essentiels - Médiathèque Lucien Herr
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essentiels - Médiathèque Lucien Herr
essentiels Les > LES ESSENTIELS 2007 La sélection littérature et musique de la médiathèque Sommaire PAGE 3 Littérature Romans et BD Il en est des livres comme du feu dans le foyer. On va le prendre chez le voisin on l’allume chez soi, on le communique à d’autres et il appartient à tous. Voltaire Les essentiels de l’équipe Les pages des libraires 14 PAGE Musique Les essentiels de l’équipe 16 PAGE Littérature jeunesse Albums, romans, contes, BD Les essentiels de l’équipe La page du libraire La vision du monde que révèlent ces mots du philosophe de Ferney doit être, aujourd’hui plus que jamais, défendue par tous ceux qui veulent que brille encore un peu cet esprit des Lumières. Littérature, musique, cinéma, multimédia, tous ces champs ouverts de la culture requièrent une démarche personnelle. Oui, il faut savoir prendre un peu de temps, partir en quête de ce « feu », l’enrichir de sa propre flamme et diffuser autour de soi la chaleur procurée. Culture n’est pas un gros mot. C’est en l’utilisant sans ostentation, mais sans honte, que l’on réaffirme qu’elle appartient à tous. La médiathèque offre cette ouverture vers tous les imaginaires et un accès aux savoirs pour chacun et chacune. Les essentiels sont une sélection annuelle de l’équipe destinée à valoriser ce qui nous semble le meilleur, ce qui reste après lecture et écoute de beaucoup de titres. C’est aussi une volonté de lutter contre le consumérisme. A l’heure où les grandes surfaces s’autoproclament « espaces culturels », où les chaînes publiques font peu de place aux émissions dédiées à la littérature, au cinéma, à la musique de qualité, nous, bibliothécaires, mais aussi les libraires et éditeurs qui ont avec enthousiasme contribué à cette publication, nous efforçons de faire un travail d’orpailleur : debout, parfois à contre-courant, nous manions le tamis sans relâche pour repérer parmi des tonnes de cailloux les rares pépites qui valent quelque chose et dont l’éclat récompense de tous ces efforts. Les essentiels sont ces quelques pépites… Les essentiels de l’équipe Nancy HUSTON Actes Sud, 2006 – 487 p. Nancy Huston s’inspire d’un fait historique peu connu, la « germanisation » forcée d’enfants de l’Est, pour retracer le destin de l’une de ces fillettes. Un destin lu à rebours à travers quatre générations, quatre voix d’enfants, et autant de failles… Étonnement et éblouissement nous guettent devant une telle construction narrative, N. Huston parvient à mêler l’Histoire au vécu intime de chaque personnage, à nous interroger aussi sur la fausse innocence de nos six ans, et c’est extraordinaire. À lire du même auteur, Dolce Agonia, et dans le même genre, A la vitesse de la lumière, de Javier Cercas. > La maison Tudaure Caroline SERS Buchet Chastel, 2006 - 219 p. L’action se déroule dans un petit village, isolé et refermé sur lui-même. Au cœur de la forêt avoisinante, une maison abandonnée, celle des Tudaure, attire l’attention de Claude, un jeune homme que tous trouvent un peu étrange. Il est fasciné par cette maison au point d’y pénétrer, de nuit, à l’insu de tous… Ce roman construit comme un policier se termine de manière impromptue, avec une pointe d’humour. Les Carnets Littéraires des Éditions l’Estuaire Cette collection de courts romans inédits illustrés par des artistes contemporains est un genre nouveau à découvrir. Nouveau, parce que remettant en question la lecture dans ses rythmes et ses codes, l’acte de création ayant lui-même été modifié par la rencontre particulière d’un écrivain et d’un artiste. > Le serrurier volant Tonino BENACQUISTA Ill. par Jacques Tardi. L’Estuaire, 2006 – 142 p. (Les Carnets Littéraires). Suite à l’attaque de son camion blindé, la vie de Marc va être transformée. Après une longue convalescence de convoyeur de fonds, il choisit de devenir serrurier volant… Volant, pour être maître de son temps, et parce qu’il ne peut pas imaginer refaire équipe avec d’autres. Les dessins limpides de Tardi ponctuent ce roman noir plutôt optimiste: tout peut s’ouvrir, les âmes et les cœurs aussi… Également disponibles > Fratelli Jean-Bernard POUY Ill. par Joe G. Pinelli. 2006. > L’homme de septembre Francis DANNEMARK LITTÉRATURE > Lignes de faille Dépasser la blessure intime pour s’ouvrir au monde Ill. par Cris de Becker ; phot. Yves Fonck. 2004. 3 La part d’ombre du chercheur de lumière Les essentiels de l’équipe > L’impasse Antoine CHOPLIN LITTÉRATURE La Fosse aux ours, 2006 - 153 p. Dans une ville assiégée, en ruines, en Tchétchénie ou ailleurs, des soldats traquent les survivants d’une population, tels Timour et sa famille qui se terrent au fond d’une impasse. Des trois militaires qui investissent la rue, deux sont d’une violence inouïe. Le troisième, Oleg, athlète de 20 ans qui rêve des jeux olympiques, est projeté par hasard dans un conflit qu’il ne comprend pas. Timour rencontre Oleg. L’occupant et l’occupé. Le soldat et le civil. Leur jeunesse, leur innocence font éclater ces barrières, leur parenthèse de paix se fera dans la bibliothèque, autour d’une sculpture de Giacometti, d’une partie d’échecs ou sur le stade… Preuve que l’humanité subsiste au cœur de l’innommable. > La véranda Robert ALEXIS José Corti, 2007 – 158 p. Un homme qui a consacré sa vie aux voyages trouve un curieux ancrage dans une villa autrichienne aperçue par la vitre d’un train… L’écriture et l’atmosphère de ce récit envoûtant évoquent Zweig, Mann… R. Alexis est pourtant un jeune auteur lyonnais dont on sait peu de chose, sauf qu’il aime Traven… un lien avec la page suivante. > Les oubliés Christian GAILLY > Je voudrais tant que tu te souviennes Ed. de minuit, 2007 – 141 p. Dominique MAINARD L’écrivain et ancien jazzman évoque, à travers cette histoire de deux journalistes chargés d’une chronique « que sontils devenus? », les artistes laissés-pour-compte de la postérité. Une écriture sobre, dans le lignage d’Echenoz. Joëlle Losfeld, 2007 – 248 p. Après Leur histoire , voici un autre récit sensible de D. Maynard, qui met en scène des personnages à la marge 