12 Bridge N'oubliez pas de vous inscrire. Il faut envisager duplicate ou tournoi par paires, suivant le nombre de participants, à la «rentrée». Mais que nul ne craigne cet affrontement. Personne ne vise un titre d'expert ! Cotisations L'année 92 s'avance à grand pas. Ne vous laissez pas déborder. Mettez-vous à jour de vos cotisations, toujours maintenues à 80 F. Merci à tous. Et toute la reconnaissance de notre Trésorière. A propos du livre d'Alfred FIERRO Je regrette vivement que dans l'«Histoire de la Météorologie» d'Alfred FIERRO parue aux Editions DENOEL en 1991, il ne soit fait aucune allusion au rôle important de la Météo en AFN pendant la période 1940-1945. On ne trouve rien non plus sur la participation active du Service Météorologique aux Armées à la libération de la France et à la poursuite de la guerre jusqu'en Allemagne. Ces années difficiles font cependant partie de l'histoire de la météorologie. Je pense que les Anciens du SMA auront noté ces lacunes et les déploreront. R. VIGUIER G. Dhonneur, promu Chevalier dans l'Ordre de la Légion d'Honneur Le 19 mars 92, Mr. André LEBEAU a remis les insignes de Chevalier dans l'Ordre de la Légion d'Honneur à notre ami Georges DHONNEUR, membre de l'AAM, au cours d'une cérémonie à Boulogne où de nombreux collègues ou amis étaient venus lui témoigner leur sympathie et le féliciter. Le directeur de Météo-France à cette occasion a souligné le caractère universel de la carrière de G. DHONNEUR, tant du point de vue de la variété des missions qui lui furent confiées que du point de vue de l'aspect «Globe trotter» de ses activités successives, le tout associé à une grande disponibilité et à un professionnalisme éminent qui ne pouvaient qu'être reconnus et donc, récompensés. Après la remise de l'insigne, notre ami a d'ailleurs longuement décrit les périples extraordinaires qu'il a connus, à grand renfort d'anecdotes savoureuses. Ses compétences nous seront certainement très utiles et nous y ferons appel dès que Georges Dhonneur. sera moins pris par ses activités. Un fauteuil (moins doré !) lui est réservé au sein de notre bureau. G. C. A propos de photos du numéro 104 G. POITEVIN nous communique des compléments d'information sur un texte et des photos publiés dans le BAM 104. IL y avait en 1939, outre les stations de RS mentionnées, la SRSM 26 à Belfort-Chaux : Lieutenant GUIBERT, sergents MORIN et STAMIESSE et, sauf oubli, BEUGNON, DECAUX, DUMAZEDIER, GOBILLARD, PETIARD, POUZADOUX, POITEVIN, SOURDET, VARENNES et aussi MEYLAN pour les sondes. En novembre 39, arrivée de LEFRANCOIS pour remplacer BEUGNON accidenté. Après l'exode sur Pont du Gard, tout le monde se retrouve à Vic-enBigorre, puis à Ossun pour la démobilisation. Quant aux photos de la page 14, voici les précisions demandées : sur la tour, le plus à gauche du 2ème niveau, c'estplutôt J. LACHAMBRE ; sur l'escalier on retrouve le même (3ème en remontant) et le «X» derrière BEDIER doit être POITEVIN; dans le groupe, au-dessus de DUMAZEDIER, c'est J. LACHAMBRE; et dans la tour, le «X» du bas est le même personnage que celui de l'escalier devant LACHAMBRE et que celui qui se trouve entre DUMAZEDIER et AUBRETON d a n s le g r o u p e , mais sans pouvoir le n o m m e r . . . Merci à G. POITEVIN et félicitations pour sa mémoire. G. C. Mouvements de personnel Date Aff. 02.01.92 01.01.92 05.03.92 01.04.92 01.12.91 09.01.92 11.02.92 07.03.92 01.01.92 13.01.92 20.01.92 Nom de l'Agent M. BENARD Pierre M. BLANKE Bruno M. CALVET Claude M. COURTIER Philippe M. DOUVILLE Hervé M. LAMBOLEY Guy M. LARIVIERE Guy Mme LAVIRON Hélène M. PAILLEUX Jean M. PIERRARD Marie-Claire M. ROCAFORT Jean-Pierre Grade IM2/6 IM2/4 IC/5 IC/1 IM2/2 IG/2 IC/3 IM2/3 IC/6 IM2/7 IM1/3 Nouvelle Affectation Toulouse CNRM/GMAP Mis à disposition Retraite DET/Reading DPX-VAT IGAGEM Paris S3C/D Dispo-enfants Toulouse CNRM/GMAP Congé parental Toulouse SCEM/TTI Ancienne Affectation Paris EERM/CRMD Form. P. Rech. Paris S3C/D Boulogne EERM/D Toulouse CNRM/GMGEC Martinique Paris S3C/CDM Congé parental DET-Reading Toulouse SCEM/Prévi Toulouse ENM/D NOS DISPARUS • André TESTARD (cl. 32) dont le présent bulletin publie une lettre qu'il avait écrite il y a peu, nous a quitté le 22 décembre dernier. Sa lettre nous confiait ses impressions et nous disait à quel point la météo avait compté dans sa vie d'artiste. • Pierre CASSIUS (cl. 26) ancien magistrat - il résidait à Layrac (Lot-et-Garonne), dans une rue à laquelle sa famille avait donné son nom. Un fidèle de l'Association. • Jacques ROMER (IC) qui avait fait sa carrière à Paris-Alma et à Boulogne. • Raymond BATTEFORT (cl. 32), décédé au début de février. C'était un philatéliste