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Linkedin Pulse – 01072016
Peter Todd
Directeur Général, HEC Paris
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L'enseignement supérieur face au défi du fundraising
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1 juil. 2016
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Depuis mon arrivée à la direction d'HEC Paris, j’ai souvent été sollicité par la
presse pour témoigner de mon expérience en matière de fundraising. C'est
pourquoi il me semble intéressant de partager ici, avec le plus grand nombre,
quelques réflexions sur la manière dont s'organise le fundraising en Amérique
du Nord, les best-practices qui lui sont associées, et dans quelle mesure celles-ci
pourraient être appliquées en Europe.
Au cours des vingt dernières années, j’ai pris une part active dans différentes
opérations de levée de fonds au Canada et aux Etats-Unis. Au cours de mon mandat
de Doyen à la Desautels Faculty of Management de McGill, j’ai participé avec mes
équipes à une campagne de levée de fonds d’un milliard de dollars canadiens pour
le compte de l’université. J’ai également eu l’honneur d’être impliqué à McGill et
au Texas dans deux « Naming Gifts » : 32 millions pour la Desautels Faculty of
Management et 40 millions pour le Bauer College of Business de l’université de
Houston.
En Amérique du Nord, le fundraising est au cœur de la
stratégie de développement des universités
Je voudrais partager un certain nombre de réflexions tirées de cette expérience. Je
commencerai par une évidence, l’Amérique du Nord - et les Etats-Unis en
particulier – est perçue, très probablement à juste titre, comme LA référence en
matière de levée de fonds. Pourquoi ? Le fundraising y est au cœur de la stratégie
de développement des universités et il s’y envisage sur le long terme. De fait,
convaincre un donateur prend du temps, beaucoup de temps, et s’appuie sur la
mobilisation continue de l’ensemble des acteurs d’une institution, qu’elle soit
publique ou privée. Mais en travaillant à construire et surtout à pérenniser les liens
avec des donateurs existants et potentiels, le temps devient un allié, non plus un
frein.
De l’autre côté de l’Atlantique, les premiers donateurs sont en grande majorité des
anciens diplômés, ceux qui ont tissé un lien fort et un attachement durable avec leur
université. De ce côté-ci de l’Atlantique, en France notamment, les dons
aux business schools sont versés quasiment à égalité par des entreprises et par des
alumni. Cette différence s’explique par la relative nouveauté du phénomène
de fundraising pour le secteur de l’éducation. A HEC, le travail de la Fondation
démarre dès le début des années 70s. Mais le fundraising est un phénomène
généralement plus récent par ailleurs. Embryonnaire dans les universités, il s'est
organisé progressivement dans les Grandes Ecoles, où les fondations ont pour la
plupart commencé une activité de collecte depuis le début des années 2000.
Le défi auquel doit faire face l’enseignement supérieur
européen, est un défi d’approche.
Le défi auquel doit faire face l’enseignement supérieur européen, est donc, je crois,
un défi d’approche. Il faut s'inspirer du mode de collecte pratiqué outre-Atlantique
tout en respectant et en renforçant aussi nos singularités. Ainsi me paraît-il
important de continuer à ouvrir et amplifier les liens avec les entreprises, mais en
développant de façon encore plus poussée les campagnes de terrain auprès des
alumni.
Pour lever des fonds avec succès, il faut s’interroger avec rigueur sur la manière
dont se mobilisent les diplômés, sur ce qui fonde leur motivation à faire un don.
Parmi nos alumni HEC, certains donnent avec le cœur et d’autres avec la tête, mais
de plus en plus donnent avec les deux : ils veulent donner du sens à leur générosité
et pouvoir anticiper l’impact positif de leur don sur le développement de l’école.
Dans le cas des business schools, j’ai le sentiment que les donateurs s’investissent
dans le développement concret de l’institution. Ils soutiennent principalement les
projets liés à l’innovation pédagogique, ceux qui font avancer l’école, mais aussi
ceux liés au développement des infrastructures, au recrutement des professeurs
chercheurs, aux bourses d’études et à l’égalité des chances, dont l'impact est
directement mesurable.
Les Nord-Américains ont très bien compris que l’attachement des alumni envers
leur université peut se traduire en ressources financières. Cet attachement existe
également en Europe, et d’après ma courte expérience, j’ai le sentiment qu’il est
particulièrement fort dans les Grandes Ecoles françaises. Les diplômés – fiers de
leur école- y ont un sens très poussé de la communauté, nourri par leurs
expériences vécues sur le campus auprès de leurs pairs. Cette mémoire vive est une
force, c’est le levier à partir duquel un don se concrétise en un investissement pour
l’avenir. Respecter, comprendre et cultiver cet attachement est donc incontournable
dans une stratégie de levée de fonds.
Dans le contexte très internationalisé qui est le nôtre, je pense qu’il faut oser
dépasser les frontières françaises ou européennes pour aller à la rencontre des
alumni qui, de plus en plus, s’expatrient et mènent des carrières internationales.
McGill a cherché des fonds au Canada mais aussi en dehors de ses frontières car
ses diplômés sont très souvent basés aux quatre coins du monde. C’est également le
cas pour HEC et ses alumni présents dans 140 pays, et représentés par 78 chapitres
à l’international. Cette présence mondiale est une force sur laquelle nous nous
appuyons pour relever le défi de la collecte de fonds sur les cinq continents.
Les entrepreneurs d’aujourd’hui seront les grands donateurs
de demain
Les Américains prennent soin de leurs start-ups car elles deviennent une source de
dons de plus en plus importante. En 2008 l’entrepreneur David Booth, un ancien de
l’University of Chicago Graduate School of Business, donne $300 millions à
son alma mater. Les entrepreneurs d’aujourd’hui seront les grands donateurs de
demain, et la tendance se confirme en Europe, où on a déjà pu observer quelques
dons très importants en faveur d’université ou de business schools.
Enfin, il est primordial de mener une campagne participative, où toutes les parties
prenantes sont impliquées et concernées. Il n’y a pas de petit don. Même les dons
les plus modestes sont précieux, dans le sens où ils contribuent à mener à bien notre
mission et témoignent d'une adhésion et d’un soutien à nos ambitions.
Le classgift HEC, événement annuel où les diplômés de l’année font un don dès la
sortie de l’école, est un exemple concret de cet engagement.
La leçon de cela est claire pour moi: n'ayons pas peur de nous inspirer des
méthodes qui marchent, mais sachons les adapter pour qu'elles s'alignent sur nos
singularités. Dans les prochains mois, HEC et la Fondation HEC vont lancer
une deuxième campagne de levée de fonds. La première a été une référence en
France. La seconde doit nous permettre de consolider nos ressources et de
poursuivre le développement des projets forts et innovants qui, demain, nous
positionneront à rang égal avec les meilleures business schools américaines.
L’excellence : c'est toute l'ambition qui m'enthousiasme et anime l'ensemble des
équipes d'HEC Paris et de sa Fondation!

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