4 du réel. Une adolescente au destin écrit par la tradition familiale crée un lien fort avec Mado, femme vieillissante et fragile, poupée de porcelaine à la chevelure rousse, que le handicap a confiné dans la passion étrange de photographier le sol, le minuscule, le rien. Arrive dans la ville un jeune homme qui va sans le vouloir casser ce lien, attirant, lui le funambule suspendu entre ciel et terre, le regard de Mado, qui se redresse enfin… Un roman touchant, pudique. Être né quelque part est toujours un hasard Les essentiels de l’équipe L’énigme B. Traven « Ma patrie est là où je suis, où personne ne me dérange, où personne ne me demande qui je suis, d’où je viens et ce que je fais. » Tierra y libertad Fidèle à ses idéaux de liberté absolue et à ses premiers écrits anarchistes, B. Traven prend fait et cause au Mexique pour le peuple indien du Chiapas. Un engagement sur fond de révolution mexicaine, qui se traduira par une écriture forte et lumineuse, défendant sans relâche le prolétaire et l’opprimé, l’homme ordinaire confronté au capitalisme et à la violence du colonisateur. Auteur d’une œuvre remarquable traduite dans le monde entier, Traven demeure peu connu en France. Pour Le cycle de Caoba, œuvre majeure dans la littérature mexicaine de Traven, seuls La charrette et La révolte des pendus ont été traduits à ce jour. Un auteur et un homme à (re)découvrir à l’occasion de récentes parutions, en commençant par B.Traven, portrait d’un anonyme célèbre, biographie passionnante mise en planches par Golo (Futuropolis, 2007 - 140 p.) Également disponibles > La révolte des pendus B. TRAVEN Trad. de l'anglais par A. Lehman. La Découverte, 2004 – 302 p. (Cultes fictions). > Le chagrin de saint Antoine : et autres histoires mexicaines B. TRAVEN Trad. de l'allemand par P. Vandenberghe. La Découverte, 2006 – 110 p. (Cultes fictions). > Le pont dans la jungle B. TRAVEN Trad. de l'allemand par R. Simon. Gallimard, 2004 – 253 p. (La Noire). > À la recherche de B. Traven Jonah RASKIN LITTÉRATURE Comment ne pas raccrocher ces mots du héros du Vaisseau des morts à la propre existence de B. Traven, sans doute le plus grand mystère littéraire du 20e siècle? Rare certitude, l’écrivain de langue allemande et aux multiples pseudonymes émigre au Mexique en 1924, à la chute de la dictature de Porforio Diaz. Le vaisseau des morts , témoignage de ses années d’errance précédentes, connaîtra dès 1926 un succès immédiat. Son second roman, le Trésor de la Sierra Madre, sera porté à l’écran par John Huston en 1947. Trad. de l'anglais (États-Unis) par V. Girard. Les Fondeurs de briques, 2007 – 311 p. 5 L’homme y passe à travers des forêts de symboles Les essentiels de l’équipe > La décimation Rick BASS Trad. de l'anglais (États-Unis) par A. Wicke. Bourgois, 2007 – 268 p. LITTÉRATURE 1836, la République indépendante du Texas est proclamée. Deux jeunes paysans, lassés de la « paix bucolique », s’engagent dans une milice qui fait régner la terreur sur la frontière mexicaine. Arrêtés et envoyés dans la plus terrible des prisons mexicaines, ils vont connaître la faim, la soif et l’impitoyable loi du diezmo. Rick Bass pose avec ce western politique la question du sens de la guerre dont il décrit la violence sans détours, tout en gardant un œil contemplatif sur les beautés de la nature. 6 > Indian creek : un hiver au cœur des rocheuses Pete FROMM Trad. de l'anglais par D. Lagae-Devoldère. Gallmeister, 2006 – 265 p. En quinze jours Pete Fromm passe de sa vie d’étudiant à celle « d’homme des bois ». Installé sous une tente au cœur des Rocheuses sur les bords de l’Indian Creek, il a pour mission de surveiller des œufs de saumon pendant quelques mois. L’hiver s’installe et l’isole. Des longues heures de solitude, à couper du bois, réfléchir, écrire, chasser… Et on se surprend à rêver de vivre une telle expérience, aussi proche de la nature, de connaître ce sentiment de liberté, de légèreté… > Le chemin des âmes > Pas facile de voler des chevaux Joseph BOYDEN Per PETTERSON Trad. de l’anglais (Canada) par H. Leroy. Albin Michel, 2006 – 391 p. (Terres d’Amérique). 1919 : Niska, une vieille Indienne Cree du Canada, attend sur un quai le retour du dernier de ses proches, un soldat rescapé de la sanglante bataille de Vimy, désormais l’ombre de lui-même. À bord du canoë qui les ramène chez eux, il revit en transe ces mois de cauchemar. Selon la croyance indienne, il faut trois jours à l’âme pour aborder l’au-delà, trouver le salut, trois jours… le temps qu’il faut pour lire le souffle coupé ce magnifique premier roman. Trad. du norvégien par T. Sinding. Gallimard, 2006 – 247 p. À 67 ans, Trond Sander quitte Oslo pour un village de la frontière suédoise et une vie qu’il souhaite dénuée de tout. Mais « pas facile » d’oublier lorsque les questions se bousculent encore… Contre toute attente, une rencontre le ramène à l’été de ses 15 ans et aux ombres de son passé. Preuve de la vitalité de la littérature scandinave, ce roman est un hommage à la nature et aux saisons de la vie… Réussi. Les essentiels de l’équipe > Chansons d’amour au Lolita’s club > À la vitesse de la lumière Juan MARSE Trad. de l’espagnol par E. Beyer et A. Grujicic. Actes sud, 2006 - 286 p. Dans ce nouveau roman aux allures de polar, Marsé quitte l’Espagne franquiste pour nous plonger dans la Barcelone des faubourgs, des règlements de compte et de l’ETA. Deux frères, le flic alcoolique et le simple d’esprit, un bar à filles… tout va se jouer très vite dans un huis clos sans issue. > La vie est un caravansérail. Elle a deux portes. Par l’une je suis entrée, par l’autre je suis sortie. Emine Sevgi OZDAMAR Trad. de l’allemand par C. Kowalski. Ed. Zoé, 1997 - 307 p. (Littératures d’émergence). Un récit dense où l’auteur raconte avec humour et sensibilité son enfance en Anatolie puis à Istanbul dans la Turquie des années cinquante. C’est la vie de tous les jours avec les rituels du quotidien, les femmes omniprésentes, leurs humeurs, leurs peines, leurs désirs… C’est un véritable plaisir de lire Emine Sevgi. On tombe tout de suite sous le charme de ce récit ponctué de comptines, de chansons de son enfance et de