Rêver donc aimer, Aimer donc servir André ROIBET

Transcription

Rêver donc aimer, Aimer donc servir André ROIBET
Rêver donc aimer,
Aimer donc servir André ROIBET
(Livre à paraître en 2015)
Aimer donc rêver,
Dans les rues de mon enfance, il y a des rires perlés,
Perlés d’Amour, de puits d’innocence, d’églises ourlées de blanc,
De pêches vignol, de chasses Dantesques et de ballons étoilés.
Oui, à l’aube de mon amour, Pusignan haie le vent !
Dans le big bang de mon aldo les sens, il y a des bruits volants,
Des bals Boyer aux mises en boites fumeuses, la Marquisette des sens
Cache le bruit des chaînes qu’on aboie et des ferrailles noyées.
Oui, au matin de mon Amour, Pusignan est au Démembrement !
Au Zénith de ma turbulence, illuminés dans leur crépuscule, les miens
Achèvent ma forge pleine dans l’Hugaullienne du temps.
Depuis mon heaume n’est pas ciné, Excalibur n’est plus papier !
Oui au midi de mon Amour, Jésus rappelle SALAM !!
Aussi Amis demain dès l’aube après la sieste du dimanche
Debout les morts ! Château Huguette ! Tuile romane et pisay droit
Avec, ferme intention, armée des ombles et vaches régulières,
Avec fraternelles coalitions, chevaliers guinguette et maçons forts
Oui au faîte de mon Amour,
Pusignan en avant !
Rêver donc servir…
Merci
pour
ce moment …
A visiter
: tebior.com
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SOMMAIRE
Préambule
Enfants du monde, médecins de la terre !
Partie 1 – Une enfance de rêve
Maman, la Valla, le St Hubert, la ferme, l’ouverture, l’école, la nuit du ballon, la mort de
Marcel : la fin de l’innocence, la bétonnière.
Partie 2 – La forge
Mon père, Les conscrits, la bande, le voyage initiatique, Chrystelle, la Martin, l’Enise, la
maison Roibet, année 2000 : le record, les mandats Pautet et Genthon, le marathon, la
période Brunet TP.
Partie 3 – Pusignan centre du monde
Chambard, RMF BGL et les Moulin, Gérard Kolbel et P2R, Pusignan centre du monde, le
63ème anniversaire de madame Genthon, 2004 : Tebior le concept, la Dream Team (Guy
Mathiolon, Steve Dickson, Yvan Patet, Violaine…), le rachat MGB, 2005 : l’Echec, l’A.G. 2009
Tebior et la venue de Bernard Laporte, la garde à vue, la Victoire.
Partie 4 – En route pour Jérusalem
Pusignan 2015 – le nouveau testament Tebior (Le groupe et ses évolutions)
Mes envies pour le monde, l’Europe, la France
Transmettre
Le big band N + 1
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Préambule
REVER DONC AIMER.
Lucien, Jeanne,
Inéluctable, mais incroyable, demain 27 avril j’aurai cinquante ans.
Là, au sommet de la colline, face à la plaine, au pied de la tour Harpale, je regarde, je me souviens et
je rêve.
A l’est, à 30 mètres, il y a la maison de ma mère que j’ai construite pierre après pierre. A l’intérieur
Cécile te donne le sein et Adrien s’occupe de toi. Jeanne et Lucien, déjà la magie s’opère, vous êtes
d’ici !
Derrière, il y a le jardin que mon frère nous cajole au milieu des arbres de Georges, en arrière-plan
Moifond et plus loin le Bugey avant les Alpes !
Oui l’est Epoustouflant !
Au sud à 400 mètres, il y a en contre bas au pied de la chapelle, Satolas-Green, notre fierté à Steve et
moi, Fot, Dupraz, Panalpina, Dimotrans, le arrow business center, Le bassin épidaurien et bientôt le
restaurant, tant de souvenirs, tant d’histoires.
Plus loin, St EX, notre porte sur le monde, Rome, Jérusalem, Namibie, Amériques et bientôt Algérie
Barrant le premier plan de la plaine pagnolesque, Lesly et sa petite pantoufle rouge, tel un rempart,
sépare l’espace en deux Urbi et Orbi. Je vois le bois de quatre sous qui se termine, ilot d’amour
arraché à l’agrico-industriel.
Plus loin, le Pilat nous rappelle que Ponce, après s’être lavé les mains a terminé sa carrière après les
collines à Vienne précisément.
Oui le sud obligatoirement !
A l’ouest, à 200 mètres après Ferraguet, il y a le château et sa vue panoramique, le faire rentrer
dans le domaine communal fut ma campagne d’Egypte ! A nous Claude de Costaing, dont la gloire
est inscrite à Versailles sur un pilier de marbre. Bien vu Didier !
Plus loin, la colline de Genas, le berceau des Roibet et Lyon la lumineuse. Alignés, la tour de
Ferraguet, la Part-Dieu, le crayon et Fourvière forment une ligne temporelle remarquable.
Que de souvenirs, depuis les 5 ans à la Martinière, jusqu’à l’entrevue tête à tête avec Collomb ou la
coupe de champagne en son bureau avec J.P. Rives et les anciens internationaux argentins.
Oui l’ouest Infiniment !
Au nord, à deux pas, il y a notre maison en arrière-plan de la tour, c’est le temple de Chrystelle.
Elle est là d’ailleurs, grabotant dans ses massifs, se ressourçant les mains dans la terre.
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Derrière, j’imagine la maison Giroud que nous avons achetée, il y a quinze ans avec son parc arboré.
De plein pied, bien médicalisée, ça doit le faire. Rien ne presse.
Plus loin, par la pensée, je descends à la valla jetant un coup d’œil en passant à la mairie, aux écoles,
au stade Durand, à la maison Bonnet, ouh là là, ça s’agite dans le bocal à souvenirs. Vite, je descends
sur la place où je suis né. Je vois mon père, tel le César de la marine, la vogue sur la place et le Père
Durand et son équipe qui vient fêter la victoire. Je reprends la rue de la gare, je vais dans la zone
industrielle vérifier l’existence de RMF, mon puissant moteur, et de mon armée de paix qui se
repose, alignée, au garde à vous. 1995, vingt ans bientôt !
Lundi, 150 personnes sur les 300 du groupe TEBIOR partiront travailler tel les Berliet qui prenaient le
car de 6 heures après le petit café noir. Georges Clair, je te salue !
Je repars bien vite encore au nord.
A Charvas, je me prélasse. Mon Okavango, mon Ushuaia, ici mon cerveau s’apaise. Les chevaux
blancs pointillent la lèche, le ruisseau coule entre les bouleaux argents, je suis bien.
Bientôt les bécasses reviendront et dans le Walhalla des chiens, bouboule, griotte, Teddy et Léo le
magnifique se rappellent nos joutes innombrables.
Pas besoin d’aller plus loin, de passer le Rhône et ses Lônes mystères, ni d’aller jusqu’à Montluel et
mon premier champ d’action Brunetien au pays des Cormorèches. Pas besoin non plus de faire le
tour de la Dombes si proche. Non, à Charvas, comme aux Marquises, le temps s’immobilise.
Oui le nord Eternellement !
Oh, oh, André tu rêves ? !
Chrystelle m’appelle pour diner, mes petits, nous reprendrons plus tard, il y a des asperges de
Christine et demain c’est repas de famille, un repas à la Roibet servi ASSIS !!!
AIMER DONC SERVIR … !!!
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ENFANTS DU MONDE, MEDECINS DE LA TERRE !
PUSIGNAN, Mon village, Ma terre, Mon sang !
1973, Satolas Futur Saint Ex se pose, mon village devient technocratiquement un dommage collatéral sacrifié
d’avance sur l’autel du développement verbal. Pusignan, trop pauvre pour la Courly, trop loin pour les
LYONNAUX-LYONNAIS (Nous sommes des dauphino-lyonnais).
J’ai 9 ans, et les miens, les Roibet, les Raphaël, les Barge et les autres hurlent leur inquiétude.
A Décines, à Jeanne d’Arc, Pusignan-Paysans est l’insulte de bienvenue.
Je rixe, je boxe, je prophétise, et bientôt personne ne s’y frotte, car déjà Pusignan rime avec maman
D’où viens-je ? EVER PUSIGNAN,
LYON, Ma ville, Ma force, Ma lumière !
1979 : à la Martin je suis bien, LUGDUNUM et résistance LaDoFaSiLa à vivre
Je traboule, je fourre, je vierge, je gallo Romanise, je Bargoinise !
Je jeanmoulinise, oui LYON, c’est plus fort que toi.
Lyon rime avec Gallion, cher Gérard devient Christophe.
Un grand stade pour l’OL d’abord, les JO de la PAIX ensuite !
Qui suis-je ? LOVING LYON !
JERUSALEM, Mon chemin, Ma route, Mon ciel,
Aout 2006 : les chiens aboient, le Liban trinque une fois encore !
Jérusalem, les murs gémissent, les peines étouffent les âmes.
Et pourtant sur l’Esplanade au pied du mur, ou au saint sepulcre partout la paix respire, le seigneur se repose
donc chez lui.
Nos amis juifs franco-sepharad nous remercient d’être là et nous les remercions d’exister. Notre ami palestinien
Chrétien nous réconforte plus que nous le faisons.
Je pense à Coluche et ses blagues à dix balles !
Je pense à l’Abbé et ses nippes à dix sous !
Que de résultats avec si peu de moyens !
Maintenant qu’ils sont partis les larmes sont illusoires, le monde de la paix est en jachère et nos entreprises
seront nos charrues.
L’Amour, graine universelle, reste à semer. Il y a double souffrance humaine et maintenant il faut y aller, il n’y a
pas d’autre alternative !!
Où vais-je? JERUSALEM GO TO…
La question classique est d’où viens-je, qui suis-je, où vais-je ?
C’est ma réponse,
Ever Pusignan, loving Lyon, Jérusalem go to!
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I – Une enfance de rêve
Maman
Toutes les mères sont uniques, la mienne en plus était exceptionnelle. Aujourd’hui, je croise encore
des gens qui l’ont connu, à Lourdes, à Rome ou à Janneyrias, et toujours le même hommage : « Vous
êtes le fils d’Huguette » avec une voix et un visage paisible, l’interlocuteur vous restitue par la
posture, le toucher, le regard, l’amour d’Huguette. C’est mon passeport immaculé, je suis le fils
d’Huguette.
Aussi loin que je me rappelle, je suis au café dans la partie privée, mon père travaille en salle et ma
maman tient le tabac qu’elle a créé. Je coule des jours heureux en attendant que la porte s’ouvre
pour un câlin volé. Le soir, nous traversons le café pour monter à l’étage pour dormir mon frère et
moi. S’il n’y a pas un soir d’après foot, un repas des chasseurs, c’est plutôt tranquille.
Juste une raie de lumière à travers les persiennes et un clic-clac lancinant lorsque la voiture passe sur
la bouche d’égout en face de la fleurine, notre collègue dans son café (théâtre) où, avec Baznai,
l’inénarrable compagnon, elle nous rejoue Montmartre. Mon père est très très impressionnant par
son volume, sa taille, sa gestuelle. Il nous fait un peu peur malgré nous et sa gentillesse naturelle,
aussi jusqu’au déménagement à Moifond, c’est maman mon lien avec le monde. Je suis chouchouté
et entouré d’un amour doré et rassurant.
Ensuite, je me rappelle la première rentrée ou, à l’entrée, Claudine Abert, la fille de la directrice,
Ariane Brissaud et Valérie Carra en maîtresse des lieux, attendent les petits nouveaux de leur âge. Je
n’ai pas encore vu Christine et Patrick mais Dédé Allabouvette, Jean Guiguard, Thierry et quelques
autres s’ancrent déjà dans mon paysage d’enfant.
A Moifond, ma mère a grandi dans la ferme Raphaël, la ferme chez Pépé et mémé là ou mon frère est
le roi. En été pendant les grandes vacances, nous y passons des moments éternels ou le « Grand
chemin » devient « la montée au château » et le « Pays des collines » devient « la plaine du bocage ».
Oui, mon enfance c’est Pagnol ; pas d’ombre à l’horizon, pas de souffrance familiale, pas d’aéroport
et son cortège de démembrements. De plus, entre De Gaulle et Pompidou, Johnny chante.
Ma mère est l’âme de Pusignan, dira Edmond Couturier dans son hommage juste à son enterrement
de Marie. Pétrie d’une immense culture, Mère et Grand-Mère géniale, elle organisait en outre de
nombreux voyages à Lourdes (un grand classique), Rome ou Florence pour les amis ou la paroisse,
comme pour le père Labrosse et Didier Martin. Sa maison accueillait les prêtres hebdomadairement
pour un repas de famille ou mon père les taquinait gentiment.
Elle était toujours une tour de garde par ses capacités d’organisation et son amour infini dans une foi
active. Pour moi l’enfant, c’est seulement ma maman mais je sens bien déjà l’indicible magie dans
l’air quand elle est là, et la qualité des rapports humains qu’elle installe.
Si mon père m’a forgé plus tard un tempérament de bâtisseur, ma mère m’a légué un jugement
rapide, un cœur compatissant, une foi solide et un don d’écoute allié à une hypersensibilité maîtrisée
par une créativité impressionniste et chorale.
Oui, de ce côté, maman, je suis un Raphaël !
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Merci infiniment
Maré, Marie, Maman ou la trinité sur « Mère »
Il est bien difficile de parler de sa mère ou alors il faudrait être un enfant.
Enfant qui le soir ramène un collier de perles et récite quelques mots tremblants.
Mots qui suspendent un temps les guerres et arrachent des larmes aux mamans.
La mienne était si « plaine de lumière » et de « clés des champs », que la résumer ne peut se faire ou
alors la réduire au néant. Déjà enfant sur les chemins de terre, c’est elle petite maman, qui entourait
ses frères de prières et consolait les petits enfants.
Ensuite elle fit tant bicycler mon père que même le grand désert brûlant, le sable, la guerre et le
temps, n’engloutirent pas l’amour de ma mère qui était l’âme de son attachement. Attachement pour
mon père, sa terre et l’immensité de son clan.
Que dire des relations avec le père sinon que la foi nourrit son champ, champ d’infini, de culture et de
pierres, phare ou beaucoup puisèrent en suivant. Elle reçut dans ce grand voyage la lumière du soleil
couchant. Lumière que l’on ne voit guère que sur la vierge et l’enfant.
Et nous enfin héritier sans rien faire, juste comme le font tous les enfants en regardant et mimant les
gestes simples des mères, petits singes savants.
Gestes d’amour et de prière que l’on ne reconnait pas justement, tant on veut alors juste plaire à celle
qui illimite le temps.
Au moins, le ciel est prêt pour accueillir ma mère qui pria si souvent. Pria que ma vessie devienne
immense lanterne sans s’y laisser prendre pour autant. Seigneur Jésus, il faut que tu nous rappelle à
chaque heure et à chaque instant, que si nos mamans étaient de simples mères,
Nos mères, elles sont le véritable océan…
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La Valla
Si Moifond est le quartier historique de Pusignan, la Valla en était le cœur et la place de la bascule
son centre de vie.
Dans mon enfance, on y descend de l’église ou de la mairie par la rue de l’égalité. Tout de suite après
les écoles, dans la maison Renard, le dentiste Frénéa exerce avec autorité. Si on a un rendez-vous le
soir, on évite son trottoir pour aller à l’école pour que le bruit de la roulette ne nous obsède pas
toute la journée.
S’il y a un dentiste, il n’y a pas de docteur à Pusignan et c’est le docteur Raymond de Genas qui, en 2
CV, de jour comme de nuit veille sur tout le village.
Heureusement, juste après, il y a le commerce de la mère Amat, gentille grand-mère dont le pas
lancinant ramène de l’arrière-boutique des trésors à petits prix. Ici, on trouve, les pièges à grives, les
gommes pour les lance-pierres et surtout les pétards pour le 14 juillet. Oui, pour nous, la mère Amat
c’est Ali Baba.
Ensuite, le magasin pour filles, la mercerie de madame Caligaro, là, ma mémoire flanche un peu !
Un tintement de cloche, deux marches à descendre, un univers de blanc. D’une porte privée, d’un
pas léger, arrive madame Caligaro, son visage et sa voix de Mireille.
Nous y achetions les cadeaux de baptême et de communion.
On arrive enfin à la place de la bascule, petite et triangulaire, elle abrite en son centre, parallèle à la
nationale, un pont bascule dont mon père à les clés. Ici, pour quelques francs, les paysans peuvent
peser le blé, l’orge ou le maïs.
A l’angle Nord-Ouest, le café de la Fleurine Chavret qui répond au St Hubert, le commerce de mes
parents. Le matin, il y a foule avant le départ des cars de l’Est qui partent pour le fil dynamo, Rhône
Poulenc ou Berliet, c’est l’époque de la France qui se lève tôt, du plein emploi et du travail en sifflant.
Le soir, c’est plutôt l’ambiance Montmartre et Baznai, son compagnon fait le spectacle. Intelligent et
doué à tous les jeux, c’est une figure locale.
Il y a aussi le château Geslin qui appartient à la Grand-Mère de Thierry Vidon, son parc et son sapin
de 30 mètres. Quand mon chat Pompon monte y chasser les tourterelles, mon père me laisse monter
à la cime pour le récupérer, sous le regard inquiet du propriétaire.
En remontant un peu la route nationale, direction Meyzieu, après la carrosserie d’art Kaeydjian et le
garage Renault Anzil, côté gauche on tombe sur Dussert, le charcutier fantastique, l’inventeur du
Sabodet. Sur son papier gras, on peut lire face à un cochon larmoyant, le grand père Dussert
déclamer : « Ne pleure pas grosse bête puisque tu vas chez Dussert ! ».
Entre deux guerres, on raconte que les cheminots lyonnais passaient commande et le faisaient cuire
à même la chaudière. D’où le sabodet à la chaudière. Et oui Charly !
Presqu’en face, complémentaire, il y a la boucherie Gros. Madame sert pendant qu’on aperçoit
Monsieur, dans l’arrière-boutique qui découpe la viande. On le salue presque toujours, car
d’innombrables va et vient l’amènent à la boutique, et au son de la voix il vient saluer ses clients.
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Chez l’un comme chez l’autre, tout est de qualité. Ils ont une renommée bien méritée qui dépasse
largement le village. De ce côté, il y a aussi une espèce de droguerie, la maison Courant. Ici, on vient
acheter des clous, des vis, des petites bouteilles de gaz et bien d’autres choses. Le patron vous
attend, gitane au bec, dans son éternelle blouse grise.
En revenant sur la place, côté gros, après le coiffeur Morel qui vous lave les cheveux avec un broc
bleu, l’économic de Madame Jacob, nouvelle arrivée, elle remplace en fait mes parents qui n’y ont
pas fait recette car les murs appartiennent à mon grand-père, comme le café d’ailleurs. Joviale, cette
dame blonde a un fils et deux jolies filles toutes aussi blonde. Son mari militaire à la démarche qui
convient et fait forte impression par sa tenue rigide.
Autre lieu emblématique, à l’angle de la rue de Jonage, après la deuxième épicerie de la mère Patras,
la boulangerie Gervais et ses grosses couronnes mythiques. Chasseur de bécasse, il arpente encore le
marais aujourd’hui et ses remplaçants sont dignes du maître. On m’a parlé d’une autre boucherie,
route de Jonage, mais je n’ai jamais franchi la porte et n’ai donc aucune image.
En partant vers l’Est, direction Janneyrias, au pied des deux twins, les deux maisons dauphinoises
jumelles, au toit à tuiles d’écailles vernissées, il y a la poste, lieu incontournable ou chaque
Pusignanais a, dès l’enfance, son livret d’étrennes.
Et voilà, c’est tout, bien sûr, il y a le Saint Hubert ! Lui vaut bien un chapitre et même un livre.
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Le St Hubert
Par l’ampleur de son commerce, par son amour pour ma mère, et son caractère, mon père c’est à la
fois Panisse, Marius et surtout César.
Je vous l’ai déjà dit, il a les clés de la bascule, dehors aussi, il y a une pompe à essence et un
mélangeur pour les mobylettes et autres deux temps. Au-dessus du bar, il y a quelques chambres ou
Bob et Merlin, jeunes commerciaux fauchés et dessinateurs industriels chez Rector, sont les grands
enfants de la famille. Le week-end, ils m’emmènent à la pêche au poisson-chat, à la Ferrante dans les
Lônes du Rhône à Jons.
A midi, si des gens veulent manger, je suis de corvée de beefsteak pour l’unique Beaf-frites-salade du
menu.
Au bar, trônent des cartouches car nous sommes représentants Verney-Carron et vendons des cartes
de chasse car le St Hubert, c’est le siège de la société de chasse, du même nom, société très
importante aux 160 chasseurs.
Sur le bar, une alignée de coupes et un trophée plus grand, car cette année nous avons gagné la nuit
du ballon. Oui, nous sommes aussi le siège de l’ASP, l’association de foot du père Durand, époque
mythique pour tout Pusignanais de plus de 50 ans.
Les repas d’après match, viennent les amis du club, les joueurs dont M’Bono, international africain,
l’entraineur Roger Duffez qui a joué à l’O.L. et Strasbourg en première division avant de devenir un
grand bouliste, comme quoi quand on est doué ! Parfois les filles sont là car nous sommes vicechampions de France en foot féminin. Oui, le père Durand est LE mécène.
Il y a donc cette grande salle, ou je fais du patin à roulettes, ce qui énerve les vieux qui jouent aux
cartes, il y a la cave, ou nous tirons des pots de vin avec mon frère avant de partir à l’école.
Ensuite le bar, majestueux et décoré. Oui, je le crois, et beaucoup me l’ont dit à cette époque, le St
Hubert c’est le centre du monde. Au fond, pour les jeunes, il y a le baby-foot et les babasses. Le soir,
mon père à les clés et me pose sur une chaise pour que je puisse jouer. Voilà pourquoi, plus tard, à
l’un comme à l’autre, je fus champion d’école et du canton.
Au fond du fond, sur le mur, une petite porte s’ouvre sur un placard. Après la fermeture, c’est stand
de tir. Les bouchons de liège s’alignent et depuis le bar, les Nemrods tirent à la 5.5 Diana. Un soir,
Bob, plein de confiance, prit un bouchon de champagne entre ses doigts et, sans appui, mon père le
fit sauter à 18 pas. La trousse à pharmacie n’était pas loin, au cas où ! Encore un talent de mon père.
A côté, le tabac presse que tient ma mère, bien sûr, s’il y a foule au café, elle fait la navette et
chacune de ses apparitions sera saluées comme il se doit. C’est la reine du Steak-frites, et pour moi
c’est une déesse. A l’extérieur, presque plus utilisé, un unique jeu de boules lyonnaises, qui ne fait
pas le poids face au café Braillard et ses trois jeux arborés.
Ce n’est pas grave, il faut bien partager…
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La ferme
7 rue de Versailles, la montée au château, trône donc la ferme Raphaël, ou vivent mes grandsparents et encore Joseph, le chasseur alpin, André mon parrain, le maçon, et Jeanine, la petite
dernière qui travaille au palais de justice. Ils ont eu, dans l’ordre, Marcel, l’ainé et le seul paysan au
visage autoritaire, qui a repris les terres, Jean, le malicieux qui vendait 11 escargots à la douzaine
tant il était gros, futur directeur de l’UAP, il vit actuellement à Décines ou il tient un commerce à la
soie tout en vendant des assurances. Il y a Pierrot, notre chanteur d’opéra qui travaille à la commune
comme garde-champêtre. Avec ma mère, ça fait 7 enfants, et même 8 avec Michelle, morte en bas
âge. Une belle fratrie, pas encore frappée par le malheur, insouciante dans une France en joie.
En entrant dans la ferme, tout de suite après la porte d’entrée, il y a un petit appartement. Là, vit la
tante, Célestine Huvet, qui en fait a donné à mes grands-parents qui s’occupent d’elle. D’une beauté
incroyable, elle a perdu son mari, Jean-Benoît Comte, mort à la Laufée pendant la grande guerre en
1916 et elle garde toujours des photos et des lettres, écrites à l’envers, qu’on doit lire dans une glace,
pour déjouer la surveillance de ses parents qui parlaient patois.
Une grande pièce fait office de cuisine et de pièce à vivre. Là, ma grand-mère s’active pour le repas
car il y a aussi, à table, Marcel, le frère de mon grand-père, vieux garçon qui vit 1 route de Janneyrias,
dans la maison historique des Buisson, construite en 1826, on y retrouve deux piliers de la chapelle
du château, ainsi qu’une cheminée en pierre, trop large et qui fume beaucoup.
Elle s’active Marie-Louise car la cuisine, c’est son plaisir et son art est incomparable. A côté des
grosses cocottes en fonte, il y en a de plus petites, car untel mange sans sel, et l’autre veut du gratin
sans fromage. Bref, c’est du sur mesure. Pendant la matinée, Pierrot en tournée passera dire bonjour
et mettra son nez dans les casseroles immanquablement.
Mon grand-père est au jardin, son domaine maintenant qu’il a levé le pied, un jardin remarquable
dans une terre noire et fine amendée jusqu’à plus soif.
Il reste encore une basse-cour importante, poules, oies, et même pintades qui nous cassent les
oreilles. Le seigneur n’est pas le coq, mais un gros dindon qui se gonfle dès que nous approchons.
Une cinquantaine de lapins et surtout une bonne centaine de pigeons, en liberté, complètent le
tableau.
Bien sûr, les rois, ce sont les chiens de chasse qui occupent maintenant les écuries, attachés à une
chaine pourtant, des chiens courants pour la plupart, sauf Cerf, le vieil épagneul français aveugle qui
ne chasse plus.
La reine, c’est Coquette, la jument de trait, mais en fait elle est route de Janneyrias et c’est Marcel
qui la nourrit.
Devant, la cour principale ou s’ébattent les volailles, l’après-midi, on fait la sieste à l’étage, en
attendant l’arrivée du Tour de France, ou une partie de boules à l’ombre. J’ai mis un caillou au sol, et
quand l’ombre du toit l’atteint, je sais que c’est l’heure. C’est de l’étage aussi qu’on tire les jeunes
pigeons à la 12 millimètres quand on veut faire un salmi ou alors, il faut les prendre au nid dans la
sous pente mais c’est moins drôle.
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Derrière, le verger, le pré avec les cerisiers et les pêches de vigne. Ici, tout l’été, nous jouons au foot
avec Paul Alvarez, Pascal Renard et Jean-Michel Lemasson. Les Equipes sont immuables, Jean-Michel,
le plus grand avec moi en gardien, contre Paul, Pascal et mon frère en gardien. C’est à ce poste qu’il
jouera ensuite un an ou deux à l’ASP avant que la chasse du dimanche n’interrompe une future
carrière. Les scores sont handballesques le soir après des heures, 32 à 26, 43 à 33, bref c’est attaque
défense.
A partir de là, c’est l’infini, c’est la plaine bocage, à travers la haie, un espace reste ouvert pour
pouvoir passer pour aller à la chasse. Ah oui, mon grand-père, ultime privilège, mais aussi parce qu’il
n’a pas le permis, part à la chasse à pieds.
Ce n’est plus une ferme et c’en est encore une.
En fait, il reste toutes les fonctions qui ont disparu aujourd’hui ou les fermes sont exclusivement
céréalières, c’est plus pratique. A ce jour aucune vache à Pusignan comme à Jons. Aucun fromage de
chèvres comme à Saugnieu. Plus de vignes, plus de verger, non aujourd’hui c’est autre chose, on
produit, on ne nourrit plus, heureusement les maraichers sauvent l’honneur.
Mon grand-père est un Chaman, un indien, un résistant, il ne se reconnait plus dans l’agriculture
moderne. Il n’est apparemment plus dans le coup et il a pourtant élevé 7 enfants, et a le respect de
tous. Bizarre.
Nous avons l’une des dernières vignes et le dernier cheval de trait en activité. Ses haies sont larges
pour faire du bois de chauffage, le long du bois de Montserrat, il a mis une bande de luzerne pour les
lapins, qu’il prélève à bon escient. De plus cela protège son blé un peu plus loin.
Quand il y a de l’Amour, toutes les saisons sont belles et ici, il y a beaucoup d’amour.
L’hiver, c’est le bois en famille à Montserrat. Le garde, Dédé, mon grand-père, mon frère et moi
allons au bois. On y descend avec Coquette en charaban. Les grands coupent à la tronçonneuse, les
charmilles bien lisses, avec mon frère, on débronde avec un goy, outil magique qui, d’un coup sec fait
sauter les petites branchettes. Le soir, on remonte un voyage de bois, et juché sur la jument, c’est
une rentrée en gloire par la route de Saugnieu et la rue Chapoutier. On évite la rue du repos, plus
directe mais bien trop raide pour Coquette. En rentrant, mon grand-père ira au saloir et on mangera
des œufs d’oies au lard, après la nuit sera douce et bercée de rêves verdoyants.
