6. Société contemporaine : de la Libération à nos jours

Transcription

6. Société contemporaine : de la Libération à nos jours
44U3HK23, Histoire de la Corée
6. Société contemporaine :
de la Libération à nos jours
Avec la capitulation du Japon le 15 août 1945, en même temps que prenait fin la
Seconde Guerre mondiale, le peuple coréen sortait de 35 ans de colonisation.
Sitôt après la Libération, il fit l’expérience de l’occupation conjointe des ÉtatsUnis et de l’Union soviétique, puis d’un gouvernement militaire. Ensuite,
l’affrontement droite / gauche finit par provoquer la division du territoire et du
peuple avec l’établissement de deux gouvernements indépendants au nord et
au sud.
Les premiers à avoir eu une activité politique après la Libération furent des
socialistes tels que Yò Unhyòng qui organisèrent l’Association pour la
Préparation de la Construction du Pays (Kòn’guk chunbi wiwònhoe), faisant office
de gouvernement de référence, maintenant la stabilité politique et l’ordre social.
Dans les rangs des démocrates, au nom du soutien au gouvernement provisoire
présent en Chine, on s’opposait à l’Association pour la Préparation de la
Construction du Pays et l’on observait la situation politique.
Cependant, les armées américaines stationnées en Corée du Sud ne
reconnaissaient ni la République Populaire de Chosòn (Chosòn inmin konghwa kuk),
continuatrice de l’ex-Association (Kòn’guk chunbi wiwònhoe), ni le gouvernement
provisoire de Corée (Taehan min’guk imsi chòngbu), et avaient proclamé
l’établissement d’un gouvernement militaire unique au sud du 38e parallèle.
Ensuite, en maintenant en l’état le système de l’ancien gouvernement général, ils
avaient permis aux collaborateurs coréens des Japonais de participer au
gouvernement militaire américain et de conserver leurs forces. De plus, les
démocrates, qui attendaient une occasion favorable, constituèrent le Parti
Démocratique de Corée (Han’guk minjudang ou Hanmindang), et, en s’alliant
étroitement
avec
le
gouvernement
militaire
américain,
augmentèrent
progressivement leur influence politique.
L’affrontement droite / gauche refit surface avec le retour en Corée de Yi Sùngman,
qui avait eu une activité aux États-Unis, de Kim Ku et des autres membres
importants du gouvernement provisoire de Shanghai, concurrents de Pak Hònyòng
qui avait reconstruit le Parti Communiste de Corée.
Par ailleurs, au nord du 38e parallèle, où les troupes soviétiques étaient
stationnées, les démocrates regroupés autour de Cho Mansik se trouvaient en
opposition avec quatre factions communistes : la faction qui suivait la ligne de
Pak Hònyòng à l’intérieur du pays, la « faction de Kapsan » : ceux qui étaient
revenus au pays avec les troupes russes comme Kim Ilsòng, la faction soviétique, et
la « faction de Yònyan (Yanan) » qui avait fondé en Chine l’Alliance pour
l’Indépendance de la Corée (Chosòn tongnip tongmaeng). Dans ce contexte, l’accord
de Moscou de décembre 1945, stipulant le contrôle de la Corée par un
gouvernement provisoire extérieur, opposa la droite, qui était contre, à la gauche,
dans une lutte acharnée. À ce moment-là, en Corée du Nord, des démocrates
comme Cho Mansik, opposés à l’instauration d’un gouvernement par un tiers, furent
rejetés par l’Union soviétique. En Corée du Sud, le camp de la gauche, favorable à
1
44U3HK23, Histoire de la Corée
l’accord, perdit le soutien des masses. Par conséquent, la question du
gouvernement de la Corée par un tiers accentua le clivage droite / gauche en
Corée, et fut l’occasion pour chacune des forces de dominer : la droite au Sud
et la gauche au Nord.
