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INSTITUT POLYTECHNIQUE LASALLE BEAUVAIS
Spécialité Géologie
19, rue Pierre Waguet – B.P. 30313
60026 BEAUVAIS CEDEX
Interactions sédimentation-végétation.
Exemple du Crambe maritima sur le cordon de galets
du Hourdel (80)
Bérengère DEJEANS
Date de soutenance :
Membres du jury :
- Vendredi 06 septembre 2013
- Olivier BAIN (LaSalle Beauvais)
- Sophie LE BOT (Université de Rouen)
- Anne COMBAUD (LaSalle Beauvais)
Mémoire d’Ingénieur Géologue
73ème promotion
N°603
Année 2012 - 2013
Mémoire d'Ingénieur Géologue n°603, 2013, 85 p.,49 fig., annexes.
Bérengère DEJEANS, Mém.Ingénieur LaSalle Beauvais –Spécialité Géologie, n° 603, 2013
RESUME/ABSTRACT
Résumé
L’objectif de ce projet est d’étudier la dynamique rapide du cordon de galets du Hourdel, dont
l’origine est à Ault en Picardie (à l’échelle de mortes-eaux, de vives-eaux et de période de quelques
jours de vents), ainsi que les effets réciproques de la végétation sur la sédimentation, à travers
l’exemple du Crambe maritima, une espèce de chou maritime caractéristique de ce type
d’environnement.
Le projet s’intéresse à la pointe du cordon, située au Hourdel, qui est, encore aujourd’hui, en
progradation vers le Nord-Est. La stratégie d’étude repose principalement sur l’acquisition de données
topographiques à différentes dates grâce à un scanner laser terrestre et de mesures de « topographie
locale » faites autour d’individus de Crambes à l’aide de barres de sédimentation-érosion. Les
différents levés faits sur le terrain permettent de dégager des tendances dans la réponse
morphodynamique du cordon face à différents évènements (morte-eau, vive-eau, période de vent),
montrant notamment qu’il n’y a qu’au cours des vives eaux que la marée atteint le cordon, à sa base,
et que les évolutions sont par conséquent en grande partie dues au vent. Le Crambe maritima se
développe sur les cordons formés depuis au moins quelques années et sont tous situés au-dessus du
plus haut niveau d’eau. Par ailleurs, ils favorisent la sédimentation en entraînant un « effet de
piégeage » du sable, ce qui, à terme, participe à l’ensablement du cordon et donc à sa stabilisation.
Les méthodes employées étant encore assez exploratoires, ce travail a aussi permis de
confirmer leur validité et d’en dégager des limites, dans l’optique de les améliorer pour des études
postérieures. Les résultats de ce travail, qui consituent des éléments de connaissance sur la
dynamique morpho-sédimentaire du cordon de galets, pourront notamment contribuer au
développement d’une stratégie de lutte contre le risque de submersion. Les méthodes pourront
éventuellement être transposées à d’autres flèches littorales, et notamment sableuses.
Mots-clés : cordon, galet, Hourdel, Crambe maritima, sédimentation
Abstract
This study aims at analysing the short time dynamic (during spring tides, neap tides and a
period with pretty strong winds) of the gravel barrier of the Hourdel, whose origin is in Ault (Picardy,
France), and the reciprocal effects of vegetation on the sedimentation, through the example of the
Crambe maritima, a seakale which develops in this kind of environment.
This project focuses on the end of the shingle spit, located in the Hourdel, which is still moving
forward to the North-East. The strategy of this work is mainly based on the acquisition of topographical
data using a terrestrial scanner laser and measurements of ―local topography‖ around seakale
individuals thanks to sedimentation bars.
The surveys underline trends in the short time morphodynamics response of the spit, showing
the sea reaches the bottom of the feature only during spring tides, which means most of changes
observed on the barrier are due to the wind. The Crambe maritima only grows on spits which are at
least a few years old and are all located under the highest sea level. Besides, they favor
sedimentation, by creating a ―trapping effect‖ of the sand which, in the end, increases the sanding up
of the gravel spit and its stabilization.
The methods used being pretty exploratory, this work also enables to show their efficient and
their limits, in order to improve them for later studies. The results of this project, which are knowledge
on the morphodynamics of the rgavel barrier of the Hourdel, could for instance help develop a strategy
to fight the flooding risk, a burning issue in such environments.
Keywords : gravel spit, shingle, Hourdel, Crambe maritime, sedimentation
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REMERCIEMENTS
Je remercie Sophie LE BOT, pour m’avoir donné l’opportunité de faire ce stage, pour
la patience et la disponibilité dont elle a fait preuve tout au long de ce stage, pour les
connaissances qu’elle m’a transmises, son aide concernant ce rapport et ses conseils.
Je remercie Estelle FOREY et Estelle LANGLOIS, pour leur disponibilité et patience,
ainsi que pour leur aide sur le terrain.
Je remercie également Michel SIMON, pour tout le temps consacré et l’aide apportée
pour la préparation et les levés sur le terrain.
Je remercie Antoine MEIRLAND et Gaëtan DUPONCHELLE pour la bibliographie
transmise et les discussions relatives au projet.
Je remercie Charlotte MICHEL, qui a également pris de son temps pour m’aider sur le
traitement des données et sur le terrain. Je remercie aussi Flavie DRUINE, pour son aide
lors des levés sur le terrain.
Je remercie Paul LECOINTRE pour son aide concernant l’acquisition des données
sur le terrain.
Je remercie Robert LAFITE pour son aide sur le projet.
Je remercie les membres de M2C et ECODIV ainsi que les stagiaires pour m’avoir
accueillie pour ce stage.
Je remercie Olivier BAIN pour sa patience et pour m’avoir aidée à obtenir ce stage.
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TABLE DES MATIERES
Table des illustrations ............................................................................................................................. 6
Liste des abréviations, symboles et unités ............................................................................................. 9
Glossaire .............................................................................................................................................. 10
Résumé étendu .................................................................................................................................... 11
Introduction........................................................................................................................................... 20
1. Problématique et objectifs ................................................................................................................ 20
1.1.
Contexte général de l’étude .................................................................................................. 20
1.2.
Problématique....................................................................................................................... 21
2. Présentation de l’université .............................................................................................................. 23
3. Présentation du secteur d’étude ....................................................................................................... 24
3.1. Cadre général ............................................................................................................................ 24
3.1.1. Géographie de la Baie de Somme ...................................................................................... 24
3.1.2. Géologie ............................................................................................................................. 26
3.1.3. Facteurs climatiques et météo-marins ................................................................................ 27
3.1.4. Faune et Flore .................................................................................................................... 30
3.2. Présentation du secteur d’étude : le cordon de galets du Hourdel et végétation associée ........ 32
3.2.1. Un exemple de flèche littorale ............................................................................................ 32
3.2.2. Formation et dynamique du cordon de galets du Hourdel .................................................. 34
3.2.3. Végétation associée au cordon de galets ........................................................................... 39
4. Matériel et méthodes ........................................................................................................................ 43
4.1. Stratégie d’étude ....................................................................................................................... 43
4.1.1. Stratégie globale ................................................................................................................. 43
4.1.2. Choix du site d’étude : le secteur des Mollières – Le Hourdel ............................................ 43
4.1.3. Campagnes réalisées ......................................................................................................... 46
4.2. Instrumentation : acquisition et traitement des données............................................................ 47
4.2.1. Topographie ....................................................................................................................... 47
4.2.2. Sédiments ........................................................................................................................... 51
4.2.3. Végétation/Population de Crambes maritimes.................................................................... 51
5. Résultats et interprétations ............................................................................................................... 52
5.1. Caractéristiques morphologiques, sédimentaires et de végétation............................................ 52
5.1.1. Morphologie et niveaux d’eau ............................................................................................. 52
5.1.2. Sédiments ........................................................................................................................... 56
5.1.3. Végétation .......................................................................................................................... 56
5.2. Dynamique rapide du cordon..................................................................................................... 59
5.2.1. Présentation des résultats .................................................................................................. 59
5.2.2. Interprétations : dynamique rapide du cordon .................................................................... 68
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5.3. Relations Crambe – sédimentation............................................................................................ 71
6. Discussion : relation sédimentation-végétation ................................................................................ 77
6.1. Méthodologie : critique et transposition ..................................................................................... 77
6.1.1. Perspectives d’amélioration du protocole de suivi des interactions Crambe-sédiment ....... 77
6.1.2. Transposition à d’autres sites ............................................................................................. 78
6.2. Evolution du cordon sur des pas de temps courts et effets réciproques du Crambe maritime sur
l’ensablement ................................................................................................................................... 78
6.2.1. Evolution morphologique du cordon sur des pas de temps court ....................................... 78
6.2.2. Implantation du Crambe sur la flèche du Hourdel ............................................................... 78
6.2.3. Effets réciproques du sable sur le Crambe ......................................................................... 79
6.3. Transfert opérationnel gestion du risque de submersion ........................................................... 79
7. Conclusion et perspectives............................................................................................................... 80
Bibliographie......................................................................................................................................... 81
Annexe ................................................................................................................................................. 81
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TABLE DES ILLUSTRATIONS
Liste des figures
Figure 1 : Location of the studied area (a) and of the two chosen transects (b) ................................... 12
Figure 2 : Location of the sedimentation-erosion tables and traps ....................................................... 14
Figure 3: Examples of variations of the spits on the studied area during a wind period (a), and sping
tides (b and c)....................................................................................................................................... 16
Figure 4 : Flows of sediments trapped on May 13th 2013 .................................................................... 17
Figure 5 : Examples of variations of "topography" on devices with a Crambe maritima (left) and without
Crambe maritima (right)........................................................................................................................ 18
Figure 6 : Modèle Numérique de Terrain de la plaine côtière de Picardie. Topographie de la SRTM
(NASA, 2008), résolution 90 m. Bathymétrie de ETOPO1 (NOAA, 2009), résolution 1800 m.
Projection: Mercator, WGS84. Traitement : F. GRAVELEAU, Géosystèmes, CNRS-Lille 1
(TRENTESAUX et al., 2012) ................................................................................................................ 24
Figure 7 : Esquisse géologique basée sur deux cartes géologiques (BRGM, 1981 ; BRGM, 1985). Les
tirets renvoient aux failles supposées ou à la faille ou flexure hypothétique du Quaternaire. Des dates
ont été reportées le long d’anciennes digues. ...................................................................................... 25
Figure 8 : Sondage dans les Bas-Champs : Le Hourdel, modifiée d’après BEUN, 1973 (LIVET et
ROUE, 2012) ........................................................................................................................................ 27
Figure 9 : Rose des vents à Abbeville (CLIQUE et LEPETIT, 1986) .................................................... 28
Figure 10 : Courants de flux et de reflux en Baie de Somme à marée basse. Issue de François Baudin,
redessinée depuis des sources diverses (dont DEMARCQ et al., 1979) et d’après CLIQUE et
LEPETIT, 1986 (BEAUCHAMP, 1997) ................................................................................................. 30
Figure 11 : Vitesse et direction des courants de marée, en vive-eau, pour la Baie de Somme (extrait
de SHOM, 1968 dans AUGRIS et al., 2004) ........................................................................................ 30
Figure 12 : Cartographie schématique de la végétation de la Baie de Somme (DUPONT, 1981)........ 31
Figure 13 : Localisation du secteur d’étude .......................................................................................... 33
Figure 14 : Déplacement des galets, modifiée d’après DALLERY, 1955 (LIVET et ROUE, 2012) ....... 34
Figure 15 : . Evolution de la pointe du Hourdel de 1780 à 1950, modifiée d’après DALLERY, 1955
(LIVET et ROUE, 2012) ........................................................................................................................ 35
Figure 16 : Structure interne du cordon littoral des Bas-Champs (MIGNIOT et BELLESSORT, 1974
dans AURGIS et al., 2004) ................................................................................................................... 36
Figure 17 : Direction du transit résultant des galets et unités sédimentaires sur le littoral de SeineMaritime (Augris et al., 2004)) .............................................................................................................. 37
Figure 18 : Evolution topo-bathymétrique et bilans volumétriques du cordon entre 1994 et 2001 ....... 38
Figure 19 : Emprise concernée par l’Arrêté de Protection de Biotope (APB) (Les zones étudiées au
cours de l’étude décrite ci-après sont matérialisées par deux traits bleus, qui font donc partie d’une
zone d’APB) ......................................................................................................................................... 40
Figure 20 : Répartition mondiale (hors introduction) du Crambe maritime modifiée d’après LACROIX et
LE BAIL (2006). .................................................................................................................................... 41
Figure 21 : Photographie d’une espèce de Crambe maritime (Conservatoire Botanique National de
Bailleul, 2004)....................................................................................................................................... 42
Figure 22 : Evolution dynamique et bilan volumétrique du cordon de galets entre Cayeux-sur-Mer et
Le Hourdel sur la période 1994-2001 (BASTIDE, 2011)....................................................................... 44
Figure 23 : Le site d’étude : « âge » des cordons (DUPONCHELLE, 2011), localisation des transects
(rectangles rouges) et répartition des pieds de Crambe sur les transects (points verts). ..................... 45
Figure 24 : Calendrier des levés de terrain en fonction des forçages météo-marins (marée, vents) et
types de mesures réalisées. ................................................................................................................. 46
Figure 25 : Photographies du scanner laser terrestre (a) et d’une cible (b) .......................................... 48
Figure 26 : Localisation des barres de sédimentation .......................................................................... 50
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Figure 27 : Dispositif permettant de mesurer les évènements de sédimentation et d’érosion (modifiée
d’après BOUMANS et DAY, 1993). ...................................................................................................... 50
Figure 28 : Topographie des transects étudiés et localisation des barres de sédimentation (triangles
rouges). A gauche : T2 ; à droite : T1. .................................................................................................. 53
Figure 29 : Distribution des zones atteintes par la marée et des individus de Crambe (points verts) sur
les transects 1 et 2 ............................................................................................................................... 55
Figure 30 : Photographies des cordons ................................................................................................ 56
Figure 31 : Pourcentage de Crambes en fonction de la pente du cordon............................................. 58
Figure 32 : Relation entre les variables hauteur et longueur des pieds de Crambe maritime mesurées
le 11 juin 2013 pour l’ensemble des cordons suivis au cours de l’étude. ............................................. 58
Figure 33 : Fréquence des vents en fonction de leur provenance entre le 17 et le 22 mai 2013 (source
des données : MétéoFrance)................................................................................................................ 59
Figure 34 : Différence de topographie entre le 17 et le 22 mai 2013. ................................................... 60
Figure 35 : Fréquence des vents en fonction de leur provenance entre le 15 et le 24 avril 2013 (source
des données : MétéoFrance)................................................................................................................ 61
Figure 36 : Différence de topographie entre le 15 et le 24 avril 2013 ................................................... 62
Figure 37 : Fréquence des vents en fonction de leur provenance ........................................................ 63
Figure 38 : Fréquence des vents en fonction de leur provenance entre le 22 et le 30 mai 2013 (source
des données : MétéoFrance)................................................................................................................ 63
Figure 39 : Différence de topographie sur le transect 2 entre le 24 avril et le 03 mai 2013 .................. 64
Figure 40 : Différence de topographie entre le 22 et le 30 mai 2013 .................................................... 65
Figure 41 : Différence de topographie entre le 24 avril et le 30 mai 2013 ............................................ 67
Figure 42 : Flux éoliens en fonction de la position sur les cordons. A (a) et B (b) ................................ 70
Figure 43 : Photo des motifs rythmiques de déflation éolienne. Exemple du revers interne du cordon A
sur le transect T2 .................................................................................................................................. 71
Figure 44 : Représentation de la quantité (% surfacique) de sable pour les dispositifs avec Crambe
(AC) et ceux sans Crambe (SC), par cordon et pour la date du 11 juin 2013....................................... 72
Figure 45 : Quantité (% surfacique) de sable par date et par cordon sur le transect T2, pour les
dispositifs avec Crambe (AC) et ceux sans Crambe (SC). ................................................................... 73
Figure 46 : Relation entre la hauteur des Crambes et le pourcentage de sable sous les barres de
sédimentation le 11 juin 2011 ............................................................................................................... 73
Figure 47 : Evolution de la topographie à l’échelle des individus de Crambe. Exemple A de mesures
sur des barres de sédimentation implantées sur le cordon A du transect T2, avec Crambe (a) montrant
globalement une accrétion et sans Crambe (b). ................................................................................... 74
Figure 48 : Evolution de la topographie à l’échelle des individus de Crambe. Exemple B de mesures
sur des barres de sédimentation implantées sur le cordon A du transect T2 avec Crambe (a) montrant
globalement une érosion et sans Crambe (b)....................................................................................... 75
Figure 49 : Photo montrant le phénomène de piégeage de sable par le Crambe, prise le 11 juin. ...... 75
Figure A.1 : Organigramme du laboratoire M2C (M2C, 2010) .............................................................. 87
Figure C.1 : Fiche technique du scanner laser terrestre Leica ScanStation C10 ................................. 91
Figure D.1 : Etapes de conversion des fichiers sur ArcGIS .................................................................. 92
Figure E.1 : Exemples de panoramas des cordons A et B sur T1 le 11 juin 2013 ................................ 93
Figure E.2 : Exemples de panoramas du cordon C sur T1 le 11 juin 2013........................................... 94
Figure F.1 : Pentes des cordons et localisation des Crambes maritimes sur T1 et T2 ......................... 95
Figure H.1 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation avec Crambe entre le
24 avril et le 03 mai 2013 sur le transect T2 ......................................................................................... 98
Figure H.2 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation sans Crambe entre le
24 avril et le 03 mai 2013 sur le transect T2 ......................................................................................... 99
Figure H.3 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation avec Crambe entre le
17 et le 22 mai 2013 sur le transect T1 .............................................................................................. 100
Figure H.4 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation sans Crambe entre le
17 et le 22 mai 2013 sur le transect T1 .............................................................................................. 101
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Figure H.5 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation avec Crambe entre le
17 et le 22 mai 2013 sur le transect T2 .............................................................................................. 102
Figure H.6 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation sans Crambe entre le
17 et le 22mai 2013 sur le transect T2 ............................................................................................... 103
Figure H.7 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation avec Crambe entre le
22 et le 30 mai 2013 sur le transect T1 .............................................................................................. 104
Figure H.8 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation sans Crambe entre le
22 et le 30 mai 2013 sur le transect T1 .............................................................................................. 105
Figure H.9 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation avec Crambe entre le
22 et le 30 mai 2013 sur le transect T2 .............................................................................................. 106
Figure H.10 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation sans Crambe entre
le 22 et le 30 mai 2013 sur le transect T2........................................................................................... 107
Liste des tableaux
Table 1: Characteristics of the spits ..................................................................................................... 15
Table 2 : Characteristics of the Crambe maritima mapping .................................................................. 15
Tableau 3 : Niveaux d’eau caractéristiques à Cayeux-sur-Mer. ........................................................... 29
Tableau 4: Paramètres morphologiques des cordons sur sur les transects T1 et T2. .......................... 57
Tableau 5 : Nombre et densité des pieds de Crambe maritimes sur T1 et sur T2................................ 57
Tableau 6 : Flux totaux sableux transportés par les vents sur T1 et T2. .............................................. 69
Tableau 7 : Moyennes des quantités de sable pour les dispositifs AC et SC le 11 juin. ....................... 72
Tableau B.1 : Synthèse de la provenance et de la vitesse des vents entre le 17 et le 22 mai, obtenue à
partir de 117 mesures .......................................................................................................................... 88
Tableau B.2. : Synthèse de la provenance et de la vitesse des vents entre le 15 et le 24 avril, obtenue
à partir de 222 mesures ....................................................................................................................... 88
Tableau B.3 : Synthèse de la provenance et de la vitesse des vents entre le 24 avril et le 03 mai,
obtenue à partir de 220 mesures ......................................................................................................... 89
Tableau B.4 : Synthèse de la provenance et de la vitesse des vents entre le 22 et le 30 mai, obtenue à
partir de 191 mesures .......................................................................................................................... 89
Tableau G.1 : Caractéristiques morpholgiques des Crambes maritimes le 11 juin 2013 .................... 96
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LISTE DES ABREVIATIONS, SYMBOLES ET UNITES
BMME : Basse Mer de Morte-Eau
BMVE : Basse Mer de Vive-Eau
BP : Before Present
CBNBl : Conservatoire Botanique National de Bailleul
CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique
HDS : High Definition Scanning
INSU : Institut National des Sciences de l’Univers
M2C : Morphodynamique Continentale et Côtière
NM : Niveau Moyen
PBMA : Plus Basse Mer Astronomique
PMME : Pleine Mer de Morte-Eau
PMVE : Pleine Mer de Vive-Eau
PHMA : Plus Haute Mer Astronomique
ROLNP : Réseau d’Observation du Littoral Normand et Picard
SET : Sedimentation-Erosion Table
SOGREAH : SOciété GRenobloise d’Etudes et d’Applications Hydrauliques
UMR : Unité Mixte de Recherche
UCBN : Université de Caen Basse-Normandie
UR : Université de Rouen
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GLOSSAIRE
Biotope : Milieu biologique déterminé offrant des conditions d'habitat stables à un ensemble
d'espèces animales ou végétales.