notoire, organisateur d'expositions où il était fier de montrer sa collection de timbres sur le thème de la Météorologie. Retiré à Laon, il avait organisé le jour de sa retraite une réunion champêtre pour les collègues de la région Nord. • Julien VIEL (cl. 41). Sa carrière a débuté dans la Marine et dans cette arme, il a d'abord participé aux opérations d'Afrique du Nord puis à la campagne d'Indochine. Il passe ensuite dans l'Armée de l'Air (Villacoublay) et termine sa carrière à Tours, comme Adjudant Chef. Parmi les Anciens Météos, non inscrits à l'AAM on nous informe des décès de : - Albert DECERLE (cl. 35) ONM, cartes spéciales, enseignant à Boulogne-Billancourt; il résidait à Egalières. - René BEAU Adjudant météo - Indochine - Maroc - Nîmes Courbessac, où il résidait. Ce sont nos amis Guy DON ADIEU (35) et Lucien VINGERT qui nous ont informé. Merci à eux. Aux familles des disparus nous faisons part de nos regrets. 13 DANS LE PASSE voudrais profiter de ces quelques lignes pour présenter la S o c i é t é Royale de Médecine et son œuvre à propos de l'étude du climat de la France. METEO ET MEDECINE UNE UNION HISTORIQUE L a S R M a été établie par un arrêt du Conseil propre du m o u v e m e n t du Roi le 29 avril 1776. Ce même mois 14 m e m b r e s furent nommés : • 5 officiers de la Société Au XVIIIème siècle la médecine, la chirurgie, moins performantes moins techniques que de nos jours avaient cependant ses méthodes, ses remèdes qui tout compte fait,... guérissaient les malades. Certes les convalescences étaient plus longues, les remèdes plus difficiles à supporter, mais on y était habitué et la population s'en contentait. Histoire de la médecine, histoire de la météorologie, l'une et l'autre ont eu l'occasion de progresser en commun par apport mutuel et complémentaire. Il en fut ainsi à la fin du XVIIIème siècle lorsque sous l'impulsion de TURGOT (contrôleur général des finances de Louis XVI) la grande enquête climatsépidémies fut lancée en 1775. La médecine et la météorologie se trouvèrent à nouveau liées, la première cherchant avec le concours de la seconde une explication à ses maux. C'est en parcourant les manuscrits de la bibliothèque de l'Académie Nationale de Médecine que parmi les récits épidémiques de cathares ou d'angines, les descriptions d'ouvertures de cadavres... pour ne citer que les manuscrits médicaux, j ' a i été attiré par une petite grenouille peu ordinaire. Déjà dès l'antiquité la grenouille était le signe du temps. En 278 avant J.C., ARATUS (315-245 avant J.C.) a écrit dans «le livre des signes» : «si les grenouilles répètent au marais leur plainte monotone, les nuages se résoudront en torrents de pluie» (J. DETTWILLER, «Chronologie de quelques événements historiques en France et ailleurs», METEO-FRANCE 1982, p. 4). Bien sûr ce batracien n'est plus aujourd'hui l'image de la météorologie, mais l'ayant été fort longtemps, un météorologiste ne peut (par curiosité) lorsqu'il entend parler de grenouille se soustraire à cette information. Des grenouilles pour un remède L'action se passe à Brest à la fin du XVIIIème siècle. Le chirurgien major en chef PARTY de l'hôpital militaire de Brest adresse une lettre à VICQ D'AZYR (1748-1794), secrétaire perpétuel de la Société Royale de Médecine (SRM), daté du 21 décembre 1785 (SRM, 178 Dr 17) dans laquelle il fait part du remède administré à une demoiselle de 22 ans (à la demande de l'auteur je tairais le nom) atteinte de phtisie pulmonaire bien confirmée qui ne se levait plus, ne pouvait plus digérer et crachait du pus : «Le singulier remède consiste à prendre des petites grenouilles grosses comme le bout du doigt. On en avale une vivante le matin à jeun, deux le lendemain, et chaque jour on augmente jusqu'à vintg. Parvenu à ce nombre on va en décroissant jusqu'à une. Ce ne fut pas sans beaucoup de difficultés que je pus parvenir à faire avaler une grenouille à Mme T. (la patiente). Il fallut moimême lui en donner l'exemple. Dès le sixième jour la malade digéra fort bien une cuisse de poulet... Son état se rétablit et quoique faible elle put vaquer à ses affaires comme si elle n'eut jamais été malade.» - L I E U T A U D , Conseillé d'Etat, premier médecin du Roi, de l ' A c a d é m i e Royale des Sciences et président de la Société. - D E LASSONE, Conseillé d'Etat, premier médecin de la R e i n e et du Roi, de l'Académie Royale des Sciences et président de la Société. - V I C Q D'AZYR, Docteur régent de la faculté de médecine de Paris, de l'Académie Royale des Sciences, secrétaire perpétuel d e la Société. - L e Doyen en charge de la faculté de Paris. - L e Doyen d'âge de la faculté de Paris. • 9 associés ordinaires