D’autre part, en 1946 en Corée du Sud, les droites de Kim Kyusik et d’An Chaehong
tentèrent en vain de se rapprocher de la gauche de Yò Unhyòng. L’échec du
mouvement d’action commune gauche / droite s’explique en grande partie par
le début de la Guerre froide vers la fin de 1947. À partir de là, les États-Unis
renoncèrent à un contrôle politique en Corée et portèrent la question coréenne aux
Nations Unies. Aux Nations Unies fut décidée la tenue d’élections générales, mais
le refus de l’Union soviétique conduisit à la tenue unilatérale d’élections au Sud. Des
figures telles que Kim Kyusik et Kim Ku, inquiètes du risque de pérennisation de la
division nord-sud provoquée par la tenue de telles élections, tentèrent, sans succès,
de mener des négociations nord-sud. Le 10 mai 1948, en l’absence de la faction
favorable aux négociations bilatérales, furent organisées des élections générales
qui virent la victoire de Yi Sùngman et des rangs du Parti Démocratique de
Corée. Ensuite, une cour constitutionnelle fut établie ainsi qu’une constitution,
entérinant le résultat des élections présidentielles ; ainsi, le 15 août 1948, fut
proclamé l’établissement d’un gouvernement coréen.
Par ailleurs, en Corée du Nord, Kim Ilsòng, sous le tutorat de l’armée soviétique,
écarta les démocrates et le courant communiste autochtone, s’allia ensuite avec les
factions « soviétique » et « de Yanan », prit le pouvoir, si bien qu’en septembre
1948 fut établie la République Populaire Démocratique de Corée (Chosòn
minjujuùi inmin konghwaguk).
La division et l’antagonisme nord-sud provoquèrent finalement la Guerre de
Corée. Au Nord, à la Libération, les forces militaires, épaulées par l’Union soviétique,
étaient puissantes ; avec l’établissement d’un gouvernement, la communisation de la
Chine et la position américaine, un contexte favorable à l’invasion de la Corée du
Sud se développa et celle-ci se produisit le 25 juin 1950.
Séoul tomba au bout de trois jours, et les forces militaires de la Corée du Nord,
supérieures en nombre, occupèrent l’ensemble de la péninsule à l’exception de l’île
de Cheju et d’une partie de la province du Kyòngsang. Toutefois, avec l’entrée
d’une armée de l’ONU dans le conflit, le rapport des forces s’inversa et les
armées sud-coréennes progressèrent vers le nord jusqu’au fleuve Yalu. Avec
l’entrée des armées communistes chinoises dans la guerre, la ligne de front se
fixa aux environs du 38e parallèle. Finalement, au bout de trois ans, une
armistice fut conclue, la ligne de front devenant la ligne d’armistice.
Cette guerre provoqua non seulement des pertes considérables en vies
humaines, au Nord comme au Sud, ainsi que des dommages matériels (bâtiments,
routes, installations industrielles...), mais aggrava également les tensions à l’intérieur
de la nation coréenne, accentuant d’autant la division du pays, pour arriver à un
point de non-retour.
Après la guerre, le Sud et le Nord se livrèrent à une concurrence économique
pendant leur reconstruction respective, processus au cours duquel se mirent
en place des systèmes dictatoriaux dans les deux États.
2
44U3HK23, Histoire de la Corée
Le pouvoir de Yi Sùngman était dépourvu d’une solide base de soutien. Il avait
conservé en son sein des éléments collaborateurs de l’époque coloniale, maintenus
en place par le gouvernement militaire américain, et, de plus, était incapable de
mener à bien une politique économique, ne parvenant pas notamment à mettre en
oeuvre correctement les réformes agraires, augmentant le mécontentement de la
population. Aux deuxièmes élections législatives, qui avaient eu lieu juste avant la
guerre, les soutiens de Yi Sùngman avaient subi un cuisant échec et une grande
partie des candidats non-inscrits l’avaient emporté.
Cependant, Yi Sùngman, au nom de l’anti-communisme prôné pendant la guerre,
avait renforcé son système dictatorial. En 1952, lorsqu’il quitta la capitale pour
aller se réfugier à Pusan, il fonda le Parti Libéral (chayu tang) et suscita des remous
politiques, de sorte que fut adopté l’amendement à la constitution pour l’adoption
d’un nouveau système d’élections présidentielles qui lui permit d’obtenir un deuxième
mandat. En 1954, en réformant la constitution pour supprimer la limite des deux
mandats présidentiels, Yi Sùngman put encore être réélu à un troisième et à un
quatrième mandat en 1956 et 1960. En outre, pour se maintenir, Yi Sùngman et le
gouvernement du Parti Libéral avaient mobilisé les forces policières aux élections
présidentielles ainsi qu’aux législatives et avaient réprimé les partis d’opposition. De
telles mesures ne pouvaient que susciter la déception et la colère d’une population
en attente de démocratie, si bien qu’au moment des élections présidentielles du
15 mars 1960, éclata la Révolution d’avril (sawòl hyòngmyòng).