Bonne brise : définie par l’échelle de Beaufort, une bonne brise correspond à un épisode pendant
lesquels les vents sont de force 5, ce qui correspond à une vitesse moyenne de vent comprise entre 8
et 11 m.s-1. La hauteur minimum des vagues lors de ces épisodes est d’environ 2 mètres.
Approche écosystèmique : il s’agit d’une approche de gestion qui prend en compte les interactions
entre les composantes d’un écosystème et qui prône une gestion des ressources dans une
perspective durable, respectueuse de l’environnement.
Flèche littorale : Forme constituée par l'accumulation de matériaux meubles, comme des sable ou
galets, selon un plan étiré avec un point d'ancrage à une extrémité et une pointe libre à l'autre
extrémité
Marnage : dénivellation entre la pleine mer et la basse mer.
Morte-eau : la marée est dite de morte-eau lorsque le marnage passe par un minimum.
Vive-eau : la marée est dite de vive-eau lorsque le marnage passe par un maximum.
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RÉSUMÉ ÉTENDU
Introduction
As borders between ocean and continent, coasts are always under the action of waves and
other marine factors such as swell. Those both bring sediments to the beach and erode them. In some
case, accumulations of materials can be created. They often prove to be efficient barrier to fight
against the ocean and to protect the land behind against flooding. An example of such feature is the
shingle spit, which is a kind of barrier with one end linked to the foreshore and the other which remains
free.
This study focuses on the reciprocal effects of vegetation on sedimentation, on the shingle spit
of the Hourdel (Picardy, France), through the example of the Crambe maritima. More precisely, it aims
at describing the short-term evolution of the spit, in relation to the vegetation.
To do so, the studied area will be described. Then, the methodology and the results will be
presented. Some interpretations and a discussion will then be offered.
1. The studied area
The Bay of Somme is the biggest estuary in the North of France. It is located in Picardy, in the
department of Somme. It is about 72 km² long, 5 kilometers of which are opened on the English
Channel (Figure 1 a).
Geologically, this bay is at the North-West of the Parisian Basin. Three types of fields can be
distinguished : Upper Creataceous chalk (Secondary), layers of flint embedded in the chalk and
tertiary formations. The chalk-made cliffs of the area stretch from the South-West to the East of the
Bay of Somme.
The Bay of Somme has a temperate oceanic climate. Most of the winds are from the West of
the South-West, and help the swell, eolian sediments transport and currents. They favor the filling
dynamic of the bay.
More precisely, this study focus on the gravel spit, which was formed 2 500 years B.P.. It
spreads in the South of the Bay of Somme. Such features are rare enough, especially those mainly
made of pebbles (most of them are indeed composed of sand). This 15-kilometres long barrier, by
definition, is attached to the shore at one end, in Ault (Picardy, France; Figure 1). The other end, in the
Pointe of Hourdel, is still free and keeps moving forward to the North-East (Figure 1). The spit is 100 to
700 meters large and its height can reach +8 to +10 meters NGF (French altimetric reference).
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Figure 1 : Location of the studied area (a) and of the two chosen transects (b)
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The pebbles of the spit are made of flint. They come from the erosion of the chalk cliffs which
line the littoral from Cap Antifer to Ault. Indeed, the rock alteration enabled the flint to fall on the shore.
The pieces of rock are then transported by the waves, by rolling, to the North, leading the spit to grow
and moving forward.
More precisely, the constant gravel supply settles as sub-spits, the older ones being the ones
behind and the newest being the closest to the ocean and the further from the beginning of the spit.
Each new spit is a ―barrier‖ for the older ones, protecting them of the actions of the sea, and enabling
them to finally fossilize (DOLIQUE, 1998). A new spit is formed about every 2 to 11 years
(BELLESSORT and MIGNIOT, 1986)
Former studies revealed the internal structure of the gravel barrier of the Hourdel. It is
composed of 40 to 60% of pebbles, and the rest is mainly filled with sand.
The wildlife is pretty specific, since it is a transitional zone between the land and the sea.
Some of the species are rare and protected in France. The peculiarity of this habitat is the reason why
it is concerned by a ministerial decree which protects its biotope. This order notably forbids some
activities, which might endanger the species.
The Crambe maritima, which is focused on in this study, is one of the protected species. It is
pretty rare and only develops on the coasts, mainly on gravel spit or beaches (LACROIX and LE BAIL,
2006).
2. Methodology
This work aims at analyzing the interactions between vegetation and sedimentation, through
the example of a pioneer species, the Crambe maritima, on the gravel spit of the Hourdel, in the Bay
of Somme. It has been decided to work on a short time scale, that is to say a few days to one month
and a half. More precisely, it was observed how the spit evolves during a spring tide, a neap tide and
with different conditions of wind. During the targeted periods, several parameters are studied.
The area of study was delimited according to several criteria. Among them were the
―naturality‖ of the zone, which means it needed not to be subjected to human activities, the presence
of Crambe maritima, and the diversity of ages of the sub-spits, in order to possibly reveal a correlation
between the development of vegetation and time. The share between the Mollières and the blockhaus
met those expectations. It is, besides, still moving forward.
In this chosen area, two transects were cut to establish the measuring devices, named T1 and
T2, separated by 500 meters (Figure 1b). Six missions were conducted on the field, between April 15th
and May 30th 2013. The strategy is based on two axis :
- Studying the morphological and sedimentary evolution of the spit on two space scale, which
are :
o The transects, where photos were taken, wind traps were settled and whose
topography was taken with a terrestrial laser scanner;
o The Crambe maritima itself, around which the ―micro-topography‖ was taken using a
sedimentation-erosion bar;
- Studying the population of Crambe maritima, making a cartography of the species in the two
transects.
About the topography of the spit, the scanner used was a Leica® ScanStation C10. This device
gives a cloud of points with a precision of 6 millimeters from 0 to 50 meters and a chosen resolution of
10 centimeters at 100 meters. The data are then post-processed on the software Cyclone
REGISTER®, which enables to gather the points together, erase the wrong ones and settle them
spatially using highly accurate GPS data. The projected coordinate system used is Lambert 93.
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The topography is also monitored at a smaller scale, around some Crambe maritimae
individuals. To do so, sedimentation-erosion bars, inspired by the sedimentation-erosion tables (SET)
invented by Boumans and Day (1993) were established (Figure 2). Two stakes are put on each side of
the chosen plant, 2 meters away from each other. To monitor the topography, a graduated ruler,
where a hole is made every 10 centimeters, is put on the stakes. A 98-centimeter long rod is then
inserted in each hole, and the lengths that exceed the ruler are measured.
Figure 2 : Location of the sedimentation-erosion tables and traps
Photos were also taken, so as to underline the presence and the possible mobility of sandy
deposits on the spit’s surface. This project also enabled to observe the wind dynamic there. That is
why, fifteen traps, made from flowerpots, whose diameter was 23,5 centimeters, were also put on the
gravel barrier. Those aimed at trapping the sediments transported by the wind. Those traps were put
on June, 13th and their content was taken back four hours later.
3. Results and interpretation
3.1.
Morphology and vegetation caracteristics
The studied feature is made of several spits : a proximal one, still in motion, and several more
stabilized ones, behind. Their characteristics are specified in the table 1.
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Table 1: Characteristics of the spits
Transect
T1
T2
Spit
A
B
C
A
B
C
D
Side*
« Age »
Orientation
2011
N70
2006
N70
2006
N75
2008
N55
Ext.** Int.***
2000
N60
Ext.** Int.***
1996
N65
1996
N110-N130
Width (m)
30-40
20
20-25
40-45
20
25-30
15
Height (m)
2,3
2,9
0,7
2
3,2
2
1,3
Slope (°)
20-25
20-25
20-25
20-30
15-25
15-20
nd
nd
The more important slopes are observed on the external side of the spits, which faces the sea,
reaching 30° at most. Besides, the slopes are getting lower with the age of the spit. Indeed, they seem
to subside by getting older.
Sea levels data (SOGREAH, 2005) show that the sea only reaches the spit only during
average spring tides and when the tidal coefficient is higher. Moreover, the two transects are not
affected the same way by the sea. Indeed, almost two thirds of the spit A on the transect T1 are
always emerged against about seven eighth on T2. The spits C are D are always above the sea.
Regarding the surface sand rate, the photos show that, during the whole study, there was
more sand on the spits on T1 than T2. That can be explained by the fact they are lower, so the sands
brought by tide and wind can more easily settle on them.
The Crambe maritime have been mapped on T1 and T2 on June 11 th 2013, when they were
big enough, thanks to the scanner data (Figure 1 b). The details of the map are given in the table 2.
Table 2 : Characteristics of the Crambe maritima mapping
Transect
Spit
Spit width (m)
A
30-35
T1
B
20-25
T2
C
20-25
A
40-45
B
20
Transect width (m)
145
160
Number of Crambe
364
115
Maximal density
(ind/m²)
0
0,15
0,12
0,01
0,06
C
25
D
15
nd
nd
The spit A is the one where the fewest individuals were found, and they even were none on
T1. Besides, all seakales are located above the level of the highest tide; thus they are never under the
sea, except maybe during rare events. Moreover, the map and the photos of the spit show that the
kales are mostly around the tops of the spits and on the internal sides (facing the continent). This can
be due to the fact that the slopes there are lower than on the other side of the spit.
3.2.
Evolution of the spit during a short time scale
The topographical data obtained between April 15 th and June 11th 2013 were substracted two
at a time It showed the evolution of the spit during several periods when the meteorological and tidal
conditions were different from one to another (spring tide, neap tide and wind period).
The most moving part was the cordon A, and particularly the external side, which is the most
exposed to tide and swell. The evolution is less and less important when moving away from the sea to
the continent, the spits C and D being almost motionless during the study. The figure 3 represents
three examples of evolution of the spit.
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Figure 3: Examples of variations of the spits on the studied area during a wind period (a), and sping
tides (b and c)
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Sping tides are the only ones to reach the spit. More precisely, the tidal coefficient
needs to exceed 85.
Regarding the effect of the tide, on the external side of the spit A, two phenomena
can be observed during the spring tides. First, the base of the spit, under the tide level, is
eroded. It can be due to the departure of sands, originally deposited by winds or previous
rides and/or the departure of pebbles when the swell is strong enough. Just above the level
the sea reached, an accretion is observed, on a 5-meter large strip.
The wind also plays a big part in the evolution of littorals. The traps settles during the
study enabled to calculate flows of sediments. The data were collected on May 13 th 2013
(Figure 4). They correspond to sediments transported by the wind for four hours, when the
wind speed was 6 to 7,5 m.s-1 and came from the West (N 250°).
Figure 4 : Flows of sediments trapped on May 13th 2013
The biggest flows are the ones collected on the external side and the top of the spits,
and mostly of the spit A, closest to the ocean.
Those results associated with the topographical data (Figure 1 b) show that the wind also
leads to evolution of the spit, especially in the upper part. Most of the time, there is an
erosion on one side of the spit and an accretion on the other side. It could mean that the
wind, mainly coming from the West, could erode the external side and deposit the sediments
on the other one. Yet, that trend can be inversed, notably when the wind comes from the
North.
With the sedimentation-erosion bars, the ―micro-topography‖ (the evolution of the soil
around some Crambe maritima) enabled to observe the proportion of sand on the surface of
the spit. This measurement first revealed that, on each spit, there is more sand when there is
a Crambe. Then, the variations of ―local topography‖ demonstrate a more important mobility
when there is a seakale (Figure 5).
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Figure 5 : Examples of variations of "topography" on devices with a Crambe maritima (left) and without
Crambe maritima (right)
The fact that the soil is more mobile where there is a kale underlines the ―trapping effect‖ of
the plant. Indeed, it stocks the sediments that are brought by the wind. The sand being more easily
transported, the soil undergoes more variations.
Moreover, a gradient from the ocean to the continent can be seen, since the closer to the
foreshore the spit is, the more important the quantity of sand in the surface is. This can be due to the
fact that the biggest source of sediments must be the foreshore, which supplies the closer feature first.
4. Discussion
Few studies have worked on the interactions between vegetation and sedimentation,
especially on gravel barriers and on such short periods. Thus, the methods used in this project were
pretty exploratory. They proved to be efficient enough, since some results were obtained, yet it
appeared some improvements can be easily made for a next study.
First of all, the sedimentation-erosion bars could give more accurate results by fixing it better
(using a screw for instance) so that the ruler would be in the exact same place for every
measurements. They also could have been settled in better places in the spit. Indeed, they were put
mostly at the top, at random, in April, but when the seakales grew, a few weeks later, they appeared to
prefer the internal sides of the spit. The trapping effect would probably be more obvious of the devices
were settled on the sides, rather than the tops.
Then, more scans could have been made with the ScanStation C10, so as to lower the error
and improve the mapping of the Crambe maritimae.
The sedimentary traps proved to be efficient. It would be interesting to used them again,
making more measurements.
Photos were also a good tool, and more should be taken, since they give a notion of amount
of sand on the surface of the spit.
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The progradation of the spit is due to the formation of new sub-spits every two to eleven years
(BELLESSORT & MIGNIOT, 1986). This work has shown that, at shorter times, the external side of
the spit A, facing the sea, is where most of the changes are observed. The spring tides lead to erosion
on the base of the spit, under the highest sea level, which can be due to the departure of sands and/or
pebbles when the swell is strong enough.
The Crambe appears on spits which are at least a few years old (the youngest has none), and
preferentially on the top and internal sides of the spit. It could mean that the seakales can develop
only of the spit is stabilized a little bit and if the slopes are not too important.
Besides, this study revealed that seakales favor the sand trapping. It must also make it easier
for the sand to stay on the spit, instead of being transported by the wind, and consequently leading to
their incorporation into the spit. In the end, they would make the spit to sand up even more, making it
easier for other species to develop.
Conclusion
This work underlines interaction between the Crambe maritima and sedimentation on the
gravel barrier of the Hourdel, notably by trapping the sand brought by the wind. The protection of
littoral being a burning issue nowadays, this result could be used so as to help fight flooding risk
among others. Indeed, the kale favors the sanding up of the spit and, by doing so, it helps consolidate
it, making it stronger to resist flooding. Moreover, the seakale seems to facilitate the development of
other species, by making the environmental conditions more suitable for them to grow.
A follow-up of seakale population is already planned by the Dyndicat Mixte. It includes taking
the topography of the spit each year, a full mapping of the vegetation every five years and of the
Crambe every two to three years. This study suggests the measurements of both vegetation and
topography should be made in June or July, when the Crambe is fully developed, to avoid variations
due to trapping of the kales.
Further studies need to be conducted to confirm and increase the knowledge on short term
dynamics and interaction between sedimentation and erosion in such environment. It could lead to
help make decisions about coastal management.
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INTRODUCTION
Les littoraux sont la zone de transition entre les océans et les continents et constituent des
patrimoines riches et particuliers. Ils sont par ailleurs depuis toujours très convoités par les hommes
qui s’installent en masse sur ces espaces et en utilisent les ressources. Ce facteur anthropique tend à
fragiliser les rivages, qui connaissent déjà une évolution perpétuelle à l’état naturel. Le recul des côtes
et les risques de submersion sont ainsi au cœur des enjeux actuels.
La dynamique naturelle et les effets que peuvent avoir les activités humaines sont encore
assez peu connus, mais de plus en plus étudiés, notamment dans une optique de meilleure gestion
du littoral. En effet, la volonté actuelle est de développer la connaissance de ces environnements et
de la mettre à la disposition de tous.
Le projet qui fait l’objet de ce rapport a été financé par le ROLNP. Son objectif est de mieux
comprendre les effets réciproques de la végétation sur la sédimentation, et ce dans le domaine littoral.
Pour cela, il a été décidé de s’intéresser à l’espèce pionnière qu’est le Crambe maritime (chou marin),
sur le cordon de galets de la Baie de Somme, en Picardie (80). Ce cordon, qui se forme depuis
environ 2 500 and BP (Before Present), est toujours en progradation. Cette étude cherche à apporter
des éléments sur la dynamique rapide du cordon, c’est-à-dire à l’échelle de quelques jours, ainsi que
les interactions que peut avoir la végétation sur la sédimentation dans cet environnement.
Tout d’abord, après une présentation du cadre du stage, la flèche littorale du Hourdel et la
végétation associée sont présentées. Ensuite, la méthodologie mise en place au cours de l’étude pour
caractériser la topographie et la sédimentation du cordon ainsi que pour suivre la population de
Crambes maritimes est décrite. Puis sont présentés les résultats en termes de caractéristiques
morphologiques, sédimentaires et de la végétation, puis en termes de dynamique rapide et enfin en
termes d’effets réciproques des Crambes sur la sédimentation. Pour finir, une discussion propose de
revenir sur la méthodologie appliquée, sur la comparaison avec les connaissances antérieures et
notamment celles à plus long terme et enfin sur un éventuel transfert opérationnel à d’autres types
d’étude.
1. PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS
1.1.
Contexte général de l’étude
Les littoraux, interfaces entre les terres et les océans, sont en évolution perpétuelle, puisqu’ils
sont constamment soumis aux actions des agents météo-marins, telles que les marées, qui
contribuent aussi bien à alimenter en partie les plages en apportant des sédiments, qu’à les éroder.
