Miles 3.wps - Cité Scolaire Marie Curie
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Miles 3.wps - Cité Scolaire Marie Curie
Cours du mercredi 26 mars 2014 III) L’album TUTU 1) Généralités (informations tirées du site de la médiathèque de la cité de la musique) ° album enregistré entre février et mars 1986, à Los Angeles puis à New York. ° il a été publié en automne de la même année ° c’est un « album studio », c’est à dire que Miles Davis a improvisé sur une bande son. ° cet album est signé Marcus MILLER et Miles DAVIS. En effet, c’est le musicien Marcus Miller qui s’ est occupé de réaliser toute la bande son. Dans cette bande, il joue de la plupart des instruments exceptée la trompette. Marcus MILLER Né le 14 juin 1959 à Brooklyn, l'un des quartiers de New York (États-Unis), Marcus Miller grandit dans une famille de musiciens - son père est pianiste, organiste et chef de chœur, le cousin de ce dernier n'est autre que Wynton Kelly qui accompagna Miles Davis à la fin des années 50. Il se met à la flûte à bec à l'âge de 8 ans, puis à la clarinette deux ans plus tard pour se fixer tout compte fait sur le saxophone, à ses yeux instrument emblématique du rhythm and blues. À 13 ans, il se met à la basse électrique qu'il adopte définitivement et qui devient son instrument de prédilection. Sa carrière de musicien professionnel débute alors qu'il est à peine âgé de 16 ans. Que ce soit en tant que musicien (accompagnateur), leader ou compositeur Marcus Miller saura s'adapter à tous les genres musicaux : pop, rock, funk, jazz ou chanson. Lorsqu'il tient le rôle de producteur (directeur artistique), il crée un univers sonore tout à fait singulier. Marcus Miller fut notamment aux côtés de Aretha Franklin, Roberta Flack et Elton John, Luther Vandross, Grover Washington Jr., Tom Browne, Dave Grusin, Bob James, mais aussi de Claude Nougaro pour son album et France Gall pour l'album . Il rencontre le saxophoniste de jazz David Sandborn en 1979, avec lequel il enregistre l'album . Peu après, il signe son premier album solo, . En 1981, il rejoint le nouveau groupe de Miles Davis avec lequel il demeurera durant 18 mois. 1986 marque le point culminant de sa collaboration avec Miles Davis pour l'album . 2) Le titre : TUTU Le titre général reprend le titre de la toute première pièce. Cet album est dédié à Monseigneur Desmond TUTU, archevêque du CAP, qui a reçu le prix nobel de la paix en 1984 pour son engagement et sa lutte contre l’apartheid en Afrique du sud. Mgr Tutu a d’ailleurs écrit un gentil mot au musicien, le remerciant d’avoir œuvré pour sa cause, ce qui a été vrai puisque à la grande surprise de Marcus Miller, l’album a connu un immense succès auprès de la communauté noire d’Afrique du Sud. Le dernier titre de l’album, Full Nelson est aussi une référence à l’Afrique du sud car il évoque la personnalité de Nelson Mandela. Enfin, le mot tutu signifie aussi « cool » en langue Yoruba (langue d’une ethnie présente au Nigeria). 1 3) La pochette Elle a été pensée par la créatrice japonaise Eiko Ishioka et photographiée par l’américain Irving Penn (frère du cinéaste, Arthur Penn). On y voit l’ovale du visage de Miles Davis en noir et blanc, pris dans une attitude hiératique, un peu à la manière de certaines statuettes africaines. Le titre et le nom de l’artiste y sont absents. 4) Les morceaux de l’album -Tutu (5'15) - Tomaas (5'38) - Portia (6'18) - Splatch (4'46) - Backyard Ritual (4'49) - Perfect Way (4'35) - Don't Lose Your Mind (5'49) - Full Nelson (5'06). Tous sont signés Marcus Miller à l'exception de Tomaas (Marcus Miller/Miles Davis), (George Duke) et (David Gamson, Green Gartside). -> Seuls les trois premiers sont au programme du bac. 5) Les musiciens - Miles Davis : trompette - Marcus Miller : guitare basse, guitare, synthétiseurs, programmation des boîtes à rythmes, clarinette basse, saxophone soprano... - Paulinho da Costa : percussion sur Tutu, Portia, Splatch et Backyard Ritual - George Duke : claviers/synthétiseur sur Backyard Ritual - Omar Hakim : batterie et percussion sur Tomaas - Adam Holzman : programmation synthétiseur, synthétiseur solo sur Splatch - Jason Miles : programmation synthétiseur - Steve Reid : percussion sur Splatch - Michael Urbaniak : violon électrique sur Don't Lose Your Mind -Bernard Wright : synthétiseur sur Tomaas et Don't Lose Your Mind. 6) Les instruments Pour Tutu, Miles Davis a utilisé sa célèbre trompette rouge. 2 Quant à Marcus Miller, il a d’abord travaillé ses pistes avec un synthétiseur Yamaha DX7 et un sampleur Akai S612 , une boîte à rythmes Linn 9000 avant de jouer de sa Jazz bass, d’une clarinette basse et d’un saxophone soprano Ci-contre, une clarinette basse et ci-dessus un saxophone soprano Ci-dessous, les deux guitares basses utilisées par Marcus Miller. Celle de droite est fretless 3 tandis que Jason Miles a abondamment employé un synthétiseur Oberheim Matrix 12, un PPG Wave et un Emulator. 