proverbes ou maximes qui l’ont guidée. Javier CERCAS Voici un roman simple à lire mais profond. Le narrateur, étudiant espagnol indécis qui a des prétentions à devenir écrivain, quitte Barcelone pour un poste d’assistant dans une université américaine. Là, la rencontre de Rodney, enseignant taciturne, vétéran du Vietnam, va bouleverser sa vie entière. Les discussions littéraires et les conseils en écriture jalonneront cette étrange relation. « Il est impossible de survivre dignement au succès », lui dit Rodney, évoquant l’exemple d’Hemingway. La suite lui donne-t-elle raison ? À la vitesse de la lumière, la vie enchaînera pour l’écrivain gloire, drame, désespoir, culpabilité, recherche de l’ami perdu, retour sur la tragique guerre du Vietnam, et quête d’une raison de vivre. Au bout du compte, la littérature n’est-elle pas salvatrice, seule ressource capable d’affronter les réalités de ce monde ainsi que les forces obscures qui sont en chacun de nous ? LITTÉRATURE Trad. de l'espagnol par J-M. Saint-Lu. Bourgois, 2006 - 303 p. Celui qui n’est pas occupé à vivre est occupé à mourir 7 Il est étrange et séduisant de servir de port quand on se sait embarcation Les essentiels de l’équipe > Tworki Marek BIENCZYK LITTÉRATURE Trad. du polonais par N. Véron. Denoël, 2006 – 270 p. 8 Aujourd’hui encore, en Pologne, on dit des esprits dérangés qu’ils « sont bons pour Tworki ». Cet hôpital psychiatrique fut pendant la guerre un asile… de fous, certes, mais asile refuge surtout, en ce temps où la folie du monde était bien pire. Jurek, « blanc-bec, saucisson sec », y est embauché, et découvre les « pyjamas », « siphonnés, araignée dans le plafond », les « blouses blanches », et les comptables. Parmi eux… la demoiselle en fleurs, Sonia… qui aime Olek. Alors Jurek regarde Janka… Soucis ordinaires de jeunes gens, qui vont par leur innocence se préserver le plus longtemps possible une enclave de bonheur, oubliant que le monde devient « Tworki, partout Tworki! ». Une écriture magnifique, inventive et drôle, transcendant la gravité historique. > Soudain dans la forêt profonde Amos OZ Trad. de l’hébreu par S. Cohen. Gallimard, 2006 – 117 p. La magie des mots opère dès les premières pages, le mystère s’installe, tout devient étrange, incertain… Pourquoi dans ce village tous les animaux ont-ils disparu ? Une légende raconte qu’un démon les aurait enlevés et emmenés dans la forêt mais deux enfants du village, veulent connaître la vérité et décident de pénétrer dans la forêt interdite… Très beau conte sur l'exclusion, les vertus de l'innocence, et les pouvoirs de la mémoire et de la parole. > Servir le peuple Lianke YAN Trad. du chinois par C. Payen. Picquier, 2006 – 188 p. D’une grande ferveur révolutionnaire, Wu Dawang ferait tout pour « servir le peuple », selon la célèbre injonction de Mao Ze-Dong. Tout… jusqu’à céder aux avances de la femme de son colonel en son absence. Récit d’une folle passion charnelle, Servir le peuple dénonce l’impossible liberté dans un pays d’hypocrisie et de mensonges. Une romance à tel point politiquement incorrecte que le livre a été interdit en Chine dès sa publication. > La multitude errante Laura RESTREPO Trad. de l’espagnol (Colombie) par F. Prébois. Calmann-Lévy, 2001 - 133 p. Une histoire poignante qui parle de tous les réfugiés du monde entier, victimes des guerres civiles, ceux qui ont « traversé le miroir pour pénétrer dans l’envers de la réalité, à l’ombre de la chétive patrie officielle, l’incommensurable continent clandestin des parias ». Les essentiels de l’équipe > Le phare > La couleur bleue P.D JAMES Jörg KASTNER Trad. de l’anglais par O. Demange. Fayard, 2006 – 427 p. Trad. de l’allemand par O. Mannoni. J.-C. Lattès, 2006 – 518 p. Combe Island abrite une fondation destinée à permettre à des personnalités de premier plan de venir jouir de la quiétude de ce lieu coupé du monde. L’un de ses habitants, Nathan Oliver, est retrouvé mort. Le commandant Dalgliesh mène une très discrète enquête, pour résoudre ce qui, il en est vite convaincu, est bel et bien un meurtre. Lecture idéale pour ceux qui se délectent de l’atmosphère des huis clos de la littérature policière… Les amateurs d’intrigues mêlant histoire de l’art et suspense seront ravis : les voilà dans l’Amsterdam du XVIIe siècle., Siècle d’or des grands peintres: Vermeer, Rembrandt, etc. Ce dernier, à l’époque du récit, est retombé dans l’oubli. Un jeune peintre, admirateur du Maître, devra dénouer les fils d’une sombre histoire de tableaux peints d’une mystérieuse couleur bleue, au risque de se faire enfermer dans la Rasphuis, célèbre prison d’Amsterdam. Mais les beaux yeux de Cornelia, fille de Rembrandt, valent bien ce risque! Boris STARLING Trad. de l’anglais par P. Vigneron. L’Archipel, 2006 – 581 p. Au lendemain du putsch manqué de 1991, Moscou vit à l’heure des règlements de comptes entre mafias russe et tchétchène. Se déroulant sur cent jours au cœur de l’hiver moscovite, ce thriller nous plonge dans une intrigue au suspense très soutenu et donne à voir, sous un angle inédit, la naissance de la Russie actuelle. > Millenium 1 : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes. Stieg LARSSON Trad. du suédois par L. Grumbach et M. de Gouvenain. Actes sud, 2006 - 575 p. (Actes noirs). Pour ceux qui aiment se plonger dans une très longue histoire, voici un gros polar qui est le premier volet d’une trilogie. Du très noir, des personnages sympas, un huis clos mystérieux sur une île… Vite, la suite! > La voix Arnaldur INDRIDASON Trad. de l’islandais par E. Boury. Métailié, 2007 - 330 p. (Noir). Fans inconditionnels de l’islandais Indridason, nous vous recommandons les yeux fermés (pas trop !) ce troisième titre, après La femme en vert et La cité des jarres. LITTÉRATURE > Vodka Noir comme le négatif photo de nos sociétés 9 Éditer n’est pas produire mais transmettre Les essentiels de l’équipe LITTÉRATURE A p p ré c i a n t p a r t i c u l i è re m e n t le catalogue de l’éditrice Viviane Hamy, nous avons sollicité un entretien pour comprendre comment s’élabore une politique éditoriale. 