Des accumulations de matériaux meubles peuvent naître de la combinaison de ces agents, telles que
les flèches littorales, qui sont des cordons ancrés à l’estran à une extrémité et dont la pointe
s’individualise et reste libre.
De tels éléments jouent un rôle prépondérant dans la lutte contre la submersion marine
(COSTA et al., 2000 ; ORFORD et ANTHONY, 2011). En effet, ils constituent des barrières littorales,
naturelles, qui protègent les zones situées en arrière, telles que les estuaires, les baies et parfois des
zones basses colmatées, contre les agents météo-marins (e.g. ROBIN et al., 2009). Ces zones
proches du littoral présentent des enjeux d’autant plus grands qu’elles sont souvent poldérisées,
comme c’est le cas des Bas-Champs de la Baie de Somme.
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Les flèches littorales sont généralement sableuses (e.g. Pointe d’Arçay, France (ALLARD et
al., 2008) ; flèche sud d’Oued Sourrage, Tunisie (BARDI et al., 2009)). Les cordons de galets, à
l’instar de celui du Hourdel, sont plus rares. Située au Sud de la Baie de Somme, l’accumulation de
galets du Hourdel, se détache de la côte à Ault et sa pointe, située au Hourdel, continue d’avancer
vers le Nord-Est. Il constitue un objet remarquable de par sa granulométrie, avec des galets allant
jusqu’à 15 centimètres de diamètre et ses dimensions ; il s’étend sur près de 15 kilomètres de long et
atteint, au maximum, +8 à +10 mètres NGF. Il protège la zone basse colmatée dites des Bas-Champs.
Cette protection n’est cependant pas infinie et peut ne pas être suffisante lors de conditions
exceptionnelles, notamment en contexte macrotidal associé à un régime important de houles. Par
exemple, en février 1990, une tempête a touché le cordon de galets de la Baie de Somme. Cet
évènement a fortement endommagé le cordon entraînant d’importantes inondations. Les littoraux
étant très fortement anthropisés, cette problématique de submersion marine est très actuelle de par le
monde. Aussi, il est important d’étudier les dynamiques et les facteurs influant l’évolution de flèches.
La majorité des connaissances sur ces environnements sont sur des pas de temps longs, comme
c’est le cas pour le Sillon de Talbert en Bretagne (STEPHAN et al., 2012), le cordon de Nova Scotia
situé sur la côte atlantique du Canada (ORFORD et CARTER, 1995) ou encore Spurn Head (MAY
V.J., 2003). Plusieurs études, ont ainsi permis de caractériser et quantifier la dynamique séculaire à
décennal du cordon de galets du Hourdel (BRIQUET, 1930 ; DALLERY, 1955 ; COSTA, 1997 ;
DOLIQUE, 1998 ; COSTA et al., 2000 ; BASTIDE, 2011).
Les cordons de galets constituent par ailleurs des écosystèmes singuliers. Ils sont en effet des
habitats uniques, qui abritent une flore et une faune spécifiques, qui supportent des conditions rudes
(sédimentation grossière, actions de la mer,…). La végétation s’implante dans ces milieux par des
processus de colonisation et de succession végétale (FULLER et RANDALL, 1988). Ainsi, certaines
espèces vont entraîner des modifications des conditions environnementales (températures, lumière,
etc.) ce qui peut avoir un effet facilitateur, inhibiteur ou neutre sur l’implantation de nouvelles espèces
au cours de la succession (modèle de Connell-Slayter, 1977). Une espèce pionnière, notamment
observée en Baie de Somme, est le Crambe maritime, qui se développe dès les cordons les plus
externes, et donc les plus soumis aux agents météo-marins. Le fait que les cordons vieillissent et se
stabilisent et que les contraintes environnementales diminuent en « s’éloignant » de la mer, la
diversité végétale ainsi que le recouvrement augmentent progressivement depuis l’estran vers
l’intérieur du continent, allant de stades herbacés vers des stades arbustifs.
Réciproquement, la végétation associée à ces milieux peut rendre des services
écosystémiques, en participant à l’équilibre de ces environnements. En effet, elle peut favoriser la
fixation du substrat, rendant la flèche plus résistante car moins mobilisable par des agents météomarins tels que les vents et la houle. Les plantes peuvent aussi servir de frein hydrodynamique, en
augmentant la rugosité des cordons grâce à leurs feuilles et tiges, atténuant ainsi la vitesse des
courants. Ces phénomènes participent entre autre à limiter les risques de submersion (KOCH et al.,
2009). Ces environnements que sont les cordons de galets étant relativement rares, les espèces
associées peuvent l’être aussi et sont donc à protéger. Ceci est d’autant plus important que le facteur
anthropique y est souvent très marqué. En effet, la fréquentation contribue fortement à la fragilisation
du milieu, par piétinement des espèces notamment. Ils sont l’objet d’un certain nombre de
réglementations, tels que des arrêtés préfectoraux de protection des biotopes.
1.2.
Problématique
L’étude qui fait l’objet de ce rapport cherche à analyser les interactions entre la végétation et
la sédimentation sur une flèche littorale, à travers l’exemple d’une espèce pionnière, le Crambe
maritime, sur le cordon de galets du Hourdel (Baie de Somme). Elle s’intéresse aux évolutions
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observées sur des pas de temps courts, à savoir aux échelles de mortes-eaux/vives-eaux et d’épisode
de vents (soit quelques jours).
Plus précisément, le but est de dégager des différences dans les rythmes d’évolution du
cordon avec et sans végétation ; de ressortir les effets réciproques des phénomènes d’érosionsédimentation sur l’implantation et le développement d’une espèce pionnière et enfin de voir en quoi
la compréhension des interactions végétation-sédimentation peut contribuer à gérer les risques de
submersion et à protéger les espèces végétales sensibles dans ces milieux.
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2. PRESENTATION DU LABORATOIRE ET DU PROJET DE RECHERCHE
Ce stage de fin d’études, fait dans la recherche, a été réalisé à l’Université de Rouen, qui
regroupe plus de 1 000 enseignants-chercheurs. Ils sont divisés en quatre pôles (Université de
Rouen, 2007) :
- les sciences physiques, mathématiques et de l’information pour l’ingénieur ;
- la chimie, biologie, santé ;
- les sciences humaines et sociales et sciences du tertiaire ;
- l’environnement et la maîtrise des risques naturels et industriels.
C’est dans ce dernier domaine qu’a été encadré le stage, et plus particulièrement, au sein du
laboratoire Morphodynamique Continentale et Côtière (M2C). Il s’agit d’une Unité Mixte de Recherche
(UMR), qui a été créée en 1992. Il est rattaché à un ensemble plus vaste, regroupant l’Institut des
Sciences de l’Univers (INSU) du CNRS, l’Université de Caen-Basse Normandie (UCBN) et enfin
l’Université de Rouen (UR).
L’UMR M2C compte une centaine de membres, avec notamment 34 enseignants-chercheurs
et chercheurs. Elle comprend un conseil de laboratoire de 12 membres, dont le directeur est Monsieur
Robert LAFITE (Annexe A), et est notamment sous tutelle du CNRS. Ce laboratoire mène des
recherches sur la morphodynamique de l’interface océan/continent. L’échelle étudiée est vaste, allant
de l’instantané au plurimillénaire et les sujets de recherche très varié, notamment permise par la
pluridisciplinarité de cette UMR, qui compte les domaines de la Mécanique, des Géosciences, de
l’Océanigraphie, de la Microbiologie et de la Biologie des organismes (M2C, 2010).
Quatre thématiques se dégagent :
- la dynamique des hydrosystèmes et forçages hydrodynamiques ;
- la mobilité et les flux particulaires ;
- les forçages physiques et anthropiques sur les cycles biogéochimiques et les habitats
benthiques ;
- la dégradation des reliefs, l’érosion et les archives sédimentaires.
L’étude présentée ci-après s’intègre dans un projet de recherche financé par le Réseau
d’Observation du Littoral Normand et Picard (ROLNP),dans le cadre de son appel à projets 2012.
L’objectif du ROLNP, qui a été mis en place le 3 mai 2011, est de canaliser, valoriser et diffuser les
connaissances sur le littoral normano-picard, afin d’aider à la prise de décision en termes de gestion
du littoral. Leur travail s’articule autour de trois thématiques : la dynamique côtière, les risques
naturels en milieu littoral et la biodiversité comme marqueur de la dynamique des milieux littoraux
(ROLNP, 2012). Le projet est porté par le laboratoire M2C en collaboration avec le laboratoire
ECODIV (EA 1293) de l’Université de Rouen, le GEMEL Picardie et le laboratoire GEOPHEN (UMR
CNRS 6554 LETG) de l’Université de Caen.
C’est pour répondre à un appel à projets, initié par le ROLNP pour approfondir la connaissance de
ces thématiques, que l’étude des « Interactions sédimentation-végétation sur le cordon de galets du
Hourdel : cas du Crambe maritime » a pu être menée.
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3. PRESENTATION DU SECTEUR D’ETUDE
3.1. Cadre général
3.1.1. Géographie de la Baie de Somme
La Baie de Somme constitue le plus grand estuaire du nord de la France. Elle est localisée en
Picardie, dans le département de la Somme. Elle forme une large échancrure dans la plaine côtière de
Picardie, ouverte vers le Nord-Ouest vers le bassin oriental de la Manche. Elle s’étend sur près de 72
km², dont presque la moitié est considérée comme réserve naturelle. Cet estuaire concerne 72
kilomètres de côte et s’ouvre sur la Manche sur plus de 5 kilomètres, entre la pointe de Saint-Quentin
au Nord et la pointe du Hourdel au Sud (Syndicat Mixte Baie de Somme, 2010 ; Figure 6). Au même
titre que la Baie d’Authie et la Baie de Canche, la Baie de Somme est l’un des estuaires picards à
appartenir au Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale. Ce parc a été créé le 11
décembre 2012, par décret du ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, et
couvre environ 118 km de côtes. Il a pour but l’approfondissement et la protection des connaissances
des milieux qui le constituent (Agence des aires marines protégées, 2012).
Figure 6 : Modèle Numérique de Terrain de la plaine côtière de Picardie. Topographie de la SRTM
(NASA, 2008), résolution 90 m. Bathymétrie de ETOPO1 (NOAA, 2009), résolution 1800 m.
Projection: Mercator, WGS84. Traitement : F. GRAVELEAU, Géosystèmes, CNRS-Lille 1
(TRENTESAUX et al., 2012)
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La distinction entre la plaine côtière en vert et le relief du plateau crayeux Artois est clairement
visible. Trois cours d’eau principaux entaillent la plaine : la Somme, l’Authie, et la Canche,
respectivement du Sud vers le Nord. Au niveau de la zone offshore, de larges bancs de sable sont
charriés par la marée.
La figure 7 ci-dessous présente les grands ensembles de la Baie de Somme.
Figure 7 : Esquisse géologique basée sur deux cartes géologiques (BRGM, 1981 ; BRGM, 1985). Les
tirets renvoient aux failles supposées ou à la faille ou flexure hypothétique du Quaternaire. Des dates
ont été reportées le long d’anciennes digues.
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La plaine côtière est constituée de zones basses d’âge essentiellement holocène. La Baie,
située dans cette plaine, peut être décomposée en plusieurs ensembles géologiques, représentés sur
la figure 7 (CARPENTIER, 2008 ; CLIQUE et LEPETIT, 1986) :
- deux estuaires : celui de la Somme (débouchant à Saint-Valéry-sur-Somme) et celui de la
Maye (débouchant au Nord de la baie), dont les zones de slikke se composent de sables
(0,15-0,20 mm) et les prés-salés, appelés localement mollières, sont constitués de matériaux
fins, composés de calcaire (30-40%) et d’argiles (70-60%) ;
- des plages de sables bordées de dunes littorales sur la côte du Nord de la Baie et se
prolongeant, plus au Nord, le long du littoral du Marquenterre ;
- au Sud, un cordon de galets, d’une longueur de 15 km, qui s’ancre à Ault et se poursuit
jusqu’à la Pointe du Hourdel. Ce cordon fait l’objet de la présente étude. Sa mise en place et
sa dynamique seront précisées dans la partie 3.2.2. (intitulée « Formation et dynamique du
cordon de galets du Hourdel ») ;
- les Bas-Champs, zone située entre le cordon de galets et la falaise morte de craie crétacé, qui
se comblent progressivement par des vases et des sables, en même temps que le cordon
s’allonge vers le Nord.
3.1.2. Géologie
Du point de vue géologique, la Baie de Somme est localisée au Nord-Ouest du Bassin
Parisien, sur un vaste synclinal faillé (VAN VLIET et al., 2000 ; AUGRIS et al., 2004). Elle compte trois
types de terrains géologiques : la craie du Crétacé supérieur (Secondaire), des silex qui sont présents
sous forme de couches dans la craie et des formations du Tertiaire. Les falaises littorales de la région
sont constituées de la craie du Turonien surplombée par celle du Sénonien (Crétacé supérieur,
Secondaire). Elles s’étendent du Sud-Ouest à l’Est de la Baie de Somme. Cette roche contient une
quantité de silice qui y est incrustée sous forme de lits ou dalles de silex. Le Tertiaire affleure surtout
en mer et n’est observable que sous la forme de buttes-témoins sur terre dans les environs de SaintValéry-sur-Somme (QUESNEL, 1997 ; LAIGNEL et al., 2002). La figure 8 est le résultat d’un sondage
fait dans les Bas-Champs et donne une idée des faciès présents dans la zone et des profondeurs et
épaisseurs associées.
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Figure 8 : Sondage dans les Bas-Champs : Le Hourdel, modifiée d’après BEUN, 1973 (LIVET et
ROUE, 2012)
La Baie de Somme est en cours de comblement, sous l’effet du dépôt important de sables.
Verger (2005) estime ce dépôt à 700 000 m3.an-1, d’où une élévation moyenne des fonds de 1,8
cm3.an-1. Ce phénomène, naturel, est accéléré par l’anthropisation de la zone qui s’est traduite par la
construction de nombreux polders, et ce dès le Moyen Age (BASTIDE, 2011). Les sables proviennent
essentiellement du domaine marin (DUPONT, 1981) et sont transportés en Baie de Somme par les
courants de marée (résiduel de courant dirigé vers l’Est) et les houles. Le colmatage de la baie induit
d’importantes modifications des usages du milieu (e.g. pêcheries, navigation).
3.1.3. Facteurs climatiques et météo-marins
3.1.3.1. Pluviométrie et température
Située sur le 50ème parallèle Nord, la zone étudiée connaît un climat tempéré océanique. En
Baie de Somme, la pluviométrie est d’environ 700 à 800 mm.an-1 et les précipitations sont
relativement régulières au cours de l’année, bien qu’un pic ait lieu entre novembre et février. Les
températures, qui connaissent des variations assez faibles, ont une moyenne de 10,7°C sur l’année.
Le minimum thermique (égal à -16,4°C à Abbeville entre 1931 et 1960) est également atteint entre
novembre et février (CLIQUE et LEPETIT, 1986 ; HEQUETTE et RUFIN-SOLER, 2007), d’où
l’importance du phénomène de gel dans cette région.
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3.1.3.2. Vents
Les vents, en Baie de Somme comme dans le reste dans la Manche, viennent principalement
de l’Atlantique. Ils sont notamment responsables de la houle (qui est un facteur important de l’érosion
des falaises et du transport des sédiments), du transport éolien et de courants. Ces courants
favorisent, ralentissent voire inversent les courants de marée. Les vents provenant majoritairement de
l’Ouest voire du Sud-Ouest, les courants induits par ces vents ont globalement tendance à accentuer
les courants de flot et contrarier ceux de jusant, appuyant ainsi la dynamique générale de comblement
de la Baie (CLIQUE et LEPETIT, 1986 dans CARPENTIER, 2008). Les vents les plus forts peuvent
dépasser 7 Beauforts, soit plus de 50 km/h, et sont de secteur Sud-Ouest à Ouest (AUGRIS et al.,
2004).
La rose des vents ci-dessous (Figure 9), qui a été faite à partir des données d’Abbeville,
illustre la tendance générale dans la zone d’étude.
Figure 9 : Rose des vents à Abbeville (CLIQUE et LEPETIT, 1986)
3.1.3.3. Houles
Les houles observées en Baie de Somme sont majoritairement engendrées par les vents, et
seule une faible proportion de houles est issue d’une propagation longue, d’origine atlantique
(CLIQUE et LEPETIT, 1986). Les périodes moyennes sont de 5 à 7 secondes (mer du vent), et
peuvent atteindre, très rarement, 10 secondes (houles atlantiques). Par conséquent, les houles les
plus importantes sont de secteur Sud-Ouest (70% ; BASTIDE et al., 2005) à Ouest, provenance
principale des vents. En 1994, des observations réalisées par la SOGREAH au large des BasChamps, ont en effet souligné une provenance préférentielle du N 250-280, et qui peut tourner
jusqu’au N 260-290 lorsque la houle se rapproche de la Baie (BASTIDE, 2011).Les hauteurs de houle
sont inférieures à 1 mètre en général, et ne sont supérieures à 3 mètres qu’un jour par an (AUGRIS et
al., 2004).
Les houles engendrent des courants de dérive, parallèles au rivage. Leur célérité peut
atteindre 0,50 m.s-1, pour une houle de 2 mètres et une pente de 10° (CLIQUE et LEPETIT, 1986). Ils
contribuent fortement au transport de la fraction sableuse sur le littoral, et ils sont l’agent principal de
déplacement des galets le long du littoral lors des fortes houles (HEQUETTE et RUFIN-SOLER,
2007).
Les périodes dépressionnaires et les houles fréquemment associées peuvent être à l’origine
de phénomènes de surcote, responsable d’une augmentation du niveau d’eau et donc d’une
extension des surfaces ennoyées par la mer. En Baie de Somme, la surcote décennale atteint 0,98
mètre (BESNARD, 1993).
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3.1.3.4. Marées
En Baie de Somme, comme sur le reste des côtes françaises, les marées sont semi-diurnes,
c’est-à-dire que chaque jour est rythmé par deux basses mers et deux hautes mers. La période du
cycle semi-diurne est d’environ 12 heures et 24 minutes. Le cycle semi-lunaire, dit de morteseaux/vives-eaux, se caractérise par une durée d’à peine 14 jours (COSTA et DELAHAYE, 2005).
En Baie de Somme, le régime est macrotidal à mégatidal. A Cayeux, une vive-eau moyenne
(coefficient 95) correspond à un marnage de 8,65 mètres, et une morte-eau moyenne (coefficient 45)
à 5,05 mètres (BASTIDE et al., 2005). Ces marnages forts s’expliquent notamment par la faible
profondeur bathymétrique à cet endroit. Les niveaux d’eau caractéristiques sont la plus haute mer
astronomique (PHMA), la pleine mer de vive-eau moyenne (PMVE), la pleine mer de morte-eau
moyenne (PMME) et le niveau moyen (NM) avec des valeurs respectives de 5,58 mètres, 4,88
mètres, 3,03 mètres et 0,52 mètre (IGN 69) (Tableau 3 ; SOGREAH, 2005 dans BASTIDE, 2011).