Par ailleurs, au Nord également, après la Guerre de Corée, s’était renforcée la
dictature de Kim Ilsòng. Ainsi, à partir de 1951, avaient débuté les purges dans les
rangs du Parti Communiste du Sud (Namno tang), et, en 1955, avec l’application des
peines des camps anti-constitutionnels, les communistes du Sud furent éliminés. En
1956, suite à la critique du stalinisme en Union soviétique, les factions communistes
« Yanan » et « soviétique » occupèrent une position centrale, leur permettant de
commencer à critiquer le régime dictatorial de Kim Ilsòng, occasion saisie par le
dictateur pour supprimer la plupart d’entre eux. À partir de ce moment-là, en Corée
du Nord, le culte de la personnalité de Kim Ilsòng fut hautement célébré et la
pensée autonomiste du chuch’e (chuch’e sasang) commença à apparaître.
La Révolution d’avril provoqua l’effondrement du pouvoir du Parti Libéral. Pendant
le gouvernement de transition fut réalisée la réforme de la constitution pour
l’instauration d’un système de cabinet ministériel (naegak ch’aeg’im che). Le
pouvoir du Parti Démocratique fut établi par des élections, donnant naissance à la
Deuxième République, avec Yun Posòn comme président et Chang Myòn
comme Premier ministre.
Toutefois, au sein du Parti Démocratique, l’opposition entre les conservateurs et les
progressistes provoqua des troubles politiques, ne permettant pas de prendre des
mesures énergiques pour satisfaire les aspirations révélées par la Révolution d’avril
et pour corriger les irrégularités et les incohérences du pouvoir précédent. Les
étudiants et les citoyens mécontents sortirent de nouveau dans la rue manifester de
manière continuelle. Ces troubles sociaux étaient l’expression de l’aspiration à la
démocratie des citoyens, mais ils n’aboutirent à rien parce qu’il n’existait pas de force
politique susceptible de répondre à leurs attentes.
3
44U3HK23, Histoire de la Corée
Finalement, profitant de cette situation confuse, le 16 mai 1961, un coup d’État
militaire mit fin à la Deuxième République. Les principaux instigateurs de ce coup
d’État, Pak Chònghùi et Kim Chongp’il, mirent sur pied un gouvernement
militaire.
En 1963, après avoir fait passer un amendement constitutionnel instaurant un régime
présidentiel, ceux-ci fondèrent le Parti Démocratique Républicain (minju
konghwa tang) et ordonnèrent la tenue d’élections présidentielles et législatives. À
ces élections, Pak Chònghùi du Parti Républicain l’emporta devant Yun Posòn du
parti d’opposition, le Parti Populaire (minjòng tang), devenant ainsi le cinquième
président de la République. Sa victoire confortée aux législatives, il établit un
gouvernement du Parti Républicain, et fonda ainsi la Troisième République. Ce
gouvernement se heurta à la contestation des partis de l’opposition, mais aussi aux
étudiants et aux intellectuels, au sujet d’accords de coopération avec le Japon (Hanil
hyòpchòng) et du problème de l’envoi de soldats au Viêt-Nam. Il proclama alors l’état
d’urgence et réprima les opposants, menant ainsi à la dictature.
