Les tableaux d`une exposition de Modeste Moussorgski

Transcription

Les tableaux d`une exposition de Modeste Moussorgski
Les TABLEAUX
d’une
EXPOSITION
Modest MOUSSORGSKI
Animations avec
l’Orchestre
Symphonique de
Mulhouse
Dossier réalisé par Frédéric FUCHS, conseiller pédagogique en musique du Haut-Rhin
1
Modest Moussorgski
est un compositeur russe issu d’une famille de notables, militaires et serviteurs des tsars.
Il naquit le 21 mars 1839.
Il a toujours aimé entendre puis lire les vieux contes de son pays. Très jeune, il improvisait sur le
piano des pièces dans lesquelles il faisait intervenir des personnages de contes (une gentille fée –
un méchant sorcier).
Après des études militaires, il devient officier à Saint-Pétersbourg.
Il mène une existence dorée dans les salons à la mode, allant de réceptions mondaines à soirées
théâtrales. Quelques années plus tard, il démissionne de l’armée pour se consacrer entièrement à
la musique.
Avec quatre autres compositeurs russes (Borodine – Rimski-Korsakov – Glinka – Cui et Balakirev),
il fonde le « groupe des cinq » qui créé un style musical typiquement , hors des courants de
l’époque.
Les tableaux d’une exposition
En 1873, Moussorgski perdait un ami très cher qui l’avait beaucoup soutenu dans les moments
critiques de sa vie, le peintre Victor Hartmann.
Saisissant l’occasion d’une exposition commémorant des œuvres de cet artiste, le compositeur
écrivit , en 1874, cette œuvre pour piano seul, composée de dix pièces évoquant chacune un
tableau différent.
Entre chacun d’entre eux (ou presque), Moussorgski
rajoute un élément musical dont le thème est semblable,
mais le traitement musical jamais identique.
Maurice Ravel, compositeur français, orchestra cette
œuvre en 1922 et lui donna la richesse des palettes
de timbres caractéristique de son style.
Il sera donc intéressant de confronter les deux versions, celle pour piano seul puis celle de
l’orchestre afin de sentir comment les mêmes images sont traduites musicalement avec un
matériau sonore différent.
Dans le dossier qui suit, vous trouverez des informations vous permettant de comprendre la musique, les intentions du
compositeur, mais aussi quelques pistes pédagogiques à faire avec votre classe.
Pour pouvoir écouter l’œuvre, empruntez le CD dans toute bonne médiathèque ou n’hésitez pas à la faire
acheter par l’école. Ce morceau musical est incontournable pour la discothèque que chaque école devrait
constituer . Des versions économiques se trouvent facilement. Attention néanmoins à prendre une version dans
laquelle chaque tableau et chaque promenade sont indexés à part. Cela n’est pas toujours le cas.
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Proposition d’activités de préparation :
Promenade I
Le thème de la promenade reviendra à plusieurs
reprises. Il représente le musicien ou l’auditeur qui se
déplace dans le musée d’un tableau à l’autre.
Reconnaître le thème de la trompette puis la
réponse des cordes.
Possibilité après la reconnaissance des instruments
(premières plages à écouter plus observation
de posters d’instruments) de faire deux groupes
d’enfants. Le premier mimera les trompettes,
le deuxième les violons .
Les enfants feront les gestes chaque fois que leur
instrument intervient.
La musique est martiale. Demander à quoi elle peut faire penser (défilé de courtisans devant le roi).
Faire mimer la scène en faisant un travail de placement dans l’espace.
Travailler l’attitude de la marche (raideur – lenteur – fierté)
Faire inventer et écrire une histoire qui se passerait au Moyen-âge, dans un château fort.
Réaliser un tableau selon diverses techniques de dessin, de collage de papiers, de textures
diverses, ….
GNOMUS
C’est l’évocation d’un être difforme et grimaçant dont
les bonds désordonnés confèrent à la musique un
rythme violent et instable. L’audition peut procure une
impression de malaise et d’insécurité impressionnant.
La musique est
contrastée avec
des passages lents,
d’autres rapides,
saccadés.
On pourra faire
danser les enfants
en leur demandant
d’imiter une statue lorsque la musique s’arrête brusquement.
Ils pourront aussi suivre le mouvement de la musique en sautant, en
rampant, …
A 2’25, ils marcheront en se balançant de droite à gauche, très
lentement, légèrement recroquevillés.
A 3’18, on pourra rajouter les mimes de trompettes et de cordes.
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Promenade II
Les enfants pourront reconnaître le thème de la promenade
du début, mais il est légèrement différent, l’orchestration
et le caractère ayant changé.
Il Veccho Castello
Tuileries
C’est l’évocation d’enfants jouant dans les jardins des Tuileries (à Paris
Eh oui, on voyageait déjà à l’époque!).
On entend même un moment une petite dispute .
Le mouvement démarre tel une danse gaie - Hautbois – flûte –
cordes. Les instruments s’enchaînent comme pour représenter une
foule de personnages.
Puis il retrouve un peu de calme, semble même un peu pleurnichard.
C’est un enfant qui pleure après s’être disputé et grondé par sa
bonne. – Clarinette – cordes
Reprise du début. Le jeu reprend
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Bydlo
C’est un lourd chariot polonais, tiré par des
bœufs. La marche de ceux-ci est fort bien
rendue par un rythme lourd et pesant. Venant
de l’horizon, le chariot approche (on entend
un grand crescendo), passe devant nous dans
un énorme fracas puis s’éloigne et disparaît.
