"Antigone" de Jean Anouilh à la Comédie Française

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"Antigone" de Jean Anouilh à la Comédie Française
"Antigone" de Jean Anouilh à
la Comédie Française
Plus le temps passe, plus l’Antigone de Jean Anouilh perd de
son aspect polémique au profit du mystère qui a poussé
l’auteur à réécrire la pièce de Sophocle. Pureté déchue ?
Antigone résistante face à la folie des hommes ? Et si Créon
était le véritable héros de la pièce d’Anouilh ? Pièce
éminemment politique, elle a été choisie pour être présentée
par la Comédie-Française au théâtre du Vieux Colombier, grâce
à une mise en scène de Marc Paquien.
Dès le départ, Paquien souligne l’aspect de dédramatisation de
la tragédie se dégageant du texte originel en donnant à la
pièce une narratrice forte (Clotilde de Bayser), autoritaire,
plaçant la tête du spectateur où elle le veut, quand elle le
veut. A chacun de ses passages, on a d’autre choix que
d’acquiescer, de se laisser faire, de voir les choses qu’elle
souhaite au cœur de cette scénographie monumentale changeant
d’aspect selon la lumière. « Au moins c’est clair, dans la
tragédie il n’y a plus d’espoir ».
L’espiègle Antigone (Françoise Gillard) se mue, sautille au
milieu de cette histoire comme une souris se faufile entre les
pièges, ne gardant qu’un seul but en tête : résister, tenir
tête à son oncle, Créon (Bruno Raffaelli), quitte à mourir
s’il le faut. Dans chacune de ses relations humaines,
Françoise Gillard joue à merveille. D’avec Hémon se dégage une
sensualité puissante, de la défiance surgit d’avec Ismène, un
désir de vivre surgit de ses liens avec l’autorité. Des
interactions menées par des comédiens tous brillants,
notamment Raffaelli qui campe le tyran prisonnier du pouvoir
avec une belle justesse.
Par contre, il n’est pas forcément évident (ni utile) de
trouver une résonance actuelle à l’histoire, en comparaison,
l’Antigone de Sophocle s’impose naturellement comme moderne en
2012, ce qui n’est pas le cas de celle d’Anouilh. Mais le
recul, la langue sarcastique et ce regard noir sur le monde
sont des composantes de la pièce dont on se délecte encore
aisément, surtout quand ils sont présentés de façon si
réussie.
Pratique : Jusqu’au 24 octobre 2012 au théâtre du Vieux
Colombier, 21 rue du Vieux-Colombier (6e arrondissement,
Paris) – Réservations par téléphone au 0825 10 1680 ou
sur www.comedie-francaise.fr / Tarifs : entre 8 € et 29 €.
Durée : 1 h 50
Texte : Jean Anouilh
Mise en scène : Marc Paquien
Avec : Véronique Vella, Bruno Raffaelli, Françoise Gillard,
Clotilde de Bayser, Benjamin Jungers, Stéphane Varupenne,
Nâzim Boudjenah, Marion Malenfant, Laurent Cogez, Carine
Goron, Maxime Taffanel.

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