Enquête sur les habitudes de consommation d`alcool des

Transcription

Enquête sur les habitudes de consommation d`alcool des
Enquête sur les habitudes de
consommation d’alcool des
étudiants et leurs rapports aux
actions de prévention
Etude réalisée par la FAGE entre mars et mai 2014
auprès de 3086 étudiants
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Enquête sur les habitudes de consommation d’alcool des étudiants – FAGE – octobre 2014
Eléments de contexte
En tant qu’organisation de jeunesse et d’éducation populaire, la FAGE, Fédération des Associations
Générales Etudiantes, a pour objectif de développer des actions en faveur de la prévention des
conduites à risques auprès de la jeunesse, et notamment en milieu étudiant. Cette politique entre
dans une démarche globale de promotion de la santé et a pour ambition de susciter une prise de
conscience sur la consommation de substances psycho actives, la poly consommation ou les risques
d'addiction tout en tenant compte des spécificités de la vie étudiante.
C’est dans ce cadre que la FAGE a lancé en 2014 une étude sur la consommation d’alcool. Au-delà des
éléments de diagnostic permettant de mettre en lumière les habitudes de consommation de cette
catégorie de la population, l’enquête a pour objectif de réfléchir aux leviers d’action permettant
d’agir de manière efficace auprès des populations les plus exposées aux risques.
L’enquête a été réalisée en partenariat avec la Délégation à la Sécurité et à la Circulation Routière
(DSCR), la Plan Départemental d'Action et de Sécurité Routière (PDASR) de Paris, Macif Prévention et
Entreprise & Prévention.
Introduction
Les différentes études menées depuis la fin des années 90 montrent qu’à l’entrée dans l’âge adulte
les premières dépendances et abus réguliers apparaissent. C’est donc une question de santé
publique majeure qui est soulevée ici au regard des nombreuses conséquences engendrées par ce
type de comportement, que ce soit au niveau médical, économique, professionnel, social ou familial.
L’enquête aborde ainsi différentes axes de questionnement :
-
La fréquence et le volume de consommation ;
Les habitudes de consommation lors d’événements étudiants ;
Les moyens de prévention mis en place et leur impact réel auprès du public étudiants.
3086 étudiants répondant permettent de tirer quatre conclusions majeures :
-
Plus la fréquence de prise d’alcool est élevée, plus la consommation est importante à chaque
occasion et réciproquement ;
Plus les étudiants sont de grands consommateurs, moins ils sont sensibles aux messages de
prévention ;
La nécessité d’innover pour agir sur la consommation à domicile, avant les soirées ;
L’importance de la prévention par les pairs.
L’enquête confirme également une différence réelle entre les hommes et les femmes quant à leurs
habitudes de consommation d’alcool et l’impact des messages de prévention. L’ensemble des
enquêtes réalisées dont a pris connaissance la FAGE atteste de cette donnée.
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Enquête sur les habitudes de consommation d’alcool des étudiants – FAGE – octobre 2014
Les différents profils de consommateurs
D’une manière générale, l’enquête de la FAGE montre une consommation d’alcool courante au sein
des répondants puisque près de la moitié annonce consommer de l’alcool au moins une fois par
semaine.
Parmi ces étudiants, 2% ont une consommation excessive avec une prise d’alcool quotidienne.
Cette fréquence élevée correspond aux
indicateurs révélés par les dernières enquêtes sur
le même sujet telles que l’OVE en 2011 avec 2%
des étudiants. Nous pouvons par ailleurs rappeler
que les différentes études réalisées mettent en
avant une consommation quotidienne d’alcool
inférieure chez les étudiants par rapport aux 1825 ans (INPES 2010 : 2,6% ou IREB 2011 : 4%).
Nous notons une différence marquée entre les
hommes et les femmes puisque seulement 0,5%
de celles-ci consomment quotidiennement
contre plus de 4% pour le genre masculin.
Enfin dernier élément sur la fréquence, 7% des
répondants déclarent ne jamais consommer
d’alcool.
Zoom sur les consommateurs
réguliers
La fréquence de consommation
doit être mise en corrélation
avec
le
volume
de
consommation. L’enquête de la
FAGE démontre que les
consommateurs réguliers sont
également
ceux
qui
consomment le plus.
Ainsi 46% des sondés déclarant
boire une fois par jour
consomment plus de 4 verres à
chaque occasion. Ceux qui
consomment au moins une fois
par semaine sont 37% à boire
plus de 4 verres.
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Enquête sur les habitudes de consommation d’alcool des étudiants – FAGE – octobre 2014
Les consommateurs occasionnels
A l’inverse, les consommateurs occasionnels sont ceux qui se limitent le plus puisque seul 11% de
ceux qui consomment moins d’une fois par mois et 25% de ceux qui consomment chaque mois mais
moins d’une fois par semaine boivent plus de 4 verres à chaque occasion.
Ce phénomène s’accentue d’ailleurs si l’on compare la consommation homme/femme (avec un
rapport du simple au double).
L’alcool en soirée étudiante
Consommation avant les soirées
77% des répondants consomment de l’alcool avant d’aller en soirée.
