dossier - Communautés Israélites du Bas-Rhin

Transcription

dossier - Communautés Israélites du Bas-Rhin
# 270
LE JOURNAL DES COMMUNAUTÉS ISRAÉLITES DU BAS-RHIN
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
HESHVAN-KISLEV 5773
www.cibr.fr
N° 270 - ABONNEMENT: ADHÉRENT 20,00 € - NON ADHÉRENT 30,00 € • PRIX : 4,00 €
HANOUKA
ACTU
DOSSIER
ENTRETIEN
La circoncision
Le Rabbinat
Jean-Paul Kling
ÉDITORIAL
J
e suis heureux et fier d’inaugurer par cet éditorial la nouvelle maquette d’Echos-Unir.
Ce numéro comporte deux dossiers d’une extrême importance. Le premier est centré
sur le rabbinat. Le Consistoire et la Communauté avaient, l’année dernière, commandité un audit rabbinique, afin de mieux cerner les besoins du rabbinat et
de mieux répondre à ceux de la communauté. Cet audit a conclu à la nécessité
d’engager un rabbin supplémentaire, afin de renforcer et de rajeunir l’équipe en place.
Au moment où j’écris, nous venons de vivre des moments très forts avec le Grand
Rabbin de France, Gilles Bernheim et le Cardinal Archevêque de Lyon, Philippe Barbarin,
invités par l’Amitié Judéo-chrétienne de Strasbourg à débattre sur le dialogue interreligieux.
Cette manifestation a été l’occasion pour le CIBR et la CIS d’une rencontre et d’échanges
fructueux avec le Grand Rabbin de France. Je m’en réjouis d’autant plus que, comme vous
le savez, j’ai eu l’honneur d’être nommé vice-président du Consistoire Central par son
président, Joël Mergui, et que je serai donc amené à travailler en collaboration étroite avec
le Grand Rabbin de France et avec le président du Consistoire Central.
Je terminerai en évoquant les festivités de Hanouka qui, cette année, prendront un relief
et une visibilité particuliers. De nombreux offices seront célébrés dans les oratoires de
Strasbourg et des communautés périphériques. Je vous laisse cependant le soin de
découvrir le magnifique projet d’illumination de la synagogue, conçu par Patrick Cohen
et son équipe. Un projet qui, au-delà de sa visée artistique, a pour ambition, dans la plus
pure tradition juive qui nous incite à placer les bougies de Hanouka près des portes et des
fenêtres afin de proclamer à l’extérieur le miracle, de faire connaître l’histoire et la vie de
la communauté juive et d’inscrire celle-ci dans la vie de la cité.
Merci à vous tous, qui contribuez à la vie et à l’épanouissement de notre communauté.
Francis Lévy
Président du Consistoire Israélite du Bas-Rhin
a rédaction d’Echos-Unir et moimême sommes heureux de vous
faire découvrir la nouvelle maquette de votre magazine, réalisée
par Catherine Mathy de l’agence
« Page 14 ».
La communication de nos institutions
s’est dotée des outils les plus contemporains afin de vous informer chaque semaine
avec deux e-mails « news » (lundi et jeudi)
et un nouveau site internet (www.cibr.fr)
mis à jour quotidiennement, relatant
toute la vie juive de la région à 360°.
Ce nouveau site est en phase de lancement et va subir une mise à jour technique. Il est vrai que certains d’entre vous
ont du mal à se connecter avec leurs codes
de sécurité, mais nous allons vous faciliter
la vie rapidement. Vous comprendrez bien
que la sécurité est notre souci permanent
et que certaines informations ne peuvent
être à la portée de n’importe qui. Nous
L
2
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
vous invitons à prendre rendez-vous avec notre
responsable media et webmaster, Thomas Azan,
pour vous aider à utiliser vos codes d’accès.
Mais la presse « papier » est notre fleuron avec
Chabbat Chalom et Echos-Unir. Vous y êtes très
attachés et vous en êtes de fidèles lecteurs.
Derrière cette nouvelle maquette se cache toute
une organisation, le Comité de Rédaction, cœur
battant du journal, dont je veux remercier tous les
bénévoles de talent qui s’investissent toute
l’année pour maintenir cette qualité d’édition.
Mais sans les plumes locales ou d’Israël, nous ne
pourrions pas non plus boucler les six numéros
annuels. Merci à eux !
Ce journal est le vôtre, nous vous en souhaitons
bonne lecture. Mais il vous est aussi ouvert pour
vous exprimer, n’hésitez pas à nous solliciter.
Bonnes fêtes de Hanouka !
Thierry Roos
Vice-Président de la CIS
en charge de la Communication
SOMMAIRE
4
Pourquoi la toupie
à Hanouka ?
6
Le Président de la CIS
fait le point
8
Cimetières et Bâtiments :
ce qui a été fait, ce qui sera fait
10
Présentation de deux
chorales juives
12
Dossier Rabbinat
6
Interview de Jean-Paul Kling
Les Rabbins,
pour quoi faire
22
Dossier Circoncision
Retour sur un débat
qui n’est pas clos
30
En relief
En mémoire de Francis Rosenstiel
33
En bref
40
Promotion 2012 des Bnot Mitsva
41
Vu sur le Net
42
Allumage des bougies de Hanouka
46
Tout savoir sur le Salon de la Wizo
48
Agenda
52
Carnet de famille
54
Hommages
12 DOSSIER
La circoncision en débat
38
Une rencontre mémorable
42
Hanouka 5773
Prochaine parution : 15 janvier 2013
Date limite de dépôt des articles : 17 décembre 2012
Nous ne pouvons garantir la parution des articles remis au-delà de cette date !
Ces derniers doivent être exclusivement adressés à Mme Brigitte Michaly,
de préférence par courrier électronique : [email protected]
Echos-Unir - 1a, rue René Hirschler 67000 Strasbourg - 03 88 14 46 50. Directeur de la publication :
Francis Lévy. Directeur de la rédaction : Thierry Roos. Rédacteur en chef : Salomon Lévy.
Régie publicitaire : E. Lévy 03 90 406 206. Maquette : Simone Cahen. Correspondance : Marc Tobiass.
Mise en page : Page14, Catherine Mathy 09 50 140 340. Impression : IREG. Commission paritaire :
N° 71158. ISSN 0995-708.
Les articles n’engagent que leurs auteurs.
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
3
RUBRIQUE
HANOUKA
Les toupies des enfants
et la philosophie grecque
Rabbin Réouven Coriat
Tout le monde connaît cette fameuse chanson de Hanouka qui accompagne les enfants
lors de leurs parties de toupies. Mais pourquoi la toupie à Hanouka ? Quel rapport avec
les miracles survenus à cette époque ? Tentative de réponses par le Rabbin Réouven Coriat.
L
e Midrash enseigne que le
deuxième verset de la Torah
fait allusion aux quatre exils
que le peuple juif subira : ‫והארץ‬
‫פני על וחושך ובוהו תוהו היתה‬
‫תהום‬
Le ‫חושך‬, se réfère à l’exil grec de ‫יון‬,
‫ בגזרותיה ישראל עיני שהחשיכה‬car ils « ont
obscurci les yeux d’Israël par leurs
décrets… ».
Comment comprendre que la Grèce,
berceau de la culture et de la civilisation
soit assimilée à l’obscur ?
L’exil grec fut de loin le plus pernicieux.
Les Grecs ont tenté de porter atteinte à
l’intégrité de la sagesse d’Israël. Ils n’ont
pas essayé d’éliminer ou de tuer les
juifs. Ils n’y a pas eu de pogrom en masse
ni de volonté déclarée d’atteindre l’intégrité physique des juifs. Certes, tout
contrevenant aux décrets édictés par les
Grecs se voyait puni de la peine de mort,
mais ce n’était que pour faire respecter
leurs lois. Le but ultime attendu était
clairement celui de l’assimilation. Il
s’agissait d’imposer au peuple juif la
conception grecque du monde et de le
détacher ainsi de sa croyance. Il y a bien
eu une guerre mais elle se déroulait plus
dans les esprits que dans les lieux de
combats.
Pourtant, Israël, peuple du livre, féru
de science, est animé d’un amour insatiable pour la sagesse. Où se situe, malgré
la proximité, le point de discorde ?
Pour Israël, le sens n’est
pas inhérent au monde,
il le dépasse
En rationnalisant le monde, en le
débarrassant de toute référence au sacré
et au mystique, le Grec a certes contribué à lui donner un sens mais par là
même l’a résolument fermé à toute
ouverture vers la transcendance. Le
monde vu par la philosophie se suffit à
lui-même. N’est sensé que la raison et
n’accepte aucun débordement hors des
limites de cette rationalité. Privé de
référence à un ailleurs dont procéderait
le sens, l’univers grec est libre de toute
obligation. Il n’a comme seule contrainte
4
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
que les lois de sa persévérance et de son
maintien.
Pour Israël, le sens n’est pas inhérent
au monde, il le dépasse. Le sensé réside
dans ce nécessaire renvoi à une hauteur,
à une origine. Renvoi qui implique l’idée
d’obligation et de Mitsva. L’intellection du
monde est certes nécessaire, la culture est
d’une grande importance, mais sous condition. Il faut qu’elle génère une interrogation permanente, suscite une remise en
question garante d’une ouverture du
monde à ce qui la dépasse. Si, par contre,
la culture se donne les traits d’une compréhension totale, si elle a pour but de
rassurer et d’évacuer toute trace d’étrangéité, alors elle fait écran à la transcendance et ne saurait être acceptée.
Rav Wolbe cite dans son libre «Alé
Chour » (p. 596) : « Les philosophes des nations
cherchent désespérement une place à D. dans
le monde qu’ils se sont imaginé, nos Savants,
pour leur part, ont de la peine à trouver une
place au monde, tant tout est Divin… »
La valeur numérique de ‫ יון‬est 66, la
même que ‫גלגל‬, une roue. Pour le Grecs,
le monde est comme une roue qui
tourne, où il n’y a pas d’ouverture pour
une intervention extérieure. Un monde
qui se suffit à lui-même. Voilà peut-être
le sens du jeu des toupies. Il exprime la
conviction qu’aucun mouvement n’est
possible sans intervention extérieure.
Même les enfants savent que pour
qu’une toupie tourne, quelqu’un doit la
lancer, la diriger.
Tests auditifs
Les plus grandes
marques
à partir de 499 €
à caractère non médical
Essai gratuit
d’aides auditives
sans obligation d’achat
sur prescription médicale
Thiébaut Weber
Audioprothésiste Diplômé d’Etat
6 avenue des Vosges 67000 Strasbourg - Tél. 03 88 235 235
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
5
RUBRIQUE
L’ENTRETIEN
Interview du président Jean-Paul Kling
“Les améliorations sont
visibles sur tous les plans”
© Jean-François Badias
Propos recueillis par Salomon Lévy
Président de la Communauté Israélite de Strasbourg (CIS)
depuis cinq années, réélu il y a un an, Jean-Paul Kling dresse, ici,
l’état de santé de la Communauté, à l’heure actuelle.
Si les chantiers sont nombreux, et d’importance,
il se félicite aussi des récentes avancées. Entretien.
6
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
RUBRIQUE
L’ENTRETIEN
Echos-Unir : Les fêtes de Tichri sont
l’occasion aussi de tâter le pouls de la
Communauté…
Jean-Paul Kling : Oui, et c’était aussi le
cas cette année. J’ai été agréablement
surpris par la fréquentation de nos
fidèles et aussi par leur générosité. En ces
moments de morosité, ils ont montré
tout l’intérêt qu’ils portent à leur Communauté.
L’ont-ils exprimé ?
Oui, ils m’ont dit leur satisfaction ; c’est
la première fois que cela arrive depuis
plusieurs années. Les améliorations qui
sont apportées sont visibles sur tous les
plans. Nos administrateurs sont jeunes,
ils sont présents et assument parfaitement les responsabilités attachées à
leurs missions. Ils apportent des idées
nouvelles et je me félicite de la composition actuelle de notre Commission
Administrative. La présence actuellement constitutive des représentants de
toutes les Kehilot de notre Communauté est source de dynamisme, d’idées
nouvelles, de meilleure compréhension
des problèmes rencontrés dans nos
différents oratoires. De façon plus ponctuelle, nous travaillons avec la Ville de
Strasbourg pour l’éclairage spécial des
façades de la synagogue de la Paix
pendant la fête de Hanouka. Ce sera une
surprise pour tous les Strasbourgeois.
Quelles sont les perspectives à brève
et moyenne échéances ?
Nous allons développer davantage les
activités de Noah, notre Centre de jeunes.
De nouvelles activités seront proposées
aux jeunes. Nous avons aussi le souci
majeur d’intégrer de nouvelles familles
dans notre Communauté ; leur adhésion
est indispensable et nous allons faire un
effort particulier de communication en
leur expliquant ce que nous pouvons leur
apporter, ce qu’ils peuvent aussi nous
apporter. Les kehilot non encore « communautaires », quoique je n’aime pas ce
terme, sont les bienvenues et nous leur
ouvrons largement nos portes.
Nous avons aussi demandé aux
Rabbins de participer encore plus à la vie
communautaire. Ils ont répondu positivement et leur investissement personnel
se fait sentir.
“Que nos écoles juives
s’épanouissent”
L’éducation a toujours été l’une des
priorités de la Communauté. Est-ce
encore le cas ?
Certainement, nous avons le souci
de voir les écoles juives de notre ville
s’épanouir et nous avons aussi le Talmud
Torah pour les enfants scolarisés dans les
écoles publiques. L’effectif du Talmud
Torah s’affaiblit d’année en année et sa
direction réfléchit aux améliorations à y
apporter afin de le rendre plus attractif.
Quant à l’éducation non formelle, il suffit
de lire l’offre présentée chaque semaine
dans le Chabbat Chalom pour constater
que nous sommes en pointe de l’activité.
On chuchote qu’un projet d’extension du Centre communautaire est à
l’étude. Qu’en est-il ?
A l’étude, pour l’instant. Ce sont nos
deux écoles, le Gan Chalom et Yéhouda
Halévi qui seront concernées par ces
extensions. Leurs locaux ne sont pas
toujours à la hauteur de leur succès.
L’antisémitisme s’invite plus qu’à
son tour ces derniers temps. Quelles
sont les mesures qui sont prises par la
Communauté pour faire face à d’éventuelles agressions ?
Nous en sommes pleinement conscients.
C’est à l’ensemble de la Communauté
nationale qu’il revient de combattre
l’antisémitisme. Nos Centres Communautaires font l’objet d’une surveillance
constante et nous devons rendre hommage au SPCJ et aux nombreux bénévoles qui assurent notre sécurité.
“Intégrer de nouvelles
familles”
L’ensemble de la Communauté estelle instruite de ces nouveautés ?
Nous avons le bonheur de mettre à la
disposition de nos membres (et même
au-delà) plusieurs médias : le Chabbat
Chalom, hebdomadaire de plus en plus
volumineux, qui témoigne de la vitalité
de la Communauté ; Echos-Unir qui paraît
6 à 7 fois dans l’année et qui a une présentation luxueuse, un contenu riche
digne de notre Communauté ; le site
internet (www.cibr.fr) devenu performant
et qui est un outil moderne et efficace,
visité quotidiennement par des centaines
d’internautes ; et enfin Radio Judaïca,
organe il est vrai indépendant de la
Communauté mais avec lequel nous
avons les meilleures relations.
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
7
COMMUNAUTÉS
Commission Cimetières et Bâtiments
Compte-rendu d’activités
Jean-Pierre Lévy, Responsable des Commissions Bâtiments et Cimetières
Présidée par Jean-Pierre Lévy, la Commission « Cimetières et
Bâtiments » dresse, ici, le bilan de son activité. Où l’on se rend compte
des dossiers en cours et de la charge de travail à réaliser…
ette double commission
fonctionne par délégation
spéciale du Consistoire Israélite du Bas Rhin (CIBR) dévolue à la Commission Administrative de la Communauté Israélite de
Strasbourg (CIS). Le président Jean-Paul
Kling en a donc dessiné les contours et
fixé les objectifs. Cette commission va
établir des priorités dans les dossiers
qui la concernent, en fonction de leur
urgence et de leur poids financier.
Nous devons remercier tout particulièrement notre Directeur des Affaires
Communautaires sans l’appui duquel
C
8
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
aucune de nos actions ne pourrait être
menée à bonne fin.
A Koenigshoffen, nous avons remplacé le grillage suite à l’intervention du
Conseiller Général Eric Elkouby. La CIS
a remis à neuf le portail d’entrée, la
vasque ainsi que le coffret contenant le
plan des tombes. Ainsi, le 16 septembre,
une visite guidée du cimetière de
Koenigshoffen était organisée dans le
cadre de la Journée du Patrimoine. Henri
Hochner, par ses brillantes explications,
a su conquérir un public fourni.
Sur conseils du service des Espaces
Verts de la CUS, nous avons procédé à des
travaux d’abattage sanitaire et sécuritaire.
Eric Elkouby a également rappelé que
le Cimetière est inscrit au Patrimoine des
Monuments Historiques. Des mesures
devront être prises pour la sauvegarde
des pierres tombales et du cimetière dans
sa globalité. Comme vous le savez, la
gestion de ce cimetière incombe exclusivement au CIBR et donc, par voie de
conséquence, à la Communauté. Nous
avons la volonté de mettre en valeur ce
cimetière pour le grand public, en travaillant sur la signalétique. Nous avons
acquis des piquets qui permettront ainsi
un meilleur repérage de tombes célèbres.
Pour le cimetière central de Cronenbourg, notre souhait serait d’offrir à
proximité du carré actuel quelques
places de stationnement pour véhicules
permettant aux personnes à mobilité
réduite un accès plus aisé. Il nous faut
procéder rapidement au nettoyage des
résidus inesthétiques accumulés au fil
des ans et encombrant toute la longueur
du mur. Une rampe a été construite à
l’entrée de la maison du concierge. Une
consultation avec les services de la CUS
est en cours dans le cadre de l’opération
immobilière en mitoyenneté, côté ouest.
Au Centre Communautaire, le sol du
Miqweh-Hommes a fait l’objet d’un traitement antidérapant grâce au don d’un
particulier.
Le chantier de mise aux normes électricité de la Grande Nef engagé par la
précédente Commission se poursuit. Les
candélabres sont restaurés.
Le vitrage du corridor donnant accès
à la Synagogue Rambam est sous protection.
