Leader d`un groupe : passer de l`autoritarisme à l`autorité Le mois

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L’AVENIR AGRICOLE ET RURAL k VENDREDI 29 OCTOBRE 2010
LA
RUBRIQUE DE
MARGUERITE
Coucou, c’ est moi Marguerite ! Je suis contente de vous re trouver aprè s ce premier mois d’ automne.
Les choses commencent à se caler : les gé nisses s’ habituent à la salle de traite, l’ ensilage commence
à fermenter, les semailles sont faites. J’ ai aussi le plaisir de connaî tre un nouve au statut : je suis
devenue grand-mè re : un be au mâle nommé Farceur, un rigolo, j’ espè re ! Il en faut des rigolos pour
me t tre un brin de bonne humeur dans notre monde e t puis il faut aussi des gens sé rieux e t d’ autres
entreprenants et des artistes et le top, c’ est quand mê me un agriculteur rigolo, sé rieux, entreprenant,
un peu artiste sur les bords ! Si en plus il est be au, c’ est le portrait craché de mon Gé gé ! Mais dans un
groupe, quel qu’ il soit, il faut un chef d’ orchestre : un le ader comme disent les anglo-saxon (je deviens
bilingue, vous avez remarqué ?), un chef, comme dirait le Michel !
Leader d’un groupe : passer de l’autoritarisme à l’autorité
e mois dernier, je vous ai évoqué les préalables à la constitution d’un groupe
L
: des règles définies, un objectif commun, des valeurs compatibles, des
caractères qui se complètent… Et j’ai aussi évoqué, l’entretien des relations
dans le groupe : pour éviter que la grenouille ne cuise, il vaut mieux vérifier
la température de l’eau de la casserole pour réagir avant que l’eau ne bouille
(pour ceux qui n’ont pas lu la rubrique le mois dernier, c’est pas clair ? vérifiez l’état de vos relations avant que le conflit n’éclate vraiment.).
J’ai aussi parlé de l’importance du leader dans le groupe ? Non ? Pourtant,
c’est un facteur important de cohésion et de réussite d’une équipe ! La différence entre leader et chef ? Dans les GAEC, vous êtes en théorie tous chefs,
tous patrons ! Vous êtes donc tous coresponsables de l’entreprise et de sa
Un LEADER, qu’est-ce que c’est ?
n agricole, quand on dit «c’est lui le chef», tout de suite on s’imaE
gine le vieux patriarche acariâtre qui dirige sa boutique d’une main
U
de fer sans que les autres n’aient leur mot à dire. En parallèle, on sous
entend que les autres sont des pauvres moutons de panurge qui ne
savent pas se faire entendre ni respecter. Quand je dis «on», c’est ce
que j’entends des discussions (ou plutôt sous-entend) entre humains
autour de moi. Michel disait l’autre fois : «dans cette ferme, ce n’est
pas lui le chef !» ou encore «le patron, c’est Maurice, quand il partira
en retraite, la ferme fera faillite !». Il y a une différence entre autoritarisme et autorité : Le leader a de l’autorité naturelle que lui confèrent
ses compétences et l’ensemble de ses qualités. L’autorité ne s’autoproclame pas, elle émane d’une personne. Elle n’a pas besoin de la
force et de la contrainte. Un leader puissant sait adapter son attitude
à la situation : être plutôt libéral quand le groupe est mature, démocratique pour faire des choix stratégiques, bienveillant en cas de difficultés relationnelles ou directif quand il faut réagir vite.
Je prends un exemple. Il y a 5 ans, Lumière (c’était son nom et aussi
un peu son caractère !) est devenue naturellement meneuse du troupeau. Elle savait manier tous les types d’autorité avec un naturel surprenant. Elle était respectée. Calme, elle savait aussi bien être sévère
qu’à l’écoute. Elle respirait la force intérieure. A l’époque, nous vivions
une période dangereuse : nous avions été attaquées par un chien
devenu fou qui s’attaquait à nos queues (ne riez pas, ça fait mal !).
Ben, c’est Lumière qui a mené la réplique. Elle nous connaissait toutes bien, pour nos qualités et nos défauts, et elle avait su nous positionner chacune à une place qui nous correspondait pour faire fuir
définitivement ce chien devenu dangereux. Après, elle a su aussi lâcher
la bride (nous en avions besoin !), nous avons beaucoup ri ensemble
(si, si mirabelles pour toutes et bon mal de tête après fermentation
ruminale ! Quelle cuite mémorable !), valoriser chacune d’entre nous
pour notre rôle dans cette réussite (même Peureuse qui était pourtant
restée cachée derrière un bosquet à surveiller nos arrières). A d’autres occasions, elle savait rappeler les règles et recadrer celles qui
dépassaient les limites (les mirabelles, une fois d’accord mais pas d’abus !). Elle refusait aussi systématiquement d’intervenir systématiquement dans tous nos petits conflits en tant qu’arbitre. Elle écoutait
avec bienveillance et nous incitait à trouver nos propres solutions. J’ai
beaucoup appris d’elle sur ce thème !
Elle savait partager son savoir, faire circuler l’information (attention
attaque de parasites dans ce coin de la parcelle !) et animer les décisions de groupe dans le respect de chacun ! Vous allez me dire : «elle
était parfaite !». Oui mais elle était mauvaise laitière et malgré ça, Gégé,
qui est très observateur, ne l’a pas réformée tout de suite. Pourtant,
un jour, elle est montée dans le camion du maquignon et une autre a
pris le relais plus ou moins habile dans le rôle.