10 V. Hamy, c’est une maison d’édition, mais c’est d’abord le nom d’une femme. Qui êtes-vous Viviane Hamy, et comment vous êtes-vous lancée dans cette aventure en 1990 ? Dès l’instant où j’ai mis le pied dans l’édition, j’ai su que j’aurais un jour ma maison pour faire naître des auteurs et pousser des livres. J’aurais aimée être avocate, mais quand j’ai mesuré l’abîme qui existait entre le droit et le Justice, je me suis dit que je ne tiendrais pas, parce qu’au fond je suis une idéaliste. J’ai créé ma maison d’édition après avoir travaillé 10 ans avec d’autres éditeurs, et après avoir démissionné 5 fois ! J’en avais assez de la spécialisation, de l’enfermement de chacun dans le poste qui lui était assigné. J’avais envie de rencontrer des auteurs avec lesquels je serais en connivence, et en 1990, je me suis dit que si je ne créais pas ma maison d’édition maintenant, je ne le ferais jamais. Comment définiriez-vous vos choix éditoriaux ? Je ne travaille que sur coup de cœur, parce que je suis viscéralement incapable de publier un livre qui ne me plaît pas. Mon seul critère est la qualité littéraire dans tous les genres représentés, du roman policier aux récits de voyage, en passant par les essais ou la réédition de livres anciens. Avant d’être éditrice, je suis lectrice. Je ne publie pas par souci de rentabilité, être éditeur ce n’est pas produire mais transmettre. Comment avez-vous découvert des auteurs hongrois importants mais méconnus en France, comme Szabo ou Kosztolanyi, dont vous avez été la première à publier les traductions ? L’édition est avant tout une histoire de rencontres, ce sont donc des amis, des traducteurs, des éditeurs d’autres pays qui nous font parfois partager leurs découvertes. Ma curiosité fait le reste ! Dans le domaine hongrois, on connaissait peu Kosztolanyi, pourtant l’un des plus grands auteurs du XXe siècle. De la même façon, le Voyage autour de mon crâne de Karinthy, par exemple, avait été publié en 1950 et était devenu introuvable. J’ai, comme à mon habitude, repris le chemin de la Bibliothèque nationale, et j’ai republié ce texte que je trouvais essentiel. Quant à Magda Szabo, deux sources ont convergées : sa traductrice m’avait parlé de La Porte, et de cet auteur incontournable. Peu de temps après, nous rencontrions l’éditeur hongrois de Fred Vargas, Levente Ostevitz, qui n’était autre que l’éditeur de Magda Szabo en Hongrie ! Comment se crée et se maintient la relation entre un écrivain et un éditeur ? François Vallejo par exemple, dont vous publiez tous les livres ? La relation éditeur-auteur est un lien de confiance, je lis au moins cinq fois un texte que je décide de publier. Pour moi, être éditeur, c’est être au plus proche, disponible, à l’écoute, pour savoir où celui qui écrit se situe au moment où je lui parle, et trouver les mots qui permettent de dépasser les obstacles. La relation écrivain-éditeur est finalement beaucoup plus intime que l’amitié. Merci Viviane Hamy ! La suite de l’entretien sur : www.mediatheque-lucien-herr.fr rubrique : Essentiels + Un printemps allemand... Les essentiels des libraires Reinhardt JIRGL Trad. de l’allemand par M. Rémon. Quidam, 2007 – 263 p. 2007 aura vu la première traduction (remarquable) d’un grand écrivain allemand. L’histoire est simple : celle de quatre femmes expulsées des Sudètes en 1945, leur vie en RDA, puis dans le Berlin réunifié. Mais à la lecture, dans un véritable choc, les références se bousculent : G. Grass, A.Schmidt, T. Bernhard, Céline… Aucune ne parvient à circonscrire l’étendue de ce livre et une question demeure, comment avons-nous pu ignorer jusqu’à aujourd’hui un tel auteur ? > Les arpenteurs du monde Daniel KEHLMANN Trad. de l’allemand par J. Aubert. Actes Sud, 2007 – 298 p. Le livre du jeune prodige des lettres allemandes (33 ans, 7 titres publiés, prix Kleist 2006), met à mal deux idées reçues : l’austérité de la littérature allemande et l’inadéquation entre qualité littéraire et succès public. Car une intelligence et une espièglerie nabokoviennes mènent ce récit des extraordinaires aventures scientifiques, des grandeurs et petitesses, des deux savants Humboldt et Gauss. Et ce roman, brillant, a su séduire un million de lecteurs outre-Rhin. Réjouissant, non ? > Une femme à Berlin, journal 20 avril–22 juin 1945 Anonyme Trad. de l’allemand par F. Wuilmart. Gallimard, 2006 - 259 p. (Témoins). Avec une absence de pathos incroyable, l’auteur relate dans ce journal l’occupation de Berlin par l’Armée rouge. Elle y consigne les viols, les pillages, la faim et décrit une Allemagne qui découvre la peur et s’apitoie sur son sort. Publié en Europe dans les années 50, ce livre fut très mal accueilli et l’auteur refusa sa réédition et de dévoiler son identité. Il a donc fallu attendre son décès pour découvrir ce témoignage, remarquable d’un point de vue historique mais surtout littéraire. > Loin de Chandigarh ... Un été indien Tarun J. TEJPAL Trad. de l’anglais (Inde) par A. Le Goyat. Buchet-Chastel, 2005 – 677 p. Difficile de résumer en quelques mots ce magnifique premier ouvrage du jeune éditeur indien Tarun J. Tejpal. Ce roman gigogne emboîte avec bonheur une très belle histoire d’amour, une déclinaison du Kama-Sutra, un portrait de l’Inde des soixante dernières années, la saga d’une américaine atypique et libre au début du XXe siècle, une réflexion sur la création littéraire, une ode à la nature et mille autres choses encore… Tarun J. Tejpal est un charmeur de lecteurs, qu’il hypnotise avec ce récit sensuel, lumineux, habilement construit, pour les mener d’une main de maître au plaisir. Greenwich Librairie des littératures étrangères . 1 rue Jean Jaurès - Rennes LITTÉRATURE > Les inachevés 11 Que demain diffèrera d’aujourd’hui Les essentiels des libraires > Anansi Boys > L'âge des lumières Neil GAIMAN Ian R. McLEOD Trad. de l’anglais par Michel Pagel. Diable Vauvert, 2006 - 490 p. Trad. de l’anglais par Jean-Pierre Pugi. Denoël, 2007 – 606 p. (Lunes d’encre). Plus clair, plus drôle et… plus magique que American Gods, Anansi Boys fait mouche tout de suite. Doté d'une écriture très visuelle (on sent bien le scénariste derrière), et d'une verve incroyable, le roman nous entraîne sur les traces de Gros Charlie et de ses… ''secrets'' familiaux bien particuliers ! Chapeau Gaiman ! > La horde du Contrevent Alain DAMASIO LITTÉRATURE La Volte, 2004 – 521 p. Avec 1 cd-audio. 