Nous travaillons sur les possibilités
d’extension du bâtiment pour accroître
le nombre de classes.
Un projet d’une signalétique (obligation réglementaire) des différents lieux
COMMUNAUTÉS
Cimetière de Koenigshoffen
est en cours. Le remplacement du tapis
usé recouvrant le sol de la Grande Nef
est prévu et nous envisageons de procéder au nettoyage des murs entourant
l’Arone Hakodesch.
Pour faire suite à une demande du
Grand Rabbin, nous installerons une
fontaine à eau (Gyssef), salle Blum.
La Commission s’est engagée, sur
proposition de l’architecte, dans une
réflexion sur les modifications à venir
concernant la salle Blum pour la localisation de la cuisine et son utilisation par
les professionnels.
Un projet architectural, souhaité par
les élus du Minyan Rambam, de modification des parties supérieures de la
Synagogue est en cours de certification.
Nous en attendons les conclusions.
Nous veillerons à l’application des
recommandations faites par la « Commission de Sécurité ».
En ce qui concerne le Centre Communautaire de la Meinau, à l’issue du
passage de la Commission de Contrôle
suivi de la remise de son rapport,
nous avons réalisé les divers travaux
exigés.
Nous espérons que la majorité des
lecteurs comprendra que l’entretien des
cimetières correspond au respect dû à
nos anciens, à tous les défunts.
L’entretien des bâtiments érigés il y a
plusieurs dizaines d’années doit faire
l’objet d’un suivi constant. La Commission s’y emploiera dans la mesure de ses
moyens.
Pour toute suggestion :
[email protected]
ou courrier à déposer au
secrétariat de la Communauté.
S A T ETT L E R
FILS
MONUMENTS FUNÉRAIRES
GRAVURE - TAILLE
nouveau hall d’exposition
choix des monuments
19, rue du Général de Gaulle 67170 BRUMATH · tél. 03 88 51 13 15 · fax 03 88 51 91 24
membre agréé de Florajet
L'originalité de nos bouquets et compositions
compositions,
la qualité et le souci de l'excellence
font de nos arrangements un art du cadeau.
Des fleurs pour tous les événements.
7 J/7 • LUNDI / SAMEDI 9H - 20H • DIMANCHE 10H - 13H
2 allée de la Robertsau 67000 STRASBOURG • Tél. 03 88 25 04 04 • Fax 03 88 25 07 07
26 rue du Maréchal Foch 67500 HAGUENAU • Tél. 03 88 93 63 08
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
9
ASSOCIATIONS
La Chorale « Le Chant Sacré »
Rendez-vous à Berlin
Avant le grand événement qui l’attend en décembre à Berlin, la Chorale
« Le Chant Sacré » est à la synagogue d’Obernai le 25 novembre pour un
concert unique. Cette saison s’annonce riche en émotions pour les 18
choristes de cet ensemble.
etit rappel historique, tout
d’abord. L’association de la
chorale « Le Chant Sacré » a
été créée après la guerre, mais
la chorale, en tant que telle,
chantait déjà dans la synagogue quai
Kléber.
P
Actuellement, 18 choristes, tous amateurs, constituent cet ensemble dirigé
par le chef Roï Azoulay, jeune israélien de
26 ans, diplômé de l’Académie de
Musique de Jérusalem. Ils se retrouvent
deux fois par semaine pour des répétitions visant à préparer les différents
rendez-vous de la chorale.
Présents à tous les offices de la Synagogue de la Paix, faisant ainsi du « Chant
Sacré » une des dernières chorales synagogales en France, ses membres sont
également présents aux mariages (sur
demande) à la Synagogue de la Paix ou
en d’autres lieux et en déplacement. Ils
participent aux cérémonies civiles et
10
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
religieuses et organisent deux ou trois
concerts par an.
La chorale c’est un engagement, une
volonté pour la préservation du patrimoine musical traditionnel ashkenaze de
la vallée du Rhin. Forte de son expérience, la chorale a élargi son répertoire
à des airs empruntés à la liturgie séfarade, à la musique traditionnelle juive
d’Europe de l’Est, ainsi qu’au folklore
israélien. Par ailleurs, elle a eu l’occasion
d’accompagner les plus grands Hazan
aussi bien Français qu’Israéliens et du
monde.
Un répertoire constitué de
Lewandowski, Sulzer,
Naumbourg,…
Récompensée du Prix Européen de la
Chorale en 2008, décerné par le Conseil
de l’Europe, la chorale constitue un répertoire vivant de la liturgie écrite par
Louis Lewandowski, compositeur et chef
de chœur de la Neue Synagogue de Berlin
(Oranienburgerstrasse), Salomon Sulzer,
Ministre Officiant et compositeur à
Vienne, mais également Samuel Naumbourg, Chef de chœur à la Synagogue de
Strasbourg avant de prendre ses fonctions à la grande Synagogue de Paris….
Cette saison 2012-2013 sera, assurément, riche en émotions pour les 18 choristes strasbourgeois. D’ores et déjà,
deux représentations les attendent d’ici
la fin de l’année.
Très prochainement, le dimanche 25
novembre à 17h, ils seront à la Synagogue
d’Obernai pour un concert à l’occasion
de l’enregistrement de leur prochain
CD (entrée libre). Le 10 mars 2013 à 17h,
la Synagogue d’Haguenau sera également.le théâtre d’une représentation,
Mais surtout, du 20 au 24 décembre, ils
participeront au 2e Festival Lewandowski
à Berlin en présence de six autres chorales venant de Jérusalem, Paris, Johannesburg, Varsovie et Berlin. Un moment
d’exception qui attend la chorale « Le
Chant Sacré » et qui viendra récompenser le travail et l’investissement considérables consentis par les membres de
cette association juive de Strasbourg.
ASSOCIATIONS
Les Polyphonies Hébraïques de Strasbourg
De tout
pour tous
Bernard Aspis
Président des Polyphonies Hébraïques de Strasbourg
Après six mois de préparation, depuis la reprise des répétitions début septembre, les Polyphonies Hébraïques
de Strasbourg (PHS), qui comptent actuellement 45 choristes, tous bénévoles, de toutes origines et
confessions, dont 6 solistes et un organiste permanent, vont entamer, en mars prochain, leur 17e saison
avec un premier programme intitulé : « Le chant hébraïque dans la culture judéo-chrétienne ».
n programme conçu pour
permettre à l’auditeur de
comparer des œuvres musicales écrites sur la base de
textes similaires ayant été
composés en des endroits et époques éloignées, telles un Barou’h Haba italien du début XVIIe siècle et un Borou’h Habo français
de la fin XIXe. Ou encore des airs du répertoire classique du XVIIIe (airs de La Flûte
Enchantée de Mozart entre autres) chantés
en hébreu, comme cela se faisait pour
adapter les plus beaux airs en vogue aux
paroles de diverses prières synagogales.
Dans le même esprit, le public pourra
confronter des versions du Kaddich aussi
éloignées l’une de l’autre que celle de
Ravel (première moitié du XXe siècle) et
de Salomone Rossi (début XVIIe). Au
programme, outre les œuvres d’autres
illustres compositeurs juifs, vous pourrez apprécier un Mimaamakim, Psaume
130, composé en hébreu par Arthur
Honegger. Ceci pour mettre en lumière
les innombrables passerelles qui existent
entre la musique juive et la musique européenne de tradition chrétienne.
Ce premier concert de la saison est
organisé par l’École Municipale de Musique et de Danse de Herrlisheim (BasRhin), à l’initiative de la municipalité
locale. La participation à ce concert de
Michel Hild, professeur de musique au
collège de Herrlisheim et également organiste attitré des PHS, revêt de la sorte
une signification toute particulière pour
U
le public local, tout comme celle de
quatre autres professeurs de l’école municipale de musique qui seront invités
spécialement pour apporter leur concours
à ce concert, que la municipalité a
souhaité à entrée libre. Rendez-vous le
dimanche 17 mars 2013 à 17h en l’Église
Saint-Arbogast de Herrlisheim.
A la Grande Synagogue de
Lausanne, en avril
Un concert suivra à Lausanne, le jour
de Lag BaOmer. Les organisateurs ont
souhaité y donner une tonalité enjouée.
La thématique retenue : « La joie dans le
chant hébraïque à travers les siècles »
permettra ainsi de présenter un programme parcourant la musique judéoitalienne de la Renaissance et du Baroque,
jusqu’aux XVIIIe et XIXe siècles montrant,
à travers quelques pièces musicales, de
quelle manière pouvait s’exprimer la joie
à travers le chant. Enfin, un troisième
volet réunissant des pièces du XXe siècle
complétera le programme, au cours duquel le Quintette vocal Hébraïca composé par les solistes masculins et le
chef de l’ensemble, présentera un bel
échantillon d’airs israéliens. En clôture,
l’ensemble au grand complet chantera
trois compositions d’auteurs nés en Israël.
Rendez-vous à Lausanne le dimanche 28
avril 2013 à 15h, en la Grande Synagogue.
L’ensemble vocal Hébraïca composé
par des solistes issus des rangs des PHS
se présentera en formation élargie à huit
chanteurs au mois de mai 2013 dans le
cadre de la deuxième édition du nouveau
festival « Les Sacrées Journées de Strasbourg ». A cette occasion, des concerts
seront donnés au cours du dernier weekend du mois en divers lieux de la CUS.
Plus de détails ultérieurement…
Pour conclure la saison 2013, les Polyphonies Hébraïques se produiront lors de
la clôture de la 4e édition du « Mini-festival de musique juive du Pays de Hanau
et du Val de Moder », organisé par l’Office
de Tourisme d’Ingwiller. Ce concert
réunira pour la première fois les PHS et
l’Ensemble Choral Copernic, créé il y a
quelques années par l’Union Israélite
Libérale de France (ULIF-Copernic). Son
directeur musical, le chef et compositeur
israélien Itaï Daniel, a composé une
pièce à deux chœurs qui sera donnée en
« première mondiale ». Le concert, bâti
autour du thème « De Babylone à Jérusalem », permettra d’entendre d’autres
compositions chorales autour de ce
sujet historique qui reste encore et toujours d’actualité. Rendez-vous le dimanche
23 juin 2013 à 17h, au Centre Culturel
Marie Hart de Bouxwiller.
A n’en pas douter la nouvelle saison,
grâce à une programmation variée,
concoctée par Hector Sabo directeur
musical et artistique des Polyphonies Hébaïques de Strasbourg, devrait être une
nouvelle fois riche en moments d’émotion et de partage.
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
11
DOSSIER
Les Rabbins,
pour
quoi faire?
12
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
RABBINAT
Interrogé par son petit-fils fils, le Rav Meir Bar Ilan, sur le rôle du rabbin,
Reb Hayyim de Brisk (1853-1918) lui répondit : Intervenir en faveur des esseulées
(« agounot »), défendre l’honneur des pauvres et des abandonnés, et sauver l’oppressé
des mains de son tyran.
Grand Rabbin René Gutman
ul doute qu’une telle définition (liée aussi aux conditions d’alors) paraîtrait
incongrue à n’importe quel
consultant, ou « chasseur
de têtes », à la recherche d’un rabbin
pour une communauté actuelle !
Certes, il ne faut pas y voir le « cahier
de charges » classique, tel qu’il sera ici
présenté, à travers l’organigramme du
rabbinat bas-rhinois, mais nous croyons
profondément que cette définition traduit – justement – la réalisation de l’idéal,
qu’à travers toutes ses tâches quotidiennes, un rabbin et un maître en Israël
doit donner comme ligne directrice.
Contrairement au modèle napoléonien, il est bon de rappeler que le
« culte » n’a aucune valeur, si les règles,
et les principes d’intégrité et de justice
envers le prochain sont transgressés, au
risque de susciter ce que l’on appelle
en hébreu une « mitzwah habaah al yedé
avérah », une mitzwah accomplie suite à
une transgression.
A la différence d’autres religions, le
judaïsme ignore absolument la dualité
qui distingue entre l’homme debout
devant D., dans une atmosphère empreinte de sainteté, et l’homme et sa
relation avec le prochain dans l’espace
public.
De ce fait, le rabbin n’établit pas, dans
sa « pastorale », de domaine réservé,
domaine de la synagogue d’une part, et
domaine communautaire d’autre part :
prière d’un côté, et vie pratique de l’autre.
Il ne connaît pas cette étrange schizophrénie et cette fragmentation spirituelle ; il ne distingue pas, entre celui qui
fréquente les offices au quotidien, et
celui qui, empêché, mène la dure lutte
de l’existence au-dehors. Selon la tradition rabbinique qui le guide, le culte
s’accomplit, en dehors de l’étude de la
Torah, par la concrétisation de ses prin-
N
cipes dans le réel. Il revient donc aux
rabbins, et telle doit être leur aspiration,
de transformer ce monde en un monde
de bonté (« olam beh’essed ybané ») et de
justice (« tzion bemichpat tipadeh »).
Du coup, et contrairement aux velléités
des premiers Consistoires, la Synagogue,
aussi monumentale soit-elle, n’occupe
pas la place centrale dans la religion
juive, contrairement au judaïsme libéral
qui crut bon confiner la Présence divine
dans le temple, et faire de ce dernier le
cœur de la religion. Or, la halakha, que
nous sommes appelés à faire vivre,
c’est-à-dire un judaïsme fidèle à ses
racines, doit faire pénétrer cette
« Cheh’inah » dans le concret, et ne pas
tourner seulement autour des synagogues. Celles-ci ne sont que des petits
sanctuaires « mikdach méat », le véritable
sanctuaire étant le domaine de la vie
quotidienne, dans lequel la halakha se
concrétise, depuis la naissance de
l’homme jusqu’à son dernier souffle.
La vérité dirige le rabbin
C’est la raison pour laquelle un rabbin
ne doit se laisser décourager par personne, ni rechercher les compliments, ni
même avoir besoin du consentement
du « kahal ». Il sait que ce qui le dirige,
c’est la vérité, et que la Torah éclaire
son chemin. Il sait qu’une piété qui n’est
pas fondée sur la connaissance de la
Torah ne compte pas (« eyn ‘am haaretz
h’assid ») et qu’il ne peut y avoir de
crainte de D. sans connaissance de la
vérité. De ce fait, et malgré les pressions
ou les intimidations qu’il peut rencontrer, le rabbin n’est pas prêt à la sacrifier,
même pour une grande cause, fût-elle
« communautaire » !
On lui reprochera, sans doute, de ne
pas toujours comprendre l’esprit du
temps, ou les enjeux du politique, et il
paraîtra peu averti des réalités de ce
monde. Qu’importe ! Il est de son rôle de
ne renoncer à aucun détail de la halakha
même pour réaliser un important projet
culturel, éducatif ou même « événementiel ». Il ne s’agit pas d’un supposé
fanatisme de sa part, mais d’une fermeté en faveur de l’accomplissement
de la vérité, telle qu’elle lui a été transmise par ses maîtres. C’est pourquoi il
ne faut pas s’attendre à ce qu’il accommode, ou « adapte » la loi, ni dans le sens
de la facilité, ni non plus – et cela mérite
d’être rappelé ici – dans le sens de la
sévérité, de ceux qui exigent trop de
rigueur. On ne sacrifie pas, disait encore
Reb Hayyim de Brisk, la vérité de la loi,
même pour atteindre un but éminent.
Telle est la mission d’un rabbin : réaliser la Torah sur le plan pratique, et
pour le bien de tous ses fidèles sans
exception, mais le faire sans renoncement ni compromis et sans détour, car
c’est cette réalisation qui est son idéal et
son rêve le plus cher.
Conscients de la chance et du bonheur que nous avons de compter, dans
le Bas-Rhin, une équipe rabbinique qui
se distingue dans la France entière par
la qualité exceptionnelle de ses rabbins,
et en particulier d’un Dayan unanimement reconnu au-delà de nos murs,
avec à nos côtés le rabbin Claude Heymann dont l’heureuse collaboration a
suscité une cohésion rabbinique, renforcée et plus dynamique encore avec la
venue de M. Mendy Samama à la tête du
kahal de la Meinau, et encouragés, pour
ce faire, par le Consistoire Israélite et la
Communauté israélite de Strasbourg,
nous élevons nos yeux vers la Providence pour que nous puissions bénéficier, de longues années encore, de la
« siyata diChemaya », cette aide divine,
sans laquelle tous nos efforts seraient
vains !
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
13
DOSSIER
Le Rabbinat
’infographie ci-contre le montre :
nos rabbins ne manquent pas de
missions ! Depuis l’audit réalisé
pendant une année, les tâches de
chacun des huit membres du
Rabbinat de Strasbourg ont été organisées et
clairement définies. Pour eux, le changement, c’est du concret… Le Grand Rabbin
et ses collègues ont tous une « feuille de
mission » précise et correspondant à leurs
compétences et aspirations. Responsabilités
qui ont été approuvées par tous les rabbins.
L
Rav Michaël Szmerla
Dayan
Adath Israël
• Beth Din: Cacherout, Mikvé,
divorces, conversions, arbitrages…
• Commissions cacherouth,
statut personnel
• Réponses aux questions rituelles
• Management religieux des
superviseurs
On le voit, chaque rabbin officie dans un
oratoire précis. Chaque rabbin est également
responsable d’un secteur géographique. Enfin,
chaque rabbin est affecté à des Commissions
du Consistoire et/ou de la Communauté.
Leurs missions et leurs champ d’action sont,
désormais, plus structurés et plus organisés.
Le véritable changement par rapport au
mode de fonctionnement précédent, ce sont
ces Pôles d’activités (Pôle social, Pôle cacherout, Pôle publication,…). Aujourd’hui, chaque
rabbin connaît précisément ce qu’on attend
de lui, ce que font ses collègues et possède
un cadre d’intervention défini.
Tous les lundis, le Rabbin Heymann anime
une réunion hebdomadaire pour faire le
point sur les tâches passées et les projets en
cours. Après avoir bénéficié, récemment,
d’une formation pointue en informatique,
les rabbins bas-rhinois ont tous, à disposition, un agenda électronique afin d’avoir une
visibilité sur du long terme et peuvent, surtout, mieux gérer leur temps de travail, leur
temps de réflexion (indispensable dans leur
métier et cœur de leur fonction) et leur
temps de repos.
L’audit réalisé par le consultant en Ressources Humaines a abouti à cette réorganisation et à ces évolutions. Des évolutions
qui permettent aux rabbins du Bas-Rhin
d’être aujourd’hui certainement plus reconnus par rapport à des travaux souvent réalisés dans l’ombre.