Tableau 3 : Niveaux d’eau caractéristiques à Cayeux-sur-Mer (SOGREAH, 2005 in BASTIDE, 2011)
Plus Haute Mer
Astronomique (PHMA)
Pleine Mer de Vive-Eau
moyenne (PMVE)
Pleine Mer de Morte-Eau
moyenne (PMME)
Niveau Moyen (NM)
Basse Mer de Morte-Eau
moyenne (BMME)
Basse Mer de Vive-Eau
moyenne (BMVE)
Plus Basse Mer
Astronomique (PBMA)
Coefficient
Hauteur (zéro
hydrographique)
Hauteur
(IGN69)
-
10,55
5,58
95
9,85
4,88
45
8,00
3,03
-
5,49
0,52
45
2,95
-2,02
95
1,20
-3,77
-
0,45
-4,52
Le tableau 3 ci-dessus donne une hauteur dans deux références verticales : celle par rapport
au zéro hydrographique et celle du système NGF IGN 69. Le zéro hydrographique est le niveau de
référence utilisé pour les cartes marines et les annuaires des marées. Il a été choisi, de manière
arbitraire, au voisinage des plus basses mers astronomiques (SHOM, 2012). Les données présentées
ci-dessus montrent que pour convertir une valeur donnée par rapport au zéro hydrographique dans le
système IGN 69 à Cayeux-sur-Mer, il faut ajouter 4,97 mètres.
Il est intéressant de noter que, lors des marées, les courants de flot, orientés vers l’Est/NordEst, sont plus forts que ceux de jusant, orientés vers l’Ouest/Sud-Ouest, ce qui favorise la dynamique
de comblement de la Baie de Somme (BASTIDE, 2011 ; Figures 510 et 11). Au large, les pointes de
courants de flot et de jusant sont respectivement de (1,20 et 0,95 m.s-1 (SOGREAH, 1995 dans
BEAUCHAMP, 1997) en surface. Les courants sont accélérés lors de l’entrée dans la baie (remontée
à l’aplomb du delta de jusant), puis diminuent vers le fond de la baie (Figure 10). Face à la pointe du
Hourdel, les courants de flot et de jusant atteignent respectivement 2,55 et 2,32 m.s-1 en surface.
Face au Crotoy, les courants de flot et de jusant diminuent avec des vitesses de pointe de 2,08 et
1,29 m.s-1 respectivement (SOGREAH, 1995 dans BEAUCHAMP, 1997).
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Figure 10 : Courants de flux et de reflux en Baie de Somme à marée basse. Issue de François Baudin,
redessinée depuis des sources diverses (dont DEMARCQ et al., 1979) et d’après CLIQUE et
LEPETIT, 1986 (BEAUCHAMP, 1997)
Figure 11 : Vitesse et direction des courants de marée, en vive-eau, pour la Baie de Somme (extrait
de SHOM, 1968 dans AUGRIS et al., 2004)
3.1.3.5. Débit fluviatile
Le débit fluviatile de la rivière Somme est faible (5-60 m3.s-1 ; DUPONT et al., 1993) avec une
moyenne annuelle autour de 32 m3.s-1. Il est négligeable par rapport à la puissance des courants de
marée, et en particulier du courant de flot. La Somme est canalisée entre Saint-Valéry et Abbeville, et
une écluse connecte la rivière à la baie. D’autres petites rivières, dont la Maye, n’ajoutent pas plus de
2,4 m3.s-1 à l’estuaire (DUPONT et al., 1993).
3.1.4. Faune et Flore
La faune et la flore du cordon de la Baie de Somme est spécifique, ce qui s’explique
notamment de par sa position qui en fait une interface entre la mer et la terre.
Le Hourdel est un lieu très favorable à la pêche aux coques (Cerastoderma edule ;
DUCROTOY et al., 1985). Des espèces animales protégées ont également été observées sur le
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cordon de galets du Hourdel, parmi lesquels se trouvent Charadrius alexandrinus (Gravelot à collier
interrompu), Charadrius hiaticula (Grand gravelot) et Charadrius dubius (Petit gravelot). Par ailleurs, la
Baie de Somme est réputée pour la présence de deux espèces de phoques : Halichoerus grypus
(phoque Gris) et Phoca vitulina (Veau marin).
Comme dans tout environnement, la flore est dépendante des facteurs, qui doivent être
favorables à son implantation, son développement et sa reproduction. La végétation halophile de la
Baie de Somme a notamment été décrite par GEHU et al. (1975) qui distinguent les espèces
pionnières, telles que les Spartina twnsendi ou Salicornia dolichostachia, des espèces caractéristiques
du schorre, telles que les Halomione (= Obione) portulacoides ou les Puccinellies maritimes. Les
travaux de GEHU et al. (1975) ont notamment permis à DUPONT (1981) de faire une cartographie
schématique des principales espèces en Baie de Somme (Figure 12), que chacune est localisée dans
une ou plusieurs parties de la Baie mais ne se développent pas dans tout l’espace. Ce phénomène
illustre la succession végétale d’une zone intertidale (DUPONT, 1981).
Figure 12 : Cartographie schématique de la végétation de la Baie de Somme (DUPONT, 1981)
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3.2. Présentation du secteur d’étude : le cordon de galets du Hourdel et
végétation associée
3.2.1. Un exemple de flèche littorale
Ce projet s’intéresse plus particulièrement au cordon de galets situé au Sud de la Baie de
Somme. Il s’agit d’une flèche littorale, forme qui se définit comme étant une accumulation de
matériaux meubles (sables ou galets) rattachée à la côté en un point et par une pointe libre. De tels
objets formés par accumulation de galets sont relativement rares, la plupart étant composés de
sables. D’ailleurs, la plupart des études sur ces environnements concernent des flèches sableuses
(ALLARD et al., 2008)
Le cordon de galets qui fait l’objet de cette étude est localisé sur la rive sud de la Baie de
Somme. Il est délimité au Sud par la ville d’Ault et au Nord par la Pointe du Hourdel. Il fait face au
domaine marin et jour le rôle d’une barrière naturelle contre la submersion de la zone colmatée des
Bas-Champs située en arrière (Figure 8).
Le cordon de galets étudié est une flèche littorale, constituée de galets de silex, accumulés au
fil du temps à la base des falaises. Il se détache de celles-ci à partir de la ville d’Ault, selon un angle
de 40°, et s’étend sur près de 15 kilomètres jusqu’à la Pointe du Hourdel. Large de 100 à 700 mètres,
le cordon atteint une hauteur maximale de +8 à +10 mètres NGF.
Il constitue la limite Ouest de la zone dite des « Bas-Champs », plaine maritime constituée, à
sa surface, d’argile silteuse et qui couvre près de 40 km² entre Ault, Le Hourdel et St-Valéry-surSomme (figure 13). Son altitude est d’environ +4 m NGF (CLIQUE et LEPETIT, 1986 ; DUCLOS,
2007).
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Figure 13 : Localisation du secteur d’étude
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3.2.2. Formation et dynamique du cordon de galets du Hourdel
3.2.2.1. Origine des galets
Les galets, faits de silex et donc essentiellement siliceux, sont issus de l’érosion des falaises
de craie du Sénonien et du Turonien, qui s’étendent du Cap d’Antifer jusqu’à la ville d’Ault (Figure 13),
et dont la hauteur peut varier de 40 à 110 mètres. L’altération entraîne en effet la chute de silex, au
pied des falaises, qui sont ensuite roulés et transportés par les vagues vers le Nord (CARPENTIER,
2008).
La roche est soumise, d’une part, à des phénomènes de dissolution, provoqués par les eaux
météoriques, qui s’infiltrent dans les fracturations, par l’eau de mer, notamment par les vagues, qui
s’attaquent particulièrement au pied des falaises, et par les embruns. L’accumulation des
précipitations dans les diaclases, associée aux cycles de gel/dégel engendre également de la
gélifraction, qui tend à fragmenter la roche. Les embruns sont aussi à l’origine d’une corrosion
chimique, par haloclastie. D’autre part, des actions biologiques (notamment par des algues)
contribuent aussi à cette altération. Par ailleurs, les falaises vives subissent également une érosion
mécanique, due à l’action de la houle. Tous ces processus interviennent et entraînent l’érosion de la
craie qui libère alors des fragments de silex, qui peuvent par la suite être repris par les vagues, les
vents… (CLIQUE, LEPETIT, 1986 ; DUCLOS, 2007 ; LIVET, ROUE, 2012).
3.2.2.2. Transport des galets depuis Ault jusqu’au Hourdel
Les galets de silex, une fois déposés sur la rive, sont mobilisés par la dérive littorale (action
des vagues), et entraînés, par roulement, en direction de l’Est/Nord-Est, vers la Baie de Somme
(JULVE et IMBERT, 1993). Plus précisément, leur trajet se fait en « dents de scie », puisqu’ils
subissent à la fois l’action des vagues – les lames de mer suivant la direction des vents dominants, à
savoir le Nord-est – et de la gravité, en redescendant le long de la plus grande pente (DALLERY,
1955 ; Figure 14).
Figure 14 : Déplacement des galets, modifiée d’après DALLERY, 1955 (LIVET et ROUE, 2012)
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Les galets sont ainsi transportés jusqu’à la Baie de Somme, de façon continue. Ceci se
traduit, à l’échelle de la zone, par une succession « sous-cordons1 », appelés localement pouliers, des
plus fossiles au Sud-Ouest aux plus récents au Nord-Est (Figure 15). La flèche avance ainsi en
formant successivement des cordons, les plus jeunes dépassant les plus anciens par la mer
(DALLERY, 1955). Chaque nouveau cordon représente une « barrière » pour les anciens, les
protégeant des actions de la mer, ce qui aboutit à leur fossilisation (DOLIQUE, 1998). L’extrémité de
chacun des pouliers finit par se rabattre vers la terre sous l’effet des courants de flot et de jusant
(DALLERY, 1955).
Figure 15 : . Evolution de la pointe du Hourdel de 1780 à 1950, modifiée d’après DALLERY, 1955
(LIVET et ROUE, 2012)
3.2.2.3. Dynamique globale du cordon
La formation du cordon de galets a débuté 2 500 ans B.P. à Ault (DUPONT, 1981). La Pointe
du Hourdel progresse par formation de nouveaux cordons tous les 2 à 11 ans (BELLESSORT et
MIGNIOT, 1986), dont la mise en place a lieu lors d’évènements de tempêtes extrêmes qui ont une
influence importante sur les flux sédimentaires littoraux (FERRET, 2011).
Dolique (1998) a aussi remarqué des évolutions de la topographie du cordon entre deux
saisons. Il présente ainsi des pentes plus abruptes en été, car les houles tendent à remonter les
sédiments vers le sommet du cordon. En hiver, en revanche, les pentes du cordon sont plus faibles,
puisque les houles érodent la flèche et transportent les sédiments vers la base sableuse.
Des variations dans la morphologie du cordon à l’échelle des cycles tidaux et lunaires ont
aussi été mises en évidence. Elles se manifestent sous forme de bermes, plus ou moins éphémères, qui sont
en fait des bourrelets d’accumulation, formés par jet de rive/déferlement. Deux morphologies ont pu
être distinguées : les bermes hautes bien délimitées et les bermes en gradins. Les premières sont
formées lorsque les hauteurs d’eau augmentent, ce qui les entraîne vers le sommet du cordon et les
1
Dans la suite du texte, les sous-cordons seront appelés cordons. On distinguera le cordon proximal comme
étant le plus proche de la mer et des cordons distaux, plus proches du continent
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épaissit. Pour les secondes (bermes en gradins), les hauteurs d’eau, en diminuant, forment
successivement de petites bermes, ce qui donne une forme de gradins au flanc du cordon (DOLIQUE,
1998).
3.2.2.4. Structure interne du cordon
Des études ont permis de mettre en évidence la composition interne du cordon. Livet et Roue
(2012) ont notamment réalisés des sondages et des profils sismiques, qui ont montré la présence de
couches sableuses, plus ou moins épaisses.
En effet, cette flèche est en réalité composée d’environ 40 à 60 % de galets, le reste étant
comblé principalement par du sable. La proportion de sable est plus importante vers le bas du cordon.
D’autres dépôts sableux, temporaires, sont également observables, notamment lors d’épisodes de
tempête. En effet, les évènements de forte agitation climatique amènent une certaine quantité de
sable à recouvrir partiellement le cordon, surtout vers le bas et le milieu. Cette fraction sableuse ne
reste cependant pas longtemps en place (Figure 16).
Figure 16 : Structure interne du cordon littoral des Bas-Champs (MIGNIOT et BELLESSORT, 1974
dans AURGIS et al., 2004)
Ces sédiments, tout comme ceux qui font partie du cordon de façon permanente, sont
hétérogènes et mal classés, avec environ 50% de sables grossiers, 48% de sables moyens et 2% de
sables fins. Ils sont composés de quartz, d’éclats siliceux, et de fragments de coquilles et de craie.
Cette constitution est elle aussi variable : à Ault, les fragments de silex sont d’environ 40 à 50%, et
seulement de 5 à 10% au Hourdel (AUGRIS et al., 2004 ; DUCLOS, 2007).
Bernard Latteux (2001) a remarqué que la taille des galets diminue depuis le Sud vers le
Nord. D’environ 5 centimètres à Ault, ils sont d’environ 3 centimètres au Hourdel (DUCLOS, 2007).
3.2.2.4. Effets des aménagements et des activités humaines sur l’évolution du cordon
Les activités anthropiques entreprises en Baie de Somme et même le long du littoral de la
Seine-Maritime perturbent l’évolution du cordon. En effet, depuis plus de deux siècles, l’homme
bouleverse la dynamique de ce secteur, notamment en construisant des jetées portuaires et en
extrayant les galets, ce qui peut aller jusqu’à inverser, à certains endroits, la dynamique globale
d’accrétion du cordon.
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Parmi les aménagements réalisés sur cette zone, cinq jetées portuaires ont été construites au
niveau de Fécamp, St Valéry en Caux, Dieppe, Penly et le Tréport (Figure 17). Ces ouvrages bloquent
les transports sédimentaires, et surtout des galets, qui s’accumulent formant des « stocks morts ». La
zone entre Antifer et Le Hourdel, longue de près de 120 kilomètres, a ainsi été « découpée » en cinq
« sous-cellules sédimentaires » (BASTIDE et al., 2005).
Figure 17 : Direction du transit résultant des galets et unités sédimentaires sur le littoral de SeineMaritime (Augris et al., 2004))
Les galets de cette flèche littorale présentent un intérêt économique certain, de par leur forme
(lisse et ronde), et leur teneur en silice (environ 98%), ce qui explique qu’ils ont été extraits
massivement depuis le XIXème siècle. En 1900, plus de 100 000 tonnes de galets sont extraits des
côtes normandes et picardes. Au Hourdel, en un siècle, près de 20 millions de tonnes de galets ont
été exploités. Cette extraction est aujourd’hui très réglementée, et même interdite depuis 1983 sur une
grande partie du cordon (Figure 18 ; BASTIDE et al., 2005).
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Figure 18 : Evolution topo-bathymétrique et bilans volumétriques du cordon entre 1994 et 2001
(BASTIDE, 2011)
L’activité d’extraction de galets, associée à la pénurie naturelle de galets et à des conditions
climatiques défavorables, bouleversent la dynamique de la flèche littorale, qui connaît même une
érosion partielle. En effet, il a été constaté une nette diminution du rechargement du cordon, qui est
passé de 20 000-30 000 m3.an-1 il y a quelques dizaines d’années à 2 000-3 000 m3.an-1 en 1999.
Suite à cela, le cordon est devenu plus fragile, allant jusqu’à se rompre à certains endroits. Or, cette
barrière naturelle constitue une protection importante contre les inondations. Aussi, sa fragilisation le
place au cœur de nombreuses discussions sur les politiques de défense contre la mer. Dans cette
optique, des épis ont notamment été construits, ce qui entraînent des accumulations artificielles de
galets qui atténuent l’énergie des vagues (AUGRIS et al., 2004).
La tendance actuelle est donc plutôt de préserver cette flèche littorale. Cette volonté, qui s’est
traduite dès 1965 par la construction de palplanches, s’est d’autant plus accentuée suite à la tempête
de février 1990. En effet, cet évènement a été associé à de forts coefficients de marée (jusqu’à 108) et
marqué par des vents atteignant près de 150 km.h -1 en provenance de l’Ouest-Sud-ouest. Cela a
entraîné une surcote de 0,40 à 0,90 m et un marnage de plus de 10 m (QUEFFEULOU, 1992 ;
STUCKY, 1995 ; PICOUET, 1996 dans BASTIDE, 2011). Cette tempête a ainsi ravagé 800 mètres du
cordon et a conduit à l’inondation de 3 000 hectares des Bas-Champs. Plusieurs actions ont été mises
en place, vers 1999, afin de pallier en partie à ce phénomène de diminution des stocks de galets. Il a
notamment été organisé des rechargements ponctuels : les galets étaient récupérés dans les
carrières, parmi ceux qui ne présentent pas de valeur économique (les galets altérés, moins riches en
silice, etc.). Cette solution ne peut cependant pas perdurer, cette ressource étant en quantité limitée
(BASTIDE et al., 2005 ; DOLIQUE, 1999).
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3.2.3. Végétation associée au cordon de galets
3.2.3.1. Cortège végétal du cordon de galets du Hourdel
La végétation qui se développe sur les cordons de galets est assez singulière, et comprend un
certain nombre d’espèces rares et d’espèces protégées en France, tel que le Crambe maritima ou
encore le Lathyrus japonicus.
Dans le deuxième tome des Cahiers d’habitats consacrés aux habitats côtiers, Bensettiti et al.
(2004) distinguent le haut et le revers interne des cordons de galets, en ce qui concerne la végétation
colonisatrice. Ainsi, le sommet des cordons, de pente très faible voire nulle, bénéficie notamment
d’apports de débris végétaux, déposés par les laisses de mer dans les interstices. Parmi les espèces
qui y poussent se trouvent le Crambe maritima (chou marin), le Crithmum maritimum (Criste marine),
la Silene montana (Silène montana) et la Beta vulgaris (Bette maritime). Les revers internes des
cordons, quant à eux, bien que soumis à l’influence de la marée, ne sont que plus rarement
submergés, et reçoivent moins d’apports, notamment en matières organiques. Les espèces qui s’y
développent sont moins rares. Il s’agit notamment de Glaucium flavum (Pavot cornu), Arrhenatherum
elatius (Avoine élevé) ou encore Rumex crispus (Oseille crépue). Du point de vue dynamique, cet
habitat (haut des cordons) reste visible toute l’année, mais les plantes s’y développent au cours du
printemps et fanent au début de l’automne (Bensettiti et al., 2004).
Sur le cordon de galets de Cayeux-sur-Mer, en 1999, Benoît Toussaint du Conservatoire
Botanique National de Bailleul (CBNBl) a relevé 124 taxons, parmi lesquels figurent Crambe maritima,
Leymus arenanariuset, Polygonum oxyspermum raiiet, et Atriplex glabriuscula, espèces protégées en
France, et plus de quarante espèces rares (DUPONCHELLE, 2011).
Etant donnée la singularité de sa biodiversité, le cordon de galets fait l’objet d’un arrêté
ministériel de protection de biotope, depuis le 22 juillet 2004, entre Cayeux-sur-Mer et la Pointe du
Hourdel (Figure 19). Cette réglementation fait de cette zone une aire protégée et interdit certaines
activités qui pourraient causer des dégâts pour les espèces s’y développant (conservatoire-nature.org,
2008).