Ce que Gégé avait perçu intuitivement (il est trop fort, cet homme !),
c’est qu’il avait intérêt à garder une médiocre laitière, bon leader car
elle permettait par l’exercice de son talent de faire exprimer celui des
autres !
Dicton de Marguerite
Leader puissant, groupe performant
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réussite. C’est une gestion collégiale du pouvoir qui est de mise. Pourtant
comme dans une voiture pour reprendre l’analogie, si tout le monde a son
mot à dire sur l’itinéraire, la façon de conduire, la vitesse, les pauses, le trajet se passe mieux s’il y a un conducteur. Parce que si tout le monde tire sur
le volant, le fossé n’est pas loin ! Selon les circonstances, selon les moments,
selon le caractère des uns et des autres, le leader peut changer, être plus fort
ou très discret, puissant ou affaibli mais le fonctionnement d’un groupe est
meilleur avec un leader puissant et reconnu…
Dans les groupes auxquels vous appartenez, qui est le leader ? En cas de
coups durs, est-il différent ? Quand les esprits s’échauffent, qui prend le rôle?
A quoi servent-ils ?
Une histoire pour réfléchir :
L’œil du menuisier
n menuisier avait un bel atelier où il exerçait son métier avec amour. Un jour, en l'absence du
patron, les outils se réunirent en grand conseil. La séance fut longue et animée et parfois même
véhémente. Il s'agissait d'exclure de l'honorable assemblée un certain nombre de membres.
• L'un d'eux prit la parole : "Nous devons expulser notre sœur la scie, parce qu'elle déchiquette tout
et fait grincer les dents. Elle a le caractère le plus mordant de toute la terre !".
• Un autre intervint : "Nous ne pouvons pas garder parmi nous notre frère le rabot. Il a un caractère
coupant et tatillon au point d'éplucher tout ce qu'il touche".
• "Frère marteau, protesta un autre outil, a un sale caractère, lourdeau et violent. C'est un vrai cogneur.
Sa façon de battre sans cesse jusqu'à taper sur les nerfs de tout le monde, est plus que choquante.
Chassons-le !".
• "Et les clous ? Peut-on vivre avec des gens piquants ? Qu'ils s'en aillent tous ! Sans parler de la
lime et de la râpe. Leur compagnie est cause de continuelles frictions. Chassons aussi le papier de
verre : il ne semble exister que pour égratigner son prochain !".
Ainsi débattaient avec de plus en plus d'animosité les outils du menuisier. Ils parlaient tous en même
temps. Le marteau voulait expulser la lime et le rabot qui, à leur tour, voulaient se débarrasser des
clous et du marteau. Et ainsi de suite. A la fin de la séance, tout le monde avait exclu tout le monde.
La réunion fut brusquement interrompue par l'arrivée du menuisier. Tous les outils se turent quand
ils le virent s'approcher de son établi.
L'homme prit une planche et la scia avec la scie mordante. Il la rabota avec le rabot qui pèle tout ce
qu'il touche. Sœur la hache, qui blesse cruellement, sœur la râpe à la langue rugueuse, frère papier
de verre qui gratte et égratigne : tous entrèrent en action, l'un après l'autre, l'un avec l'autre.
Le menuisier prit ensuite les frères clous au caractère piquant ainsi que le marteau qui frappe et percute. Il se servit de tous ses outils avec leurs défauts, leur caractère insupportable et, grâce à eux
tous, il fabriqua un berceau. Un magnifique berceau pour accueillir un bébé qui allait naître.
Puis il attaqua son dernier projet : un bateau qui allait permettre de mener à bon port des gens éloignés les uns des autres par un océan de préjugés.
Jean-Michel Martin
Un leader, ça fait quoi ?
• C’est en contact avec l’environnement, saisir les opportunités, faire face aux menaces et
aux contraintes et connaître les ressources (subventions, réglementation, évolutions des
marchés…)
• Proposer des projets et des améliorations (en vérifiant que les objectifs spécifiques,
mesurables, atteignables dans des délais définis, réalistes…)
• Garantir le cadre qui assure la pérennité du groupe (respect des règles fixées ensemble, des valeurs du groupe)
• Indiquer et rappeler le sens de l’action commune (pourquoi ce groupe s’est formé ?)
• Connaître de ses points forts et ses points faibles de chacun
• Négocier et adapter l’organisation en fonction des qualités et des envies de chacun (qui
fait quoi ? qui est responsable de quoi ?)
• Veiller au développement et à la transmission de la culture du groupe
• Favoriser la coopération au sein du groupe et prévenir les conflits internes et externes
• Accueillir et veiller à l’inclusion des nouveaux et accompagner les départs
• Donner des signes de reconnaissance pour renforcer l’implication et la satisfaction de
ses associés
• Faire preuve d’écoute et de soutien
• Incarner l’adaptabilité
• Fêter les succès
• Suivre les résultats et avoir des indicateurs d’alerte
• Animer les réunions et conduire le processus de décision et le suivi des décisions…
D’après l’article d’Yves LE GAY, «Agriculture de groupe», n°352, juil-aout 2007
Qu’on ne me dise pas après, qu’un leader, ça ne fait rien !
Et puis, certaines choses sont innées, d’autres s’apprennent.
La formation permet souvent de gagner du temps !
Retrouvez-moi sur internet sur http://cda52.nuxit.net/marguerite