En dépit de la critique et de la résistance rencontrées, les résultats considérables
enregistrés en matière de croissance économique conféraient une forme de
légitimité au gouvernement. Fort de ces résultats, Pak Chònghùi remporta de
nouveau les élections présidentielles de 1967 devant Yun Posòn, candidat du
Nouveau Parti Populaire (Sinmin tang). En 1969, il réforma de force la constitution en
vue de briguer un troisième mandat. Aux élections présidentielles de 1971, il fut
réélu à l’issue d’une lutte acharnée avec Kim Taejung, le candidat du Nouveau Parti
Populaire. Pour pérenniser son pouvoir, le président mit en oeuvre la “politique du
Renouveau” (yusin) en octobre 1972, au nom de “l’enracinement de la démocratie
coréenne”. Il proclama un état d’urgence extraordinaire et fit adopter sa réforme
constitutionnelle du yusin par un vote des citoyens, en vue de la fondation de
l’Assemblée Nationale Autonome pour la Réunification (T’ongil chuch’e kungmin
hoeùi), rendant possible, en 1978, sa quatrième élection et l’instauration de la
Quatrième République.
Un puissant mouvement pour la démocratisation du pays, opposé au yusin,
organisa de grandes manifestations à Pusan et à Masan en 1979. Ce fut au plus
haut du mécontentement politique et social que survint l’événement du 26 octobre :
l’assassinat de Pak Chònghùi (sip.iryuk sat’ae) par Kim. Chegyu, chef du Service
National des Renseignements, mettant un coup d’arrêt au yusin, ainsi qu’à 18
années de pouvoir.
Malgré le caractère anti-démocratique du gouvernement du Parti Républicain, celuici avait obtenu des résultats en matière économique. Après le coup d’état militaire,
furent appliqués quatre plans quinquennaux qui permirent à l’économie
coréenne de connaître une croissance remarquable. Cependant, comme les
efforts portaient seulement sur la croissance et négligeaient la question de la
répartition des richesses, ils augmentèrent les disparités entre riches et pauvres,
provoquant des tensions entre classes sociales, point de départ de nombreux
problèmes sociaux.
4
44U3HK23, Histoire de la Corée
En outre, la politique de développement centrée sur l’industrie provoqua le retard
des campagnes. De plus, la politique menée par le gouvernement avait grandement
altéré le caractère indépendant du domaine populaire. Le niveau trop élevé de
dépendance au commerce de l’économie d’État eut pour résultat d’affaiblir la
structure de l’économie.
Le gouvernement du Parti Républicain, s’appuyant sur la croissance, avait mené une
politique active vis-à-vis de la Corée du Nord en vue de la réunification.
D’abord, dans la Déclaration du 15 août 1970, il avait proposé de rapprocher par
étapes les deux États. En 1972, s’ouvrirent des pourparlers entre Croix-rouge du
Nord et du Sud, et fut adoptée la déclaration commune du 4 juillet. Par la suite, le
dialogue échoua, mais, en 1974, le gouvernement sud-coréen proposa un accord de
coopération et de non-agression. En 1979, ce dernier demanda des discussions
directes sur le problème de la réunification en réunissant autour d’une même table
les deux Corée ainsi que des pays concernés.
Par ailleurs, en Corée du Nord, sitôt après la mise en application au Sud de la
politique du yusin, fut définie une constitution socialiste insistant sur la pensée dite
du chuch’e, renforçant la dictature de Kim Ilsòng et le culte de la personnalité dont il
faisait l’objet. En 1980, avec la recomposition du pouvoir, le propre fils aîné de Kim
Ilsòng, Kim Chòng’il, fit son apparition sur la scène politique, devant aboutir à
une transmission héréditaire du pouvoir.
Au Sud, après l’assassinat de Pak Chònghùi, Ch’oe Kyuha fut nommé dixième
président de la République et eut la tâche de constituer un cabinet ministériel de
crise. Pendant ce temps, dans tous les domaines de la société s’éleva l’exigence
populaire de suppression des forces restantes du yusin, et de démocratisation rapide
du pays. C’est dans un tel contexte, qu’à Kwangju la résistance s’organisa, en
mai 1980, de sorte que le gouvernement étendit l’état d’urgence et envoya l’armée.
Après avoir durement réprimé le mouvement, l’État mit en place « l’Assemblée pour
des mesures extraordinaires de protection de l’État » (Kukka powi pisang taech’aek
wiwònhoe), dont le président Chòn Tuhwan prit aussitôt le pouvoir. Ce dernier fut
élu onzième président de la République par l’Assemblée Populaire Autonome
pour la Réunification (T’ongil chuch’e kungmin hoeùi). Ensuite, fut adopté par les
urnes un projet de constitution instaurant mandat présidentiel court.