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Figure 19 : Emprise concernée par l’Arrêté de Protection de Biotope (APB) (Les zones étudiées au
cours de l’étude décrite ci-après sont matérialisées par deux traits bleus, qui font donc partie d’une
zone d’APB)
3.2.3.2. Le Crambe maritime, espèce pionnière
Le terme crambe maritime vient du latin Crambe maritima, soit littéralement « chou marin ».
D’autres noms lui ont été attribués, parmi lesquels : Caulis maritimus (L.), Crambe pontica, Crucifera
maritima (L.) et Crucifera matronalis (L.). Cette plante se développe principalement sur les cordons de
galets ou les plages de graviers. En France, elle est présente sur une partie des côtes bordant la
Manche et sur le littoral du Massif armoricain, de façon discontinue (Figure 20). Sa répartition n’est
pas homogène ; en effet, les crambes maritimes peuvent se présenter sous forme de populations
conséquentes par endroit, mais sont plus souvent présents de façon diffuse (ils sont ainsi relativement
rares sur les côtes bretonnes). Il est important de noter que cette espèce comptait beaucoup plus
d’individus, notamment au siècle dernier, et a aujourd’hui en partie disparu d’un certain nombre de
localités (LACROIX et LE BAIL, 2006).
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Figure 20 : Répartition mondiale (hors introduction) du Crambe maritime modifiée d’après LACROIX et
LE BAIL (2006).
Comme son nom l’indique, cette plante est présente uniquement dans le domaine maritime,
sur les côtes. Les milieux permettant la pousse des Crambes maritimes sont caractérisés par une
sédimentation grossière, où les effets des courants marins sont importants. Les lieux où elle se
développe préférentiellement sont les cordons de galets, et les plages de graviers et de sables
grossiers. Elle est alors présente au niveau des laisses de mer. Plus rarement, des choux marins
peuvent pousser sur des rochers et des falaises maritimes. Dans ces cas, ils se développent aux
endroits affectés par les embruns (LACROIX et LE BAIL, 2006).
De la famille des Brassicacées (ou Crucifères), le Crambe maritima L. et le Crambe hispanica
L. sont les deux espèces du genre Crambe en Europe.
Il s’agit d’une plante vivace (bien que les feuilles périssent chaque année à l'arrière saison, les
racines persistent (DAGET, GODRON, 1974)). De couleur glauque, elle présente une souche épaisse
et charnue. Sa tige est robuste, rameuse et touffue. Elle peut atteindre 70 centimètres de haut, bien
qu’elle soit en général de 30 à 60 centimètres (LACROIX et LEBAIL, 2006)
Le chou marin fait partie des hémicryptophytes à rosette, ce qui signifie qu’il s’agit d’une
plante qui, d’une part, en hiver, ne présente plus que quelques bourgeons au niveau du sol et, d’autre
part, dont les feuilles forment une couronne au niveau du sol (DAGET, GODRON, 1974).
Ses feuilles ont une forme oblongue ou bien ovale et leurs bords sont plus ou moins sinués et
dentés-ondulés (Figure 21). Pourpres puis vertes, elles se développent aux alentours d’avril-mai. Elles
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sont grandes, épaisses et peuvent être sessiles ou bien dotées d’un long pétiole. Le Crambe possède
par ailleurs un pivot (= racine) puissant et profond, ce qui lui permet de pousser sur les sols graveleux
voire de galets, et d’être très résistant, notamment aux tempêtes.
Figure 21 : Photographie d’une espèce de Crambe maritime (Conservatoire Botanique National de
Bailleul, 2004)
Les fleurs du Crambe maritima, nombreuses, sont blanches voire parfois rosées. Elles sont
caractérisées par quatre pétales, quatre sépales étalés et six étamines, comme pour l’ensemble des
Brassicacées. Elles forment des grappes au sommet des rameaux, sous forme de panicules
corymbiformes.
Les fruits issus de cette plante sont gros, secs, globuleux et lisses. Ils sont dits indéhiscents,
car ils ne s’ouvrent pas naturellement lorsqu’ils sont matures. Chaque fruit renferme une ou deux
graines, généralement situées dans la partie supérieure, dont le diamètre est de 7 à 12 millimètres
(LACROIX et LEBAIL, 2006).
Cette espèce présente deux modes de reproduction : sexuée et végétative. La reproduction
sexuée est la principale. Elle se fait par pollinisation entomogame, c’est-à-dire par pollinisation des
fleurs par les insectes, notamment des Hyménoptères et des Diptères. La floraison d’un nouveau
Crambe adulte n’a lieu que quelques années plus tard (probablement trois ou quatre années) lorsque
celui-ci est à maturité sexuelle.
Chez les choux marins, la reproduction peut aussi se faire de manière végétative, soit par
rejet au niveau de la souche, soit à partir de fragments de racines de la plante (LACROIX et LE BAIL,
2006).
Au début du XXème siècle, le Crambe maritime était notamment très cultivé en Angleterre. Ses
feuilles étaient en effet mangées, crues ou bouillies, son goût se rapprochant de celui d’un chou
« classique » (tel que Brassica oleracea), mélangé à une saveur de noisette.
Certaines vertus lui sont attribuées. Parmi celles-ci, ses graines sont jugées vermifuges, ses
feuilles réputées pour aider à la guérison des blessures et son jus aiderait à combattre gastrites et
ulcères gastriques (LACROIX, LE BAIL, 2006).
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4. MATERIEL ET METHODES
4.1. Stratégie d’étude
4.1.1. Stratégie globale
Le but de l’étude est l’analyse des interactions plante-sédimentation, à travers l’exemple d’une
espèce pionnière, le Crambe maritime, sur le cordon de galets du Hourdel (Baie de Somme). Pour ce
travail, le pas de temps court a été retenu. Plus précisément, les évolutions sont étudiées à l’échelle
d’évènements de vent et de périodes de vive-eau, pour lequel différents paramètres morphosédimentaires sont suivis.
4.1.2. Choix du site d’étude : le secteur des Mollières – Le Hourdel
-
-
Plusieurs critères ont dû être pris en compte afin de définir le secteur d’étude, à savoir :
la « naturalité » optimale, c’est-à-dire que la zone devait être affranchie au maximum d’effets
anthropiques et ne devait notamment pas être sujette à des activités d’extraction ou de
rechargement de galets courantes dans cette région ;
l’unicité de la réponse morphodynamique du cordon (accrétion ou érosion) ;
la présence de Crambes maritimes ;
la diversité dans les âges des cordons, afin d’étudier le développement de l’espèce en
fonction du temps.
La portion de cordon située entre les Mollières et le blockhaus du Hourdel répond à ces quatre
exigences (Figure 17). Il constitue, à l’échelle globale du cordon, le secteur distal, encore en
progradation. Sa « naturalité » est notamment assurée par un Arrêté Biotope de Protection, qui régule
les activités anthropiques en les soumettant à autorisation. A cet endroit, le cordon est globalement en
accrétion. Son avancée est estimée à 2 m.an -1 et le volume de galets transportés à l’extrémité du
poulier à 4 000 m3.an-1 (BASTIDE, 2011).
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Figure 22 : Evolution dynamique et bilan volumétrique du cordon de galets entre Cayeux-sur-Mer et
Le Hourdel sur la période 1994-2001 (BASTIDE, 2011).
Deux transects ont été choisis pour effectuer les mesures, nommés T1 et T2, espacés d’environ
500 mètres. Chacun d’eux recoupe respectivement trois et quatre cordons, qui ont été identifiés
respectivement par les lettres A, B et C et A, B, C, D ; le cordon A correspondant au cordon le plus
récent, encore en formation et D le plus ancien, qui date de1996. Le transect 1, le plus à l’Est, est
large d’environ 150 mètres et le transect 2 d’environ 180 mètres (Figure 18).
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Figure 23 : Le site d’étude : « âge » des cordons (DUPONCHELLE, 2011), localisation des transects
(rectangles rouges) et répartition des pieds de Crambe sur les transects (points verts).
Figure 18. Le site d’étude au 1 :4 000ème : « âge » des cordons (DUPONCHELLE, 2011), localisation des transects (rectangles rouges) et répartition des pieds
de Crambe sur les transects (points verts). L’identification de la position des cordons a été faite à partir de l’interprétation des orthophotographies de l’IGN
réalisées entre 1991 et 2001 sur ce secteur. L’année indiquée sur les cordons correspond à l’âge approximatif (+/- 2-3 ans) de formation de ces cordons.
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4.1.3. Campagnes réalisées
Cette étude s’intéressant à la dynamique rapide d’évolution morphologique et sédimentaire du
cordon de galets et des effets réciproques de la végétation, trois pas de temps ont été retenus, définis
par les conditions de forçages météo-marins que sont la marée et le vent. Ces deux éléments ont en
effet une influence sur les vagues et le transport de sable. Les trois conditions-types de forçages
étudiées sont : la morte-eau, l’épisode de vent et la vive-eau associée à un épisode de vent (Figure
19).
Le secteur étudié faisant partie de la zone concernée par l’Arrêté de Protection de Biotope,
une autorisation était nécessaire pour réaliser les mesures. Une demande d’AOT (Autorisation
d’Occupation Temporaire) a été faite par l’Université de Rouen auprès du Pôle de Gestion du Littoral
de Saint Valéry sur Somme. Un arrêté a été obtenu, constituant l’autorisation de la Préfecture de
Picardie jusqu’en juin 2013. Les mesures ont ainsi commencé le 15 avril 2013 et ont fini le 11 juin
2013.
Figure 24 : Calendrier des levés de terrain en fonction des forçages météo-marins (marée, vents) et
types de mesures réalisées.
Concrètement, la stratégie de mesure repose sur deux axes principaux :
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-
-
le suivi de l’évolution morphologique et sédimentaire du cordon, qui est mis en relation avec
les conditions de forçages météo-marins (évènements de vent, vives-eaux). Ce suivi est
réalisé selon deux échelles :
o la portion de cordon (les transects 1 et 2, représentés sur la figure 18), sur la base de
données topographiques (scanner laser terrestre) et sédimentaires (photographies et
pièges éoliens) ;
o le pied de Crambe maritime, également sous la forme de données topographiques
(barres de sédimentation) et sédimentaires (photographies).
le suivi des populations de Crambes maritimes, par le biais d’une cartographie réalisée via les
données du scanner, et de mesures allométriques. Les paramètres abiotiques (e.g.
température, humidité) et biotiques (inventaire des autres espèces au sein des quadrats) ont
été étudiés en parallèle dans le cadre du stage de P. Lecointre (2013).
Les données des marées (coefficients et marnages) sont issues des prédictions du SHOM,
disponibles sur le site www.shom.fr, pour le port de Cayeux-sur-Mer (SHOM, 2001). Les données de
vents (vitesses et directions) sont celles observées par la station MétéoFrance® de Cayeux-sur-Mer,
de latitude N 50° 10’ 17,04’’ et de longitude E 01° 28’ 41,52’’, i.e. au sud de la zone étudiée. Elles sont
détaillées dans l’Annexe B.
4.2. Instrumentation : acquisition et traitement des données
4.2.1. Topographie
L’étude de la topographie cherche à dégager la morphologie ainsi que l’évolution morphodynamique du cordon, et ce suivant différentes échelles de temps. Pour cela, le suivi a été mené
selon deux échelles spatiales : celui de la portion de cordon (les transects) et celui de l’individu de
Crambe.
4.2.1.1. Echelle de la portion de cordon : le scanner laser terrestre
Le scanner utilisé est un Leica ScanStation C10 (Figure 20). Il s’agit d’un outil muni d’un miroir
à rotation émettant un faisceau laser pulsé, de longueur d’onde  = 532 nanomètres (couleur verte). Il
peut balayer l’espace sur 360° horizontalement et 270° verticalement au maximum (les angles de
scans peuvent être fixés par l’utilisateur). La fréquence instantanée maximale est de 50 000 points par
seconde. Qualifié d’HDS (High Definition Scanning, pour Relevé Haute Définition), cet instrument
donne un nuage de points exhaustif de la zone scannée, sur au maximum 300 mètres. La précision
de cet appareil est de 6 millimètres à 50 mètres, et sa résolution, que l’utilisateur peut choisir, est au
maximum de 2 centimètres à 100 mètres de distance. Des détails sont donnés en annexe (Leica
Geosystems, 2001 ; Annexe C). Pour cette étude, la résolution a été fixée à 10 centimètres à 100
mètres.
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Figure 25 : Photographies du scanner laser terrestre (a) et d’une cible (b)
Acquisition des données
Des scans ont été réalisés à l’aide du scanner laser terrestre C10 afin d’obtenir la topographie
du cordon au niveau des transects 1 et 2. Ces données ont été acquises au début et à la fin de viveseaux, ainsi qu’au début et à la fin de chaque période de vent, afin de quantifier l’évolution
morphodynamique du cordon à l’échelle de ces évènements.
Deux stratégies de mesure ont été adoptées sur les transects pour l’acquisition de la donnée
topographique. Un premier levé de terrain a servi à mesurer la totalité des cordons de chaque transect
jusqu’aux piquets du GR (piquets de randonnée) les plus proches des transects. Ces piquets, au
nombre de deux par transect, sont utilisés comme points de référence d’un levé à un autre. Dans ce
cas, sept scans sont nécessaires pour couvrir chaque transect. Lors des levés suivants, seuls les
deux ou trois cordons les plus récents (les plus proches de la mer, à savoir A, B voire C) ont été
scannés. Les piquets, implantés sur les cordons dans le cadre de cette étude, ont été utilisés comme
objets fixes. Trois ou quatre scans par transect étaient alors nécessaires pour obtenir la topographie
des cordons.
Lors des scans, des cibles (Figure 21) sont placées sur les cordons et constituent les « points
communs » permettant d’assembler les nuages de points générés lors des différents scans. Il faut
donc, à chaque fois, faire en sorte que deux cibles soient communes à deux scans consécutifs.
Par souci de temps, les scans ont été faits à moyenne résolution, i.e. 10 centimètres à 100
mètres de la position du scanner (un scan à haute résolution prend 27 minutes contre 7 minutes pour
un scan à moyenne résolution). Les scans ont par ailleurs été faits sur 360° horizontalement et selon
un angle verticale de 90° (45° de part et d’autre du faisceau).
Leur positionnement est en outre relatif et ils doivent donc être recalés dans un référencement
spatial absolu. Pour cela, il faut veiller à ce que les scans de chacun des deux transects englobent au
moins deux points dont les coordonnées absolues seront connues lors du traitement. Pour cette
étude, il a été décidé de se caler sur des piquets de randonnée (GR) présents le long du cordon pour
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le premier levé, en prenant les deux piquets les plus près de chaque transect. Les coordonnées de
ces quatre piquets sont parallèlement acquises avec le GPS GS15 développé par Leica®, et qui
permet de calculer une position avec une précision centimétrique à partir des données satellitaires
GNSS (Global Navigation Satellite System). Le récepteur GS15 est implanté au niveau du point dont
les coordonnées sont recherchées pendant environ 1 heure 45 minutes, et enregistre les données
brutes. Il a été choisi d’acquérir les données en RGF93 projection Lambert 93.
Les nuages de points bruts obtenus ne sont pas exploitables directement. En effet, il est
nécessaire de supprimer le bruit enregistré lors des levés.
Post-traitement
Les données brutes obtenues avec le scanner sont importées sur Cyclone REGISTER®. Ce
logiciel permet de réaliser le post-traitement des nuages de points. Cela consiste, tout d’abord, à
vérifier que les données ont été acquises correctement (en vérifiant notamment que les cibles ont été
bien scannées). Ensuite, il permet d’assembler les scans les uns avec les autres. Cette opération se
base sur l’existence de points communs entre deux scans (les cibles) qui permet de positionner les
données les unes par rapport aux autres. Cet assemblage génère un « Diagnostique », rapport
d’erreur permettant de juger sa qualité (précision). Les données peuvent ensuite être « nettoyées ».
Les bruits sont effacés.
Malgré la grande précision des instruments utilisés, les erreurs obtenues après un premier
assemblage, de l’ordre du décimètre, étaient jugées trop fortes pour un certains nombres d’entre eux,
puisque les variations que cette étude cherchait à mettre en évidence devaient a priori être de l’ordre
du centimètre voire moins. Aussi, un des assemblages qui présentait une erreur faible (2 millimètres)
a été choisi pour extraire les coordonnées de deux autres points remarquables par transect
(matérialisés par les piquets plantés pour ce projet). Cela a permis d’avoir quatre points de
coordonnées connues qui ont pu servir à recaler les autres assemblages dans l’absolu.
Bien que cette étape ait permis de les diminuer, les erreurs horizontales et verticales, de
l’ordre du millimètre pour certains assemblages, n’ont pas toujours pu être réduites à moins de
quelques centimètres (8 centimètres au maximum). La précision globale des résultats des données
scanner est donc estimées à 8 centimètres pour cette étude.
« Transfert » des données sur ArcGIS
Une fois les assemblages réalisés et calés spatialement, dans la projection Lambert 93, les
données topographiques ont été exportées au format ASCII dans un fichier texte (TXT). Ces fichiers
texte (.txt) comportaient chacun trois colonnes avec les coordonnées X, Y et Z de chacun des points
du nuage. Ils ont été convertis, via Microsoft Access® en fichiers DBase (.dbf), puis en fichiers de
formes (.shp) avec le logiciel ArcGIS 10.0 (Annexe D).
4.2.1.2. Echelle de l’individu Crambe : les barres de sédimentation-érosion
La topographie va aussi être étudiée à l’échelle de plusieurs individus de Crambes. Des
individus de cette espèce ont été observées sur les cordons B et C du transect 1 et sur les cordons A,
B, C et D du transect 2. Sur le cordon externe A, trois stations ont été mises en place sur le transect 1
et six sur le transect 2. Sur les cordons B et C, six stations ont été établies sur chacun des deux
transects et trois ont été implantées sur le cordon D, sur le transect 2 (Figure 21).
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Figure 26 : Localisation des barres de sédimentation
Le principe de la mesure est basé sur la « Sedimentation-Erosion Table » (Table de
Sédimentation-Erosion) utilisée par Roelof M.J. Boumans et John W. Day Jr. en 1993. Deux piquets
sont disposés sur chaque station, espacés de 2 mètres l’un de l’autre. A chaque évènement, une
règle graduée, trouée tous les 10 centimètres, est posée sur les piquets. Une tige de 98 centimètres
de haut est ensuite insérée successivement dans chacun des trous, et la longueur du bout de tige
dépassant de la règle est mesurée. Cette lecture, répétée le long de la règle graduée, donne la
topographie relative entre les deux piquets (Figure 22).
Figure 27 : Dispositif permettant de mesurer les évènements de sédimentation et d’érosion (modifiée
d’après BOUMANS et DAY, 1993).
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Pour leur expérience, Boumans et Day ont utilisé quatre piquets, et une table au lieu de la
règle, afin d’avoir une représentation en trois dimensions de la topographie. Le dispositif utilisé est
donc une adaptation, qui donne les évolutions « en deux dimensions » de la topographie,
parallèlement au cordon (les dispositifs étant orientés Sud-Ouest vers Nord-Est).