La Société Royale de Médecine se réunissait deux fois par semaine; la première assemblée eut lieu le 13 août 1776. Parmi ses actions elle invita tous les médecins à correspondre avec elle. Pour les motiver à rédiger des rapports la Société proposait des prix de 100 ou 300 livres sur un thème particulier. Par ailleurs elle décernait des titres honorifiques. Celui d'«associé régnicole», dont le nombre fut fixé à 60, fut conféré à ceux qui envoyèrent les meilleurs ouvrages. (Histoire de la Société Royale de Médecine, 1776, Tome I, pp. 1 et suivantes). La grande enquête météo-nosologie fut lancée l'année précédant l'établissement de la Société Royale de Médecine (1775). Le contrôleur général des finances invita les médecins et les physiciens à répondre à un questionnaire dans lequel il leur était demandé de décrire le climat des années 1772, 1773, 1774 et 1775. Le grand nombre de réponses reçues montre l'intérêt des médecins face à la météorologie. De nombreux mémoires furent reçus par la Société. C'est également parmi ces auteurs que les premiers associés furent choisis. Sans commentaires, chacun appréciera à sa convenance... SOCIETE ROYALE DE MEDECINE ET METEOROLOGIE Laissant le côté anecdotique et médical de ces manuscrits, je 14 fig. 1 - Carte des postes d'observations météorologiques établis à la fin du XVIIIème siècle suite à l'enquête sur le climat de la France (observations pendant plus de 6 mois). La SRM assurée du succès de cette enquête poursuivit cette œuvre. VICQ D'AZYR, secrétaire perpétuel, rédigea des instructions à l'intention des médecins précisant les méthodes d'observation et recommandant les instruments à utiliser. Il leur demanda d'effectuer simultanément des observations météorologiques et épidémiques de leur région. Cette gigantesque enquête connut un vif succès : plusieurs centaines de médecins répondirent à cet appel. Les réponses arrivaient massivement de toutes les provinces du Royaume et même de correspondants étrangers, (fig. 1). La Société Royale de Médecine fut chargée de la partie administrative de cete enquête. Elle envoyait à tous les médecins qui le demandaient un imprimé (mensuel) prévu pour recueillir les observations météorologiques côté recto, et nosologiques au verso. Les informations médicales étaient sous forme de rapports de longueurs variables. Pour les observations météorologiques des tableaux très complets prévoyant trois observations quotidiennes comprenaient les postes suivants : - Température extérieure, température intérieure, humidité, pression atmosphérique, vent, état du ciel, précipitations, vaporation, météores Un espace était réservé pour les observations liées à l'agriculture. Enfin en partie droite de la feuille figurait un bilan mensuel : valeurs extrêmes et moyennes. Par ailleurs il était demandé aux observateurs de préciser l'heure de leurs observations ainsi que les instruments utilisés, (fig. 2). C O R R E S P O N D A N C E D E LA S O C I É T É R O Y A L E D E M É D E C I N E . Le Père Louis COTTE (1740-1815) Professeur de philosophie et de théologie à Montmorency, il fut nommé à 27 ans vicaire de Montmorency. C'est à ce moment qu'il installa son observatoire météorologique. Passionné de météorologie, observateur exceptionnel cherchant la perfection de la mesure, COTTE a laissé deux ouvrages remarquables faisant le point de l'état des connaissances de cette science à cette époque : - Traité de météorologie, Paris 1774, contenant l'histoire des observations météorologiques, un traité des météores, l'histoire et la description du baromètre. - Mémoires sur la météorologie pour servir de suite et de supplément au traité de météorologie publié en 1774, Paris 1788 (2 volumes). Associé régnicole de la SRM, COTTE se vit confier la correspondance relative à la météorologie de cette Société. Il répondait à tous les médecins qui envoyaient leurs observations en leur proposant des améliorations et des conseils lorsqu'il lui semblait constater des anomalies dans les observations. Il rédigea plusieurs mémoires reliant météorologie, agriculture, médecine dans le courant de pensée de la fin du XVIIIème siècle. Après la révolution et jusqu'à la fin de sa vie, il s'orienta vers l'histoire de la météorologie. Son «histoire critique et raisonnée de la météorologie» de 1804 fut couronnée par la moitié seulement du prix proposé par l'Académie de Goettingue. Le manque de détails pour les époques du Moyen-Age à 1660 reproché par cette académie fut rédigé a posteriori. (J. DETTWILLER, La Météorologie VIème série n° 12 mars 1978 ; n° 23 déc. 1980 ; J.P. NICOLAS «L'abbé COTTE et ses papiers», 91ème congrès des sociétés savantes Rennes 