L’hiver, on tue aussi le cochon, et ce jour-là, il n’y a pas d’école pour nous, et c’est ce que dit le mot
d’excuses pour l’école, il est valable et irrécusable. C’est Jean Pidron, l’autre charcutier, qui tue 150
cochons par an, qui s’y colle. C’est surtout l’ami d’enfance de mon grand-père et avec le père Giroud,
l’ancien Maire ce sont les derniers qui parlent patois. Pendant qu’il travaille, il nous raconte des
histoires d’avant la guerre. Mon frère, subjugué, passera un CAP de boucher, et comme il se doit
héritera du matériel de Pidron.
L’hiver, il y a aussi les travaux au Clot, route de Janneyrias, un champ clos de murs de 3 bicherées,
c’est-à-dire 6000 m², avec une vigne de Bacot et de Noah qui produit 500 à 600 litres de vin, il y a
aussi un verger, un potager pour Marcel avec un rang d’asperges et de topinambours qui se
reproduisent depuis la guerre, les feuilles sont pour les lapins, les tubercules pour personne, ça
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rappelle de mauvais souvenirs. Il y a des pieds de vignes, des poiriers contre le mur et au bout de
chaque rang, des plans d’osier pour la vannerie.
Avec la boutasse cimentée qui recueille l’eau du chemin, c’est le jardin d’Eden. L’hiver, on prépare la
vigne, on fait aussi les fagots, on taille, on fait bruler, on passe la charrue avec Coquette entre les
rangs de vignes. S’il fait trop froid, on rentre à la maison, on joue aux fléchettes directement sur la
porte d’entrée ou aux billes sous la table car mon grand-père a creusé une topette pour faire un pot.
S’il y a de la neige, alors c’est Byzance, on tirera des Tia-Tia à travers le trou dans le mur de l’écurie.
Mon grand-père aura fait dans l’alignement une tranchée dans la neige qu’il remplira de vieilles
pommes, de blé, et autres pièges mortels. Bref, on s’occupe.
Ensuite, il y aura les patates en plein champs, ou Coquette est encore la reine. C’est avec elle que
mon grand-père les plante, les butte et les arrache. C’est elle qui les ramène avant qu’on ne les fasse
passer par le soupirail dans la cave entre deux planches de bois.
Le jour où on les ramasse, se joignent à nous, Marcel, le père Quenin et nos cousins Bernard et
Claude. Oui, les patates c’est du sérieux.
L’été, bien sûr, ce sont les grandes vacances, le tour de France, les boules et les parties de Foot ; c’est
aussi les expéditions dans la plaine ou nous passons de longs moments d’exploration toujours plus
loin, à pieds ou en vélo. Une fois, avant l’ouverture, j’ai tué un faisan au lance-pierres près d’un
abreuvoir, j’ai été le premier surpris, et je n’ai pas reçu les félicitations du jury.
Surtout, quand vient Thierry, le fils de Jean, ça prend des proportions. Un soir, nous avons vu Rabolio
à la télé et ce film nous a marqué à jamais, surtout la scène dans laquelle, avec des lampes tempêtes,
ils tirent des lapins de nuit. Aussi, la nuit quand tout le monde dort, nous partons à travers champs,
avec nos lampes torches et nos lance-pierres, pour traquer Jeannot. Bien, sûr, c’est l’échec total,
aussi nous allons au bois de Montserrat poser des collets sur les trous. Là aussi, nous les faisons trop
grands et les malins passeront à travers. Une fois, un peu de poils nous a indiqué que nous n’étions
pas si loin.
Bref, ça permet d’attendre l’automne, la saison bénie ou pour mon grand-père tout s’arrête,
l’automne, la saison de la chasse ! D’abord, sur la fin de l’été, on promène les chiens une fois ou
deux. Ils savent déjà, aux couleurs, que la saison approche. Ensuite, comme dans la gloire de mon
père, il y a les cartouches que l’on fabrique le soir, en grand silence et sans fumer. Il y a les demicharges pour les grives et les spéciales pour la neige (du 8,7 pour les corneilles et du 9,10 pour les
becs fins). Bref, la tension monte. La dernière semaine, tous les soirs, en vélo ou en voiture, nous
faisons des tours de plaine et notons la position des compagnies de perdrix et de faisans, encore
sauvages à cette époque. Pour les cailles, c’est plus facile, il suffit de regarder les champs. Avec deux
ou trois parties de pêche au petit trou d’eau (c’est une activité nouvelle pour nous). L’été se termine
en beauté et on oublie presque la rentrée des classes !
La veille de l’ouverture, impossible de dormir et le lendemain, ce jour est bénit. A midi, en point
d’orgue le tableau de famille et ensuite, tout l’automne ce sera chasse, chasse, chasse.
La vie est belle à Moifond et mon Dieu…
Pourvu que ça dure !
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Chasse 1 : l’ouverture
Un petit bruit, un effleurement, mon frère se lève. Il fait encore nuit mais le jour pointe
imperceptiblement à travers les persiennes. Le sommeil a été dur à trouver et je suis un peu
embrumé. J’ai du mal à réaliser, après tant d’attente ! Ca y est, c’est l’ouverture, le grand jour, ce
matin, ils m’emmènent. Une fois ou deux, j’ai accompagné l’année dernière mon père aux cailles le
jeudi, et mon grand-père en fin de saison, juste de quoi éveiller la passion mais là, tout commence
enfin !
Je descends dans la cuisine ou mon père s’affaire pour préparer ses affaires, cartouchière, vestes,
fusil et chapeau. Ma mère m’a préparé mon bol de chocolat et je l’avale d’une traite, il faut être à
l’heure. Nous montons chez le pépé ou c’est le branle-bas de combat. Jean est là avec Thierry et
Dédé, mon parrain, avec Black son chien en laisse.
Nous embarquons Rip, le corniaud et Rita, l’épagneul de mon père dans le coffre de la 2CV et, tous
les quatre, nous partons à la queue des Ayes au parking des bois de la réserve. Il y a quatre ou cinq
voitures, dont Dehavet et copain qui chassent ensemble, le père Guigard avec ses épagneuls français,
qui fera la limite de Genas. Ça parle fort, ça discute un peu et les chiens se chicanent, se reniflent.
Pour éviter une bagarre, mais aussi pour éviter que cela ne traine, mon parrain lâche son chien et
donne le départ. Le disque solaire a percé, c’est l’heure H. Nous n’allons pas directement en direction
de la réserve, nous descendons les premiers mais en direction du coteau. Nous avons repéré des
faisans. Au bout de quelques minutes, les premiers coups de feu résonnent dans la plaine de
Pusignan et de Genas, des coups seuls, des doubles, toutes les minutes, un ou deux coups de fusils,
comme un rappel lancinant que nous ne sommes pas tous seuls. Déjà une demi-heure, et à part des
bruits d’ailes au-dessus, nous n’avons pas tiré un coup de feu. Je commence à douter, et je
m’inquiète car à midi il y aura le tableau. A ce moment précis, une faisane part toute seule dans le
premier rang de maïs à 3 mètres de nous. J’attends le coup de feu qui enfin abat l’oiseau. Ouf, on se
détend, nous ne serons pas capot !
En fait, Black, le chien de mon parrain est un chien exceptionnel, croisé porte et fenêtre, il a une jolie
robe fauve et une queue fournie comme un setter, mais c’est un courant qui rapporte et qui aboie
sur le pied lorsque le gibier va partir. Vers 9 heures, nous remontons vers la réserve où les 3 ou 4 bois
entourés de haies, le bois des caisses, le petit bois, la réserve et le bois de coquard, sont un peu le
centre de la chasse. Là, c’est un festival, 3 coqs, une perdrix et deux lapins viennent donner un air de
triomphe à nos Carnières. Nous avisons Jean et le pépé sur la terre longue, la terre de mon grandpère. Ils viennent des communaux, leur unique perdrix ne pèse pas bien lourd. Pourtant, ils
s’entêtent loin des maïs et des haies ou le gibier abonde à pas lent. Ils montent et remontent la terre.
Après une pause d’usage, nous retournons dans la terre à Martial, une déchaumée de 15 hectares
avant les voitures, afin de tirer une caille ou deux. La terre a déjà été battue mais vers 11 heures, les
cailles s’activent à nouveau. Mon oncle fait un doublé impeccable. J’attends midi avec impatience,
car la faim se fait sentir et surtout le tableau approche et nous aurons la vedette, je suis fier comme
un paon. Nous ajoutons un pigeon ramier en longeant les haies dans la limite de Genas. Là, le père
Dussert attend avec son tube avec lequel il fait les tournées, et paie le casse-croute à tous les
chasseurs, c’est la tradition !
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Enfin, nous rembarquons les chiens et après une petite discussion d’usage au parking, faite de
réalités et de petits arrangements, direction la ferme.
Nous arrivons en Tartarin, tout le monde est dans la grande pièce, le garde et Joseph sont là. Dédé
montre le gibier et la table est dressée pour la fête. Après un moment, ou mon grand-père a écouté,
sourire aux lèvres, je vais mettre le gibier au frais sous l’évier de tante Célestine. Lorsque j’ouvre la
porte vitrée, je suis foudroyé, là au sol, à côté de la perdrix, deux gros lièvres roux, immenses et
raides gisent au sol. La hiérarchie a parlé ! Pendant que nous courrions après la volaille, mon grandpère et mon oncle chassaient le lièvre dans les cultures qui semblaient vides. C’est une leçon qui se
grava instantanément sans un mot. J’avais compris l’esprit de la chasse. Je revins à table et
j’emmenais mon père qui, bon public, félicita les rois et le repas de gala put commencer.
A deux heures, normalement c’est la reprise, mais le temps est chaud et les chiens encore tendus,
une sieste obligatoire est décrétée et c’est vers 16 heures que nous reprenons la 2CV en direction
des terres. L’image des lièvres me hante, aussi quand j’en parle, mon père décide de monter se garer
à la gravière des bôches. Là, il y a la terre à Rey, un champ de 40 hectares et un peu plus haut les
terres de Planaise ou les grises ne font jamais défaut. C’est une autre chasse qui commence sur les
terres immenses et sans ombre, presque à nus, nous marchons à pas lents et les chiens semblent un
peu perdus. Le pied du matin a disparu ! L’attente est longue, et la Rita, qui n’existait pas quand
Black rentrait dans le maïs, marque deux ou trois arrêts sur des cailles et les rapporte
impeccablement. Le quatrième arrêt, l’oiseau ne décolle pas. Mon père s’avance pour forcer le chien
et brusquement un lièvre part vingt mètres en avant. Mon père épaule, pan, pan, le lièvre court
toujours, la chienne au cul, suit à 150 mètres, sa course se ralentit et nous courons derrière comme
des dératés. Un couinement se fait entendre dans les herbes hautes. Plus rapide j’arrive le premier,
Rita le tient par les reins, mais tout de suite ma joie est amoindrie, c’est un levreau, rien de
comparable avec les deux monstres de midi. Dans mon esprit d’enfant, les lièvres se comptent
encore en livre. Les cris de mon père et de mon oncle stoppent mon spleen pondéral. Après cet
épisode, nous montons en direction de la ferme Blanchot, courir après les grises. Lorsque la première
compagnie s’envole, les quatre coups partent en même temps et ce sont trois oiseaux qui
s’écroulent. Le soleil est plus doux et il faut rentrer. Les ombres s’allongent et la terre sent
différemment. En rentrant par le chemin à pieds et aussi en voiture, partout ça caquette, c’est
l’heure du rappel. Les compagnies éparpillées se reconstituent dans un ballet aérien et furtif. Partout
des kirit, kirit et des ombres planent sur les terres. On entend encore des coups de feu litigieux où
des chasseurs tentent le coup de racrot pour grossir le tableau, autre époque, autre chasse !
Voilà, c’est fait, j’ai fait ma première ouverture balloté dans la 2CV, toute la journée repasse en
boucle. Aujourd’hui encore, si je ferme les yeux, je vois la plaine bocagère d’antan, un peu de
nostalgie mais beaucoup de souvenirs, surtout liés aux hommes du clan Roibet-Raphaël. Si le
picotement est moins fort aujourd’hui, la veille de l’ouverture, après un bon « La gloire de mon
père », la nuit est tranquille.
Maintenant, l’ouverture, c’est surtout le début d’une saison heureuse, une de plus, une de
moins !Pas de tableau, pas d’effusion à la ferme, vite on rentre, ma mère va s’inquiéter et demain
il y a école.
15
L’école
L’école maternelle, ce sont quelques souvenirs, surtout d’ailleurs à la récréation, les jeux dans la
cour, les cris des enfants et les enseignants au milieu qui surveillent, madame Ruinat dont le mari est
le directeur emblématique à la retraite, les autres enseignants, madame Carra et madame Abert
future directrice. La classe de CE1 avec Madame Granjean, une maîtresse à l’ancienne me laisse de
bons souvenirs. Il y a tous mes copains, Patrick Bourron, Yves Scala, Gonzales, Michel Cerda, Thierry,
tout le socle de ma future adolescence, les filles, Christine, Evelyne Font, Chantal Perna et bien
d’autres, c’est la joie ! Nous avons un jardin, et nous vendons des bottes de radis aux parents pour
faire un peu d’argent, après avoir pissé dessus bien sûr ! La classe est un préfabriqué, et après notre
déménagement à Moifonds, nous descendons par les champs aujourd’hui construit derrière le silo
Guigard. Malheureusement en CM1, pour éviter une rentrée en 6ème aux Servizières, notre mère
nous éloignera de ce bonheur facile en nous inscrivant au collège à Jeanne d’Arc à Décines avec
quelques autres forçats.
Le matin, c’est le car dès 6H30 avec les Berliet et 40 minutes d’attente dans la cour. Le soir, un retour
interminable et nous arrivons à Pusignan vers 19H00. C’est pourquoi, j’ai pris l’habitude pendant ma
scolarité à Jeanne d’Arc de faire mes devoirs dans le car. D’où le mythe où soi-disant personne ne
m’a jamais vu travailler pendant cette période.
La période à Décines, si elle démarra difficilement, fut de la 6ème à la 3ème, heureuse. Beaucoup de
Pusignan nous y avaient rejoints. J’y fis une bonne scolarité avec comme prof principale en 4ème et
3ème, Monique Bonnet ma future belle-mère, et je me classais toujours 2ème. Une fille, Carmela Rizzo
étant toujours première. Ce qui est sympa, c’est que nos enfants ont fait ensuite leur scolarité à
Décines. Pierre, notre dernier est très ami avec son fils, bref, c’est un petit monde l’est lyonnais.
Il y a des dizaines d’anecdotes intéressantes sur cette période, mais une est savoureuse, et la chasse
y est encore présente. Un jeudi en quatrième, j’avais interrogation de mathématiques avec Monique
Bonnet, professeur principal et de Math-physique...Le matin, en novembre, je trainais au déjeuner
pendant que mon père se préparait pour la chasse. « Tiens, j’ai gym et travaux manuels ce matin » je
lui dis. Mon père comprit l’allusion et me dit : « Tu veux aller à la chasse ? Prépare la voiture » Et me
voilà à 14 ans au volant de la voiture que mon père avait pris l’habitude de me laisser conduire en
précurseur de la conduite accompagnée. Le sol était gelé et nous étions garés à la plantation du côté
Est du marais. Au bout d’une heure dans le bois de la Blandine, sans prévenir Rita lève une bécasse à
grande distance. J’avais le fusil de mon père, que je gardais ensuite jusqu’en 2002, un pionnier
magnum Verney-Carron choqué à gauche et une cartouche de 6 pour le pigeon. A la cime des
peupliers, je lâche un coup et abats mon premier oiseau en lui cassant le bec. Mon père, ivre de joie
décida à midi d’aller montrer l’oiseau à « Nègre » le sauvaginier, un ami route de Jonage. A 12H30,
l’apéro trainant, je pousse mon père à rentrer et je reprends le volant. J’arrive sur la place par la
route de Jonage et je fais un petit refus de priorité à droite, je pile à 50 cm d’une voiture verte que je
vois avec stupeur. C’est ma future belle-mère avec ses filles qui rentrent de Décines. Me
reconnaissant, ses yeux implorent le ciel devant tant d’insouciance et de complicité coupable de mon
père.
La suite fut évidemment plus difficile mais après avoir fait la morale à mes parents sur mon
potentiel gâché, elle appuya fortement mon dossier et je rentrais avec surprise à la Martinière
malgré quelques avertissements disgracieux.
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La nuit du ballon
Nous sommes dans la cour de l’école, de là nous voyons le stade ou s’affaire une armée de
bénévoles, pour séparer le terrain d’honneur en 4, piquets, palissades, c’est du travail de pro. Tous
s’activent car ce weekend c’est la nuit du ballon. Le père Durand est à la manœuvre avec l’entreprise
Vidon, ce sont les deux gros industriels du village. Il a monté une affaire de cuisine très reconnue sur
la région et il a même des intérêts en Afrique pour le bois. C’est surtout un mécène et un homme de
cœur, ami de mes parents. Il porte, bien entouré, le club d’une main de fer dans un gant de velours.
Le dimanche, ce sont plusieurs centaines de personnes qui sont autour du terrain pour regarder
jouer la « une ».
Le tournoi la nuit du ballon est peut-être le plus fameux tournoi de la région, plus de cent équipes
viennent s’affronter une fois par an à Pentecôte. Les lots sont conséquents comme, une année, une
cuisine pour chaque gagnant et 6 mobylettes pour les perdants. Toute la nuit, les équipes
s’affrontent dans une ambiance de kermesse, et ce n’est qu’au petit jour qu’a lieu la finale avec les
plus courageux qui n’ont pas dormi.
Il y a de tout, des équipes sérieuses, des équipes corporatives comme les pompiers, des féminines,
des équipes pour rire, déguisées en Dalton ou en tutu ! Bref, c’est carnaval même si l’enjeu sportif
est réel et le trophée très recherché.
Nous attendons cet évènement avec impatience, car le lendemain nous essayerons de trouver un
ballon en cuir oublié en contre bas dans les haies. J’ai une relation particulière avec ce tournoi car il a
bercé mon enfance. Adolescent, je fus malgré moi à l’origine d’une bagarre qui mit fin à ce tournoi,
mais aussi pour d’autres raisons.
Le soir de ma première élection, le père Durand est sorti de sa retraite, et à l’annonce des résultats
dans la salle de dépouillement ou j’arrivais deuxième derrière Edmond Coudurier, a dit à la
cantonade : « Lui, c’est mon poulain et il refera la nuit du ballon ». S’en suivit une soirée de folie ou
je promis de refaire l’évènement, ce qui fut fait avec l’aide du club en 2007. J’espère, à l ‘avenir
qu’avec la fusion Jonage-Pusignan, nous pourrons la refaire car je sais qu’il subsiste une attente.
Nous sommes tous influencés par nos rêves d’enfant.
Les transmettre aux enfants, c’est remercier les aînés !
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La mort de Marcel : la fin de l’innocence
Un coup de téléphone dans la nuit, des pas, des cris, des pleurs, j’essaie d’entendre puis je me
rendors. Le matin, on nous habille en silence mon frère et moi, on met les habits du dimanche et on
monte à la ferme. Toute la famille est là et c’est un champ de pleurs ininterrompus. Ma grand-mère
est au centre dans son fauteuil un torchon blanc à la main. Au-dessus, mon grand-père est à côté,
hébété : Marcel est mort.
Marcel, je l’ai dit, c’est l’aîné, c’est la fierté avec ma mère, c’est une fratrie charnelle depuis
l’enfance, ou dans les grandes familles, les liens sont très forts, tissés par d’innombrables souvenirs
d’amour.
Hier soir, en rentrant de la chasse d’Estrablin, une ferme qu’il a racheté en pensant à l’avenir, son
beau-frère s’est endormi à quelques kilomètres de la maison, à Azieu précisément. Dans la voiture, il
y avait leur beau-frère, M. Quenin qui est entre la vie et la mort, le conducteur est blessé mais ses
jours ne sont pas en danger. Pour Marcel, la mort fut immédiate, le coup du lapin, il n’y a pas d’appui
tête dans les 2CV de l’époque.
Toute la famille est là. Avec ma mère, nous allons à pieds chez Marcel et Jeanine dans leur ferme,
Rue de Versailles, voir ma tante, mes cousines et sa famille. Nous attendons dans le salon quand
l’hôpital appelle pour dire que le père Quenin est mort. Ma mère me demande d’aller annoncer la
nouvelle Rue de Versailles, j’ai 8 ans. Pendant le trajet, je répète : « Le père Quenin est mort, Le père
Quenin est mort ». Ne pas pleurer surtout. Lorsque j’arrive seul, l’assemblée se fige et me regarde. Je
lâche d’une voix claire : « Le père Quenin est mort ». Un « oh », un soupir à l’unisson accueille mon
message et tous reprennent leur peine. Plus tard, habillés en dimanche arrivent à la ferme, nos
cousins et ma tante en pleurs. Pour la première fois depuis mon enfance, la peine a frappé notre
famille au cœur, une plaie s’est ouverte dans la famille, la cicatrice est toujours là.
Mes cousins sont des enfants, le plus grand, Bernard était déjà souvent avec son père. Claude, un
peu plus jeune, surement un peu moins. Pour eux, c’est la pension et des années difficiles qui
commencent.
Pour l’enterrement, nous sommes mis en pension chez Paul Barge ou, avec mes cousins et cousines
nous passons une journée merveilleuse de découvertes, nous avons des liens solides et la ferme est
un lieu magique. C’est le lot de l’enfance, joies et peines et nos cœurs ne sont pas encore prêts pour
perdre nos proches, c’est juste le début de la perte de l’innocence. Pas encore la vraie vie faite de
joies et de peines d’égale océan.
Après ce décès, c’est la fin d’une époque, ma mère fera ce qu’on appelle aujourd’hui une dépression
et nos parents vendent le café et se lancent dans l’inconnu.
C’était trop beau, on ne pouvait continuer Pagnol quand Hugo frappe à la porte . . .
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La bétonnière
Ce matin c’est un grand jour, nous allons couler la dernière dalle avant notre déménagement 1 Route
de Janneyrias, dans l’historique maison des Raphaël de 1826, que nos parents ont racheté depuis le
décès de Marcel le frère de mon grand-père un an auparavant. Depuis deux ans, nous sommes en
location chez la Louise Reynard, figure historique de la catholicie locale. Vieille fille, elle a une
propriété avec trois appartements qu’elle loue rue Adolphe Chapoutier à deux pas de la ferme. C’est
ici que l’an passé, Chrystelle Bonnet est venue faire un exposé à la Jacques Martin car nous étions
dans la même classe en CM1. Elle a bien sûr, vu son statut de tête de classe, prit les choses en main
et je me suis déjà laissé faire. Mon père m’a taquiné, bien sûr, mais c’est vrai, qu’à chaque fois que je
la vois, à la messe ou au caté, moins à l’école, j’ai un picotement au ventre. Premiers émois, les bons
d’ailleurs, mais ce jour, c’est autre chose, il faut couler la dalle.
Jusque-là, on m’a cantonné essentiellement à des travaux rébarbatifs de balayage du chantier, de
rangement des fournitures et de nettoyage des outils, mais ce matin c’est différent, j’ai 13 ans et
nous ne sommes que trois, mon père, Georges Clair et moi. La dalle n’est pas très grande et à
l’extérieur de la maison, 2m3 environ, et c’est en fait le trottoir que signera mon père d’un 1977
Roibet, pour faire écho au 1826 sur la cheminée.
La bétonnière, mon père l’a achetée neuve il y a deux ans. Un « raon, raon » est reconnaissable
entre mille et s’entend à une centaine de mètres. Je suis face à Georges Clair. D’abord deux seaux
d’eau, ensuite 17 pelles de paveur, après on coupe d’un geste sec du tranchant de la pelle le sac de
50 kg de ciment Vicat, on en introduit la moitié doucement comme pour un gâteau en en prenant,
bien sûr, plein la poire. Après, on gave de paveur en mouillant à bon escient, on laisse tourner deux
minutes et trois brouettes de béton sont prêtes. Je tiens facilement la cadence bien que Georges soit
solide et nerveux.
Au bout de deux bétonnières il faut tirer la règle et talocher, Georges donne la main à mon père, le
chef maçon. Alors, pour moi, c’est mon heure, je me lance, je prends la place de Georges Clair et je
commence à faire le béton tout seul devant le regard amusé de mon père. Ils ont compris !
Je brasse tout seul mes deux premiers mètres-cubes de béton avec MA bétonnière et ce n’est déjà
plus l’enfance. L’adolescence vient de commencer, plusieurs maîtres s’annoncent dans ma vie
d’homme qui arrivera vite. Bientôt je tuerai ma première bécasse, j’ai eu mes premiers émois, j’ai vu
la peine et je suis affamé de vie.
Après une enfance heureuse et Pagnolesque, la forge hugolienne commence, implacable et
géante…
FIN DE LA PREMIERE PARTIE
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2-LA FORGE
Mon père
Je l’ai dit si je dois à ma mère mes qualités de compassion, d’amour de l’autre, je dois à mon père
une grande confiance en moi, un orgueil typiquement Roibet qui a des côtés Cyrano de Bergerac.
Taquin souvent, rebelle toujours. En fait nous sommes aussi des résistants, des Pagnolo-Gaulliste !
J’ai vraiment connu mon père à partir de la vente du café ou il prit beaucoup de temps pour nous. Ce
fut vraiment une période riche entrecoupée de jeux et de travail. Le jardin, bien sûr, et tous ces
travaux chez les copains où la bétonnière suivait les chantiers au fil du temps. Il y avait la chasse
surtout mais aussi les dames, le ping-pong, la coinche, la pétanque, bref après chaque journée de
chantier il y avait fêtes et jeux. Surtout, mon père nous formait très jeune à prendre confiance en
nous. A 12 ans, il nous apprenait à conduire dans les terres et à chaque voyage, à la chasse, les
quelques kilomètres aller-retour étaient autant de leçons de conduite. A la chasse, à partir de 14 ans,
ce fut chasse accompagnée et dès le midi d’ouverture, mon père ne reprit jamais son fusil, se tenant
à 2 ou 3 mètres derrière moi prodiguant le minimum de conseil. Pour les travaux de bâtiment, ce fut
les rites les plus importants et de 14 à 16 ans, je passais en fait à l’âge adulte. La cooptation par les
aînés se fait au pied du mur, il suffit en fait de pousser la porte.
En fait, mon père prodiguait une proximité et un contact paternel qu’il n’avait pas reçu. Il était le
quatrième d’une fratrie de 8 enfants, Denise, Claudette, Louis, Georges, Jeanne, Marie-France,
Martine et Denis le petit dernier. Mon grand-père autoritaire avait son entreprise de menuiserie et
ne supportait pas le chahut. Fils unique élevé dans une famille aisée et respectée d’Azieu, pardon
Genas, il épousa une fille Barge, ordinairement adepte des familles nombreuses. Ma grand-mère,
forte femme ne se laissa pas dominer, le caractère de mon père lui doit beaucoup. Aussi, mon grandpère s’isolait du bruit de la smala dans la lecture de livres d’histoire et grâce à sa passion pour la
chasse à la caille et la bécasse et, beaucoup plus tard la pêche au Rhône dont il devint une icône.
En 1930 il avait déjà son automobile et ma grand-mère fut l’une des premières femmes du
département à avoir son permis de conduire. Bref, habitué à un certain ordre et à une certaine
aisance financière, mon grand-père ne donna pas à mon père en apparence, la confiance qu’il
méritait. Il faut dire que mon grand-père avait mis ses espoirs dans mon père pour reprendre la
menuiserie. Mon père passa bien son CAP de menuisier après un long et pénible apprentissage où il
rentra heureusement premier de son examen.
Cependant, après une altercation lors d’un repas bruyant en rentrant de la guerre d’Algérie, mon
père qui était homme, fit ses valises et vint se loger dans le nid Raphaël, beaucoup plus tendrement
démonstratif. Ce fut un échec pour mon grand-père et nous verrons plus tard comment se fit la
réconciliation finale.
Bref, mon père était un homme chaleureux, droit et courageux, taquin et bon vivant. D’un contact
facile, le teint mat, il pouvait être Turc en Turquie, Sicilien en Sicile, Touareg en Algérie et nouait
partout un contact instantané avec n’importe quel inconnu pour le plaisir. Pagnol était son auteur
préféré et les grands Westerns aux « happy end » moralisateurs l’enchantaient. Son seul problème
était qu’il était casanier et ma mère le tirait pour quitter son environnement local. Mon père était
20
donc un héros pagnolesque et waynier. Courageux et rapide de décision si besoin était. Je citerais
quelques anecdotes qui le définissaient assez bien.
Un jour, en 1976 pendant que nous faisions les travaux de restauration de la maison Raphaël, le
voisin qui faisait sa murette se sectionna l’artère fémorale avec une disqueuse. Mon père, qui était
secouriste à l’aéroport, lui fit un garrot avec sa ceinture, le mit dans sa 2CV, lui fit un point de
compression pendant tout le trajet et l’emmena en urgence à la clinique du Grand Large. Il fut
miraculeusement sauvé. Il était conscient des risques, mais il savait que le temps d’appeler les
pompiers, le voisin serait mort. De plus, il était seul et sans portable. Il connaissait parfaitement les
problèmes si, comme c’était probable, notre voisin était décédé dans une mare de sang dans sa
voiture. Pourtant, il n’a pas hésité, il a choisi le courage car personne ne l’aurait critiqué s’il avait
simplement appelé les pompiers. Ce courage m’a frappé et m’a forgé. Dans l’adversité, devant la
bêtise administrative ou même face à la compromission passive nous n’abdiquons jamais. Qu’est-ce
que 2 jours de garde à vue pilotée par une machine déréglée face à l’honneur de défendre ses idées ?