4 7) L’enregistrement En dépit de l’existence d’enregistreurs numérique à cette époque, tout a été principalement réalisé avec un magnétophone analogique à 24 pistes. Comment Marcus Miller a-t-il procédé ? Ci-dessous, une explication trouvée sur le site de la médiathèque de la cité de la musique : Miller eut recours à de nombreux synthétiseurs et à une boîte à rythme Linn9000 pour composer la piste de base. Afin de mettre en valeur un rythme de la Nouvelle-Orléans que lui avait montré Miles, il programma ensuite des effets de cymbales, et de grosse caisse, avant de les mélanger avec des sons de caisse claire, de cymbales et des roulements enregistrés en studio. Le résultat visait à créer une piste rythmique qui ne paraisse pas mécanique et soit la plus naturelle possible. Il programma ensuite sa ligne de basse, enregistra la deuxième ligne de basse fretless, mixa des samples de saxophone et ajouta quelques prises au saxophone soprano. Il n’y avait plus alors qu’à laisser jouer Miles - l'essentiel de la première des deux prises fut conservé. Miller ne voulait pas seulement que Miles interagisse avec sa propre composition, mais aussi que d’autres musiciens réagissent à l’interprétation de Miles. C’est pourquoi il fit appel au percussionniste d’origine brésilienne Paulinho Da Costa, qui devait être le "liant entre les différentes parties rythmiques, tout en pimentant un peu le tout", ce qu’il fit en ayant recours à une grande variété d’instruments : tambours, maracas, tambourin et congas. Enfin, Miller fit ajouter par Adam Holzman des sons synthétisés, à l’aide d’un Oberheim Xpander et d’un PPG Wave 2.2. Comme Marcus Miller était assez impressionné de devoir diriger Miles, ce dernier pour le mettre à l’aise lui dit simplement qu’il devait lui taper sur l’épaule lorsqu’il désirait qu’il joue. Cela s’est très bien passé ainsi ! 8) Réception de l’album Bien que l'album ait remporté un immense succès, certains observateurs firent la fine bouche : « Tutu much ! » a-t-on pu lire. Estimant qu'il s'agissait plus d'un duo Miles Davis/Marcus Miller, ils critiquaient également l'abus de l'utilisation de l'overdubbing (ou re-recording), technique consistant a` superposer l'interprétation d'une partie instrumentale ou vocale à un enregistrement effectué. Le principal inconvénient de cette technique est un certain manque de spontanéité. Y-a-t-il vraiment une force collective ? Et, comme souvent dans l'histoire du jazz, les "gardiens du temple" estimaient que ce n'était pas du jazz... Toujours est-il que cela n'empêche pas Miles Davis d' être au meilleur de sa forme... Les commentaires se sont finalement faits de plus en plus élogieux à mesure de l’assimilation du travail du trompettiste. On a même pu voir des critiques changer complètement d’avis au sujet du disque. 5 9) Récompenses ° Album plébiscité par le public : les ventes ont dépassé les 500 000 exemplaires au bout de quelques mois, ce qui est exceptionnel dans le domaine du jazz. ° L’année suivante, en 1987, Tutu a valu un Grammy Award à Miles Davis en tant que « meilleur soliste de jazz » et un autre à Eiko Ishioka pour le « meilleur packaging ». IV) Analyse des trois pièces au programme 1) Tutu Durée : 5’15 / Tonalité principale : sol m Composé et arrangé par Marcus MILLER Enregistré le 11 février 1986 à Los Angeles Musiciens : Miles DAVIS: trompette Marcus MILLER : saxophone soprano, guitare basse, synthétiseurs et batterie Paulinho Da COSTA (né en 1948) : percussions -> percussionniste brésilien qui côtoyé à peu près tous les musiciens actifs dans le jazz et la musique pop américaine depuis les années 70 (Dizzie GILLESPIE, Aretha FRANKLIN,Barbara STREISAND, Céline DION, Madonna, Prince …) a) Timbres - Prédominance des sonorités synthétiques - batterie programmée sur une boîte à rythme (Linn 9000) avec ajout de prises caisse claire et de cymbales ainsi que les colorations diverses de P. DA COSTA (maracas, tambourin et congas); M. MILLER voulait en effet que cela sonne « naturel ». - 2 parties de guitare basse, une dans le grave (pour atteindre le ré grave, M. MILLER a abaissé sa corde mi) et l’autre dans l’aigu avec une basse fretless. - les synthétiseurs émettent des sons imitant des instruments acoustiques (clarinette basse, trombone, voix ) mais aussi des sons originaux (effet de souffle, son tournoyant…) - la trompette utilise une sourdine « Harmon » (du nom du fabricant). Cela fait depuis 1956 que Miles DAVIS utilise ce type de sourdine . C’est un modèle en aluminium et en forme de bulbe. Il possède un anneau de liège qui épouse entièrement le pavillon de la trompette, bloquant ainsi l’air sortant pour le diriger intégralement à l’intérieur de la sourdine. Elle est percée d’un petit trou dans lequel est placé un tube coulissant (tiré, le son est plus mat et fermé); en jouant avec la main sur l’ouverture à la sortie du tube, on fait « parler » l’instrument avec un effet « wah wah » qui donne son nom à ce type de sourdine. La sonorité de Miles DAVIS avec cette sourdine Harmon est obtenue en retirant ce tube et en plaçant le micro collé à l’extrémité de l’instrument. Il en résulte un son sourd et métallique; ainsi utilisée, la sourdine prend aussi le nom de « wee-zee ». C’est le fameux son reconnaissable entre tous de Miles DAVIS ! Dans la 4è section, on entend 2 trompettes car Miles comme Marcus Miller utilise le procédé du re-recording. 6 7