1966). L'observateur face à lui-même Après avoir consulté de nombreux manuscrits conservés à la bibliothèque de l'Académie Nationale de Médecine, je doix avouer avec étonnement le sérieux attachement des médecins à la météorologie. Pas une observation ne manque ! Qui ferait cela de nos jours, observer du 1er janvier au 31 décembre, puis continuer ainsi pendant 5, 10, voir 20 années ? fig. 2 - Feuille mensuelle d'observations météorologiques proposée aux médecins par la Société Royale de Médecine à la fin du XVIIIème siècle. (Photo Académie nationale de Médecine, Paris). Tous ces documents étaient envoyés à VICQ D'AZYR Quai des Augustins à Paris. Ce dernier confiait les documents météorologiques au Père COTTE qui répondait aux médecins, et qui effectua une analyse et une synthèse des observations qu'il publia dans «Mémoires sur la météorologie» en 1788. Les manuscrits qui ont survécu sont conservés à la bibliothèque de l'Académie Nationale de Médecine sous la dénomination fichier SRM, fond VICQ D'AZYR. Découvert par J. MEYER (professeur à l'Université de Paris-Sorbonne) au début des années 60, Leroy LADURIE a effectué une étude statistique (DESAIVE, médecins climats épidémies, MOUTON, 1972) qu'il est à souhait de critiquer de nos jours. Observateur durant mon adolescence, je peux apprécier combien il est difficile, même avec la meilleure volonté d'assurer la continuité de l'observation pendant de si longues périodes. Car il faut reconnaître que la SRM siège à Paris, que les médecins de province en sont très éloignés : ils sont très isolés et seuls. Les grands déplacements à cette époque étaient rares. C'est donc une motivation extrêmement forte qui a animé ces médecins et qui a maintenu en eux cette volonté à observer le climat de leur région. Ils avaient compris deux principes qui sont fondamentaux et qui à eux seuls suffisent à entretenir cette motivation : Le premier concerne l'espace temporel : il s'agit de la notion de continuité dans les événements météorologiques. Le découpage calendaire est fictif. Bien que les tableaux soient mensuels, la notion de continuité des événements météorologiques apparaît très nettement dans les constitutions météorologiques (résumés du temps). Le deuxième est un argument de très forte motivation. Le calcul d'une moyenne mensuelle nécessite la totalité des observations pour être représentative de la période étudiée. Intéressés à connaître le climat de leur ville ou de leur région ainsi que ses fluctuations afin de pouvoir comparer les années 15 les unes aux autres, les médecins se prenaient au jeu et faisaient en sorte que leurs observations soient faites très régulièrement tous les jours à trois moments différents de la journée. En tant qu'observateur isolé par goût personnel que j ' a i été dès l'âge de 14 ans, je reconnais que ces deux principes me guidaient intuitivement vers une logique d'observation qui s'acquiert sans avoir des connaissances de base en météorologie. Je pense que les médecins même s'ils n'avaient pas reçu les conseils émanant de la SRM étaient capables de faire des observations qui s'inséraient à part entière dans le cadre proposé par cette enquête. Plus délicat est le côté technique lié à la métrologie instrumentale. Le choix des instruments, leur installation, ne peuvent sans connaissance préalable être absent d'erreurs. L'étude que j'aborde avec le dépouillement du fond VICQ D'AZYR a pour but de développer ce point qui est fondamental pour valider les observations anciennes. Je n'en dirais mot ici car ce développement aura une large place dans ma thèse de doctorat dont la soutenance est envisagée en septembre 1993. Une photographie de l'atmosphère à développer Ces manuscrits conservés à la bibliothèque de l'Académie Nationale de Médecine, ou «climat» de la France des 3 dernières décennies du XVIIIème siècle constituent un trésor dans le domaine de l'observation météorologique ancienne. Son exploitation demande une grande attention de la part des climatologistes, car même si les observations sont faites avec le plus grand sérieux et le plus grand soin, il ne faut pas oublier que les instruments d'origine diverse étaient à cette époque variables en qualité et que les conditions d'observation dépendaient fortement des observateurs. L'étude des séries anciennes ne peut être entreprise qu'au vu des examens et analyses météorologiques validant les conditions d'observations et les instruments en usage. Michel BEAUREPAIRE - METEO-FRANCE/SETIM SOUVENIRS D'ANDRE TESTARD André TESTARD, qui vient de nous quitter, avait commencé son Service Militaire au Fort-de-St-Cyr. Il avait eu comme voisin de chambrée Jean Rigaux, que tout le