Rien en vérité. Quelle leçon tirer de tout cela ? Le poème « 40 ans » résume mon sentiment à ce
sujet.
Une autre anecdote concerne la générosité et les principes de mon père. Pour la restauration de la
maison Raphaël, mon père avait fait une bonne affaire et trouva une petite grue bien pratique pour
2000 francs. Après les travaux, un ami maçon de St Etienne qui travailla une semaine pour nous,
proposa à mon père de racheter la grue qui avait travaillé quelques mois. Pour l’arranger, mon père
accepta et lui proposa donc à 2000 francs. Voulant négocier l’ami en proposa 1500 francs sous
prétexte qu’elle avait tourné. Mon père, déçu lui proposa 0 franc lui disant qu’elle valait 2000 mais
que s’il était dans la gêne, il la lui donnait. L’ami qui n’avait pas compris monta son prix à 1800 francs
voulant avoir le dernier mot. Après deux ou trois pastis, mon père lui dit : « prends la pour rien c‘est
mon cadeau d’adieu, on n’a plus grand-chose à faire ensemble ». Le maçon compris enfin et la grue
resta finalement à la maison. Une partie de pétanque et un repas scellèrent leur amitié retrouvée. On
avait frôlé l’incident !
Une troisième anecdote touche à la mort de mon grand-père. Depuis deux ans, Francisque était
invalide, ses reins étaient foutus et trop âgé pour un don, il dépérissait doucement à Hauteville où il
était dialysé en permanence. Trouvant la mort trop lente et surtout voulant rester maître de son
destin, mon grand-père fit tant la vie à mon père qu’il décida de signer une décharge, en résumé et
de venir mourir à Azieu. Pour cela, il fallait avant que mon père lui fasse son cercueil à partir du plan
prévu, bien sûr et avec les planches de chêne en réserve et les machines que mon père n’avait pas
voulu reprendre. Ah ces Roibet quand même !!... Mon père, bon fils, obtempéra et prit chaque soir,
après le travail à l’aéroport, le chemin de l’antique menuiserie. A l’époque, je ne doutais pas du
drame qui se jouait et je le compris à l’enterrement. Une fois le travail bien fait, les tantes
capitonnèrent le cercueil et mon grand-père put inspecter le travail, mon père, trente ans après,
repassait son CAP ! Deux jours plus tard mon grand-père décéda un rictus aux lèvres et, à
l’enterrement, mon père jeta plus qu’il ne laissa tomber la poignée de terre d’usage.
Les choses étaient à leur place, mon grand-père eut le dernier mot et mon père fit un cercueil
d’exception. Bref, chez mon père il y avait aussi du Hugo même s’il préférait Pagnol. Georges était un
géant, un gentil géant.
21
Pour sa fin, imitant son père, il voulut par son geste nous éviter le pire, nous étions pourtant prêts
à tout endurer pour « Georges ».
40 ans
A Jean-Pierre, Thierry, Alain, Bruno, quelques autres et moi-même…
A mi-parcours, Homme, tu t’es déjà posé cent fois les mêmes questions sur Dieu, le monde et toimême.
As-tu réussi ta vie ? As-tu été utile ? Que vas-tu transmettre ? Et maintenant que faire de l’acquis ?
Regarde simplement autour de toi.
Si tu es la fierté de tes parents,
Si tu te reconnais dans tes enfants,
Et si tu vois plus que jamais l’Amour dans les yeux de ta femme, tu as déjà le PRIX.
Si tu veux le garder, tu dois être prêt à le perdre
Pardonne à ceux qui te jalousent, ils n’ont pas ton bonheur,
Garde ta porte ouverte aux contrariétés et aux amis en détresse.
Pleure chaque jour sur la misère du monde et bats-toi pour lui.
Plonge sans réfléchir dans le fleuve glacé et tumultueux pour l’inconnu désespéré,
Et surtout remercie et incline-toi devant l’Amour de Dieu, source de son infini génie.
22
Georges !!
Ce matin nous sommes revenus des limbes infernales qu’il nous a fallu parcourir pour payer le voyage.
Un an déjà, le début du périple éclipse liquide, porte initiale aussitôt refermée.
Je n’ai pu le rejoindre, in extrême, que par les champs célestes, cadeau cristallin de l’Amour Adrien
Ôubli Jérusalem,
Et croisée des chemins !!
Nous avions bien sur laissé nos deux carcasses,
L’une, se fondre dans le temple familial
Prières gravées ou nos fils pèleriront
L’autre, errant au milieu des vivants
Intendant pour le mieux parcourant nos terres en espérant Godeau !
Nous avons pris ensemble la route vicissinale.
Le courage en besace, famélique,
Glanant ici et là nos réserves viscérales.
Il a bien fallu affronter la bestiasse, la fange éternelle
Et le doute de Verdun.
De tout cela, nous ne pouvons plus dire,
Il faut panser demain en lavant son chemin.
Voilà,
J’ai repris ma carcasse et Georges trône dans mon panthéon des âmes,
Ce talisman secret que je cache derrière mes yeux marrons.
Lui, vous le verrez autour en soleil de visages,
In rictus veritas et papas pondéral !
Vous l’entendrez aussi dans les carreaux sonores des boules dominicales,
Dont les échos césars des cartes impériales !
Vous le mangerez surtout avec tous ses comparses
Mère Lucienne, Sainte Terrine, fils de Michel Prince de volaille.
Certains, choisis parmi les braves,
Le tutoieront au soleil du jardin, à l’ombre de la cave,
Ou bienheureux, au chambranle d’une porte, au touché d’un outil.
Voilà,
Le deuil est fait.
Reprenons la route, nous sommes en retard
Il nous attend encore,
Ils nous attendent déjà.
23
La bande
Dans l’adolescence, en fonction de la localité, se forment des phénomènes de bandes plus ou moins
importants et hiérarchiques.
Pour nous, il y avait d’abord un noyau, Patrick Bourron, Patrick Gonzales, les Scala et moi-même. A
l’âge des mobylettes et des petits cafés noirs chez Mireille, sont venus s’ajouter Barroudel, Mendola
et quelques autres, et c’était régulièrement une douzaine de mobylettes qui se garait devant le café
Braillart avant de partir au bal.
Dès mes 14 ans, tant attendus, j’ai récupéré une mobylette 104 Peugeot, que m’a vendu mon cousin,
Thierry Raphaël dont le pot ne tient plus. Georges Clair nous a arrangé ça et avec un grand guidon
recourbé et un peu de peinture bleue métallisée, me voilà au diapason.
Il y a également, comme dans toutes les bandes, la protection du territoire et de ses membres. Aussi,
quand, lors d’une boum, des éléments extérieurs venaient troubler la partie, nous étions là. Il y a la
surveillance des lieux stratégiques, le café, le St Hubert avec sa babasse et les bals aux alentours.
Bon, il faut bien que jeunesse se passe mais il y avait peu de casse.
Une fois, à Genas, avant le bal, Patrick s’est fait voler sa mob par un élément d’une bande locale.
Après une bagarre en règle, ou je le battais sans problème, malgré une différence d’âge, la mobylette
fut rendue séance tenante.
Le problème, c’est les filles et au fil du temps la bande s’amoindrit et le noyau se reforme, et dans ce
noyau, mon binôme avec Patrick, mon futur témoin de mariage et le plus stable. Il a deux ans de plus
que moi, et donc sa mobylette tracta d’abord mon vélo, et sa voiture fera la suite de ma conduite
accompagnée.
La première sortie fut un voyage de 5 jours en mobylette au lac de Paladru à l’instar d’easy rider,
c’est déjà initiatique sans le chichon, pour nous alors comble de la décadence. Surtout, la fin fut plus
heureuse que le film …
De 14 à 16 ans, ce sont des centaines de virées le week-end et même en semaine où nous en avons
fait beaucoup de découvertes et les 400 coups.
Par exemple, en été, le soir vers 22 heures après un repas au Mazet à Jons où notre ami Baroudel
était cuistot, nous mettions nos mobylettes au milieu du pont par terre et quand une voiture arrivait,
nous simulions une bagarre générale. La route était barrée, en général la voiture allait directement à
la gendarmerie de Meyzieu, et nous, goguenards, montions au belvédère de Bianne pour attendre
l’estafette bleue et voir le quidam gesticuler. Rien de bien méchant mais nous étions taquins.
Cette année, j’ai 16 ans et Patrick 18, il a donc le permis de conduire, je lui propose un voyage en
aout pour lequel nous faisons un pot commun. Je travaille chez France Handling à Satolas en juillet,
pour financer ma part.
Après « easy rider » se profile « le voyage initiatique ».
24
Le voyage initiatique
En 1978, mon ami Patrick vient d’avoir son permis de conduire. Une tante lui a vendu une Simca
1100 en parfait état, 80 000 kms au compteur, le petit chien derrière et ça sent le neuf.
Aussi, nous organisons un périple sur le territoire national avec une tente pour 2, un filet de 25
mètres, tramail de 27 et nos économies, environ 5500 francs que nous mettons en commun. Nous
emportons chacun des chemises facilement lavables Pierre Cardin, un costar blanc pour les bals,
quelques tee-shirt, un short, et nous partons début juillet en emportant quelques cagettes de
tomates du jardin plus ou moins mures.
Le premier jour, c’est moi qui conduis, je n’ai pas le permis mais j’ai traçé l’itinéraire Lyon –
Chambord pour la première étape. Nous passons Macon et ensuite nous longeons les canaux jusqu’à
Moulin ou le premier problème se produit. Nous suivons un mariage, et nous nous intercalons juste
derrière la R12 de la mariée. A un moment, sans explication au démarrage, la voiture stoppe et je lui
heurte le pare-chocs assez violemment. Nous descendons, nous discutons, nous sommes en tort. La
mariée s’impatiente, je prends le pare-chocs de la R12, je le mets dans le coffre et leur dis que je les
suis. Finalement nous partons en sens inverse sans demander notre reste. Au bout de 5 heures, nous
avons déjà changé l’aile de la voiture. Nous arrivons le soir à Chambord que nous visiterons après la
fermeture et le lendemain nous partons vers la Normandie. Nous commençons par Le Mont St
Michel, et par étape de un à deux jours, nous descendons la côte Bretonne, fabuleuse, en longeant la
mer. St Malo, St Brieuc, la côte de granit rose, Quimper, Paimpol et Lorient défilent et nous nous
arrêtons un jour supplémentaire en fonction des rencontres. Après Carnac, nous descendons jusqu’à
la Rochelle où nous passons une semaine à St Benoit sur Mer. La journée nous allons à la Tranche sur
Mer. Le soir nous posons notre filet avant d’aller au bal où en boite de nuit. Là, Patrick avec son look
d’Alain Delon fait chaque fois un tabac. Il lui suffit presque de s’asseoir et de faire l’homme triste,
habituellement le brun ténébreux fait recette.
Une journée nous gagnons un concours de belotte, beaucoup moins intéressant que notre coinche
locale. C’est merveilleux, nous sommes totalement libres ! On visite, on se baigne, on braconne . . .
Le soir en rentrant de boite de nuit, on remonte les filets et on chasse le lapin à la Simca. C’est au
cours d’une de ces chasses qu’un virage raté abime le côté droit de la voiture sur toute la longueur.
Elle est déjà moins belle mais bon, mécaniquement ça va. Ensuite, nous descendons les Landes,
jusqu’à St Jean de Luz où les prix sont nettement plus élevés. Nous décidons donc d’aller sur la
Méditerranée et après une halte dans les Pyrénées, nous arrivons à Peyrac sur Mer, à côté de
Narbonne. Au café du village, nous trouvons deux filles locales, sympas et compréhensives, dont une
d’origine espagnole. Nous passons une semaine sur place. Elles nous montrent les coins secrets, les
rivières fraiches pour se baigner et les attractions aux alentours. Un jour, on décide de passer le
Perthus faire des courses en Espagne. Ce jour-là, c’est moi qui conduis, inconscient du problème. A la
frontière, au lieu de me demander mon permis, le douanier me demande une autorisation parentale
à la vue de ma carte d’identité. Nous partons sans demander notre reste. C’est là que ma copine du
jour me dit : « Mais tu as quel âge ? » et m’arrache ma carte d’identité. Elle rit : « Vous êtes des
grands malades, conduire à 16 ans sans permis ! » Elle a environ 17 ou 18 ans peut-être, c’est vrai
que je fais plus âgé et que, avec mes 1.87 mètres et 86 kilos, ça passe.
Ensuite, nous descendrons jusqu’à Nice, et irons même boire un Monaco à Monaco, mais nos
réserves financières s’épuisent. Les derniers sous pour l’essence, des fruits pas murs pour derniers
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repas, et c’est avec 5 francs en poche que nous arrivons début septembre au café chez Mireille, tout
bronzés, ivres de nos 6 000 kms en liberté. Nous arrivons en presque star et nous sentons le regard
envieux de nos amis restés à Puze.
Reste à aller voir les parents. Nous rentrons chez Patrick, et dans la cour, la tante qui avait vendu la
voiture quasi neuve est atterrée, aussi je file à l’anglaise...
L’année suivante, nous referons un nouveau voyage en emmenant deux jeunes de la bande, ce fut
aussi bien, mais le premier reste le premier !
26
Chrystelle
C’est difficile de parler de Chrystelle. Nous sommes dans l’intime d’une histoire qui continue et bien
sûr elle va lire ces lignes.
Je l’ai dit, il y a ce picotement depuis le CM1. En fait notre histoire démarre à la fin des conscrits à
Heyrieux, il faut dire que je suis le président des conscrits, à un âge qui n’est pas le bon, 17 ans. Je
n’ai pas beaucoup de temps à consacrer car il y a en fait les responsabilités du déroulement ainsi que
videur pendant le bal. Aussi, une fois les manifestations terminées, tour des brioches, bal, excursions
diverses, je propose à tous le bal à Heyrieux où j’ai joué au handball avec un ami de la martin,
Froliger, l’alsacien, bien connu là-bas. Nous nous rapprochons doucement pendant le bal. Il y a aussi
quelques voyages retour en car VFD depuis Décines mais, timide, j’avance à pas de loup. A la fin du
bal, Jean Guigard nous ramène, Chrystelle et moi, en 2CV avec Evelyne Font et un jeune que j’ai
oublié. Bien que le plus grand, je passe derrière et me mets au milieu, l’espace 2CV étant exigu, je
passe mon bras autour des épaules de Chrystelle qui ne dit rien. Le voyage nous bringuebale et
évidemment je laisse faire. Là, arrivée sur la place, tout se joue, mon avenir et même l’éternité.
Chrystelle tape sur l’épaule de Jean, car nous sommes encore à 500 mètres de sa maison, et lui
dit : « Laisse-nous là ». J’ai du mal à y croire, comme toute la voiture. Tout est dit, Chrystelle est
résumée dans cette phrase.
Bref, nous descendons de la voiture et nous remontons doucement. Nous nous embrassons et avant
de rentrer, elle me dit, sure de son fait : « On se revoit après le bac ». Je suis heureux et éberlué.
Bref, je viens de gagner au loto, et je vais gagner tous les jours du reste de ma vie.
A ce moment je pense, je n’ai aucun doute sur la durabilité de notre relation, c’est une évidence. Je
n’en dirai pas bien plus, l’histoire est belle et, avec maintenant nos petits-enfants, nous vivons un
rêve éveillé. Oui, chaque jour nous apprécions notre chance, notre mariage célébré par le père
Labrosse est bénit, nos enfants sont beaux, intelligents et en bonne santé.
Nous habitons le terrain, son terrain que, tous les deux, nous avions rêvé adolescents, avec notre
tour féodale et la vue en première chaine. Ce lieu est magique et les jeunes qui viennent en profiter
chaque soir ne s’y sont pas trompés.
C’est un refuge, un lieu où l’amour se construit. Laissez venir à nous les petits-enfants …
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Le poème baladeur
Chrystelle ma belle où as-tu mis mon poème ?
André, mon amour, tu sais bien qu’il court toujours
Dès le matin mutin lutin, il suit son chemin
Planant avec le vent, il hume déjà les champs.
A l’abri du bois des Ayes, il contemple Pusignan
Alors bien vite, agile, il repart sur la première brise
La chapelle l’appelle mais le château est plus haut
Juché sur l’échauguette quelque chose l’inquiète
Soudain, comme un amant, il regarde le Nord
Alors tout s’efface, le village et ses poteaux
Vers son amour, il s’élance
Là où dans les ruisseaux coule son bonheur
Là où au sommet des arbres il frissonne
Là où invisible au sol enfin il l’aperçoit
Là avec la reine des bois. IL VIT !
Enfin, en paix à Charvas, il se prélasse
Mais attention … Chut il nous écoute
A contre-courant il remonte jusqu’à nos bouches
Collons vite nos lèvres et pendant
Qu’il se repose goutons le fièvrement.
28
La Martin
Lorsque je rentrais à La Martin, en snde T2 je rencontrais Jean-Pierre Brunet, Christophe Yvon, Alain
Lachana, Bruno Denisse et Jean-François Neron, Serge Agopian, Pascale Tartaret et quelques autres.
J’étais un adolescent bien trempé, une exception dans ma bande de Mobylettes, où en général les
copains étaient en BEP. Lorsque j’en sorti, 5 ans plus tard, j’étais un homme marié et père d’Adrien,
sur de son cap, plein de muscles et la tête bien faite.
Autant dire que les 5 années passées à Monplaisir ont été des moments importants et intenses. La
seconde se passait moyennement et mon travail souffrait des trajets et des parties de Baby-foot
postscolaires ainsi que des pêches nocturnes. J’étais le seul à avoir de meilleurs résultats sur les
interrogations en cours que sur les travaux à faire à la maison, qui en fait servaient à rattraper les
cartons inévitables, ça intriguait fortement car la pompe était générale sur les DS, mais moi, Gaulliste
je refusais. Je rentrais donc en 1ère BT et non F4, plus recherché, ce qui aurait dû logiquement voir ma
scolarité se terminer en terminale, un poste de chef de chantier chez Maia-Sonnier me tendant les
bras. Mais, étant en tête de classe avec Denisse, je fus sélectionné pour la cultissime classe de TS du
légendaire Pantalacci à la condition expresse que je devienne interne.
Pour moi, c’est le choc de cultures, fini les parties de baby-foot et les soirées entre potes. Or, depuis
le printemps je suis avec Chrystelle et il se trouve qu’elle choisit médecine à Alexis Carrel à 2 pas de
la Martin. Ses parents lui louent une chambre d’étudiante à Monplaisir, à 5 minutes à pieds du
dortoir. En fait, nous commençons une mini vie de couple faite d’études, de boites de macédoine et
d’amour intense. Le soir ou au petit matin, je réintègre ma chambre en faisant le mur. Un soir, je suis
à califourchon sur le portail quand j’entends un pas raisonnant qui s’approche. Le proviseur, M.
LAMANDIN apparait, écharpe blanche au col, rentrant d’une soirée. Il me regarde et lance :
« M.ROIBET, moi j’ai la clef », je ne demande pas mon reste, il n’y aura pas de suite.
Surtout pendant les années TS, se forge une camaraderie qui dure toujours. Par exemple, Serge
Agopian, originaire de Chassieu, intègre notre bande de Puze et vient même braconner avec nous
avant les bals dans l’Isère. A l’école, nous faisons les 400 coups, comme cette nuit ou, avec des
moellons et du mortier, nous murons les accès au laboratoire de La Martin, ce qui nous a valu une
menace d’expulsion.
Notre patron « Pantalacci » prit notre défense et, vu notre ardeur, nous fit monter les cloisons de nos
futures chambres, notre classe exigeant de ne plus être en dortoir comme les maths sup !
Surtout le niveau technique est large et excellent, peut être la meilleure TS de France. Les cours de
Panta et de Roy, notre prof de math, passionnants. Nous touchons des choses concrètes et Panta est
un surdoué entrainant et charismatique, la TS c’est son bébé !
Il nous initie à l’informatique ou il y a un coup d’avance certain, et ses cours sur le BAEL 80 qui
remplace le CCBA 68 sont magistraux. La méthode CAQUOT, fondement de calcul béton armé
moderne, n’a pas de secret pour moi et je me mets en tête de la programmer sur mon PB 700 Casio
avec imprimante 4 couleurs, ce que je fais parfaitement. Les calculatrices étant autorisées, ces
programmes me serviront pour le concours de l’Enise, et je pense feront la différence. En fait, c’est à
Panta que je dois la décision de me présenter au concours de l’Enise et j’ai, en fait, des relations
particulières avec mes professeurs, liées à ma situation personnelle. Il faut dire, que fin de la
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première année de TS je me suis marié et ils ont tous été invités à Pusignan pour les fiançailles. Une
nouba d’enfer, la rencontre de deux mondes ou Claudio Perrin, un jeune de Puze drague notre prof
de Français. Avec elle, nos relations ont coincé dès le départ sur le sujet de l’avortement et Simone
De Beauvoir. Elle adore Devos et nous fait étudier ses textes, je lui dis pour la taquiner que je préfère
Bobby Lapointe. Bref, je cherche un peu la bagarre. En revanche, quand Adrien est arrivé, je lui ai
prouvé que mes idées n’étaient pas de façade et elle s’est occupée des cadeaux des professeurs, une
poussette et un frigo !
Il y a aussi M. Bargoin, l’inénarrable prof de Français et de gestion dont l’enseignement du plan
comptable n’a rien d’académique. Personnage illustre et haut en couleurs, dans les fêtes il met
l’ambiance et nous chante les « Palétuviers roses ». Il a marqué des générations d’étudiants et je l’ai
eu du BT au BTS, ce qui me ravit, il me rappelle mon père !
Bien sûr en deuxième année je ne suis plus interne. Pendant les vacances d’été j’ai aménagé dans
l’ancienne écurie une pièce de 30 m² pour Chrystelle, le bébé et moi. Cette pièce sera le futur salon
de mon frère qui habite le reste du tènement. C’est grâce à deux années passionnantes que je
déciderai, malgré la situation, de poursuivre mes études en cycle d’ingénieur, et même si le diplôme
est supérieur, je pense que l’apport global de la Martin fut supérieur à l’Enise, bien que cette école
ne démérite pas du tout.
Témoin de l’importance de cette période, nous nous sommes retrouvés récemment toute une bande
au Berchet (Le bar PC mythique) pour le départ à la retraite de Pantalacci. Il y avait Christian
Gagnant, Neron, et plein de relations que je retrouve déci-delà dans le travail sur la région. La Martin,
c’est la base lyonnaise dans l’encadrement du bâtiment !
Je sais que l’histoire ne s’arrête pas là, nous allons continuer à nous revoir régulièrement, c’est sûr.
La Martin c’est à vie…
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L’Enise
Je passais donc le concours de l’Enise à St Etienne avec une partie de mes collègues de TS. Le
concours écrit se disputait dans une salle des fêtes ou 500 élèves de toute la France planchaient pour
24 places à l’oral et 12 au final pour une demi-section de 2 années spéciales rejoignant 12 élèves de
cycle normal pour former une promo génie civil de 24 élèves sur 100 qui sortaient chaque année, la
majorité était, St Etienne oblige, en production industrielle et mécanique.
Le concours se passa dans une ambiance bonne enfant et nous logions au camping municipal avec
Yvon Christophe, Gilles Chapuis et Serge Agopian. Je l’ai dit honnêtement sur la partie technique
prépondérante, mes programmes BAEL80 joueront leur rôle et les cours de mathématiques
dispensés hors programme pas M. ROY me permirent ainsi qu’à quatre de mes collègues de promo
de me hisser dans les 24 premiers. Le passage de l’oral fut plus épique. J’avais incroyablement oublié
la date, et c’est un coup de fil à 8H00 chez mes parents qui me trouvèrent en plein chantier de
cloisonnage. Je filais à St Etienne et arrivais à 10 heures. Je fus rattrapé après une excuse de
circonstance. Si les mathématiques se passèrent convenablement par une intégrale triple permettant
le calcul du volume de la sphère, le français prépondérant fut spécial. Arrivé en retard, je n’avais pas
d’affaire et notamment pas de stylo pour préparer une épreuve orale mi philosophique mi
descriptive. Le professeur dut me prêter son précieux Mont-Blanc avec réticence et remarque
ironique. Comble de l’horreur, je tombais sur Simone de Beauvoir, un livre que j’avais refusé de lire.
Je pris mon courage à deux mains et décida de remplacer l’épreuve par une présentation personnelle
ainsi bien sûr que de Pusignan et de mes espoirs pour l’avenir. L’épreuve se passa donc en une
discussion peu académique et à la fin, je tentais mon va tout.
Au moment de partir, je fis mine de lui rendre son précieux stylo, je le mis dans ma poche et lui dis
en sortant « je vous le rendrai en septembre ». Bref, je fus reçu 1er sur liste d’attente et donc
j’intégrais l’école en septembre pour 3 longues années vu ma situation personnelle.
Heureusement, quatre de mes collègues de la Martin avaient réussi, le meilleur score pour la martin
depuis le début du concours, et c’est donc une mini-martin qui s’installa en deuxième année spéciale
génie civil.
Les six premiers mois fait de rattrapage mathématique, physique et mécanique générale furent
pénibles. Fait pour tester un bourrage de crâne difficile et inintéressant car finalement ces bases
servent surtout aux Math sup. et spé. à passer des concours, hors nous l’avions réussi. Bref, six mois
à oublier. Heureusement je rentrais une fois en milieu de semaine voir Chrystelle et Adrien, et ma
colocation avec Alain Lachana était parfaite. De plus nos footings servaient de soupape. Au bout de 6
mois, la barre des 12 de moyenne était franchie et je pus enfin suivre un vrai cycle d’ingénieur et
retrouver les matières plus en rapport avec mes aspirations.
La troisième année se passa sans encombre et je me dis que ENISE voulait dire : « Entre Nous Il Suffit
d’y Entrer ». Bref, c’est un peu méchant car vu le coût des études et le côté sélectif du cycle
d’ingénieur, il est nécessaire d’emmener le plus d’étudiants possible à bon port après le concours.
La quatrième année, je fis mon stage en entreprise de six mois au CETE ou je découvris le monde
merveilleux de l’ouvrage d’art, et il faut bien le dire, une technicité à l’époque qui faisait référence. Je
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fis notamment du contrôle d’ouvrage dans la cellule ouvrage d’art du CETE de M. PICCARDI et sur la
période, pus voir toute la palette des techniques de contrôle.
Je vis notamment le premier pont tourné au monde à Chambéry construit parallèlement au TGV et
ensuite pivoté par un simple câble avec, bien sûr, moult contrôles sur les appuis. C’était l’époque de
l’Apple2E et des ports libres qui permettaient toutes les applications, une révolution. Je fis également
des contrôles fléaux au gamma-densimètre du viaduc de Nantua. Perdu dans une nacelle à 90 mètres
de haut à – 10 degrés. Bref, je m’éclatais.
Je restais en contact avec mes amis de CETE et les 6 derniers mois à l’Enise furent interminables. La
maison de mes parents terminée, je commençais à penser à ma carrière dans l’ouvrage d’art quand
l’armée et Brunet passèrent par là. Je quittais avec soulagement l’Enise, diplôme en poche à 23 ans,
Adrien rentrait en maternelle et Chrystelle en deuxième année de chirurgie dentaire.
Bref, il était temps de gagner vraiment ma vie …
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La maison Roibet
Etant marié et père de famille à 20 ans, formé à la bétonnière, il fallait pousser les murs. Comme je
l’ai dit, les permis à Pusignan furent bloqués pendant 10 ans et c’est en 1983, 9 ans après son
premier dépôt du permis de construire que mes parents ont finalement obtenu le droit de construire
à Ferraguet sur un terrain de famille donné par mon grand-père maternel. Entre temps mes grandsparents ont vendu le premier terrain à M. Thuris, directeur d’Alstom à Villeurbanne, qui lui a pu
construire une maison normande sur le plus beau terrain de famille. Ce n’est pas grave, c’est un
charmant voisin.
Avec mon diplôme de BT, j’avais moi-même déposé les plans pour le permis de construire. La surface
habitable étant inférieure à 170 m² hors sous-sol. C’est pourquoi, avec mon père, en 1983 j’entrepris
la construction de la maison de mes parents. Que rêver de mieux pour travaux pratiques et pour
tester de nouvelles idées ?
La première année en juillet – aout, j’entrepris les fondations ainsi que le sous-sol en moellons de 275
au poids honorable de 28 kilos l’un. Ayant vu un reportage sur Alekseï Stakhanov, c’est dans cet
esprit que j’entrepris le montage des agglos ou j’atteins le score honorable de 450 moellons tout seul
y compris la préparation du mortier, le dispatching des agglos, la plombée des angles et le bourrage
des joints. A l’ouverture de la chasse, fin des travaux, le sous-sol était réalisé ainsi que la dalle et le
démarrage du rez-de-chaussée.