Les mesures de topographie relative obtenues au niveau des stations présentant des
Crambes, comparées à celles des stations sans plante, permettent de déterminer la quantité de
sédiments piégés par cette espèce.
La règle utilisée étant laissée « libre » à une extrémité, l’axe de mesure n’est pas exactement
le même d'une mesure à l’autre, ce qui peut entraîner des variations qui ne sont pas dues à un apport
ou un départ de sédiments. Cette erreur de mesure est estimée, arbitrairement, à 1 centimètre. Aussi,
toutes les variations inférieures à 1 centimètre ne sont pas prises en compte.
4.2.2. Sédiments
4.2.2.1. Photographies
Des photographies des différents flancs des cordons ont été prises sur la zone d’étude, pour
permettre une analyse qualitative de la répartition des faciès sédimentaires. Elles ont pour but de
faciliter la description des faciès observés, et d’en ressortir les diversités, notamment en mettant en
évidence la présence de dépôts sableux à la surface des cordons, même temporaires, qui peuvent
faciliter le développement de certaines espèces végétales. Des photographies ont ainsi été
assemblées sous forme de panoramas de manière à disposer de vues complètes des revers externes
et internes des cordons.
4.2.2.2. « Pièges » à sédiments
Afin de disposer d’éléments quantifiés de la dynamique éolienne sur le cordon de galets, des
mesures de flux ont été effectuées. Pour cela, des pots de 23,5 centimètres de diamètre ont été
disposés en surface du cordon, afin de piéger les sédiments en traction et saltation. Un morceau de
tissu a été collé sur le fond, troué, des pots afin de filtrer l’eau issue des précipitations et/ou
éventuellement l’eau de mer.
Quinze pièges ont été disposés le 13 juin 2013 et laissés sur place pendant quatre heures. Ils
ont été localisés au sommet et sur les revers externe et interne des cordons A et B, à raison de 6 sur
le transect 1 et de 9 sur le transect 2, comme indiqué sur la figure 26. Leur contenu a été séché à
l’étuve, à 50°C, pendant 2 jours, puis ont été pesés.
4.2.3. Végétation/Population de Crambes maritimes
Sur les données scanner, une fois traitées via le logiciel Cyclone REGISTER, les Crambes les
plus développés (hauteur d’au moins 10 centimètres) étaient visibles. Cela a permis de les repérer et
les « matérialiser » par un vertex sur l’interface du logiciel. Il a alors été possible d’exporter les
coordonnées de ces vertex dans un fichier TXT. De la même manière que pour les données
topographiques, ce fichier a permis de générer une couche SHP sur ArcGIS représentant la
localisation de la plupart des choux marins sur les deux transects étudiés.
D’autre part, la hauteur et la longueur des Crambes présents sous les barres de
sédimentation ont été mesurées, à l’aide d’un double décimètre. Ces mesures ont été faites par par
Paul Lecointre (2013), en parallèle du levé scanner et des mesures de barres de sédimentation
réalisés le 11 juin 2013, moment où les individus de cette espère étaient le plus développés au cours
de cette étude.
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5. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
5.1. Caractéristiques morphologiques, sédimentaires et de végétation
5.1.1. Morphologie et niveaux d’eau
5.1.1.1. Caractéristiques morphologiques de la flèche
Le système étudié est constitué de plusieurs cordons : un cordon proximal (cordon A), le plus
récent, encore actif, et plusieurs cordons reliques (cordons B, C et D). Leur topographie au 11 juin
2013 est représentée sur la figure 28. Les « pieds » et les sommets des cordons ont été digitalisés sur
le logiciel ArcGIS.
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Figure 28. Topographie au 1 :2 000ème des transects étudiés et localisation des barres de sédimentation (triangles rouges). A gauche :
T2 ; à droite : T1.
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Figure 28 : Topographie des transects étudiés et localisation des barres de sédimentation (triangles
rouges). A gauche : T2 ; à droite : T1.
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La flèche présente une courbure. En effet, il est orienté N20° à Ault (extrémité Sud-Ouest) et
N90° au Hourdel (extrémité Nord-Est). Plus particulièrement, les données topographiques ont permis
de préciser ces orientations ainsi que les caractéristiques morphologiques de la flèche au niveau du
secteur étudié. Ainsi, sur le transect T2, son orientation est de N55° et de N70° sur le transect T1. La
largeur des cordons varie entre 15 et 45 mètres sur T2 et entre 20 et 40 mètres sur T1. Le cordon A,
cordon proximal, est le plus large sur chacun des deux transects. Les hauteurs des sous-cordons sont
un peu variables, allant de 0,7 mètre sur le cordon C de T1 à 3,2 mètres sur le cordon B de T2. Ces
informations permettent notamment de constater que les deux transects retenus sont relativement
semblables au niveau morphologique (Tableau 4).
En ce qui concerne l’inclinaison des cordons, les pentes les plus fortes (20-25° voire 30° à
certains endroits) sont observables sur les revers externes, qui font face à l’océan. De plus, les pentes
diminuent avec l’augmentation de l’âge des cordons, alors que la zone plane (pente inférieure à 10°)
visible au sommet est plus large (environ 5 à 7 mètres sur le cordon C et 1,5 à 2 mètres sur les
cordons A et B, plus jeunes ; Tableau 4). Cela conforte l’hypothèse que les pouliers situés derrière le
cordon A correspondent à des formes résiduelles des accumulations de galets formées par la marée
et/ou la houle qui ont été, par le passé, en position proximale. Avec le temps, un nouveau cordon se
forme, constituant une barrière naturelle qui protège ces structures des agents marins, entraînant leur
fossilisation, qui aboutit à un lissage de leur morphologie, par actions combinées de l’érosion et de la
gravité.
Tableau 4 : Paramètres morphologiques des cordons sur les transects T1 et T2. Valeurs moyennes
sur le cordon.
Transect
Cordon
Revers*
« Age »
Orientation
Largeur (m)
Hauteur (m)
Pente (°)
A
T1
B
T2
C
A
B
C
D
Ext.** Int.*** Ext.** Int.***
2011 2006 2006 2008
2000
1996
1996
N70
N70
N75
N55
N60
N65
N110-N130
30-40
20
20-25 40-45
20
25-30
15
2,3
2,9
0,7
2
3,2
2
1,3
20-25 20-25
20-25 20-30 15-25 15-20
nd
nd
*Les revers externe et interne sont différenciés lorsque leurs pentes ont au moins 10° d’écart
**Ext. : revers externe ; ***Int. : revers interne
5.1.1.2. Niveaux d’eau sur de la flèche
Les valeurs des niveaux d’eau caractéristiques à Cayeux-sur-Mer (SOGREAH, 2005 dans
BASTIDE, 2011) ont été reportées sur la topographie des transects 1 et 2, afin d’avoir un aperçu de
l’influence de la marée sur le secteur étudié (Figure 29). Cette figure permet de constater que la mer
n’atteint les cordons que lors de vives-eaux moyennes et des marées de plus forts coefficients.
Une différence est aussi à noter entre les deux transects. Une plus grande proportion du
cordon sur T1 est touchée par les marées comparativement au cordon sur T2. Plus précisément, près
des 2/3 du cordon sont émergés en permanence sur le transect T1 contre environ 7/8 sur le transect
T2. La marée s’engouffre entre les cordons A et B en « contournant » le cordon proximal (cordon A) et
peut au maximum recouvrir 1/3 du cordon B sur le transect T1, mais ne l’atteint jamais sur le transect
T2. Le cordon C est quant à lui toujours au-dessus du niveau d’eau, tout comme le cordon D sur le
transect T2. (Figure 29).
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Figure 29. Distribution des zones atteintes par la marée et des individus de Crambe (points verts) sur les transects 1 et 2 au 1 :2 000ème
au 1 :2 000ème
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Figure 29 : Distribution des zones atteintes par la marée et des individus de Crambe (points verts) sur les
transects 1 et 2
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5.1.2. Sédiments
Les galets qui constituent la flèche du Hourdel ont une taille allant de 2 à 15 cm (Livet & Roue,
2012). Des sables moyens à grossiers comblent en partie la porosité (Augris et al., 2004).
Dans le cadre de cette étude, les panoramas de photographies des cordons ont permis de
mettre en évidence, qualitativement, des zones d’ensablement plus ou moins importantes en fonction
des revers (internes ou externes) et des cordons eux-mêmes.
De manière générale, pendant toute la période d’étude, les cordons du transect T1 présentent
un ensablement plus marqué que ceux du transect T2. Cela peut, en partie, être expliqué par le fait
qu’ils sont globalement moins hauts et donc plus accessibles par les sables apportés par la marée et
par les vents. Les revers externes (tournés vers l’estran) présentent moins de sable en surface que
les revers internes, surtout en ce qui concerne les cordons A (Figure 30) et B (Annexe E).
Figure 30 : Photographies des cordons
5.1.3. Végétation
5.1.3.1. Répartition des pieds de Crambe maritime
Une cartographie des individus de Crambes a été faite à partir des données scanner acquises
le 11 juin 2013. Sur les transects T1 et T2, de largeur respective 145 et 160 mètres, 384 et 115
Crambes maritimes ont respectivement été repérés les deux transects, répartis respectivement sur les
cordons B et C et A, B.
Plus précisément, sur le cordon A, le plus jeune, il n’y a aucun individu au niveau du transect
T1 alors que quelques-uns sont observables sur le transect T2, selon une densité de 0,01 ind.m-².
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Cette différence semble indiquer que le développement de cette espèce ne se fait pas sur les cordons
les plus récemment formés, mais sur ceux ayant déjà quelques années (Tableau 5). Le cordon B, le
plus riche en Crambes sur les deux transects, abrite plus d’individus sur T1 que sur T2, avec une
densité maximale respective de 0,15 ind.m-² et 0,06 ind.m-². Sur le cordon C, la densité maximale de
Crambes est de 0,12 ind.m-², sur T1.
Tableau 5: Nombre et densité des pieds de Crambe maritime sur les transects T1 et T2.
Transect
Cordon
Largeur du
cordon (m)
Largeur
transect (m)
Nombre de
Crambes
Densité max
(ind/m²)
A
30-35
0
T1
B
20-25
T2
C
20-25
A
40-45
B
20
145
160
364
115
0,15
0,12
0,01
0,06
C
25
D
15
nd
nd
La distribution des Crambes a notamment été mise en relation avec les niveaux d’eau (Figure
29). Ces deux cartes permettent de noter que les Crambes maritimes sont tous situés au-dessus du
niveau de plus haute mer astronomique et ne sont, par conséquent, jamais immergés, sauf peut-être
lors d’évènements exceptionnels. Cela concorde avec ce qui a été observé par Lacroix et Lebail
(2006) qui précisent que les Crambes se développent au-dessus des niveaux de vive-eau.
Sur le transect T1, la répartition des choux marins s’étend sur tout la zone supratidale, à
l’exception du cordon A où aucun individu ne s’est développé. Sur le transect 2, ils ont poussé
uniquement dans la partie la plus haute des cordons. En effet, sur T2, les Crambes sont à une altitude
de 6 mètres ou plus, alors que certains individus descendent à 4 mètres d’altitude sur T1.
En outre, la cartographie des Crambes et surtout les photos prises sur le terrain permettent de
mettre en évidence que cette espèce est surtout localisée sur les sommets et les revers internes des
cordons. Exception faite du cordon C, aucun Crambe n’est observable sur les revers externes. Cela
peut être mis en relation avec les pentes, qui sont plus faibles sur le cordon C externe, atteignant au
maximum 20°, alors qu’elles dépassent 30° pour les cordons plus proches de la mer (Annexe F).
Plus précisément, grâce au logiciel ArcGIS, il a été déterminé pour chaque Crambe des
transects 1 et 2 la pente sur laquelle il se développe (Figure 31).
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Bérengère DEJEANS, Mém.Ingénieur LaSalle Beauvais –Spécialité Géologie, n° 603, 2013
Figure 31 : Pourcentage de Crambes en fonction de la pente du cordon
Cette information montre que les Crambes semblent pousser préférentiellement dans des
environnements relativement peu pentus. En effet, près de 90% de la population étudiée est observée
sur des pentes inférieures à 20°.
5.1.3.2. Morphologie des pieds de Crambe en fonction de l’âge des cordons
Les mesures des différents traits morphologiques des Crambes ont été prises par Paul
Lecointre (2013) le 11 juin (Annexe G). Elles mettent en évidence une corrélation entre la hauteur et la
longueur des individus (Figure 32 ; R² = 0,67). Par conséquent, la mesure de la hauteur seule pourra
suffire à souligner une relation éventuelle entre l’âge du cordon et le développement de la plante.
Figure 32 : Relation entre les variables hauteur et longueur des pieds de Crambe maritime mesurées
le 11 juin 2013 pour l’ensemble des cordons suivis au cours de l’étude.
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5.2. Dynamique rapide du cordon
Cette partie est consacrée à présenter les différents « scénarii » observés en termes de
réponse de la flèche du Hourdel à trois différentes conditions de forçage : morte-eau, épisode de vent
et vive-eau associée à un épisode de vent.
5.2.1. Présentation des résultats
5.2.1.1. Période de morte-eau
Des levés scanner sur les transects 1 et 2 ont été effectués les 17 et 22 mai 2013. Ces deux
dates encadraient un épisode de morte-eau de coefficient 41, qui a eu lieu le 19 mai 2013. Il n’y a pas
eu de gros épisode de vents, les principaux, de provenance Sud-Ouest, ayant soufflé les 21 et 22 mai
2013 avec une moyenne de 11 km.h-1 (Figure 33).
Les différentiels topographiques sur la période du 17 au 22 mai 2013 montrent que le cordon
a été relativement stable, si ce n’est quelques zones en érosion assez localisées (Figure 34).
Figure 33 : Fréquence des vents en fonction de leur provenance entre le 17 et le 22 mai 2013 (source
des données : MétéoFrance)
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Figure 34. Différence de topographie entre le 17 et le 22 mai 2013.
Bérengère DEJEANS, Mém.Ingénieur LaSalle Beauvais –Spécialité Géologie, n° 603, 2013
Figure 34 : Différence de topographie entre le 17 et le 22 mai 2013.
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Bérengère DEJEANS, Mém.Ingénieur LaSalle Beauvais –Spécialité Géologie, n° 603, 2013
De manière générale, les zones érodées sont situées sur les flancs externes (face à la mer)
alors que les zones d’accrétion sont sur les revers internes. Les zones en évolution concernent
principalement la moitié supérieure des cordons et sont assez semblables en valeur absolue, en
avoisinant 0,10 mètre. Les zones d’érosion et d’accrétion sont plus étendues sur le transect T2 (Figure
34, a), situé plus à l’Ouest.
A cette période, la hauteur d’eau maximale a été atteinte le 22 mai 2013 à 10h01 avec une
valeur de 8,69 mètres cote marine, soit une altitude de 3,72 mètres (IGN69). La mer n’a par
conséquent jamais atteint le cordon sur aucun des deux transects.
5.2.1.2. Episode de vent
Les deux levés scanner réalisés les 15-16 et 24 avril 2013 ont encadré un épisode de vent,
qui s’est produit lors d’une période de morte-eau (coefficient 34). Au maximum, la mer est montée de
4,37 mètres (le 24 avril 2013) et n’a donc jamais rejoint le cordon. Le vent a soufflé depuis l’Ouest à
plus de 8 m.s-1 le 18 avril ce qui correspond à un épisode de bonne brise (Figures 35 et 36).
Figure 35 : Fréquence des vents en fonction de leur provenance entre le 15 et le 24 avril 2013 (source
des données : MétéoFrance)
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Figure 36. Différence de topographie entre le 15 et le 24 avril 2013 au 1 :1 000ème
Bérengère DEJEANS, Mém.Ingénieur LaSalle Beauvais –Spécialité Géologie, n° 603, 2013
Figure 36 : Différence de topographie entre le 15 et le 24 avril 2013
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De manière générale, pendant la période de « bonne brise » du 15 au 24 avril 2013, les revers
externes des cordons A et B étaient globalement en érosion et leurs revers internes en accrétion.
Ceci étant, le différentiel d’altitudes fait état d’une différence de réponse du cordon entre le
transect T1 (Figure 36, b) et le transect T2 (Figure 36, a).
Sur le transect 2, le pied du cordon A connaît une zone en accrétion, suivant une « barre »
parallèle au sommet, large de 5-6 mètres, avec des variations d’environ 0,10-0,15 mètre
verticalement. Cette portion mise à part, sur les cordons A et B, le revers externe est globalement en
érosion tandis que le revers interne montre une accrétion. Ces variations de topographie semblent
toutes se faire sous une même forme de « barres » parallèles, en général proches du sommet. Les
zones en érosion semblent un peu plus étendues (larges de 4-5 mètres environ, contre 2-3 mètres
pour celles en accrétion).
Une légère érosion se distingue aussi sur les sommets externes des cordons A et B du
transect 1, sur environ 4 et 6 mètres respectivement. Le flanc interne du cordon A présente quant à lui
une alternation longitudinale de petites zones en érosion et en accrétion, de pseudo-rayons de à 3 à 6
mètres. Ces figures sont éloignées d’à peu près 6 mètres du sommet du cordon et espacées d’1 à 2
mètres les unes des autres.
5.2.1.3. Période de vive-eau associée à une bonne brise
Quatre levés ont permis de réaliser la topographie du cordon avant et après deux évènements
de vive-eau chacune associée à un épisode de vent, respectivement entre le 24 avril 2013 et le 03
mai 2013 et entre le 22 et le 30 mai 2013.
Le premier évènement s’est caractérisé par un coefficient maximal de 106, ayant eu lieu le 27
avril 2013. Les vents étaient majoritairement de provenance Ouest à Sud-Ouest. Les plus forts, de
provenance N°270-280, soit plus ou moins parallèles au cordon, ont pu aller jusqu’à environ 7,6 m.s-1,
les 29 et 30 avril 2013 (Figures 37 et 39). La période de vive-eau du 22 au 30 mai 2013 a été
marquée par un coefficient de 104, atteint le 27 mai 2013. Les vents les plus importants, qui ont eu
lieu les 22 et 23 mai 2013, étaient de provenance Ouest voire Nord-Ouest (N°280 à N° 340) et ont pu
atteindre près de 8 m.s-1, ce qui est qualifié de jolie voire bonne brise (Figures 38 et 40).
Figure 37 : Fréquence des vents en fonction de leur provenance
Figure 37 : Fréquence des vents en fonction
Figure 38 : Fréquence des vents en fonction
de leur provenanceentre
entrelele2424avril
avriletetlele0303mai 2013 (source
de leur
entre le 22 et le 30 mai
desprovenance
données : MétéoFrance)
mai 2013 (source des données : MétéoFrance)
2013 (source des données : MétéoFrance)
Figure 38 : Fréquence des vents en fonction de leur provenance entre le 22 et le 30 mai 2013 (source
des données : MétéoFrance)
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Figure 39. Différence de topographie sur le transect 2 entre le 24 avril et le 03 mai 2013 au 1 :1 000ème
Figure 39 : Différence de topographie sur le transect 2 entre le 24 avril et le 03 mai 2013
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Figure 40. Différence de topographie entre le 22 et le 30 mai 2013 au 1 :1 000ème
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Figure 40 : Différence de topographie entre le 22 et le 30 mai 2013
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Bérengère DEJEANS, Mém.Ingénieur LaSalle Beauvais –Spécialité Géologie, n° 603, 2013
La hauteur d’eau maximale atteinte par la marée au cours de ces deux périodes est de 5,15 et
5,20 mètres respectivement, ce qui signifie que la mer a immergé la partie inférieure du flanc externe
du cordon A sur les deux transects ainsi qu’une partie du flanc interne du cordon A et du revers
externe du cordon B sur T1 (Figures 39 et 40).