monde connaissait, dont une des spécialités était le faux contre-appel nocturne au cours duquel Jean RIGAUX nu comme un ver, vêtu de ses seules cartouchières et de son casque, défilait dans la chambrée, fusil sur l'épaule ! Il y avait aussi Schwartz, le fils «Zig-Zag», un des fils MEDRANO, est-ce notre AAM Jérôme (cl. 26) ?, Jean DELAUNAY, dont les parents étaient des cubistes réputés, et qui devint président du Hot Club de France. L'ONM du Général DELCAMBRE ayant une mauvaise réputation, il préféra la vie en station : la Martinerie, près de Châteauroux. Rappelé en 39/40, il fut affecté à la station d'observation de Phalsbourg et fréquenta les postes de guet en avril-mai 40, avant le repli général sur Millau. Adhérent de la première heure à l'Association, A. Testard avait toujours manifesté vis-à-vis de la météo une reconnaissance due au fait qu'au Fort de St-Cyr, les nombreux sursitaires, diplômés de l'Université, les instituteurs, les séminaristes, les étudiants composaient un milieu très relevé pour un groupe militaire (essayez de vous rappeler les années 30). Et puis, les cours, 16 l'encadrement, les instructeurs, lui ont permis d'acquérir de nouvelles connaissances, de connaître un autre monde, le tout dans une ambiance incomparable à toute autre unité de cette époque. Faire un «Service intelligent» en 1932, quelle gageure ! C'est d'ailleurs une opinion et une gratitude exprimées par nombre d'anciens météos militaires. A. Testard, dessinateur de qualité, peintre à ses heures, n'avait pas oublié son passage à St-Cyr. Il avait une résidence, quelque part dans l'archipel des Orcades, au N. de l'Ecosse, et sa vie durant, il éprouva toujours une grande satisfaction à réserver dans ses tableaux une grande part de la toile «à des ciels tourmentés, balayés par le vent violent de la Mer du Nord, couverts de gros nuages boursouflés, menaçants, aux teintes incroyables, suivis de périodes de calme intense où de larges bandes nuageuses s'intégraient dans la perspective très plate des 70 îles, ce sont ses termes, dans une lettre d'octobre 91 qui nous est parvenue, il y a peu. A. TESTARD, tant qu'il en fut capable, était le photographe de nos manifestations. Vice-Président de l'Association locale des titulaires de l'Ordre National du Mérite pour le Val d'Oise, il était venu assister à la remise des insignes de cet Ordre à René MAYENCON le 11.10.91. JFH. ANDRE PRUDHOMME Né le 20 février 1920 à Paris, André PRUDHOMME, licencié es-Sciences est entré, sur titres, à la Météorologie nationale le 1er février 1945 en qualité d'élève météorologiste principal, puis est nommé Ingénieur le 1er février 1946. Affecté successivement au Centre Météorologique de LyonBron (1er septembre 1945 - 1er avril 1948), au Service de la Prévision à Paris (1er avril 1948 - 20 septembre 1950), au Service des Missions Lointaines (20 septembre 1950 - 16 janvier 1953 puis 21 janvier 1956 - 7 janvier 1959) effectue deux campagnes en Terre Adélie (20 septembre 1950 - 10 février 1952 et 31 octobre 1957 - 7 janvier 1959). Entre ces deux affectations au Service des Missions Lointaines, il est nommé à Madagascar (16 janvier 1958 - 21 janvier 1956). Au cours de son séjour à Lyon il obtient de l'Université de cette ville le Diplôme d'études supérieures des Sciences Physiques, avec la présentation d'une thèse «Etude de l'Influence des masses d'air sur les mesures de la brillance du ciel nocturne». Docteur de l'Université de Lyon en 1949 avec une thèse sur la vitesse ascensionnelle des ballons pilotes, il reçoit le grade de Docteur es-Sciences en soutenant une thèse sur «les liaisons entre les phénomènes météorologiques et l'activité solaire». De son séjour à Madagascar, il tire la substance d'une étude sur les cyclones tropicaux de la saison chaude dans cette région de l'Océan Indien. Au retour de la première campagne en Terre Adélie, André PRUDHOMME publie entre autres études et articles : une «Analyse des observations faites pendant cette campagne», des conclusions concernant l'évolution hivernale du temps sur le littoral de la Terre Adélie, et sur les tempêtes observées dans cette région. Un certain nombre d'hypothèses, formulées dans l'analyse des observations, devaient être vérifiées par André PRUD- HOMME lui-même au cours du dernier hivernage grâce aux enregistrements et à ses observations personnelles. Il ressort de l'énumération de ses affectations et de ses travaux qu'André PRUDHOMME, travailleur infatiguable savait, en toutes circonstances et tous lieux, trouver les sujets d'études qui lui permettaient d'utiliser ses qualités de chercheur et ses connaissances scientifiques. Chef de la Mission Météorologique en Terre Adélie à partir du 31 octobre 1957, André PRUDHOMME a disparu le 7 janvier 1959 alors qu'il effectuait des observations à la Base Dumont D'urville. Cité à l'ordre de la Nation le 17janvier 1959,promu Chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume le 13 février 1959. (d'après des notes de R. JALU) La liste de ses travaux est donnée en Annexe.