Dans l’esprit de Moussorgski, ce tableau
évoque beaucoup plus puisque c’est celui de la
marche d’un peuple opprimé, sa sourde
révolte qui prend conscience de sa force avant
de se résigner.
Reconnaître le thème et l’instrument (tuba – le plus gros et le plus grave des cuivres) qui le joue.
Le thème est repris par les cordes dans le crescendo. Puis, dans l’éloignement du chariot, c’est le
tuba qui rechante sa mélodie populaire.
Ballet des poussins dans leurs coquilles
Petite page gracieuse de construction ABA.
La légèreté du thème évoque les petits pas
malhabiles et le pépiement des poussins qui viennent
de sortir de leurs coquilles.
Ravel, de par son orchestration, rend le tableau très
évocateur. Pizzicati des cordes, trilles, instruments
très fins comme la harpe et le célesta, piccolo et bois
aux voix fluettes donnent beaucoup de fraîcheur.
Petite saynète avec expression corporelle,
les enfants pourront marquer la rupture
rythmique au centre de la pièce.
Goldenberg et Schmuyle
Dialogue entre deux personnages, l’un riche, l’autre pauvre,
chacun caractérisé par un thème propre.
0’47 Essayer de caractériser les traits physiques
du riche. Imposant – hautain – ventru
Le peintre a dépeint un riche banquier juif polonais, Samuel
Goldenberg. L’impression de solennité, de fierté et d’arrogance du
personnage est donnée par le thème joué à l’unisson par les cordes
graves et les bois, par la ligne mélodique hachée, faite de notes
rapides et courtes, entrecoupée de silences.
De 0’47 à 1’25
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Reconnaître la trompette. Elle a un timbre particulier car son pavillon est
bouché par une sourdine.
Son thème dégage une impression bizarre. Beaucoup de répétition de
notes, un aigu un peu strident.
C’est la voix suppliante d’un pauvre hère, Schmuyle, qui se contorsionne
dans tous les sens, faisant mille génuflexions devant le banquier pour
obtenir une aumône.
De 1’25 à la fin
Les deux thèmes se superposent. Les deux personnages se parlent.
Brusquement, - à 1’53 - ils cessent sur un accord funeste. C’est le riche
banquier qui, ayant perdu patience, fait un geste net pour signifier au
pauvre qu’il ne céderait pas et qu’il devait quitter les lieux sur le champ.
Faire reconnaître les deux personnages et faire entendre le
moment de discussion
Le marché de Limoges
Deux femmes se disputent
avec acharnement sur le
marché. La musique se
caractérise par son rythme
très vif, la vélocité des traits
musicaux et sa force. C’est
un tableau populaire qui
représente des commères qui
discutent, se disputent, en
viennent peut-être même à se
crêper le chignon.
N’oublions pas que nous
sommes
au pays de la porcelaine. Sur
un étal, de la vaisselle attend
l’acheteur. C’était sans
compter sur cette dispute qui fini comme il se doit… A 1’06 l’arrêt brusque dépeint la vaisselle qui se brise au sol dans un
coup de cymbale..
Passé la surprise, les deux femmes poursuivent leur dispute, se rejetant la responsabilité de l’incident.
Les enfants apprécieront ce passage par son caractère très vif.
Il sera mis en opposition avec le morceau suivant.
Catacombes
Ambiance funèbre par les grands accords des cuivres, les notes tenues, la
lenteur et les échos lointains.
Il faut dire que le lieu est lugubre, sombre.
Leçon d’histoire sur la vie des premiers chrétiens. N’insistez pas
trop sur la vie et les activités que les croyants menaient dans les
catacombes. Dans l’état actuel des recherches et découvertes,
les spécialistes s’accordent à reconnaître que ces lieux
souterrains n’étaient pas des lieux cachés pour les hommes
persécutés. Au contraire, on est certain que les Romains en
connaissaient l’existence et toléraient ce qui s’y passait.
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Baba Yaga
La peinture de Hartmann représentait une horloge en forme de cabane montée sur des pattes de poule de la
Baba Yaga, sorcière fantastique dont les exploits terrifiants ont troublé le sommeil de tous les enfants russes.
Voir album du Père Castor « Baba Yaga »
Vous pouvez bien sûr raconter le conte russe aux enfants. Ils sauront reconnaître dans la musique,
la course folle de la sorcière poursuivant la petite fille.
A 1’03, la musique change. L’ambiance devient inquiétante par la démarche hésitante des instruments
graves, par les trémolos de la flûte, par la phrase descendante de la clarinette, par l’insistance
(le thème est repris avec un xylophone aux sons très brutaux)
On imagine la sorcière en train de rôder, marchant en se cachant tout en observant discrètement
les environs. Encore un passage sur lequel on peut demander aux enfants de se mouvoir
expressivement.
A 2’17, la course reprend, encore plus menaçante par les accords des cuivres dans le forte.
La fin de la pièce est tumultueuse, le thème semble s’élever sans fin pour aboutir sur…. La victoire de
la petite fille
La grande Porte de Kiev
Solennité, grandeur de la Russie, force et puissance sont marqués par l’orchestration, la richesse des
timbres, la rythmique employée.
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