12 Attention, monument ! Ce roman oulipien nous narre les aventures d'une horde hétéroclite, qui brave le vent dans un monde apocalyptique, à la recherche de l'Extrême-Amont. Alain Damasio transmet à son lecteur une aventure sensorielle d'une rare perfection, d'une rare richesse, dont on ne peut ressortir indifférent. Dans cette édition grand format, vous avez la bande-son d'Arno Alyvan, écrite directement pour accompagner le livre. CRITIC Librairie - Café Bandes Dessinées et Littératures de l'Imaginaire 19 rue Hoche - Rennes Ne lisez pas l'Âge des Lumières. SURTOUT PAS. Ne le lisez pas, parce que c'est le meilleur Steampunk parvenu sur nos étagères depuis des années. Ne le lisez pas, parce qu'il est excellemment écrit (et traduit). Ne le lisez pas, parce que l'histoire est d'une intelligence rare, d'une subtilité incroyable, tout comme l'autre roman de McLeod qu'il ne faut absolument pas toucher : Les îles du Soleil. Alors, non, ne le lisez pas, c'est vraiment très mal de lire des bons livres, il faut tous les brûler, comme dans Fahrenheit 451. Voilà, vous serez punis si vous y touchez. Et personne ne viendra vous plaindre quand on vous arrêtera pour sédition, quand vous crierez au monde entier, comme un halluciné, dans un ultime soubresaut « Ian Mcleod est le meilleur ! Vive Mcleod ! » On vous aura prévenus ! > Le livre des Crânes Robert SILVERBERG Trad. de l’anglais (États-Unis) par G. Abadia. LGF, 2004 – 351 p. (Le Livre de Poche). Peut-être le meilleur roman de Robert Silverberg. Trois adolescents partent sur la route, à la recherche du Livre des Crânes, censé leur apporter l'immortalité. Ni vraiment SF, ni vraiment Fantastique, un roman qui sonne juste, qui frappe fort, comme le Sur la route de Jack Kerouac. Très rock, sauvage, presque lyrique, un roman archi-culte ! > Pourquoi j'ai tué Pierre > Rapide Blanc Alfred & Olivier KA Pascal BLANCHET Delcourt, 2006 - 111 p. (Mirages). Les Éditions de la Pastèque, 2006 – 156 p. À notre tour de saluer ce tour de force. Cet ouvrage a obtenu le prix du public à Angoulême 2007, et c'est parfaitement mérité. Un pur chef-d'œuvre. Un sujet médiatique certes, dans le goût des faits divers sordides dont on a pu être abreuvés, mais comment ne pas saluer la virtuosité avec laquelle Alfred nous parle de pédophilie, et le trait sobre d’Olivier Ka qui, sans jamais rien montrer, fait ressortir toute l'horreur de la situation. Un petit bijou qui fait réfléchir, c'est pas si souvent, alors chapeau bas ! ED (Librairie Critic) Rapide Blanc est une petite ville artificielle construite dans les années trente au Québec à l’intention des ouvriers chargés de la construction et de l’exploitation d’un barrage hydro-électrique. Conçu comme un carnet d’illustrations publicitaires, cet album aux couleurs chaudes retrace les quarante années de vie de cette ville avant sa destruction. Pour compléter votre lecture, écoutez la discographie proposée en fin d’album, ou rendez-vous sur le site : www.lerapideblanc.com qui propose des archives photos du village. > Kafka Robert CRUMB et David Zane MAIROWITZ Actes Sud, 2007. (Actes Sud BD). Pour notre plus grand bonheur, les éditions Actes Sud viennent de rééditer en grand format le Kafka de Crumb et Mairowitz. Ce superbe roman graphique est l’occasion de (re)découvrir Franz Kafka à travers sa biographie, des extraits de son journal et des adaptations de ses œuvres. À signaler aussi, l’Amérique, œuvre de Kafka adaptée en BD par Robert Cara et Daniel Casanave (2 vol. Ed. par 6 pieds sous terre). > Sur les traces de Dracula 2 : Bram Stoker Yves H. et Séra Casterman, 2006 – 48 p. Réussite totale! Le récit de la vie de l’Irlandais Bram Stoker (XIXè s.), auteur de Dracula, entrecroise des extraits du journal de Jonathan Harker, personnage de l’œuvre, montrant habilement comment un écrivain contrarié peut sublimer ses frustrations par la création d’un chef-d’œuvre. Les dessins magnifiques, blancs sur fond noir, avec de rares touches rouges, ainsi que les choix typographiques, soulignent cet effet de négatif entre fiction et réel. À prolonger de la lecture du livre et de toutes ses adaptations. LITTÉRATURE Plumes et couleurs Les essentiels BD 13 Des frères et des cordes Les essentiels de l’équipe > Tamaas Samir Joubran. Daquí, 2003 et > Randana MUSIQUE Trio Joubran. Palestine. Fairplay, 2005. (Oud). 14 Samir Joubran, né en 1973 à Nazareth d’une mère chanteuse dans un ensemble Muashahat, et d’un père luthier reconnu qui l’initia au oud dès l’âge de 5 ans, connaît aujourd'hui une reconnaissance internationale, après avoir été consacré dans le monde arabe. Dès août 2002, il commença à tourner avec son frère Wissam, en Europe, au Canada et au Brésil. Leur réputation ne cessa de croître au fil des concerts. En 2003 paraît chez Daquí* Tamaas, magnifique album, témoignage de leur connaissance intime de la musique, de l'histoire de leurs instruments, et de leur formidable talent d'improvisateurs. Adnan, considéré comme un prodige par ses frères aînés, les rejoint sur la scène internationale en octobre 2004. Unis par leur musique, leur fraternité et leur humanité, le Trio Joubran parcourt le monde afin de propager un message de paix au ProcheOrient. * label des Nuits Atypiques, festival de Langon (Gironde) qui se déroulera du 26 au 29 juillet 2007. > Blancs Manteaux à volo Volo France. Opera Music, 2006. (Guitare & chant). Issu des Wriggles, de la scène pour l'un et de la régie pour l ’a u t re, Vo l o ra p p e l l e forcément ce quintet ou, plus précisément, son visage le plus sensible, celui des anecdotes du quotidien. Ce premier album acoustique a été enregistré en juin 2005 au théâtre des Blancs Manteaux à Paris en deux jours, avec juste deux guitares et les voix des frères Volovitch. Simple et sincère, ce duo à la narration amicale, confidente (comme si vous le découvriez dans un bar) crée une véritable complicité avec le public. Les chansons, pleines d’humour, de mélancolie, de naïveté, déroulent des petites