(1) Travaux de André Prudhomme (1) 1 - Etude de l'influence des masses d'air sur les mesures de Brillance du ciel Nocturne. (Sciences physiques et chimiques p. 21 - 34) [S d]. 2 - (a) Etude de l'influence des masses d'air sur les mesures de Brillance Nocturne du ciel. (b) - Les bandes d'absorption infra-rouge de l'ozone application météorologique. Diplôme d'études supérieures de physique. - Présente à la Faculté de Sciences de l'Université de Lyon. Soutenu le 14 mars 1947. 3 - Vitesse ascensionnelle des ballons de radiosondage. Thèse Faculté des Sciences de l'Université de Lyon 1949. 4 - [Les bandes d'absorption infra-rouge de l'ozone]. Ann. Univ. Lyon S 3 - B Fasc. IV - p. 36-46, février 1949. 5 - Les vitesses ascensionnelles des ballons de radiosondage. Annales de géophysique - T.5 n° 3 1949 - p. 225-232. 6 - Le spectre d'absorption infra-rouge de la vapeur d'eau du point de vue de ses applications atmosphériques. Annales de géophysique - T.5 n° 3 - 1949 - p.236-247. 7 - Recherches sur un nouveau procédé hygrométrique. Annales de géophysique - T.5 n° 4 1949 - p.293-309. 8 - Une notion nouvelle en météorologie : l'index de circulation zonale. NIT Section VI - pièce N° 1 - 1949 - 7 p. 9 - Le rôle de l'activité solaire dans les phénomènes atmosphériques. La Météorologie - avril/juin 1950 - p. 85-98. 10 - Nos connaissances actuelles sur la haute atmosphère. NIT Section IV - pièce N° 1 - 1950 - 16 p. 11 - Les répercussions de l'activité solaire sur la météorologie. NIT - Section XXIII - pièce N° 1 - 1950 - 14 p. 12 - Les procédés hygrométriques. Annales de géophysique. T.6 - n° 2 - 1950 p. 177-127. 13 - Sur la nature des phénomènes solaires susceptibles de modifier la circulation atmosphérique. La Météorologie juillet/ septembre 1951 - p. 185 - 196. 14 - PRUDHOMME (A.) et BOUJON - Sur les tempêtes observées en Terre Adélie. La Météorologie 1952 - p. 132-140. 15 - PRUDHOMME (A.) et LE QUINIO (R.) - Météorologie. Expéditions en Terre Adélie 1950-1952. Rapports préliminaires série scientifique 20. (Expédition polaire française) - 1952 - p. 55-58. 16 - PRUDHOMME (A.) - VALTAT (B.) - Etude sur les cyclones tropicaux de la saison chaude 1952- 1953 à Madagascar. Publication du Service Météorologique de Madagascar n° 22 - 19154 - 1-102 p. 17 - Etude sur les perturbations tropicales de la saison chaude 1953-1954 à Madagascar. Publication du Service Météorologique de Madagascar n° 24 - 1955 - 65 p. 18 - PRUDHOMME (A.) et LE QUINIO (R.) - Les observations météorologiques de Port-Saint-Martin en Terre Adélie. Fascicule II - Conditions atmosphériques en surface du 1er janvier 1951 au 20 avril 1952-1954 - 120 p. Fascicule III - Conditions atmosphériques en altitude du 17 janvier 1951 au 21 janvier 1952-1955 - 84 p. 19 - PRUDHOMME (A.) et VALTAT (B.) - Les observations météorologiques en Terre Adélie 1950-1952 - Analyse critique. Expédition polaire française - Résultats scientifiques NSV 1957 - 180 p. 20 - PRUDHOMME (A.) et VALTAT (B.) - L'évolution hivernale du temps sur le littoral de la Terre Adélie. Annales de géophysique T. 13 - n° 4 - 1957 - p. 310-316. 17 EN TERRE ADELIE Il y a quarante-trois ans. . . La première expédition antarctique française Partie de Brest le 25 novembre 1948, la 1ère expédition antarctique française, commandée par M. A. LIOTARD, comprenait 12 membres (dont notre camarade JALU) elle emportait 250 tonnes de matériel comprenant des baraques, des groupes électrogènes, des postes de radio, une station de Radiosondage, une éolienne, des chenillettes amphibies, du carburant, des vivres pour deux ans. Des traîneaux de 30 chiens groenlandais et Luskies du Labrador complétaient l'expédition. Le «Commandant CHARCOT», navire polaire en bois de 55 m de long, 11 de large, avait subi des modifications pour la navigation dans les glaces : l'étrave notamment était renforcée. Son armement était assuré par la Marine nationale sous le commandement du Capitaine de Vaisseau DOUGUET; l'équipage comprenait une quarantaine d'hommes. Parti avec 2 mois de retard, le navire toucha Hobart, en Tasmanie, le 25 janvier 1949 et arriva en vue des glaces le 10 février. Le 13 février, il s'approcha à moins de 60 km de la Terrre Adélie, mais ne peut aller plus loin; après une douzaine d'essais infructueux, en fin d'été austral, la nouvelle glace soudant