La deuxième année, pour les vacances d’été, je montais l’étage en moellons de 225 ainsi que la
charpente non sans avoir coulé une deuxième dalle phonique (nous sommes près de St Exupéry) et
bien sûr le tout en charpente traditionnelle.
La troisième année, l’été, ainsi que les vacances d’hiver, mon temps libre fut consacré à un deuxième
mur en moellons de 10 afin d’avoir une isolation par l’extérieur et par l’intérieur ! Le fait de ne pas
payer la main d’œuvre et toutes les charges associées autorise toutes les innovations. Les cloisons
intérieures en carreau de plâtre à l’abri furent très agréables à monter, surtout en hiver.
Des amis de mon père avec qui, depuis 10 ans, nous avions l’habitude de donner la main vinrent
apporter leur contribution. Ainsi Nègre le Sauvaginier fit la plomberie, et Georges Clair le Berliet,
l’électricité. Mon oncle Joseph, platrier, nous fit les plafonds avec une corniche fait main, façon
d’antan. Aussi, en septembre de la troisième année, mes parents purent déménager dans leur
première maison neuve à 50 ans. Le coût de la fourniture s’éleva à 240 000 Francs pour un chantier
estimé à 800 000. Même les volets furent faits pas mon père dans son ancienne menuiserie de Genas
encore en service à cette époque. Seulement pour le carrelage, nous fîmes appel à un professionnel
qui vint faire la pose pendant que nous fournissions carreaux et main d’œuvre.
Pendant 3 ans, les voisins, les amis me virent pendant les vacances monter la maison de mon père et
ceux qui s’inquiétaient de notre mariage précoce avec Chrystelle et sur notre capacité à mener de
front nos études et le reste furent plus que rassurés.
Il y a une fratrie de maçons et avant d’être du T.P., j’ai été maçon, c’est indélébile. Aujourd’hui, après
le décès de mes parents, j’ai hérité de cette maison et Adrien, mon fils ainé y habite avec sa jeune
famille. Sur un terrain de 3 000 m², ou nous faisons un jardin familial, je vis dans l’avenir et dans le
souvenir, c’est délicieux.
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De tous les parcours initiatiques, monter une maison, sa maison, est je pense le plus profitable et
le plus valorisant. Vous entrez en communion avec le lieu pour l’éternité…
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Année 2000 : le record
Pour mon frère et moi, notre grand-père fut pour nous le grand chasseur de Pusignan du 20ème siècle.
Depuis 1927, c’est environ 70 permis sur la même commune. Chasseur respecté et passionné, ce fut
aussi le premier vrai bécassier de la commune à une époque où ce gibier ne se chassant que le jour
de la Toussaint et le 11 novembre. C’est plus de 180 bécasses tuées au marais en partant à pieds
avec ses chiens. De plus, par déontologie, je ne parlerai pas des tableaux d’après-guerre !
L’année 2000, les forces de mon grand-père déclinaient et je me mis pour objectif de tuer 14
bécasses, afin que son record soit égalé de son vivant. Ce n’est pas très éthique mais bon je pensais
que c’était bien.
La saison débutait bien et le 22 octobre, je tuais mon premier oiseau derrière le lavoir, je récidivais le
26, ce qui semblait de bonne augure. Le dimanche 29, je tuais le seul oiseau aperçu au marais sur un
coup de fusil extraordinaire. L’après-midi, je me garais à Charvas, derrière la terre ronde et je passais
sous le TGV. Vers 17 heures, je croisais Chacha qui me dit avoir levé une bécasse qu’il n’a pas
retrouvée au bout du bois de Grossat en direction du TGV. Il y a, à cet endroit un chemin neuf en
gravier, creusé dans le bois et un gros roncier avant deux gros chênes avec une pose inaccessible de
10 à 20 m² au milieu du taillis. Je traversais le roncier, les chiens derrière moi, les mains en avant et
miracle, alors que je débouchais sur le clair, je marchais sur la bécasse qui part à l’est. Dans ces caslà, le fusil ouvert et en arrière, la demi-seconde à laquelle j’aperçois l’oiseau, ne permet pas l’espoir
d’un tir. Pourtant, je claque mon Verney-Carron. Je suis un oiseau imaginaire qui bifurque pour
reprendre le chemin vers l’est, je compte 1-2-3 et je lâche un coup à 4 mètres du sol à travers les
branches, je pense surtout pour prévenir Chacha que j’ai relevé son oiseau. Je ressors du taillis en
direction de mon coup de fusil, décidé à remonter le chemin et à chercher l’oiseau jusqu’à la nuit. Et
là, Léo, sur un roncier de quelques dizaines de centimètres, marque l’arrêt et se précipite, je n’ose y
croire ! Et pourtant, c’est bien ma bécasse, vivante juste déguidonnée par un plomb de neuf, que Léo
me rapporte. Je me laisse choir sur le sol. Je ris, c’est vraiment incroyable le tir à l’aveugle fait 120°
d’écart avec le départ de l’oiseau et 3 secondes minimum sans le voir ! Chacha, alerté, vient aux
nouvelles, je lui explique c’est la fête ! 3 bécasses en octobre, le tableau de marche est respecté ! Le
2 novembre, je récidive, ainsi que le 5, jour de fermeture de la perdrix. Ce jour-là, 11 sangliers sont
sur la commune et Boyer et Chignet en tuent un chacun. Le 9 novembre, le jeudi, il fait froid. Il y a de
la pluie mêlée à de la neige. A 8 heures, au parking du lavoir, je suis seul et ce n’est pas très
engageant. Je décide d’aller faire un tour une heure ou deux, pour les chiens. Pour ne pas trop
mouiller de cartouches, je ne prends dans ma poche que cinq cartouches de 9 pour les bécasses et
trois de 7 et demi pour les bécassines en coup gauche. Je m’engage derrière le lavoir et de suite un
oiseau s’envole. Je le laisse partir car il est à découvert sur la lèche et à vingt mètres, je l’explose
pourtant avec mon 9 meurtrier. Peiné, je reconstitue du mieux que je peux l’oiseau et je repars en
direction de Jons. Léo, intenable est à l’arrêt quarante mètres devant, il tient l’oiseau et je peux
l’abattre entre les branches. Ca réchauffe et je ne ressens plus la pluie. Un peu plus loin, à trente
mètres de la route de Jons ou il faut être vigilant car ça circule beaucoup le jeudi, un oiseau part seul
entre les branches. Le premier coup le blesse et le deuxième le foudroie, lui casse le bec. 3 bécasses,
4 cartouches. Je remonte cette fois à la limite de Jons et vers 10 heures je suis dans un petit bout de
marais, envahie aujourd’hui, en limite des terres avec un rond d’orties qui finit en un petit bois au
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bord du fossé drainant. Ca sent très bon et Léo lève une bécasse gracile qui file en direction des
terres. Je l’abats et la vois tomber dans le petit bois. Léo la récupère, la serre un peu car l’excitation
est à son comble. Une seule fois j’ai tué 4 bécasses, trois le matin et une l’après-midi. Alors que je
pense à la tête de mon père ce midi, Léo redresse les oreilles, s’élance dans le roncier et attrape une
bécasse vivante qui n’a pu décoller. Ça devient dingue, 5 bécasses ! Je décide de faire le bois carré
tout en rêvant et pas d’oiseau. 11H30, je prends le chemin du ruisseau en passant les cascades et en
rentrant le long du ruisseau côté bois Masset. Il me reste 3 cartouches, une de 9 et deux 7 et demi. Je
glisse la cartouche de 9 à droite et je garde les deux 7 et demi en réserve pour les bécassines. Je
traverse une coupe et 10 mètres à gauche, incroyablement rapide une bécasse décolle et zigzag dans
les arbres, je lâche le coup, raté. Je mets un coup de 7 et demi et je me dis que je reviendrai l’aprèsmidi, pourtant 100 mètres plus loin le chien se met à l’arrêt sur un chêne dans un bois assez clair. A
mesure que je tourne autour de l’arbre, je l’aperçois et elle décolle en me tournant autour. Elle va
disparaitre, je lâche mon coup et lui coupe l’aile à 10 mètres. Mon Dieu, 6 bécasses et 7 cartouches !
Je rentre et passe chez RMF pour signer trois papiers et surtout raconter mon histoire. Au lieu de
manger chez mon père, comme prévu, je passe chez mon frère où Jean est là pour déjeuner car ils
ont chassé ensemble. Quand je rentre, ils sont à table et mon frère m’invite. Vu le matin, je
m’attends à une réussite de leur part. Ils me disent qu’ils n’ont rien vu et me questionnent. Je sors
une bécasse et la mets à côté de mon assiette, mon oncle sourit et me complimente. Il me demande
si j’en ai vu d’autres et j’en sors une deuxième que je pose côte à côte : « Ca alors, deux bécasses,
bravo ! Ça t’en fait 7 ? Tu vas passer les 10, facile ». Le repas continue et après le plat principal, je
ressors deux bécasses de ma poche et les repose sur la table. Ça, c’est trop fort, mon oncle a compris
mon manège : « Tu en as tué combien ? » « Six » je réponds et je sors les deux autres dont celle
déchiquetée que je pose doucement. En fait, un grand coin de marais n’a pas été battu de long de
l’étang à Zampini et je ne pense pas, tout seul, avoir pu lever tous les oiseaux. Aussi, tous les trois à
14 heures pétantes, nous démarrons les bois non faits le matin. Il ne pleut plus et je suis passé me
changer et avertir mon père. Je poste mes deux compagnons sur les bords et je bats plein bois. Une
demi-heure à peine s’est écoulée que Léo lève une bécasse qui sort sur la terre à 40 mètres devant
moi. Je lâche un coup gauche à travers en direction des branches pour prévenir. Nous arrivons tous
les trois en bordure car un maïs sale est en limite. Là, pendant que j’explique, Léo revient du coup de
fusil, la bécasse vivante entre ses dents. Mon frère s’exclame : « J’ai jamais vu personne chasser la
bécasse comme toi ! » Quel compliment, je suis au sommet, il est vrai cette année-là, je chasse
comme un mystique investie de la quête du Saint graal ! Nous passons l’après-midi à refaire les coins
du matin et aucun oiseau n’est levé. En fait, c’est un pèlerinage et à chaque fois j’explique le coup du
matin. Je récidive le 11 avec deux bécasses, une le matin et une le soir, le 12 j’abats ma quinzième
bécasse et donc, le record du pépé est battu. Je pense lui faire plaisir, c’est un « Il y en avait moins
avant » qui relativisera mon exploit. Trois autres oiseaux viendront compléter mon tableau, soit 18
sur 20 tirs et 23 levés, avec une vingtaine de perdreaux, vingt-deux cailles, une quinzaine de faisans,
deux vanneaux, deux sarcelles, trois colverts, quinze bécassines, quelques pigeons et deux lièvres.
Sur Pusignan, qui dira qu’il n’y a plus de chasse communale !
Bien sûr, ce tableau n’est surement pas à mettre en avant mais je pense, que sans nier les
contraintes, même si les surfaces diminuent, si on augmente la qualité du biotope et qu’on se limite
volontairement dans l’action et la concentration des chasseurs à un instant T, il y a encore de belles
parties devant nous. Surtout, chasser à proximité vaut bien une bataille !
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D’où l’Arboretum et mon engagement de ne pas renoncer. On fera pour le mieux avec notre cœur
et nos moyens disponibles au fil du temps…
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Les mandats Pautet et Genthon : 1989 – 2001
Fin 1988, M. PAUTET souhaita remplacer les départs habituels de sa liste par des gens du cru. C’est
comme ça que Edmond Coudurier, Pierre Grossat et moi-même feront notre entrée au conseil
municipal en mars 1989. Bien lui en a pris, puisque nous avons obtenu les 3 meilleurs scores
contribuant à une victoire nette dès le premier tour malgré une opposition importante. J’avais eu un
entretien avec Dédé et j’avais indiqué les points qui me semblaient importants comme l’achat du
château. Il figurait sur notre promesse de campagne, bien que Dédé n’ait eu aucune envie de
l’acheter. Etant ingénieur et père de famille très jeune, le temps m’était précieux et je ne voulais pas
faire potiche. Il me fallait donc un minimum de points d’accords, ce fut le cas et je fus content d’être
élu.
En fait, André Pautet fut le maire de la transformation de Pusignan en village moderne. Après-guerre,
il n’y avait pas de moyen et l’arrivée de l’aéroport eu pour effet de bloquer les permis de 1974 à
1981, ce qui, à terme, était la mort du village. De plus, par ses expulsions anarchiques et brutales,
l’aéroport a ouvert des plaies entre les familles, pas toujours cicatrisées.
André Pautet réalisa sous ses mandats précédents des travaux d’assainissement des eaux usées et de
renforcement d’eau potable importants. Surtout, il réalisa le groupe scolaire, le clos du vallon, la
caserne des pompiers et le début de la zone industrielle de Mariage avec Maxime Richard. Après un
départ poussif avec l’OPAC du Rhône comme aménageur, le binôme réalisa parfaitement la première
tranche du Mariage avec la venue de nombreuses entreprises comme Dyma et Bodycote, toujours
installées aujourd’hui. Cet apport d’argent lui servira à assurer le développement de la commune à
un rythme très soutenu. En charge des voiries avec Benoit Ravet comme adjoint, je n’avais surtout
aucun moyen financier et peu d’autonomie. En effet, ce mandat était pour André celui de l’Odyssée
et tous les moyens disponibles étaient en fait dévolus à son grand projet. Les premiers financements
étaient des subventions du Conseil général et, à terme le développement de Mariage 2 devait
permettre de payer ce monstrueux projet. En fait, en joueur de poker, André voyait Pusignan au
centre géographique de la CCEL, et l’Odyssée comme son outil intercommunal, il fallait donc tirer les
premiers. Ce fut un semi succès, car bien sûr, chaque commune souhaite garder son autonomie en
matière de spectacle. L’odyssée trouva quand même sa place et on peut dire que le pari fut gagné.
La crise de 1992 stoppa la zone industrielle et ce fut, en fait pendant presque deux mandats que
l’odyssée nous mit au régime sec avant le démarrage de Satolas –Green et surtout la venue de Fot.
Il faut et il faudra toujours rendre hommage à Dédé Pautet pour son immense travail et son
dévouement pour Pusignan. Vers la fin de son dernier mandat, les zones étant à l’arrêt, je décidais de
prendre la main et lui présentais à Grenoble, chez Chambard ou je travaillais alors, la famille Dickson
pour le futur dossier Satolas-Green. L’affaire fut rondement menée et la mairie gagnante à plusieurs
titres, pour les taxes et les emplois à venir bien sûr, mais aussi parce qu’elle était propriétaire de
plusieurs hectares agricoles qu’elle vendit 50 f/m² à l’aménageur. André Pautet dira : « c’est mon
bâton de Maréchal ».
Je pensais que cette manne permettrait l’achat du château, comme promis, mais Dédé fit capoter le
rendez-vous avec M. MARMEY, à ma grande stupeur, et l’argent vint rejoindre grosso-modo le
financement de l’odyssée. Ce fut, avec le marais de Charvas, nos deux seuls points importants de
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désaccord. Celui-ci fut, à terme sans conséquence, en revanche pour le marais, l’erreur commise est
indélébile.
A cette époque, le TGV et l’autoroute projetaient de passer à travers le marais, surtout la partie à
Jons était enterrée et générait de nombreux déblais, plus de 2 millions de mètres-cubes. Sous le
prétexte d’un rapport de convenance, les ingénieurs de la SNCF avaient décidé de remblayer la zone
humide de Charvas, chose impensable aujourd’hui. Ils avaient appâté le monde agricole local en
recédant à terme à l’agriculture une partie de ces terres gagnées sur le marais. Je me mis vent
debout, seul contre cette ineptie et les réunions en mairie furent houleuses. Mes arguments étaient
solides et j’étais ingénieur travaux publics, donc au fait du dossier. Les économies sans contrepartie
étaient énormes et André Pautet n’en avait pas conscience, alors que c’était un farouche
négociateur. Surtout, à l’époque nous manquions de visibilité en granulats pour Verdolini encore
indépendant et je proposais d’enfouir ces déblais sur la partie avant de la ferme de Charvas
(aujourd’hui Socara) et, d’ainsi générer 10 ans de réserve pour la carrière locale, alors plus grosse
taxe professionnelle de la commune avec 600 000 Francs environ. M. Deroche, directeur de projet
sentit le danger et traita dorénavant en direct avec André Pautet, et me mit sur la touche ainsi que
tout le conseil. Impuissant, j’assistais, la rage au cœur, à la destruction de 70 hectares de Marais qui
affaiblit considérablement le débit du ruisseau de Charvas qui commença à s’assécher en été pour la
première fois de mémoire d’homme ! Comble de l’ironie, les parcelles agricoles étaient dures comme
de la pierre, argileuse avec peu de terre végétale. Aucun agriculteur de Pusignan ne voulut des
parcelles qui firent de mauvais prés.
Le seul qui s’opposa au remblaiement à Charvas, fut mon cousin Raphaël et ses 8 hectares de bois
derrière la terre ronde furent sauvés. Voilà, en résumé les 6 années passées avec Pautet qui ne
poursuivit pas pour des raisons de santé, mais aussi par lassitude, ce qui fut une grande surprise pour
tous.
Toujours travaillé par l’affaire du marais de Charvas, et habité par mes projets que j’avais présentés
en 1993 (ainsi qu’à Charles Millon, originaire de l’Ain et président du conseil régional), j’étais prêt à
prendre mes responsabilités, quand lors d’un apéritif après un conseil municipal, Jean-Claude Curtat
et Chantal Genthon me proposèrent de continuer avec eux, André Pautet soutenant l’option
Genthon, me dirent-ils. Après une petite discussion sur le château et mon projet, j’acceptais sans
regret car j’avais un travail prenant et des charges de famille.
Cette fois, je fus nommé adjoint aux voiries et à la communication. Cependant, le problème d’argent
se faisait plus présent surtout que nous découvrîmes que nous étions caution de la zone invendue
de l’OPAC. Quelle ironie, pendant que nous développions une ZAC avec Maxime, l’OPAC s’entendait à
faire monter notre compteur de plus de 2 000 000 Francs. Bref, c’était la Merde !!!
C’est dans ce contexte que se présenta le dossier de FOT, un dossier majeur, un point d’inflexion, un
Stalingrad communal. Je connaissais le dossier car il tournait sur toute la région. Par le montant de
l’investissement, de ses machines qui tournaient en 3/8 et toujours à la pointe, FOT était la plus
grosse taxe professionnelle de Vaulx en Velin. Henri Chabert, premier adjoint de Michel Noir, traitait
directement ce dossier et il se trouve que nous avions un ami commun qui me rapporta, que déçu
d’avoir perdu ce dossier, il me traita de « braconnier ». Ce n’était pas faux !
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Bref, je proposais le dossier à Chantal en lui disant qu’il fallait acheter le terrain à 150 Francs et le
revendre après montage à 0. Le prêt était largement payé par la taxe professionnelle et la taxe
foncière si tout allait bien. La commune étant propriétaire du terrain, jusqu’au solde de son prêt, le
bâtiment lui appartenait en cas de problème. Bref, c’était compliqué donc dangereux. J’en parlais à
André Pautet qui était imprimeur, afin qu’il influe sur Chantal, la première réponse fut : « Vous
m’apporterez des oranges à St Paul ». Après réflexion, Chantal mit toute son énergie dans ce dossier
et l’obtention du permis qui conditionnait les prêts nous fit passer des nuits blanches. Il faut dire que
nous avions, avec mon jeune groupe, démarré les terrassements et le gros œuvre sans financement
pour tenir les délais. Si ça plantait, j’étais mort, RMF et BGL aussi. Mais, il y a un Dieu pour les
courageux et tout se passa bien ce qui redonna des marges de manœuvre à un mandat qui en
manquait cruellement.
Le deuxième évènement important fut l’achat du château. Bien que sur nos promesses de campagne
une nouvelle fois, un sondage de début de mandat (pourquoi faire un nouveau programme ?!) fait
par Jean-Claude Curtat lors d’un conseil municipal, le plaçait en avant dernière position derrière le
chauffe-plat de l’odyssée, c’était la guerre ! Ma colère fut grande ce soir-là et les mots fleuris. Je
parlais de Pétain et d’autres compromissions. Dans le Brouhaha général, je fis une promesse, soit le
château serait communal dans un an, soit il serait Roibet pour 350 ans !
J’avais, depuis l’enfance, de bons rapports avec la famille Marmey, pour qui nous coupions le bois en
famille. C’était aussi notre notaire de famille et je les avais bien conseillés sur un dossier de
lotissement à Meyzieu, que RMF réalisa. Dans leurs esprits et dans le mien, j’étais le gardien du
temple et ils m’avaient vendu le terrain avec la tour de Ferraguet où j’habite aujourd’hui. A chaque
occasion, je leurs reparlais du château malgré l’épisode Pautet où le père Marmey, sous la colère
m’avait demandé pour la sécurité de détruire les ruines non classées, d’abattre les arbres et de
mettre un camp de « gitans ». Il est vrai qu’on lui avait demandé, parait-il, de participer
financièrement aux travaux de la rue neuve et qu’ensuite, le Plu lui bloqua son terrain. Bref, une
ambiance de rêve pour parler du château.
C’est pourtant ce que je fis et un an plus tard, après moult discussions amicales sur le prix et sur
d’autres terrains, le famille Marmey me fit l’immense cadeau de deux compromis, un au nom de
André ROIBET, et un autre au nom de la commune, le tout pour environ 1 200 000 Francs, une
affaire !...
J’exposais, taquin, ma requête un mercredi lors d’une réunion d’adjoints, car le vendredi il y avait un
conseil et j’étais prêt à l’acheter si la commune ne tenait pas ses engagements. Chantal Genthon
sauta sur l’occasion et fit voter l’achat le vendredi même en « questions diverses », comme quoi, il ne
faut jamais désespérer !
J’ai aussi le souvenir d’un repas chez « Tête d’oie » avec Jean Marmey, Chantal et moi avec un menu
« autour du homard ». Ce fut pour moi le moment le plus délicieux du mandat avec un sentiment de
travail bien fait.
Un troisième évènement important de ce mandat avec Chantal, fut la réalisation de la déviation Sud
qui, entre-temps tomba dans le domaine des compétences intercommunales, ce qui simplifia son
financement et compliqua sa réalisation. La DDE devint maîtrise d’œuvre et reprit donc mon projet,
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elle qui l’avait raillé à l’origine pensant que la déviation Nord serait opérationnelle en 1996 !
Promesse, promesse !
J’avais fait une estimation à 2 800 000 Francs en mettant tout mon savoir-faire en matière de
performance et d’économie, et surtout associé Moulin et Siorat pour le bitume pour une
contribution importante. La DDE estimait à 5 500 000 la première tranche et à 2 000 000 la seconde.
En effet, le coût global imposait deux tranches d’après eux, ce qui alourdit considérablement les
travaux. J’avais négocié le foncier à l’amiable avec les propriétaires et Dupraz était venu s’installer
donnant à Satolas-Green un air de pôle offset. J’ai vraiment bataillé avec Gaëlle Chapron, la directrice
de la DDE Lyon –Est, ingénieur, d’où le poème « Gaëlle Urbi » à la fin. Bretonne, Chrétienne, têtue et
intelligente, elle ne doutait pas de son estimation et me prenait pour un fou et peut-être pire, elle
refusa donc de lancer l’appel d’offres en une tranche. Il fut lancé et je répondis en groupement avec
Moulin à 2 650 000 Francs, soit – 52 % du budget sur la première tranche ! Je prévenais les
conseillers municipaux qui étaient à la commission d’appel d’offres de se méfier. Malgré cela, le
lendemain de l’ouverture, on me dit que la commission m’avait éliminé sur la première enveloppe, la
déclaration sur les clandestins était soi-disant absente. Quelle foutaise ! Des clandestins, il n’y en
avait plus, Chirac les avait naturalisé, mais surtout prévoyant, j’avais fait fermer mon offre par un
huissier de justice ! Je « déboulais » chez M. Bandet, le président de la CCEL et lui mis les points sur
les i. Une deuxième ouverture de plis fut faite, ayant constaté la présence de ce document débile (on
nous demande de respecter la loi !), et là, Gaëlle au lieu de baisser la tête et de s’excuser,
contrattaqua. Elle me déclara anormalement bas et me somma de justifier, sous peine d’exclusion,
mes prix avec sous détails, comme à la « maternelle » des TP. Ce qui fut fait, avec ironie et brio.
L’explication, pour résumer, dit « qu’elle était anormalement conne », nous « anormalement
motivés », que surtout c’était l’argent public et que la question était « faut-il donner du lard aux
cochons ? ». Elle céda, je fus déclaré « mieux disant !».
La qualité des travaux nous réconcilia et elle demanda pardon en la présence éberluée de Gilbert
Marbeuf, en ajoutant à ma demande avec une petite partie de l’économie une touche de féminité,
c’est-à-dire les barrières bois le long de la piste cyclable. Ah Gaëlle …
L’absence d’argent rend démerde et sous ce mandat, il fallait l’être ! Sans que cela ne coûte un
centime à la commune, je réalisais le merlon de protection du hameau de Montserrat, le
remblaiement et l’apport de terre végétale sur l’ancienne carrière et décharge en dessous de la croix
à Ferraguet, ainsi que celle au-dessus des caravanes (terrain qui appartient aujourd’hui à la famille
Allabouvette). Ces plaies ouvertes se voyaient depuis le mont Pilat pour un œil averti. Avec les terres
de Fot, je repris le délaissé du TGV avec un D4 Caterpillar, je fis les mares (Fernand Moulin himself),
en fait ouvrage de protection hydraulique, ainsi que les chemins de liaison correspondants.
Il y eu aussi le premier Téléthon utile en l’an 2000, avec pour slogan : « Un Moulin ça mouline,
quatre Moulin ça turbine ». Ce jour-là, avec une organisation militaire, RMF, Moulin et Stal réalisent
700 ml de route pour relier la zone industrielle à la déviation Sud, la déviation Nord se faisant
attendre. Ce fut un moment généreux et inoubliable. Cet accès fut provisoire pendant 14 ans !
Bref, ce fut un mandat utile et riche.
Mon fort caractère stressa Chantal, ce qui créa des tensions inutiles entre nous, et ayant racheté
Verdolini TP en difficulté, je décidais donc, après avoir beaucoup réfléchi et avec la peine au cœur de
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faire une pause, je ne la voyais pas si longue. Bien sûr, cela n’a rien enlevé à ma motivation pour
améliorer la commune, bien au contraire, et l’investissement dans les commerces de la boucherie et
du 8 à 8, succédant à Blaise, en furent l’illustration. Je fis également pour les 63 ans de Chantal, une
nouvelle présentation de mes projets avec moult invités. Dickson offrit un Longbow, l‘arc des
highland, un moment de grâce entre nous.
Chantal comprendra que c’était ma façon de lui dire mon affection.
Mais bon, ce n’est pas la même chose, quand vous n’êtes plus élu, vous manquez de facilité pour
certaines choses et les administrations et autres conseils généraux se défilent plus facilement quand
vous ne pouvez plus leur opposer un statut d’élu.
Mais cela, je ne pouvais plus rien y faire ! Quoique ….
Gaëlle Urbi ,
Poème d’archive conservatoire
Avant l’aube tous les matins du monde, assis sur mes pierres de prison, je me repose dans la nuit du
père. Son souffle si fort la journée se fait bise et m’embrasse le corps. Monte alors en moi un doux
murmure de ruisseau.
Doucement, il se transforme et devient le travail des hommes.
Bien avant que ne puisse rugir en moi le puissant moteur un sourire s’impose à mes lèvres.
Alors, je me penche pour croire plutôt que voir le petit chemin de Bois de mon grand chaperon roux.
Avant de rire, je me rendors dans la paix du Christ.
A nous, à vous, à moi.
A toi de jouer pour lui.
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Le marathon
Dans les éléments fondateurs, le sport est très important pour tout un chacun. J’ai toujours eu un
caractère joueur et les sports habituels, dames, échecs, ping-pong, boules, foot sont pour nous
apparentés à des jeux de société. A cause de la chasse et de la pèche, je n’ai pas pratiqué de manière
assidue de sport collectif. En revanche, à partir de 18 ans, je pris l’habitude de courir seul ou avec
mon beau-père et en fait je faisais des tours de plaine. C’était bien pratique pour vivre la campagne
et éventuellement voir du gibier. Cette habitude se fit plus forte lorsque je fus obligé de rester à St
Etienne lors de ma scolarité à l’Enise. En collaboration avec Alain Lachana, nous avions un parcours
assez sportif ou nous montions à Rochetaillée sur plus de cinq kilomètres pour une boucle d’une
quinzaine de kilomètres.
Deci delà, avec mon beau-père, nous faisions un semi-marathon comme Meyzieu ou finalement nous
nous comportions assez bien malgré ma morphologie de 400-800 plutôt que de coureur de fond ou
demi-fond.