T.A.
14
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
Rabbin
Haï Cohen
Rabbin
Réouven Coriat
Synagogue Bischheim
Synagogue Rambam
• Resp. rabbinique à
Bischheim, Schiltigheim
et Hoenheim
• Resp. Certificats de
judaïcité
• Assistant Dayan pour
les divorces
• Intervenant religieux
de l’APAJ
• Aumônier du Centre
de réadaptation de
Clemenceau - CMCO
• Resp. rabbinique à
Bischwiller
• Mariages et états civils
• Membre de la Commission des Conversions
• Aumônier de la
Clinique Adassa
RABBINAT
se structure
Grand Rabbin
René Gutman
Grande Schule
• Autorité religieuse du
département
• Fonctions officielles et
de représentations
• Direction de l’équipe
Rabbinique
• Relations publiques
Rabbin Claude Heymann
Adjoint au Grand Rabbin
Synagogue du Merkaz
• Responsable rabbinique du nord
du Bas-Rhin
• Direction du Talmud Torah
• Membre de la Commission
Patrimoine
• Membre de la Commission des
Conversions
• Aumônier Hôpital de Brumath
Rabbin
Aaron Eliacheff
Rabbin
Carl-Mikaël Lejdstrom
Rabbin
Claude Spingarn
Délégué rabbinique
Mendel Samama
Office Amira
Office des jeunes
Synagogue Meinau
• Resp. Pôle Communication, Publication pour le
Rabbinat
• Membre de la Commission Culturelle
• Aumônier des étudiants
• Aumônier de l’Hôpital
de Hautepierre
• Resp. rabbinique à Obernai
• Superviseur Cacherout
• Commission cacherouth
• Association Sportive
du Rabbinat
• Office Merkaz le samedi soir
• Aumônier de l’Hôpital
d’Erstein
Synagogue Esplanade,
Sélestat
• Resp. rabbinique du
sud du Bas-Rhin
• Resp. Pôle Social pour
le Rabbinat
• Assistance aux malades,
familles et personnes
en fin de vie
• Aumônier des Hôpitaux
NHC, Paul Strauss,
Ste-Anne
• Resp. Pôle Administratif
pour le Rabbinat
• Seconde le Directeur
du Talmud Torah
• Membre de la
Commission Accueil
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
15
DOSSIER
Les Rabbins
de la reconstruction
Valérie Sibony, avec Salomon Lévy
La communauté juive de Strasbourg d’aujourd’hui, vivante et attractive,
est le fruit d’un long, très long travail en profondeur. Messieurs les grands rabbins
Deutsch, Warschawski, Hazan et Perez étaient aux commandes.
Abraham Deutsch
Max Warschawski
année zéro pour
les juifs strasbourgeois. Exilés
depuis 1939, ils
ne trouvent que les ruines de la grande
synagogue du quai Kléber, des commerces et des appartements aryanisés,
vidés. Le Grand Rabbin René Hirschler,
installé depuis 1939, est l’un des nombreux disparus dont le décès sera officialisé quelques années plus tard. La
communauté de Strasbourg, en grande
partie repliée à Limoges et ses environs,
avait été dirigée religieusement, spirituellement et concrètement par le
rabbin Deutsch, nommé à Bischheim
depuis 1936.
1945
Le rabbin Deutsch, devenu rabbin de
fait à Strasbourg, reconstruit la première
école juive de la France d’après-guerre,
Aquiba, fait fonctionner le Talmud Torah,
donne des cours d’instruction juive dans
les écoles de la ville. Il s’occupe de la mise
en place des offices dans une ville qui n’a
plus de synagogue, de mikweh, de cache-
16
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
Albert Hazan
Raphaël Perez
rout. Il obtient les autorisations et procède aux ré-inhumations des morts
pendant la guerre. Il frappe à toutes les
portes pour consoler, conseiller et chercher le financement des institutions qui
doivent fonctionner. Il se met au service
de la construction de la synagogue de la
Paix, symbole de réconciliation et de
transmission entre 1954 et 1958.
Le Rabbin Deutsch, une
référence incontournable
Il reste un maître, une référence incontournable par ses connaissances,
son ouverture d’esprit et son charisme.
Ses collègues de tout le département se
rendent régulièrement à ses leçons et lui
demandent conseil. Lui-même tire des
enseignements de rabbins plus âgés,
d’une étude quotidienne et du soutien de
ses collaborateurs et de son épouse.
Son intérêt premier était l’instruction,
fondateur d’une école (le PSIL) à Limoges qui a permis à toute une généra-
tion de garder intacte sa foi juive et de
trouver un enseignement judaïque de
grande qualité, il a aussi formé les esprits
dirigeants de l’après-guerre.
Il a littéralement passé sa vie à créer
des liens avec les enfants, en visitant
régulièrement les classes d’Aquiba, en
instaurant un carnet de suivi pour la
formation des Bar Mitsvah entre la famille,
l’enseignant et le garçon, en donnant des
cours dans les lycées. Les souvenirs et les
témoignages sont catégoriques : de la cachérisation de la porcelaine louée pour
recevoir le Ministre des Affaires étrangères israélien à l’explication des mystères de la vie aux enfants du primaire,
le rabbin Deutsch avait un œil et un avis
sur tout. Et le respect était unanime.
Avec le Rabbin
Warschawski,
la communauté s’étoffe
Son successeur et élève, le grand rabbin Warschwaski, poursuit la reconstruction de la communauté de Strasbourg à travers les années chahutées
d’après 1968. Il ne transige pas sur les valeurs du judaïsme tout en restant au plus
près des problèmes de ses fidèles. Il a la
difficile tâche de transmettre une religion
authentique à des enfants nés dans une
société qui manque cruellement de repères, sa personnalité droite et forte en
fait un confident et un soutien précieux
pour tous les rabbins, les enseignants et
les familles.
Avec son épouse, il rédige un précis
d’histoire biblique servant de référence à
RABBINAT
toute une génération. La communauté de
Strasbourg s’étoffe sous son mandat
avec l’apport des juifs des communautés
rurales et l’arrivée des étudiants, des enfants puis des familles sépharades. Tous
les nouveaux, comme les anciens, reconnaissent le travail constant et l’attention sans faille qui a permis à Strasbourg de continuer à briller.
Naissance de la
communauté sépharade
avec le Rabbin Hazan
Les Rabbins
de Strasbourg
La succession des grand rabbins
strasbourgeois refléte fidélement
l’évolution de la Communauté de 1791
à nos jours. Chronologie des Grands
Rabbins de Strasbourg.
Le Rabbin Hazan, alors aumônier militaire à Strasbourg a été conscient du
danger que courraient les enfants juifs en
Algérie en début de cette année 1962. Il
les fit venir à Strasbourg avec l’aide immense du Professeur André Neher et de
Maître René Weil. Leurs familles suivront. Ainsi est née, dans l’unité complète
avec la communauté aschkenaze, la
communauté sépharade de Strasbourg
qui ne cessera de s’enrichir avec la venue
des familles du Maroc ou de Tunisie.
Jacob Mayer (1739-1830) a fait ses études en Allemagne mais parle parfaitement le français, il devient
dayan dans le Haut Rhin, puis grand rabbin, il est
un facteur important de la réussite de la politique
religieuse de Napoléon Ier.
Le Rabbin Perez
renforce les liens de la
communauté
Arnaud Aron (1807-1890) nommé à 27 ans, il restera
en poste 60 ans. Traditionnel mais conciliateur, il
admet un orgue mais refuse un chœur mixte pendant les offices.
Arrivé à Strasbourg en 1965, le rabbin
Perez, né à Marrakech, se lance à la fois
dans l’enseignement tout en faisant un
doctorat à l’Université avec son ami et
maître, le professeur Neher. Il sera, toujours et à toute heure, à la disposition à la
fois de sa communauté de cœur qui ne
cesse de se développer, et de la communauté de Strasbourg dans son ensemble
pour tisser et renforcer les liens, répondre
aux questions religieuses et « techniques».
Et surtout, fonder la belle synagogue
Rambam, issue de l’Oratoire Léo Cohn.
Sa passion pour les Belles Lettres
aussi bien en français, qu’en arabe,
qu’en hébreu en fait un orateur de premier plan qui reçoit toujours avec grand
plaisir les voyageurs, grands ou pas, de
passage à Strasbourg.
Ces quatre grands messieurs, leurs
épouses et leurs familles, ont été les
garants de la reconstruction de la communauté juive de Strasbourg depuis
1945, lui garantissant une pérennité et
une multiplicité de facettes qui en font
sa richesse d’aujourd’hui.
David Sintzheim (1740-1813) fils de rabbin, il est
germanophone mais cela ne l’empêche de représenter les Juifs de l’Est à Paris auprès de Napoléon Ier.
Seligmann Goudchaux (1770-1849) né en Alsace,
il devient directeur d’une école talmudique, puis
occupe plusieurs postes de rabbin en Alsace, à Strasbourg il fonde la synagogue de la rue Ste-Hélène.
Isaac Weil (1840-1899) il a fait une partie de ses
études rabbiniques à Paris avant de diriger des communautés en Lorraine. A Strasbourg, il supervise les
travaux de la grande synagogue du quai Kléber.
Adolphe Ury (1849-1915) il suit le même parcours
que son prédécesseur, lors de son investiture en 1900,
la synagogue est éclairée à l’électricité.
Emile Levy (1879-1953), quitte Strasbourg en 1919.
De culture et de formation allemande, il doit quitter
son poste avant d’avoir pu œuvrer pleinement pour
la jeunesse.
Isaie Schwartz (1876-1952) formé à Paris, il est
rabbin à Bordeaux avant d’être nommé à Strasbourg,
il accueillit les immigrés économiques polonais, puis
les allemands fuyant le nazisme et travailla à leur
obtenir la nationalité française. En 1939, il est nommé
Grand Rabbin de France.
René Hirschler (1905-1945) déjà rabbin à Mulhouse
il est nommé à 35 ans à Strasbourg à la veille de la
guerre, de l’exil et de la déportation où son épouse
et lui-même disparaîtront, laissant un douloureux
souvenir aux juifs strasbourgeois.
Abraham Deutsch (1902-1992).
Max Warschwaski (1925-2006).
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
17
DOSSIER
Bicentenaire du Yahrzeit
du Grand Rabbin David Joseph Sintzheim
Une vie et une action au se
Jean Daltroff
ils du rabbin Isaac Sintzheim,
il appartenait à une famille
éminente représentée à Vienne,
Worms, Mayence et Francfort.
À l’inverse de la plupart des
jeunes de son temps, qui allaient étudier au loin auprès de grandes autorités
rabbiniques, il acquit sa science talmudique auprès de son père.
F
Né le 16 novembre
1745 à Trèves, David
Sintzheim décéda le
9 novembre 1812 à
Paris et fut inhumé
au cimetière du
Père-Lachaise.
A l’occasion du
bicentenaire de son
Yahrzeit, retour sur
ses engagements.
18
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
David Sintzheim vint en Alsace avec
ses parents. Il épousa Esther Berr, sœur
de Cerf Berr, un des préposés généraux
des Juifs d’Alsace dont il eut une fille,
Güttel, en 1768. Grâce à la dot de sa
femme, placée dans les affaires de Cerf
Berr, il se voua à l’étude et mit en chantier
la rédaction d’une encyclopédie talmudique et halakhique, le Yad David. À
partir de 1778, il dirigea l’école talmudique établie à Bischheim par Cerf Berr.
Il resta à la tête de cette école jusqu’à la
Révolution Française.
Sintzheim joua un rôle actif dans le
processus prérévolutionnaire et de
l’Emancipation étendue en septembre
1791, non sans résistances, aux Juifs
d’Alsace.
Retour à Strasbourg
Il participa à Strasbourg avec 37
délégués à la rédaction du cahier de
doléances des Juifs d’Alsace. Ce cahier
réclamait l’égalité avec les concitoyens
chrétiens, mais aussi le droit à la différence, l’égalité dans le domaine fiscal, le
droit d’exercer toutes les professions, le
droit de posséder des terres et de les
cultiver, le droit de s’établir sur tout le
territoire de la Province. David Sintz-
heim fut élu député avec Joseph Brunschwig d’Uffholtz. Ce cahier fut porté
au domicile parisien de Cerf Berr qui
réunissait les députés de Lorraine et des
Trois-Évêchés. Ils rédigèrent un cahier
unique qui fut confié à l’abbé Grégoire.
David Sintzheim, dont la femme Esther
mourut à l’âge de cinquante ans en
1793, dut se cacher lors de la Terreur et
ne revint à Strasbourg qu’à la fin des
persécutions religieuses. Ayant perdu
l’essentiel de sa fortune, il devint le
rabbin de la toute jeune communauté
strasbourgeoise et reprit auprès de la
Convention la lutte pour faire entrer
dans la pratique l’égalité des droits des
Juifs du Bas-Rhin.
Face à Napoléon Ier
pour le Concordat
Sous le Consulat et au début de l’Empire, la population juive de Strasbourg
s’organisa en une communauté structurée avec 1 476 juifs en 1807, sur un
total de 54 454 habitants.
L’empereur Napoléon décida de résoudre le problème juif en France par des
règlements concernant le culte et la vie
communautaire. Ces règlements devaient
compléter ceux du Concordat pour les
Catholiques et les Articles organiques
des communautés protestantes.
En 1806, il fut appelé comme député
du Bas-Rhin à participer aux travaux de
l’Assemblée des 110 notables convoquée par Napoléon à Paris. Sans violer le
moindre principe du droit juif, il réussit
à convaincre Napoléon 1er que les Juifs
accepteraient l’autorité de l’Etat et rem-
RABBINAT
rvice du judaïsme français
pliraient leurs obligations de citoyens
sans pour autant abandonner leur foi et
leurs traditions.
du 17 juillet 1808 et réélu en 1811. Les
difficultés se multiplièrent rapidement
entre les responsables laïcs de la communauté qui désiraient introduire des
réformes modestes dans le culte, et le
grand rabbin. Il rédigea à Paris en 1809
et en 1810 une partie de son encyclopédie talmudique qu’il intitula Minh’hat
Ani (l’offrande du peuple).
Son action révèle le courage de défendre la tradition juive face au pouvoir
dans un monde nouveau qui s’ouvrait
pour les Juifs de France.
Nommé Grand Rabbin
du Consistoire Central
Stèle de David Sintzheim
au Père Lachaise
■ Jean-Philippe Chaumont et
Monique Lévy, Dictionnaire
biographique des rabbins,
article Sintzheim (Joseph
David), Paris, Berg International éditeurs 2007,
p. 669-671.
■ Jean Daltroff, Sintzheim
Joseph David, Nouveau
Dictionnaire de biographie
alsacienne, n° 35, Strasbourg,
FSHAA, avril 2000,
p. 3657-3658.
■ Sous la direction de
René Gutman, Le Document
fondateur du judaïsme
français : Les décisions doctrinales du Grand Sanhédrin
1806-1807, biographie de
David Sintzheim, Strasbourg,
Presses Universitaires de
Strasbourg, p. 151-154.
© wikipedia
Pour donner aux décisions de l’Assemblée des Notables un caractère d’obligation religieuse, Napoléon convoqua
à Paris une nouvelle assemblée de 71
membres, composée d’une majorité de
rabbins et d’une minorité de membres
laïcs. David Sintzheim présida le Grand
Sanhédrin avec autorité, s’appuyant sur
sa réputation de probité intellectuelle
et sa grande érudition talmudique. Ses
talents permirent de nuancer les textes
de réponses, sans abandonner quoi que
ce soit de législation du Choulhan Aroukh.
C’est le projet de l’Assemblée des Notables, avant même la convocation du
Grand Sanhédrin que Napoléon adopta
avec quelques nuances, le 17 mars 1808.
D’après ce décret, la France fut divisée
en consistoires départementaux, ayant
à leur tête un grand rabbin et plusieurs
membres laïcs. Ces consistoires étaient
responsables du culte et désignaient
rabbins, ministres officiants et sacrificateurs ainsi que les administrateurs
des synagogues. À la tête de ces consistoires se trouvait un consistoire central
formé de trois grands rabbins et de
deux ou trois membres laïcs. C’est le
consistoire central qui nommait ou
confirmait les nominations des grands
rabbins régionaux.
David Sintzheim fut nommé grand
rabbin du consistoire central par décret
Aller plus
loin
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
19
DOSSIER
Entretien avec Mendel Samama
“Une communauté
que j’aime”
Propos recueillis par Thomas Azan
A 36 ans, Mendel Samama a rejoint l’équipe rabbinique
depuis le 3 septembre dernier. Délégué rabbinique à la
Synagogue de la Meinau, adjoint au directeur du Talmud Torah
et coordinateur administratif du Rabbinat, ce natif de
Strasbourg se dit fier d’intégrer une telle institution.
20
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
RABBINAT
Echos-Unir : Tout d’abord, quel est
votre parcours ?
Mendel Samama : J’ai effectué mes
études à Strasbourg à l’école Loubavitch. Puis, jusqu’à 21 ans, j’étais dans
une Yeshiva. J’ai ensuite beaucoup
voyagé, en Australie, en Angleterre, aux
Etats-Unis. A partir de 1998, et pendant
8 ans, j’ai travaillé en exclusivité avec les
Loubavitch de Strasbourg. Petit à petit,
j’ai eu des responsabilités dans la communication pour les Loubavitch à l’échelon national. En parallèle, j’ai intégré les
institutions européennes, et je suis toujours membre du comité ad hoc pour le
dialogue inter-religieux. Pour le Conseil
de l’Europe, je suis également nommé
Expert sur la situation des cimetières
juifs en Europe. Dans le même temps, j’ai
repris mes études et passé le diplôme au
séminaire rabbinique de Paris.
Cela représente quoi, pour vous,
d’intégrer le Rabbinat de Strasbourg et
du Bas-Rhin ?
C’est une grande fierté. C’était une
volonté depuis de très nombreuses années. Toutes les études que j’ai entreprises avaient pour but d’être rabbin au
sein de la Communauté de Strasbourg
et du Consistoire du Bas-Rhin. C’est une
communauté que j’aime, car on y sent
une cohésion très forte entre toutes les
institutions qui n’existe qu’ici. Il y a une
harmonie unique, et mon expérience à
l’étranger me confirme ce côté propre à
Strasbourg. Il était évident que pour
déployer tout mon potentiel communautaire, je devais faire partie de l’institution.
“Un seul objectif :
le travail !”
Quelles seront précisément vos missions ?