histoires, sans prêcher de morale. La réalité, sombre, certes, mais où Volo déniche des raisons d’espérer, se mélange à l’imaginaire. Vous ne trouverez pas d’arrangements clinquants, ce qui vous permettra de goûter pleinement les paroles et vous vous surprendrez très rapidement à fredonner tous leurs refrains. Les essentiels de l’équipe > Gulag Orkestar On a aussi écouté Beirut > Pauline Croze Encore une histoire de frères, mais c’est surtout l’auteur-compositeur et interprète multi-instrumentiste Zach Condon qui est le meneur de cette déambulation musicale aux couleurs cuivrées. Son interprétation à fleur de peau donne le frisson. Imaginez que vous partez en voyage: Berlin, Bratislava… jusqu’en Italie. À bord: Bregovic, Kusturica et toute la fanfare dans la caravane; à l’arrière, Calexico et ses mariachis et, se serrant devant, les compères Yann Tiersen et Dominique A. On pourrait ajouter de nombreuses influences au gré des morceaux mais la voiture est pleine! Tout ce petit monde serait conduit au son du yukulélé, de la mandoline, des trompettes, de l’accordéon, etc. et de la voix (un peu à la Thom Yorke / Radiohead) de Zach, âgé d’une petite vingtaine d’années. Pas de guitare, pas de basse, pas de batterie sur ce disque de fanfare pop folk des Balkans qui sonne juste et moderne. Montez à bord! On va se serrer ! Pauline Croze France. Accelera Son / Wagram Music, 2005. (Chanson française) (Digipack, édition limitée, 1 CD + 1 DVD) Révélation des Transmusicales de Rennes en 2003. Ses harmonies latino et ses rythmiques ensoleillées contrastent avec l’amertume des textes. Une voix douce, chaude et forte à la fois qui émeut immanquablement. Écoutez… Frissonnez ! http://www.paulinecroze.com > La forêt des mal-aimés Pierre Lapointe Québec, Canada. Audiogram / Warner Music, 2006. (Chanson francophone) Ce québécois mêle acoustique et électronique, cordes et boucles, pop sixties et programmations. Découvrez une autre chanson francophone : Pierre le bien-aimé, avec l’accent aigu ! http://www.pierrelapointe.com > L’autre bout du monde Emily Loizeau France. Fargo Records, 2005. (Chanson française) Derrière son piano, la pétillante Emily balance des mélodies entraînantes alternant les petites piques amusantes et les instants poignants. http://www.emilyloizeau.net > The green armchair Agoria France. Different, 2006. (Electro) http://www.agoriamusic.com/home.htm > Invités sur la Terre MUSIQUE Nouveau-Mexique, USA. 4AD, 2006. (Fanfare pop folk) René Aubry France. Hopi Mesa, 2002. (Musique contemporaine) 15 Albums LITTÉRATURE JEUNESSE fenêtres sur l’imaginaire 16 Les essentiels de l’équipe > Petites météorologies > Billy se bile Anne HERBAUTS Anthony BROWNE Casterman, 2006 – 22 p. Kaléidoscope, 2006 – 32 p. C’est l’histoire d’un petit nuage de vapeur rose sorti d’une cafetière. Il voyage à travers les pages, les paysages, les villes et finit par rencontrer un nuage bleu échappé lui aussi d’une cafetière à l’autre bout du livre. Un ouvrage magnifique aux multiples fenêtres s’ouvrant sur des cabanes, des arbres, des forêts, recelant plein de surprises, d’autres météorologies ? Ces pleines pages silencieuses ont pourtant beaucoup de choses à nous dévoiler : des petits riens, des personnages, des émotions, des scènes de la vie quotidienne. Aux aplats colorés à grand coups de crayon se mêlent des collages et quelques photographies dans un désordre savamment orchestré. À partir de 2 ans À l’heure du coucher, le jeune Billy a l’esprit bien tourmenté. Allongé dans son lit, il scrute les moindres recoins de sa chambre. Le motif du papier peint, les ombres des meubles, le bruit de la pluie… tout devient terriblement inquiétant. Seule sa grand-mère saura le rassurer en lui offrant des poupéestracas. Anthony Browne aborde un sujet sensible : les peurs nocturnes des enfants. D’une manière simple et efficace, il offre une histoire réconfortante pour aborder la nuit sereinement. Les poupées-tracas existent réellement. Elles nous viennent d’Amérique centrale, où les enfants les fabriquent et les glissent sous leur oreiller avant de s’endormir. Leurs couleurs s’harmonisent parfaitement avec la palette de prédilection d’Anthony Browne, des tons vifs et lumineux qui contrastent avec les gris des cauchemars. À partir de 3 ans > Uma la petite déesse > Un lion à Paris Frédéric BERNARD. Béatrice ALEMAGNA. Autrement, 2006 – 36 p. Ill. par François Roca. Albin Michel, 2006 – 34 p. Uma est la nouvelle petite déesse indienne. Désormais, ses pieds ne doivent plus fouler le sol. Finis les jeux, les rires et les larmes, elle passe ses journées à recevoir des présents et à bénir la population. Une fois par an seulement, elle sort de son sanctuaire pour défiler dans la cité sur le dos de son éléphant sacré. Son destin semble tout tracé, quand l’armée des démons attaque son royaume, obligeant Uma à se réfugier dans le palais d’un maharadjah. Devant la colère du dieu du feu, la défaite paraît inévitable. Uma réussit à s’enfuir. Commence alors un long périple jalonné d’épreuves redoutables. Un conte philosophique qui montre que la richesse, la beauté, la perfection ne font pas nécessairement le bonheur. François Roca dépeint ces légendes indiennes avec réalisme et virtuosité. Les couleurs et la précision du trait exercent une telle fascination sur le lecteur, qu‘il aura du mal à abandonner ce voyage merveilleux. À partir de 6 ans Un jeune lion curieux qui s’ennuie dans la savane décide de prendre le train pour Paris afin de découvrir les joies de la ville et y trouver un amour, un travail, un avenir. Les habitants le déçoivent par leur indifférence. Or le lion aime se faire remarquer et la ville le séduit. Il admire le reflet du soleil sur les vitres de Beaubourg, le sourire du fleuve dans lequel il se mire, le regard de la Joconde au Louvre… Sa route s’achève sur une grande place au milieu de laquelle se trouve un beau socle vide : un endroit rêvé pour le lion qui s’y installe, accueilli en fanfare par les klaxons des voitures lui souhaitant la bienvenue. Cette promenade dans Paris qui se termine place Denfert-Rochereau est un vrai ravissement. L’album grand format s’ouvre à l’horizontale