LES INSIGNES DE LA BASILIQUE DE NOTRE
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LES INSIGNES DE LA BASILIQUE DE NOTRE
LES INSIGNES DE LA BASILIQUE DE NOTRE-DAME DE LA GARDE M. l'abbé Morel, Supérieur du Sacré-Cœur, veut bien nous prêter le concours de sa science et offrir à nos lecteurs un très intéressant commentaire de la gravure qui reproduit les armoiries de Notre-Dame-de la Garde. Le gracieux dessin que l'Echo de Notre-Dame de la Garde offre aujourd'hui à ses lecteurs et qu'une amicale attention place sous nos yeux, nous inspire la pensée de traiter brièvement une question généralement peu connue et qui ne manque pas d’intérêt. Nous voulons parler des Insignes qui appartiennent de droit à 1’église de Notre-Dame de la Garde, depuis qu'elle a reçu de la munificence du Saint-Siège, le titre de basilique mineure. Ce nom de basilique, que l'on emploie souvent d'une manière impropre pour désigner une église vaste ou antique, possède une double acception. Dans la .langue archéologique, on appelle ainsi une forme indéterminée d'architecture dont nous n'avons pas à nous occuper ici et qui ne s'applique nullement à l'élégante chapelle qui couronne la colline de la Garde. Dans le droit canonique cette expression indique un titre d’honneur et de primauté décerné à certaines églises par le Saint-Siège. C’est dans cette seconde acception qu'il faut prendre le nom de basilique; sous lequel est désigné ce sanctuaire cher à nos cœurs et élevé à la Bonne Mère par la piété des Marseillais. Le titre de basilique, dans le droit actuel, ne peut être concédé que par le Souverain Pontife, à cause des privilèges qu'il confère et du rang auquel il élève les églises qui en sont honorées. On distingue les basiliques en majeures et en mineures. Les premières sont supérieures en dignité aux secondes, quoique celles-ci soient entièrement indépendantes. Sauf de très rares exceptions, le titre de basilique mineure est le seul accordé et c'est celui que porte l'église de Notre-Dame de la Garde, dont nous allons indiquer les privilèges et les insignes. Le premier privilège est la prééminence. La basilique a la préséance sur toutes les autres églises, excepté la cathédrale, à cause du siège épiscopal, et cette préséance existe même en dehors du diocèse. L'insigne le plus important est le pavillon. Il est même tellement le signe distinctif de la basilique, que ces deux mots, surtout à Rome, sont quelquefois synonymes et qu'on appelle le pavillon basilica. Le pavillon est un immense parasol, dont l'armature de bois est recouverte de bandes alternativement rouges et jaunes. Les pentes, découpées en lambrequins terminés par des franges, sont aux mêmes couleurs, mais opposées, de sorte qu'un lambrequin rouge termine une bande jaune et réciproquement. On peut peindre ou broder sur ces lambrequins le nom latin, les armoiries, le titulaire de la basilique, mais on ne peut se servir ni d'or ni d'argent pour ces ornements, la soie seule étant employée pour les pavillons des basiliques mineures. L'usage du drap d'or, du velours et des broderies ou franges d'or ou d'argent est réservé aux basiliques majeures. Le pavillon reste demi-ouvert et présente ainsi l'apparence d'une sorte de pyramide large et basse. La hampe est en bois doré et terminée par une boule en cuivre doré surmontée d'une croix. L'écusson portant les armoiries de la basilique doit toujours être surmonté du pavillon placé en pal, suivant le langage du blason. Dans les processions intérieures ou extérieures on doit porter le pavillon, mais non dans les cérémonies funèbres. Les couleurs jaune et rouge n'ont point été choisies au hasard, ni à cause de leur éclat. Elles sont celles du gouvernement pontifical. La pourpre et l'or étaient les couleurs impériales de Rome, et si Pie VII crut devoir substituer le blanc au rouge pour les bannières et les cocardes à l'époque où Napoléon Ier assigna au royaume d'Italie le rouge et le jaune, ces deux dernières couleurs ont toujours été conservées pour le pavillon insigne principal du gouvernement pontifical. La concession du pavillon et des couleurs primitives et traditionnelles du SaintSiège établit une sorte de rapprochement plus intime et de sujétion plus immédiate au chef de l'Eglise. Le second insigne auquel ont droit les basiliques est la clochette, qui, dans les processions, précède le pavillon. On donne ce nom à une sorte de petit campanile portatif et auquel est suspendue une cloche de médiocre dimension, que l'on porte dans les cérémonies publiques. La décoration de ces petits beffrois est élégante et variée et porte sur une face l'image du titulaire de la basilique et sur l'autre un cartouche renfermant le nom et le titre de l'église et timbré du pavillon. Nous n'avons rien à dire du troisième insigne qui a rapport au costume des chanoines là où la basilique possède un chapitre cathédral ou collégial. Toute église doit avoir un sceau gravé pour ses actes officiels et elle peut placer au-dessus de sa porte principale et des établissements pieux sous sa dépendance, un panonceau portant ses armoiries. Les basiliques doivent toujours, comme nous l'avons dit plus haut, surmonter leurs armoiries du pavillon placé en pal. Un coup d'œil sur la gravure placée en tête de ce petit article fera comprendre cette expression. On nous permettra de compléter ces notes par une courte description des armes de la basilique de Notre-Dame de la Garde. Le lecteur nous excusera si nous ne nous servons pas des termes techniques du blason, plus exacts, il est vrai, mais inintelligibles pour ceux qui ne sont pas initiés à cette science. Bien qu'aucune règle ne détermine les armoiries en elles-mêmes, cependant il existe des principes traditionnels que l'on doit suivre dans la composition des armoiries que l'on crée, et dont on ne doit s'écarter ni pour les couleurs, ni pour les pièces qui meublent l'écu. Sans entrer dans cet examen, détaillons les armes placées sous nos yeux. Deux branches de lys, symbole mystérieux de pureté, entourent l'écusson et se relient gracieusement par le bas de la tige. Un chapelet aux couleurs allégoriques de Marie, gracieux emblème de prière, forme autour de l'écusson une mystique guirlande. Dans la partie supérieure, sur un fond rouge ou de gueules, apparaît en or la tiare et les clefs en sautoir, en signe de reconnaissance et de filiale soumission au siège apostolique. Auprès des armes pontificales la croix du Saint-Sépulcre nous redit la ferveur des pèlerins de Jérusalem et de Rome, invoquant dans son sanctuaire l'Etoile de la Mer. Sur l'azur du ciel et les flots bleus de la mer se détache la sainte colline surmontée de la basilique elle-même. Enfin, au bas, les armes de la Ville de Marseille placées comme la cité elle-même au pied de la montagne chérie, rappellent l'antique dévotion des Marseillais et proclament que la Bonne-Mère sera toujours la protectrice et la gardienne de son peuple fidèle. L’Echo de Notre Dame de la Garde