C’est comme ça que l’idée de tenter le marathon, épreuve suprême nous est venue avec mon beaupère. Aussi, après l’entrainement en semaine à St Etienne, je commençais à allonger le samedi pour
atteindre au bout de quelques mois la distance de 25 kms avec un tour de l’aéroport prolongé par
Janneyrias, Villette, Jons, Jonage et Pusignan qui était en fait trop important mais cela me faisait un
grand plaisir. Bien sûr, je m’astreignais aussi à un régime sans sucre et de 89 kilos, je descendis à 84
kilos, ce qui reste lourd pour un marathonien mais vu ma carcasse, difficile d’aller plus bas.
Ainsi, j’étais prêt pour le grand jour. Aujourd’hui ce sport s’est démocratisé et le nombre de
marathoniens a explosé. De plus, les marques de sports et l’engouement ont fait que les
préparations sont plus sérieuses et les risques sont plus cernés.
Avec Daniel Bonnet, âgé de 45 ans, cycliste et bien entrainé, nous partîmes donc un dimanche matin
de Bellecour pour l’inconnu. Nous avions en tête la fameuse barre des trente kilomètres et
effectivement ce jour-là un coureur mourut d’une crise cardiaque à ce niveau. Nous l’apprîmes plus
tard et c’est dans le calme que nous courions les 25 premiers kilomètres sur un rythme soutenu de 5
km/minutes. Effectivement vers 35 kilomètres, mon beau-père eu un trou et nous marchions sur un
kilomètre pour qu’il se reprenne. Vers 38 kilomètres, il me dit en me voyant fringuant « vas-y, je
termine à mon rythme ». Nous avions perdu une petite demi-heure et je terminais en boulet de
canon, certain de finir.
En fait, alimenté régulièrement, ces 42 kilomètres me semblaient, avec aussi l’aide de l’ambiance,
moins difficiles que mes 25 kilomètres hebdomadaires en solo, non alimenté. Je finissais par un 400
mètres de folie, remontant en fait un nombre impressionnant de concurrents. Il faut dire que la
pause avec mon beau-père m’avait donné des ailes. Finissant en sprint, les organisateurs me
tombèrent dessus pensant peut-être à tort que j’étais en rupture. Voilà, c’était fait en 4 heures, score
moyen vu les circonstances, j’avais bouclé mon premier marathon.
Je continuais à courir les 5 premières années de Brunet assez régulièrement, puis le stress et une
prise de poids me reconvertirent à la marche. C’est intéressant mais c’est autre chose. Une partie de
liberté s’est envolée, celle de la maitrise du corps qu’on peut projeter pendant 2 heures avec cette
euphorie qui vous gagne au fil des kilomètres.
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De plus, dans la vie en fait, c’est plutôt affaire de persévérance donc de marathon que de coup
d’éclats, donc de sprint. Oui, le marathon ça forge !
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La période Brunet
En fin de cycle d’ingénieur une mauvaise nouvelle m’attendait. Lors des trois jours à Lyon qui durent
en fait une journée, on me signifia que mon sursis était dépassé et n’ayant pas les revenus suffisants
pour être soutien de famille, j’allais devoir faire l’armée. Après discussion, la personne me recevant
ayant compris mon problème, me donna le conseil suivant : «débrouillez-vous pour avoir 3 fiches de
salaire avant fin juin et demandez un report sur octobre par votre école avec une thèse à terminer
afin que votre demande puisse être traitée à temps». Oui, mais voilà avant juin j’étais à l’ENISE et je
demandais donc à Jean-Pierre Brunet, le seul patron de mes connaissances, des fiches de paie de
complaisance et au directeur de l’école de faire un courrier de complaisance à l’armée. Les deux
acceptèrent, et fin aout je reçu le premier sésame, exempté soutien de famille. Pour rembourser
Jean-Pierre Brunet, il fut décidé que j’irais trois mois chez Brunet mettre en place l’informatique de
gestion avec pour base multiplan 3. Au cours de ces trois mois, Le hasard fit qu’Alain Lachana, mon
colocataire Enise, pour son premier emploi se retrouva chez SAE avec en charge une extension
importante du LEP automobile de Givors. Ce chantier nécessitait un important terrassement qui
intéressait fortement les frères Brunet et je me débrouillais pour récupérer le chantier.
Le problème était qu’il fallait le faire et Jean-Pierre me demanda de m’en occuper. Ce chantier
demandait une topographie quotidienne. Après tout, grâce à eux, j’avais un an gratuit et j’acceptais
bien que ce ne soit pas mon profil.
Là, je me découvris une âme de centurion et je menais le chantier tambour battant. Pendant ce
chantier, les Brunet me proposent de rester avec une association à venir à 1/3 chacun, et bien que
l’ingénieur engagé dans la plus petite structure de ma promotion, je me dis que construire sa boite
avec de amis valait à terme aussi bien qu’une carrière dans un grand groupe. C’est ainsi que
démarrèrent 7 ans de passion avec plus de haut que de bas et qui, pour un premier emploi, avait
presque l’avantage de la page blanche.
A l’époque, Brunet c’était une vingtaine de personnes, 8 millions de chiffre d’affaire de travaux,
surtout des lotissements et 2 frères à 50/50 sur une petite SARL mais avec beaucoup d’envie.
Après ce chantier, je commençais à coloniser la côtière de l’Ain afin de me rapprocher et surtout à
me spécialiser dans les marchés privés liés au développement industriel. Ainsi, c’est plus de 200 VRD
industriels que nous réalisons les années suivantes autour d’un métier que nous avions pratiquement
inventé. Côté développement, l’entreprise passa rapidement de 8 à 25 millions, puis 30 puis 40, et
devint une entreprise respectée et en devenir. Entre temps, j’étais devenu élu à Pusignan et
Chrystelle poursuivait ses études dentaires. Les horaires étaient titanesques et le vendredi midi,
après le planning d’usage, mes yeux de fermaient souvent.
J’avais, pour préparer l’avenir commun, fait un master projet (1987-2015) déjà en voulant associer
mes partenaires, notamment Ezzato et Parrutto, dans des axes de développement sur la route et le
recyclage. Nous évoluions vers plus de gestion et je souhaitais ouvrir une carrière et une agence à
Montluel barycentre de mes travaux. Ceci m’éloigna un peu des Brunet et quand je proposai
l’évolution vers le recyclage et les enrobés, je n’arrivai pas à mes fin. De plus, à ma grande peine,
malgré 5 ans passés déjà, l’entrée au capital ne s’était pas concrétisée et cela créait un profond
malaise. Ce fut mon premier poème « Première table ronde », écrit en une nuit. Il raconte l’épopée
et surtout le cap, 20 ans après, la fin est toujours d’actualité. Oui, les cinq premières années Brunet
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furent une épopée, vécue comme une bataille féodale, la côtière fut conquise les armes à la main.
Ensuite, la crise de 1992 et l’absence d’évolution sur la capital enraya la machine et je m’épuisais.
L’évolution vers la route s’éloignait et finalement je quittais après des mois de crise larvée le groupe
qui pesait 50 millions de CA mais subissait la crise économique avec peine. Avec du recul je pense
que la jeunesse nous a empêché de bien poser les problèmes et de les résoudre au fil de l’eau. De
plus, une entreprise familiale, c’est dur à partager et il ne faut jamais promettre ce que l’on ne peut
pas tenir.
C’est surtout une merveilleuse expérience car comme je l’ai dit, c’était presque une feuille blanche.
Je fus aussi témoin de mariage de Jean-Pierre Brunet et nos liens avec Joël aussi sont indéfectibles.
Notre séparation fut noble. Pas de Prud’homme, pas de haine, que de la peine des deux côtés.
Bref, c’est dans la difficulté qu’on voit les hommes, les années faciles ne forgent pas autant que les
années de crise. J’ai laissé mes tripes chez Brunet, je m’y suis forgé pour la suite et je ne pensais
pas en quittant le groupe que je rebondirais aussi vite sur mon projet d’enrobé. Mais, après 3 mois
de chasse rédemptrice, le chambardement pointait déjà son nez !
Première table ronde
Il y a longtemps déjà, j’avais deux amis.
C’était le temps des chevaliers, j’étais Lancelot, ils étaient Arthur.
Ils n’étaient pas riches, ils n’étaient pas Rois
Mais le vin était chaud et l’esprit guerrier.
J’ai donc pris un étendard, j’ai forgé une épée.
J’ai bâti une armée, j’ai taillé un royaume.
Ah que j’étais fier en revenant dans mon pays
En portant cette bannière ou mon nom pourtant n’était pas inscrit.
La tâche était lourde mais la vie était belle.
Ils deviendraient Rois et c’était sûr : je serais Prince.
Je mangeais à leur table, je dormais dans son lit,
J’abattais pour eux de grandes cheminées.
Ils avaient peur pour moi et j’étais leur fierté.
J’ai donc vécu heureux sans ménager ma peine
Vivant leur joie et partageant leur peine.
Au banquet de noce, j’avais la meilleure place
A gauche du Roi et à ma droite la Reine.
Amis hélas, la bataille repris, la guerre de fit
Mondiale plus rude et plus sournoise.
Il me fallut repartir aussitôt, tailler, mordre
Pourfendre, amortir de plus belle.
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J’étais souvent bien loin, bien seul, bien meurtri,
Avec deux seuls visages, celui de mes amis
Et celui de la Reine à moi si douce et chérie.
Mais les guerres sournoises, les alliances
Se renversent et les alliés d’hier sont félons aujourd’hui,
Et, à ce jeu infâme mes amis sont vaincus.
A la nouvelle cour pourtant tout allait bien,
Les Reines pavanaient et les courtisans courtisaient
Puis ce furent les marchands, les prophètes
Et autres guérisseurs qui doucement prirent
Ma place dans leurs cœurs.
Bien sûr, ils luttèrent car c’étaient mes amis
Mais que peut faire le grand chêne contre une simple scie
Qui vous suit tous les jours et vient même dans votre lit.
Je reviens donc pour sauver mes amis et moi
Aussi fut vaincu, le ver était dans le fruit !
Et que peut même le fer contre une lime bien agile,
Qui jour après jour entaille vos entrailles
Installant le doute, la peur et la calomnie.
Pourtant ailleurs, bien que blessé, je fus partout vainqueur
Et les plus grands royaumes s’offraient à leurs vainqueurs
Mais il était trop tard, le doute était trop fort
Et les fruits semés n’intéressaient pas les banquiers,
Les troubadours et autres usurpateurs qui en peu de temps
Avaient brisé leurs forces et leurs esprits.
De mes deux chevaliers, il ne restait plus rien
Que des rois décadents des « moi je » des « j’ordonne »
Ou alors parfois pendant un rare repas
Une lueur, un espoir au fond de leurs grands yeux
Me redonnait du cœur, mais bien vite l’illusion
S’estompait, la peur les tenaillait et la peine m’étouffait.
Et sur moi la foudre d’abattit, j’étais un fou,
Un rêveur, un ambitieux, mon armure
Brille trop et ma voix tonne trop forte
J’étais l’être qui demain se paiera sur la bête,
Qui dès aujourd’hui endommage l’héritage,
Il fallait donc m’abattre.
Pourtant en gage, j’avais quatre mois plus tôt,
Déposé ma toque de futur prince et mon plus beau manteau
Rentrant dans le rang comme un simple soldat.
Sans terre et sans honneur les miens seraient plus tard.
Je n’attendais qu’un peu de repos dans une belle province
Qu’avec mes fidèles nous entendions prospérer
Après l’avoir conquise de mon sang.
Faut dire qu’elle était belle et totalement mienne
Ici pour tous je resterais le Prince, et c’est
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Mon nom ici que les ennemis craignent et respectent
Sauf les félons qui toujours calomnient mais
Devant moi s’enfuient comme de chiens mal nourris.
Hélas aujourd’hui nos jours sont comptés
Car en restant moi-même j’embellis, je développe
Et ma province est déjà la plus belle et nos fruits
Les plus beaux, moi qui ne suis prince.
En voici un grand crime. De ma saine sueur, on fît de vilaines
Rivières et puis de méchants fleuves qui m’attaquent de toute part.
Mais la mer est grande et il faut bien plus pour la faire déborder
Car la bête est solide et l’esprit développé
Et pour toujours je resterai guerrier.
De grand royaume, il en est partout
Et le plus beau de tous est celui de chez nous.
Car chez moi, point de cour et point d’usurpateur
Car bien que délaissé ils m’ont tous dans leur cœur
Et si j’ai le pouvoir c’est que j’ai le vouloir,
Et puis depuis toujours une grande faim de savoir.
Mon royaume sera grand, mon royaume sera fort
Car la force m’appartient et le soutien des miens
Aujourd’hui vaut bien mieux que de l’or.
Mais hélas, dix nouveaux amis n’en remplacent pas
Un seul. Est-ce qu’une naissance fait oublier un mort ?
Au moins sont-ils heureux ? Enfin je l’espère.
Enfin pour quelques temps car dès demain pour l’héritage
Les Reines, les troubadours et tous les courtisans pour
Les nouveaux princes de sang,
Se battront, loin des guerres ou les chevaliers naissent
Et meurent, et bâtissent leurs royaumes.
Ceux qui n’ont pas connu l’ivresse casseront le beau flacon.
Mais toujours, j’espérais revoir un jour, un soir
Une seconde sur le pas de ma porte
Mes deux amis en simple chevalier
Le regard vif et droit, le cœur ouvert et pur
Sans tambour ni trompette et alors
Le monde entier tremblera car notre combat est noble
Et l’homme plus beau que le Roi.
FIN DE LA DEUXIEME PARTIE
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3- PUSIGNAN Centre du Monde
Chambard 1994-1995
Ce jour, c’est deuil, je viens de quitter Brunet après une entrevue tendue avec Jean-Pierre. Deux
jours plus tôt, dans les couloirs, Valérie Fructus, mon bras droit a entendu parler de Prud’homme.
Mon conducteur, félon, Rochet s’est réfugié à Ambérieu ou il doit, je pense rendre compte. C’en est
trop, il faut rendre les clés. En tout, cela a pris 10 minutes, j’ai demandé à Agnès de préparer une
lettre de démission, ce sera finalement une rupture conventionnelle et Jean-Pierre, gêné, me
donnera 30 000 Francs. 7 Ans de labeur, c’est dur mais l’entreprise est dans la crise et l’essentiel est
ailleurs. Pour l’heure, il faut tourner la page et je suis épuisé. Je rentre voir mes parents pour
retrouver des forces. Jean Raphaël, mon oncle, est là et je lui explique la situation. Il est ami de Paul
Lucidi et le lendemain, je suis chez Paul qui me fait une offre d’emploi intéressante. Je suis touché,
Paul est un entrepreneur respecté et c’est, en fait, à lui que j’ai pris le gros chantier de Givors avec
Alain Lachana 7 ans plus tôt.
Le dimanche, c’est l’ouverture de la chasse et je décide de prendre 3 mois pour me ressourcer et vois
mes enfants. Dans cette optique, je me paie un stage d’informatique au Greta de Lyon ou Pantalacci
a monté une formation informatique sur Excel. Là, je me remets à niveau et je me ressource. Il me
parle du manque de professeur et me dit qu’avec mon diplôme d’ingénieur, je peux enseigner sous
deux ans, 18 000 Francs pour 18 heures de cours. J’écoute et je réfléchis. Il y a également M. Hayete
HASOTRAP qui me fait une proposition, ce qui me touche car je n’ai fait aucune démarche. Minovembre, je reçois un coup de fil d’Hubert Martin, il travaille chez Chambard dans l’Isère après avoir
été directeur chez GTRA, filiale Beugnet à Lyon. Son frère est le curé de Pusignan. Il me propose une
association avec Brunet car il connait mon projet et a un poste mobile qui rentre de Guyane. Je lui dis
que j’ai quitté Brunet et là, il tombe des nues. Une semaine plus tard, il me rappelle et me dis que
Chambard cherche un chef d’agence sur Grenoble. Ils viennent de traiter la déviation de Pont de
Claix et me demande d’accepter un rendez-vous avec M. Bravin, le nouveau directeur qui rentre de
Guyane ou il a redressé l’entreprise et qui vient de réaliser la piste de l’aéroport de Rochambeau, une
référence ! Par politesse, j’accepte mais je ne me vois pas faire l’aller-retour Pusignan-Grenoble et vu
que ma femme travaille ici, il est impensable de déménager.
Un mercredi matin, je me retrouve donc sur la déviation de Pont de Claix qui démarre en
terrassement avec Berthouly. J’ai une demi-heure de retard car la rocade sud était bloquée et M.
Bravin est très froid. Je lui serre la main et repars en direction de mon espace pour rentrer à
Pusignan. Il me rattrape in extremis, s’excuse et me propose un café sur Grenoble. Là, il m’expose la
situation qui n’est pas brillante, Chambard est sur le déclin. Le système Grenoblois initié par Jean
Lefebvre et l’équipe Carignon étouffe l’entreprise qui ne peut payer les 4% en liquide pour travailler.
Le poste de Voiron ne fait plus que 18 000 tonnes l’année précédente, ce qui est très faible, les
emplois sont menacés à court terme. Il me propose le poste sans me connaitre sous les
recommandations d’Hubert. Je m’entends dire oui, en fait je n’ai rien à perdre. Je peux enfin
apprendre le métier de la route et en cas d’échec, la Martin ou Paul Lucidi attendront. Je rentre
annoncer la nouvelle à Chrystelle qui avait déjà compris avant moi que j’allais accepter. Je démarre
donc début janvier une période d’un an et demi d’une richesse incroyable.
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D’abord, mon directeur fera exploser le système Carignon avec courage et nous travaillerons sans
problème avec le conseil général terrorisé par les justiciers blancs. 6 mois plus tard, j’associais
Chambard à Piani et nous monterons le poste EGL à Pusignan ou je monte une agence Chambard. Au
bout d’un an, l’entreprise locale Verdolini qui avait finalement refusée le projet enrobé est en
difficulté, et avec Moulin, l’autre partenaire du projet initial, nous reprenons les travaux publics et
montons RMF TP et la famille Verdolini se concentre sur la carrière. Je rencontre aussi Gérard Kolbel,
le président de Siorat, mon futur associé dans P2R, un ami, un frère, un père, un fils qui nous vend le
bitume et complète ma formation sur les liants. Il m’associe dans son projet sur Arles, l’usine de
liants ou je deviens le commercial auprès des PME.
Pendant cette période, le groupement Chambard-RMF-Piani-Moulin creuse un sillon qui fait grand
bruit, mais voilà, les frères Chambard sont en succession et Raymond me demande de trouver un
repreneur pour la France qu’il connait peu. Il a une grosse entreprise en Guyane et son frère possède
Secmair en Mayenne. La partie historique doit être pérennisée et je propose donc l’affaire à Piani qui
s’associe à M. Bravin pour St Marcellin. De mon côté, je reprends la partie lyonnaise et les parts dans
le poste de Pusignan via RMF. Hélas, à la signature, M. Blanc demande un rabais de 500 000 Francs et
là, Chambard claque, avec raison, la porte. Du coup, je vends SOSADRAG, une carrière en Savoie à
Guy Mathiolon de Serfim. Perrier TP, encore indépendant, achète le poste d’enrobés de Rive et
Budillon-Rabatel, la carrière de la Sone. Il reste un carré historique à St Marcellin avec 50 personnes,
un poste d’enrobés et une carrière à Vinay sous la coupe de Raymond Chambard seul. C’est cette
entreprise que je reprends avec Guy Mathiolon 15 ans plus tard avec notre holding MGB part.
Aujourd’hui je suis très heureux que la boucle soit bouclée. Il nous reste de nombreuses années pour
ramener Chambard à son niveau historique et surtout la compagnie de Raymond pour le travail, des
marches dans le Vercors ou même des projets à l’export est délicieuse.
« Moon », c’est son surnom, est un homme heureux, un gentleman et un ami, que dire et espérer
de plus !
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RMF TP
Depuis 1 an je dirige l’agence Chambard à Grenoble ainsi que l’implantation sur Lyon.
Nous avons monté EGL (Enrobés du Grand Lyon) en zone industrielle du Mariage avec l’aide de Dédé
Pautet, le maire charismatique de Pusignan.
Après l’échec du projet enrobé Brunet, Moulin, Verdolini, la période était difficile, j’ai proposé
d’installer notre poste Sim TEM 100 qui est rentré de Guyane chez Verdolini, nous avons discuté,
nous nous sommes mis d’accord pour un partenariat industriel et Patatra, la Drire nous informe
qu’elle ne peut étudier notre dossier car les propriétaires ne sont plus d’accord. Les majors,
notamment Jean Lefebvre ont fait pression et ont menacé de fermer les comptes si je m’installais
chez eux. Mon sang n’a fait qu’un tour et cette fois, accord ou pas accord je m’installe en Zone
industrielle sur un terrain de Maxime Richard, le promoteur local. J’ai vu le maire, il est d’accord,
merci Dédé.
Je prends également un contrat avec Vicat de Nievroz pour alimenter la centrale, le directeur, Serge
Barge, futur Tebior étant un ami.
Nous devenons de fait concurrent et non partenaire de l’entreprise locale de travaux publics
Verdolini qui travaille avec les majors pendant que je monte un partenariat Chambard-Moulin-Piani.
Bien sûr, mon réseau Brunet TP sur Lyon est actif et nous rencontrons un certain succès et même, je
crois, une certaine attente et la concurrence est féroce. Je comprends, bien sûr, Jean-Pierre Verdolini
qui est un ami, mais 2 fois c’est trop.
Un jour plus tard, nos véhicules se croisent à l’intersection de la rue de Janneyrias et de son site.
Jean-Pierre est dans son 4X4 Mercedes et nous nous saluons pour la première fois depuis une longue
période. Il me dit : « Faudrait arrêter les conneries », le visage fatigué. Ne connaissant pas ses
problèmes actuels j’éclate et lui dis quand même qu’il en est la cause et qu’il a fait son choix et que je
serai un concurrent honnête mais difficile, et que j’ai l’éternité devant moi. Là, je vois que quelque
chose ne va pas, et Jean-Pierre me dit ses problèmes et que des emplois sont en jeu. Là, la pression
retombe, je connais la dureté de ce métier et la pression sur un dirigeant quand il faut faire les paies
et que l’argent manque. Il faut faire la paix ! Nous discutons et je lui propose de reprendre le TP avec
une partie du personnel, Jean-Pierre est un ami, une personne respectable, il a voulu faire évoluer le
TP avec un bureau d’études intégré pour ses clients, et les bas prix le laminent. Je téléphone à Guy
Moulin et lui propose de monter une boite avec Chambard. Il me rappelle une heure plus tard et me
dit OK mais avec toi seulement, André Roibet-famille Moulin, ça a de la gueule !
Le midi même, nous nous retrouvons à Bourgoin chez Moulin tous les trois et nous nous mettons
d’accord. Nous rachetons le matériel et reprenons les salariés, Jean-Pierre nous donne le nom et le
fonds de commerce. Nous cherchons un nom, RMF-Verdolini est retenu. RMF pour Roibet-Moulin
frères. La succession des Moulin n’était pas faite. Je propose la répartition suivante : André Roibet
40% gérant, et les frères Moulin 15% chacun. Nous réunissons les 50 000 Francs pour le capital et le
mois d’après, en février 1995 nous sommes créés.
La société Verdolini allégée des travaux publics se concentre sur les carrières et le recyclage à
Chassieu et quelques années plus tard, ils vendront la branche carrière sans nous consulter, à des
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conditions, il est vrai, que notre jeune société aurait eu du mal à réunir. Jean-Pierre s’est reconstruit
dans sa passion, la musique ou il excelle.
Au départ RMF – Verdolini devait faire du blanc mais à la vente d’une partie des actifs, je regroupe
Chambard Lyon et RMF devient une entreprise routière avec le matériel routier. L’entreprise aura 20
ans en 2015 et aujourd’hui c’est une entreprise puissante et sportive. Elle a traversé plusieurs crises
et j’ai, après moult modifications, racheté les parts aux frères Moulin pour en faire une entreprise
familiale. Toutes ces années Nous avons marqué notre empreinte par des réalisations significatives.
Nous avons dès 1995 réalisé le centre de démonstrations Philips à Bressolles et la ZAC des grandes
terres à Genas avec le garage Mercedes. Il faut dire qu’avec les moyens de terrassements de Moulin
TP, l’attelage est efficace. Nous avons réalisé pour PRD environ 2 000 000 m² d’entrepôts sur la
plaine de l’Ain et sur l’Isle-d’Abeau et à Miramas, le projet CLESUD. En Seine et Marne ou nous avons
réalisé en parallèle 120 000 m² d’entrepôts en 8 mois ! Avec eux également le marché gare de
Corbas, Décathlon et Schneider electric à St Quentin. Bref, une aventure humaine et technique.
Nous avons également, pendant longtemps été le « terrassier-VRD-iste » et gros œuvre du groupe
EM2C ou, par exemple, en partenariat avec Steve Dickson, nous avons réalisé à Pusignan, Dupraz,
Electrocalorique, Stryker, Dimotrans et bien d’autres, partout sur la région Rhône-Alpes. Avec l’aide
de l’entreprise Siorat qui nous « prête » ses qualifications, nous avons réalisé la déviation Sud de
Pusignan, la déviation de Jonage et plus récemment avec Jean Lefebvre, la déviation de Pusignan.
Bref, nous équilibrons travaux publics et travaux privés et cherchons toujours un partenariat durable
avec nos clients. Hugues, mon fils m’a rejoint dans l’aventure et le nouveau directeur général,
seulement âgé de 35 ans, a bien compris le challenge. Avec des fonds propres à hauteur de 20 % du
chiffre d’affaires, une trésorerie largement positive, un chiffre d’affaires de 16 ME estimé en 2014 et
une marge de 2.5 % net en 2014 pour 70 personnes, RMF a tout d’une grande !
L’avenir proche et à moyen terme est incertain pour la France, pourtant, pour nous je suis confiant,
nous mènerons tout le monde au bout, c’est un engagement que je prends.
Des salariés fiers qui se défoncent sentent la sécurité de l’emploi et un patron qui ne se sucre pas
personnellement et donne l’exemple, telle est la recette pour durer. J’ai la confiance de mes
salariés, c’est clair, j’ai leur respect et pour beaucoup leur amitié. A partir de là, avec une ligne
claire nous passerons la crise et même, je le dis, elle nous renforcera !
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Regain d’espoir 2006
L’avenir n’est vraiment jamais sûr en bien comme en mal, mais faute de lever les yeux sur cet éternel horizon, de
rêver donc d’aimer, cet avenir qui est le nôtre mais surtout celui de nos enfants, il nous appartient de moins en
moins.
Les aléas et soucis du quotidien, les déficits et blessures du passé, les urgences du monde fric et toc nous
conduisent implacablement, pauvrement et mathématiquement vers une projection noire de demain et donc
malheureusement déjà acquise dans l’esprit de beaucoup de nos concitoyens se résument en un mot : PEURS !
De plus, le microcosme politique, encore trop souvent hélas, pilote à vue et ne devient plus que commentateur
auto-déclaré de l’actualité mondiale et nous ressort plus que nécessaire des clivages électoraux au lieu de
combinaison d’idées.
Droite gauche dans toute sa latéralité au lieu de un pas en avant gauche, un pas en avant droit, bref l’éternelle
marche de l’homme et nous devons être fiers de l’ensemble de nos héritages.
Le plus navrant est le manque de courage dans l’action et c’est cette qualité qui fait le plus défaut.
Il y a bien sûr des exemples à suivre qui portent l’avenir et pour eux le procès de Galilée magnifiquement interprété
par Claude Rich sur le service public (France 3, samedi 7 à 20h50) est là pour les conforter et les encourager à
poursuivre.
Face à un monde des marchés en route vers une hyper-concentration donc hyper réactif, au monde de la
délocalisation minute, on fait à ce jour dans le « grigri vaudou », la rhétorique média-com dans ce monde
d’éphémère, bien sûr, on a trouvé un mot magique : DURABLE !
Ne dites plus avenir, mais « demain durable » comme il ne faut surtout pas dire travail bien fait mais qualité totale
iso 14 001 !
Résistons mes amis, résistons, Zorro étant indisponible, zappons de nos cerveaux ces galimatias publicitaires
chaotiques et DESESPERANTS!
Il nous faut aujourd’hui plus que jamais rester debout, apporter réconfort et soutien aux plus faibles, élever la voix
pour dire que la main tendue est la seule attitude possible .Communiquer jour après jour une joie collective, aider
son prochain à trouver un sens à sa vie. Aimer et aider la vie ! Tous les jours et chaque seconde.
En vérité, je vous le dis car je l’ai vérifié et re-vérifié, il n’y a pas de courage donc d’action sans espoir, et pas
d’espoir sans cap, sans objectif humaniste. Par définition « Big bantesque » !
Pour être compris par tous, je dirais que pour ne pas tomber du « côté obscur de la force » l’homme doit sans cesse
s’élever au-dessus de lui-même afin que tous ensemble nous allions non pas vers une mondialisation au service
des marchés, mais vers une universalité de l’humanité et toutes ses biodiversités.
Alors, sur une planète responsable en paix, donc effectivement durable, nous pourrons enfin tous être fiers d’être
au lieu d’être fiers d’avoir.
Fier d’être le père du fils et donc le fils de l’homme.