et se feuillette de bas en haut. Le récit est savamment illustré par des dessins où sont insérés des photos, des collages, des décors crayonnés qui cohabitent en pleine page dans un joyeux désordre esthétique. L’ensemble est d’une grande finesse et on reconnaît la patte très originale de l’auteur. Albums fenêtres sur l’imaginaire LITTÉRATURE JEUNESSE Les essentiels de l’équipe 17 Les essentiels de l’équipe pour un temps où on en sait déjà un bout sur le monde > Comme le soleil LITTÉRATURE JEUNESSE Romans, contes, bandes dessinées 18 Jérôme LAMBERT Ill. par Kimiko. Ecole des loisirs, 2006 – 45 p. (Mouche). Pendant les vacances, Laura aime se prélasser sur son hamac. Elle aime regarder les nuages et suivre la course du soleil. A chaque fois que la journée est ensoleillée, Jérémy, le garçon à la chevelure dorée apparaît mystérieusement et dès que le soleil décline dans le ciel, Jéremy disparaît subrepticement. Seule Laura semble voir ce compagnon mystérieux, car ses parents constatent avec étonnement que leur fille parle souvent dans le vide. Peu importe pour Laura. Grâce à Jeremy, chaque jour fournit une occasion de partager des instants inoubliables. Un beau roman sur les vacances qui s’égrainent avec douceur et lenteur, où face à la solitude, l’enfant s’invente un compagnon imaginaire pour partager ses jeux et ses rêves. À partir de 6 ans Delphine Bournay a réussi un cocktail étonnant en offrant des dialogues savoureux et des crayonnés au charme étonnant. À partir de 4 ans > Je n’oublierai pas Julia BILLET. Motus, 2006. (Mouchoir de poche). « Jamais, jamais, je ne dirai des enfants, des petits de ma sorte, qu’ils ne savent pas, qu’ils ne comprennent pas, qu’ils ne doivent pas entendre, qu’ils ne peuvent pas comprendre… ». En peu de pages, peu de mots, l’essentiel de l’enfance est dit : un temps où « on en sait déjà un bout sur le monde », même s’il ne tourne pas rond, et où « on en connaît déjà tellement sur les grands et la vie ». La collection Mouchoir de poche : des romans courts pour des enfants de plus de six ans ; des petits livres noirs ; une typographie blanche ; un graphisme rouge ou blanc très sobre ; des textes forts ; une économie de mots bien choisis ; entre magie et poésie. Autres titres de la collection : > Grignotin et Mentalo Delphine BOURNAY Ecole des Loisirs, 2006 – 76 p. (Mouche). Grignotin, un lapin tout jaune, et Mentalo, une grenouille verte, sont les meilleurs amis du monde. L’auteur nous raconte leurs aventures pleines de fraîcheur et d’humour. Le petit chapon rond rouge Ne réveillez pas le dragon Jamais Je suis un ange À partir de 6 ans > Histoires pressées Bernard FRIOT Illustré par plein de gens. Milan jeunesse, 2005 - 244 p. Voici un recueil idéal de textes courts, faciles à lire, et adaptés à tous : l’enfant qui lit peu, le grand lecteur, et les parents, qui ont ainsi un bon support pour créer des petits moments agréables avec les enfants. Les nombreuses thématiques, enfance, famille, école, amour, etc., ainsi que les styles différents, insolites, attendrissants, cocasses, ou décalés, amènent à percevoir la diversité littéraire. Les Histoires pressées existaient déjà en poche chez Milan, suivies des Nouvelles histoires pressées et de Encore des histoires pressées. Cette édition en un seul volume est plus séduisante, grâce à l’apport de nombreux et excellents illustrateurs. Des mises en bouche ouvrant l’appétit des enfants pour la lecture. À partir de 7 ans > Tobie Lolness 1 : La vie suspendue Timothée DE FOMBELLE Ill. par François Place. Gallimard, 2006 – 311 p. Tobie Lolness est un jeune garçon de 13 ans qui ne mesure pas plus de deux millimètres. Il appartient à une microsociété installée sur un grand chêne séculaire. Le petit peuple de l’arbre occupe les hautes ou les basses branches selon le rang social. Le père de Tobie est un scientifique, sa dernière découverte intéresse particulièrement le grand conseil, qui veut s’en emparer par tous les moyens. La famille de Tobie se retrouve menacée et lui seul réussit à s’enfuir. Le jeune garçon va être pourchassé et tombe dans un monde inconnu, celui des basses branches ou celui des hautes herbes. Il affronte une armée de charançons sans cesse en train de creuser et de saccager l’arbre pour réaliser de grands travaux sensés améliorer la vie de la population. Un récit captivant, qui transpose dans un monde imaginaire les menaces du monde moderne. Une belle fable écologique qui combat aussi avec humour et finesse les dictatures. Un roman d’aventure, d’amitié et d’amour, agrémenté des illustrations en noir et blanc de François Place. Le deuxième tome vient de paraître : Les Yeux d’Elisha À partir de 9 ans Romans, contes, bandes dessinées pour un temps où on en sait déjà un bout sur le monde LITTÉRATURE JEUNESSE Les essentiels de l’équipe 19 Romans, contes, bandes dessinées Les essentiels de l’équipe pour un temps où on en sait déjà un bout sur le monde > L’enfant de la pierre et l’enfant des castors. Françoise RICHARD LITTÉRATURE JEUNESSE Ill. Anne Buguet. Lo Païs d’enfance, les éd. du Rocher, 2006. 20 Dans une région marécageuse vivaient un chasseur et sa femme. La journée, l’homme traquait le gibier et laissait sa femme seule au logis. Il ne la quittait pas sans lui avoir recommandé de prendre garde au rôdeur repéré dans les environs. L’ogre Tête de Spectres, appelé aussi Ombre de lui-même, vit dans cette contrée. Un conte des indiens d’Amérique d’une grande intensité dramatique illustré par Anne Buguet, une artiste qui peint à la gouache en associant à ses compositions des papiers froissés et découpés. À partir de 6 ans > Lou 3 : le cimetière des autobus Julien NEEL Glénat, 2006 – 48 p. C’est la rentrée des classes et cette année rien ne va plus. Lou n’est pas dans la même classe que sa meilleure amie Mina. Quand elle va mal, elle part se réfugier dans le cimetière des autobus municipaux. Dans le troisième tome de cette bande dessinée, Julien Neel fait évoluer son héroïne. Elle a aujourd’hui 13 ans et vit sa crise d’adolescence. Il aborde le sujet avec humour et tendresse dans des couleurs édulcorées et avec un graphisme très personnel, une technique