Je n’ai qu’un seul objectif : le travail !
A la Meinau, il y a beaucoup de choses
à faire. La Meinau, ce n’est pas seulement une synagogue, c’est tout un secteur, qui comprend notamment Illkirch.
L’intention est de développer tout le
péri-synagogal. Le travail réalisé depuis
25 ans est remarquable. Je n’arrive pas
dans un désert. Je vais tenter d’apporter
du sang-neuf tout en valorisant le tra-
vail effectué. Il faut notamment rendre
hommage au Rabbin Abergel qui a porté
le Ka’al jusqu’à maintenant.
En ce qui concerne le Talmud Torah,
je suis professeur depuis cette année.
Mais je tiens à remercier le Rabbin
Heymann de me faire confiance et
d’avoir facilité mon intégration dans son
équipe. Je vais essayer d’apporter ma
créativité, mon énergie et faire de mon
mieux pour servir le Talmud Torah en
remplissant les critères de satisfaction
de mon Directeur.
Vous avez également un rôle de Coordinateur administratif du Rabbinat. En
quoi cela consiste-t-il exactement ?
Il s’agit d’être le relais entre le rabbinat et l’administration. D’être un facilitateur, en quelque sorte. Ma mission ne
sera pas de juger, ni de conseiller, mais
de faciliter la liaison entre les attentes et
les besoins des uns et des autres. Et,
également, d’accroître la visibilité du
rabbinat. Selon moi, il est important de
se sentir valorisé dans ses missions, et
les rabbins ne sont pas exempts de cette
nécessité. Il ne s’agit pas de me mettre
en valeur, mais de mettre en valeur mes
collègues rabbins. Je souhaite que les
rabbins aient la reconnaissance qu’ils
méritent car peu de gens savent tout ce
qui est fait. L’avenir de notre communauté passe, entre autres, par le rabbinat et les performances de ce pôle.
“En chacun
se trouve un potentiel”
Quelle est votre philosophie ? Quels
sont vos maîtres à penser ?
En ce qui me concerne, le Rabbi de
Loubavitch est toujours une source
d’inspiration. Ce qu’il nous enseigne,
notamment, c’est qu’en chacun se
trouve un potentiel, en chacun il y a
une flamme et une âme. Le rôle du
rabbin est d’offrir l’allumette et d’apprendre à gratter cette allumette. La
mission du rabbin, selon le Rabbi de
Loubavitch, est de faire en sorte que
chacun se sente épanoui et accompli
dans sa pratique. Bref, de se sentir bien
à la synagogue et dans la vie juive.
Vous êtes très présent, depuis de
nombreuses années, sur Internet, à
travers un blog, et sur les réseaux
sociaux (Facebook et Twitter). Allezvous poursuivre cette présence « digitale » maintenant que vous avez
été nommé au sein du Rabbinat de
Strasbourg ?
Le lien numérique est aujourd’hui de
plus en plus important pour le lien
social. Dans le respect des institutions et
des autorités au service desquelles je
suis, j’entends bien continuer à véhiculer des messages positifs et constructifs.
Rabbin de
« Yahad In Unum »
Outre sa fonction de rabbin
délégué au sein de la Communauté
de Strasbourg, Mendel Samama
occupe également une fonction de
consultant rabbinique auprès de
l’association « Yahad In Unum ».
Organisation judéo-chrétienne qui
effectue des recherches sur la
Shoah par balles, et présidée par le
Père Patrick Desbois, elle a entrepris,
depuis de nombreuses années, un
long travail de recherche sur les
morts par balles dans les pays
d’Europe de l’Est durant la Shoah.
Mendel Samama a été nommé
rabbin de « Yahad In Unum » début
2010. Patronné par le Grand Rabbin
de France, Gilles Bernheim, sa mission consiste à assister les travaux
de recherche sur le terrain et la
mise en place de processus avec les
équipes de recherche afin de s’assurer du respect complet des règles
de ‘Hallaha. Ainsi, tous les trimestres, pendant quelques jours, il est
appelé à se déplacer dans les pays
de l’Est (Ukraine, Russie, Biélorussie,
Pologne etc.) et à se rendre sur les
lieux de fusillades afin d’être au
plus près des problématiques du
terrain. La dimension rabbinique est
assurée en coopération avec une organisation européenne de rabbins
experte en la matière (le C.P.J.C.E.),
basée à Londres.
En savoir plus :
www.yahadinunum.org
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
21
DOSSIER
Retour au
Moyen Age ?
Grand Rabbin René Gutman
Le débat qui a surgi en Allemagne, autour
de la circoncision, a créé beaucoup de
vagues. Le Grand Rabbin de Strasbourg
donne son point de vue, sans concession.
insi, la Cour de Cologne a
décidé que des parents qui
procèderaient à une circoncision sur leur fils, même à
l’hôpital et par un médecin
qualifié, seraient passibles de poursuites
pénales ! Difficile d’imaginer une décision
plus dramatique pour le judaïsme
d’Outre-Rhin ! Ce tribunal sait-il que la
circoncision est le rituel le plus ancien
de l’histoire du judaïsme, vieux de près de
4 000 ans, depuis l’époque d’Abraham ?
Sait-il que le philosophe Spinoza a écrit
que la brit-mila – mot hébreu pour circoncision, littéralement l’Alliance – en soi
a le pouvoir de préserver l’identité juive
à travers les siècles ? Sait-il que son interdiction était la voie choisie par les
deux pires ennemis du peuple juif, le roi
séleucide Antiochus IV et l’empereur
romain Hadrien, qui fomentaient tous
A
22
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
deux la destruction non seulement des
Juifs, mais aussi du Judaïsme ?
Une politique qui produit
les effets inverses de ceux
recherchés
La Cour savait tout cela ou non ? Si elle
l’ignorait, alors en quoi était-elle qualifiée pour trancher une question de liberté
religieuse ? Si elle le savait, alors, c’est
qu’il existe des juges en Allemagne à la
mémoire courte. Les juges de Cologne
ont-ils oublié ce qui s’est passé la dernière fois que l’Allemagne a glissé sur
cette pente, lorsque la circoncision était
le signe physique qui permettait à la
Gestapo d’envoyer les enfants juifs, sans
autre preuve de leur identité, vers les
chambres à gaz ?
Le cas – comme l’interdiction de la
chehitah (abattage rituel des animaux) par
le Parlement néerlandais, heureusement
levée – illustre les profondes difficultés
des Juifs européens et leurs inquiétudes
face à leur pérennité sur ce continent.
Les deux mesures n’avaient, au premier abord, en effet, aucun lien avec les
Juifs européens ! Elles étaient dirigées
principalement contre les Musulmans,
dont la population est largement supérieure à celle des Juifs dans presque tous
les pays d’Europe, et sont intervenues en
réaction à la politique mal avisée, adoptée par la plupart des pays européens
dans les années 1970, connue sous le
nom de multiculturalisme, destinée à
promouvoir la tolérance. Son effet fut
précisément l’inverse ! Pour avoir encouragé le repli sur soi des minorités, et non
leur intégration, et au lieu d’effacer les
CIRCONCISION
différences entre les peuples, elle les a
projetées au premier plan à chaque
occasion.
Un danger sans précédent !
Les communautés musulmanes européennes étaient, de fait, visées dans les
deux cas. Résultat : la Cour d’Allemagne
et le Parlement des Pays-Bas ont cherché à interdire une pratique musulmane, tandis que la Communauté juive
subissait des dommages collatéraux.
En déclarant que la circoncision est
une atteinte aux droits de l’enfant
puisque effectuée sans le consentement de ce dernier, le tribunal de
Cologne serait bien avisé de juger si
apprendre aux enfants (allemands) à
parler l’allemand, les envoyer à l’école
et les vacciner contre la maladie, constituent aussi des atteintes à ses droits,
pour être, là encore, pratiquées sans
consentement du jeune intéressé. Un
tel arrêt, au-delà d’apparaître comme
tendancieux et inapte, constitue un
dangereux précédent.
Dans le contexte historique, qui a
connu l’antijudaïsme païen, puis
hrétien, et dans l’Europe du 19e siècle,
l’antisémitisme racial, basé sur les
pseudo-sciences raciales, nous assistons
de nos jours à l’émergence, au nom des
« droits de l’homme », d’un discours
qui veut que toute critique de la vie
juive, des Juifs, du judaïsme ou de l’Etat
d’Israël, soit formulée en termes de
« droits de l’homme ». D’où l’accusation
désormais répandue que l’Etat d’Israël
commet contre les droits de l’homme :
racisme, apartheid, nettoyage ethnique
et crimes contre l’humanité. Non pas
parce que les gens qui formulent ces
accusations y croient vraiment, mais
parce que c’est la seule forme d’assaut
antijuif ou d’anti-israélien admise aujourd’hui, sous peine d’être traité d’antisémite. En statuant que les parents
juifs qui pratiquent la circoncision abusent des droits de l’enfant, un tribunal
allemand vient de réinventer l’ancienne
accusation de crime rituel.
N.B. : Entre-temps, la constitution allemande
a prévu d’encadrer la pratique de la circoncision en garantissant sa protection médicale,
ce qui devrait normalement lever la menace
qui pesait sur elle jusqu’à présent.
L’Allemagne
remet en cause
la circoncision
Sonia Garrigue-Peress
Cet été, un jugement de la Cour
d’Appel allemande a semblé
remettre en question l’une des
pratiques religieuses la plus
connue et acceptée au monde.
Rappel des faits.
oup de tonnerre en provenance de nos voisins d’OutreRhin dont la cour régionale,
sise à Cologne, a remis en
cause la liberté de parents de
religion musulmane d’imposer à leur enfant mineur d’être circoncis. Dans leur
décision du 26 juin 2012, les juges ont
considéré que la circoncision, celle en
l’espèce d’un garçon de quatre ans réalisée par un médecin, parce qu’elle « modifie durablement et de manière irréparable
le corps d’un enfant », constitue un délit et
qu’elle « est contraire à l’intérêt de l’enfant
qui doit décider plus tard par lui-même de son
appartenance religieuse ». Ils poursuivent
en affirmant que « le droit fondamental
de l’enfant à l’intégrité physique l’emporte
sur les droits fondamentaux des parents et
la liberté de religion ».
Il faut rappeler que c’était le médecin
qui était poursuivi et qu’en première instance, il avait été acquitté sur le fondement
du consentement des parents et de l’acte
rituel basé sur les préceptes de l’Islam.
La décision a été maintenue car le tribunal en appel a considéré que le médecin
pouvait croire avoir agi légalement dans
un contexte de droit apparaissant confus.
C
Concert d’interprétations
A partir de ces attendus, le problème
était posé et il s’en est suivi un concert
d’interprétations venues de tous horizons:
les organisations médicales et sociales de
protection de l’enfant, les associations
d’humanistes, des lettres ouvertes à la
Chancelière stigmatisant la circoncision et proclamant que «la liberté religieuse
ne peut être une charte pour la violence ».
Les communautés religieuses musulmanes et juives ont évidemment réagi
très rapidement. Le Conseil Central des
juifs d’Allemagne a rappelé que la « circoncision est ancrée dans le judaïsme » et qu’une
interdiction « est une intrusion gravissime
dans les prérogatives des communautés
religieuses ». Une vingtaine d’associations
musulmanes ont demandé au Bundestag
de mettre fin à l’insécurité juridique.
Le mouvement s’étend
à la Suisse et l’Autriche
Le 19 juillet dernier, le Parlement allemand a adopté une résolution visant à
la préparation d’un texte. Mais en attendant, plusieurs fédérations de médecins
ont arrêté les interventions et le mouvement a gagné dans les mêmes conditions la Suisse et l’Autriche.
La recherche de la conciliation est
réelle de la part de l’Etat allemand car
l’affirmation judiciaire a choqué et a été
mal comprise, compte tenu de la sensibilité des deux communautés religieuses
qui se sont senties brutalement remises
en cause. Si aucun texte n’est encore voté,
le 5 septembre la Ville-Etat de Berlin a
fixé de nouvelles conditions pour cette
pratique, afin d’en garantir l’exercice.
« Les circoncisions religieuses sont par principe exclues de poursuites pénales si certaines
conditions sont remplies », déclarait le
Sénateur Thomas Heilmann, chargé de
la justice.
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
23
DOSSIER
et la femme ont reconnu leur propre
limite : le fait qu’aucun d’eux ne puisse
se suffire à lui-même.
Il faut attendre cette double prise de
conscience pour mériter un enfant,
comme le montre le texte de la Genèse.
Abraham et Sarah ne pourront avoir
d’enfant qu’après avoir changé de nom,
c’est-à-dire de relation dans le couple et
d’avenir, et d’avoir effectué la circoncision (Genèse XVII).
Être père, c’est être un sujet de parole
qui transmet une identité à des enfants.
Pour donner naissance à un projet nouveau, il faut avoir en mémoire le contenu
du passé tout en étant capable de regarder devant soi. La circoncision complète la naissance et permet de naître à
l’autre.
La circoncision, une
ouverture au langage
Le terme hébreu de « Milah », pour désigner la circoncision, peut être rapproché
du terme « mot ». La circoncision est une
entrée dans le langage.
Le point de vue religieux
Une ouverture
à autrui
Claudine Grauzam, Responsable de la Commission « Ethique » de la CIS
La circoncision est l’acte
décisif et premier de la
vie juive. Elle est une
injonction à l’ouverture à
autrui. Comment cela ?
La circoncision est une manière de
poser le principe que pour accueillir
l’autre, il faut que l’homme lui fasse
place. La circoncision est une inscription
de la place de l’autre à même la chair.
S’ouvrir à l’autre ne va pas de soi car la
24
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
tendance de l’homme est plutôt l’appropriation. La femme accueille l’autre
à l’intérieur d’elle-même, pendant la
grossesse.
Un être n’est véritablement complet
que s’il lui manque quelque chose et s’il
a intégré cette notion. La circoncision favorise la prise de conscience de ce
manque et ouvre le sujet à la présence
de l’autre, lequel sera susceptible de lui
donner ce qui lui fait défaut dans une
relation de réciprocité. Le couple ne
peut avoir d’enfant que lorsque l’homme
La circoncision, une entrée
dans la communauté
La circoncision est un devoir du père,
une intervention du père à distance de
la mère. C’est un inverse de l’œdipe. C’est
une manière de faire entrer l’enfant
dans la communauté.
L’interdiction de la
circoncision et le miracle
de Hanouka
Au cours de l’histoire, les civilisations
à pensée unique et totalitaires s’en sont
pris à la circoncision. Ainsi, vers 175
avant notre ère, Antiochus IV, se faisant
appeler le « glorieux » ou « l’apparition de
D », monte sur le trône et met à mort les
femmes qui font circoncire leur fils,
interdit le respect du Chabbat, encourage
les jeux de cirque, oblige à l’adoration des
idoles grecques… Le miracle de Hanouka
symbolise les victoires des forces spirituelles sur l’hellénisation forcée.
Ainsi, selon le terme de brit (alliance)milah, comme le dit le Grand Rabbin
Gilles Bernheim « en acceptant sa limite,
l’homme s’éveillera au rayonnement du visage
d’autrui et fera alliance avec lui ».
CIRCONCISION
Le point de vue historique
Plusieurs visions
pour un même acte
Valérie Sibony
es sculptures en bas-reliefs
égyptiens datant d’environ
2500 avant l’ère moderne
montrent explicitement la
pratique mutilatoire sur un
adulte debout. Ce rite s’est probablement
diffusé dans la partie orientale de la
Méditerranée, avec des nuances d’interprétation suivant les peuples et les
époques. Hérodote, historien grec vivant
il y a 2 500 ans, témoigne que les prêtes
égyptiens pratiquaient la circoncision.
Par contre Abraham vient du monde
mésopotamien qui ne connaît pas la
circoncision. Son action sur lui-même,
ses fils et les hommes de sa tribu n’est
mentionnée que dans les textes religieux.
Nous avons donc trois sources : des
traces archéologiques, la Bible et Hérodote qui mentionnent cette pratique
dans deux civilisations différentes.
D
Les historiens ont des informations
plus précises lorsque les Juifs se confrontent au monde héllénistique, très porté
sur l’apparence corporelle et son intégrité. A cette époque (– IIe siècle), une opération de restitution du prépuce a été
mise au point pour les Juifs désireux de
ne plus porter de marque significative
sur leur corps souvent exposé nu à la
mode grecque et les Séleucides interdisent même la circoncision. Mais les
Juifs, soucieux de respecter le commandement, sont les plus nombreux puisque
en 132 l’empereur romain Hadrien
l’interdit à son tour. Les Chrétiens abandonnent la pratique physique depuis le
Ier siècle. Le problème se posera à nouveau aux Juifs ibériques convertis « par
la bouche », mais qui souhaitent transmettre les coutumes du judaïsme coûte
que coûte à leurs enfants.
Le principe de la
conservation du peuple
juif
Plusieurs interprétations historiques
sont possibles. Les Grecs et les Romains
qui réprouvent cette « mutilation » l’expliquent chez les peuples qui la pratiquent comme un acte hygiénique (Philon
d’Alexandrie), qui s’apparenterait à la
coupe des cheveux. Les prêtres égyptiens
devaient lui porter une signification
plus religieuse, la recherche d’une certaine pureté. Les multiples références bibliques donnent des pistes différentes
suivant les épisodes qu’elles concernent. La circoncision d’Abraham peut
être interprétée comme l’acceptation
définitive et profonde de la croyance du
groupe ethnique auquel on veut adhérer.
L’opération de Tsipora sur ses fils, suite
à l’oubli de Moïse, pour sauver son
mari malade tiendrait plus d’un comportement superstitieux, « un sacrifice minime » pour s’attirer de bonnes grâces. La
circoncision collective des soldats de
Josué en entrant en Israël sera lue
comme un lien physique avec la possession de la Terre.
Mais le maintien de ce commandement, comme l’avait compris Spinoza
dès 1670 lorsqu’il écrivait son Traité
théologico-politique, lui «paraît d’une telle
conséquence qu’[il] le croit capable d’être à
lui tout seul le principe de la conservation du
peuple juif ».
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
25
DOSSIER
Le point de vue juridique
Est-ce aux parents
de choisir ?