De manière générale, c’est le revers externe du cordon A qui subit les évolutions les plus
importantes. Au cours de ces deux évènements, sur le cordon A, une zone d’accrétion s’est formée
juste au-dessus de la hauteur d’eau maximale ; elle est surplombée par une zone en érosion, plus
étendue sur le transect 2. Le revers interne subit un peu d’érosion, notamment entre le 24 avril et le 03
mai, mais reste globalement stable
Sur le cordon B du transect 2, une barre d’accrétion s’est formée sur le sommet du revers
externe et une légère érosion est observable sur le revers interne du cordon B du transect 2 (Figure
40 a). Sur le transect 1, cette tendance est inversée (Figure 40 b).
5.2.1.4. Période de deux mois
Le différentiel de topographie sur la période totale, soit entre le 24 avril et le 30 mai 2013 a
également été réalisé (Figure 41).
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Figure 41. Différence de topographie entre le 24 avril et le 30 mai 2013
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Figure 41 : Différence de topographie entre le 24 avril et le 30 mai 2013
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A l’échelle d’un peu plus de deux mois, les variations observables du cordon restent de
l’échelle du centimètre.
Sur le revers externe du cordon A, une importante accrétion est visible en pied de cordon
alors que la moitié supérieure est en érosion.
Sur le cordon B, une tendance à l’accrétion semble se dégager, à l’exception du sommet du
cordon sur T2.
5.2.2. Interprétations : dynamique rapide du cordon
Globalement, l’étude de la topographie du cordon entre chaque évènement encadré (morteeau, épisode de vent, vive-eau associée à un épisode de vent) fait état de variations centimétriques,
engendrées par le vent et, quand les conditions le permettent, par la marée.
Pendant la morte-eau étudiée, entre le 17 et le 22 mai, le vent n’a pas soufflé très fort. La
morphologie du cordon ayant été modifiée, celui-ci semble subir de petites variations en continu.
De manière générale, le cordon A, le plus exposé aux actions des marées et des houles de
par sa position proximale, est le plus mobile. Un gradient de diminution de la mobilité est observé
depuis le cordon A vers le cordon C pour le transect T1 (respectivement D pour le transect 2). Cela
peut venir du fait que la source principale des sables transportés par le vent, est l’estran, qui alimente
plus facilement les cordons les plus proches.
5.2.2.1. Influence de la marée
Les niveaux de marée reportés sur la topographie permettent de voir que la mer n’atteint le
cordon – et n’a donc d’influence- que lors des vives-eaux (Figures 39 et 40). Plus précisément, le pied
des cordons A et B (jusqu’à une altitude d’environ 4,45 mètres NGF) n’est atteint par la marée que
lorsque les coefficients sont égaux ou supérieurs à 85.
En ce qui concerne le cordon A, un même schéma se dégage des deux vives-eaux
observées. La base du revers externe du cordon A, le plus directement soumis à la mer, subit une
érosion, juste sous la hauteur d’eau maximale et un engraissement juste au-dessus de ce niveau. Le
phénomène d’érosion peut s’expliquer par un départ de sables, préalablement déposés par les vents
ou les marées qui ont précédé, et/ou par un départ de galets, dans le cas où la houle est assez
importante. L’accrétion se fait sous forme d’une bande, parallèle au niveau d’eau, large d’environ 5
mètres. Elle pourrait correspondre à une berme de galets formée par le jet de rive/déferlement comme
celles observées par Dolique (1998).
Lorsque les coefficients de marée diminuent, la juxtaposition de bandes en érosion et en
accrétion semble témoigner d’une morphologie de bermes en gradins (cas de la période du 24 avril au
3 mai sur T2 ; Figure 39, carte b), conformément aux observations de Dolique (1998).
Depuis le sommet du revers externe et jusqu’à l’estran, entre le 22 et le 30 mai 2013, le
cordon A du transect T1 présente une alternance de « bandes » en érosion et en accrétion, ce qui
pourrait correspondre à un déplacement de barres sableuses vers le haut de l’estran (Figure 38).
L’estran, quant à lui, ne montre pas de tendance générale en réponse à la marée. En effet, il
peut soit être en érosion (transect 2 Figure 37, entre le 24 avril et le 03 mai 2013), soit globalement
stable, avec seulement quelques zones localisées en érosion et d’autres en accrétion (transect 2
Figure 40, du 22 au 30 mai 2013).
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La marée ne semble pas avoir d’influence sur les autres cordons, bien qu’elle atteigne la base
des revers interne du cordon A et externe du cordon B sur le transect T1. Une hypothèse qui peut être
avancée est que la marée n’immerge ces cordons qu’après avoir « contourné » le cordon A,
puisqu’elle vient du Nord-Est. L’énergie associée à la montée de l’eau à ces endroits serait donc trop
faible pour mobiliser les galets et même les sables (ou en tout cas de trop faibles quantités de
sédiments pour que les variations de topographie soient supérieures à 8 centimètres, précision des
différentiels obtenus).
5.2.2.2. Influence des vents
Le vent est un facteur important de la dynamique sédimentaire en milieu littoral, en particulier
sur les littoraux de la Manche Est (Anthony et al., 2009).
Une caractérisation des granulométries et des flux sédimentaires éoliens a été réalisée à partir
de quantités de sédiment piégées dans des pots disposés sur les cordons A et B des transects T1 et
T2 (Figure 26). Les mesures ont eu lieu dans la journée du 13 mai 2013 lors d’un épisode de vent de
6 à 7,5 m.s-1 (vitesse moyenne à 4 m de hauteur) en provenance N250° (Ouest).
Les sédiments transportés par le vent correspondent à des sables bien triés, présentant un
mode granulométrique et une médiane de 250 m. Les flux sableux transportés par le vent sont
compris entre 2.10-3 et 4 kg.m-2.h-1 (Tableau 6). Les flux sont plus élevés sur les zones situées au
vent : (i) sur les revers externes et au sommet des cordons, et (ii) sur le cordon proximal (cordon A),
plus proche de la source en sables (estran) (Figure 42).
Tableau 6: Flux totaux sableux transportés par les vents sur les transects T1 et T2.
Localisation sur
cordon
Quantité
récupérée (g)
Flux (kg.m-2.h-1)
pente externe ( W )
336.33
1.94
sommet
111.66
0.64
revers interne ( W )
97.48
0.56
pente externe ( E )
307.47
1.77
sommet ( E )
9.43
0.05
t1b.3
sommet ( W )
169.12
0.98
t2a.1
pente externe ( W )
266.39
1.54
t2a.2
pente externe ( E )
21.75
0.13
sommet (W)
722.40
4.17
sommet ( E )
36.33
0.21
revers interne ( W )
202.65
1.17
t2a.6
revers interne ( E )
88.54
0.51
t2b.2
sommet ( W )
0.84
0.00
pente externe ( E )
21.81
0.13
sommet ( E )
0.45
0.00
Piège
Transect
Cordon
t1a.1
A
t1a.2
t1a.3
t1
t1b.1
B
t1b.2
t2a.3
A
t2a.4
t2a.5
t2b.3
t2b.4
t2
B
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Figure 42 : Flux éoliens en fonction de la position sur les cordons. A (a) et B (b)
Pendant les périodes de vent observées, la réponse globale du cordon est l’érosion d’un des
revers du cordon et l’accrétion de l’autre, et ce sur les cordons A et B. Les vents dominants, qui sont
de provenance Ouest à Sud-Ouest, vont donc éroder le sable du revers externe et le déposer sur le
revers interne, ce qui est représenté sur la Figure 36 (a) lors de la « bonne brise » du 15 au 24 avril.
Cette tendance n’est cependant pas systématique et peut même parfois être inversée, notamment
lorsque le vent est d’une autre provenance.
Au niveau du cordon A notamment, lors de la « bonne brise » du 15 au 24 avril 2013, le revers
interne présente une alternance de zones en érosion et en accrétion, structure rythmique qui pourrait
représenter un déplacement d’accumulations (probablement sableuses), typiques du processus de
déflation éolienne (Figures 36 b et 43). En revanche, lorsque que les bonnes brises étaient associées
à une vive-eau (24 avril au 03 mai et 22 au 30 mai 2013), le sommet du cordon était relativement
stable. Une explication qui pourrait être avancée concerne le disponible sableux. La source de sable
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étant l’estran (les vents dominants étant majoritairement de provenance Ouest à Sud-Ouest) est, lors
d’une vive-eau souvent recouverte à marée haute et humide à marée basse (l’humidité augmentant la
cohésion du sable). Autrement dit, la source de sables est moins facilement mobilisable par les vents
qu’en période de morte-eau.
En conditions de morte-eau, lorsque le vent provient de l’estran sableux (cas du transect T2 sur
la période du 16 au 24 avril), la base du flanc externe du cordon proximal (cordon A) présente une
importante accrétion, pouvant indiquer une alimentation par les sables de l’estran, secs et donc
transportés par les vents, non nettoyés par la marée qui n’atteint pas le cordon.
Figure 43 : Photo des motifs rythmiques de déflation éolienne. Exemple du revers interne du cordon A
sur le transect T2
5.3. Relations Crambe – sédimentation
Les résultats des mesures sur les barres de sédimentation ont permis de quantifier l’évolution
topographique locale, à l’échelle du pied de Crambe.
Lors des mesures sur les barres de sédimentation, la nature du sol (à savoir s’il s’agissait de
sable ou de galets) a été précisée pour chaque lecture. Cette information a notamment permis de
déterminer la quantité de sable présente sur chaque dispositif. Les moyennes de cette quantité au 11
juin 2013 ont été calculées sur chaque cordon en distinguant les dispositifs avec Crambe et sans
Crambe (Tableau 7 et Figure 44). Le tableau 6 permet de constater que, sur chaque cordon, lorsqu’il y
a un Crambe, il y a plus de sable : 46 à 62% sur T1 (respectivement 18 à 51% sur T2) de sable pour
les dispositifs avec Crambe, contre 25 à 40% sur T1 (respectivement 0 à 20% sur T2) pour ceux sans
Crambe. Cette tendance, à savoir que la proportion de sable est plus importante sur les dispositifs
avec Crambe, présentée pour le 11 juin (Tableau 7, Figures 44 et 45), est observable à toutes les
dates de mesures, entre le 24 avril et le 11 juin (Annexe H).
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Tableau 7 : Moyennes des quantités (% surfacique) de sable pour les dispositifs avec Crambe (AC) et
ceux sans Crambe (SC), par cordon et pour la date du 11 juin 2013.
Sable
Transect
Cordon
A
T1
B
C
A
B
T2
C
D
%
Ecart-type
AC
-
-
Erreur
standard
-
SC
42.2
22.5
13.0
AC
61.8
14.7
8.5
SC
24.5
20.0
11.6
AC
46.1
7.5
4.3
SC
29.4
9.0
5.2
AC
51.0
9.5
5.5
SC
18.8
7.79
4.5
AC
17.7
16.4
9.5
SC
0
0
0
AC
0
0
0
SC
0
0
0
AC
-
-
-
SC
0
0
0
Figure 44 : Représentation de la quantité (% surfacique) de sable pour les dispositifs avec Crambe
(AC) et ceux sans Crambe (SC), par cordon et pour la date du 11 juin 2013.
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Figure 45 : Quantité (% surfacique) de sable par date et par cordon sur le transect T2, pour les
dispositifs avec Crambe (AC) et ceux sans Crambe (SC).
En revanche, aucune corrélation ne se dégage entre la hauteur des individus de Crambe et la
quantité de sable présente sous les barres de sédimentation (R² = 0,0041, Figure 30).
Figure 46 : Relation entre la hauteur des Crambes et le pourcentage de sable sous les barres de
sédimentation le 11 juin 2011
Les observations sur le terrain ont notamment permis de constater que plus les cordons sont
stabilisés (et donc âgés), moins ils présentent de sable en surface. Les mesures réalisées sous les
barres de sédimentation ont notamment permis de quantifier grossièrement la quantité de sable sous
chacune d’elle. La moyenne de cette quantité de sable pour les dispositifs avec Crambe (AC) et celle
pour ceux sans Crambe (SC) ont été faites sur chaque cordon (Tableau 7, Figures 44 et 45).
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Les résultats des variations de « topographie locale » obtenues à partir des barres de
sédimentation montrent que la mobilité est plus importante sur les dispositifs avec Crambe que les
autres, avec des variations de l’ordre de 1 à 3 cm 2 (Figures 47 a et 47 b, contre moins d’1,5 cm au
maximum pour les barres où aucun chou n’est présent (Figures 47 b et 48 b).
Les évolutions autour des pieds de Crambe sont positives ou négatives en fonction de la
période d’observation et du dispositif. Ainsi, les dispositifs avec Crambe peuvent être globalement en
accrétion (Figure 47 a) ou globalement en érosion (Figure 48 a).
Figure 47 : Evolution de la topographie à l’échelle des individus de Crambe. Exemple A de mesures
sur des barres de sédimentation implantées sur le cordon A du transect T2, avec Crambe (a) montrant
globalement une accrétion et sans Crambe (b).
2
Les « variations négligeables » sont les variations d’1 cm ou moins. Elles sont considérées comme
négligeables, car correspondent à la marge d’erreur de la mesure.
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Figure 48 : Evolution de la topographie à l’échelle des individus de Crambe. Exemple B de mesures
sur des barres de sédimentation implantées sur le cordon A du transect T2 avec Crambe (a) montrant
globalement une érosion et sans Crambe (b).
Cette évolution, à savoir que le sol est plus mobile lorsqu’il y a un Crambe, semble indiquer un
effet important de piégeage du sable par le Crambe, qui est visible sur la photo de la figure 49. En
effet, le chou stocke le sable, qui transite par transport éolien, ce qui explique l’accrétion (Figure 47).
Le sable étant beaucoup plus mobile que les galets, il est plus facilement repris par le vent, d’où
l’érosion observée à certaines périodes alors même que les dispositifs sans Crambe, pauvres en
sables, présentent une très faible mobilité.
Figure 49 : Photo montrant le phénomène de piégeage de sable par le Crambe, prise le 11 juin.
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Les graphiques des Figures 33 et 34 montrent aussi un gradient depuis l’océan vers le
continent, en termes de quantité de sable. En effet, la proportion de sable en surface est d’autant plus
importante que le cordon est proche de l’estran. Le cordon A possède plus de sable en surface que le
cordon B, tandis que les surfaces des cordons C et D ne sont constituées que de galets (Figure 34).
Ce phénomène peut être relié au disponible sableux. En effet, une explication de ce gradient peut être
que la source de sable étant l’estran, elle est plus proche du cordon A, puis du cordon B et enfin des
cordons C et D.
Si la présence de Crambe maritime semble favoriser l’ensablement du cordon, par un effet de
piégeage, les données récoltées au cours de cette étude ne montrent pas d’influence de la hauteur, et
donc la longueur, des Crambes sur la quantité de sable piégé.
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6. DISCUSSION : RELATION SEDIMENTATION-VEGETATION
6.1. Méthodologie : critique et transposition
6.1.1. Perspectives d’amélioration du protocole de suivi des interactions Crambesédiment
Peu d’expérimentations ont jusqu’alors été menées sur les interactions végétationsédimentation, sur les cordons de galets, à l’échelle de pas de temps courts. Aussi les méthodes
mises en place à l’occasion de ce projet l’ont été à titre exploratoire et ont montré quelques limites.
Certains ajustements sont cependant facilement envisageables, aux vues des observations faites lors
des différents levés de terrain et suite au traitement des données.
Tout d’abord, afin d’augmenter la précision des mesures faites à l’aide des barres de
sédimentation, il pourrait être envisagé de placer une vis de fixation de chaque côté de la règle, contre
une seule dans cette étude. Cela assurerait que l’axe de mesure soit bien le même d’une mesure à
l’autre. Le deuxième point à améliorer concerne la période de réalisation des mesures. En effet, les
barres de sédimentation ont été disposées, en avril, sur les sommets des cordons. Or, à cette période,
les pieds de Crambe maritime sont peu développés, ce qui rend difficile de définir la zone où ils seront
les plus denses et donc où les interactions seront les plus fortes. Les relevés réalisés montrent que
les pieds se développent plutôt à partir de mai et sont plutôt localisés sur les revers internes des
cordons, où la quantité de sable est plus importante. De ces constats, il s’avère que les dispositifs
devraient plutôt être disposés sur les revers internes des cordons. Cette remarque rejoint le fait que
l’analyse statistique des données n’a fait état d’aucune corrélation significative entre la présence de
choux et la quantité de sable environnante. En effet, au niveau de certains pieds de Crambe, des
amas de sable, assez conséquents, sont visibles sur le terrain. Cette divergence peut être expliquée
par la position des Crambes étudiés, situés surtout sur les sommets des cordons où les sables sont
moins piégés. Il faudrait donc s’intéresser plus précisément au piégeage sur le revers interne des
cordons. Il pourrait aussi être envisagé, dans la mesure du possible, de multiplier les dispositifs, afin
d’avoir un jeu de données significatif, mais cela représenterait un coût plus important, aussi bien en
termes de matériel que de personnel et de temps passé.
En ce qui concerne le scanner laser terrestre, à chaque fois, un scan a été fait au sommet des
cordons A et B et un autre sur l’estran. Il pourrait être intéressant de faire deux scans sur chaque
sommet de cordon (un à chaque extrémité), afin d’améliorer la couverture en données topographiques
et donc la résolution de description des variations de topographie. Cela pourrait éventuellement
permettre d’améliorer la cartographie des Crambes, qui seraient plus facilement repérables.
Cependant, multiplier le nombre de dispositifs et de scans nécessiterait plus de temps sur le
terrain et/ou plus de personnes pour réaliser les mesures.
Les pièges sédimentaires semblent avoir montré une bonne capacité à mesurer les flux
sédimentaires éoliens. Il s’agirait de reproduire ces mesures pour différentes conditions de vent.
Enfin, des photos pourraient être faites systématiquement à chaque mission terrain,
notamment pour cartographier l’ensablement (position et étendue des plaquages sableux) d’un levé à
l’autre. Ces photos pourraient aussi être géoréférencées et permettre de cartographier les choux plus
facilement qu’avec les scans.
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6.1.2. Transposition à d’autres sites
La stratégie d’étude menée doit pouvoir être applicable à d’autres environnements que le
cordon de galets du Hourdel et pour d’autres espèces que le Crambe maritime, et entre autres à
d’autres flèches littorales, de galets mais aussi sableuses, qui sont assez nombreuses le long des
côtes bordant la Manche. Les flèches sableuses au niveau des havres du Cotentin font notamment
déjà l’objet d’un certain nombre d’études, souvent dans des perspectives d’aménagement (LAFOND,
1986). Les relations entre la sédimentation et la végétation ne sont cependant pas encore bien
connues. Les travaux actuels concernent surtout la morphologie des cordons, et ce généralement sur
des pas de temps longs. Certains ont cependant déjà observés des évolutions sur des pas de temps
plus courts, à l’échelle de marée par exemple (ROBIN et al., 2009).