- 87 % évoquent le prix élevé de l’alcool dans les débits de boisson comme raison principale
- 62,8% des étudiants interrogés disent consommer avant les soirées pour se mettre tout de suite
dans l’ambiance.
Enfin, seul 8% des sondés disent consommer avant les soirées car ils pensent que l’alcool sera limité.
Ainsi les stocks d’alcool mis à disposition lors des soirées étudiantes sont au moins suffisant pour ne
pas avoir fait prendre conscience à 92% des étudiants que la consommation sur place pourrait être
contrôlée. En complément avec des actions de prévention réalisées sur l’avant-soirée, cela pourrait
être une piste nouvelle pour empêcher une alcoolisation excessive.
Consommation au cours de la soirée
Par ailleurs 81,4% des sondés disent que le prix des boissons en soirée a un impact sur la
consommation.
L’étude de la FAGE montre également que 23% des répondants disent consommer car leurs proches
consomment également. Cela laisse entendre que la majorité des étudiants n’a pas conscience de
l’importance de l’influence du groupe sur leur consommation alors que de nombreuses études
montrent l’impact certain d’une socialisation importante pouvant encourager la consommation. Cela
témoigne d’une barrière psychologique des sondés qui restent convaincus de leur relative liberté
face aux comportements que l’on sait addictifs pour de multiples raisons.
Les open-bars
L’interdiction des open-bar est entrée en vigueur en 2009 (loi HPST). Les ¾ des étudiants ont
connaissance de son application ce qui est un chiffre plutôt positif.
Toutefois, l’interdiction n’est visiblement pas toujours respectée puisque 56% des étudiants ont déjà
participé à un open-bar (ce qui ne signifie pas que chacune de leur soirée est un open-bar).
Par ailleurs, des témoignages ou études (ex : le docteur Patrick Daimé, secrétaire général de l’ANPAA
http://etudiant.lefigaro.fr/vie-etudiante/news/detail/article/alcoolisation-des-jeunes-les-open-barsn-ont-pas-disparu-2968/) montrent que cette loi a des conséquences très limitées sur la
consommation d’alcool des jeunes : d’une part parce que les organisateurs peuvent mettre des
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alcools en vente à des tarifs très bas et d’autre part, parce que la consommation s’accentue dans la
sphère privée avec des « Before » avant les soirées.
Ainsi, bien qu’allant dans le bon sens, celui d’éviter une consommation excessive car offerte, la loi
interdisant les open-bar ne suffit pas à elle seule pour limiter les consommations excessives d’alcool
au cours des soirées étudiantes.
L’évolution du nombre de personnes participants à des open-bar permettra, dans les prochaines
années, de vérifier la pertinence mais aussi la mise en application de la loi et le changement des
habitudes des organisateurs de soirées.
Prévention dans les soirées
Impact général
Les actions de prévention sont jugées utiles pour plus de 82% des sondés.
L’impact sur la consommation est réel puisque 31,5% disent réduire leur consommation car plus
conscients des risques. Cette donnée légitime à elle seule l’ensemble des actions mises en œuvre
depuis plusieurs années auprès de cette catégorie de la population.
Le fait que 17,5% des sondés disent consommer d’avantage car des dispositifs de prévention sont mis
en place montre la nécessité d’un dispositif complet ne se limitant pas à la seule prise en compte des
cas d’urgence liés à une alcoolisation excessive.
Toutefois la moitié des sondés ne se sent pas concernée par ces actions.
Les messages de prévention
En termes de message de prévention véhiculé, les différents tons observés dans les campagnes
menées (un temps choquant, un temps pédagogique et explicatif) touchent chacun un public
différent. Les différents types de message sont donc complémentaires.
Impact en fonction de l’interlocuteur de prévention
71,4% des sondés sont plus sensibles lorsque le message de prévention est transmis par une
personne du même âge ce qui confirme le positionnement de la FAGE en tant qu’acteur de la
prévention en complément ou en relai des dispositifs existants.
Parmi les répondants, près de 60% des personnes disent avoir participé à une soirée étudiante
responsable, une charte signée par les associations demandant la mise en place d’actions concrètes
de prévention, que ce soit au cours ou en amont des soirées.
Pour 86% des répondants, ces soirées étudiantes responsables sont caractérisées par la mise en
place de dispositifs de prévention. Un message spécifique de l’organisateur est également relevé par
un étudiant sur deux ce qui montre l’implication des organisateurs dans la diffusion des messages de
prévention.
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Enquête sur les habitudes de consommation d’alcool des étudiants – FAGE – octobre 2014
Impact en fonction des consommateurs
Plus les gens boivent et moins ils se sentent concernés par les messages de prévention.
71% des répondants qui boivent tous les jours et plus de 4 verres ne se sentent pas concernés par les
messages de prévention et donc ne se limitent pas.
C’est également le cas pour 49% des répondants buvant plusieurs fois par semaine ou tous les jours
et plus de 4 verres à chaque occasion
Les hommes sont globalement moins sensibles aux messages de prévention que les femmes.