Sonia Garrigue-Peress
Autoriser l’ablation du prépuce pour des motifs religieux conduit à rendre compatibles
trois droits fondamentaux ancrés dans la Constitution allemande : celui d’exercer
sa religion librement, celui pour les parents d’assurer l’éducation de leurs enfants,
mais aussi le droit pour ceux-ci au respect de leur intégrité physique. Ce dernier
prime-t-il sur les deux autres ?
l semble que l’essentiel soit lié au
contrôle médical et cette condition
est très semblable dans les autres
pays1. Cette question est en réalité
débattue depuis quelque temps, et
même aux USA où la circoncision est très
répandue : le mouvement Circumcision
I
26
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
Ressources Center (qui comprend une section juive) en est un témoin très actif.
Récemment une polémique très vive
a secoué la ville de New York. En effet,
l’association Haredi Agudath Israel a l’intention de poursuivre en justice la ville
dans la mesure où son Health Board pro-
pose un texte remettant en cause la pratique de la metztizah b’peh (succion de la
blessure par le mohel), en particulier en
obligeant le mohel à informer les parents
des risques infectieux.
En outre, au Danemark, en Finlande et
en Suède, l’acte de circoncision est en-
CIRCONCISION
cadré, généralement par des guidelines
pour les parents assistés d’un médecin,
et l’accent est souvent mis sur l’acceptation de l’enfant et le refus pour les très
jeunes enfants de subir un tel acte.
Que disent le droit et la
jurisprudence français ?
En bref, la circoncision est, si on s’en
tient à la lettre du droit positif, un crime
de « violences aggravées avec armes sur des
mineurs ayant entraîné une amputation »
(F. Caballero, Droit du sexe, LGDJ, spéc.
n° 15), et, sur un plan civil, une atteinte
au principe de l’inviolabilité du corps humain. Sur un plan pénal, elle n’a jamais
donné lieu à des poursuites du parquet
et, sur un plan civil, elle constitue une
exception traditionnellement admise
au principe énoncé par l’article 16-1 du
code civil, alors même que le consentement de l’enfant n’est pas recueilli.
Les raisons de cette tolérance et de la
primauté de la règle religieuse sur les
règles juridiques sont finalement assez
prosaïques. « Il s’agit surtout d’une opération
bénigne, qui ne laisse pas de trace visible, ni
d’infirmité quelconque (...). La tolérance dont
elle fait l’objet (...) paraît donc acceptable sous
réserve du consentement des parents à l’opération », étant entendu qu’une telle décision, en raison de son importance, ne
relève pas du pouvoir d’un seul des parents.
Il est cependant intéressant de voir que
dans notre pays, il existe une amorce
de réflexion sur le droit de l’enfant2. L’article 371-1 alinéa 3 du code civil prévoit
en effet l’association de l’enfant, selon
son âge et son degré de maturité, aux décisions le concernant.
Faire coexister des
conventions européenne
et internationale…
Dans cette espèce, l’enfant avait onze
ans et on pouvait certainement discuter
son degré de maturité puisque l’opération avait une dimension religieuse.
Ainsi, on le juge assez mature pour recevoir une éducation religieuse, il devrait
l’être également pour donner son avis sur
une intervention corporelle. C’est bien
ainsi que raisonne la cour : « Il s’agit d’une
décision grave qui ne peut être prise que d’un
commun accord entre les parents et avec le
consentement de l’enfant, dès lors qu’il est âgé
de onze ans ». Le message s’adresse aussi
aux médecins qui pourraient se prêter à
l’opération sans prendre les précautions
de consentement décrites. L’arrêt de la
Cour de Paris avait retenu la responsabilité civile du médecin.
tection de l’enfant, il est clair que toute
prohibition de la circoncision ne peut être
envisagée compte tenu de la proclamation de la liberté religieuse (spécialement
des minorités alors même que l’analyse
se ferait par rapport à un enfant « normal » de la majorité nationale).
De ce conflit de droits il ne s’agit ni de
bannir la circoncision, ni d’en faire un
droit mais de rechercher dans chaque
situation un équilibre, en proportion
Le Parlement allemand.
Droit des parents et
Droit des enfants
Il faut bien comprendre l’esprit de
telles directives qui ont inspiré la juridiction allemande. Elles reposent essentiellement sur une tentative de coexistence entre les textes des conventions
européenne et internationale, celle des
Droits de l’Homme ainsi que celle des
Droits de l’Enfant, avec le respect du
Droit des minorités.
Ainsi, si les instruments internationaux soulignent le droit des parents
par rapport aux droits de l’enfant dans
le domaine de la liberté religieuse, la
question d’un conflit entre parents et
enfants sur ce sujet est réservée à la législation des états.
Alors que même si les conventions
mettent l’accent sur la santé et la pro-
avec la santé de l’enfant et le droit de ses
parents ou le sien de respecter ses règles
religieuses et/ou culturelles3.
Quel est donc l’intérêt supérieur de
l’enfant ?...
1. Parmi ces conditions, il faut que « les deux parents ou tuteurs légaux donnent leur autorisation par écrit après avoir été informés en détail sur les risques pour la santé » de l’enfant. Par
ailleurs, exigent les autorités locales, la nécessité religieuse
de cette circoncision doit être démontrée, qui ne peut en outre être appliquée qu’en accord «avec les normes médicales appropriées ». « Cela implique en particulier un environnement et des
instruments stériles » ainsi qu’« une prise en charge de la douleur
aussi importante que possible ».
2. Lyon, 2e civ., 25 juill. 2007, JCP 2007. IV. 1028.
3. Johanna Schiratzki, Banning God’s Law in the Name
of the Holy Body – The Nordic Position on Ritual Male
circumcision.
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
27
DOSSIER
En relief
La Brit Mila: de la polémique
Docteur Elie Botbol
Cette pratique rituelle ancienne de près de quatre
millénaires jouit, de nos jours encore, d’une adhésion
exceptionnelle parmi les juifs.
lle révèle que ce rite a été
opérant jusque-là en tant
que vecteur de transmission
de l’identité juive. Mais elle
montre également que l’attachement à cette identité relève beaucoup plus de l’inconscient et de la fidélité que du rationnel. Les textes, les
formes et les pratiques du judaïsme
demeurent, en effet, souvent incompris
voire inconnus de ces mêmes juifs qui la
pratiquent.
Mais voici que la polémique née ces
derniers mois en Allemagne a ébranlé
E
les consciences et a montré à quel point,
aujourd’hui plus que jamais, la pratique
du judaïsme est devenue un combat
de tous les jours. Pour le mener à bien,
les juifs ne peuvent plus se suffire de
revendiquer leur fidélité à une tradition,
fut-elle ancienne et bien ancrée pour
certains de ses rites. Ils doivent la rationaliser et l’argumenter afin de la faire
comprendre aussi par des esprits laïques
et universalistes, comme Maïmonide le
fit en son temps pour ses contemporains à travers son Guide des égarés. Un
préalable s’impose alors pour eux avant
de le partager : connaître le judaïsme
dans ses textes de référence, son histoire et sa signification religieuse.
Quoi qu’il en soit, évoquer, comme l’a
fait le tribunal de Cologne, « le droit d’un
enfant à son intégrité physique primant sur
celui des parents » revient à effacer l’histoire et à considérer le monde actuel
sans lien de continuité avec les civilisations qui l’ont précédé. Opposer le
droit des enfants à celui des parents
et alléguer une mutilation revient à
dé-contextualiser ce rite et à considérer
que la fidélité des enfants à l’histoire de
leurs parents constitue d’emblée un
problème. Personne n’ignore que la
Bible a été la première, dans l’histoire
des hommes, à valoriser l’homme, la vie
humaine et l’intégrité du corps humain.
L’indisponibilité du corps et l’indivisibilité du corps et de l’esprit constituent
des bases éthiques incontournables de
la Tora. La circoncision recommandée
par Dieu à Abraham ne peut pas les
avoir ignorées. Il est vrai qu’il est nécessaire de donner une signification positive à ce rite pour justifier son caractère
traumatique et corporel, mais on ne
peut invoquer une mutilation alors qu’il
ne s’agit que d’un lambeau de peau
dont l’ablation est sans préjudice pour
l’enfant et, à en croire certaines publications médicales, elle est même salutaire.
Voici de manière succincte quelques
caractères particuliers qui ont fait de ce
précepte de la Tora un repère identitaire
incontournable.
28
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
CIRCONCISION
à ses fondements
Le symbole d’une alliance
Hissé au rang d’alliance entre Dieu et
le peuple juif, ce rite implique l’idée
d’une relation forte, permanente et réciproque. Aussi, relevons-nous à maintes
reprises dans la Bible le rappel de cette
alliance comme motif de bienveillance
de Dieu vis-à-vis du peuple d’Israël
(Exode 6, 5) ou comme source d’apaisement en période de turbulences (Lévitique 26, 42).
La marque d’origine
Accompli dès le huitième jour de vie
du nouveau-né (Lévitique 12, 3), ce rite
a pour vocation d’inaugurer, sur le plan
éducatif et culturel, les rapports des
parents à leur enfant. Il signe en quelque sorte l’appartenance de l’enfant à
un peuple et à une histoire. Ce qui est
visé derrière le souhait d’afficher si tôt
les références de cette appartenance,
c’est la volonté d’inscrire d’emblée l’en-
fant dans le monde des valeurs que
prône la Tora. Que l’enfant lui demeure
fidèle à sa majorité ou qu’il s’en éloigne,
il saura qu’il est issu d’une famille et
d’un peuple dont l’existence est intimement liée à l’univers de la spiritualité
et de l’éthique.
Une alliance dans la chair
Ce rite scelle donc, selon les termes de
la Tora, une alliance avec Dieu, un brit
(Genèse 17, 10). Mais un autre précepte
de la Tora est aussi hissé au rang d’alliance : c’est l’impératif de repos durant
le septième jour de la semaine, le chabat
(Exode 31, 16). A l’instar du chabat, la
section du prépuce, la mila, réalise une
coupure. Elle sépare le pénis d’une
partie de son enveloppe charnelle, le
prépuce, pour signifier à l’homme que
l’aspiration à la perfection qui lui est
demandée par la Tora impose un renoncement à une partie de lui-même, à
celle de l’ego et des pulsions. Ainsi, la
mila confère symboliquement au corps
de l’homme une marque de sainteté,
brit kodesh.
Malgré leur élévation commune au
rang d’alliance, lorsque le huitième jour
de vie du nouveau-né coïncide avec le
chabat (ou Kipour), la brit l’emporte et
on procède à la mila, même si cette
section implique la transgression du
chabat (Chabat 132a).
Pour indiquer la primauté de la brit
mila et du chabat, la Tora emploie trois
termes : ot, brit et dorot (signe, alliance
et générations). Ils renvoient respectivement à la marque d’origine (signe
d’appartenance à un peuple et à une
histoire), à l’alliance dans la chair (l’indivisibilité du corps et de l’esprit), et à la
transmission de ces valeurs aux générations futures.
C’est pour toutes ces raisons que
la Brit mila revêt plus que tout autre
précepte un caractère identitaire dans
lequel la quasi-totalité du peuple juif
se reconnaît encore aujourd’hui.
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
29
EN RELIEF
Abîmes et sommets européens
Dernier appel à la raison
Francis Rosenstiel*
n 1961, je consacrais ma thèse
de Doctorat au « principe de
supranationalié, essai sur les
rapports entre la politique et
le droit… ». Une première en
la matière ! Mettant en cause la « congélation » d’un « entre-deux » ni catégorie
politique, ni juridique spécifique, une
sorte « d’OVNI » juridico-politique !
Les rêves des premiers fédéralistes européens dans les années 50 et l’échec du
projet de Communauté européenne de
Défense m’interpellaient, un choc du
prévisible et de l’incompréhensible.
Adenauer et De Gaulle ne parvenaient
pas davantage à surmonter leurs propres
exemplarités, les peuples, disait-on alors,
n’étaient pas prêts , que ne leur fait-on
pas dire d’ailleurs à ces peuples ! L’avenir à reculons a, encore et toujours, si l’on
peut dire, un bel avenir devant lui ! Mais
il faut maintenant cesser de foncer droit
dans les murs !
Nous venons en effet, quelque soixante
années plus tard, de vivre un énième Som-
E
met européen, à Bruxelles cette fois-ci,
pour redécouvrir encore et toujours l’impératif d’une Europe politique, fédérale ou
confédérale, sans laquelle le processus
décisionnel, fût-il à géométrie variable,
reste logiquement et politiquement incomplet. Cela est incohérent, mais aussi
invivable, n’en déplaise aux souverainistes et nationalistes voire racistes irréductibles dans nombre de pays de la
vieille Europe, et plus loin encore.
Les affinités euro-méditérranéennes
présumées sont, elles aussi, mises à
mal par des Printemps arabes à la dérive,
où trépignent d’autres extrémismes, islamistes ou non. Les effets secondaires en
Europe s’avèrent pathogènes, voire sanglants et meurtriers, ce qui alimente en
retour le voyeurisme glouton de nos
propres extrémistes ! Que peuvent bien
ressentir nos jeunes face à tous ces errements, à ces amnésies ou à ces constats
d’impuissance ?
La politique, en démocratie notamment, n’est pas faite de recettes, petite
cuiller en main ! On le sait, il s’agit d’un
processus en continu, qui sait maîtriser
l’exceptionnel pour en faire la normalité
de demain. Le révélateur demeure : c’est
bien la décision collective de franchir
enfin le pas. En matière de construction
européenne, il s’agit de réconcilier politiquement retards accumulés et normalité finalement rattrapée.
Nos dirigeants le savent, le momentum,
si cher au rêve churchillien, en pleine
guerre, tout comme à celui de Jean Monnet, d’Adenauer et De Gaulle, frappe à la
porte. Cette fois-ci, plus que jamais il y
a pour l’Union européenne un véritable
test de crédibilité. On ne piétine pas indéfiniment sur le quai de la gare-politique !
Ce ne serait pas une voie de garage mais
le remisage au musée, déjà bien trop
garni, des occasions perdues.
* Francis Rosenstiel est Docteur en Droit international, il est
l’auteur de « Le principe de supranationalité » (Pedone 1961) et
d’« Europe en chair et en os ».
Meubles de Prestige
Portes
Agencements de luxe
www.karldenisov.com
15 avenue des Vosges 67000 Strasbourg · 03 88 35 39 70
30
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
4 rue de la Kuebelmuehle - ZI de Marienthal
67240 BISCHWILLER
Tél. 03 88 06 78 30
www.meublesehalt.com
EN RELIEF
Francis Rosenstiel nous a quittés
Thierry Roos
Alors que nous mettions ce numéro sous presse, nous apprenons la disparition de l’un de nos
fidèles chroniqueurs et ancien administrateur de notre communauté, Francis Rosenstiel.
rancis Rosenstiel était un esprit
brillant qu’il mettait au service
de ses convictions pour la
construction européenne, et
pour la défense des valeurs du
judaïsme et de notre communauté.
F
Francis Rosenstiel, né « adulte » comme
il le disait, à Strasbourg en 1936, réfugié
à Vichy pendant la tourmente de la 2e
Guerre mondiale, a été profondément
marqué par cette douloureuse période.
Il n’a jamais oublié cette année 1944,
à Saint-Léon dans l’Allier, avec sa grandmère originaire de Francfort et ses parents
alsaciens, quand des miliciens frappèrent
à la porte de leur refuge pour les arrêter
et les interroger. C’est cette épreuve
qui lui fait dire qu’il n a pas eu d’enfance.
Les Potonnier, aujourd’hui famille « Juste
parmi les nations », ont permis à Francis
Rosenstiel et sa famille de finir la guerre
sains et saufs.
Cette période de conflit franco-allemand
a orienté sa carrière et l’a conduit à s’engager dans la construction européenne et
à étudier les relations entre le droit et la
politique à travers de nombreux écrits
dont sa thèse de doctorat en droit international sur la « supra nationalité ». Il était
également diplômé des Hautes Etudes
Européennes de Sciences-Po et avocat.
La République avait reconnu en lui un
grand serviteur et l’avait decoré de nombreuses distinctions : Chevalier de la
Légion d’Honneur, Chevalier de l’Ordre
National du Mérite et Chevalier des
Palmes académiques.
Nombreuses distinctions
Il nous gratifiait très régulièrement de
ses billets teintés d’humour parfois grinçant. Et de sa plume affûtée, il touchait
à chaque fois sa cible avec précision.
Il a été à l’origine du rapprochement
Franco-Allemand à travers une relation
suivie avec le Professeur Carl Schmitt,
juriste allemand. Il a fait une carrière de
haut fonctionnaire européen au Conseil
de l’Europe où il a occupé de nombreux
postes prestigieux. En 2000, il fut président-fondateur du Forum pour l’Europe
Démocratique et en 2001 il fut nommé,
par M. Schwimmer, Ambassadeur de
bonne volonté du Conseil de l’Europe
pour la recherche politique.
Son attachement au judaïsme était
fort, spirituel et engagé mais discret et
efficace. Il avait été administrateur de la
Communauté Israélite de Strasbourg et
est resté à son service toute sa vie.
Nous garderons de Francis ses bons
mots d’esprit, son humour « so british », sa
grande culture et son engagement indéfectible dans notre communauté.
Nos pensées vont à sa famille endeuillée à laquelle nous adressons nos sincères
condoléances.
P.S. Il avait été l’invité de la « Com’
Unique » sur Radio Judaïca, le 12 février
dernier. Nous en gardons, Dan Leclaire
et moi-même, un souvenir ému. Podcast
de cette émission sur le site de Radio
Judaïca : www.radiojudaicastrasbourg.fr
En mémoire de Francis Rosenstiel
Jean Kahn
l y a peu de jours que nous avons
dû nous résigner au fait que Francis
nous quittait. Un ami d’une fidélité exemplaire qui cherchait à
rendre service.
Ayant occupé une haute fonction au
Conseil de l’Europe, il s’était spontanément institué comme trait d’union
entre le Conseil et la Communauté.
I
Ainsi, pouvait-on lui demander quelque
service que ce soit, on ne se voyait rien
refuser.
Il fut également trait d’union avec
l’Etat d’Israël. Quelque fut le motif du
désaccord entre l’un des Etats Membres
et l’Etat d’Israël, il ne tardait pas à s’activer pour rétablir la concorde entre ces
deux Etats.
Sa disparition va laisser un grand
vide et on n’imagine pas qui pourrait le
remplacer pour des missions aussi
sensibles.
Merci à Francis pour toutes ses interventions et, avec son épouse et ses filles,
pleurons cette brisure qui nous fait infiniment souffrir.