C’est sans vice et vers cela, sur cette immense Terre à tous que nous vous attendons ou plutôt que nous vous
espérons.
Bonne année 2006 à tous, santé, sérénité, courage !
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BGL
Je dirige et développe RMF quand j’apprends que l’entreprise Ezzato est en liquidation. Le patron,
mon ami René, est mort d’un cancer et sa lente agonie a mis l’entreprise au tombeau.
Touché au coeur, j’appelle la fille et le fils Ezzato, ainsi que Roger Ceconi, le directeur. J’entreprends
de monter BGL (Bâtiment du Grand Lyon) sur les ruines fumantes. Nous achetons du matériel au
liquidateur et je monte une sarl au capital de 500 000 Francs avec Tebior et RMF à 66 %. Je propose à
EM2C de prendre 34% afin de lui fournir un maçon privilégié. Nous reprenons une quarantaine de
personnes et y adjoignons un secteur béton de sol avec Jean-Louis Ciceron comme commercial, ainsi
nous sauvons quarante familles et je suis rasséréné.
Instantanément cela fonctionne et nous réalisons du gros œuvre industriel pour Yvan Patet.
L’entreprise se développe doucement et obtient de beaux marchés, comme les bétons désactivés du
tramway de Grenoble et plus tard, ceux de la cité internationale. Roger Ceconi est le coeur de
l’entreprise et va porter l’entreprise BGL à bout de bras. Nous reprendrons les parts de EM2C quand
celui-ci monte sa propre entreprise de gros œuvre et surtout fera un impayé douloureux à BGL, c’est
grave et triste. Cédric Trouttet nous rejoint mais hélas nous quitte en pleine crise en 2013. Là, la
chance nous fait recruter M. Le Pécheur, le nouveau directeur et futur actionnaire. Encore une fois,
nous avons sauvé des emplois, pendant les crises nous serrons les dents et toujours nous sommes
récompensés.
On laissera conclure Roger Ceconi :
« Lorsque j’ai rencontré André pour la première fois, nous fêtions avec René EZZATO la commande
d’un chantier sur la Côtière, arrachée de haut vol à la concurrence (Brunel !) Puis d’autres succès se
sont enchainés et André est devenu presque le fils spirituel de René.
Après le décès de René, nos bonnes relations ont perduré et se sont renforcés avec l’installation de
l’agence Brunet dans nos bureaux de Montluel.
L’entreprise Ezzato, fragile, n’a pu supporter un impayé important en 1996 et a été liquidée en 1998.
Pendant cette période difficile et au cours d’une discussion, André m’a simplement dit : « Si un jour
tu es en difficulté, appelle moi, nous créerons quelque chose ensemble ».
Comme c’est un homme de parole qui tient ses engagements, BGL est né au lendemain de la
liquidation de l’entreprise Ezzato.
Le démarrage de BGL a été facilité par RMF qui rassurait les fournisseurs et par EM2C qui nous
apportait un fond de roulement dans les affaires ; parallèlement avec Jean-Louis Ciceron nous avons
créé l’activité béton désactivé dans le secteur privé, puis public avec notamment le chantier du
tramway à Grenoble. Nous avons franchi une étape supplémentaire avec l’arrivée de Cédric Trouttet
qui a structuré et développé l’entreprise sur des marchés plus importants (Cité internationale, Pôle
alimentaire…)
Mais l’horizon BGL semblait trop étroit pour Cédric, il a donc franchi le pas en créant sa propre
entreprise tout en assurant sa succession avec l’arrivée de Philippe Le Pécheur.
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Le tempérament et la compétence de Philippe ont immédiatement porté des résultats en terme de
marge et de chiffre d’affaire tout en gardant l’esprit BGL, c’est-à-dire le goût du travail bien fait, la
relation privilégiée avec le personnel, donc la bonne image de l’entreprise.
La construction de BGL s’est faite dans un climat de totale confiance et de liberté d’action avec de
nombreux échanges avec André. Cette confiance que m’a accordée André est pour moi la plus
grande satisfaction.
Je reste serein sur l’avenir de BGL car la volonté de Philippe, au travers de sa participation au capital
de BGL, garantie une pérennité et un développement de l’entreprise dans les conditions les plus
favorables. »
Le binôme Pétreaux/Le Pécheur est excellent. J’ai un avion à deux réacteurs, c’est plus sûr !
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MOULIN
Parler des Moulin, c’est comme Chrystelle, on est dans l’intime, je vais essayer d’être le plus juste
possible.
J’ai entendu la première fois parler des Moulin à Pusignan car en fait en 1960, Fernand a défriché le
Marais de Charvas ou un investisseur a planté une peupleraie. Plus tard quand je travaillais chez
Brunet, lors d’un pique-nique familial dans la famille de Chrystelle à Eclose, les noms de Moulin et
Chanut étaient toujours prononcés à un moment ou un autre du repas.
Les Moulin avaient une réputation de travailleurs, de géants de la terre. Je sens bien que la taille des
machines de Moulin impressionne les cousins de Chrystelle. Effectivement, avec Brunet et nos pelles
de 30 tonnes, nous ne faisons pas le poids face aux Scrappeurs, aux D9 et 974 Liebehrr.
Je décide donc une approche, je prends un chantier sur Bourgoin, d‘immeuble de bureaux et je
prends rendez-vous avec Fernand pour lui proposer le terrassement. Là, pendant une heure, je
présente Brunet et ma vision du T.P. et du noir qu’il faut absolument acquérir pour se libérer du joug
des majeurs.
Il m’envoie son fils, Guy et rebelote pendant deux heures, je me mets à nu et je parle comme à un
frère. Je rencontre Paul un peu plus tard sur le chantier de la cité internationale qu’il terrasse, et je
lui offre une possibilité de décharge, ce qui sera apprécié.
Ca y est, c’est fait, j’ai, avec ces trois actes posé les jalons du futur.
C’est donc tout naturellement que chez Chambard ils deviennent les terrassiers du groupement et
ensuite qu’ils me proposent l’association avec moi seul sur RMF.
A ce moment, l’entreprise Moulin créée par Joseph Moulin, a été développée par Fernand qui a
importé un D6 Caterpillar en 1948. Il travailla notamment pour l’Otan ou il fit seul un terrain
d’aviation avec un Bulldozer et un scrap attelé. Phénoménal le Fernand, une force de la nature.
En 1973, son fils aîné rentre dans l’entreprise, suivit de Paul en 1983 et Christian en 1985. Guy
Moulin que je connais en premier, rejoint finalement l’entreprise en 1995 après avoir travaillé en
Suisse.
En 1995, nous créons donc RMF qui devient la routière et la VRDiste de Moulin qui continu d’âtre un
terrassier régional. Pendant 3 ans, tout se passe bien et les Moulin envisagent un développement au
Maroc qui a des débuts difficiles. Je m’y trouve impliqué car c’est le banquier de RMF, M. Boussard
qui a financé le monstrueux investissement. Surtout, Moulin est en nom personnel et la succession a
du mal à se faire.
La crise devient plus profonde et je propose à Fernand et Paul de prendre la direction générale en
France pendant que Paul se concentre sur le Maroc. Ils acceptent et je deviens directeur général en
1998 pour deux ans, qui finalement dureront quatre … Je suis présent, comme mon père pour le
voisin, grâce à Dieu, à un moment critique et mon action est décisive, je n’en dirai pas plus par
pudeur.
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C’est une période électrique, nous avons rencontré M. Kolbel et avec Siorat nous obtenons la
plateforme multimodale rail route d’AITON. Nous montons Tripiana, avec M. Tripiana en gérant et
P2R à Pusignan fonctionne bien, ce sont aussi les années PRD….
Au bout du compte, le projet Marocain rebondit de Tiflet vers Rabat au port de Tanger, le plus dur làbas, est Passé, me semble-t-il.
Nous reprenons également AGOR que je mets dans une bulle chez BGL avant de Réembaucher un
cadre référent, M. Barascud. Nous reprenons également Satral, société de travaux alpins à Jean
Nallet également, afin que Moulin qui par Bourgoin est attiré vers Lyon puisse devenir Grenoblois.
Tout cela est bien beau mais fatiguant, je suis victime des cadences infernales, début 2002, j’ai un
coup de mou et finalement Paul s’associe avec le groupe Guintoli pour monter Moulin route sans
RMF, ce qui créé une rupture entre nous. Je sors de la holding R2D2, oui oui le robot de la guerre des
étoiles, où j’ai 20 %, la société des quatre frères où je suis le cinquième élément, Jean Moulin me
présente encore à un tiers comme un « frère ». Avec peine, je me replis sur RMF où, par réciprocité
je rachète leur 40 % restant ! Chacun chez soi mais ami toujours.
Aujourd’hui, j’ai proposé à Paul le projet algérien et avec ou sans part, nous sommes amis,
partenaires souvent, quelquefois concurrents, mais ça c’est la vie des entreprises. Vu la taille du
monde, il nous appartient d’être infiniment plus partenaire que concurrent.
Comme pour les Brunet et Chambard, j’ai une affection profonde pour les Moulin. Peggy, mon DAF
RMF est restée après ma mission. Violaine Leboeuf est notre conseillère juridique commune et
observe notre bonne entente. Pour info, elle n’a qu’une session pour Paul et moi sur son ordinateur.
Elle est maligne Violaine.
Bref, avec Moulin, nous avons connu le succès et la difficulté, dans nos affaires et dans nos relations.
Si je devais retenir une image commune, c’est le Téléthon 2000 à Pusignan.
Surtout, j’espère que nos liens solides continueront à porter des fruits pour longtemps et sur
plusieurs générations.
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Gérard Kolbel
Gérard Kolbel était un génie et un pionnier de la route, son surnom, le Vicking, fils d’un père
allemand, mort à Stalingrad et d’une mère française. Il avait épousé une juive pour compenser, peutêtre, Gérard c’est une tragédie et un génie grec. A sa mort, je citerai sa dernière épouse, Mireille qui
me fit une lettre manuscrite de cinq pages, mais je ne relaterai que le début, le reste est trop intime :
« Papier donné par Michel lors d’un de mes passages chez Siorat (avec plein d’objets phalliques,
entre autres …) Je choisis ce papier pour t’écrire comme je ne l’ai jamais fait, depuis le 18 mars 2006,
puisque je n’avais rien à te dire. Tout était dit entre Gérard et toi, ou toi et Gérard, ça dépend…
Pendant un an, j’ai dit autour de moi et répété qu’André était mon tuteur sur la terre et le fils
spirituel de Gérard, sans trop savoir pourquoi. Et puis j’ai longtemps pensé que tu étais le père de
Gérard et non le fils puisque tu l’avais initié à l’«au-delà » et que tu avais pouvoir sur lui puisque
l’alchimie de l’univers avait passé en lui. J’ai été et je suis le seul témoin. En une seconde nous avons
partagé, Gérard et moi, l’universalité et l’Eternité. Il m’a confié son « savoir » foudroyant et
irréversible……. »
Voilà, Gérard était un père, un frère, un fils, un ami surtout et nous rêvions fort et son cancer me
trouva, en fait, fort dépourvu autant que broyé par la peine.
J’ai rencontré Gérard pour la première fois chez Pierre Blanc. J’étais en short, c’était l’été et notre
poignée de main fut vigoureuse. Il se positionnait comme notre fournisseur de bitume et de liants
modifiés. Nous nous sommes présentés et ensuite, je n’ai plus eu de nouvelle jusqu’à la vente de
Piani à SCR futur Appia.
Là, Gérard me passe un coup de fil et me tient ces propos : « c’est dommage, c’était bien parti, vous
allez passer à la trappe avec Piani qui se vend et vous, minoritaire dans EGL ! ». Je réponds
illico : « Vous rigolez, c’était mon projet, revenez dans 6 mois et vous verrez, c’est la dernière fois que
je m’associe avec un riche, c’est pas fiable !». Nous rions et effectivement, 6 mois plus tard jour pour
jour, je vois une Mercedes à mon bureau. Je l’accueille, regarde une montre imaginaire et lui dit :
« Vous êtes en avance ! » nous rions encore. Je l’invite, et pendant deux heures, nous nous dévoilons
qui nous sommes et nos rêves les plus fous. C’est sûr, le courant passe, nous sommes de la même
race, heureux de se trouver. Suivront P2R ou Siorat prend 30 % de P2R et je rentre à 20 % dans SGL,
société de liants à Arles. Puis, Epsilon, le laboratoire routier sous l’impulsion de Michel Pavoine qui a
rejoint Siorat et de Jean-Louis Duchez, le savant aux yeux bleus.
Bref, une collaboration ou nous posons les bases du futur et nous traçons une ligne Paris-LyonMarseille où, avec Moulin, je souhaite me développer. Bien sûr, Rhône-Alpes c’est pour nous, il ne
faut pas brader notre futur mais le reste du monde est à partager.
Les analyses de Gérard sont toujours stratégiques et il me forme à la chimie, à l’intime, à l’indicible
dans la route !
Comme moi, il a une passion pour les batailles et les grands chefs du passé. Nous parlons d’Alexandre
Hannibal, de césar et de Churchill, bref, c’est super.
Surtout, le rire étant le propre de l’homme, nous rions beaucoup, du monde et de nous-même.
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Un jour, avec mon réseau, nous sommes à cuba et à deux doigts de nous y installer, le lendemain, il
est en Albanie où il rafle une des seules mines d’asphalte au monde. Une mine mythique où Rome
venait déjà chercher ses produits d’étanchéité il y a 2000 ans.
Alors, lorsqu’un soir au téléphone il me lâche sans préalable qu’il en a pour deux mois, cancer du
duodénum, c’est la peine et aussi un pan du futur qui s’écroule. Il m’invite à Brives pour parler et
choisir les morceaux pour son incinération et finalement, ce sont deux ans qu’il arrachera
héroïquement à la vie. Juste le temps d’assurer le minimum pour Mireille. Michel Pavoine, son
associé, amènera le groupe Siorat dans le sein de NGE pour le pérenniser et moi, je découvre un
nouveau partenaire.
Pourtant, chaque tonne qui sort de P2R, je la dédie à Gérard Kolbel. Je crois en la vie éternelle et
ensemble, nous bousculerons les étoiles, nous « Big-Banguerons » à qui mieux-mieux !
Oui, j’en suis certain, c’est ça la magie de Dieu.
Le Big bang est pour nous Violaine et ce n’est pas juridique.
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STALINGRAD
Au loin le monde semble s’écrouler une fois encore
Là en bas, dans le grand champ, un homme, seul,
Genou à terre, le poing serré semble prier.
Blême, le visage marqué, il cherche son souffle,
Peut-être est-il blessé, peut-être il se pardonne ?
La vie dans son cœur, dans sa tête repasse,
L’histoire aujourd’hui, comme toujours se répète.
Ainsi la souffrance de l’homme viendra toujours par l’homme !
Maintenant du sang coule sur son flanc et va jusqu’à terre
Alors il les voit, ils sortent de leurs cachettes et
Arrivent de toute part, les snipers et les autres.
Le temps lui est compté, l’amour n’a pas suffit,
Ou alors n’était-il pas assez fort, bien qu’il grandisse encore.
Dieu seul le sait, mais Dieu est en vacances.
Il a bien travaillé, son monde reste si beau.
Son poing serré s’ouvre et tombent quelques graines.
Alors, il les entend, ils seront bientôt là.
Vite il pense à ses amis. Il pense à tous ceux qui l’ont aimé,
A ceux qui sont partis, à ceux qui vont partir.
Déjà il leur pardonne, déjà il sent son souffle
Alors il ramasse ses armes, se redresse et respire.
Il en manque une, la plus belle, la plus fragile.
A demi enfouie dans le sol enfin il la retrouve !
Elle a un peu souffert, mais elle semble plus forte.
Le sourire au cœur, son souffle dans le dos,
Il charge en hurlant,
Non vraiment ils n’ont pas encore gagné !!
A Gérard Kolbel
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Pusignan centre du monde et l’anniversaire de Mme Genthon
Nous y voilà ! Qu’est-ce donc un centre du monde ? Est-ce une référence à Dali et sa gare de
Perpignan ? En vérité, oui et non.
C’est d’abord le pays de ma mère et donc il mérite mon attention. Quand je suis élu à Pusignan en
1989, tout n’est pas rose. L’agriculture moderne à broyé les fermes anciennes et on produit plus
qu’on ne nourrit les habitants. Pour les commerces, c’est difficile, Pusignan est moche, ses entrées de
ville sont catastrophiques.
Pour l’emploi, ça commence bien, André Pautet a démarré la ZAC du mariage mais c’est la crise.
Les associations se portent bien mais le bénévolat se fait rare, Bref, il y a du taf !
Dans mon esprit, un centre du monde c’est là où il y a le plus d’amour au m². Un amour constructif et
fédérateur. D’où l’idée, un peu folle à court terme mais raisonnable sur la durée, d’agir sur tous les
secteurs qui permettraient à Pusignan d’être un exemple.
Mon métier d’ingénieur et ma connaissance des lieux me permettent de faire une synthèse. Je le
couche sur des plans et je commence mon travail sur le terrain. Je conçois le binôme Tebior –
Association Arboretum pour couvrir l’espace et mon travail sur les zones industrielles porte ses fruits.
Je monte, en partenariat le 8 à 8 et la boucherie et de ce côté-là, on avance. Quand ça bloque,
comme pour l’accès à la zone industrielle, je fais un téléthon et 700 ml de route sont créés.
Au niveau environnemental, je remblais les anciennes carrières, je cure l’étang des bruyères,
impêchable en cas de sécheresse, je fais un merlon pour protéger Montcerrat, je fais acheter le
château à la mairie.
Pour l’agriculture, je compte sur Christine et ses associés, et deux libre-cueillette, c’est un modèle du
genre. Des asperges aux sapins de Noël, ça a de la gueule !
Bref, mes projets sont en ligne. Pour leurs donner une cohérence d’ensemble, j’organise en mairie en
2003, les 63 ans de Madame Genthon, où je présente 63 projets par thèmes structurants. Cette
réunion fraternelle est un succès et de nombreuses personnalités y assistent. Lucien Barge, André
Pautet, un représentant de Madame Comparini, Guy Mathiolon, Eric Gagnaire et un certain nombre
d’invités. Chantal est ravie et un article de presse résume assez bien mes projets. Pourtant, si dans
l’ambiance M. Pautet et Mme Genthon trinquent au futur maire, personne ne comprend
complètement que je fais faire l’essentiel des projets.
C’est trop beau pour être vrai, une autre définition du « centre du monde ».
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2004 : Tebior le concept
Tebior, c’est une idée, une idée de l’entreprise comme partie intégrante de l’humanité au service
de l’humanité.
A l’origine, Tebior a été créée en 1995 comme holding pour porter les parts de RMF TP et de EGL
(Enrobés du Grand Lyon). Son véritable envol a eu lieu lors du rachat de MGB avec Serfim. Là, j’ai eu
un besoin urgent de fonds, 500 K€ pour capitaliser Tebior et lever un emprunt de 1 M€ pour la rachat
de l’ordre de 2M€ plus 500 K€ pour le recapitaliser suite à une trésorerie défaillante.
Là, me vient l’idée de regrouper par pôle les meilleurs partenaires et amis afin de les intégrer à 20%,
le fameux cinquième élément de Luc Besson dans la holding Tebior. Ces pôles constituent un miroir
des secteurs où la holding doit être présente sur plusieurs générations ou, du moins à 40 ans. Il y a
urgence, car nous avons deux mois pour faire le rachat avec Guy Mathiolon, et je n’ai pas ses moyens
financiers, loin s’en faut. Je fais le tour des popotes sous l’œil circonspect de Violaine et, miracle
aucun ne se défile. Je créé donc un pôle investisseurs avec PRD et Longbow pour 110 parts chacun,
un pôle constructeur avec EM2C pour 42 parts ainsi que HTC et ARIES pour 28 parts. Je créé un pôle
BTP avec les Brunet pour 70 parts, Chambard pour 50 parts, Serfim pour 60 parts, De Gata pour 30
parts, Perret TP pour 20, Lachana pour 10, pour Cléma, Stal et Coiro, 10 chacun. Pour 10 également,
Boisset. Valrhône, Martel, et Vicat rentrent symboliquement pour 1 part chacun. Je créé un pôle
environnement avec Serpol (Serfim), Gravco pour 23 parts et Buty pour 10 parts. Malheureusement
Euroconseil (Yann Gaillard) reste pour une part, il faut bien un Judas mais au final je ne lui en veux
pas, chacun trace son sillon.
Je créé aussi un pôle paysage avec Charly nature, Orsat et Chazal pour une part, un pôle agricole,
avec Christine Vidon, mon cousin Claude Raphaël et Pascal Allabouvette, l’éleveur de cochons de
Pusignan pour une part chacun. Je créé un pôle amitié durable et séduction divers ou Violaine, Sylvie
Chassagne, Peguy Karamétas, Gérard Kolbel, Dimotrans et quelques autres nous rejoignent et enfin
un pôle Collaborateurs structurants, ou les principaux cadres prennent tous une part, je pense à
Thierry Millat, Jedi parmi les Jedi. Avec cela, je lève mes 500 K€ pour financer le rachat MGB et
j’accepte de descendre dans une structure holding de 50 à 35 % pour faire plaisir à Guy et éviter de
m’essouffler financièrement. Surtout, j’ai, je pense, rassemblé une dream-team, que je veux
combinatoire sur l’espace-temps et dans les différents métiers, de l’investisseur à partir du foncier
jusqu’à la concrétisation de projets, clé en main avec partenaires sous-traitants intégrés.
C’est très ambitieux, je conseille aux lecteurs la visite du site Tebior.com. La lecture des documents
fondateurs, la liaison avec le mécénat et l’axe directeur. Je citerai le texte conclusion des documents
fondateurs : « Nul n’est prophète dans son pays ainsi chaque jour je le construis » et surtout le
slogan originel de Tebior : « S’il suffisait d’être carré pour construire le monde, le big-bang aurait fait
des cubes et non des sphères et les poules auraient mal au cul ».
20 ans après sa création, Tebior se porte bien, une première partie basée à Pusignan pèse environ 30
M€ de chiffre d’affaires pour 1.3 M€ de résultat net en 2014, 5.5 de fond propre et 4.4 M€ de
trésorerie. Une autre, en association avec Serfim a le même poids financier avec MGB à Mornant et
Chambard à St Marcellin. Ainsi structuré, les 10 prochaines années vont être solides. L’objectif est de
pérenniser coute que coute les emplois par une capitalisation minimum de 25 % du chiffre d’affaires.
Je pense que nous pouvons facilement doubler le chiffre d’affaires malgré la crise mais l’essentiel est
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ailleurs. En fait, par la structure de mon capital famille + cinquième élément, par son binôme avec la
fondation Arboretum qui représente notre attachement et aussi notre reconnaissance à ce pays,
Tebior est structurellement unique. Trop souvent les PME sont fermées sur elles-mêmes. En cas de
réussite, les dirigeants s’embourgeoisent et oublient leurs devoirs, se plaignent de la moindre
contrariété alors que leurs salariés viennent au turbin pour 10 à 50 fois moins de revenus qu’eux.
Bref, développement sans conscience n’est que ruine du pays !
Je pense avoir trouvé l’équilibre parfait pour un développement maitrisé et une bonne estime de soi.
Je peux regarder chaque client, chaque partenaire, chaque salarié dans les yeux. Je suis généreux et
l’échange est souvent à l’avantage de l’autre. Je me récupère par le nombre et la richesse des
échanges 30 fois, 40/60 valent mieux qu’un 50/50 !
Bref, longue vie à Tebior et je suis sûr que mes successeurs auront à cœur de respecter les textes
fondateurs.
C’est un hymne familial, un viatique d’espérance.
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La dream-team
Il faut donc présenter quelques-uns des partenaires de cette dream-team malgré eux. Vous
connaissez déjà les Moulin, les Chambard, les Brunet, je vais donc faire une présentation simplifiée et
chronologique.
En premier lieu, HTC et ARIES. A l’origine, chez Brunet, je travaillais pour un groupe lyonnais EGLE ou
Alain reboul était directeur et Christian Gagnant, conducteur de travaux, ainsi qu’Aline Burlinchon,
leur comptable, la nôtre maintenant. Pendant plusieurs années de folie, nous avons suivi, les yeux
fermés, leur développement, avant une fin tragique ou nous obtenions une Lamborghini pour solde
de tout compte. Bref, quand ça a commencé à sentir le sapin, avec 7 amis nous montions Aries ou je
fus le premier président. Henri Tresciack et Alain Reboul, de leur côté, montèrent HTC et débuta
alors notre collaboration. Bref, nous sommes quasiment conscrits. Chez Brunet, je rencontrais Yvan
Patet qui démarrait et sur un chantier à Thil, démarra alors une collaboration fructueuse, même si sa
mise en sauvegarde a un gout amer pour nous. Toujours chez Brunet, alors élu, je rencontrais Ted et
Steve Dickson à un cocktail chez EGLE précisément. Là, ils avaient un problème pour trouver un
foncier pour un investisseur anglais qui voulait monter l’ancêtre du village de marques. Henri
Tresciack, devant Richard Bergeret, leur architecte, me mit au défi, je répondis immédiatement et le
lendemain à 6 heures du matin, nous étions à Pusignan ! Démarra alors une collaboration de 20 ans
qui va durer encore 20 ans, date présumée de la retraite de Steve. Plus tard, Alain Reboul me fit
rencontrer la jeune société PRD, Jacques Héninot et Eric Gagnière. Nous fîmes, après un contact
plutôt contrasté, leur première plateforme en plaine de l’Ain. A l’époque, vu l’importance du marché,
nos banques s’inquiètent de la solidité de PRD, la suite leur donna grand tort ! Ensemble, sur le
territoire national, c’est plus de 2 000 000 m² de logistique au compteur ! Bref, des liens étroits et
une amitié au bout du compte.
Je rencontrais Violaine, ma conseillère juridique grâce à M. Burdy. Notre conseiller historique ayant
eu droit à un séjour en prison après qu’il eut failli avec le club de Hockey de Lyon, n’est pas Aulas qui
veut ! Notre première rencontre se fit au pied de la mairie et là, je fus saisi, je le suis encore mais
bon, un ange gardien ça se mérite, même si aujourd’hui son emploi du temps est compliqué.
Le partenaire lyonnais Stal se rencontra au pied du mur et nous fîmes équipe pour livrer en terre
végétale des chantiers référents lyonnais, la cité internationale et le parc de Gerland, pour l’éternité
la terre de Pusignan en centre-ville ! Stal m’amènera Coiro par la suite. En fait, toujours des
rencontres professionnelles productives.
Je terminerai par Guy Mathiolon, mon compagnon de garde à vue. Chez Brunet, j’avais inventé le
concept déblaiterie, l’ancêtre du recyclage moderne. La mise en page était soignée et le concept
abouti. Après une parution sur « Lyon demain » l’ancêtre du « Lyon mag » monté avec notre aide par
M. Arisi, Guy en bon veilleur d’opportunité prit contact avec moi. Nous prîmes l’habitude de nous
voir annuellement pour faire le tour d’horizon et je lui fis acheter Sosadrag à Chambard. Quand
l’affaire MGB se présenta, son directeur, devenu mon ami, Eric Payen n’était pas chaud du tout. Je lui
dis alors que si on ratait cette affaire, toute collaboration future était exclue. En entrepreneur, Guy
trancha à sa grande joie aujourd’hui ! Nous fîmes donc MGB, puis Chambard récemment. A ce jour et
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pour les 15 prochaines années, il n’y a pas de raison pour que ARGM (le nouveau nom de MGB part)
ne fasse pas d’autres petits.
Bref, projets qui roulent n’amassent pas croûtes !
En réalité, si les échanges bi ou tripartites fonctionnent, j’ai eu du mal sur le combinatoire total. Ainsi
je n’ai pu associer, à ma grande désolation, deux investisseurs en pool ou deux constructeurs.
C’est vraiment dommage et la partie la plus brillante du concept n’a pas pu s’exprimer. Par exemple,
la non compatibilité entre Steve et PRD m’a amené le cas Darty et même Socara dans des conditions
pour le moins inattendues vu l’historique et l’évolution du foncier. Si, au final, RMF a pu retrouver de
l’activité, elle a été soumise à une hyper-concurrence en « construisant » au départ le foncier et
donc, ce n’était pas franchement prévu. De même, je ne pensais pas un jour être concurrent de
Moulin sur l’Est lyonnais, sur un marché routier vu que RMF était à l’origine leur développement
routier, mais bon les voix successorales sont bien difficiles et il faut savoir rester zen.
Quand les dés sont lancés, il faut accepter le libre arbitre de chacun et au final retenir le positif car
aujourd’hui, c’est déjà demain. Il faut après avoir été généreux savoir aussi se protéger car le match
d’après est toujours le plus important.
C’est pourquoi en 2013, je rachèterai 16 % des 20 % pour éviter à long terme une trop grande
perte au feu, même s’il s’agit de feu sacré quand même !
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2009
L’année des JEDI !!!