6.2. Evolution du cordon sur des pas de temps courts et effets réciproques du
Crambe maritime sur l’ensablement
6.2.1. Evolution morphologique du cordon sur des pas de temps court
Les études antérieures montrent que la flèche du Hourdel avance par formation successive de
cordons tous les 2 à 11 ans (DALLERY, 1955 ; BELLESSORT et MIGNIOT, 1986). Globalement, les
différents cordons de la flèche semblent présenter des caractéristiques relativement stables, au moins
depuis les années 1960 (MEIRLAND et DUPONCHELLE, 2013). Le travail présenté ci-avant permet
de voir que le cordon évolue en permanence. Sur des pas de temps plus courts, c’est le revers
externe du cordon proximal (cordon A) qui subit le plus de variations, qui restent centimétriques, avec
des arrivées et des départs de sédiments. Comme l’avait décrit Dolique (1998), les pentes varient
avec la saison et les nombre de bermes changent au cours du cycle semi-lunaire. De plus, une berme
se forme au-dessus de la hauteur d’eau maximale, lorsque cette dernière est assez élevée pour
atteindre le cordon ; berme que Dolique (1998) attribue au jet de rive. En outre, les vives-eaux
entraînent de l’érosion de la base du cordon, qui peut être associée à un départ de sables
préalablement apportés par les vents ou les marées, voire un départ de galets si la houle est assez
forte.
6.2.2. Implantation du Crambe sur la flèche du Hourdel
Les premiers individus de Crambe apparaissent sur les cordons déjà formés depuis quelques
années, ce qui concorde avec l’étude de Duponchelle (2011) et sont présents jusqu’aux plus anciens
de la zone étudiée, bien que leur densité diminue depuis le cordon B (Tableau 5). Cette espèce ayant
entre autre colonisé le cordon proximal, les agents marins ne semblent pas beaucoup l’affecter. En
revanche, les Crambes étant tous situés au-dessus des niveaux de plus haute mer, l’altitude semble
être l’un des facteurs discriminant pour leur développement (Figure 29). Cela leur permet de n’être a
priori jamais immergés et donc être notamment moins soumis à la salinité. Le fait que la flèche reste
globalement stable d’un point de vue morphologique dans le sens où les variations ne sont que de
l’ordre du centimètre doit ainsi contribuer au développement de la population de Crambes.
En effet, l’optimum de développement (densité) du chou, attesté par l’étude de Meirland et
Duponchelle (2013), est observé sur un cordon âgé de 23 ans, sa présence étant théoriquement
possible jusqu’à un âge de 48 ans.
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6.2.3. Effets réciproques du sable sur le Crambe
D’après l’étude menée par Meirland et Duponchelle (2013), l’ensablement est un des facteurs
favorisant le développement des populations de Crambes. Bien que les résultats obtenus sur des pas
de temps courts (cf. 4.1.2) ne font état d’aucune corrélation entre les paramètres de hauteur (et donc
de longueur) et la quantité de sable présente aux alentours, ils montrent que les Crambes favorisent le
piégeage de sable. Il doit donc aussi participer au maintien du sable sur le cordon et, a fortiori,
favorise son incorporation dans le cordon, constitué en partie de sables comme l’ont décrit Bellessort
et Migniot (1986) et Livet et Roue (2012). Tout cela mène à penser que les Crambes maritimes
contribuent à l’ensablement de la flèche, et que leur potentiel de développement sur le cordon
(nombre d’espèces) diminue à partir d’un certain âge, ce qui est aussi en accord avec les résultats de
Duponchelle (2011).
6.3. Transfert opérationnel pour la gestion du risque de submersion
Les interactions entre sédimentation et végétation ont été abordées dans un certain nombre
d’études, notamment dans des perspectives d’aménagement. Par exemple, dans un tout autre
environnement que celui des flèches littorales, le travail de Rey et Berger (date) a mis en évidence les
avantages de la maîtrise du développement des plantes afin de limiter les risques d’érosion en
montagne.
L’étude présentée dans ce rapport montre notamment que le Crambe maritime a des effets
sur la sédimentation de la flèche littorale du Hourdel, puisqu’il favorise le piégeage du sable à l’échelle
de la période annuelle (mars-juillet) de développement du Crambe. L’hypothèse peut être émise qu’il
participe à plus long terme à l’ensablement du cordon. Cette quantité de sable est d’abord visible en
surface puis s’infiltre en profondeur.
Le cordon subit un ensablement progressif au cours du temps (BELLESSORT et MIGNIOT,
1986 ; MEIRLAND et DUPONCHELLE, 2013). Le Crambe semble favoriser ce phénomène, en
piégeant le sable transporté par le vent. Cet ensablement, qui remplit les trous dus à la sédimentation
grossière, donne plus de cohésion à la flèche et augmente ainsi sa stabilité et donc sa résistance,
notamment face aux agents météo-marins. Par son rôle d’espèce « ingénieur », le Crambe pourrait
donc contribuer à la consolidation du cordon et donc limiter le risque de submersion.
Les résultats de ce travail permettent donc de mettre en évidence les effets du Crambe sur le
cordon, qui pourront s’avérer utiles notamment dans le contexte de gestion des risques de submersion
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7. CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Les littoraux, de par leur position d’interface entre terre et mer, sont au cœur de nombreuses
problématiques de protection des populations. Les conditions particulières auxquelles ils sont soumis
(agents météo-marins) en font également des paysages et des habitats uniques, qu’il est d’autant plus
nécessaire de protéger. Un objet remarquable qui peut naître dans ces milieux est la flèche littorale.
Généralement constituée de sable, elle est plus rarement faite de galets. Ces écosystèmes singuliers
que sont les cordons de galets renferment une faune et une flore rares, et font l’objet de mesures
conservatoires.
En Baie de Somme, le cordon de galets du Hourdel, dont la formation date de 2 500 BP et qui
continue de progresser encore aujourd’hui, en est un exemple. Il constitue une barrière naturelle qui
protège les Bas-Champs des agents météo-marins, limitant entre autre les risques de submersion. Il
abrite notamment le Crambe maritime, espèce pionnière et protégée. Cependant, la dynamique rapide
d’évolution de cette flèche est encore peu connue, à l’instar des effets réciproques de la dynamique
morpho-sédimentaire sur la végétation.
Au cours des vives-eaux, les modifications observées sur le cordon concernent
essentiellement le revers externe du cordon proximal : érosion de la base du cordon située sous le
niveau d’eau maximum atteint par la marée et correspondant soit au départ de sables apportés par les
vents ou les marées précédentes, et/ou au départ de galets, formation d’une berme au-dessus du
niveau d’eau maximum atteint par la marée sous l’effet du jet de rive comme observé par Dolique
(1998).
Les sédiments transportés par le vent correspondent à des sables bien triés, de mode
entre 2.10-3 et 4 kg.m2.h-1. Les flux sont plus élevés sur les zones situées au vent : (i) sur les revers externes et au sommet
des cordons, et (ii) sur le cordon proximal (cordon A), plus proche de la source en sables (estran).
Le Crambe apparaît sur des cordons formés depuis quelques années, au-dessus du niveau
de plus haute mer astronomique. Sur les pas de temps courts, on note que les Crambes facilitent le
piégeage de sable et on peut supposer qu’ils facilitent le maintien de sables sur les cordons et leur
incorporation progressive au sein du cordon. A terme, ils participent à l’ensablement du cordon et
peuvent faciliter l’apparition d’autres espèces, tout en diminuant leur potentiel de développement.
Des améliorations méthodologiques peuvent être apportées pour l’étude des interactions
végétation-sédimentation. En particulier, il serait préférable de suivre les Crambes maritimes situés
sur les revers internes des cordons, où la quantité de sable et l’effet piégeage sont plus importants. La
méthodologie mise en oeuvre pourrait être transposée à l’étude d’autres flèches littorales, y compris
sableuses.
Par son rôle d’espèce « ingénieur », le Crambe pourrait constituer un bon indicateur de
consolidation du cordon et donc limiter le risque de submersion. Dans le cadre des projets
d’aménagement du cordon (e.g. implantation de 24 épis sur la plage de Cayeux-sur-Mer), il est
suggéré que les relevés topographiques et de végétation, demandés selon un pas de temps annuel à
pluriannuel, soient effectués pendant la période annuelle de développement optimal du Crambe.
Plus globalement, les résultats acquis sur le cordon de galets constituent un socle de
connaissance pour toute étude s’intéressant au fonctionnement à pas de temps courts de la cellule
sédimentaire (petits fonds subtidaux, estran sableux, cordon, dune de haut de plage), voire de la Baie
de Somme.
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Page 85
Bérengère DEJEANS, Mém.Ingénieur LaSalle Beauvais –Spécialité Géologie, n° 603, 2013
Annexes
Annexe A. Organigramme du laboratoire M2C
Annexe B. Données de vent de la station Météo-France de Cayeux-sur-Mer
Annexe C. Fiche technique du scanner laser terrestre Leica® ScanStation C10
Annexe D. Etapes et paramètres de conversion des fichiers SHP en RASTER
Annexe E. Panoramas des cordons le 11 juin 2013
Annexe F. Pentes des cordons et localisation des Crambes maritimes sur T1 et T2
Annexe G. Caractéristiques morphologiques des Crabes maritimes le 11 juin 2013
Annexe H : Résultats des barres de sédimentation
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Bérengère DEJEANS, Mém.Ingénieur LaSalle Beauvais –Spécialité Géologie, n° 603, 2013
Figure A.1 : Organigramme du laboratoire M2C (M2C, 2010)
Annexe A : Organigramme du laboratoire M2C
Figure xx : Organigramme du laboratoire M2C (M2C, 2010)
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Bérengère DEJEANS, Mém.Ingénieur LaSalle Beauvais –Spécialité Géologie, n° 603, 2013
Annexe B : Données de vent (MétéoFrance)
Les fréquences ci-dessous sont issues des données de la station MétéoFrance de
Cayeux-sur-Mer.
Tableau B.1 : Synthèse de la provenance et de la vitesse des vents entre le 17 et le 22 mai, obtenue à
partir de 117 mesures (d’après les données MétéoFrance)
Provenance (en °)
Fréquence des vents (%)
>8,0 m.s-1 4,5-7,9 m.s-1
1,5-4,4 m.s-1
N0°
7.69
7.69
7.69
N20°
6.84
6.84
5.98
N40°
7.69
7.69
6.84
N60°
7.69
7.69
5.13
N80°
1.71
1.71
1.71
N100°
0.00
0.00
0.00
N120°
0.00
0.00
0.00
N140°
1.71
1.71
1.71
N160°
0.00
0.00
0.00
N180°
0.00
0.00
0.00
N200°
0.00
0.00
0.00
N220°
0.85
0.85
0.85
N240°
1.71
1.71
1.71
N260°
1.71
1.71
0.85
N280°
5.13
5.13
3.42
N300°
17.09
17.09
13.68
N320°
21.37
21.37
19.66
N340°
0.00
0.00
0.00
Tableau B.2 : Synthèse de la provenance et de la vitesse des vents entre le 15 et le 24 avril, obtenue
à partir de 222 mesures (d’après les données MétéoFrance)
Provenance (en °)
Fréquence des vents (%)
>8,0 m.s-1 4,5-7,9 m.s-1
1,5-4,4 m.s-1
N0°
0.45
0.45
0.45
N20°
0.00
0.00
1.80
N40°
8.11
8.11
5.41
N60°
4.05
4.05
3.15
N80°
0.00
0.00
0.00
N100°
0.90
0.90
0.90
N120°
1.80
1.80
1.80
N140°
1.80
1.80
1.80
N160°
1.35
1.35
0.90
N180°
9.01
9.01
5.86
N200°
7.66
7.66
6.31
N220°
10.36
9.46
4.05
N240°
29.28
22.52
4.50
N260°
13.51
12.16
5.41
N280°
7.66
7.66
3.15
N300°
2.25
2.25
0.90
N320°
0.00
0.00
0.00
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Bérengère DEJEANS, Mém.Ingénieur LaSalle Beauvais –Spécialité Géologie, n° 603, 2013
N340°
0.45
0.45
0.45
Tableau B.3 : Synthèse de la provenance et de la vitesse des vents entre le 24 avril et le 03 mai,
obtenue à partir de 220 mesures (d’après les données MétéoFrance)
Provenance (en °)
Fréquence des vents (%)
>8,0 m.s-1 4,5-7,9 m.s-1
1,5-4,4 m.s-1
N0°
8.64
8.64
6.82
N20°
14.09
14.09
7.27
N40°
12.27
12.27
8.18
N60°
4.55
4.55
3.64
N80°
2.73
2.73
2.73
N100°
0.91
0.91
0.91
N120°
0.00
0.00
0.00
N140°
0.00
0.00
0.00
N160°
0.45
0.45
0.45
N180°
1.36
1.36
1.36
N200°
3.18
3.18
1.36
N220°
6.36
5.91
4.09
N240°
8.18
8.18
7.27
N260°
7.27
7.27
2.73
N280°
7.73
7.73
4.09
N300°
5.00
5.00
2.73
N320°
6.36
6.36
5.91
N340°
0.00
0.00
0.00
Tableau B.4 : Synthèse de la provenance et de la vitesse des vents entre le 22 et le 30 mai, obtenue à
partir de 191 mesures (d’après les données MétéoFrance)
Provenance (en °)
N0°
N20°
N40°
N60°
N80°
N100°
N120°
N140°
N160°
N180°
N200°
N220°
N240°
N260°
N280°
N300°
N320°
N340°
Fréquence des vents (%)
>8,0 m.s-1 4,5-7,9 m.s-1
1,5-4,4 m.s-1
1.05
3.66
2.62
1.05
1.57
3.14
3.14
2.09
2.09
2.62
2.62
4.71
19.37
13.09
14.14
11.52
6.81
0.00
1.05
3.66
2.62
1.05
1.57
3.14
3.14
2.09
2.09
2.62
2.62
4.71
18.85
13.09
14.14
10.99
6.81
0.00
0.00
3.14
2.62
1.05
1.57
2.62
3.14
2.09
1.57
2.09
2.62
4.19
3.14
5.24
4.19
6.81
3.66
0.00
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Annexe C. Fiche technique du scanner laser terrestre
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Figure C.1 : Fiche technique du scanner laser terrestre (Leica Geosystems, 2001)
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Annexe D. Etapes et paramètres de conversion des fichiers SHP en RASTER sur
ArcGIS 10.1
Figure D.1: Etapes de conversion des fichiers sur ArcGIS 10.0
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Annexe E. Panoramas des cordons du Hourdel. Exemples du transect T1 le 11 juin
2013.
Figure E.1: Exemples de panoramas des cordons A et B sur le transect T1, pris le 11 juin 2013
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Bérengère DEJEANS, Mém.Ingénieur LaSalle Beauvais –Spécialité Géologie, n° 603, 2013
Figure E.2 : Exemples de panoramas du cordon C sur le transect T1, pris le 11 juin 2013
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Bérengère DEJEANS, Mém.Ingénieur LaSalle Beauvais –Spécialité Géologie, n° 603, 2013
Figure F.1 : Pentes des cordons et localisation des Crambes maritimes sur T1 (a) et sur T2 (b) au 1 :2 000ème
Annexe F. Pentes des cordons et localisation des Crambes maritimes sur T1 et T2
Figure yy : Pentes des cordons et localisation des Crambes maritimes sur T1 (e) et T2 (b) au 1:2 000ème
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Annexe G. Caractéristiques morphologiques des Crambes maritimes le 11 juin 2013
Tableau G.1 : Caractéristiques morphologiques des Crambes relevées le 11 juin 2013
N°Barre
Avec (A) ou
Sans Crambe
(S)
Hauteur
(cm)
Longueur
(cm)
Largeur
(cm)
A
1
S
N/A
N/A
N/A
T1
A
2
S
N/A
N/A
N/A
T1
A
3
S
N/A
N/A
N/A
T1
B
1
A
33
85
82
T1
B
2
S
N/A
N/A
N/A
T1
B
3
A
48
90
70
T1
B
4
S
N/A
N/A
N/A
T1
B
4 bis
A
45
100
88
T1
B
5
A
30
64
54
T1
B
6
S
N/A
N/A
N/A
T1
C
1
S
N/A
N/A
N/A
T1
C
2
A
43
100
90
T1
C
3
S
N/A
N/A
N/A
T1
C
4
A
33
88
50
T1
C
5
A
17
60
48
T1
C
6
S
N/A
N/A
N/A
T2
A
1
A
15
60
38
T2
A
1
S
N/A
N/A
N/A
T2
A
2
A
43
78
70
T2
A
2
S
N/A
N/A
N/A
T2
A
3
S
N/A
N/A
N/A
T2
A
3
A
10
35
24
T2
B
1
S
N/A
N/A
N/A
T2
B
1
A
49
80
74
T2
B
2
A
45
105
83
T2
B
2
S
N/A
N/A
N/A
T2
B
3
A
31
45
33
T2
B
3
S
N/A
N/A
N/A
T2
C
1
S
N/A
N/A
N/A
T2
C
1
A
19
45
30
T2
C
2
A
6
13
11
T2
C
2
S
N/A
N/A
N/A
T2
C
3
A
40
54
50
T2
C
3
S
N/A
N/A
N/A
T2
D
1
S
N/A
N/A
N/A
T2
D
2
S
N/A
N/A
N/A
T2
D
3
S
N/A
N/A
N/A
Transect
Cordon
T1
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Annexe H : Résultats des barres de sédimentation
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Figure H.1 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation présentant un
Crambe entre le 24 avril et le 03 mai 2013 sur le transect T2
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Figure H.2 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation sans Crambe entre le
24 avril et le 03 mai 2013 sur le transect T2
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Bérengère DEJEANS, Mém.Ingénieur LaSalle Beauvais –Spécialité Géologie, n° 603, 2013
Figure H.52 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation avec Crambe entre
le 17 et le 22 mai 2013 sur le transect T1
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Figure H.53 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation sans Crambe entre
le 17 et le 22 mai 2013 sur le transect T1
Page 101
Bérengère DEJEANS, Mém.Ingénieur LaSalle Beauvais –Spécialité Géologie, n° 603, 2013
Figure H.5 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation avec Crambe entre le
17 et le 22 mai 2013 sur le transect T2
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Bérengère DEJEANS, Mém.Ingénieur LaSalle Beauvais –Spécialité Géologie, n° 603, 2013
Figure H.6 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation sans Crambe entre le
17 et le 22 mai 2013 sur le transect T2
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Figure H.7 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation avec Crambe entre le
22 et le 30 mai 2013 sur le transect T1
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Figure H.8 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation sans Crambe entre le
22 et le 30 mai 2013 sur le transect T1
Page 105
Bérengère DEJEANS, Mém.Ingénieur LaSalle Beauvais –Spécialité Géologie, n° 603, 2013
Figure H.9 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation avec Crambe entre le
22 et le 30 mai 2013 sur le transect T2
Page 106
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Figure H.10 : Variations de la topographie au niveau des barres de sédimentation sans Crambe entre
le 22 et le 30 mai 2013 sur le transect T2
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