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
31
EN RELIEF
Un mot
en passant
Epreuves
Sol Gadi
l est urgent de s’en souvenir : « Les épreuves
des pères serviront d’enseignement à leurs fils ».
Cette parole de nos Sages peut nous aider,
en ces jours troubles, à garder espoir en
des jours meilleurs.
Ce qu’ont vécu nos parents avant et pendant
la Seconde Guerre mondiale constituait une situation autrement plus angoissante que celle
que nous connaissons aujourd’hui. Cependant,
la parole de nos Sages reste d’actualité. L’antisémitisme souvent camouflé en antisionisme
perdure.
Dans les années 1940, lors des persécutions
raciales, des « Français de religion israélite » se
rassuraient en croyant que seuls les Juifs étrangers, Polonais, Russes notamment, se trouvaient
concernés.
Erreur fatale. «Ils ne mouraient pas tous, mais tous
étaient frappés » (Jean de la Fontaine). Les Juifs
d’Occident comme ceux de l’Orient.
Aussi, restons sur nos gardes. De nos jours, le
danger émane de l’Islam radical, des extrémistes
de droite – les néo-nazis – ou de gauche – les
communistes révolutionnaires.
En 1942 ou 1944, lors de la guerre du Pacifique,
les Américains affirmaient : «With the help of
God and a few Marines, Mac Arthur will take the
Philippines» («Avec l’aide de Dieu et quelques Marines,
Mac Arthur prendra les Philippines »). Ce qu’il a fait.
Et c’est en comptant sur notre lucidité et l’aide
du Très-Haut que nous sortirons sans encombre
de la période actuelle.
Louis Bloch
ite, le tram arrive, on badge et c’est une envolée de sacs
plaqués sur le cadran du détecteur et la course pour se
faufiler parmi ceux qui descendent, sans se presser, et
ceux qui veulent monter, au forcing, car les portes risquent de les coincer douloureusement en se refermant.
Vite, on badge ! Que l’on conjugue comme un verbe nouveau style.
Ce petit carton magnétisé nommé astucieusement « Badgeo », est
loin d’être innocent : il nous infantilise délicieusement ! Qui ne se
souvient, avec douce émotion, de ces mots de passe, incompréhensibles dont usent les enfants pour se reconnaître entre eux comme
« faisant partie du clan » ?
Une fois devenu adulte, l’ancien enfant persiste dans le désir
à être distingué, à posséder la carte magique qui « vous ouvre les
portes ». L’accès à une exposition, à un droit comme la carte «Vitale »,
à un passe-droit comme la carte « Premier ». Posséder une carte qui
vous nomme comme « l’heureux bénéficiaire ». Le badge. Le nouveau
« Sésame, ouvre toi ! » devenu « Sésame, ouvre moi la porte ! »
Le « Badgeo », qui sonne comme un nom de clown, est devenu « le
badge ».
Une question : pourquoi vouloir donner un nom à ces petits
cartons ? Est-ce que cela incitera davantage le futur voyageur à
s’acquitter de sa charge ? Est-ce que nous ne sommes pas devenus
assez « grands » pour n’utiliser que des anonymes « cartes magnétiques », variées, utilitaires et sans magie ? Ne parvenons-nous pas
à nous séparer de la magie ? N’avons-nous pas encore remarqué que
le monde s’apaise en faisant fonctionner la raison et non la magie ?
En attendant cet avènement de la raison, n’oubliez pas de vous
sentir heureux, même avec de petits « riens », ni d’écouter votre
« Sciences Magazine » le dimanche mais, à 18h30, maintenant.
V
I
NOTRE BIO N’A RIEN À CACHER
Des produits bio, jamais d’OGM
Depuis toujours, nous sommes précurseurs d’une bio exigeante et durable.
www.biocoop.fr
Biocoop Souffelweyersheim
2a, route de Brumath · Tél/fax 03 88 47 20 84
www.biocoop-souffel.fr
Ouvert du lundi au vendredi de 8h à 20h, et le samedi de 8h à 19h · Parking 50 places !
32
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
ZOOM
Forum Mondial de la Démocratie
« L’Appel à la Paix » de deux écrivains
’un des moments très forts et
symboliques du Forum Mondial
de la Démocratie qui s’est tenu à
Strasbourg, du 5 au 11 octobre,
restera sans aucun doute l’appel lancé
par les deux écrivains, Boualem Sansal
(à gauche, sur la photo) et David Grossman (à droite). Respectivement écrivain
algérien de langue française, auteur du
roman « Le village de l’Allemand », et auteur israélien très reconnu, ils ont lancé
un «Appel à la Paix de Strasbourg ».
L
« Les écrivains peuvent aider à la paix de
deux façons, expliquent-ils en chœur. Par
leur sensibilité à la langue, et par leur capacité à comprendre la situation. La culture de
la paix n’existe pas, il faut la construire. »
Et d’ajouter : «Aujourd’hui, une guerre
entre la France et l’Allemagne, frères ennemis il n’y a pas si longtemps, paraît inimaginable. Pour les Israéliens et les Palestiniens,
c’est imaginer la paix qui est aujourd’hui inimaginable. Il y a très peu d’alternatives, il
n’existe presque pas de terreau pour la paix.
Pourtant, il faut lutter contre la tentation de
céder au désespoir. Nous mettrons plus de
temps que l’Europe à construire la paix en
Palestine, mais si nous ne commençons
pas dès maintenant, nos arrière-arrièrepetits-enfants ne vivront pas en paix. Et cela
est insupportable ! »
Retrouvez l’intégralité de « L’Appel à la
Paix de Strasbourg » sur le site :
www.strasbourg.eu
René Gutman rencontre Ban Ki Moon !
l’occasion du Forum mondial
de la Démocratie, qui se tenait à Strasbourg du 5 au 11
octobre dernier, le Grand Rabbin de Strasbourg, René Gutman, a eu le
privilège de rencontrer et d’échanger
avec le Secrétaire Général de l’ONU, Ban
Ki Moon.
A
Sur cette photo, il est aux côtés de
Pierre-Etienne Bisch, Préfet du Bas-Rhin,
Philippe Richert, Président du Conseil
régional d’Alsace, et de Ban Ki Moon, à
qui il sert la main.
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
33
ZOOM
Inauguration de la Grande Mosquée de Strasbourg
Le Grand Rabbin marque les esprits
Au lendemain de Yom Kippour, le Grand Rabbin René Gutman était présent à l’inauguration de la
Grande Mosquée de Strasbourg. Il y a tenu un discours marquant.
l y avait beaucoup de choses à retenir de cette inauguration officielle
de la Grande Mosquée de Strasbourg. La présence de Manuel Valls,
ministre de l’Intérieur et des Cultes, et
de ses propos sur « l’islam de France ».
I
Ou encore le soutien du Royaume du
Maroc, représenté par son Ministre des
affaires islamiques, Ahmed Taoufiq.
Le discours prononcé par le Grand
Rabbin de Strasbourg a, lui aussi, été un
moment marquant de cette cérémonie
qui dura près de trois heures. Au nom
des trois cultes statutaires d’AlsaceMoselle, René Gutman a donc pris la
parole et tenu un discours empreint de
fraternité. « C’est l’essence même de la
vérité d’être en partage », a été une phrase
qui a longtemps résonné auprès des
nombreuses personnalités présentes.
Mgr Jean-Pierre Grallet, archevêque
de Strasbourg, et Jean-François Collange,
président de l’Union des églises protestantes d’Alsace et de Lorraine, ont marqué leur plein accord avec les propos
du Rabbin Gutman par leur présence
silencieuse à ses côtés.
En 1998, les trois cultes avaient manifesté leur soutien à ce projet de construction d’une Grande Mosquée de
Strasbourg en signant une déclaration
commune.
Retrouvez l’intégralité du discours du
Grand Rabbin Gutman sur Internet :
http://youtu.be/2ri-7aI8Yxs
34
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
Quartier des Quinze - Orangerie :
SUPERMARCHÉ GREIF
51 rue de l’Yser 67000 Strasbourg - 03 88 45 30 90
MIJOT’TABLE
13 rue d’Ypres 67000 Strasbourg - 03 88 61 14 05
NOUVEAU À LA ROBERTSAU :
67 rue Boecklin - 03 88 31 97 40
SOCOTIM
S.A.S.
I M M O B I L I E R
J EAN- M ARC KOHLMANN
76, RUE DE LA PLAINE DES BOUCHERS - 67100 STRASBOURG
03 88 39 51 10 - [email protected]
Fax 03 88 39 64 45 - Port. 06 07 63 46 15
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
35
ZOOM
Hommage à des Justes
Le 12 septembre
dernier, un
hommage fut
rendu à des
Religieuses du
Couvent des
Dames Blanches
de Montauban qui,
par leur courage et
leur abnégation,
ont sauvé des
enfants juifs
entre 1942 et 1944.
Témoignage de
Evelyne Marx.
l’époque de la tourmente,
avec ma sœur Janine, nous
nous sommes retrouvées
cachées dans ce couvent où
nous partagions la vie des autres pensionnaires. Les Religieuses étaient au courant de
notre situation, mais restaient très discrètes :
personne ne nous questionnait quant à nos
origines ou notre religion. D’autres enfants se
trouvaient dans la même situation que nous,
mais nous n’avions aucun contact. Malheu-
A
«
reusement actuellement, il ne reste plus de
trace de tous les bienfaits réalisés par ces
Religieuses dont la dernière est décédée en
2006.»
« Le 12 septembre, j’ai pu faire le déplacement avec ma sœur et mon fils pour assister
au dévoilement d’une plaque du souvenir
dédiée à ces Religieuses en présence de nombreuses personnalités dont le Maire Brigitte
Bareges, Monseigneur Ginoux, Evêque de
Montauban et les Sœurs résidentes du Cou-
vent, ainsi que M. Badinier, Président de
Mémoire et Espoir de la Résistance, qui a
voulu associer la jeune génération. Des élèves
de l’école, coiffés du béret rouge des Résistants, ont défilé avec les porte-drapeaux de la
ville et ont recréé la Croix de Lorraine, symbole de la Liberté et de la France Libre voulue
par le Général de Gaulle, en opposition à la
Croix Nazie.
Du fond de mon cœur, je resterai toujours
reconnaissante à ces Religieuses. »
Commémoration à Kehl
l y avait beaucoup de monde, en ce 13 septembre, devant la maison du
10, Hermann-Strasse à Kehl. Une cérémonie très particulière s’y tenait.
Il s’agissait de se souvenir. Se souvenir qu’il y a 70 ans de cela, vivait,
dans cette demeure, une famille juive, les Wertheimer. Se souvenir
qu’une partie de cette famille a été placée, comme beaucoup d’autres membres de la communauté juive de Kehl, dans des camps de concentration.
Il faut se souvenir de ces temps troubles, appuyait alors le Maire de Kehl,
Dr. Günther Petry, présent lors de cette cérémonie. Beaucoup de juifs de Kehl ont
été déplacés durant ces événements. Il n’est pas seulement essentiel de se rappeler, il
faut aussi dire à nos concitoyens ce qui s’est passé et reparler de cela afin que tout
le monde reste en éveil. »
I
Deux Stolpersteine ont donc été posés devant l’ancienne demeure du couple Wertheimer, Paul et Sophie, Hermann-Strasse-10.
D’autres ont également été posés devant les maisons des familles juives résidantes kehloises de l’époque. En tout, vingt-deux
« pierres à trébucher » ont été inaugurées ce 13 septembre à Kehl.
36
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
ZOOM
Souccah Party à la Com’ !
e 3 octobre dernier, le Talmud Torah organisait sa toute
première Souccah Party. Près de 150 personnes, jeunes et
moins jeunes, avaient répondu à l’invitation et sont
venues dans la Souccah du Centre Communautaire, partager un moment de fête... et de gourmandise !
Au programme de cette soirée, des chants et des danses israéliennes, mais aussi de quoi se restaurer, avec un menu à volonté
et gratuit composé de hamburgers, hot-dogs, frites et salades.
Une belle occasion de venir découvrir la Souccah du Centre
Communautaire et d’en profiter pour faire la bénédiction sur le
Loulav…
L
Prêt-à-porter
féminin
chaussures
et accessoires
RED VALENTINO
G.F. FERRÉ
LIQUIDATION TOTALE à partir du 6 DÉCEMBRE
24 rue Thomann 67000 Strasbourg · 03 69 81 91 92
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
37
ZOOM
Amitié judéo-chrétienne à Strasbourg
Une rencontre mémorable
Janine Elkouby
Il y avait foule, le 30 octobre à la librairie Kléber :
un public non seulement très nombreux, mais aussi
extrêmement varié s’était déplacé pour venir écouter le
Grand Rabbin Gilles Bernheim, Grand Rabbin de France,
et le Cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon,
venus dialoguer et débattre à l’invitation de la section
strasbourgeoise de l’Amitié judéo-chrétienne de France.
ette conférence à deux voix
mémorable avait pour sujet :
« Le dialogue interreligieux entre conviction et tolérance ».
Un thème qui interroge les
juifs comme les chrétiens : comment
résoudre la tension entre vérité et relativité dans la pratique du dialogue ?
Comment concilier l’absolu des convictions ou de la foi de chacun avec la place
qu’il faut laisser à la foi de l’autre ?
Le Cardinal, puis le Grand Rabbin ont
fait tour à tour un exposé d’une clarté et
d’une densité remarquables sur le thème.
Il faut dire que l’un comme l’autre sont
familiers de cette problématique, qu’ils
ont approfondie au fil de leurs rencontres et qui avait donné lieu à la publication d’un livre d’entretiens, paru chez
Stock en 2008, « Le rabbin et le Cardinal ».
C
Ni langue de bois,
ni faux semblants
Les deux orateurs, responsables au
plus haut niveau de la Communauté
juive pour l’un, de l’Eglise pour l’autre,
ont donc dialogué avec une franchise
qui ne laissait nulle place ni à la langue
de bois, ni aux faux semblants, dans
l’explicitation de ce qui les unit et le
constat de ce qui les sépare.
Pour l’un comme pour l’autre, il n’y a
rien de choquant dans le fait qu’un
croyant, qu’il soit juif ou chrétien, affirme que sa foi est la vraie , au contraire,
une telle affirmation est légitime, et
même nécessaire, car elle définit le statut même de la foi. Je ne peux donc exi-
38
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
ger que l’autre rogne sur sa conviction
et la configure selon mon désir ou ma
vision du monde.
En revanche, dit le Cardinal Barbarin,
l’absolu des convictions n’entraîne pas
leur exclusivité : c’est le piège de l’orgueil
qu’il s’agit de déjouer ici , car seule l’humilité, la conscience de ses limites permettent de faire place à l’autre, dans la
différence de sa conviction. Pour un
chrétien, la place du juif est essentielle :
sans lui, le christianisme est incompréhensible. Refuser le message juif, c’est
se couper de ses racines.
« De l’aversion à l’estime »
Car, renchérit le Grand Rabbin Bernheim, Jésus était juif, et non chrétien !
C’est dans la prise de conscience de
cette évidence que s’enracine le changement radical du regard que les chrétiens portent désormais sur les juifs et
qui leur a permis de passer « de l’aversion à l’estime », pour reprendre le titre
du livre célèbre de Lazare Landau.
Cette révolution, désormais irréversible, appelle quelques observations : le
dialogue judéo-chrétien qui, heureusement sonne le glas de l’enseignement
du mépris, n’est cependant pratiqué que
par une minorité de chrétiens et de juifs.
C’est par essence un dialogue asymétrique, car si le christianisme a besoin du
judaïsme pour se définir et se comprendre, la proposition inverse n’est pas vraie.
Enfin, pour réjouissant qu’il soit, il ne
va pas sans mises en cause cardinales :
si les juifs sont réhabilités et si leur rôle
demeure nécessaire dans l’économie du
salut, qu’en est-il de l’Eglise, qui s’est
édifiée en se substituant à Israël et en
proclamant à son profit une nouvelle
alliance, l’ancienne étant caduque ?
C’est pour répondre à ces graves questions que les chrétiens se sont attelés à
un travail de relecture, qui appelle la
reconnaissance des Juifs.
Surmonter la méfiance
Ceux-ci, à leur tour, doivent s’efforcer
de surmonter la méfiance et la peur qui
sont les leurs, enracinées dans des siècles d’humiliations et de souffrances, et
prendre acte du chemin parcouru par
l’Eglise et du renversement prodigieux
de son point de vue.
Le dialogue entre Juifs et chrétiens ne
fait que commencer. Les uns comme les
autres ont appris à se parler avec une
exigeante franchise, approfondissant le
questionnement, repérant les points de
convergence sans éluder les contentieux, prenant acte calmement et respectueusement des points de désaccord.
On grandit au contact de l’autre, affirment avec force les deux intervenants,
et loin de se perdre, comme le craignent
les esprits inquiets, on se construit en
tant qu’être humain et on fortifie sa foi.
Dans un monde à la croisée des chemins, où l’individualisme triomphant
va de pair avec l’incertitude et la peur
de l’avenir, la rencontre et le dialogue
offrent une alternative à l’anonymat et
à la solitude, conjurent la violence et
ouvrent les portes de l’espérance.
ZOOM
Antisémitisme
En Suède aussi…
almö, une petite communauté du sud de la Suède,
endure depuis plusieurs années des actes d’antisémitisme (propos, violation de lieux de
culte) et dernièrement, en septembre,
un Centre Communautaire a été dégradé
à l’explosif.
Il faut sans doute expliquer ce
contexte particulier lié à la présence
d’une communauté musulmane représentant 1/5e des habitants, mais surtout
par le comportement du maire Ilmar
Reepalu qui tient un discours relativement sévère, assimilant les juifs de la
ville avec l’Etat d’Israël et encourageant
ainsi un amalgame dangereux, prononçant clairement des avertissements tendant à ce que la communauté condamne
la politique actuelle d’Israël.
Les « Marches de la Kippa »
M
Dès 2009, le centre Simon Wisenthal
avertissait du danger menaçant les juifs
de Malmö (environ 600) qui, bien que
peu fortunés, doivent assurer leur sécurité plutôt que d’investir dans des activités culturelles et éducatives. En avril
dernier, la représentante d’Obama s’est
plainte de l’action du maire auprès des
représentants diplomatiques suédois.
Selon les chiffres officiels, durant la
période 2009-2011, soixante-dix actes
antisémites se sont produits chaque année dans la ville. Un élan de solidarité
de tous les juifs de Suède, et même des
danois, s’est révélé très intéressant. Ils
ont commencé les « Marches de la Kippa »
(en août à Stockholm) et un autre rassemblement a eu lieu en octobre.