proche du dessin animé qui apporte de la douceur au trait. Une BD à savourer en famille… À partir de 8 ans > Monsieur Blaireau et Madame Renarde 1 : la rencontre Brigitte LUCIANI Ill. par Eve Tharlet. Dargaud, 2006 – 32 p. Madame Renarde et sa fille Roussette doivent fuir leur terrier repéré par des chasseurs. Elles errent et marchent toute une journée à la recherche d’un nouveau toit. Elles en découvrent un par hasard mais il est habité par un papa Blaireau qui élève seul ses trois petits. Monsieur Blaireau accepte d’héberger ces deux fugitives, ce qui n’est pas du goût des enfants. Voici enfin une bonne bande dessinée pour les plus petits, une histoire touchante sur l’acceptation de la différence et de la famille recomposée. À partir de 4 ans Les essentiels de l’équipe Une sélection de deux livres-cd, deux grands classiques, l’un appartient au monde de la musique, l’autre à la littérature des contes de fée. avec l’œuvre de Mozart. La Flûte enchantée entre en résonance avec plusieurs thèmes chers à l’illustratrice : la recherche de la lumière, l’amour, la danse et les oiseaux. Prix Diapason d'Or et Choc du Monde de la Musique. Le monde en pastels : Nathalie Novi, notre invitée d’honneur en avril Un opéra de Wolfgang Amadeus MOZART. Sous la direction de Herbert von Karajan. Texte adapté par Jean-Pierre Kerloc’h. Ill. par Nathalie Novi. Didier, 2003 – 69 p. (Un livre, un CD). Le lecteur-auditeur pénètre un univers enchanté et suit les aventures de Tamino, un jeune prince qui voulait découvrir le monde, la sagesse et conquérir le cœur de la belle Pamina. Accompagné par l’oiseleur Papageno, il part libérer la princesse, retenue captive par Sarastro, le grand maître des adorateurs du soleil. Pour mener leur quête, la Reine de la nuit, la mère de Pamina, offre aux deux compagnons des instruments dotés de grands pouvoirs : une flûte enchantée pour Tamino et un carillon magique pour Papageno. Un combat s‘engage entre le monde de l’ombre et celui de la lumière et s’achève sur la victoire de l’amour et de la vérité. Jean-Pierre Kerloc’h manie avec talent la langue des contes de fée, tout en préservant le rythme des dialogues de chaque personnage. Les pastels de Nathalie Novi s’harmonisent parfaitement > Peau d’âne : histoire ancienne et véritable de la Peau d’ânesse. Ecrite et racontée par Jean-Jacques FDIDA. Musique de Jean-Marie MACHADO. Ill. Nathalie Novi. Didier, 2006 – 45 p. (Un livre, un CD). Influencée par les films de Jacques Demy, Nathalie Novi rêvait depuis toujours d’illustrer ce conte. Coup de cœur de L’Académie Charles Cros 2006. LITTÉRATURE JEUNESSE > La flûte enchantée 21 Les essentiels des libraires La Collection Escampette chez Didier : > Din’Roa la vaillante LITTÉRATURE JEUNESSE Jean-Louis le CRAVER 22 Ill. Martine Bourre. >Trouvé dans un nid Praline GAY PARA Ill. Rémi Saillard. Les petits qui ont apprécié les contes de la collection A petits petons ne seront pas déçus, en grandissant, de découvrir ceux de la collection Escampette. Deux histoires écrites par des conteurs de renommée. Le premier, Din Roa, est un petit Chaperon Rouge chinois et le loup est remplacé par un ours. L’illustration à l’encre avec incrustation de motifs est un délice pour les yeux. Le second, Trouvé dans un nid, s’inspire d’un conte des frères Grimm « Volétrouvé ». Lili vit avec son père et la grosse Suzon. Ils se préparent à faire cuire Trouvé, un jeune garçon recueilli dans un nid. S’en suivra une course poursuite dans laquelle Lili découvrira ses pouvoirs magiques. À partir de 4 ans. Librairie La Courte Echelle Rue Vasselot - Rennes > Parle tout bas, si c’est d’amour Sophie CHERER Ecole des Loisirs, 2006 – 151 p. (Médium). Depuis qu’un viol a eu lieu au lycée, le proviseur met en place des cours d’éducation sexuelle pour faire de la prévention. Caroline préfèrerait des cours d’Amour, seulement bien peu d’adultes sont capables d’en parler : ni le prof de SVT, ni celui de philo ou de français. Seule une femme de 87 ans réussit à leur faire comprendre que l’amour, c’est le dialogue, « si on ne parle pas à ceux qui nous sont les plus chers, nos enfants, nos femmes, nos maris, nos amoureux, à qui va-t-on parler ? ». Les paroles de cette femme vont aider Caroline et Olivier à avoir confiance en leur histoire. Ils ont 16 ans, ils s’aiment mais sont entourés d’adultes qui vivent mal: un prof de SVT qui fait une tentative de suicide, une mère amoureuse d’un défunt, un père acariâtre, un proviseur déprimé… C’est entourés de ces adultes qui n’assument pas leurs problèmes que Caroline et Olivier vont petit à petit construire et consolider leur projet d’avenir. Un roman plein d’amour, d’espoir et de confiance en la vie. À partir de 12 ans. N’oubliez pas de consulter régulièrement notre site www.mediatheque-lucien-herr.fr Vous y retrouvez : - les Essentiels + : les compléments - les manifestations en cours et à venir - les retours sur événements - le catalogue en ligne Le saviez-vous ? Ce catalogue, outre la possibilité de consulter votre compte à distance et de réserver un document, comprend une recherche par « Centre d’intérêt », qui vous permet d’obtenir par exemple les mangas, les films policiers, la musique bretonne, les manuels de préparation aux concours, etc... Rédaction : l’équipe de la médiathèque Un grand merci aux librairies Greenwich, Critic et La Courte Échelle, qui ont accepté de présenter leur choix de livres, ainsi qu’à l’éditrice Viviane Hamy qui a répondu à nos questions. Maquette : Agence Art-Terre Couverture : illustrations de Mattotti, reproduites avec l’aimable autorisation du label Hopi Mesa, “l’éditeur des musiques à part” 23 Illustration : Mattotti Médiathèque Lucien Herr 18 Cours Camille Claudel 35136 Saint-Jacques de la Lande Tél 02 99 31 18 08 [email protected] www.mediatheque-lucien-herr.fr Ville de Saint-Jacques de la Lande Une bulle de paix au cœur de l’été quelques gouttes d’eau fraîche sur les lèvres l’ombre d’un arbre centenaire dans le jardin familial les premières notes d’un air de banjo un fil tendu entre terre et ciel le bruissement léger des pages tournées presque rien et la sérénité presque rien et l’essentiel