Aux élections présidentielles de février 1981, par un système de grands
électeurs, Chòn Tuhwan, candidat du Parti de la Démocratie et de la Justice (minju
chòngùi tang, abrégé en minjòng tang), fut élu douzième président de la
République. Ainsi, le nouveau gouvernement de la Cinquième République, avec
pour mot d’ordre la construction d’un État démocratique juste, afficha à son
programme des réformes structurelles volontaires. En ce qui concerne la politique
économique, il s’employa avec succès à favoriser la croissance, à stabiliser les prix,
et à augmenter les exportations. De plus, par une politique diplomatique active, il
renforça la position de la Corée sur le plan international, dont l’expression la plus
évidente fut les Jeux Asiatiques de 1986 et l’organisation des Jeux Olympiques
en 1988.
Cependant, dans un contexte de malversations des membres de la famille du
président et d’aggravation des liens entre le politique et l’économie, furent révélés
5
44U3HK23, Histoire de la Corée
des faits de corruption à grande échelle dans le milieu des banques, tandis que la
demande de démocratisation des intellectuels se poursuivait dans le milieu
enseignant et dans les partis d’opposition. En juin 1986, les manifestations
populaires pour la démission du gouvernement militaire, pour la démocratisation et
pour un système de suffrage universel direct, se répandirent dans tout le pays, si
bien que le candidat à la présidentielle No T’aeu du Parti de la Démocratie et de la
Justice, fit, le 29 juin, une déclaration en faveur d’une réforme de la constitution
pour l’élection au suffrage universel direct.
Après la réforme, des élections eurent lieu opposant deux candidats de l’opposition :
Kim Yòngsam, le candidat du Parti Démocratique pour la Réunification (T’ongil minju
tang ou minju tang), à Kim Taejung, candidat du Parti Démocratique pour la Paix
(p’yònghwa minju tang ou p’yòngmin tang) - qui avaient échoué dans leur tentative
de candidature unique de l’opposition -, et dont sortit finalement vainqueur No
T’aeu, treizième président.
Toutefois, aux élections législatives qui suivirent, le Parti de la Démocratie et de
la Justice, ne parvint pas à obtenir la majorité absolue des sièges, de sorte que
l’Assemblée nationale était gérée par un système quadripartite, avec, en plus, le
Parti Démocratique pour la Paix et le Parti Républicain pour la Nouvelle Démocratie
(Sinminju konghwa tang ou konghwa tang). Cela bloqua la dictature du parti au
pouvoir et constitua une opportunité pour mettre en oeuvre une politique de
démocratie parlementaire, mais comme chaque parti avait sa base de soutien dans
une province, cela exacerba le sentiment régionaliste, ajoutant son lot de
problèmes politiques et sociaux.
Le gouvernement de la Sixième République exprima la volonté de réaliser des
réformes et, en premier lieu, de rendre injustifiée la critique de “gouvernement
militaire” dont il était taxé jusqu’alors. Il mit en oeuvre une politique démocratique
(mingan chudo hyòng), s’efforçant d’établir une concorde nationale en éliminant les
sentiments régionalistes, prônant la recherche du progrès économique et de la paix
sociale.
Le succès des Jeux Olympiques de 1988 à Séoul fut une occasion historique
de renforcer le crédit du pays, et de grands résultats furent obtenus dans le domaine
diplomatique dans les relations avec les pays communistes (Chine, l’Union
soviétique et pays d’Europe de l’Est). Dans les années 1990, les partis Minjòng,
Minju, et Républicain fusionnèrent pour donner naissance à un grand parti au
pouvoir, le Parti Démocratique Libéral (minju chayu tang ou minja tang), qui, avec
le Parti Démocratique pour la Paix mit en application un système d’autonomie des
provinces.
Cependant, la Sixième République, depuis son lancement, n’a pas su mettre
complètement fin aux irrégularités politiques et sociales de la Cinquième République,
si bien que la demande de démocratisation par la société civile (enseignants et partis
d’opposition) n’est pas assouvie. Les revendications des travailleurs se sont
exprimées violemment et les conflits entre les syndicats et le patronat sont
incessants, autant de problèmes à résoudre.
6