CLASSE DE 3e Le triomphe de la Mort, Felix Nussbaum, 1944

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CLASSE DE 3e Le triomphe de la Mort, Felix Nussbaum, 1944
CLASSE DE 3e
Le triomphe de la Mort, Felix Nussbaum, 1944.
Huile sur toile (100 x 150 cm), Felix Nussbaum Haus, Osnabrück (Allemagne).
04 : 14 min
Période historique : XXe siècle
Grand domaine artistique : Arts du visuel
Thématique : Arts, mémoires, témoignages, engagements
I – Contexte
Felix Nussbaum (1904-1944) 00 : 08 min
Promis à une brillante carrière, Felix Nussbaum, peintre juif allemand, a notamment étudié la
peinture classique à Rome. L’arrivée au pouvoir des nazis le pousse à l’exil dès 1933. Il vit
alors en Italie, en France et en Belgique. Arrêté par les Allemands le 10 mai 1940 à
Bruxelles, il est détenu en France dans le camp d’internement de Saint-Cyprien, mais réussit
à s’échapper. À nouveau arrêté le 20 juin 1944, déporté par le dernier convoi parti de
Belgique, il est assassiné avec son épouse à Auschwitz. Les toiles de Felix Nussbaum
reflètent les angoisses et le désespoir d’un homme traqué. Il peint son Autoportrait avec
passeport juif en 1943 et se représente dans Le triomphe de la Mort sous les traits d’un
joueur d’orgue de barbarie.
La Nouvelle Objectivité 01 : 00 min
Felix Nussbaum est ouvert aux courants d’avant-garde de son époque, en
l’expressionnisme et le surréalisme. Il se lie avec les artistes de la Nouvelle
comme Otto Dix, Max Beckmann ou John Heartfield, dont les œuvres
dénonciations de la violence de guerre et de la société qui y conduit. Ils sont,
qualifiés d’« artistes dégénérés » par les nazis.
particulier
objectivité
sont des
à ce titre,
II – Analyse de l’œuvre
Une composition en trois registres 01 : 28 min
Le tableau de Nussbaum est composé de trois registres horizontaux qui entretiennent entre
eux des liens complexes qui donnent le sens de l’œuvre. À l’arrière-plan : un passé
douloureux et un avenir menaçant. Au centre : le Jugement dernier et une danse macabre.
Au premier plan, l’artiste représente la destruction de la connaissance et de l’art.
Un passé douloureux et un avenir menaçant 01 : 51 min
Un ciel lourd, bouché, teinté de rouge et de brun, évoque l’orage et la guerre ; c’est un ciel
de fin des temps. Seules les âmes ou les pensées peuvent s’élever et regarder le désastre
causé par la guerre. La force brutale est traduite par le canon d’un char, un mur et une forêt
détruits. La voiture brisée à droite fait penser aux scènes de l’exode ; elle indique aussi
l’impossibilité d’échapper à cette tragédie. C’est une sorte de transition narrative vers le
deuxième registre.
Jugement dernier et danse macabre 02 : 22 min
Nussbaum s’est représenté au centre de cette scène, sous les traits d’un joueur d’orgue de
barbarie dont la musique semble couverte par les trompettes du Jugement dernier. L’ange
annonciateur de la Mort se penche au-dessus de lui. Comme dans une danse macabre, les
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personnages sont décharnés, mais munis d’attributs qui évoquent leurs fonctions : moines à
gauche, violonistes à droite. Un squelette musicien sort de l’encadrement d’une porte
comme un automate de carillon. Le peintre exprime son désespoir en utilisant deux thèmes
de la peinture religieuse classique qui éclairent le registre inférieur du tableau sur les
destructions.
Destruction de la connaissance et de l’art 03 : 01 min
Ce bric-à-brac d’objets brisés apparaît comme l’étalage de biens dispersés au grand jour par
un bombardement. Dans cette partie du tableau, qui s’apparente à une nature morte, on
retrouve des éléments de culture classique – colonnes, statues, livres, musique,
mappemonde – associés à des objets modernes comme le téléphone ou la partition d’une
chanson de 1937, largement diffusée sur la BBC, « Everything free and easy ». Cet
assemblage incongru, tout comme la statue qui porte un bandage ou le globe qui a perdu
son axe, donne un ton ironique à l’ensemble. Cette ironie peut être perçue comme la
manière dont Nussbaum surmonte la douleur de sa situation.
III – Portée de l’œuvre
La postérité d’un art clandestin 03 : 44 min
Avec l’arrivée des nazis au pouvoir, Nussbaum est stigmatisé comme artiste dégénéré au
même titre qu’Otto Dix, Grosz ou les musiciens de jazz. Pendant la guerre, malgré la
clandestinité, Nussbaum continue de peindre pour témoigner. « Si je meurs, dit-il, ne laissez
pas mes peintures sombrer avec moi, montrez-les aux hommes. »
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