Cette attitude, qui n’est pas une provocation, est nécessaire pour leur moral,
car de nombreux jeunes de la communauté quittent le pays pour les USA ou
Israël. A cet égard, il est triste d’écouter
la vidéo au sujet du départ de Nina
Trojzner, une jeune file juive de Malmö :
www.israel-infos.net/films.php?movie=149.
SGP
L’ACAA adopté !
Le Parlement européen « libère » l’Accord de libre échange entre l’UE et Israël sur les
produits pharmaceutiques : un véritable espoir pour les patients européens !
e vote intervenu le 23 octobre
à Strasbourg sur le dossier
«ACAA » est une vraie victoire
pour la démocratie parlementaire ! Après deux ans et demi de
reports, d’obstructions, d’arguties
juridiques, de renvois en commission
(une tentative de dernière minute ayant
encore échoué juste avant le vote), la
plénière du Parlement européen a enfin pu débattre du fond, et passer au
vote. Un vote sans ambiguïté, obtenu
à la majorité absolue de ses membres.
L
L’accord ACAA de libre-échange de
médicaments entre l’UE et Israël a été
adopté par 379 voix pour, 230 contre et
41 abstentions.
«Voter Acaa, a précisé Frédérique Ries,
députée européenne, en plénière,
c’est faciliter la libre-circulation des médicaments entre l’Union européenne et
Israël, des médicaments génériques
surtout, qui soigneront plus rapidement
les patients européens, tout en permettant
à nos budgets nationaux de faire des économies dont ils peuvent difficilement se
passer aujourd’hui ! » La Députée libérale qui n’a cessé depuis plus de deux
ans de dénoncer cette flibuste parlementaire orchestrée principalement
par la gauche de l’hémicycle, se félicite
qu’une majorité de députés européens
aient finalement décidé de ne pas
céder au chantage de la gauche.
Une décision sage pour le libre accès
partagé aux médicaments utiles dans
le traitement de nombreuses pathologies.
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
39
ZOOM
62e promotion
Les Bnot Mitsva 2012
Le Consistoire Israélite du Bas-Rhin et la Communauté Israélite de Strasbourg ont la joie de féliciter
toutes les Bnot-Mitsva du Département du Bas-Rhin
Anaël Arvili, Anna Asoro-Roth, Rébecca Azerrad, Eléna Kahn, Annaëlle Berdugo, Juliana Bitto, Charonne Boubli,
Noa Crespo, Noa Dadoun, Sharon Knafo, Alicia Lévy, Elise Marx, Clémence Meyer, Illana Nemard, Laura Serfaty,
Clara Stark, Noa Stefani-Szal, Maureen Tordjman, Léa Vaksman Szpector, Chiara Zelaznik.
40
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
VU SUR LE NET
Twitter efface
les tweets antisémites
Menacé de poursuites judiciaires par une association juive française, le réseau social
Twitter a accepté, le 19 octobre dernier, d’effacer des tweets antisémites,
24 heures après avoir bloqué un compte néonazi à la demande de la police allemande.
’Union des étudiants juifs de
France (UEJF) a en effet obtenu
de Twitter le retrait des messages antisémites qui lui étaient
signalés par l’association. « On a obtenu
qu’ils appliquent spontanément la loi française, pour laquelle une injonction judiciaire
n’est pas nécessaire au retrait d’un contenu
manifestement illicite », expliquait Me Lilti
à l’AFP.
L
Me Lilti s’exprimait à l’issue d’un entretien avec l’avocate de Twitter en France,
qui se refusait à tout commentaire.
L’UEJF avait transmis une liste d’une
trentaine de tweets « manifestement illicites » qu’elle souhaitait voir retirés, et
d’une dizaine de comptes d’utilisateurs.
Cette attitude du réseau social est le
premier pas d’un « combat » mené par
des organisations juives pour que cessent
ces tweets antisémites fondés sur le
hashtag (mot clé) « Un Bon Juif ». Mais il
faut noter qu’aucune identité des auteurs
n’a été communiquée.
Les utilisateurs ont la
propriété de leurs contenus
En effet, les conditions d’utilisation
du site indiquent très clairement que
les utilisateurs ont la propriété de leurs
contenus. Pour l’instant, le résultat
obtenu sous la pression d’un référé est
encore précaire, et n’est qu’une très
faible reconnaissance de la dérive des
réseaux sociaux, tous managés selon la
législation américaine. Le 1er amendement stipule qu’« aucune loi n’existe qui
restreigne la liberté d’expression, ni la liberté
de la presse, ni le droit des citoyens de se
réunir pacifiquement et d’adresser à l’Etat
des pétitions pour obtenir réparation de torts
subis (sans risque de punition ou de représailles). » Il est donc possible de faire partie d’un groupe néo-nazi ou de porter un
t-shirt explicitement raciste sans être
inquiété légalement. Si la police fédérale
surveille de près ce genre de groupes,
elle n’agit pas tant qu’ils respectent la
loi et ne font qu’exprimer leurs idées.
En France, la liberté d’exprimer ses
opinions est protégée, sous réserve de
certaines limites précisées par la loi. En
effet, cette liberté subit des restrictions
dans des cas de diffamation, d’insulte,
de discrimination raciale, de négationnisme, d’incitation à commettre un
crime, de menace, de propagande de
méthodes pour se donner la mort.
Aussi, chaque tweet « qui déborde » doit
être analysé et cette nécessité de qualification précise rend très difficile la
sanction, d’autant plus que certains
membres de Twitter ne modèrent guère
leurs propos et toute réflexion va à l’encontre objective de la très grande spontanéité de ce réseau très réactif.
SGP
NDLR : Twitter a finalement répondu aux
demandes de l’Union des étudiants juifs de
France (l’UEJF). Le réseau social a entamé
dimanche 28 octobre 2012 la suppression
des messages antisémites réunis sous le
mot clé #unbonjuif. C’est un début…
Les vœux du Grand Rabbin
l’occasion des fêtes de Tichri, le Grand Rabbin René Gutman a
innové et a profité du site Internet du Consistoire et de la Communauté (www.cibr.fr) pour souhaiter ses vœux à tous les juifs
de Strasbourg via ce média. L’occasion, pour lui, de faire passer
ses messages sur un média consulté et avec des outils modernes.
Le Talmud Torah aussi, a profité du site Internet pour diffuser ses vœux
à tous les parents et tous les membres de la Communauté. Une vidéo montrant les vœux de tous les enfants du Talmud a été relayée sur ce site.
Retrouvez l’intégralité des vœux du Grand Rabbin en vidéo :
http://youtu.be/dcqJFBjp2Vc
A
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
41
SORTIR
Allumage des bougies
Un Hanouka tout en lu
Nathan Katz
Une hanoukia virtuelle projetée via
vidéoprojecteur sur le mur extérieur du
Centre Communautaire donnera un
caractère plus public à ce Hanouka 5773.
e projet pourra plaire ou déplaire,
mais il ne passera pas inaperçu
dans la communauté juive
comme auprès des Strasbourgeois. Il s’agit de projeter (avec
un vidéoprojecteur) une hanoukia s’imbriquant sur le chandelier à 6 branches
existant sur le côté rue de Turenne de la
Synagogue de la Paix. Une nouvelle
flamme virtuelle sortira chaque jour des
branches du chandelier. Un bref texte
qui présente la fête de Hanouka aux
non-juifs sera projeté à côté de la « hanoukia ».
Pour Patrick Cohen, Responsable de la
Commission Jeunesse au sein de la
Communauté Israélite de Strasbourg et
à l’origine du projet, cet objectif d’expli-
L
42
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
quer Hanouka à tous est central. Il est
convaincu que « c’est en parlant de la fête
qu’on peut dépasser ce cliché de “Noël des
Juifs” ». Il n’est donc pas question de
gommer la spécificité de Hanouka. Pour
autant, Patrick Cohen revendique « une
pleine intégration dans les festivités de
fin d’année à Strasbourg ; festivités dans
lesquelles la lumière joue un grand rôle.»
“Convivialité et partage”
Un grand événement sera organisé le
premier soir, samedi 8 décembre, pour
l’allumage de la première bougie en présence du rabbinat, des représentants de
la Communauté Israélite de Strasbourg,
du Consistoire Centrale du Bas-Rhin,
des élus, des représentants des autres
cultes, associations et simples citoyens
de la région tous conviés pour un « moment
de convivialité, de fraternité, de paix, de partage ». Les participants pourront déguster des spécialités culinaires de la fête
de Hanouka autour de cette synagogue
devenue « support artistique et acteur de la
manifestation.»
Le projet est soutenu en bonne partie
par la Ville de Strasbourg, mais aussi
par un mécène, la société IEC Event
de Geispolsheim (un grand merci à
M. Kempf, son directeur), la Communauté et le Consistoire.
Nous savons que Hanouka signifie
inauguration. Ce projet inaugure bien
quelque chose. S’il est réussi, il sera probablement amené à être reconduit les
prochaines années.
SORTIR
mière
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
43
SORTIR
dimanche 16 décembre à 16h
à l’Espace Noah
Le Centre des Jeunes et le Comité Sépharade organisent une
GRANDE SoIRéE
HANoUCAH
JEUNE PUBLIC
AU MENU : BEIGNETS, BoISSoNS, FRIANDISES
Spectacle avec
des clowns
de renommée internationale
“Pistache et Cacahuète”
Sculpture de ballons
Magie
Du rire et
de la tendresse
avec la
mascotte Lapin
UN CADEAU
POUR CHAQUE ENFANT !!
Nous vous attendons nombreuses et nombreux
pour vivre ce moment exceptionnel.
44
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
Comité
Sépharade
SORTIR
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
45
SORTIR
Salon du Livre de la Wizo
A la rencontre
d’écrivains exceptionnels
vraham B. Yehoshoua,
un des plus grands écrivains contemporains
israéliens, tout juste
couronné du Prix du Meilleur livre
étranger et du Prix Médicis du
roman étranger sera à Strasbourg
un seul jour, le 2 décembre, au
Salon du Livre de la Wizo ! Aux
côtés de Pierre Assouline, célèbre écrivain et biographe, et de
l’historien Georges Benssoussan
qui a écrit un passionnant ouvrage sur « la fin des juifs dans
les pays arabes ».
A
Près de 25 auteurs (voir la liste
ci-contre), dont plusieurs strasbourgeois, seront disponibles
pour discuter, vendre leurs livres,
ou échanger de manière conviviale.
Une journée culturelle à ne pas
manquer, et dont les bénéfices
seront intégralement reversés
aux institutions sociales de la
Wizo en Israël.
Dimanche 2 décembre 2012
de 10h à 18h
Cocktail d’inauguration à 11h
Auteurs présents
Avraham B. Yehoshua, Prix du
Meilleur livre étranger, Prix Médicis du
roman étranger. Rétrospective
Pierre Assouline. Une question d’orgueil
Georges Bensoussan. Juifs en pays
arabes - Le grand déracinement 1850-1975
Colombe Schneck. La réparation
Anne Berest. Les Patriarches
Cécile Desprairies. L’héritage de Vichy.
Ces 100 mesures toujours en vigueur
Israël Nisand. Et si on parlait de sexe à
nos ados
Charlotte Herfray. Penser vient de
l’inconscient - La méthode de l’entraînement
mental
Dan Nisand dit Guy Solenn. La vie
secrète des grands personnages de l’histoire
Nicolas d’Estienne d’Orves. Les fidélités
successives
Eric Nataf. Les pérégrinations d’un
prophète au pays des ziggourats
Olivier Guez. American Spleen - Voyage
au cœur du déclin américain
Michel Bedez. Le Boa
Janine Elkouby. Trois femmes et un siècle
Francine Mayran. Témoigner de ces
vies - Peindre la mémoire
Dora Breitman. Demain, j’ai rendez-vous
avec Bob Dylan
Jean Daltroff. La synagogue du quai Kléber
Francis Weill. L’intégrisme - Le comprendre
pour mieux le combattre
Guila Clara Kessous. Théâtre et sacré
dans la tradition juive
Patrice Bloch. Les secrets de la Thora orale
Grand Rabbin René Gutman.
Nahmanide : De la perfection de la Loi
Claude Keiflin. Adrien Zeller : Une vie au
service de l’Alsace
Sophie Nizard. Adopter et transmettre Filiations adoptives dans le judaïsme
contemporain
Daniel Froville. Pierre Bockel, l’Aumônier
de la liberté
Pisla Helmstetter. Sur ces chemins où
nos pas se sont effacés - Les souvenirs
d’une Tzigane d’Alsace
Jean-Laurent Vonau. Le Gauleiter Wagner
Conférences
11h30
Israël Nisand et Charlotte Herfray :
Regards croisés
14h
Avraham B.Yehoshua :
Rétrospective
15h
Colombe Schneck, Cécile Desprairies
et Nicolas d’Estienne d’Orves :
Mémoires et combat
16h
Pierre Assouline :
Ecrivain, journaliste, espion ?
17h
Georges Bensoussan :
Juifs en pays arabes - Le grand déracinement
Pass pour l’ensemble des conférences : 5 €
1 rue des Francs-Bourgeois - 9 place Kléber 67000 Strasbourg
03 88 15 78 88 · www.librairie-kleber.com
ouvert le lundi de 10h à 19h et du mardi au samedi de 9h à 19h
46
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
SORTIR
Salon
du Livre
Wizo
avec
Avraham
B. Yehoshua
Prix du Meilleur
livre étranger
et Prix Médicis
du roman étranger
© Jérôme Bonnet
et Pierre
Assouline
en partenariat avec la Librairie Kléber
Dimanche 2 décembre 2012 de 10h à 18h
Salons du CIC Est - 31 rue Jean Wenger-Valentin Strasbourg-Wacken
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
47
AGENDA
Vendredi 14 décembre
Roch Hodèche
◗ Soir
Office Bnot
Synagogue Rambam
Samedi 8 décembre
Illumination Synagogue de
la Paix (Parvis)
◗ 19h
Repas « Les Cigognes »
Le prix du repas se monte à
35 €, vin et café compris.
Dimanche 9 décembre
◗ 18h
Office de Hanouka
à la Synagogue de la Paix
Beignets et boissons
Salle Edmond Blum
Samedi 15 décembre
◗ 9h-11h
Office Bnot
Synagogue de la Paix
◗ 18h
Hanouka du
Comité Sefarad
Salle Edmond Blum
◗ 20h30
Grande fête yiddish
du Cercle Wladimir Rabi
Théâtre du Cheval Blanc,
Schiltigheim
Programme exceptionnel avec
des musiciens de Bruxelles
et de Paris.
Renseignements et réservation :
03 88 83 84 85
6 rue de Boston
67000 STRASBOURG
du lundi au samedi de 8h à 20h30
48
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
◗ 12h
Repas de Hanouka
de la SHIAL
Salle Edmond Blum
Centre Communautaire
Raymond Lévy nous parlera de la
communauté de Niederbronn,
Alain Kahn évoquera la communauté d’Erstein et Jean-Pierre
Lambert soulignera l’originalité
des communautés de la vallée de
la Mossig. Claude Hoenel et
Jonathan Blum assureront la
partie liturgique.
◗ 1re bougie de Hanouka
◗ 10h
Fête de Hanouka
à la Fondation Eliza
Illumination
Dimanche 16 décembre
Pour réserver, adresser votre
chèque à Norbert Schwab,
64 avenue des Vosges
67000 Strasbourg
◗ 16-19h
Fête de Hanouka
Rambam / Centre des
Jeunes
Espace Noah
Centre Communautaire
Dimanche 23 décembre
Jeûne de Têvêt
Du 10 au 13 janvier
◗ Grand Rabbin Metzger
Lundi 14 janvier
Roch Hodèche
◗ 20h30
Conférence de la SHIAL
Salle Edmond Blum
Centre Communautaire
Edgar Weil de Jérusalem
tiendra une conférence intitulée
« La Hagadah écrite et illustrée
par Abraham Hasofer d’Ihringen - 1732 - Découvertes
singulières » d’une durée d’1h30
avec projections.
Entrée libre, plateau.
Mardi 15 janvier
◗ 20h30
Conférence
Salle Edmond Blum
Centre Communautaire
Le B’nai Birth, le Cercle Wladimir
Rabbi et la Communauté Israélite
de Strasbourg organisent une
conférence sur le thème
« De la clandestinité aux feux
médiatiques. Une histoire
politique du CRIF. Et le panorama du Judaïsme français ».
Débat avec Samuel Ghiles-Meilhac,
enseignant à Sciences-Po Paris
et Lille.
Samedi 19 janvier
◗ 20h
Repas Lanoar Hadati
au profit de l’enfance
nécessiteuse en Israël
Synagogue de l’Esplanade
24 place des Halles
67000 STRASBOURG
du lundi au samedi de 9h à 20h
AGENDA
Dimanche 20 janvier
◗ 10h30-18h
« 25 Clés du Judaïsme »
Centre Communautaire
Synagogue de l’Esplanade
Samedi 26 janvier
Tou biChevat
Nouvel An des Arbres
◗ Soirée
Gala au profit du
Gan Chalom
Du 31 janvier
au 3 février
◗ Wiz’art
CIC Est - Wacken
Samedi 16 et
dimanche 17 février
◗ Samedi à partir de 10h
Dimanche de 9h à 12h
et de 14h à 17h
35e Colloque de la SHIAL :
« Les Juifs d’ici et
d’ailleurs, le vivre
ensemble »
Salle Hirschler
Centre Communautaire
Coordinateur du Colloque
:
Jean Daltroff
([email protected])
Voir programme détaillé ci-contre
35e colloque de la Société
d’Histoire des Israélites
d’Alsace-Lorraine
Samedi 16 février 20h
• 20h-20h35. Didier Francfort, Nancy,
« Le 55, rue des Ponts et l’accueil des juifs
d’Europe de l’Est à Nancy »
• 20h45. Aude Grégoire, Metz,
« La résistance civile juive : combattre
ensemble ! Le Docteur Joseph Weill dans la
tourmente de la guerre (1939-1945) ».
Avec projections.