le « P A C K » , la retraite fut la seule solution. Le navire suivit le pack tout le long de la Terre Adélie, ce qui permit d'acquérir une connaissance des glaces, pendant que les stations météorologiques et océanographiques du bord accumulaient les renseignements. En début d'avril, après 45 jours de navigation dans l'Antarctique, le navire était de retour à Hobart où la plus grande partie du matériel fut entreposée. Ce n'est qu'en janvier 1950 que la seconde expédition, partie le 2 0 septembre 1949 de Brest, touchait au but et débarquait. L'ancien «Cap Géologie» de cette terre lointaine porte aujourd'hui le nom de «Cap Prudhomme». Ces terres australes s'avérèrent dans les années 50 assez meurtrières pour les membres des expéditions. En 1957, c'est M. CHEDHOMME qui disparut à la falaise dite «d'Entrecastreaux», à la Nouvelle-Amsterdam. L'année précédente, M. ANTONELLI se tuait en tombant du pylône anémométrique implanté sur lemême site. A l'époque, ces nouvelles tragiques avaient fortement impressionné leurs collègues et amis. En vue de la Terre Adélie avec le «Commandant CHARCOT» (sfévrier 1949) 18 SOUVENIRS... Les JO d'hiver 1968 Il y a presque un quart de siècle se déroulèrent les JO d'hiver, du 6 au 18 février 1968, dans la région de Grenoble. A 24 ans d'intervalle, la comparaison des moyens météorologiques mis en œuvre permet de juger des progrès accomplis. Avec, toutefois, des souvenirs qui deviennent un peu plus flous... En 1968, aucune station automatique n'opère. Ce sont des météorologistes présents sur les 5 sites d'épreuves qui effectuent les observations. Des auxiliaires bénévoles complètent ce dispositif. Ils ont parfois tendance à surestimer l'épaisseur de la couche de neige au sol. L'échelon météo de Grenoble, dans la cité olympique, dispose en 1968 de transmissions bien adaptées : téléphones, téléimprimeurs et fac-similés. Mais il n'y a aucune couverture radar appropriée, ni photo ou animation satellitaire; pas de prévision numérique globale ou régionale, mais des prévisions du temps faites «à la main» : directives générales et prévision moyenne échéance de Paris, et textes du Centre de Lyon dont l'expérience alpine des prévisionnistes s'avère très précieuse. Les utilisateurs, qu'il s'agisse des organisateurs, des responsables des transports ou de la billeterie, des entraîneurs, etc., souhaitent des détails à une échelle d'altitude de quelques centaines, voire quelques dizaines de mètres, et la prévision de la chronologie des événements météorologiques à une heure près... Car les reports successifs d'épreuves ne peuvent aller au-delà de la date prévue de fin des Jeux. Et la minute de mondovision coûte cher ! bien connues : neige au sol suffisante et de qualité, temps clair ou peu nuageux, visibilité acceptable, peu ou pas de précipitation, vent faible ou nul pour les disciplines alpines et le saut. Au début des Jeux, l'épaisseur de neige est satisfaisante. Mais le froid n'est pas au rendez-vous : l'isotherme 0° est à 1800 m. Un courant perturbé de SW s'installe, et le vent fort balaye la neige au départ de la descente, à la Croix de Chamrousse. La prévision moyenne échéance n'est guère optimiste. Une coupe chronologique verticale des températures en atmosphère libre jusqu'à 4000 m, établie à partir du 6 février, permettra par des extrapolations graphiques, mais subjectives, de mieux appréhender l'évolution des isothermes à échelle fine. En effet, une inversion de température inopportune entraîne un réchauffement très net au-dessus de 1000 m. Or, si l'on excepte la piste descente, la plupart des épreuves se déroulent vers 1000-1500 m. Le 11 février, par exemple, la température dépasse +6° vers 1400-1600 m ! La couche de neige superficielle supporte très mal cette température, supérieure de 3 à 9° à la «normale». Ajoutons à cela des nuages bas abondants, des bancs de brouillard épais, des chutes de neige et de pluie à basse altitude. Certaines épreuves subissent des reports successifs. Le bobsleigh et la luge auront lieu au milieu de la nuit. Le slalom spécial se déroulera dans un brouillard tel que plusieurs champions en oublieront une porte ou deux. A la fin des Jeux, le 17 février, le froid arrivera enfin : en vingtquatre heures, la température baissera de 5 à 8° en altitude. Il ressort de tout cela qu'en sus des caprices imprévisibles du temps, les sites étaient certainement implantés à des altitudes trop basses. La plupart de ces installations sont d'ailleurs aujourd'hui démontées, abandonnées ou hors d'usage. Un appoint précieux sera fourni par des mesures régulières et de qualité en altitude : localisation des nuages et paramètres principaux mesurés à partir d'un avion léger. Avec une transmission VHF immédiate, les renseignements sont utilisés en temps réel, et ce dès le premier jour. Avec 5 ou 10° de moins, en février prochain, même pour des sites plus élevés, on peut espérer que les soucis météorologiques, baisseraient d'un cran... Car les soucis d'ordre météorologique commencent tôt. En effet, les conditions favorables à ce genre d'événement sont Jacques Dettwiller, ingénieur en chef de la Météorologie (ER) 19 LES MOTS CROISES DE L'AMI JACQUES La faiblesse est le seul défaut que l'on ne saurait corriger F. de LAROCHEFOUCAULD. Horizontalement 1 - D'aucuns la fuient..., le météo la recherche. 