La crise profonde actuelle issue de la finance à quelque chose d’unique. C’est la première crise majeure sans cause
réelle ou extérieure. C’est un suicide fabriqué par le système lui-même. C’est un abandon moral du politique mondial aux
pouvoirs dévoyés et absolus de l’argent. Une quête de veau d’or philoso-anal orchestrée par les alchimistes vaudous du
calcul spéculatif.
Pour cela, elle est encore plus injuste pour ceux qui la subissent et les souffrances à venir sont insupportables !
Il nous faut immédiatement résister collectivement et de manière coordonnée. Il nous faut de l’innovation, de l’engagement,
de la foi et de la …
…Poésie !
L’innovation : les années fric facile nous conduisent à l’habituel individualisme et à la paresse sociétale. Quels sont les
besoins fondamentaux de l’homme ?
De l’air, de l’eau, des aliments, un toit pour dormir, une famille à aimer, des amis à aider, et un monde à partager.
A partir de là, le champ d’action individuel et collectif devient infini et nous devons redécouvrir autant qu’inventer les
solutions qui permettront une société fraternelle et équilibrée. Alors qu’il y a une infinité de solution, l’innovation n’est
pas de remplacer un système A’ par un système B’.
Equilibre équitable plutôt que développement durable.
Bref : L’innovation c’est encourager les petits ruisseaux qui feront de belles rivières au service d’une seule et même mère : la
terre !
Demain sans innovation, c’est aujourd’hui sans espoir !
L’engagement : Il n’y a pas de solution sans action, pas de bonne parole utile sans geste efficace qui suit immédiatement. Il
faut donc de l’engagement.
Le courage des poilus et la constance du laboureur !
Bref : l’engagement c’est le moteur du renouveau.
Demain sans engagement, c’est aujourd’hui sans force !
La foi : la foi c’est d’abord une conscience aigüe de tout ce qui nous entoure, une sur-écoute de l’autre. C’est aussi une juste
et pleine conscience du passé, une mémoire active de ses apports humanistes.
C’est un retour aux sources, un abandon à la flamme !
Bref : C’est une parcelle de divin qui dans chacun de nous peut nous faire lever, marcher et même voler !
Demain sans foi, c’est aujourd’hui sans Amour !
La poésie : La poésie c’est la fulgurance de l’émerveillement, une infinité d’émotions couchée en quelques mots.
Le poète voit loin et son amour de demain projette notre avenir.
C’est le perpétuel éveil, c’est la sentinelle et la voiture balai !
Bref : le poète à toujours raison et la femme est encore l’avenir de l’homme.
Demain sans poésie c’est aujourd’hui sans âme !
A Wangari MAATHAI et ses sœurs Nobel
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Le rachat MGB 2003
En 1998, après l’épisode Piani, j’avais élaboré une stratégie à 2 postes sur l’agglomération lyonnaise,
l’un à l’Ouest, l’autre à l’Est. Il se trouve que je rencontrai Pierre Vion par l’intermédiaire de Georges
Martel alors associé majoritaire chez MGB. Une rencontre avec Gérard Kolbel au restaurant de
Ferraguet fixa alors les règles. Un poste à Pusignan à 70 % RMF et 30 % MARTEL/MGB et un poste à
Mornant à 70 % MGB et 30 % RMF. Le hasard du calendrier fit que Mornant devait démarrer en
premier et nous constituions la société EOL avant P2R. Pour des raisons politiques et administratives,
la première installation à Mornant fut refusée et je proposai illico d’amener le poste à Pusignan chez
Verdolini avec pour idée de revenir à 50/50 dans la foulée sur un premier poste et de voir venir.
C’est ainsi que, financés par notre banquier de la Société Générale, M. BOUSSARD, EOL et son poste
RM 120 se retrouvèrent à Pusignan chez Verdolini pour une autorisation provisoire d’un an. Au bout
de 9 mois, la première situation faisait ressortir un bénéfice de 611 000 Francs avec une prise
d’enrobé à 2/3 RMF et 1/3 MGB/Martel. Je proposai donc de laisser le poste un an ou deux de plus,
le temps d’amortir et de se faire tous un peu de gras. Là, en fait, Martel vend ses parts à Vion qui
devient seul maître chez MGB et majoritaire donc chez EOL. Nos relations se gâtent et malgré nos
relances nous ne sommes pas revenus à 50/50 ce qui est pour le moins incorrect et insinue le doute.
Je crains que nos efforts ne servent, en fait, qu’à payer l’installation d’EOL à Mornant et le problème
des retours sur tonnes est posé. N’arrivant pas à discuter sereinement avec Pierre Vion, je bloque les
règlements EOL et organise notre séparation dans la douleur. Après un équilibrage des comptes, je
laisse partir EOL et ses 30% à Mornant. C’est un peu violent mais l’expérience Piani m’a rendu
intransigeant.
Ensuite, chacun mène sa vie de son côté, sans relation mais sans animosité aucune. Je monte dans la
foulée P2R avec Gérard Kolbel non sans avoir enrichi le poste Dumas dans l’intervalle. 5 ans après,
alors que ma période de direction Moulin s’achève difficilement, mes informateurs me disent que la
situation chez MGB s’est détériorée et que Pierre Vion serait malade. Après une croissance et des
investissements lourds, la société aurait des difficultés. Pierre a mis la barre très haute (qui peut lui
en faire le reproche ?) et il semble être victime d’un retour en ciseaux. Vu notre séparation, j’hésite à
me présenter directement à Pierre pour qui j’ai un grand respect malgré nos divergences passées.
Entre temps, je croise M. Demarle, d’APPIA, un ami commun, qui me confirme la situation. Je décide
donc de le faire, de retour d’une réunion à l’Enise, et un soir je me présente sur le seuil de MGB.
Pierre me reçoit dans son bureau, visiblement content de me voir. Il me rappelle que nous sommes
les deux seuls à n’être partis de rien et que nous n’aurions pas dû nous séparer. J’acquiesce et lui dis
que le passé est le passé mais qu’en fait rien n’empêche d’envisager une synergie sur l’avenir. Pierre
m’explique ses problèmes financiers et de santé, et me dit vouloir céder. Je lui dis que je peux faire
un tour de table si le prix est à plus ou moins 10 % dans l’estimation que je me fais de l’entreprise.
Pierre m’indique son prix et je lui dis que nous allons faire affaire. En rentrant, je m’arrête à
Vénissieux, chez Serfim ou j’explique le projet à Guy Mathiolon. Il est sceptique et nous parions sa
voiture, une Avantime rouge et nous engageons immédiatement la discussion car le temps est
précieux. La période qui a suivi a été dense car je devais en parallèle remonter les fonds sur Tebior.
De plus, l’aspect juridique était compliqué. Heureusement, la fille de Pierre Vion et Violaine Leboeuf
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furent compatibles et deux mois plus tard nous nous retrouvions chez Excel pour signer la vente.
D’un coup, je venais de reconstituer la stratégique à 2 postes et m’associais enfin avec Guy.
L’année suivante, je fis tant bien que mal l’intérim et fis quotidiennement un aller-retour sur
Mornant, avant que le destin nous permis d’embaucher Frédéric Foschia, le cadre référent depuis 10
ans. La société Serfim, elle, mis en place le système de gestion et le reporting mensuel animé par
Fred Foschia, où Eric Payen et moi sommes toujours présents, ainsi que le DAF Serfim bien entendu.
C’est un moment important et fédérateur où chacun respecte l’autre et où tout est mis sur la table. A
partir de cette société, nous reprîmes Chambard, ce qui fait que Grenoble, Valence, St Etienne et
Lyon Ouest peuvent être couverts pas ces deux entités. Je laisserai à Frédéric dire son vécu sur MGB.
« Mon premier contact avec André Roibet a eu lieu en 1996 dans une baraque de chantier pour des
problèmes au poste EGL (Enrobés Grand Lyon), le prédécesseur de P2R.
En effet, après quelques passées dans le sud de la France (Nice, Marseille, Avignon), je reviens sur
Lyon au sein du groupe Chimique de la Route puis Beugnet.
En 2000, Eiffage me demande de quitter la région lyonnaise pour la Haute Savoie alors j’intègre Jean
Lefebvre à Chassieu.
Durant quatre ans, je dirige les agences de Chassieu, Charvieu Chavagneux et Bourgoin Jallieu.
Ce triangle a la particularité d’avoir en son centre : le village de Pusignan. Ces années m’ont permis
d’avoir de nombreux contacts avec RMF ou j’apprends à découvrir l’homme captivant qu’est André
Roibet et ses histoires.
Puis vint, l’annexion de EJL par Eurovia et rapidement, je ne sens plus l’odeur des chantiers et du
bitume, mon temps s’écoule à remplir des papiers, faire des tableaux, un budget B1 puis un B2 puis
un B3….. pour la même année…
Voici le régime de la bureaucratie, où les administratifs et les qualiticiens ont plus de pouvoir que les
exploitants qui font vivre l’entreprise.
Un jour de l’automne 2003, c’est l’overdose, contacté par André Roibet et Eric Payen, je n’hésite pas à
quitter mon poste devenu trop confortable et abandonne les 25 M€ de EJL pour les 7 M€ de MGB.
« Quelle connerie ! » « C’est n’importe quoi !! » : rare sont ceux qui, à ce moment ont compris mon
choix, et tous m’assurent que l’alliance entre l’Eau (Eric Payen) et le Feu (André Roibet) ne durerait
pas plus de 6 mois et que rapidement je reviendrais chez un major de la Route.
Depuis janvier 2004, MGB se structure tranquillement et se développe, la société de 49 personnes est
aujourd’hui à 100 salariés et intervient régulièrement sur St Etienne, terre de l’ENISE au grand plaisir
d’André.
Routière Chambard nous rejoint en 2010, avec la fierté en 2014 d’avoir pris le chantier du pôle
multimodal en plein centre de Grenoble. Près de 2 M€, pris de haute lutte aux Entreprises nationales.
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Alors que je n’avais jamais résisté plus de 5 ans au sein des grands groupes, mon travail pour André et
Guy Mathiolon dure depuis plus de 10 ans, et j’espère qu’il continuera encore de nombreuses
années…..»
Voilà, Fred a bien résumé l’aventure humaine et technique !
Pour terminer, je dirai que la géographie précède l’histoire et MGB-Chambard c’est une belle
histoire.
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2005 : L’échec
La période est difficile sur le plan personnel. La maladie de Charcot étouffe Huguette petit à petit,
implacablement. La fin de cette maladie est terrible au bout d’une déchéance physique, l’âme est
rabotée chaque jour. Ma mère ne comprend pas, elle s’accroche comme Jean-Paul II. Sur le plan
professionnel, il faut assurer l’approvisionnement de P2R en granulats, c’est vital.
La carrière locale Verdolini est mal plaçée et n’a plus de gisement. C’est, en fait un centre de
traitement, il y a donc un truc à faire ensemble et avec Vicat. Je décide de proposer enfin un projet
au sud de la commune, en limite de la 2AD (zone d’aménagement différé) de St Exupéry. A terme, si
l’aéroport réalise son extension, il ne restera qu’une centaine d’hectares agricoles et la commune
sera enchâssée entre les pistes. L’idée est donc de réaliser un aménagement qualitatif sur ces
surfaces et de réaliser une ferme pédagogique entourée dans un arboretum, en réaménagement
d’une carrière qui en assurera le financement. Il y a déjà des exemples, le parc de Miribel et une
carrière, les étangs de Pusignan sont d’anciennes carrières.
Là, c’est différent et plus protecteur. On passe d’un espace agricole intensif où seules quelques haies
subsistent, à un jardin d’Eden où l’on créé de l’emploi agricole dans un écrin arboré. Je m’appuis sur
Christine Vidon, mon amie d’enfance, et dans mon esprit la génération d’avenir de paysans peut se
fédérer autour d’une halle paysanne.
Je pense à Christine, à Moïse, à Pascal Allabouvette, à Pierre Grossat, à Pascal vacher, à Mojon
notamment. Le transfert de Samse en zone industrielle en discussion, devrait libérer et réhabiliter un
site placé idéalement entre les coteaux en limite des zones habitées et de l’espace agricole. Chantal
Genthon soutient timidement le projet (dessiné en 1993 sommairement) et je demande donc une
entrevue à Gilbert Marboeuf, l’adjoint qui a succédé à Jean-Claude Curtat, à l’urbanisme. Il vient me
rendre visite dans mon bureau où, ce jour précis, la peine d’Huguette me tenaille. Il me dit apprécier
le côté environnemental et qu’il soutiendra mon projet. En revanche, il me dit dans la foulée qu’il a le
soutien de Chantal pour lui succéder à la Mairie. Je l’ai écrit, à son anniversaire nous avons trinqué au
futur Mairie avec Pautet et Gilbert qui étaient là précisément et a donc trinqué avec nous. Elle a
changé d’avis, le deuxième mandat de Chantal est tendu et elle s’appuie sur Gilbert et Pierre plus
que sur le reste du conseil. Nous nous sommes brouillés après qu’elle ait au dernier moment bloqué
l’installation d’une tribune que j’avais financée pour le foot. Cette tribune était fournie par Mondial
Chapiteau qui organise de grands évènements recevant du public et l’excuse de la sécurité ne tenait
pas.
Surtout, elle m’a fermée l’accès au château et un arrêté a été pris spécialement. Il faudra attendre la
création de l’AMHP et surtout la volonté de Dédé Noallet pour que revive le château. C’est injuste
mais c’est la vie et bien sûr je le soutiens activement et je me suis, en bon chrétien, réconcilié avec
Chantal Genthon depuis. Comme Moïse, la traversée du Jourdain m’est provisoirement interdite.
Là, c’est autre chose, je dois prendre une décision, bien que cela ne soit pas formulé ainsi, ça
ressemble à un deal.
Gilbert a environ 12 ans de plus que moi minimum, c’est-à-dire deux mandats. Il n’est pas le plus
dynamique mais son discours est agréable et fédérateur. Je reporte donc intellectuellement ma
candidature au poste de Maire et me concentre sur mon projet.
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A ce moment, il y a du rififi à St Exupéry et Francis Allimant, un ami lyonnais, ainsi que Guy
Mathiolon me parlent de Sylviane Chabert, figure historique, qui a travaillé au développement
stratégique depuis le début. Elle a des problèmes avec M. Chaffange, le directeur de l’aéroport, et il
faut sauver le soldat Chabert. Je lui propose de s’occuper de la mise en forme du projet et des
relations avec les élus locaux et les riverains. Si le projet se fait, nous aurons les moyens de la garder
pour la promotion de l’arboretum et de la ferme pédagogique, milieu qu’elle connait parfaitement.
Techniquement, je m’associe avec la société Vicat qui consomme des matériaux roulés pour les
bétons, complémentaires à notre consommation de matériaux concassés pour les enrobés, ce qui
permet d’équilibrer le gisement ciblé. C’est une association parfaite. Après avoir eu l’accord des
principaux propriétaires fonciers, un plan de synthèse est fait et présenté en commission
d’urbanisme, étape indispensable avant le conseil qui décide la modification du PLU. Le travail en
partenariat, comme cela se fait ailleurs, est inexistant et les oppositions se déchainent. A l’intérieur
du conseil, ou le deuxième mandat de Chantal est tendu, des propos incohérents fusent et la
mauvaise foi prospère. Le projet le plus fédérateur qui soit devient clivant. A l’extérieur, le CRI, une
association locale, fait des tracts d’un autre âge, ce qui conforte le parti des « anti » à l’intérieur du
conseil. Le projet est peut-être trop ambitieux et les volumes trop importants. Je fais aussi l’erreur,
par souci d’efficacité, de mettre l’installation de concassage dans le projet au lieu de le rapatrier en
zone industrielle. C’est pourtant le moyen de créer la masse financière qui garantira
immanquablement le succès du réaménagement en Arboretum et ferme pédagogique. Mais, ici
comme ailleurs, les gens n’acceptent aucune contrainte sur le présent pour préparer l’avenir, c’est le
problème de la France en général et de la dette en particulier.
De plus, Lesly (ex Satorail) revient et c’est le meilleur moyen de l’intégrer au Sud. Je n’en veux pas à
Gilbert, il a été très courageux et a tenu bon jusqu’au bout, mais le manque de préparation en amont
a été fatal. Vu le contexte, il n’y avait pas de solution de toute façon, le conseil municipal n’était plus
homogène et c’était règlement de comptes à OK corral. Ca fait village gaulois avec la haine en plus.
Bref, le conseil vota contre le projet à une grande majorité, ce qui mit en danger à long terme mes
activités et me priva à cet instant de l’espoir de réaliser l’arboretum et la ferme pédagogique. La
souffrance fut forte et gentiment une soirée entre amis à Lyon, avec Pierre Grossat, Lucien Barge,
Christine Vidon, Serge Barge et Sylviane Chabert enterra ce magnifique projet.
Je me fis la promesse de ne plus me mettre en danger et de laisser donc l’espace sud à son triste
sort. Je dis même à mon entourage de me le rappeler le cas échéant. Le groupe subit plus tard la
crise de 2008 et il fallut donc se battre pour la vie mais dans toute bataille, si vous gagnez vous sortez
plus fort. Sans avoir les moyens financiers du projet initial, le groupe aujourd’hui a les moyens de
monter un projet formidable. Une autre promesse plus productive fut faite. J’ai décidé une fois pour
toutes que dans le reste de ma vie, je ne ferai rien contre ma conscience et ce que je crois être la
vérité. Surtout je me douterai plus de la grâce du Seigneur, et mon engagement durera le temps que
mes capacités physiques et intellectuelles me le permettront, il n’y a pas de retraite, dans les deux
sens du terme pour servir l’AMOUR au sens le plus large.
Le Roi est mort, vive le Roi ! Et vive l’Arboretum et la ferme pédagogique !!
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L’A.G. 2009 : la venue de Bernard LAPORTE
Après le premier plan de 1993 présenté à Charles Millon et sa version 2 présentée pour l’anniversaire
de Mme Genthon, il fallait retrouver un moyen de présenter une troisième version plus élaborée.
Il se trouve que j’ai créé ValRhône TP en 2000 à Châteauneuf sur Isère dans la Drôme près de
Valence, dans le cadre de ma stratégie Rhône-alpine.
Cette entreprise créée en association et autour du propriétaire actuel, Jean-Luc Piroux, de
l’entreprise Boisset TP de Mercurol, ancien Martin également et de Moulin TP. Il se trouve que Pierre
Buis, le Maire de Châteauneuf, est un ami de mon cousin Lucien Barge, le Maire de Jonage et porte
sur son immense commune (5 800 hectares, comme Pusignan la gare de TGV de Valence est sur
Châteauneuf), outre le Rovaltain un éco parc pour Sud Rhône Alpes, un projet de zone de loisirs
important avec les fameuses folies du lac en tête d’affiche. Il y a également des campings et autour
des folies, s’est monté le projet des rêveries du lac par un promoteur tordu, M. Trigano, un
homonyme du fondateur du Club Med. Imprudent, Bernard Laporte, pas encore ministre mais
toujours entraineur de l’équipe de France, prête son nom au projet et finalement l’affaire finit en
liquidation. Là, j’interviens, nous essayons de reprendre l’activité et nous échouons non sans avoir
remembrés à nos frais l’immobilier au profit des propriétaires et laisser 400 000 €uros pour arrêter
un bail impossible à tenir. En fait, le taux de rentabilité de 6% était impossible à rentabiliser et donc
le prix de l’immobilier valait le tiers au maximum du prix d’achat. Les banques, complices à l’époque,
ont prêté sans broncher à des gens qui se sont endettés pour acheter des appartements censés leur
rapporter beaucoup d’argent sans rien faire. Bref, triste exemple de la folie immobilière à l’image des
subprimes américains ou espagnols. A ce jour, les rêveries sont reprises par un professionnel MMV et
donnent environ 1% et évitent surtout l’abandon et la détérioration du site. Bref, c’est à cette
occasion que je rencontre, avec pierre Buis, Bernard Laporte à Marcousy avant la coupe du monde
2007 en France, et avec qui j’ai un entretien d’une heure et demi sur le rugby en général. Je lui
exprime mon inquiétude à terme pour Bourgoin et il me fait part de son expérience avec le stade
français. Si on veut jouer les têtes d’affiche en championnat de France, il préconise une fusion du Lou
et du CSBJ uniquement sur la partie professionnelle, et de garder les entités amateur et formatrice
de chacun, basée sur le respect des identités. Plus tard, je rencontre à nouveau Bernard Laporte,
alors secrétaire d’état de Sakozy, sur le dossier du grand stade car il s’inquiète de l’opposition de
Philippe Meunier qui est pourtant à l’UMP, nous devenons amis, je crois.
Bref, je lui propose de venir mettre son grain de sel à l’assemblée générale Tebior/Arboretum en
mars 2009 à l’odyssée. J’aimerais que notre club Réel puisse s’inscrire dans une synergie régionale et
jouer à son niveau économique possible, c’est-à-dire honneur régional voire fédéral 3. De plus, la vie
professionnelle d’un ministre est courte et en cas de fusion le projet rhônalpin pourrait intéresser
Bernard. Après l’échec de la fusion et son départ du gouvernement Sarkozy, il partira à Toulon avec
le succès qu’on sait.
C’est donc devant une assemblée de 450 personnes et entreprises fédérées que je présente une
vision globale de Pusignan avec la ferme pédagogique, le pusipôle BTP services et pour l’occasion,
« le Wallace Space of Pusignan », avec Bernard Laporte, ministre des sports en invité tête d’affiche.
France 3, qui ne connaissait rien au dossier, fera un résumé d’une minute assez fidèle alors que le
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progrès sera plutôt nul. Les élus locaux invités, comme à leur habitude, ne diront rien mais passeront
un bon moment. La fusion du LOU et du CSBJ capotera finalement suite à des demandes tardives de
retour à meilleure fortune de Pierre Martinet malgré un intérêt certain porté par Olivier Ginon et
Guy Mathiolon. La page est définitivement tournée.
Comme prévu le CSBJ, après un baroud d’honneur et beaucoup de problèmes, sera rétrogradé en
Prod 2 et le Lou peut, tout seul aujourd’hui regarder le Top 14, puissance financière oblige. Par
culture et parce que le club me ressemble plus, j’ai rejoint le CSBJ et gardé mes amis au Lou que je
supporte moralement. Bref, que de gâchis, mais finalement c’est peut-être mieux ainsi, l’avenir nous
le dira. A ce jour, un nouveau projet Wallace, plus modeste sera conçu et présenté en 2015 et je
pense que le Réel XV doit, à terme, jouer en honneur ou fédéral 3. C’est la condition pour motiver
nos joueurs, garder un intérêt sportif au projet et devenir le club fédérateur de la CCEL.
Ici, la vie est généreuse, elle repasse plusieurs fois les plats ! Que, localement cette fois nous
sachions saisir notre chance. L’amour est éternel, moi pas.
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La garde à vue
« Putain de ta race, oh les keufs je suis pas une balance, bande d’enculés … ». Un cri me réveille, je
somnole nous sommes dans la deuxième nuit de ma garde à vue. J’ai froid, la couverture
règlementaire ne suffit pas. Je pue, depuis deux jours je ne me suis pas lavé, un sandwich SNCF pour
repas. J’ai mal à la France.
Je repense à toutes ces années, à ses efforts pour faire passer le Satorail désormais Rhônexpress au
Sud. Je pense au rendez-vous à l’aéroport ou Jean-Roger Revellin est en charge du développement, à
ses rires quand je lui parle du théorème de pythagore, à nos visites communes, au conseil général où
il me permet d’expliquer mes arguments.
Peu de gens, à cette époque connaissent la différence entre un tramway à 1.8 €uro et un tramtrain à
14 €uros. Il est clair que vu les contraintes de temps, il ne peut, en plus, y avoir d’arrêt à Pusignan. Je
pense avoir gagné, mais à l’appel d’offres, aucune option Sud n’est présentée, je passe par Jean
Lefebvre filiale Vinci qui la propose, seule contre tous. Ce n’est pas prévu et donc, vu l’économie de
22 M€ et la réelle chance de trouver un autre passage que la voie de l’Est, plus simple, trop simple. Ils
décident de lancer un nouvel appel d’offres malgré le nouveau retard. Là le destin se ligue contre
moi, le tracé Sud fait à la va vite fait partie intégrante du traité de concession, comble de la débilité, il
ne rentre même pas en gare TGV de St Ex, prévue à cet effet. A Pusignan, après Meyzieu où il y a un
arrêt, il faut bifurquer de suite afin de passer avant le Drungly et longer la ZAD (Zone d’aménagement
différé) le plus tôt possible. C’est l’horreur, il fait une large boucle, passe sur la libre cueillette de
Christine et pour économiser un pont de rien du tout, dénature complètement la déviation Sud.
A Pusignan, on ne bouge pas, Chantal m’avait promis un rendez-vous avec « Michel », mais rien. M.
Mercier, malin, l’a nommée secrétaire départementale et l’a présentée à la députation. Elle est
ficelée, pas d‘aide non plus du conseil, Marboeuf se défile comme d’habitude. J’ai fait un plan de
synthèse sous l’égide de l’association locale des paysans de Pusignan. Nous y avons regroupé en
tranchée les infrastructures déviation Sud et Leslys, ça génèrera du tout-venant pour Verdolini et ça
ne gênera pas les riverains.
Au salon de l’agriculture, Lucien Barge le présentera courageusement à Mercier. Volée de bois vert !
Mon ami, le député Meunier se défile. Je rencontre Rivalta et Colomb, rien non plus.
En fait, avec le traité de concession, Mercier s’est ficelé. A l’enquête publique, l’arrivée en gare est
corrigée mais rien sur Pusignan, déclaré dommage collatéral. Je suis ami avec Guy Mathiolon,
certains lui prêtent un avenir politique et tout le monde se déchaine sur lui. Il y a des soupçons de
corruption sur le marché avec Vinci et Yann Gaillard a, je ne sais comment, déclenché une enquête
pour corruption. Entre Mercier et Mathiolon, et avec Mr Jamet le directeur ombre et lumière de
Mercier, c’est la haine.
L’enquête n’a rien donné et Mathiolon a déjà été mis en examen et jugé pour une soi-disant affaire
de travaux fictifs bien que sa très bonne gestion soit reconnue. Victoire en appel mais on l’a Sali.
C’est le principal assez pour qu’il ne puisse briguer un second mandat. Yann a écrit sur l’enquête
publique et pense à lui seul avoir fait changer l’arrivée en gare. Un journal fait un article comme quoi
ça économise 300 K€. Sans mon accord et en son nom, il facture sans commande 300 K€ à l’aéroport
et ivre de bêtise, monte un bric à brac fumeux avec l’aide du journaliste complaisant. Là, Mercier
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devient ministre de la justice. C’est le boomerang, plainte contre x, le même enquêteur qui n’a rien
trouvé, repart à zéro et cette fois, cherche un complot entre Guy et moi pour allumer un contre feu
où, sur Pusignan nous aurions des accords immobiliers occultes, quelle tristesse ! Depuis 1993, j’ai un
plan de masse connu de tous, mais en fait en toute débilité, je voudrais construire là où le SDAU
l’interdit ! Débile, mais ça mort, Pusignan est interrogé, le maire me charge en me faisant passer
pour un mytho alors qu’il me dit avoir bien rigolé. La volonté de détruire Guy est tenace et comme
l’entrée de Pusignan, je suis un dommage collatéral. On vous met en examen et puis pfuittt pendant
trois ans, pas d’examinateur. C’est une chose de mettre en examen mais à la fin il faut juger sur des
faits, et là, c’est grand guignolesque mais l’essentiel est acquit pour les adversaires, Guy ne s’est pas
représenté à la chambre et pour le moment il est au tapis ! Je ne me vengerai pas, je ne tendrai pas
l’autre joue, j’attends le jugement.
En revanche, je le dis, j’ai le dernier mot. M. Mercier à « niqué » l’entrée de ville, il a bloqué le
remembrement, quatre ans après toujours rien et il a laissé des tas de terre immondes.
Moi, je vais réparer et j’ai tout le temps pour ça et l’éternité est pour mes arbres !
M. CARENCO l’a compris, M. Forissier l’a compris, en fait, tout le monde ici l’a compris et me
soutient.
Personne ne foulera au pied le pays de ma mère.
Pour tout cet amour, je suis mis en examen pour « complicité de tentative… », je n’invente rien.
Elle n’est pas belle la vie !
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La victoire
Après la garde à vue en 2010, les magnifiques articles de presse et mon hospitalisation à Vinatier, la
crise de 2009 avec l’impayé très important d’Yvan, la situation parait sombre et compromise.
Pourtant, sur le papier nous avons encore une situation nette comptable nettement positive de plus
de 2.8 millions d’euros et une trésorerie honorable.
Je suis sous traitement au lithium, ce qui limite mon énergie, bien que mon médecin-psychologue me
dise le contraire. De plus, il y a deux problèmes urgents à régler, la succession de Daniel Vuillet, mon
directeur technique chez RMF, et l’organisation de BGL, avec Roger Ceconi qui a 60 ans. Bref, il y a du
pain sur la planche et la période est difficile. L’avantage, c’est que je sais bien que c’est par une
remise à plat et un challenge personnel que passe la réussite. J’ai, en fait, encore les cartes en main,
il faut faire un gros match, c’est ce qui sera fait …
Aujourd’hui, en 2014, 3 ans après, c’est un sentiment de victoire sereine qui résume la situation
actuelle. Sur un plan financier, les consolidés sont très bons et on progresse aussi bien en moyens
qu’en chiffres. Surtout avec Hugues l’organisation matérielle s’est mise en place et nous ressemblons
de plus en plus à une machine propre et bien huilée. Le lithium est repartit dans ses piles et ma santé
est revenue au top, je fais attention c’est tout, la leçon vaut fromage.