Dimanche 17 février (matin)
Modératrice Michèle Jablon
• 9h-9h. Claude Muller, Strasbourg,
« Le voyageur et le Juif dans les récits de
voyages du 18e siècle »
• 9h40-10h20. Georges Weill, Paris,
« Migrations et émigrations des juifs
alsaciens et lorrains aux 17e et au
18e siècles ». Avec projections
• 10h20-11h. Simon Schwarzfuchs,
Jérusalem, « Le recrutement des rabbins
de Metz aux 17e et 18e siècles »
• 11h-11h15. Pause café
• 11h15-11h55. Benoît Jordan, Strasbourg, « Autour de la promulgation des
lettres patentes du roi portant règlement
concernant les Juifs d’Alsace (10 juillet
1784) : discussions et controverses »
• 12h-14h. Repas convivial
(salle E. Blum, Centre communautaire)
Dimanche 17 février
Modérateur Laurent Fassin
• 14h-14h40. François Uberfill, Strasbourg, « Les juifs allemands à Strasbourg
sous le Reichsland : leur rôle et leur place
dans la société de ce temps (1871-1918)»
• 14h40-15h20. Françoise Job, Lunéville, « Strates et melting pot dans la communauté juive de Lunéville »
• 15h20-16h. Anny Bloch, Toulouse,
« Des Alsaciens aux Amériques : la diversité de leur choix géographique et de leur
ancrage social »
• 16h-16h40. Pierre Kogan, Strasbourg,
et Jean Camille Bloch, Gertwiller,
« Pour l’administration française, nos
déportés sont toujours vivants »
• 16h45. Conclusion du Colloque
par Freddy Raphaël, président de la
SHIAL
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
49
COMMUNIQUÉ
François Hollande et Benjamin Netanyahu
rendent hommage aux victimes
de Mohamed Merah
Jean Kahn
Benjamin Netanyahu (à gauche) et François Hollande ont rendu hommage, le 1er novembre dernier
à Toulouse, aux victimes de Mohamed Merah, lors d’une cérémonie au lycée Ozar-Hatorah.
près l’attentat terroriste de
Toulouse, le Président de la
République a manifesté son
attachement à la Communauté juive en venant assister, avec le Premier ministre israélien, à
la cérémonie organisée en hommage aux
A
victimes de l’attentat raciste, geste qui lui
a valu l’estime des Juifs de France.
Au cours de son allocution, le Premier
ministre d’Israël, Benjamin Netanyahu,
a invité les Juifs de France à s’installer en
Israël où leur sécurité serait assurée. Il est
excessif de dire que les juifs de France
STRASBOURG
200 avenue de Colmar 67100 Strasbourg · Tél. 03 88 65 8787 · Fax 03 88 65 8781
www.carstore.citroen.fr/strasbourg
50
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
soient actuellement en danger. Les Juifs
de France sont protégés par la Police et
la législation française est loin d’être
bienveillante à l’encontre de ceux qui
commettent des actes racistes ou antisémites. Ceux de nos coreligionnaires qui
se rendent en Israël le font surtout par
idéal religieux.
Il est bon de rappeler l’attachement
des Juifs français à leur pays, attachement fort ancien. Les plaques commémoratives se trouvant dans la cour de la
Synagogue de la Victoire à Paris dédiées
aux « morts pour la France » de notre
communauté sont assez éloquentes. Le
patronyme de beaucoup de ces Juifs
français rappelle leur d’origine alsacienne. Ils étaient engagés volontaires,
venus se battre pour défendre la France,
y laissant leur vie.
Il n’en reste pas moins que la visite de
Monsieur Netanyahu a été une fois de
plus l’occasion de rappeler les liens
étroits et historiques qui lient la France
et Israël.
L‘EMPIRE
Christian LOGEL
Décorateur
202, ROUTE DE SCHIRMECK • 67200 STRASBOURG • Montagne-Verte
Tél. 03 88 30 16 65 • Fax 03 88 29 48 84 • Port. 06 76 47 11 55
[email protected]
Pressing
des Vosges
42, av. des Vosges
Quick Pressing
Services
43, rue de l’Yser
Pressing St-Jean
25, faubourg de Saverne
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
51
CARNET DE FAMILLE
Naissances
· Chloé Perla, fille d’Agnès et
Benjamin Sellam (San Francisco)
· Roye-David, fils d’Elia et Nethanel
Fridman (Jérusalem)
· Elias, fils de Yaële et Raphaël
Bendrihem
· Oscar Abraham, fils de Marine et
Emmanuel Elarard
· Chalom, fils de Feigi et Ye’hiel-Moché
Schwartz (Manchester)
· Lauren Léa, fille d’Aurélie et
Pierre-Alexandre Kahn (New-York)
· Noa, fille de Liora et Michaël
Abehsera
· Hanna et Gabriel, enfants de
Caroline et Raphy Loeb (Lyon)
· …, fils de M. et Mme Philippe Gross
· Anna, fille de Corinne et Michaël
Gross (Nice)
· Bathya Ethel, fille de M. et Mme
Mendel Samama
52
· Audélia, fille de Rivka Léa et Meir
Coriat (Israël)
· Ornella Ruth Esther, fille de Jeanne et
Sydney Amar (Vanves)
· Ella Laure Jeanne, fille de Laurence et
Sébastien Brill
· Rose-Aviva, fille de Jenny-Rachel et
Marc-Alain (Zvi) Kollmann
· Gabriel Nissim Avraham, fils de Dina
et Michaël Ohayon (Epinay-sur-Seine)
· Naama Guitel, fille de Chana et Sami
Grumbach (Bettar Illit)
· Lior Moché Aaron, fils de Deborah et
Menahem Erlanger
· Tessa Tal, fille de Chloé et Arié
Benayoun
· …, fils de M. et Mme Philippe Gross
· Ruben, fils d’Anne et d’Olivier
Herrmann
Bath-Mitsvah
· Naomi Sarah, fille de Sandie et
Philippe Rozental (Neuilly)
· Elsa, fille de Nathalie et Gil Bernheim
(Lausanne)
Bar-Mitsvah
· Joseph Isaac, fils de Luisa et
David Attali
· Elhanan, fils de Myriam et Arié Haenel
(Jérusalem)
· …, fils de Sheila et Alain Asseraf
· Ariel, fils de Sabine et Philippe
Lichtenstein (Israël)
· Aura Simha, fille de Merry et Samy
Levy (Rainçy)
· Dan, fils de Carole et Charly Knafo
· Noa, fille de Caroline et Dan Touitou
(Tel Aviv)
· Ethan Michaël Elie, fils de Sabine et
Patrick Benayoun
· Sarah, fille de Tsillah et Mikaël Levy
· Benjamin, fils de Frédérique et
Vincent Leray (Levallois)
· Michal, fille de Tania et Alik Rafaeli
(New-Dehli, Jérusalem)
· Meir-Chlomo, fils de Bracha et IsraëlArié-Leib Lubecki (Le Kremlin Bicêtre)
· …, fils d’Avital et Menashé Eichenstein
(Modiin)
· Avraham-Morde’haï, fils de Yaelle et
Ilan Marek (Maalé Adoumim)
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
Mappah
· Yehiel Haï Mendel, fils d’Isabelle et
Benjamin (zal) Zohar
· Yoël, fils de Léa et Gad Amar (Nice)
CARNET DE FAMILLE
· Gabriel Abraham, fils d’Alix et
Benjamin Enriquez
· Eitan, fils de Cathy et Julien Lesser
(Paris)
Fiançailles
· Aurélie Dahan avec Bertrand Levy
· Laura Danino avec Yoni Azran
Mariages
· Magali Meyer avec Lionel Jamy
· Shirin Banayan avec Allan Lipsker
(Bordeaux)
Vos messages de sympathie
et de réconfort, votre présence
à nos côtés nous ont beaucoup aidés
dans l’épreuve que nous traversons.
Dans l’impossibilité de remercier
tous ceux et toutes celles qui se sont
manifestés lors du décès de notre cher
Elias Ohayon (zl)
nous vous prions de trouver ici le
témoignage de notre profonde
reconnaissance.
Madeleine Ohayon
Ses enfants et petits-enfants
· Avigaïl Baer avec Avihaï Kachtan
(Ramat Gan)
· Rachel Zafran avec Gamliel ZerbibCamilleri (Lyon)
· Arielle Meyer avec Laurent Abraham
Perez
· Sarah Sabbah avec Gaël Amouyal
· Lauriane Roche avec Benjamin Braun
· Déborah Knoller avec Ephrayim Brown
Décès
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
M. Albert Schraub
Mme Emma Levy
M. Jacques Seibert
Mme Elise Afriat (Montréal)
Mme Dorette Strikowsky (Haïfa)
M. Maurice Sebbag (Casablanca)
M. Bernard Tellouck (Courbevoie)
M. Elias Ohayon
M. Isidore Rosner
M. Jules Stiefel (Sarrebruck)
Mme Suzanne Kahn
Mme Carmen Strauss
Mme Rose Ibram
M. Yossi Haï Dahan
Mme Ruth Knoller
Mme Yvonne Moch (Jérusalem)
M. Francis Rosenstiel
M. Marc-Alain Glanz
M. Yefim Zaidelson
Mme Lucienne Simon (Nîmes)
Mme Juliette Dadouche (Nice)
M. Gilbert Cahn (BoulogneBillancourt – Mutzig)
Très touchés par les marques
d’affection et de soutien manifestées
lors de la disparition de notre
Chère Maman
Madame
Ruth Knoller (zl)
la famille remercie les nombreuses
personnes qui se sont déplacées lors de
la levaya et des chiva ainsi que les
orateurs y ayant pris la parole.
Nous sommes extrêmement reconnaissants à l’ensemble des familles qui par
leurs visites ou leurs repas apportés à
notre Maman(zl) lors de ses séjours à
l’hôpital ont contribué à lui apporter
une source de quiétude.
Nous souhaitons également rendre un
hommage particulier à tous les jeunes
qui ont tant entouré depuis de
nombreuses années leur chère Tata.
Abonnement
à Echos Unir
Bulletin d’abonnement
(8 numéros par an de septembre à juin)
à compléter et à retourner à la
Communauté Israélite de Strasbourg
Echos Unir (Service Abonnements)
1a rue René Hirschler
67000 Strasbourg
Nom
Prénom
Adresse
Code Postal
Rectificatif
Dans l’article du n° 269 d’Echos-Unir sur
la visite d’Elisa par les Bnot Mitsva (p. 50
à 52), les propos rapportés étaient des
prises de notes succinctes d’un échange
spontané, riche et vivant et elles n’engagent que ceux qui les ont prises.
Ville
Tél.
Courriel
Je joins mon règlement par
❑ Chèque bancaire
❑ Chèque postal
❑ Mandat
Adhérent à l’une des Communautés du
Bas-Rhin : 20 € / Non adhérent : 30 €
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
53
HOMMAGES
Ludwig Lévy,
un architecte fécond
(1854-1907)
Le 20 novembre dernier était le 105e anniversaire du décès de Ludwig Lévy, architecte juif allemand.
On lui doit les plans de plusieurs synagogues, dont celle du quai Kléber.
Son œuvre
La synagogue du quai Kléber vers 1900 entre l’église Saint-Jean et l’ancienne gare.
Collection Jean Daltroff
Sa biographie
Ludwig Lévy est né le 18 avril 1854 à
Landau dans le Palatinat. Il est décédé le
20 novembre 1907 à Karlsruhe dans le
Bade-Wurtemberg.
Louis Lévy est le sixième enfant d’un
marchand de textile, Jonas Lévy, et de
Barbara Lévy née Machhol. Après des
études primaires et secondaires à Landau
jusqu’en 1870, il étudie ensuite à l’Institut polytechnique de mathématiques,
d’ingénieurs et d’architectes de Karlsruhe. Il se tourne vers l’architecture et
suit des cours à partir de 1876 auprès de
Paul Wallot. Il ouvre un cabinet d’archi-
54
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
tecte en 1882 à Kaiserslautern. Il devient
en 1886 professeur à la « Baugewerbeschule » de Karlsruhe. Au vu de ses travaux, le ministère de l’Intérieur du Pays
de Bade le nomme architecte du Land. Il
donne en outre des cours d’architecture,
à l’Institut de technologie de Karlsruhe.
Ludwig Lévy épouse Flora Levinger. Il
a deux enfants : Marie Babette en 1891 et
Erwin Walter en 1896. Son épouse quitte
Karlsruhe pour le camp de Gurs (Pyrénées atlantiques) en 1940, où durant l’été
1942, elle fut déportée vers le camp de
concentration de Theresienstadt. Elle y
mourut le 23 avril 1943 à l’âge de 74 ans.
On lui doit entre autres les plans de
plusieurs synagogues : Kaiserslautern de
style mauresque, de Barmen en 1897
aussi de style oriental, de Baden-Baden
en style pur néoroman en grès blanc de
la vallée de la Murg inaugurée en août
1899, de Bingen-am-Rhein, de Thionville,
de Luxembourg et d’églises du Palatinat
et du duché de Bade. On lui doit aussi à
Strasbourg outre les plans de la synagogue consistoriale du quai Kléber de
Strasbourg, de style néoroman, inaugurée en 1898, ceux de la villa Lévy au n° 20,
allée de la Robertsau, ainsi que ceux de
bâtiments publics comme la Trésorerie
et la Préfecture de Strasbourg. On lui doit
encore la « Levy Tor », porte en fer forgé,
située à l’extrémité nord-ouest du jardin
du château de Kirchheimbolanden, en
Rhénanie-Palatinat. À l’époque, le propriétaire du château, Friedrich Brunck,
fait concevoir en 1889 une porte à deux
battants, de style néobaroque par Ludwig
Lévy, qui l’a fait réaliser dans l’atelier du
ferronnier Franz Brechenmacher.
La synagogue de Kaiserslautern dans
la Rhénanie-Palatinat inaugurée en 1886
se compose d’un mélange de motifs
orientaux et romans. Le bâtiment à
deux étages est surmonté en son centre
d’un dôme à 37 mètres au-dessus du sol,
aux quatre coins de tours-lanternes et
eux aussi surmontés d’un dôme. Le
bâtiment offre au total 600 places assises.
Cette synagogue a été détruite en 1938
avant la nuit de Cristal, à la différence de
la plupart des autres lieux de culte juif
en Allemagne qui eux ont été pillés et
détruits pendant la nuit de Cristal.
HOMMAGES
La synagogue du quai Kléber de Strasbourg
est inaugurée le 8 septembre 1898. C’est un
exemple représentatif du style néo-roman germanique en vogue à l’époque. Elle s’inscrit
autour d’une tour octogonale de 54 mètres
de haut rappelant celle de la cathédrale de
Worms. Le matériau de construction pour
l’extérieur et l’intérieur est le grès gris clair et
rouge des Vosges extrait des carrières de
Phalsbourg. Cette synagogue a une capacité
de 1639 places dont 825 pour les hommes, 654
pour les femmes, quarante réservées aux
choristes et cent dans l’oratoire. Elle est incendiée le 1er octobre 1940 alors que l’Alsace est
occupée par les nazis. En 1941, les vestiges de
ce bel édifice sont rasés.
La construction de la synagogue de Luxembourg débute en mai 1893 et dure un peu plus
d’un an. Ce bâtiment est conçu d’après le style
mauresque de la synagogue de Florence.
L’inauguration se produit le 29 septembre 1894
en présence de représentants du gouvernement et du conseil communal. Cet édifice
contient 300 places au total : 150 pour les
hommes, 120 pour les femmes et 30 pour le
chœur et les enfants en âge scolaire. Cette synagogue sera détruite par les nazis en 1943.
Au cours du pogrom de la nuit de Cristal du
10 novembre 1938, les S.S., aidés de membres
de la Gestapo, apportent des bidons d’essence
et mettent le feu à la synagogue de Baden-Baden. Les objets de culte, principalement en argent, avaient dès le matin été récupérés par
la Gestapo. La synagogue brûle complètement.
Dans les semaines suivantes, elle sera rasée.
Ludwig Lévy fut un architecte éclectique de
son temps avec notamment la construction de
synagogues inspirées de l’orientalisme (Kaiserslautern et Luxembourg) et du roman (BadenBaden, Strasbourg). Son œuvre marqua de son
empreinte le Bade-Wurtemberg, le Palatinat,
l’Alsace, la Lorraine et le Luxembourg.
Aller plus loin
■ Otto Böcher, « Der Architekt Ludwig Lévy (1854-1907) »,
dans Mitteilungen des Oberhessischen Geschichtsvereins,
Neue Folge, Band 77, 1992, p. 33-46.
■ Laurent Moyse, Du rejet à l’intégration Histoire des Juifs du
Luxembourg des orgines à nos jours, Luxembourg,
Édition Saint-Paul, 2011, p. 144-147 et p. 186-187.
■ Jean Daltroff, La synagogue du quai Kléber de Strasbourg
(1898-1941), Bernardswiller, I.D. l’Édition, 2012, p. 13, 14,
17-19, 22 et 89.
Théo
Tobiasse
’artiste Théo Tobiasse nous a quittés.
Il laisse à notre communauté le
souvenir d’un homme d’une grande
culture, d’un talent exceptionnel,
d’une nature attachante et généreuse.
Chacune de ses œuvres rappelle un moment
de notre histoire, de notre culture.
Lorsque notre secrétaire général d’alors,
Monsieur Habib, qui le connaissait de Nice,
nous l’a présenté, nous lui avions demandé
de nous dessiner des vitraux pour la Synagogue de l’Esplanade qui était en chantier.
Son acceptation était immédiate : il nous a
offert les « cartons » de ces œuvres magnifiques et hautes en couleurs. Il avait tenu à
venir lui-même les monter, accompagné de
l’artiste verrier et de son épouse. J’étais là
pour les « petits gestes » et surtout pour le
plaisir de les admirer.
Toute la Communauté de Strasbourg présente à sa famille ses sincères condoléances
et l’assure de sa gratitude.
Salomon Lévy
L
Yvonne Knorr
ous tenons à rendre hommage à
Madame Yvonne Knorr, élue de
notre Région durant des décennies,
ancienne présidente du Centre
des Organisations Feminines, dont le Groupe
de Liaison Juif Feminin est membre depuis sa
création, et qui a su allier son engagement de
femme politique aux valeurs et aux causes
qui nous sont chères.
Yvonne a consacré sa vie entière aux
autres avec cœur et noblesse, soucieuse et
respectueuse d’autrui. Fidèle à ses idéaux, elle
a œuvré avec conviction pour les femmes, à
la recherche de consensus et d’harmonie.
Elle est décédée le 18 octobre 2012 et nous
garderons de notre amie un souvenir ému et
lumineux.
N
Le Groupe de Liaison Juif Feminin
ECHOS UNIR N° 270 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2012
55

Documents pareils