2 - La psychose d'une corporation où pullulent les indélicats - Une façon de dire aussi. 3 Un souvenir épouvantable pour les politiciens ! ! ! «on» prétendait les rendre responsables ??? - Attrape. 4 - Pris par l'UMP, sans réticence - Pour que cela marche il faut savoir les franchir, raisonnablement. 5 - Tout compte fait, quelques coups de rame en viennent à bout Saint. 6 - Chacun le fera, pour une bonne idée. 7 - Pour marquer l'étonnement - Faisait bien souvent l'objet de mirages - Doit sa célébrité à un ecclésiastique. 8 - Rechigne ou piétonne - Rien à en tirer ou tout à en tirer. 9 - O.K. pour le titi - Mégalomane, il dominait la Guerre, La Sagesse, la Poésie, mais oui, la Science et la Magie !, pas moinsse ! Il me rappelle quelqu'un ! 10 - Un fameux musée Accompagna. 11 - Un satellite ou lessive - Qui, en dehors de Cartier, peut le créer ? 12 - Un lac, incorruptible - Un saint, vénéré, entre tous. Verticalement I - Un tour dangereux pour les franciliens. II - Avec elle, il faut que cela saute ! - Introduit le doute. III - Un chirurgien... désorganisé Recouvre, à l'envers. IV - Un balai, pour chasser les marchands du temple ! - Divague. V - Note - A terme, doit disparaître... et ne semble pas s'en préoccuper. VI - Un nom de petit cabot, qui avait un pendant - Un signe musical, avec queue, sans tête - Pour jouer. VII L'équivalent d'un Hellzapoppin hexagonal. VIII - Mit grand'mère dans les orties. IX - Il ne lui manque pas un diplôme - Un envoyé de l'entente cordiale. X - Terme particulier, dans une liste, par ex. Attitude que l'on reconnaissait volontiers aux prussiens. XI - Un lac dont on peut, sans hésiter, poser la deuxième lettre - A faire soigner avant l'Arc de Triomphe. XII - Enquiquine - Des chambres... de réflexion. 20 Réponse du n° 17 Bureau de l'AAM Présidents d'Honneur Maurice JOLIETTE Maurice MEZIN Président Patrick BROCHET Chargé des questions sociales Georges FOUCART Vice-Présidents Jacques HUTER Hervé DARNAJOUX Chargé des relations internationales - Musée Pierre DUVERGÉ Secrétaire général Pierre FOURNIER Secrétaire général adjoint Georges CHABOD : rédacteur en chef du Bulletin Trésorière Simone TREUSSART Trésorière déléguée Jeanne LARCHIER Chargés des manifestations Raymond ALBA Michel MAUBOUCHÉ Chargé des relations avec l'Armée de l'Air Norbert CHOUKROUN Membre consultant Jacques DARCHEN Délégation de signature Patrick BROCHET Hervé DARNAJOUX Simone TREUSSART Chargés du Fichier informatique Jean JOURDAN Robert VIGUIER Correspondants régionaux Nord Sud-Est Nord : Lucien DANESSE 62, rue de Nancy 59200 Tourcoing (20.25.01.09) Ouest Morbihan : Pierre VERGNES Résidence Le Vincin 9, rue du Bocage 56000 Vannes (97.46.08.91) Ile de France Centre Eure et Loir : Jean-Louis MARTEAU Chartainvilliers 28130 Maintenon (37.32.33.59) Sud-Ouest Gironde : Guy LANUSSE 16, rue Pécette 31700 Blagnac (61.71.48.07) Pyrénées Orientales : Raymond LOMBARDO 4, Las Planes Eus 66500 Prades (68.96.06.35) Alpes-Maritimes : André PERLAT Résidence Cimiez 136, av. des Arènes de Cimiez 06600 Nice (93.81.46.34) Bouches-du-Rhône : André CHOQUAT 34, rés. Oliveraie de Virebelle avenue F. Gassion 13600 La Ciotat (42.83.45.62) Adrien ORIEUX Chemin de Jurville 13510 Eguilles (42.92.51.25) Marcel VIAL 11, impasse de la Gâche Saint-Jean 13600 La Ciotat NDLR : Les articles publiés dans la présente revue n'engagent la responsabilité que de leurs auteurs Fiche de renseignements (en vue de : mise à jour de l'annuaire, adhésion à l'association...) Nom: Prénoms: Date : Lieu de naissance : Adresse actuelle complète et numéro de téléphone : Titre : civil • militaire • - dans ce dernier cas profession actuelle ou passée : Classe de mobilisation : Renseignements divers (principales fonctions assurées, suite des affectations, grade...) IMPRIME EN FRANCE PAR LE SERVICE CENTRAL DE LA COMMUNICATION ET DE LA COMMERCIALISATION DE METEO-FRANCE Le Gérant : H. DARNAJOUX ISSN - 0758 - 1497 Dépôt légal - 3ème trimestre 1992
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