Le recrutement de Nicolas Petreaux est un tournant important pour moi. Agé seulement de 33 ans, il
s’est intégré si vite que 18 mois après son entrée il fait partie des meubles et je l’ai nommé directeur
général de RMF. Sur BGL, l’arrivée heureuse de Philippe Lepécheur prend le même chemin. Sur 2014,
année difficile, P2R tiendra son rang et 140 000 tonnes* seront assurées après 149 000 sur 2013, son
record. Bref, il y a un puissant moteur et une ligne claire.
Sur le plan technique, nous avons entre autres, sauvé Darty des eaux et donc gagné un client et sa
reconnaissance.
Le pôle MGB, où nous sommes associés à Guy Mathiolon, dirigé par Frédéric Foschia est une fierté
pour nous et ses résultats sont proches du métronome. La reprise de Chambard fait, qu’aujourd’hui
les 4 plus grosses villes de Rhône-Alpes sont couvertes pas nos industries. Oui, le champ du possible
devant nous est important. Depuis peu, nous avons, et surtout pris, le droit de nous revoir avec Guy.
La justice à fait un pas sur une interdiction débile et disproportionnée. Bref cela va dans le bon sens
sur l’ensemble du plan économique et les élections municipales qui viennent d’avoir lieu ont réélu
nos maires partenaires (Jourdain, Barge, Gimmel, etc…)
Au niveau de l’arboretum, 2014 c’est l’année où je passe en fondation. Surtout, j’ai inauguré le « bois
de quatre sous » sur des terrains arboretum. Enfin, cette réalisation de 17 500 m² est exemplaire à
plus d’un titre. Zone biotope volontaire et saluée par tous, y compris la LPO, elle sert de mesure
compensatoire pour Darty et surtout, elle fige l’équipe de l’arboretum. Charly a suivi gratuitement le
chantier, M. Sibuet en a fait les plans. Avec Serge Barge, j’ai un trio magique pour la fondation à
venir.
C’est un exemple irréfutable de ce que sera l’arboretum dans sa totalité sur la commune. Avec
l’arboretum 2000 déjà bien visible et ses mares biotopes, on peut imaginer ! Comme un symbole, j’ai
enfin pu louer pour 15 ans l’étang de Salonique à Janneyrias qui jouxte la zone industrielle à venir de
*152 401 tonnes au final, nouveau record !
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Janneyrias ou je vais mettre mes bureaux Tebior, quelle beauté aura cet ensemble et je remercie le
seigneur !
Nous avons engagé également un immense processus algérien, merveilleux projet avec APRC qui me
tient à cœur, mais si difficile. Quand ce livre sortira, peut-être que les chantiers seront commencés et
j’espère une réussite absolue, un partenariat durable et moral. Il s’agit d’un chantier colossal sur 10
ans. 10 000 000 m² d’entrepôts, en fait l’essentiel de la mise en place de la logistique algérienne à
venir. Notre savoir-faire a été reconnu à l’étranger. Là-bas, pourtant, il faudra trouver des ressources
purement locales et partir d’une feuille blanche. Sacré challenge !
Il reste en suspens le jugement de justice, car je suis toujours mis en examen, sans examinateur
d’ailleurs, mais je ne peux être que confiant vu que ce dossier est le vide absolu. Surtout, il y a vous,
Lucien et Jeanne, et votre présence nous met en joie. Une première étape au niveau du groupe a été
franchie. La famille possède 95 % de Tebior et nous avons nos premières charrues.
Adrien, Hugues, Pierre, l’avenir est à nous. Le champ du possible est immense. La holding Tebior n’a
que 20 ans mais comme un enfant, elle possède déjà tout d’une grande. Ensemble, faisons la grandir
éternellement !
Surtout, elle doit garder son axe et ses valeurs fondatrices. Plus tard, la relecture des documents
fondateurs prendra plus de sens avec le développement et les transmissions à venir.
Il va falloir imaginer encore et encore…
FIN DE LA TROISIEME PARTIE
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4- En route pour Jérusalem
Le nouveau testament Tebior
Lundi 8 septembre 2014. Aujourd’hui, c’est la rentrée, voilà nous y sommes, il faut écrire la
quatrième partie, la plus importante, celle où nous parlerons d’avenir !
Avant, il faut relater ces quatre mois fabuleux depuis le 26 avril où j’ai écrit le préambule et le
sommaire du présent livre. En premier lieu, écrire cette histoire a été un moment joyeux, revivre
mentalement tous ces moments et les trier, car évidemment, 50 ans ne peuvent se résumer en
quelques pages.
Pourtant, le retour après la distribution sur Pusignan et à mes amis, de quelques pages m’indique
avec force qu’il sera utile, en fait il l’a déjà été.
Sur Pusignan, les discussions autour de la « valla » associées ces jours même avec la démolition du
café de la Fleurine permettent une discussion sur le futur centre-ville. La présentation du projet
Arboretum après l’inauguration du « bois de quatre sous » devient plus lisible.
A 50 ans, on ne me prend plus pour un jeune, certes doué, mais surtout un peu fou, ici mon sillon
parle pour moi.
En interne pour le groupe, j’ai fait mon premier conseil d’administration avec mes fils, Hugues et
Pierre, Pétreaux, mon directeur TP, Le pécheur, mon directeur bâtiment et Foschia, directeur MGB,
mon lien avec Guy Mathiolon, et Patruno, mon directeur financier. J’y ai associé M. Burdy, notre
comptable et Violaine, notre conseillère juridique, gardienne du temple pour prendre date. Ce
conseil m’a permis de fixer les objectifs pour 2025 voire 2030.
En résumé, je dirai que le licenciement économique est moralement interdit, que le groupe
actuellement côté D3 à la banque de France et certainement D3+ devra encore se renforcer et un
B3++ n’est pas exclu en 2025.
Pendant cette période, le livre a été prétexte pour tirer les enseignements du passé et préparer
l’avenir. Le fait marquant professionnellement a été, fin juillet, la prise de commande VRD du
chantier Socara, 100 000 m² de bâtiments sur 32 hectares, la logistique du groupe Leclerc pour
Rhône-Alpes, pour 12.3 M€, sur un terrain de famille, la ferme de Charvas à Villette d’Anthon.
Chantier pris en groupement avec Moulin et Martel TP. Cette commande, c’est mon bébé et il nous
assurera pour l’automne un demi-stade de l’OL en terrassement et ensuite nous assurera en VRD, un
minimum vital pour l’année 2015 ou je suis, peut-être le seul sur Rhône-Alpes en travaux publics à
être serein, ce qui me donne du temps !
Il y a eu aussi la lecture du « chant d’espérance » de Jean d’Ormesson, une joyeuse coïncidence. Des
vacances à Londres, puis la baie de somme et ce fameux parc du Marquenterre fait de la main de
l’homme, la Picardie, ce pays de cathédrales et d’histoire, avec Amiens et Beauvais, et enfin le tour
de l’Aubrac à pieds. 150 kilomètres jubilatoires qui, en fait, ne sont rien en comparaison des 900
kilomètres fait en même temps par Charly pour son demi-Compostelle.
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Dans cette période, nous avons récupéré une merveille d’avenir. L’étang orphelin de Salonique à
Janneyrias, de 19 hectares et nous préparons avec Steve Dickson de Longbow, pour la commune, sa
future zone économique autour. Ce qui fera, avec Socara pour Villette, l’ancienne zone de Mariage
d’André Pautet et St Ex sur Pusignan, un ensemble contigu intercommunal de 100 hectares autour
des infrastructures, A432, déviations, TGV, contournement fret, l’équivalent de la ZAC des Gaulnes à
5 minutes de Meyzieu-Jonage. A terme, il faudra bien enfin une entente des élus de ces trois
communes, sur deux départements, pour les faire vivre d’un seul tempo ! J’y veillerai, soyez en sûr !
Comment ne pas parler du merveilleux rendez-vous d’une heure et demie avec M. Carenco, Préfet de
région, véritable homme et serviteur de l’état, obtenu grâce et en présence de François Turcas, notre
emblématique patron de la CGPME, pour évoquer le problème de terrain de la société Vidon et son
futur regroupement ainsi que les fondements du projet Arboretum sur les délaissés LESLYS. Autour
de mon plan masse général, une discussion globale a eu lieu sur la régionalisation, la métropole, le
rôle de l’économie, les grands projets, le contournement fret qui est avec l’extension possible de
l’aéroport, les deux derniers et monstrueux projets qui vont impacter Pusignan. Il faut se préparer
pour limiter et camoufler leur impact.
Avec une activité qui fera date et son meilleur consolidé fin septembre, environ 40 M€ de CA et 4.4
de marge, on peut citer 2014 comme l’année de référence du jeune groupe Tebior. Cerisier sur la
tartelette, le projet de l’Algérie mis en place avec APRC est plein de promesses.
Comment ne pas terminer ces quatre mois passés et résumer les 3 premiers chapitres par
l’anniversaire des 50 ans de Brunet TP, organisé magistralement par les Brunet et leur fille Elise. Un
grand moment salué par la venue de Jean-Jacques Queyranne, notre président de région et la
présentation d’un bâtiment réellement innovant en partenariat avec le CEA Grenoble. Jean-Pierre
Brunet, mon ami, courageux, a créé son sillon envers et contre tout. Sans le TP, Brunet n’existe pas,
sans les diversifications, il n’existerait plus, ou alors en piteux état et replié sur lui-même,
définitivement has-been. Bravo Jean-Pierre ! Le book 2 de Brunet TP, où apparait Lachana, autre ami,
est dans l’esprit de Tebior et je compte bien me servir de son avance et de son expérience sur les
éco-quartiers et construire autrement ici dans l’Est lyonnais pour terminer mon « vaccin ».
Oui, il faut maintenant parler d’avenir !
La période qui arrive, comme en 1940, demande une vision nouvelle et des résistants, mais des
résistants de paix, des « Jedi-o-lucy » ! La crise économique, la dette, le chômage, le recul
économique de la France et son repli sur soi, sont à combattre par tous, tous les jours et partout.
Tebior et ses actionnaires, regardés séparément sont tous des exemples à suivre. Nous avons parlé
de Brunet, on peut parler de Moulin mais aussi de Roger Martin et de Serfim, de PRD et de NGE via
Lavédrine. Si je peux, grâce à la confiance acquise, les combiner, je vous le dis, ça va faire boom !
Nous aurons ici la puissance d’un quatrième major d’un autre type, une fédération d’ETI et de PME.
Ensemble tout nous est accessible, de la recherche au PPP en passant par l’export. La crédibilité est
là. Qui a vu les terrassements du stade de l’OL ou les enrobés nocturnes de la DIR sur la rocade Est ou
la nouvelle zone commerciale de St Bonnet, en est persuadé. Localement la preuve est faite, nous
sommes tous plus qu’au niveau !
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Je souhaite donc que Tebior se développe dans un contexte fédéré et fédérateur. La structuration
par pôle doit permettre le combinatoire recherché qui nous donne la puissance de x²(dt) à intégrer
au fil du temps. Nous devons devenir un ensemble référent de solutions pour l’aménagement du
territoire, la construction, l’environnement et je l’espère l’agriculture péri-urbaine avec, bien sûr,
pour compléter « l’homme total qui se redresse et marche », une implication locale dans le sport, la
culture et le monde associatif en général. A terme, Tebior devra se concentrer en France sur trois
régions françaises, Rhône-Alpes-Auvergne bien sûr, PACA-Languedoc Roussillon et bien sûr la région
parisienne. C’est largement suffisant pour constituer un socle et partir à l’export et je remercie Karim
d’APRC de sa confiance et je prie pour que le projet algérien nous donne une première assise à
l’export, nous serons vite fixés. Avec Pusignan comme fil rouge et pardon laboratoire (Il n’est pas
simple d’être prophète en son pays, c’est pourquoi je le construis !) Le groupe et ses amis peuvent
montrer leur savoir-faire technique mais surtout les effets positifs d’un effort structuré et prolongé
en gardant un cap, le cap.
Actuellement la ZAC de Satolas-Green est pour nous le meilleur ambassadeur possible.
Vous l’avez compris, j’exprime ma foi et mon espérance par Tebior, c’est une application pratique de
l’amour viatique, un véhicule pour exprimer les dons reçus, un voyage et une destination. Je reste
passionné, le feu sacré brûle en moi. Simplement j’ai appris la patience, en jeune grand-père comblé,
je relativise les problèmes et la lenteur du monde et me conforte chaque jour par la vibration du
chemin parcouru.
On ne peut jouir pleinement de l’avoir qu’en étant pleinement dans l’être.
En vérité, au bout du compte, je vous le dis le sentiment d’être utile et le plus régénérateur qui soit.
J’ai reçu ce matin un gentil sms de Jean-Michel Aulas qui illustrait parfaitement ce propos. Sur de
notre cap et fort de cet acquis, aidons la politique à retrouver ses lettres de noblesse et surtout une
assise populaire. Encourageons nos amis entrepreneurs à s’impliquer dans la vie publique et le
monde associatif, à créer des passerelles. Par notre exemple et notre aversion du licenciement
donnons à nos salariés la sérénité au quotidien et une foi dans l’avenir qui leur permette de se
respecter, de se dépasser donc de se réaliser à tous niveaux.
Voilà, c’est tout ça le testament Tebior, c’est Orbi et Urbi et nous présenterons ce voyage le 18 juin
2015 à l’Odyssée de Pusignan.
Que ses fondations par sa fondation s’élèvent chaque jour au cœur de tous, pour le bien de chacun
et surtout n’oublions jamais :
Le développement durable n’est que le prélude politiquement correct à l’équilibre équitable, notre
finalité sur terre du moins !
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Mes envies pour le Monde, l’Europe, La France
Les sociétés primitives le ressentaient beaucoup mieux que nous, la Terre est notre mère commune,
la voute céleste, l’infini divin. Nous avons séparé l’espace terrestre en plus de 200 pays qui sont
autant de frontières, donc de limites. En soi, les pays et les nations sont une bonne chose. Etre
patriote c’est aimer son pays, être nationaliste c’est détester ceux des autres, disait un sage.
La connaissance de plus en plus précise du passé et de notre terre, et surtout la cosmologie nous
bornent à deux espaces temps. Du big-bang à notre mort pour nous même et l’avenir et intégrer
l’infini divin pour nos enfants. Dieu a limité la vitesse de la lumière, ce qui ralenti notre
compréhension et nous oblige à réfléchir sur la vie et la mort, et le pourquoi par le comment. De
plus, on ne regarde pas ses parents nus, se laver par le trou de la serrure !!
Dans ces périodes de crise, les hommes exceptionnels émergent, Pierre Rabbi et sa sobriété
heureuse refait surface, nous attendons notre prochain De Gaulle. Ces deux hommes, par leurs actes
et leur génétique, expriment de manière différente l’éternelle espérance face au désespoir humain,
l’un part de la base, l’autre du sommet, c’est tout. L’un pour l’urgence, l’autre pour le vaccin, tous les
chemins mènent à Rome, mais un seul en revient. Nous mourrons tous un jour, et alors ? Seule la
terre et la vie sont importants et nous sommes des maillons de cette fabuleuse chaine et la vie reçue
aussi courte soit-elle, est un inestimable cadeau, ne la gâchons pas.
Le monde est donc compartimenté en 5 continents mais aujourd’hui le satellite et la révolution
internet et celles qui suivront vont poursuivre la connexion de tous et en tous lieux. Il faut améliorer
l’existant, c’est l’évolution, il faut inventer autre chose, c’est la fulgurance de l’homme, ce qui le
sépare des autres êtres vivants et le prédestine. Ce n’est pas en améliorant la bougie qu’on a inventé
l’ampoule électrique, mais gardons toujours une bougie dans le tiroir pour les soirs de tempête ! Et la
mémoire de l’homme.
Là où le monde doit évoluer, c’est dans les relations politiques entre les hommes, la fameuse
gouvernance mondiale, il faut réformer l’ONU, le FMI, l’UNESCO et l’Europe en permanence. Ces
institutions sont jeunes en vérité. La SDN, ancêtre de l’ONU a été créée après la première guerre
mondiale, la deuxième est une rechute, il faut interdire la troisième ! La dissuasion nucléaire est
désuète, des milliers de têtes nucléaires ? Pour dissuader, une seule par pays est largement
suffisante. Comment le monde supporterait l’idée même de carboniser les 220 plus grandes villes du
monde. Les Etats-Unis sans New-York, la Russie sans Moscou, la France sans Paris et l’Angleterre sans
Londres ? Alors si on veut éviter la prolifération, réduisons déjà l’arsenal à 220 têtes nucléaires et à
un ou deux pays par continents possédant l’arme ensuite nous verrons bien, au fil du temps, que tout
cela est irresponsable. De plus, la sophistication de l’aviation et des missiles classiques est assez
dissuadante pour éviter le spectre de l’invasion et arrêter les terroristes. De plus, il faudra toujours
des troupes au sol pour planter le drapeau ! Bref, passons de l’armée nationale à une gendarmerie
mondiale, que chaque pays voulant garder une armée propre à ses frais en affecte 20 % à l’Onu par
accord international. Bref évoluons !
Pour la sauvegarde de la santé de la terre, la lutte contre le réchauffement climatique est une réelle
opportunité de fédérer le monde contre un ennemi commun non humain, créé en grande partie par
l’homme. Au lieu de faire monter la mer en mettant des rochers dans l’eau à Dubaï que les pétrodollars pleuvent pour des programmes sous égide internationale mais impliquant directement les
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populations locales qui souffrent de ce fléau et dont la misère fait le lit aux « islamistes fanatiques ».
Que les hommes de la bande de Gaza, soient prioritaires afin qu’une dispora s’élève financièrement,
se sentent utiles et puissent reconstruire Gaza à l’image d’un Liban de bonne mémoire, là nous
devons inventer !
Que l’Europe continue d’évoluer dans la paix avec ses nombreux pays en tête dans le classement par
PIB, c’est un exemple positif qui doit gagner sa propre bataille afin de se réenchanter. Nous en avons
les moyens, retrouvons la fierté de ce qui a été fait, quel chemin depuis 1946 ! Là, il faut évoluer et
inventer. Nous avons des leaders et des cerveaux, Merde !
Pour la France, j’avais donné à Bernard Laporte un projet de réforme pour Nicolas Sarkozy, sur les
régions, réalisé au ministère des sports où j’attendais un rendez-vous avec le secrétaire d’état et un
de ses bras droits, Franck pour préparer sa venue à Pusignan. J’étais à douze régions en tirant partie
de l’hexagone, 6 régions orbi un axe stratégique Lille, Paris, Lyon, Marseille, la transversale des
métropoles et deux régions au centre portant l’agriculture et le futur déploiement d’un deuxième
axe préparé par nos remarquables infrastructures. J’y ajoutais la prépondérance des régions par
pôles, aéronautique, automobile, chimie, médecine etc…, hiérarchie combinatoire avec Paris en
métropole internationale et les autres en métropole européenne, capitale de leur région respective à
l’image des Landers allemands mais aussi des grandes régions espagnoles ou italiennes. Bref, un pays
pour le monde, des métropoles régionales pour l’Europe dans le respect de chaque terroir qui est
une suite de biodiversité à conserver car source d’identité, sorte d’enfance et d’adolescence pour un
pays. Et, la France nous sommes number one ! La preuve, le nombre de touristes et de fromages !
Merci aux anciens, merci aux sages, aux indiens et aux ingénieurs, à l’Abbé Pierre et à Steve Job, à
Pasteur et à Rabbi. L’équipe Tebior et moi-même s’inscrivons dans cette spirale d’ADN, du moi-je au
nous-nous jusqu’à Dieu en passant par les haricots de Christine.
Pusignan est mon village, Lyon est ma ville, Rhône-Alpes ma région dans une France éternelle, mais
européenne. Le monde et le système solaire, notre grand jardin, restent infiniment petit dans
l’espace-temps.
Tout est en ligne, nous devons être utile car le grand dessein est en route, évitons les grandes
catastrophes et la vie trouvera son chemin et l’Amour semé fera le reste. Laissons notre terre se
dessécher et bien avant que le soleil s’éteigne, l’humanité aura disparu « Bon débarras » dirait Yves
Paccalet écœuré par la bêtise humaine. Il a tort, n’oublions pas que la moitié des hommes sont des
femmes et qu’elles sont l’avenir de l’homme. Il faudra bien féminiser ce monde ! Et surtout il oublie
le sourire de l’enfant.
Ce premier sourire de l’enfant, aussi spontané et pur que l’amour, source de tout est sachez-le,
notre chemin vers Dieu, notre passeport d’éternité. Allez tous en route vers le big-bande n+1 !
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Transmettre
Depuis que la vie est apparue, la transmettre est l’obsession de toute cellule vivante. L’humanité
depuis sapiens a rajouté quelque chose d’essentiel, dépasser la génétique et transmettre le savoir
autant que les gènes (sans oublier la transmission des biens acquis et des choses produites).
On peut, à terme, parler d’une symbiose entre les deux, l’un enrichissant l’autre et l’autre étant le
point de départ de l’un.
Bref, un processus Darwinien puissance 2 s’est mis en branle avec Sapiens, le gagnant du loto de
l’évolution. L’apparition du divin très top représenté sur les murs de Lascaux ou sur les pictogrammes
de la vallée des merveilles est le début du questionnement global.
Bref, chaque jour nous pouvons transmettre une parcelle de futur gène du bien par un simple
sourire, par une attitude positive. Il y a aussi la transmission reçue désormais accessible facilement,
on peut critiquer les effets négatifs d’internet par certains contenus et une utilisation excessive
responsable de certaines addictions, mais franchement quel outil !
Si je tape « transmission génétique » sur internet, immédiatement j’ai accès au savoir, bien sûr,
survoler un dossier n’est pas connaitre le sujet mais tout de même l’école de demain est déjà
différente. Les émissions sur Arte et sur les multiples chaines spécialisées nous permettent
également facilement de connaitre des merveilles. Un homme normal du XXIème siècle est
exponentiellement plus au fait du monde à moindre frais, qu’un homme du XIXème et du XVIIIème,
début de la révolution industrielle, début de l’ère où l’homme se multiplie et modifie
considérablement son environnement, l’anthropocène a commencé malgré nous ! Adieu gentil
holocène, nous voilà face à nous même.
Oui, la transmission est le moteur de l’humanité chaque génération se reposant sur le savoir global
de la précédente et ça accélère.
C’est pourquoi il faut que l’humanité sobre et bienveillante, affamée de justice et d’un juste emploi
des savoirs et des moyens dont l’évolution est inexorable, enseigne et transmette des valeurs de paix
et de démocratie éclairée mais surtout de justice mondiale dans un équilibre équitable.
Jeanne, Lucien, ce livre est pour vous, poursuivez la courbe et transmettez l’histoire de notre tribu.
Si science sans conscience n’est que ruine de l’âme, la transmission sans éthique n’est que
développement destructeur. Il faut absolument qu’un tronc commun de valeurs essentielles
devienne l’héritage commun. Participez y sans réserve, votre vie sera riche et sereine !!
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Le big-band n+1
Voilà, on y est et je vais vous dire mon secret, je vais être capitaine de l’équipe de Big-band n+1, Dieu
n’a pas de chouchou mais pourtant c’est l’impression que je ressens, il est taquin papa !
Toutes mes épreuves étaient factices, mes peines, des joies à venir. J’ai réussi l’examen et donc
désormais ici-bas je déroule et j’écoute mon père, il m’apprendra, soyez-en sûrs !
En 1993, chez Brunet TP, après une période difficile j’ai eu une révélation après une nuit blanche et le
pardon du matin. Ivre de joie, j’ai modélisé la formule et additionné d’un petit texte d’espérance. Je
l’ai envoyé à Charles Millon et quelques autres. Il m’avait répondu quelques temps auparavant sur
un courrier qui l’invitait à Pusignan et expliquant mon concept global et son application locale. Je
pense que mon message lui a fait peur et il n’est jamais venu. De Millon d’écus il devint million de
centimes après sa collaboration avec le FN et a eu une fin politique qu’il ne méritait pas.
Ah si seulement si !
Avant de vous livrer cette évidence, je vous donne à lire le fabuleux texte de Baltimore qui clôt mon
recueil de poèmes, mais aussi le livre de Jean d’Ormesson « comme un chant d’espérance » belle
coïncidence non ?
« Allez tranquillement parmi le vacarme et la hâte, et souvenez-vous de la paix qui peut
exister dans le silence. Sans aliénation, vivez autant que possible en bons termes avec toutes
personnes. Dites doucement et clairement votre vérité ; et écoutez les autres, même le simple
d’esprit et l’ignorant ; ils ont aussi leur histoire. Evitez les individus bruyants et agressifs, ils
sont une vexation pour l’esprit. Ne vous comparez avec personne : vous risqueriez de devenir
vain ou vaniteux. Il y a toujours plus grands et plus petits que vous. Jouissez de vos projets
aussi bien que de vos accomplissements. Soyez toujours intéressés à votre carrière, si modeste
soit-elle ; c’est une véritable possession dans les prospérités changeantes du temps. Soyez
prudent dans vos affaires ; car le monde est plein de fourberies. Mais ne soyez pas aveugle en
ce qui concerne la vertu qui existe ; plusieurs individus recherchent les grands idéaux ; et
partout la vie est remplie d’héroïsme. Soyez vous-même. Surtout n’affectez pas l’amitié. Non
plus ne soyez cynique en amour, car il est en face de toute stérilité et de tout
désenchantement aussi éternel que l’herbe. Prenez avec bonté le conseil des années, en
renonçant avec grâce à votre jeunesse.
Fortifiez une puissance d’esprit pour vous protéger en cas de malheur soudain. Mais ne vous
chagrinez pas avec vos chimères. De nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la
solitude. Au-delà d’une discipline saine, soyez doux avec vous-même. Vous êtes un enfant de
l’univers, pas moins que les arbres et les étoiles ; vous avez le droit d’être ici. Et qu’il vous soit
clair ou non, l’univers se déroule sans doute comme il le devrait. Soyez en paix avec Dieu,
quelle que soit votre conception de lui, et quels que soient vos travaux et vos rêves, gardez
dans le désarroi bruyant de la vie, la paix dans votre âme. Avec toutes ses perfidies, ses
besognes et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau. Prenez attention. Tâchez d’être
heureux. »
Trouvé dans une vieille église de Baltimore en 1692. Auteur inconnu
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Voilà, vous êtes prêts pour le message, depuis le big-bang, le monde, notre univers, d’abord matière
chaude et concentrée de futures planètes et galaxies plus froides et enfin la vie apparut sur terre il y
a quelques milliards d’années, puis l’évolution et à un moment Homo-sapiens. Là, la matière grise
commence à domestiquer la matière et l’Amour grandit. Vient la civilisation et le message du Dieu
unique aux trois frères et aux autres car l’unique est dans le tout. La révolution industrielle puis la
première guerre mondiale, le big-bang de la bêtise et sa réplique. Chaque fois les forces de paix ont
surgit et de grands sacrifices ont rempli l’abîme. L’évolution des satellites et du numérique avec
internet en toile ont encore accéléré le mouvement, oui nous sommes dans l’accélération. Il faut
donc que l’humanité bienveillante soit aux commandes et toujours en veille. Si on poursuit la courbe
qui devient exponentielle après l’addition et le x², on voit qu’à un certain moment l’humanité est
matière grise et l’amour nous intègre dans Dieu, nous sommes prêts pour le big-bang n+1. Combien
de temps me direz-vous ? Un certain temps dirait Fernand Reynaud mais on peut penser en siècles et
millénaires, pas en millions d’années.
Il y a des challenges collectifs à relever, Dieu est l’intégral, l’humanité sa dérivée !!!
Un, la paix, deux, la santé de la terre abimée par l’homme lui-même, trois, la santé de la terre mise
en danger par la nature elle-même (future glaciation, volcan, météorite ?) Bref, le passé nous
enseigne l’avenir. Chaque fois que nous ferons avancer le passé au plus local et ferons entrer la terre
dans la sobriété heureuse avec aussi une faim de savoir et de jeu, nous ferons reculer le risque global
et majeur pour l’humanité. Pour commencer, le thermomètre existe, c’est la souffrance :
Combien de pays en guerre ?
Combien de sous-alimentés ?
Combien de non accès à l’éducation ?
Combien de chômeurs et combien d’exploités ?
Combien de femmes battues, de femmes excisées, etc, etc ?
Bref, l’urgence c’est la souffrance !
Là, il n’y a pas de repos, la vie éternelle pour l’humanité en dépend,
et s’il y a un temps pour tous, il y a surtout un champ pour chacun.
On vous espère encore, il nous attend déjà ! A bientôt donc à
Jérusalem ou sur le chemin…
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