Conclusion
Analyse générale
Au-delà de conclusions habituelles des études sur l’alcool et les jeunes, notamment en ce qui
concerne la différence entre les hommes et les femmes, l’étude de la FAGE met en exergue le lien
entre fréquence et quantité consommée.
Elle montre également que les actions de prévention classiques et généralistes, bien qu’utiles et
nécessaires, ont une action limitée puisqu’elles atteignent plus difficilement les publics les plus à
risque. Il est ainsi nécessaire d’appréhender la prévention dans une démarche globale ne se limitant
pas à la réduction de risques au cours de la soirée.
Par ailleurs, pour être efficaces, ces actions doivent également prendre en compte un phénomène de
plus en plus répandu et sur lequel il peut paraître difficile aujourd’hui d’avoir prise, à savoir la
consommation au sein de la sphère privée. Ainsi, les soirées étudiantes, et notamment par le biais
des soirées étudiantes responsables, doivent tendre à devenir des vecteurs d’exemplarité et de
diffusion des bonnes pratiques.
Perspectives pour la FAGE
Nous l’avons vu, les actions de prévention ont un véritable impact sur la consommation d’alcool des
étudiants, et notamment lorsque celles-ci sont réalisées par les pairs. Cela démontre la nécessité de
se baser sur un réseau d’associations et de bénévoles étudiants afin de transmettre les messages de
prévention, que ceux-ci soient le relai de campagnes plus généralistes, ou spécifiques (milieu
étudiant).
Afin d’optimiser l’efficacité de ce relai par les pairs, la FAGE met en place des actions de formation de
ses militants associatifs. Ainsi sur l’année 2013-2014, 810 stagiaires ont été formés sur des
problématiques telles qu’organiser une soirée étudiante responsable et/ou gestion d’un débit de
boissons. Ces étudiants ont alors pu non seulement être acteurs de prévention au cours de soirées
étudiantes mais également au sein de leur bureau et plus largement de leur vie quotidienne en
général.
Toutefois, bien que le positionnement et les actions réalisées par la FAGE soient pertinents, il est
nécessaire d’innover pour cibler particulièrement les publics et les instants les plus à risques. En
effet, si la FAGE agit aujourd’hui à la fois sur les lieux de vie et d’étude et lors des soirées étudiantes,
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elle se doit d’innover pour agir sur la consommation faite dans un cadre privé, moment qui peut
amener à des prises d’alcoolisation excessives.
Pour répondre à ces problématiques soulevées par l’enquête, La FAGE envisage ainsi de nouvelles
actions de sensibilisation et de prévention spécifiques. Les pistes envisagées sont :
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Un outil mesurant les pics d’ivresse (haut et bas) pour faire prendre conscience d’une
imprégnation d’alcool sur la durée. Cet outil de simulation permettrait en fonction d’un
certain nombre de facteurs (doses consommées, morphologie de l’individu, etc) de connaître
le moment à partir duquel le seuil des 0,5g d’alcool par litre de sang n’est plus dépassé. Et ce
afin d’amener à une interpellation notamment vis-à-vis de la conduite en état d’ébriété qui
n’est souvent pas envisagée le lendemain d’une soirée.
La limitation des doses d’alcool disponibles par personne lors des soirées (dans le cadre des
soirées étudiantes responsables). Ainsi en se basant sur les données de l’OMS (Organisation
Mondiale de la Santé), le stock cumulé d’alcool ne devrait pas dépasser les 4 doses par
participant.
La prévention avant les soirées avec par exemple l’interdiction d’accès aux soirées étudiantes
en cas d’alcoolisation excessive. Cette pratique déjà mise en place par certains
établissements devrait être généralisée aux soirées étudiantes responsables. Cette
disposition devra faire l’objet d’une communication des organisateurs lors de la vente des
places dans un souci de pédagogie. Ce qui ne doit pas amener à négliger la prévision de
solutions pour les personnes se trouvant en situation d’ébriété au cours de la soirée (comme
des espaces calmes) afin de garantir leur sécurité.
La formation et la sensibilisation sur les doses d’alcool : les doses d’alcool servies dans le
cadre privé sont souvent éloignées des normes bar ce qui tend à fausser les estimations du
taux d’alcoolémie. Ces actions seront effectuées aussi bien à destination des organisateurs
de soirées étudiantes que des étudiants en règle générale.
Le ciblage du public en gardant une volonté de ne pas stigmatiser.
Une information spécifique sur l’augmentation exponentielle des risques liée à la polyconsommation.
Ces pistes seront approfondies, complétées pour une mise en œuvre à partir de l’année 2015. La
FAGE souhaite ainsi poursuivre sa démarche de prévention et de promotion de la santé par des
actions complémentaires aux dispositifs existants, dont l’efficacité peut être ressentie. Elle se fixe
également comme objectif d’accès notamment la prévention vers les publics les plus à risque. Ces
actions s’adresseront aux étudiants organisateurs de soirées responsables qui seront prescripteurs à
leur tour auprès de leur entourage mais également des jeunes en général afin de maximiser l’impact
des actions menées.
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Annexes – Quelques données
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